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❝ [Flashback] Happy fool's day ! ❞
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[Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Jeu 25 Juil 2013 - 22:26
« Un autre. »

Je repousse le verre vide en direction du barman. Il m’adresse un regard agacé ; je lui retourne une œillade fielleuse. Il veut pas que je m’excuse d’interrompre sa conversation non plus ? Je continue de le fixer sans ciller jusqu’à ce qu’il se décide à attraper le récipient. Te presse pas surtout.... je le regarde déboucher la bouteille d’alcool au ralentit et verser au goutte à goutte. Face de troll !

« Vous savez que si vous inclinez un tout petit peu plus la bouteille, le liquide coule deux à trois fois plus vite ? »

Il m’ignore complètement et continue de prendre son temps. Lorsqu’il dépose enfin la liqueur de ravegourde devant moi, il arbore un sourire un peu trop satisfait à mon goût. J’hésite à répondre à la provocation, ne serait-ce que pour faire disparaître cette affreuse expression goguenarde !.... mais je finis par décider qu’il n’en vaut pas la chandelle. Je ne suis pas venu ici pour me friter avec le premier venu. Au contraire : si j’ai choisis ce bar loin du centre, c’est pour éviter de me coltiner anciens camarades de l’Ombre, collègues relous et Héritiers collants. Les regards hostiles ça va bien deux minutes mais on s’en lasse vite. Pareil pour le léchage de bottes intensif. Et je ne parle pas des moqueries dont j’écope régulièrement grâce aux conneries de Hunter. Si je le tenais celui-là... ou plutôt si je pouvais le tenir. Foutu serment ! Il ne perd rien pour attendre. Dans vingt huit jours exactement, j’aurais le champ libre -  enfin, si on omet le pacte qui empêche les deux factions de se taper dessus à découvert. Si je m’y prends bien je pourrai lui rendre coup pour coup et le regarder se tortiller à mes pieds comme la veracrasse qu’il est. Si vous saviez comme j’ai hâte....  

En attendant, je suis obligé de subir les sourires amusés des pauvres pions qui rentrent dans sa danse. Les spectateurs, les patins, les imbéciles qui pensent avoir compris quoique ce soit à cette histoire. J’aimerai les prendre par le col un par un et leur expliquer qu’ils ne sont que des pièces insignifiantes dans un jeu qui les dépasse mais ça ne servirait à rien. Ils continueraient à se gausser bêtement. Ils ne savent faire que ça de toute façon. La seule attitude raisonnable est de les ignorer et d’attendre qu’ils trouvent un nouveau sujet de moquerie – ce qui ne tardera pas à arriver, croyez-moi.

Je m’efforce donc de les fuir et de trouver un refuge différent chaque semaine, quand je ne suis ni d’humeur à tourner en rond chez moi ni d’humeur à écouter les salades qu’on raconte au Magyar. Enfin, quand je dis " différent chaque semaine ", je veux surtout dire que je tourne aléatoirement entre les trois mêmes endroits : le Magyar d’Argent, une espèce de bar privé réservé aux Héritiers et cette taverne ouverte aux sorciers des deux factions. La moins sophistiquée mais la plus tranquille bizarrement. Sauf si on prend en compte les barmans chiants qui essaient de pourrir votre soirée. Heureusement, j’ai vu pire.

Avec un haussement d’épaules, je prends mon verre et quitte le comptoir pour m’installer à une table un peu plus loin. Les quinze minutes suivantes s’écoulent dans le calme le plus appréciable. Merlin ! J’avais presque oublié ce que c’était que de siroter de la liqueur de ravegourde dans son coin, bercé par le murmure des conversations privées, hypnotisé par le ballet des silhouettes mouvantes. Je regarde les clients entrer, sortir et esquisser quelques pas de danse pour les plus bourrés d’entre eux. Hum... si j’étais dans cet état à onze heures et demie du soir, je me poserai des questions. Je détache mon regard de ces pauvres sorciers ridicules et pose mes yeux sur une jolie blonde qui se balade un plateau à la main. Les poupées pâles aux yeux de biches et aux cheveux couleur paille n’ont jamais été mon genre mais j’avoue que je ne dirai pas non à un peu de compagnie féminine. Je lève le bras et agite mon verre vide dans sa direction. Elle me rejoint avec un fin sourire timide accroché aux lèvres.

« Monsieur ? »

« La même chose que d’habitude »

« Que... que d’habitude monsieur ? »

« Oui, la même chose que d’habitude... bien que je ne m’attendes pas vraiment à ce que vous sachiez de quoi je parle. C’est la première fois que vous travaillez ici, non ? Je me souviens pas vous avoir vu avant... et je me souviendrais forcément d’un aussi joli visage. »

J’esquisse le petit sourire charmeur de mise et la regarde bafouiller. Cruche ou simplement très timide ? Il va falloir que je pousse un peu plus loin pour le découvrir. Coupant court à ses bredouillis, je repousse la chaise à côté de moi.

« Vous pouvez peut être vous assoir deux minutes pour m’expliquer calmement tout ça. »

Elle se remet aussitôt à baragouiner des excuses à peine compréhensibles. Elle peut pas articuler ?! Comme pour en rajouter une couche, une invitée surprise décide subitement de se joindre à nous : Black Swann. Génial ! Il ne manquait plus qu’elle. Sans cacher mon déplaisir, je soupire et croise les bras.

« Selwyn. Je peux vous aider à retrouver le chemin vers votre table ? »
Esmé Kark
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Ven 26 Juil 2013 - 1:02
Esmé exultait. Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas été dans un tel état d’agitation fébrile. Des semaines qu’elle attendait ça. Qu’elle attendait cet instant précis.

La dernière planche de bois fut clouée sur le chambranle et elle échappa un cri de joie, sautillant carrément sur place. La jeune femme de vingt-sept ans frappait dans ses mains telle une enfant recevant le cadeau d’anniversaire tant rêvé.

La première roulotte venait d’être montée.

Oui, une simple roulotte.

Mais qui marquait le premier point pour la renaissance concrète du Chimeria.

Salomon lui adressa un regard amusé tandis que Thanatos levait les yeux au ciel. L’un ne pouvait s’empêcher de revoir la joyeuse petite fille qu’elle avait été, attendri malgré lui, tandis que l’autre se demandait quand sa sœur deviendrait enfin une adulte. Certainement jamais. Son exubérance, pourtant de plus en plus rare ces derniers mois, ne s’estomperait jamais tout à fait. Elle faisait partie d’elle.

Ils le virent se précipiter vers la tente qui lui servait encore pour l’instant d’appartement de fortune et en ressortir avec son manteau et son sac sur un bras, claudiquant sur une jambe pour enfiler son escarpin manquant.


« Qu’est-ce que tu fabriques, Swanny ? »


Son frère aîné fronça les sourcils. Depuis ce fameux jour où elle lui avait balancé la Hyène en pleine poitrine et où il avait manqué de lui bousiller le poignet, les choses avaient évolué entre eux. Après dix jours passés à l’éviter, il avait enfin pris le temps de la réflexion. S’il n’était pas nécessairement beaucoup plus démonstratif, il s’était surpris à avoir envie de veiller sur elle. Comme Hypnos l’avait fait à sa manière. Il essayait de prendre la relève, en quelque sorte.


« Je vais prévenir Charmelle, bien sûr ! » répliqua cette dernière, filant vers le vigile qui gardait les limites du terrain Selwyn.


Cette fois, Thanatos haussa les épaules. Tout de même, grand frère ou non, il n’avait aucune raison de lui courir après.


-¤-

Une fois dans les rues de Pré-au-Lard, la jovialité naturelle n’était plus de mise. La Dresseuse vérifia son maquillage et sa coiffure à l’aide de son poudrier, se confirmant par la même occasion qu’elle était sublime, comme toujours.

Du plat de la main, elle lissa sa robe. Courte, ajustée. Si le confinement des Mangemorts l’avait obligé à abandonner ses couleurs chatoyantes pour en adopter des plus passe-partout et donc, de moins coûteuses, elle contribuait au moins à l’économie en faisant grâce de morceaux de tissus superflus.

Enfin, elle se composa un masque serein. Le plus important. Ça non plus, on ne pourrait plus le lui enlever. Véhiculer ce qu’elle désirait, à qui elle voulait et quand cela lui chantait. Et ce soir, le Cygne Noir voulait que nul ne se doute de son bonheur. Il appartenait au Chimeria et à personne d’autre.

Néanmoins, sa résolution faillit voler en éclat lorsqu’elle pénétra dans le troquet où Charmelle travaillait depuis la veille. Bientôt, sa jolie blonde n’aurait plus besoin de jouer les larbins pour des poivrots, mais en attendant, quelques galions en plus étaient les bienvenus.

Quoi que son amie n’en était plus très sûre lorsqu’elle l’aperçut, son plateau à la main, une main jouant avec une mèche de cheveux. Tout dans son attitude qu’elle connaissait par cœur, au point de pouvoir la décrypter de dos, trahissait un embarras flatté. En d’autres circonstances, Esmé se serait amusée de tomber en pleine séance de flirt. Mais pas ce soir.

Parce que c’était cette petite bouse d’hyppogriffe d’Arutha Kark qui lui faisait des avances.

La Belle ne pouvait pas entendre ce qu’ils se disaient mais une chose était sûre, malgré la gêne de cette cruche, il arriverait à ses fins sans problème. Et autant dire qu’il n’était pas question de le laisser faire.

Bien sûr, ce n’était pas un geste totalement désintéressé. Préserver son amie d’enfance n’était que la partie émergée de son subconscient pernicieux. La vérité était qu’elle tenait enfin le moment, celui qu’elle attendait depuis le fameux soir où le Brigadier avait débarqué chez elle à Londres, plus encore depuis la nuit où elle avait trouvé la Hyène et failli perdre Corvus. Dernier point qu’elle imputait en grande partie au fils Kark pour des raisons évidentes.

Instinctivement, elle passa sa langue sur ses lèvres, carnassière. Le second round venait d’être sonné.

Elle s’approcha des deux jeunes gens sans qu’aucun ne s’en rende compte. Ce fut sa voix qui fit sursauter la blonde et manqua de lui faire lâcher son plateau et tout son contenu.


« On se met à draguer les serveuses, maintenant ? Il me semblait que vos goûts étaient un peu plus raffinés. Comme quoi, même les sources les plus fiables ont parfois des ratés. » intervint-elle d’un ton où transparaissait son amusement, tandis que Charmelle s’écartait d’un pas, rouge pivoine. « Une vodka. Tout de suite. »


Elle lui jeta une œillade, une seule. Sans un « s’il vous plaît ». Juste un sourire pour adoucir l’ordre. Et la serveuse ne broncha pas, s’éloignant à grands pas pour s’éloigner des Sang-Purs.

Entre-temps, Arutha avait saisi l’occasion pour lui faire part, à défaut de mots, tout en gestes et soupir, de ce que lui inspirait sa petite entrée en scène.

Ce fut donc le plus naturellement du monde que la Dresseuse s’assit sur la chaise qu’il avait réservé à celle qu’il espérait être sa conquête du soir. Pas de chance pour lui, il avait affaire à un tout autre type de proie.


« Vous aussi, vous m’avez beaucoup manqué, Mr Kark. » minauda-t-elle avec une moue outrancièrement affectée. « Mais je vous avais dit que nous nous reverrions bientôt. Je tiens toujours mes promesses. »


La dernière partie de son discours avait été prononcée d’un ton beaucoup plus sérieux, ses émeraudes le fixant, brillantes, presque menaçantes. Avant que l’éclat ne disparaisse pour accueillir son amie et sa boisson.

Cette fois-ci, elle la remercia tout en croisant les jambes, avant de lever son verre dans la direction du Brigadier, son sourire candide factice aux lèvres. Si elle n’avait pour habitude de trinquer qu’à la santé de ceux qui le méritaient, mais pour ce soir, le petit jeu valait bien le sacrifice.
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Sam 7 Sep 2013 - 15:25
J’avoue que ce n’est pas du tout ce que j’imaginais lorsque j’ai souhaité avoir un peu de compagnie féminine. On pourrait même aller jusqu’à dire que c’est l’exact opposé de ce que je voulais. J’avais en tête une rencontre beaucoup plus sympathique, sans prise de tête, avec une demoiselle docile et consentante. Là pour le coup, c’est plutôt moi qui serais récalcitrant. Qui suis récalcitrant. Je déplace ma jambe pour accrocher le pied de chaise et la ramener discrètement (ou pas) vers la table mais Miss Burlesque est plus rapide. Scroutt.

« Il ne fallait vraiment pas vous sentir obligée. Vous avez sûrement mieux à faire. Et puis ce n’est pas comme si vous aviez vraiment besoin de prouver que votre parole vaut quoique ce soit. On sait tous que les gens comme vous qui travaillent avec.... ah non, pardon. C’est vrai que vous êtes au chômage depuis que vous avez dû abandonner cirque et bestioles. »

Je ponctue mon attaque d’un large sourire on ne peut plus hypocrite. Je sais, je sais : c’est bas. Et hors contexte. Mais si ça peut mettre un terme prématuré à cet échange de politesses, je suis preneur. Plus vite elle sera partie, plus vite je pourrai retourner à ma jolie serveuse, à mon verre d’alcool et à nos.... hep ! Mais... mais elle m’a oublié ! J’arrive pas à y croire !  La saltimbanque se pointe, lui commande à boire et moi elle me zappe comme si j’étais le premier basique du coin ! Elle va me le payer, foi de Kark. Sans prêter attention à Selwyn, je me lève et interpelle le barman. En trente secondes, je lui explique que son employée m’a gentiment ignoré puis refusé de me servir. Ce qui n’est ni un mensonge ni une extrapolation, contrairement à ce que je vous entends chuchoter. Juste une interprétation de la réalité... et un savon bien mérité pour la demoiselle qui a osé me négliger. Le barman me sert rapidement une bière fraîche puis fais signe à la blonde de venir vers lui. Je m'attarde juste assez pour entendre les premiers mots du long sermon que je devine arriver. Parfait ! Ca ne changera peut être pas mon existence mais ça réparera la frustration de ne pas l'avoir à ma table à la place de Black Swann. Qui, au passage, est la seule véritable responsable de cet incident. Mais passons.

Un sourire satisfait aux lèvres, je regagne ma place et constate avec déplaisir que mon "invitée" n'a toujours pas jugé utile de lever le camp. Je soupire donc en me rasseyant :

« Ecoutez, je n'ai vraiment pas l'intention de passer ma soirée à me disputer avec vous. Ou qui que ce soit d'autre. Alors soit vous me sortez le grand jeu tout de suite, je vous réponds avec deux trois répliques cinglantes et on règle ça en dix minutes. Soit vous vous trouvez une autre occupation. Vous avez pas un hibou à soigner ou un amant à aller voir ? Comme..... »

Je m'interromps brusquement en réalisant que je n'ai peut être pas le droit d'aller jusqu'au bout de ma phrase. Outre le fait que coucher hors mariage est assez mal vu en général, se taper une femme pareille (une sang-pure aussi corrompue je veux dire) n'est pas franchement avouable. Si je révèle à voix haute que Hunter est son amant et qu'une oreille indiscrète surprend la conversation, est-ce que je ne risque pas de faire une grosse bourde ? Peut être. Peut être pas. Dans le doute, je préfère m'abstenir. J'avale une gorgée de bière puis conclus :

« Bref, pour une fois dans votre vie agissez comme une adulte responsable et épargnez-nous à tous les deux un échange d'amabilités ridicule et humiliant. »

Considérant qu'elle n'insistera pas, je tourne aussitôt le regard vers la serveuse qui vient juste d'être relâchée par son patron. Elle semble encore toute retournée ; pauvre petite demoiselle fragile. Merlin... je vais devoir changer de bar pour en trouver une potable maintenant.

Ô barman ! Es-tu un râleur misanthrope ?:
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Sam 7 Sep 2013 - 15:25
Le membre 'Arutha L. Kark' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Dim 8 Sep 2013 - 20:12
Evidemment qu’il allait attaquer sans davantage de préambule. Elle ne s’était pas attendue à plus de tact de la part du rejeton Kark. Comment même parvenait-il encore à se contrôler ? Elle guettait le petit tic nerveux qui ne manquerait pas de le trahir tandis qu’elle portait son verre à ses lèvres.

Souriantes. Cyniques. Immuables.

Il avait été dans la cage aux fauves avec elle. Il avait vu de quoi elle était capable. Un simple aperçu de toute une existence à apprendre à faire ployer son malléable environnement. Mais cela ne lui avait pas suffi, visiblement. Peut-être pensait-il que son terrain de jeu s’arrêtait aux grilles de feu son cher Chimeria.

La jeune femme allait lui enseigner ce que signifiaient les mots « révérence » et « politesse ». Sauf que, pour la première fois, elle ne sentit pas la bête tapie aux tréfonds d’elle-même prête à fondre pour venger son honneur. Pire, elle n’entendait qu’un feulement moqueur. Le monstre était patient. Tout comme elle, soudain.

Aussi, elle sut que l’anéantissement du Brigadier serait à l’image d’une agonie : longue et terriblement douloureuse.

Elle ne répondit donc pas à sa première attaque. Pas plus qu’elle ne réagit lorsqu’il décida de passer ses nerfs sur sa pauvre petite poupée en informant le patron qu’il n’était pas traité avec les égards qui lui étaient dus. Même si son cœur s’était douloureusement resserré dans sa poitrine, même si elle manqua trahir sa nouvelle et superbe résolution. Seul son verre garda l’empreinte chaude de ses doigts crispés. Quand Arutha revint, elle était parfaitement calme, comme si elle n’avait même pas remarqué la petite scène qui venait de se dérouler.


« Ecoutez, je n'ai vraiment pas l'intention de passer ma soirée à me disputer avec vous. Ou qui que ce soit d'autre. Alors soit vous me sortez le grand jeu tout de suite, je vous réponds avec deux trois répliques cinglantes et on règle ça en dix minutes. Soit vous vous trouvez une autre occupation. Vous avez pas un hibou à soigner ou un amant à aller voir ? Comme..... »

« Comme ? » l’interrogea-t-elle du tac au tac, ses lippes s’ourlant un peu plus. « Comme qui, Monsieur Kark ? »


Son ton était intentionnellement pressant, jaugeait la pression et la peur. Allusion à ce serment inavouable passé entre les deux Mangemorts. La première d’une longue série, à n’en pas douter.

Alors qu’il ignorait son intervention et lui enjoignait de s’en retourner vers d’autres lieux plus accueillants – et au passage, de grandir un peu -, elle s’installa un peu plus confortablement sur sa chaise. Ses prunelles ayant quitté son interlocuteur pour examiner la salle d’une œillade impavide, c’était à se demander si elle avait pris ne serait-ce que la peine de l’écouter.

Enfin, en même temps que celui du Kark, son regard tomba sur Charmelle qui, la mine défaite et la tête basse, s’éloignait de son patron pour reprendre son service. La Dresseuse examina ses gestes légèrement tremblants, le rose colorant ses joues diaphanes et une profonde compassion l’envahit. Elle aimait énormément la Blonde, ce serait mis entre ce connard de sorcier acariâtre et elle sans hésitation. Dans d’autres circonstances. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser transparaître la moindre faille. Et ce petit esclandre allait lui être utile. Un sacrifice à peine chiffrable en comparaison des bénéfices qu’elle pouvait en retirer.

Esmé reporta enfin son attention sur le Brigadier. Ce dernier fixait Charmelle, absent. Elle comptait bien le ramener sur terre. Et sans franges de balai pour amortir la chute.


« Agréable, n’est-ce pas ? Elle s’appelle Charmelle. Ou plutôt Georgia Difalo de son vrai nom. Eh bien, ne prenez pas cet air surpris ! » s’exclama-t-elle avant d’éclater d’un rire chaleureux, aussi feint que la prévenance de son regard. « Charmelle vit avec nous depuis … Oh ! Depuis toujours, je crois bien. Une amie d’un total dévouement, d’une loyauté extrême, qui n’a pas hésité à nous suivre jusqu’ici alors qu’elle aurait pu continuer une vie paisible dehors. Je trouve très difficile, de nos jours, de conserver près de soi des amis fiables qui ne retourneront pas leur cape au premier coup d’état. Qu’en pensez-vous ? C’est à croire qu’il faudrait faire passer un serment à chacune de nos connaissances ! »


Le tout sur le ton de la conversation. Un effarant badinage mielleux qui arracha une grimace mi lasse mi contrite à son interlocuteur. Puis, un éclair de lucidité, le stoppant net dans son élan peut-être virulent, ou railleur. L’un ou l’autre, l’Artiste s’en moquait pas mal. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’il n’attendait qu’une chose : qu’elle lui lâche la grappe, concrètement, malgré ce à quoi elle venait de faire allusion. Malheureusement pour le jeune homme, il n’était pas au bout de ses peines. Sans lui laisser le temps d’en placer une, elle reprit aussitôt.


« Allons, veuillez accepter mes excuses, Arutha. Je peux vous appeler Arutha, n’est-ce pas ? Il semblerait qu’au vu de vos petites agressions passées, nous ayons gagné une certaine … Intimité ? Oui, ce mot devrait convenir. Tant qu’il ne porte pas à confusion, bien entendu. Où en étais-je ? Ah ! Donc, pardonnez-moi, j’avais oublié votre ordre : aucun « échange d’amabilités ridicule et humiliant ». Ce sont bien vos mots ? On loue souvent mon excellente mémoire. Que ce soit pour ce genre de petits détails ou pour des choses beaucoup plus … Confondantes. »


La Dresseuse n’était pas avare de mots, arme dont elle connaissait la puissance du joug, mais n’avait jamais été une grande bavarde non plus. Surtout pour énoncer un discours aussi direct et clair. Cette logorrhée subite était simplement une tactique pour déstabiliser la personne à qui elle était adressée.


« Je vous souhaite une excellente soirée, Arutha. »


Elle se tut aussi soudainement qu’elle s’était mise à bavasser. Le dernier trait d’alcool disparut entre ses lippes avant qu’elle ne repose son verre sur le bois de la table dans un claquement sec, sans quitter le Brigadier des yeux. A nouveau, cette flamme fugace et ce sourire, appel au défi. Et puis, elle se leva.

Son jeu, ses règles.

De sa démarche nonchalante, elle s’approcha du comptoir où elle paya sa boisson à grands renforts de moues charmeuses pour dérider le vieux tenancier, insensible au Kark qu’elle avait abandonné derrière elle.

Premier coup d’estoc. Parer, frapper.

La suite promettait d’être intéressante.
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Dim 29 Sep 2013 - 16:18
J’avoue honteusement que la première allusion au serment inviolable m’est complètement passé à côté. J’ai saisis le sous-entendu à Hunter, évidemment, mais j’ai naïvement cru qu’il ne s’agissait que de ça. Après tout, tout le monde savait qu’on s’était quitté en mauvais terme. Mon explosion à Poudlard avait été plutôt bruyante et les rumeurs courraient vite. Alors qu’elle essaie de remettre cette sale histoire et le nom de mon désormais pire ennemi sur le tapis n’avait rien de surprenant. C’était bas, c’était mesquin, c’était cent pour cent Selwyn. Et n’ayant nullement l’intention de rentrer dans son jeu, j’ai ignoré cette petite pique. Enfin, pas si petite que ça en vérité mais à ce moment là, je ne pouvais pas le deviner.
Tout comme je ne pouvais pas savoir que la serveuse blonde était en fait sa chère et tendre amie d’enfance. Pouah ! Est-que ça aurait changé quelque chose ? Probablement. Si j’avais su qu’elle était liée à Black Swann d’une manière ou d’une autre, je lui aurai foutu la paix. Ou choisit un autre soir pour la séduire, la corrompre et nuire à ma délicieuse invitée. Mais maintenant qu’elle a sortit sa carte maîtresse, maintenant que les choses tournent au jus de ravegourde pour moi, il n’est plus question de lui faire le moindre tord. Pas tant que je n’en saurai pas plus.

J’aurai dû comprendre tout de suite que son petit discours n’était pas simplement là pour gâcher mon paysage auditif. Surtout après avoir appris que la miss Charmelle au prénom si ironique était l’une de ses protégées. Mais non, je me suis contenté de regarder ailleurs en attendant qu’elle se lasse et mette les voiles. J’ai siroté mon verre sans broncher et est à peine sourcillé en entendant vaguement le mot « serment ». Jusqu’à ce que les deux syllabes fassent leur bout de chemin et parviennent à pénétrer mon cerveau. Jusqu’à ce que je réalise ce qu’elle venait précisément de dire et à quoi elle faisait allusion. Reposant brusquement mon verre, j’ai alors accepté de croiser son regard. Je devine qu’il n’y avait dans le mien que peur et confusion. Comment peut-elle être au courant ? Comment Corvus a-t-il réussit à lui dévoiler l’existence du serment ? Et surtout qu’est ce qu’il a bien pu lui dire d’autre ?

Pendu à ses lèvres, je l’ai laissé m’appeler par mon prénom sans broncher. Mais contre tout espoir, je n’ai eu droit à aucun éclaircissement. Juste une menace de plus lancée encore une fois sous forme d’allusion perverse. Après quoi elle a quitté la table en m’abandonnant lamentablement dans un état proche de la crise. Merlin, Morgane, Salazar ! Je ne peux pas rester là en attendant que la sentence tombe. Si elle est au courant de tout, si Hunter lui a parlé de mes faiblesses et de mes failles en espérant qu’elle s’occuperait de mon cas à sa place, il n’y a pas grand-chose que je puisse faire. L’importance des Selwyn au sein de l’Ombre m’interdit toute attaque frontale. Quant aux coups bas…. Soyons honnêtes, je pourrai lui nuire mais je ne la connais pas assez pour la détruire aussi vite qu’elle pourrait le faire avec les informations dont elle dispose peut être. Le temps presse et j’ai intérêt à régler ça très vite.

D’un bond, je quitte la table et la rejoins au comptoir. L’humiliation d’être contraint de lui courir après me rend muet plusieurs secondes. Je voudrai la voir s’enfoncer dans un filet du diable et crever la bouche ouverte. Au lieu de ça je dois chercher mes mots pour me plier à ses exigences. Bordel ! Evitant soigneusement de la regarder – pour ne pas faire face à son air triomphant et céder à la tentation de lui en coller une – je reprends un peu trop mielleusement :

« Il me semble que nous n’avons pas finis de discuter. Je peux vous offrir un verre ?... miss Selwyn. »

Une touche de simili respect devrait jouer en ma faveur non ? Sans attendre sa réponse, je commande auprès du barman puis désigne la table où nous étions assis, toujours sans croiser son regard.

« Après vous, si vous voulez bien. »


" Larbin, lèche-bouse, serpillère. " répète continuellement une petite voix dans ma tête. Je m’efforce de ne pas l’écouter. Je ne dois pas, si je veux mener cette mise au point calmement jusqu’au bout.
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Dim 29 Sep 2013 - 22:12
« … pas encore trop de monde à cette heure-là, miss. Mais les affaires marchent bien, j’ai pas à me plaindre. »


Le tenancier se pavane gentiment en achevant sa réponse. Le sourire d’Esmé redouble. Deux-trois phrases échangées avaient suffi à lui faire oublier l’incident avec sa nouvelle serveuse. L’étrange mais joli petit lot qui se tient de l’autre côté de son comptoir paraissait avoir l’art et la manière pour rendre le sourire. Cela ne le dérangeait pas. Il aurait même apprécié que cela dure un peu plus longtemps. Sauf que …


« Il me semble que nous n’avons pas finis de discuter. Je peux vous offrir un verre ?... miss Selwyn. »


La Dresseuse l’a entendu. Le claquement déterminé du verre contre le bois, la chaise qui racle le sol, les pas qui s’approchent derrière elle.

Elle l’a senti. L’hésitation de son silence, le souffle dérangé par l’appréhension.

Puis elle l’a vu. Esquiver son regard, prendre sur lui, mâchoires serrées, obligeance forcée.

Et elle adore ça. Même si elle ne s’y attendait pas, qu’elle l’imaginait davantage ruminer jusqu’à la retrouver dans un endroit plus tranquille où lui dégueuler son fiel. Ou, au mieux, ne plus pouvoir maîtriser ses petits nerfs de petit garçon incapable de résister à la plus petite frustration. Vraiment, elle ne comptait pas autant sur la ruse et la maturité dont il fait preuve à cet instant. C’est intéressant. A double tranchant aussi. Exploitable ou dévastateur.

Maintenant, il lui faut se montrer à la hauteur.


« Une autre vodka, s’il vous plaît, Mr Bryce. » acquiesça-t-elle enfin, n’ayant quitté le Tavernier des yeux qu’un instant, le temps d’étudier la proposition d’Arutha.


Elle aurait aussi bien pu reporter le petit duel d’esprit qui ne manquerait pas d’avoir lieu entre eux. Le laisser s’arracher les cheveux des jours, des semaines entières. Qu’il vive dans la peur comme il semait le malheur.

Mais la tentation était trop forte. A sa merci pleine et entière, dans un endroit public, contraint à courber l’échine, à s’abaisser à la traiter avec respect. Comment aurait-elle pu laisser passer une telle chose ? Il était de nombreux risques qu’elle était tout à fait prête à prendre. Des temps-morts qu’elle laissait à d’autres moins courageux qu’elle.


« Voyez, Mr Bryce, comme je ne peux résister à tel gentleman ! »


Le Tavernier joignit son rire poli à celui de la jeune femme, accueillant le clin d’œil qu’elle lui adressait par un léger rosissement sur ses joues creuses.

Toujours sans le regarder, elle précéda le Brigadier pour rejoindre la table. Verre fraichement rempli à la main, menton haut, notre Princesse ne semblait plus si déchue que ça malgré les cendres de son cher chapiteau jonchant sa route.

Elle reprit place sur la chaise qu’elle avait récemment abandonnée, extirpant de son sac son étui à cigarettes. Le fameux as de pique Chimerien fut bientôt délesté de l’une de ses précieuses, qu’elle porta à ses lèvres avec nonchalance.

Cette fois-ci, un long silence s’installa alors que les volutes de fumée s’élevaient de sa bouche muette jusque dans l’air tendu qui les enveloppait. De même, toute son attention était désormais pour le Kark. Et rien que pour lui. Un brusque changement de comportement caractéristique de la Belle.

Ses émeraudes le scrutaient, étincelantes, indéchiffrables. Nulle trace de sourire triomphant sur son visage tout aussi impassible. Même sans coiffure savante ni maquillage outrancier, exempte de ses costumes de scène, elle parvenait à ressembler à une poupée. Exceptée l’absence de son habituel air candide.

Enfin, lentement, du bout des doigts, elle commença à pousser l’as de pique dans la direction du Brigadier.


« Je sais que vous ne fumez pas, Arutha. » susurra-t-elle d’une voix douce. « Mais peut-être, pour ce soir, vous laisserez-vous tenter. »


L’objet continuait sa course à travers la table qui les séparait pour s’arrêter juste devant son interlocuteur. Ses doigts décrivirent quelques cercles harmonieux sur l’étui, suivant les courbes des étranges gravures du cuir.

Soudain, leur ballet voluptueux s’arrêta.

Au moment même où le jeune homme avançait sa main pour accepter son offre, elle délaissa le cuir pour rencontrer une toute sorte autre de peau, bien plus agréable au toucher, beaucoup moins accessible, pour ne pas dire défendue. L’espace d’un instant, elle effleura la main du Kark pour l’aider à extirper le stick blanc de son contenant. Ce contact physique fortuit n’était, naturellement, qu’une façade à ses véritables et indiscernables intentions.

Leurs regards se heurtèrent.


« Il faut prendre soin des apparences. » reprit-elle sur le même ton. « Vous avez oublié de sourire. »


Elle ne le touchait déjà plus. A la place, la flamme d’un briquet dansait entre leurs yeux. Geste cordial ou symbole de la mèche appartenant à la bombe à retardement qu’elle comptait allumer entre eux ?
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Dim 6 Oct 2013 - 17:39
Et maintenant ? Maintenant qu'elle est assise en face de moi, les yeux rivés sur les miens, l'air avide et déjà fasciné par ce que je m'apprête à dire... maintenant que j'ai toute son attention, qu'est-ce que je suis censé faire ? Lui parler évidemment. Et l'inciter à m'imiter. Lui arracher chaque miette d'information, enregistrer chaque son, chaque mot, chaque frémissement suspect et trouver un moyen de l'enchaîner dans le silence. De l'y emmurer pour toujours. C'est le plan. C'est ce qui devrait se dérouler à cet instant précis. Au lieu de ça, j'avale ma salive sans ciller. Ou plutôt, pour être exact, sans parvenir à ciller : même si je le voulais, je ne suis pas sûr que je parviendrais à détacher mon regard de ces éclats de verts. Le puissant mélange d'appréhension et de colère mal contenue a cimenté le lien qui unit nos prunelles. Rien ne semble pourvoir le briser. Pas même le son torturant de sa voix.
Sans élever la mienne, j'accepte amèrement la nouvelle provocation. J'accepte les susurrements vulgaires qu'on réserve aux amis intimes ou aux situations luxurieuses ; son incitation à fumer et par conséquent à abandonner mes codes pour faire un pas vers elle ; sa façon de mener le jeu et de glisser derrière chaque œillade, chaque mot et chaque geste un rappel cuisant. Elle domine. Elle possède les cartes les plus fortes. Et tant que je n'y vois pas plus clair dans cette partie, tant que je ne sais pas comment organiser et jouer ma main, je ne peux rien faire de concret. Les tentatives à l'aveuglette sont trop risquées. Menacer ? Oui mais menacer de quoi ? Qu'est ce qu'il lui reste de viable dans ce monde ? Ni sa réputation, ni la destruction de son cirque, ni ses relations avec certains sang-purs innommables ne sont des angles d'attaque envisageables. Quant à sa famille, elle est bien trop précieuse à Elena. Sa famille et l'or qu'elle fournit à l'Ombre surtout.
Alors que faire ? L'acheter ? Oui mais l'acheter avec quoi ? Y a-t-il la moindre chose qu'elle désire obtenir de moi ? L'argent ne l'intéresse pas, mon assistance pour grimper les échelons de la société semble être le dernier de ses soucis et je refuse de lui donner n'importe quelle information en échange de la promesse qu'elle garde pour elle celles qu'elle détient déjà.
Je pourrai la faire taire... la faire taire pour de bon. Mais cela m'attirerait un paquet de problèmes que je suis convaincu de pouvoir éviter. Que je sais pouvoir éviter. Il faut juste que je réfléchisse. Que je prenne le temps de regarder, d'analyser et de choisir les bonnes armes. Après tout, je suis Arutha  Kark, un sorcier à l'intelligence remarquable, en plus d'être le futur leader des Ombres et, un jour sûrement, d'Angleterre. Si je ne suis même pas fichu de me débarrasser d'un corbeau de malheur, je n'irai nulle part. Alors je vais rester calme. Je vais faire semblant de jouer selon ses règles, rester impassible et tenir jusqu'au bout. Jusqu'au moment où j'abattrai une main victorieuse. Je peux y arriver.

Laissant la voix au fond de ma tête me répéter inlassablement ce que je suis - ce que je vaux - je fais mine de courber l'échine et pose ma main sur l'étui à cigarettes. Mon assurance manque de flancher lorsque sa peau entre en contact avec la mienne. Je n'avais pas réalisé qu'elle ajouterait de nouvelles règles au cours de la partie. Des règles dont je ne suis pas sûr de comprendre tous les tenants et les aboutissants... et que je n'approuve pas du tout. C'est tout juste si je ne retire pas brusquement ma main lorsqu'elle frôle la sienne. Je parviens heureusement à la garder en place, bien qu'elle se soit singulièrement raidit sous la surprise. Black Swann l'aura sentit, à n'en pas douter. L'idée qu'elle puisse s'en amuser m'arrache un froncement de sourcils et une moue déplaisante qui s'attarde juste trois secondes sur mon visage. Déjà beaucoup trop en somme.

Je rattrape rapidement mon masque d'impassibilité et le revêt avant d'approcher ma clope du feu. Je n'ai pas une seconde hésitation avant d'en enflammer l’extrémité. Il y a un moment où l'on doit choisir entre la médiocrité et le risque de se brûler. J'opte pour la deuxième option. Comme lorsque j'ai choisis d'être infiltré, de tenir tête à Hunter ou de prendre mes distances avec le souvenir sacro-saint de mon paternel. Comme j'ai décidé que je le ferai toujours dès à présent pour m'élever, m'élever, m'élever jusqu'au sommet.... en précipitant tous mes ennemis dans la fournaise au passage. Forçant un sourire, je souffle d'un ton on ne peut plus hypocrite :

« Merci très chère Selwyn. »

Comme prévu, la cigarette m'agace rapidement. L'idée de fumer comme n'importe quel moldu me dérange ; celle de le faire parce qu'on m'y force plus ou moins, encore plus. Pourtant je m'oblige à imiter mon invitée sans broncher une seule fois. Ce n'est qu'au bout d'une minute que je décide qu'il est temps de tâter prudemment le terrain. Tout doucement pour commencer.

« Voilà, je suis votre conseil à la lettre. Prenons soin des apparences. Continuons de ressembler à deux vieilles connaissances qui partagent un verre, une cigarette et un paquet de nouvelles appétissantes. Peut être que nous pourrions même pousser le jeu un peu plus loin ?  », je siffle en forçant un nouveau sourire. « Comment se porte votre famille ? Comment va votre cher père ? Remis de sa dernière frayeur j'espère ? », j'interroge en sachant qu'elle se souvient aussi bien que moi de notre dernière rencontre. «  Et vous ? Je serais curieux de savoir comment vous occupez vos journées. Et avec qui. Des nouvelles intéressantes ? »

" De vilains secrets à partager ? " je manque de demander. Je réalise juste à temps que la perche serait trop grosse et qu'elle risquerait de répondre un peu trop franchement à mon goût.

« Je propose un échange. Je suis sûr que vous avez autant de bonnes choses à m'apprendre que j'en ai à vous raconter. Je crois que vous aimez les détails bien juteux ? Je pourrai peut être en partager quelques uns avec vous... sur quelques connaissances communes et quelques futures affaires que j'ai en tête. Entre connaissances intimes, on peut s'avouer bien des choses. »

Je replace la cigarette entre mes lèvres, ma concentration partagée entre l'expression de Selwyn et le contrôle de la mienne. Ne pas laisser paraître le stress qui me grignote les entrailles est bien plus difficile que je ne l'imaginais. Surtout que je sens la colère quelque part sous mon épiderme, prête à franchir le seuil pour éclater au grand jour. Je devine que je ne parviendrai pas à la maitriser aussi longtemps que je le voudrais. Alors j'espère qu'elle est aussi intéressée par le sort de Hunter que je l'imagine ; j'espère qu'elle sera curieuse de savoir ce que je lui prépare ; et j'espère qu'elle sera assez bête pour me vendre la peau de la licorne avant d'avoir aperçu le scintillement d'une seule noise.
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Jeu 17 Oct 2013 - 0:04
La flamme vacillait doucement, tanguait entre leurs traits, avant de s’éteindre tout à fait pour laisser place à la fumée des foyers embrasés. Embrasé, à l’image du regard de la Dresseuse, à la fois sereine et fielleuse. Elle observait les contours rigides du Brigadier se brouiller légèrement tandis que les volutes les enveloppaient, s’amusant que cette situation oblige son interlocuteur à adopter les codes qu’il abhorrait. Ses codes à elle.

Le bout de sa langue fit une brève apparition entre ses dents immaculées, juste le temps de compléter son sourire naît de la réaction d’Arutha au contact de sa main. S’il avait des doutes sur toutes les cartes qu’elle était capable de mettre en jeu juste pour le pousser dans ses retranchements, elle venait de lui démontrer qu’elle était encore loin d’avoir atteint ses limites. Du moins le croyait-elle. C’est pourquoi elle oublia nombres de paramètres, comme le fait que sa vengeance n’avait à l’origine rien de personnelle.

La pente se faisait de plus en plus glissante mais Esmé n’en avait cure. Obstinée à ne jamais mesurer les conséquences potentielles de ses actes et à se repaître de la frigidité du Kark, elle ne pensait qu’à une chose : pousser le vice, encore un peu plus. Pour voir jusqu’à quel point elle pouvait secouer son nouveau jouet avant qu’il ne se brise et qu’elle ne s’en lasse.

Elle se contenta d’accueillir ses remerciements feints d’un signe de tête lointain, ses pensées parties à la dérive d’un monde auquel elle seule avait accès et où la petite princesse qu’elle était pouvait réaliser tous ses fantasmes. Tous les scénarios qu’elle échafauda durant le bref instant de silence manquèrent lui arracher un air rêveur. Aussi fut-elle brusquement ramenée à la réalité par la voix d’Arutha. Son mécontentement n’atteignit pas ses traits surentrainés, néanmoins, il réussit à atteindre ses émeraudes l’espace de quelques secondes.


« Comment se porte votre famille ? Comment va votre cher père ? Remis de sa dernière frayeur j'espère ? »


Sa bouche se contracta imperceptiblement.

Touchée. Coulée.

Pourtant, elle aurait dû venir voir l’attaque tant elle était facile. Et prévisible. Quel meilleur moyen de la déstabiliser que de faire allusion à la perte de son frère ? Car elle était persuadée que c’était ce à quoi il pensait. N’y avait-il donc pas la moindre trace de pudeur, de compassion ou même simplement d’humanité dans ce petit bâtard pour qu’il ose souiller la mémoire d’Hypnos ?

Hypnos qui était mort pour Mervyn. Assassiné pour une cause dont le fils Kark lui-même s’était détourné à peine les griffes de Pré-au-Lard refermées sur eux. Quatre mois plus tard, la plaie était encore béante chez la jeune femme. L’une des rares choses sur lesquelles elle ne parvenait pas à maintenir son ascendance. Tout simplement parce que cela appelait les plus primaires de ses émotions.

Ne pas répondre. Sourire. Faire comme si de rien n’était.


« Je crois que vous aimez les détails bien juteux ? Je pourrai peut être en partager quelques uns avec vous... sur quelques connaissances communes et quelques futures affaires que j'ai en tête. Entre connaissances intimes, on peut s'avouer bien des choses. »


Deuxième bataillon de faiblesse coulé par le fond.

Son cœur rate un battement alors que pas un seul de ses muscles ne tressaille. Exceptés ceux de ses doigts libres, sagement posés sur ses genoux, figés dans le but d’éviter une convulsion inopportune.

La Foraine le sait, elle vaut mille fois mieux que le monstre qui lui fait face. D’une respiration, elle fait taire la bête mugissante tapie au fond de ses entrailles, l’appelle à l’aide pour ne pas, cette fois-ci, perdre de vue son but. Seuls les chiens sautent sur leur proie sans préambule. Les prédateurs, eux, doivent avoir le goût de l’attente afin de connaître la saveur d’une victoire bien méritée.

Elle l’a écouté palabrer, muette, la tête légèrement penchée sur le côté, l’air candide, lèvres doucement étirées. L’incarnation de la gentillesse polie, telle une femme de bonne famille feignant de s’intéresser aux élucubrations d’un invité de cocktail passionné par les runes anciennes.


« Oh ! Arutha, je crois que vous avez été mal renseigné … » réplique-t-elle enfin, d’une toute petite voix, sa bouche formant un « o » surpris des plus infantiles et surjoués. « C’est que, voyez-vous, d’habitude, je n’aime pas trop partager mes petits secrets. Quel intérêt auraient-ils si je m’amusais à les glisser à des oreilles indiscrètes ? »


Tandis qu’elle écrasa son mégot dans un cendrier, elle leva les yeux vers le plafond, ses ongles venant gratter pensivement sa joue. Pour un peu, on la croirait véritablement tiraillée, avec sa moue dubitative qui, il faut le dire, lui donnait un air des plus stupides. Mais c’était sans compter sur cette flamme, toujours présente, qu’elle ne cherche en rien à dissimuler. Elle voulait qu’il sache. Qu’il ait tout à fait conscience qu’elle se moquait ouvertement de lui.


« Mais non, ne nous affolons pas. Nous pouvons très bien trouver un compromis. Oui, oui, quelque chose qui nous siérait à tous les deux ! » reprend-elle d’un ton joyeux, ses mains voletant dans les airs. « Après tout, pour vous, je m’en voudrais de ne pas faire un petit effort. »


Elle lui décocha un petit clin d’œil, là encore beaucoup trop appuyé. Puis, elle porta son verre à ses lèvres pour mieux ménager son effet, le laissant ensuite rejoindre le bois, son autre main passant dans sa chevelure brune dans une attitude …

Oui. Séductrice.


« Puisque vous parlez " d’intimité " et " de pousser le jeu un peu plus loin " … Paraît-il, je suis capable de donner beaucoup de ma personne. Je m’en voudrais de manquer à ma réputation, surtout pour un sujet aussi sérieux que celui-ci. » minauda-t-elle. « Qu’en pensez-vous ? Ma proposition vous paraît-elle alléchante ? »


Tout en parlant, elle avait croisé ses jambes galbées, de manière à ce que sa jupe remonte suffisamment pour laisser apercevoir la dentelle de la jarretière de l’un de ses bas. Son dos se cambra légèrement, offrant une vue plus évidente sur la naissance de sa poitrine, elle aussi avantageusement dessinée.

Elle manqua éclater de rire quand le Brigadier afficha une expression indéfinissable, partagée entre le dégoût et l’effarement. Au lieu de ça, la Dresseuse abandonna son masque lubrique afin de lui offrir son plus beau sourire pernicieux.


« Que se passe-t-il ? L’endroit n’est pas à votre convenance ? Rassurez-vous, je suis sûre que leurs chambres sont très confortables. Et leurs salles de bain également. »
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ce message a été posté Jeu 17 Oct 2013 - 23:46
Scroutt ! Pourquoi ?! Pourquoi est-ce qu'elle ne peut pas tout simplement cracher le morceau en échange de la liste des supplices que je compte faire subir à Corvus ? C'est pas compliqué pourtant : une info contre une autre ! Bordel ! J'aurai jamais dû m'engager dans cette voie. Je sens qu'elle va me faire tourner en rond pendant trois heures pour finir par me planter là sans rien. Sans infos, sans révélations, sans promesses et surtout sans assurance de son silence. Je porte nerveusement mon verre aux lèvres et le vide d'un trait.

Lorsque je le repose brusquement, elle croit malin de me mettre en garde contre l'affolement. Pouffiasse ! Si seulement elle savait ce que j'étais, si seulement elle connaissait ne serait-ce qu'un quart de la vérité, elle n'oserait même pas décoller les lèvres devant moi. Je devine que Corvus a "oublié" de lui parler de toutes les saloperies qu'il a balancé sur moi... et sur lui. Le soir même où c'est arrivé. A peine deux heures après l'avoir ab... laissé. Le simple souvenir de cette soirée et des mots qui ont alors été prononcés me nouent la gorge. Je voudrais avoir un retourneur de temps pour la ramener avec moi à ce moment. Je voudrais qu'elle voit. Pas pour qu'elle prenne pitié de moi mais pour qu'elle réalise avec quel genre de monstre elle couche. Un malade qui n'a de respect pour personne. J'étais son seul ami ; le seul qui méritait le peu de civilité qu'il est capable de produire ! Il me devait ça ; il devait me foutre la paix et me laisser retrouver Clio et Calliope. Est-ce qu'elle aurait réagit autrement si j'étais venu me réjouir de la mort de son frangin quelques minutes après le drame ? Non ! Elle ne me fera pas croire le contraire. J'en déduis qu'elle ne sait pas comment il m'a traité. Ou que ce n'est qu'une putain égoïste qui en plus d'être égocentrique n'en a rien à cirer de la disparition de son leader. Mais qu'est ce qu'elle fout à l'Ombre ?! Si l'idée de passer pour un mioche de cinq ans rapporteur ne me répugnait pas autant, j'irais immédiatement toucher deux mots à son sujet à Elena. Heureusement pour elle, mes relations avec ma belle-mère sont loin d'être idylliques. Je ne m'imagine même pas lui expliquer que Black Swann menace de corrompre ma réputation - et donc mon infiltration. C'est pour dire ! Je vais régler ça tout seul, comme un Kark, et je vais le faire proprement. Ou en tout cas essayer....

Mon caractère étant ce qu'il est, je ne doute pas qu'il restera quelques tâches. Comme celles laissées par les cendres sur la table, par exemple. Si son clin d'oeil m'a littéralement pétrifié - et son geste de la main fait ouvrir grand la bouche en écarquillant des yeux - c'est finalement les termes "plus loin" qui auront eu raison de mes nerfs. Effrayé de comprendre ce qu'elle sous-entendait, j'ai subitement resserré mes doigts sur le stick et serré au point de le briser. Le bout enflammé du mégot attaque le bois avant que je n'ai le temps de dire souaffle.... ou de remarquer que je ne tiens plus qu'un infime morceau de la clope d'ailleurs. Trop subjugué pour détacher mon regard du sien, je ne fais plus attention à rien d'autre dans la pièce. Rien sinon ce sourire écœurant. Merlin, cela a beau être une sang-pure je trouve ça.... immonde. Infâme. Nauséabond. Moi et elle ? Une saltimbanque qui traîne - ou traînait plutôt - avec des gitans, des fauves puants et des sorciers au sang douteux ? Elle a beau être membre de l'Ombre, vous me ferez pas croire qu'ils n'embauchaient que des gens respectables. Il n'y a que les misérables, les basiques 1, les né-moluds et peut être même pire pour travailler dans un cirque. Et comme disait Lord Voldemort en personne, il n'y a rien de pire qu'un sang-pur qui ne respecte pas sa propre place. Alors moi, coucher avec un être aussi dénué de morale, de savoir vivre et de décence ? Jamais ! Jamais, jamais, jamais !  En plus elle veut faire ça dans une salle de bain ? Mais quelle idée ! Et pourquoi pas une cave à vin pendant qu'elle y est ?! La seule explication que je trouve c'est qu'elle veuille prendre un bain avant de me toucher mais même avec ça.... L'image de Selwyn nue dans un bain s'impose soudain à moi. J'en frissonne puis recule brusquement ma chaise.  

Pourtant, objectivement parlant, l'image que je me fais d'elle en tenue d'Eve n'est pas si offensante.... voir pas du tout. Avant que je m'en rende compte, mon regard glisse sur sa poitrine voluptueuse. Je n'ai aucun mal à l'imaginer mise à nue. Et c'est loin d'être un tableau désagréable. Mais non ! Scroutt ! Esmé Selwyn, la foraine sans vertu ? Non !  Peut être que si elle avait été différente... originaire d'une autre famille, avec un autre nom, un autre métier, une autre personnalité.... Un autre esprit en somme. Mais celle-là ? Pas la peine d'y penser. J'essaie rageusement de chasser l'image d'elle nue dans l'eau d'un ba..... Merlin. Le bain. La femme nue. Soudain je visualise très nettement la scène avec une autre personne à la place de Black Swann. Il lui a dit. Il a osé lui raconter ça !

« Le f.... »

...ils de croup ! Il me faut toute ma volonté pour ravaler la fin de l'insulte. Et ne pas quitter immédiatement la table pour foncer chez Hunter. J'abandonne le reste de clope que je tenais toujours dans le cendrier et enfonce mes ongles dans le bois de la table. Plus question de se défiler. Il faut que je sache exactement tout ce qu'il lui a raconté et tout ce qu'elle compte révéler au monde. Mais comment ? Serpentard, comment ? A moins de la menacer d'un doloris.... et soudain la solution vient d'elle même. Au ralentit, j'inspire une bouffée d'air, me redresse dans mon siège et détache mes mains de la pauvre table qui n'a rien demandé. Calme. Il faut que je me maîtrise. Que je gère. Je laisse un instant s'écouler et me racle la gorge avant de reprendre d'un ton faussement humble.

« J'avoue que votre proposition m'a décontenancé. C'est que, venant de la très célèbre Black Swann, c'est très inattendu. Je suis sûr que vous me faites un grand honneur. Comment refuser ? »

L'espace de quelques secondes, je perds le contrôle et laisse transparaître une expression que je suppose avide. Elle veut jouer ? Jouons ! Je quitte ma chaise et comme le parfait des gentleman, lui tend une main.

« Je sais que vous tenez vraiment à me rendre service et je m'en voudrai de ne pas vous accorder ce plaisir. Mais laissez moi au moins m'occuper des petits détails. Si vous voulez bien, miss ? », j'insiste en rapprochant dangereusement mon bras du sien, un sourire mi-carnassier, mi-charmeur aux lèvres

Elena et Wilhelmina peuvent dire ce qu'elles veulent, la Brigade aussi ; ce que le monde ignore ne fait de mal à personne. Et le monde l'ignorera. Une fois les informations désirées obtenues par la force, je trouverai un moyen de la faire taire. A moins que je n'efface simplement sa mémoire ? J'aurai tout le temps pour réfléchir à ça, en haut, dans la chambre protégée par un sortilège d'isolation sonore. Et je jure au nom de Voldemort qu'elle regrettera chacun de ses regards déplacés. Obnubilé par la perspective de ma victoire, j'en oublie que nous avons plusieurs spectateurs et que je suis en train de flirter avec Black Swann en public. Mais quand bien même j'y penserais, ça ne changerait pas grand chose. La loi n'interdit pas encore de se comporter comme un gentleman et de raccompagner une demoiselle jusqu'à sa chambre. Et c'est exactement ce qui se passera dans l'esprit commun. Rien de plus...
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Dim 20 Oct 2013 - 1:13
Délicieux. Tout simplement merveilleux. Une explosion de mille feux d’artifice pour les sens. De sa bouche tordue, à l’effroi visible dans son regard, en passant par ses ongles qui raclent le bois de rage, quand enfin le tout petit, minuscule, Bébé Kark, comprend à quoi elle vient de faire allusion. A quoi et à qui, surtout.

Elle en est certaine, elle le sent venir, l’attend, le réclame. Le faux-pas. L’explosion de rage. Il ne va pas pouvoir se contenir plus longtemps. Elle recevra chaque mot et chaque œillade, chargés de mépris et de haine, comme une nouvelle pierre à l’édifice de sa victoire. Jusqu’à ce qu’il se détourne, jusqu’à ce qu’il s’en aille hors de lui, jusqu’à …


« J'avoue que votre proposition m'a décontenancé. C'est que, venant de la très célèbre Black Swann, c'est très inattendu. Je suis sûr que vous me faites un grand honneur. Comment refuser ? »


… Pardon ?

La symphonie colorée déferlant dans ses pensées triomphantes s’évanouit aussi rapidement qu’elle est apparue. Son sang se glace dans ses veines, tout son corps se fige, jusqu’à son regard où l’étincelle vacille. La baudruche manque de se dégonfler, percée par son manque soudain d’assurance.

Non. C’est impossible. L’Arutha Kark qu’elle connait, celui qui l’a accompagné dans la cage aux Fauves, celui qu’on lui a dépeint ne peut pas faire ça. Elle a étalé son jeu, il a bien vu que tous les as étaient entre ses mains. Alors pourquoi risquerait-il de mettre tous ses jetons sur le tapis ? Pourquoi n’abandonne-t-il tout simplement pas la partie ?

Esmé a oublié que, la plupart du temps, le roi bat la reine. Elle a occulté que c’est un être humain qui se tient face à elle. Elle ne se souvient pas qu’il est l’ami de peu et l’ennemi de beaucoup.

Il est debout, il lui présente son bras. Et elle le regarde, du bas de sa chaise, redevenue immobile. Elle a la répulsion, elle a la hargne … Tous ces sentiments qu’elle voulait qu’il expose, il les lui offre. Mais pas comme elle le voulait. Exactement de la manière opposée. Ou peut-être pas. Bien sûr que si ! Ou non … ? Ses idées s’emmêlent. Elle se lève enfin, prend son bras. La poupée devenue automate. Comme avec … Avec …

Plus jamais.

Un seul sorcier en ce monde est en droit de la manipuler. Unique à en posséder le pouvoir. La Bête a grondé, plus fort. Reviens, petite poupée, reviens. Ne te laisse pas faire. N’oublie pas qui tu es.

Elle reprend pied, s’accroche fermement, autant au Brigadier qu’à la certitude qu’elle peut aller au bout. Elle est Esmé Selwyn, le Cygne Noir. Personne ne lui fera courber l’échine.

Elle lui rend son sourire, fugacement sauvage, finalement tranquille.


« Mon cœur ? » interpelle-t-elle Charmelle qui passe non loin d’eux à cet instant précis. « Monsieur Kark va me raccompagner à la maison. J’enverrai Than te chercher pour la fin de ton service. »


La jolie blonde se contente d’acquiescer, esquissant un « au revoir, Monsieur » des plus révérencieux à l’adresse d’Arutha.

Ainsi donc, il croyait pouvoir l’entrainer dans une des chambres closes à l’étage pour lui faire subir les pires tourments ? Tiens donc ! Et puis quoi encore ? Il lui faudrait un plus gros filet pour ferrer la sirène. Sans lui laisser le temps de comprendre la portée de ce qu’elle vient de dire – à savoir qu’il y a désormais un témoin de ses faits et gestes -, elle entraine son compagnon jusqu’au comptoir.

Elle converse gaiement avec le tenancier tandis que le Brigadier paie leurs consommations. Une petite pointe d’envie passe dans les yeux de Mr Bryce tandis qu’il s’imagine à quoi les deux jeunes gens vont consacrer la fin de leur nuit. Si cet imbécile savait, il passerait volontiers son tour ! se dit-elle, utilisant cette petite diversion badine pour ramener les battements de son cœur à un rythme plus ou moins régulier.

Elle sait qu’elle est loin d’être sortie d’affaire. Elle a conscience que l’immensité de la nuit ne la sauvera pas du piège qui se referme lentement sur elle. Il faut qu’elle garde l’avantage. Même si elle n’a pas encore la moindre idée de la manière dont elle va s’y prendre. Car si elle a toute confiance en certaine de ses capacités, elle n’en a pas la moindre en Arutha. Et puis il y a ce quelque chose en elle, le fil qui s’est extirpé d’un nœud dont elle n’avait pas connaissance jusqu’à présent. Fil sur la nature duquel elle n’a aucune envie de se pencher, craignant ce qu’elle pourrait découvrir. De ce qui pourrait en résulter.

L’air frais la frappe de plein fouet, à l’image de la gifle qu’elle mériterait assurément pour sa témérité. Les premières minutes de leur marche sont silencieuses, les rues défilent sous les yeux et elle refuse de tourner la tête. Elle ne veut pas savoir ce qu’il pense. Elle n’a pas la moindre envie de lire sur ses traits. Désormais, c’est elle qui ressent ce besoin irrépressible de lui échapper.

Elle va y parvenir. Il lui suffit de profiter des quelques passants comme spectateurs et de s’excuser pour se défaire du monstre à ses côtés. Elle va le faire. Elle a ouvert la bouche.

Et son dos heurte le mur. Son discours est remplacé par un hoquet douloureux.

Il fait sombre dans la ruelle où il l’a entrainé. La Dresseuse ne perçoit plus que l’étau de sa poigne sur son bras, le dos sa propre main ramenée à hauteur de son menton et leurs respirations. La sienne est hachée. Elle a la force physique pour lui résister malgré son petit gabarit. Sa baguette à portée de main. Pourtant, elle ne bouge pas. Le fil la nargue. Elle attend. La partie peut vraiment commencer.
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Lun 21 Oct 2013 - 20:39
Scroutt ! Charmelle. Comment j'ai pu oublier cette grosse dinde ? Je pince amèrement les lèvres en réalisant ce que Selwyn essaie de faire. Ou plutôt ce qu'elle fait ; dans cinq minutes, tous les clients ou presque seront au courant que je la raccompagne chez elle. Comme si ça allait me dissuader de mettre mon plan à exécution.... tssss ! Ici ou dehors, avec ou sans protection, je la ferai parler. En fait, je trouve ça même plus amusant qu'elle essaie d'assurer ses arrières, de se sortir de la fosse à purin dans laquelle elle a plongé la tête la première. Ca n'en rendra que la victoire plus savoureuse. Je sens que je vais adorer la voir réfléchir, trembler, hésiter, observer son environnement comme un lapin pris au piège et finalement comprendre qu'elle n'a aucune issue. Je savourerai le moment où cette étincelle si exécrable dans son regard se transformera en témoin de son angoisse et où son expression se décomposera littéralement. Gryffondor ou pas elle frémira d'horreur, j'en donne ma parole. Je m'assurerai qu'elle comprenne ce qui l'attend et surtout à quel point elle est impuissante avant de la condamner au supplice... et à l'oubli. Car c'est bien ce à quoi elle aura droit au bout du compte. Un sortilège d'amnésie lancé avec sa propre baguette. Quant à moi.... je trouverai bien un moyen de m'innocenter. Ca ne doit pas être impossible à faire, bien qu'assez dur dans ma situation particulière. Je sais que mon père serait capable de trouver une faille. Hunter aussi. Si eux peuvent le faire, il n'y a pas de raison pour que je n'y arrive pas. Il faut juste me laisser un peu de temps pour réfléchir ! .... Merlin, je n'aurai pas dû prendre trois verres. Ou quatre ? Je sens que les idées élaborées vont mettre plusieurs minutes à venir. Tant pis ; je prendrai mon temps. L'important c'est que je réussisse à mener ma mission à bien.

Sans me presser, je règle les consommations - comme le gentleman que je suis - puis escorte ma "partenaire" à l'extérieur. A mon plus grand plaisir, elle demeure un long moment sans voix. Plus de répliques cinglantes, plus d'observations cyniques, plus de provocations mesquines... rien d'autre que le silence occasionné par la peur. Un sourire satisfait se dessine sur mon visage. Cinq minutes plus tard, je décide de pousser le vice un peu plus loin et de m'amuser un peu. Prétextant vouloir refermer ma cape, j'abandonne son bras et baisse doucement la tête. Je devine plus que je n'aperçois son regard en coin. Est-elle en train de s'accrocher à un brin d'espoir ? En train de s'imaginer qu'elle va réussir à fuir et me planter là avant que je n'ai le temps de la rattraper ? J'espère que c'est le cas. Qu'elle y croit ; que la déception soit amère, cruelle, douloureuse.

Sans cesser de triturer l'attache de mon manteau, j'inspecte discrètement mon environnement. Nous arrivons bientôt sur la place centrale de Pré-au-Lard ; ou l'endroit le plus dangereux pour l'exécution de mon plan. Si nous croisons quelqu'un, c'est la fin. Enfin, la fin pour moi. Selwyn le sait et je suis sûr que c'est la raison pour laquelle elle a presque imperceptiblement accélérer le pas ces trente dernières secondes. Si je veux agir c'est maintenant. Il me faut un coin sombre et désert... comme cette ruelle par exemple. Abandonnant soudain ma cape, j'étire le bras pour refermer mes doigts sur son poignet et la tirer derrière moi. Mon premier réflexe est de la plaquer contre le mur. Le second de sortir ma baguette. Le troisième de lancer une bulle de silence.

Après ça, je me permets d'esquisser un sourire qui ne présage rien de bon pour elle. Sans lâcher son poignet droit, je remonte ma main libre à hauteur de son cou pour poser l'extrémité de ma baguette contre sa nuque. Dire que je jubile ne serait pas exagéré. La voir là, à ma merci, cette traînée qui s'est si souvent foutu de moi... Merlin que ça fait du bien. Ravi de la tournure que prend ce jeu, je rapproche mon visage du sien pour souffler dans son oreille :

« Et là, est-ce assez intime pour vous Miss Selwyn ? »

Je peux presque entendre les rouages de son cerveau tourner de plus en plus vite. Sentir son souffle changer de cadence. Et percevoir les battements de son coeur qui se précipitent pour irriguer ce qui lui fait office de cervelle. Non... en fait... ça je le sens vraiment. Le sang se presse sous la pulpe de mes doigts. Sa veine palpitante est la meilleure preuve que je la terrifie, que je suis maître de la situation, que j'ai les pleins pouvoirs sur elle. Et pourtant... pourtant je ne parviens pas à en tirer la satisfaction que je désirais. Mon sentiment de triomphe est gâché par quelque chose d'indéfinissable. Peut être est-ce le rythme saccadé de son souffle contre ma nuque. Ou bien le parfum de sa peau ? Ce n'est pas celui que je m'attendais à sentir sur une dresseuse de fauve mais il est loin d'être agréable pour autant. Au contraire je le trouve dérangeant. Comme le soulèvement de sa poitrine conte mon torse. Ce n'est pourtant pas la première qu'il rencontre, comme chacun le sait. Mais cette fois, c'est différent... j'ai presque l'impression de vivre sa terreur à travers les signaux qu'elle envoie. Les gouttes de sueur, la lueur dans son regard, son rythme cardiaque, sa respiration irrégulière, ses tremblements désordonnés... je n'aime pas ça. Finalement, la proximité était une mauvaise idée. Il ne faut pas que j'oublie que ce n'est qu'un jeu ; je n'ai aucune envie d'être intime avec elle ou ce qu'elle ressent.

Alors sans prévenir, je recule brusquement de deux pas. Mes doigts restent toutefois accrochés à son bras et ma main libre pointée sur son cou.

« Dans ces conditions, on peut laisser tomber nos masques et se révéler tous nos petits secrets. Les femmes d'abord ! » , j'annonce en me forçant à nouveau à sourire. « Qu'est ce que vous a dit Hunter ? Je veux tous les détails et au moindre mouvement louche.... »

Je fais éloquemment pivoter mon arme entre mes doigts. Avec ça, elle ne pourra qu'obéir. Je refuse d'envisager toute autre possibilités... bien que mon corps soit visiblement d'un autre avis. Aussi déterminé que je sois, mes yeux ne peuvent s'empêcher de glisser deux fois de suite sur sa poitrine encore haletante. Une réaction tout à fait normal qui n'a absolument aucun rapport avec l'identité de la personne responsable de cette... perturbation. N'importe quelle autre sorcière me ferait le même effet. Si on était aussi proches je veux dire. Dans une ruelle sombre. Le souffle court. Bordel de croup. J'aurai dû lui demander de se couvrir. Au moins ça. Mais non, je ne vais pas me laisser avoir aussi facilement par une traînée. Je suis plus fort que ça, je vaux mieux que ça et c'est l'air plus obstiné que jamais que je replonge mon regard dans le sien, décidé à ne plus l'en bouger.

« Si vous pouviez faire vite aussi, j'ai pas toute la nuit. » , j'insiste nerveusement.
Esmé Kark
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Mer 23 Oct 2013 - 0:33
« Et là, est-ce assez intime pour vous Miss Selwyn ? »


Le jeu va loin. Beaucoup trop loin. Ça ne devait pas se passer comme ça. Elle a perdu le contrôle. D’elle-même. C’est à cause du nœud. Du nœud et du fil. Ceux qu’elle a refusé de regarder bien en face, persuadée que cela pouvait attendre. Résultat, ils lui ont sauté à la gorge.

A l’instar du Brigadier. Il susurre tout contre elle, là au creux de son oreille, là contre son torse, là les effluves entêtants de l’alcool et ceux, plus caractéristiques, de l’homme lui-même. De la fraicheur de la pierre contre son dos, en passant par la rugosité de la baguette sur sa nuque, jusqu’à la texture de sa peau. Tous ses sens semblent avoir été alertés par la proximité imposée de leurs silhouettes, ses entrailles sont tordues, son cœur s’est emballé, elle a du mal à respirer.

Mais Esmé n’a pas peur. Pas peur d’Arutha. C’est elle qui l’effraie. Elle lutte. Un fouet claque dans les méandres torturés de son esprit pour repousser la bête plus fort, plus loin. Ne pas répondre à ses instincts, reprendre la main mise sur son propre corps. Qui risque de lui échapper à tout moment.

Elle a conscience que c’est de sa faute. Téméraire et inconséquente. Combien de fois le lui a-t-on répété au cours de son existence ? D’un coup, sans crier gare, la très lointaine voix de sa mère lui apparaît. Léda qui la saisissait par les cheveux pour la sortir d’une cage. La Russe tremblante de rage mais lui disant, d’une voix posée et rude que quand « on entre dans la fosse aux lions, si à un moment la situation dégénère et qu’on ne peut plus revenir en arrière, alors il faut frapper plus fort ».

Etrangement, c’est cette réminiscence qui permet à la Belle de revenir peu à peu du tourbillon par lequel elle a été submergée. Juste avant que le Kark ne se dégage d’elle. Lorsqu’il reprend ses menaces, sa contenance est revenue. Elle scrute ses lèvres, son arme, sa posture … Son regard, avant tout.

Il s’est trahi. Elle n’est pas la seule à avoir ressenti, à connaître le nœud. Sauf qu’à la différence de son adversaire, elle a accepté de le laisser s’emparer d’elle. Pour cette fois-ci du moins. Pour l’utiliser plutôt que le laisser la précipiter vers une chute annoncée.

Alors qu’il consent enfin à terminer son petit discours, ses émeraudes quittent l’acier du regard du Brigadier, allant de son bras qu’il tient toujours, à sa baguette, revenant à ses prunelles. Une valse lente et répétitive de quelques secondes, meublant le silence, complétant sa moue indéchiffrable.


« Vous allez baisser votre arme. »


Sa voix résonne comme déplacée dans la bulle dans laquelle ils sont plongés. Ce n’est ni une menace, ni un ordre. Un constat. Affirmé et serein.


« Vous allez baisser votre arme parce que si vous ne le faites pas, vous romprez les termes du serment. » reprend-elle devant l’agacement affiché de son Interlocuteur. « Vous ne pouvez rien faire qui puisse nuire à Corvus. Si vous me touchez, au moindre ‘oubliettes’, au plus petit ‘everte’, alors vous risquez de briser le traité. Oh ! Et pour peu que le rapport entre lui et moi ne vous soit pas encore venu à l’esprit, alors c’est chose faite. »


Elle voit la mine déjà bancale du Kark se décomposer. Elle relève légèrement le menton, un sourcil haussé, glaciale. Elle a frappé juste. Pile où il fallait pour qu’elle soit assurée qu’il ne tenterait plus rien contre elle ce soir. Sauf que le nœud, la bête … Il y a trop peu de raison en elle pour qu’elle en reste là.

Il a bien été contraint de baisser sa garde. Alors elle profite que la baguette ait quitté sa nuque mais que son bras soit toujours accroché au sien pour tirer d’un coup sec. Non pas pour se dégager. Au contraire, elle l’attire à elle. Cette fois-ci, elle crée ce contact, dont, elle en a conscience, le répugne autant qu’il le réclame. L’ambivalence de la morale et du désir. Une vraie aubaine.


« Néanmoins, je vais vous accorder un point dans cette manche. » murmure-t-elle à son tour à son lobe. « N’envisagez pas revenir une fois les liens avec lui défaits. Ne pensez pas que je n’ai pas déjà pris mes précautions pour éviter de terminer comme vos victimes insipides. N’essayez même pas d’imaginer que je puisse, l’espace d’une seconde, avoir peur de vous. »


Sa main a lentement quitté son flanc pour venir se poser sur la joue du jeune homme. A présent, elle descend, jusqu’à enserrer délicatement sa nuque. Quant à sa bouche, elle glisse de son oreille jusqu’au visage du Brigadier, à quelques millimètres à peine de ses lèvres, sans cesser de se mouvoir.


« Je sais que vous n’avez aucune confiance en moi. Pourtant, vous apprendrez très vite qu’il vaut mieux m’avoir dans son camp que dans la ligne ennemie. Ça, et le fait que vous n’obtiendrez rien de moi. »


Le masque est tombé. Comme il voulait. Plus de demi-mots. Ainsi qu’il l’a réclamé. Plus de demi-mesure. Cependant, peut-être qu’il n’en demandait pas tant. Elle non plus. La flamme du briquet n’est plus qu’un lointain souvenir, seulement, elle a l’impression que la bête n’attend plus qu’une occasion pour tout embraser.
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Ven 1 Nov 2013 - 0:33
Les mots. Je déteste les mots.... quand ils sortent de la bouche des autres. Ou qu'ils sont liés à la vieille magie et aux serments inviolables. Ceux là sont les plus traîtres et les plus dangereux de tous. Aussi dangereux qu’un avada, un sectumsempra ou un bon vieil imperium ! …. Parce que c’est bien ce que j’ai l’impression de subir là, maintenant. Malgré ma baguette pointée sur sa gorge, malgré ma supériorité évidente, malgré le silence qui nous entoure et la tranquillité dont je suis sûr de bénéficier encore plusieurs minutes, je suis contraint de déplier mon bras pour éloigner mon arme de celle qui aurait dû être ma victime. Comme un esprit faible soumis au sortilège impardonnable. A la différence qu’elle n’a prononcé aucune formule. Juste une trentaine de mots qui ont changé toute la donne.

Avant de les entendre, je ne pensais consciemment qu’à lui arracher chaque parcelle d’information qu’elle détenait. Je souhaitais lui faire du mal à elle et uniquement à elle. Pour la faire parler, pour lui faire payer les humiliations qu’elle a tenté de me faire subir, pour lui prouver que je ne suis pas un boursoufflet inoffensif avec lequel on passe le temps… bref, ce ne sont pas les raisons qui manquent. J’ai mille et un motifs pour vouloir la doloriser, lui effacer la mémoire et transformer sa vie en cauchemar. Mais il a suffit qu’elle cite un nom, juste un nom, pour balayer toutes ces raisons. Je la hais… mais pas autant que lui. Je veux ces informations… mais pas autant que je souhaite lui faire du mal. Et même si ce n’était pas mon objectif, même si je n’y pensais pas du tout – pas vraiment… pas consciemment – , maintenant que cette idée existe dans mon cerveau, maintenant qu’elle y siège comme un virus increvable, je ne vais plus réussir à m’en débarrasser. Chaque coup porté contre elle sera accompagné de l’image d’un Hunter furieux, inquiet, affligé… en bref, piteux. Et malheureusement, ni ma volonté ni mon instinct de survie ne parviendraient à m’empêcher de me réjouir de ces images là.
Est-ce que le serment sait faire la différence entre " avoir l’intention " et " profiter de l’occasion " ? Étrangement, j’en doute.  Et je ne suis pas prêt à prendre le risque ce soir. Alors à contrecœur, je baisse ma baguette et m’apprête à reculer d’un ou deux pas pour réfléchir à une autre solution. C’était sans compter sur Selwyn bien sûr…

Lorsqu’elle m’attire subitement vers elle, mon premier réflexe est de plaquer ma main libre contre le mur pour à la fois trouver un appui et m’assurer que la distance entre elle et moi ne se réduira pas plus. Ma main libre étant bien sûr celle qui tient ma baguette, mon arme se retrouve brusquement coincée entre ma paume et le mur, à seulement un ou deux centimètres de sa joue. En plus, je suis persuadé de l’avoir entendu faire un bruit bizarre !... Ma baguette, pas la joue de Selwyn. Si mon arme a la moindre égratignure à cause de cette… cette grognasse, je jure que… elle le paiera… très cher…. et….  Merlin. Pas ça. " Et si. Ça ".

Cette sensation exécrable, euphorisante, incontrôlable, dévastatrice et beaucoup trop décelable. Ce regard plongé dans le mien, ce souffle sur ma peau, ces lèvres, ces doigts, cette proximité, ces idées tordues, écœurantes, insensées, qui me traversent l’esprit avant que je n’ai le temps de vraiment les comprendre, les contrôler, les détruire. Et son expression… elle sait. Évidemment. Elle l’a fait exprès. N’est ce pas son métier de toute façon ? Ou tout comme. J’ai intérêt à me sortir de ce guêpier très vite. Très très vite… que je rétablisse une distance sanitaire – oui sanitaire ! – entre ma bouche et la sienne. Au lieu de rester là. Immobile. Incapable de trouver le courage de reculer mais pas encore assez faible pour céder à la tentation. " Tu te prendrais une gifle mémorable " murmure la voix au fond de mon cerveau. Et je la plaquerai contre le mur pour recommencer juste par esprit de contradiction. Scroutt !! Au nom de Serpentard et de tous ses basilics ! C’est une SELWYN ! Une putain de saltimbanque qui s’est probablement fait tous les spectateurs sang-purs et basiques 4. Et lui, bien sûr.
Comme si elle avait lu dans mes pensées, elle choisit cet instant pour rompre le silence qu’elle semblait aussi incapable que moi de briser après son petit discours. Sa remarque, aussi désagréable soit-elle, a au moins le don de me faire réagir. Je détache ma main du mur, attrape son poignet pour me débarrasser sèchement de sa paume et recule enfin de trois pas… comme j’aurai dû le faire beaucoup plus tôt.

« Ravi que cette situation vous amuse ! J’ai faillis croire que vous alliez vous effondrer sur place tout à l’heure. », je crache furieusement. « Niez autant que vous voulez : je sais reconnaître la peur ! Et elle reviendra que vous le vouliez ou non. Vous pouvez essayer de vous convaincre que vous ne craignez rien, que votre petit monde est en sécurité, que je ne représente aucune menace et… c’est ce que vous pensez non ?! Que je n’arrive pas à la cheville de Hunter, que je suis incapable de gérer quoique ce soit, que je suis rien sans Mervyn Kark ?! Sombre CONNE ! Tu sais même pas de quoi je suis capable ! T'as aucune idée de ce que je suis ou ce que je fais TOUS LES JOURS ! Tu sais absolument RIEN ! ALORS VIENS PAS ME DIRE CE QUE JE SUIS CAPABLE DE FAIRE OU PAS ! »

Chaque rugissement m’écorche la gorge en sortant mais je suis incapable de m’arrêter. Trop loin. Elle a poussé trop loin. Soulevé trop de choses. Blessé trop profondément ce qui était déjà fragile.

« Tu me crois incapable de réduire en cendre une croup soumise à son maître ?! Quelle cruelle déception ça va être pour toi ! Je suis tellement, tellement, plus que ce que tu crois Selwyn. » , je fulmine en me rapprochant sans m’en rendre compte. « Tellement plus. »

Oui tellement plus. Tellement plus que ça. Tellement plus que cet imbécile qui s’est fait piégé par des mots. Qui n’est même pas capable de se défendre proprement contre les attaques d’une bouffonne.  Qui n’est finalement pas fichu de sauvegarder son nom sans l’aide de son père ; de battre au poteau un sergaigle qui essaie de lui pourrir la vie. Qui n’a pas évolué depuis Poudlard et Bishop. Qui ne dirige pas sa vie comme il le voudrait, comme il le devrait. Qui n’arrive à rien. Qui ne mérite pas son nom. Et qui ne sait même pas comment se sortir de cette situation. Je dois être plus que ça. Sinon… Les dents serrées, je me force à endosser le rôle jusqu’au bout. Autant pour la dissuader de révéler quoique ce soit à mon sujet que parce que j’en ai besoin. Sans ciller, je conclus sur le même ton :

« Alors, vous êtes sûre de vouloir faire ça ? »
Esmé Kark
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Sam 9 Nov 2013 - 0:16
Grisée par son avantage, la jeune femme s’autorise un sourire aussi féroce que l’ai déjà son air suffisant. Et la phrase de trop. Impossible de se souvenir laquelle. Aussitôt dit, aussitôt oubliée. Quelque chose de malin, certainement, pour qu’aussitôt, elle brise l’atmosphère qui pèse entre eux.

Pourtant, Esmé n’a pas menti. Sa mémoire est excellente. A force d’avaler personnages et mises en scène abracadabrantes, elle est capable de retenir chacun des mensonges qu’elle monte en neige avec précision. Sauf que d’ordinaire, il ne s’en suit pas de tels orages.

En soit, le fait qu’il échappe à son contact n’est pas une surprise. Ce qui l’est, plutôt, c’est qu’il ne l’ait pas repoussé avant. Bien avant. Même si elle a compris que finalement, il n’était pas aussi proprement insensible à ses charmes, elle imaginait cet effet plus … Éphémère.

Aussi, elle accueille sa rebuffade avec un soulagement teinté d’un sentiment de frustration qu’elle préfère ne pas chercher à s’expliquer. Qu’elle n’a pas le temps de s’expliquer. Car déjà, il a repris la parole.

Non, plus précisément, il lui hurle dessus. Venin et fiel craché à son encontre avec toute la vigueur dont il est capable. Elle aurait dû voir venir l’attaque frontale, elle qui a poussé et poussé encore le petit jeu, n’a même pas tâtonné pour chercher les limites, s’est contentée d’avancer jusqu’à ce que les barrières invisibles coupent son élan. Et son souffle.

Son cœur rate plusieurs battements tandis qu’elle s’obstine à rester muette et immobile, à le fixer sans trahir la moindre émotion. Au début, du moins. Elle connait ces élans de hargne incontrôlable, pour en avoir subi elle-même, pour avoir assisté à ceux des autres. Théoriquement, elle devrait parvenir à les appréhender, à se contenir le temps que l’orage passe, à ne pas s’en offusquer.

Théoriquement.

Bien trop de paramètres rentrent en compte, du ton de sa voix, à l’expression de son visage, en passant, naturellement, par ses mots. Elle reçoit toute la douleur et toute l’amertume que ces derniers renferment de plein fouet, à l’image d’un cadeau mortellement empoisonné.

Elle n’a aucune envie de ressentir la moindre empathie pour cet homme. Elle préfèrerait mourir que de réaliser que, oui, c’est bien un être humain, fait de chair, de sang et d’émotions, avec un passé, un présent et un avenir, qui lui éructe à la figure. Elle ne veut pas qu’il ait une autre dimension que celle de l’ennemi à abattre, du jouet dont on se lasse et qui casse. Elle refuse de voir au-delà des apparences.

Mais il l’y oblige. Il l’y contraint par tout ce qu’il lui dit et ne lui dit pas mais qu’elle devine, rompue à l’art – ce soir, une vraie malédiction – de lire entre les lignes. Sans compter ses sempiternelles menaces, adressées à la Dresseuse, à tous ceux qui l’entourent. Elle qui réclamait sa fureur un peu plus tôt, soucieuse de vérifier qu’il était toujours le même enfant gâté, se rend compte qu’elle se serait tout aussi bien contentée de son manque d’assurance.

Aussi, au fur et à mesure qu’il explose, les lèvres de la Foraine esquissent une moue de plus en plus contrariée, ses paupières se plissent, ses poings se serrent jusqu’à faire blanchir ses phalanges. Le Fauve gronde, de plus en plus fort, de moins en moins maîtrisable, met à mal ses derniers artifices. Elle en a assez d’être prise pour une imbécile. Elle ne supporte plus de jouer les princesses mystère devant cette petite pine de scrout. Cela ne l’amuse plus. Plus. Du. Tout.


« Alors, vous êtes sûre de vouloir faire ça ? »


A ce moment-là, elle réalise que dans sa fureur, il s’est à nouveau rapproché d’elle. Leurs regards rivés l’un à l’autre lancent des éclairs dignes de la plus belle des tempêtes. Une vingtaine de centimètres à peine les séparent. Son instinct lui somme de sauter lui sauter à la gorge, de lui faire regretter sa présomption.

Alors, elle l’écoute.


«  De vouloir faire quoi ? » répète-t-elle après quelques secondes de silence. « De vouloir vous rendre chaque pique, chaque sous-entendu, chaque tentative d’intimidation, chaque traîtrise, chaque blessure que vous semez autour de vous ? De ne pas hésiter à affirmer que vous n’êtes jamais qu’un pauvre type qui ne connait que menaces et insultes pour faire ployer son monde ? D’oser clamer haut et fort, devant vous, que votre plus criante incapacité est d’être quelqu’un derrière votre respectueux patronyme ? »


Sa voix est forte. Malgré la crainte qui l’étreint, elle a même osé un pas en avant. Téméraire jusqu’au bout. Hors d’elle, également. Le Cygne Noir, la Grande Selwyn ne sont plus. Esmé, dans toute sa personnalité ravageuse, est bien plus à sa place en cet instant.


« Répondez ! » hurle-t-elle de plus belle, sans pour autant lui laisser le temps de s'exécuter. « Qu’est-ce que vous croyez que je veux faire ? Pourquoi plutôt ne pas vous demander ce que je peux faire ? La sombre conne que je suis a tenté de défendre votre putain de Manoir jusqu’au bout ! La catin qui vous répugne a vu son frère mourir sous ses yeux au nom de votre père ! Père pour qui la famille de cette débauchée a tout abandonné, de ses murs jusqu’à sa liberté ! Paix à son âme ! Damnée soit la vôtre, Arutha ! Je n’ai que faire de vos petits secrets ou de vos méfaits tant que vous restez loin de mes proches, loin de Corvus, mais surtout, loin de moi ! Et s’il y a bien des paroles que vous devez croire venant de moi, ce sont bien celles-ci ! »


Sa vue seule suffit à la répugner, ce qu’elle lui démontre de la manière la plus éloquente qui soit en lui assénant un regard lourd de sens. Aussitôt, elle tourne les talons, prête à ne plus s’imposer sa présence, en proie à trop d’émotions contradictoires pour raisonner convenablement, seulement désireuse d’oublier son propre moment de faiblesse. Mais c’est sans compter sur la poigne qui se referme sur son bras une nouvelle fois.[/color]
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Mer 13 Nov 2013 - 1:46
Encore et toujours la même rengaine. " Tu nous as trahis, blessés, offensés ! " Encore et toujours les même mots désagréables qui se succèdent dans un laïus envenimé. Les mêmes accusations qui reviennent sous différentes formes. A croire que les gens manquent cruellement d'imagination ! Evidemment, certains réussiraient à insinuer que cette interminable litanie est la preuve que ces reproches contiennent une parcelle de vérité. Mais ces gens là ne connaissent pas un centième de ma vie. Et même si je perdais mon temps à leur expliquer tout ce à quoi j'ai dû faire face et pourquoi, ils ne comprendraient pas. Parce qu'ils préfèrent me voir comme le méchant Kark traître à sa faction et à sa famille ; le salaud sur lequel on peut cracher, déverser sa haine et se défouler en pensant à son pire ennemi, à la faction adverse ou aux américain qui nous ont tout pris. On peut m'insulter ou me vider son verre à la figure sans avoir besoin de se justifier. Sans même avoir à rougir. Je suis la cible parfaite et ce soir, c'est Mesmeria Selwyn qui a décidé de profiter des services que j'offre contre mon gré.
Je devine à son regard et au ton de sa voix qu'elle est comme les autres. Autrement dit convaincue que je suis la véritable source de son malheur, la réincarnation d'Harry Potter, l'épouvantard qu'il faut terrasser pour rétablir l'équilibre. Corvus, le serment et mes piques ne sont que des prétextes qui l'autorisent à gueuler plus fort que moi. La preuve : elle ne les évoque même pas. Tout tourne autour de moi ; mes actions, mes menaces, ma traîtrise, mon incapacité à honorer mon père.... Aussi souvent qu'il soit cité, c'est encore le reproche le plus douloureux. Celui qui me donne généralement envie d'agripper mon interlocuteur par la gorge et de hurler en réponse : " ET TOI ? Qu'est ce que t'as fais pour lui toi ?! Pourquoi t'étais pas là quand il est tombé ?! Pourquoi t'as pas donné ta vie en échange de la sienne si t'étais aussi dévoué que tu le dis ? Et qu'est ce que tu fais pour sauvegarder sa mémoire et son héritage ? Qu'est ce que tu peux bien faire de plus que moi ?! Qu'est ce que tu sacrifie en son nom ?! " Chaque mois, il est de plus en plus difficile de retenir ce flot paroles furieuses. Chaque semaine, je me demande la peur au ventre si je ne vais pas craquer et finir par vomir tout ça au visage du premier Ombre qui osera encore me regarder de travers. Pour l'instant j'ai tenu bon mais j'avoue que je n'ai jamais été aussi proche de l'explosion.

Le souffle court, je serre les poings, serre les dents et essaie tant bien que mal de ne pas desserrer les lèvres tandis que Selwyn poursuit son petit discours. Et soudain, pour la première fois depuis qu'elle est venue m'aborder dans ce bar miteux, elle me surprend. Me surprend vraiment, je veux dire. Je ne compte plus les personnes qui ont répandu leur fiel à mes pieds mais de mémoire, pas une seule n'a admit la véritable raison pour laquelle ils me hurlaient dessus. Et même si Black Swann ne l'a pas exactement fait non plus, elle est celle qui se reproche le plus de cet aveu gênant. En l'espace de quelques secondes, elle retourne la situation et évoque décembre 2020. Le manoir, la guerre, son frère, sa liberté... la confession me donne à la fois envie de rire, de me foutre ouvertement de sa gueule et de l'insulter. Je suppose que je devrai la féliciter pour être la première à faire preuve d'une inconsciente honnêteté. Cependant, je suis plutôt tenté par l'idée de lui en coller une pour mettre fin à son show privé. Qu'est ce qu'elle s'imagine ? Qu'elle est la seule à avoir combattu ? A avoir pleuré la mort de quelqu'un ? A avoir tout perdu en une soirée ? Qu'elle est la seule à avoir dû se relever dans les cendres et à tout reconstruire ? Et je ne parle pas de son putain de cirque ! Il n'y a que cette douleur inaltérable qui compte vraiment. Cette meurtrissure qui s'accroche à votre peau et vous épuise un peu plus chaque minute. Même quand vous pensez finalement en être débarrassée, il y a toujours quelqu'un pour la pointer du doigt et vous rappeler qu'elle ne vous quittera jamais. Maintenant qu'elle ose venir me dire que la mienne est moins importante que la sienne ! Qu'elle ose affirmer que son frère comptait plus à ses yeux que mon géniteur, mon maître, mon modèle et mon héro ! Qu'elle ose me regarder en face et me jure qu'on lui rappelle aussi souvent qu'à moi comment il a périt et ce qu'il dirait s'il était encore vivant ! Je veux l'entendre ! Je veux qu'elle prononce chaque mot et chaque son censé légitimer ses attaques. Alors je l'attrape par le bras et la ramène violemment vers moi avant qu'elle n'ai eu le temps de sortir du périmètre protégé par la bulle de silence.

« Pauvre petite chooose ! » je crache en resserrant ma poigne sur son bicep. « Elle a perdu son frère ! J'espère que t'as au moins eu le temps de le voir se vider de son sang ? Que tu rêves de son cadavre toutes les nuits et que t'entends ses cris en fermant les yeux ? J'espère que tu souffres infiniment plus que les autres bouffons qui se sont battus pour nous et qui ont vu la mort de près. Je voudrais pas te priver de ton titre de Miss Victime 2021. Ni de ce prétexte pour emmerder les autres ! Mais qu'est ce que tu crois ?! Que t'es la SEULE ?! Que ça te donne le droit de détruire l'existence des sorciers qui se cassent le cul à tout reconstruire ?! Mais pour qui tu te prends ?! T'as RIEN apporté aux mangemorts ! T'es rien d'autre qu'une pétasse débauchée qui se balade entre sa roulotte et le lit de ses bouche-trous ! Tu sers à rien ! Ton père n'est là que pour filer ses derniers gallions à Elena. Et si ton frère est mort sur le champs de bataille, c'est qu'il avait aucune utilité non plus !»

Faire mal. Aussi mal que ses mots et ses sous entendus. La détruire jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de son courage, de sa foi ou de sa dignité. La voir s'effondrer à mes pieds. Lui arracher tout ce qu'il lui reste par n'importe quel moyen. Oraux comme physiques. Je veux m'assurer qu'après ce soir il ne reste plus la moindre miette de la Mesmeria Selwyn qui est venue me provoquer en pensant s'en sortir victorieuse. Alors je vais finir le travail proprement. Sans prendre le temps de réfléchir à ce que je fais, je la repousse à nouveau contre le mur de brique et l'y plaque d'un bras collé contre sa poitrine. De l'autre main, je tiens toujours son bras gauche immobile.

« Alors pourquoi ne pas simplement admettre que tu n'es qu'une pleurnicheuse et une emmerdeuse qui vaut encore moins que les autres ? Que ton existence n'a aucune sens et que les habitants de Pré-au-Lard vivraient mieux sans l'ignoble virus que tu es ? A moins que tu ne te contentes finalement de ce pour quoi tu es née ? »

Mon visage se rapproche dangereusement du sien jusqu'à ce que mes lèvres heurtent les siennes, les forcent à s'entrouvrir, à céder sous l'assaut. Qu'elle crie, se débatte et pleure avant de rendre les armes. Qu'elle essaie de m'affronter avant de m'offrir la victoire écrasante qui m'est due. Qu'elle démontre toute l'ampleur de sa faiblesse et de sa bêtise. Je veux qu'elle réalise ce qu'elle est en train de perdre. Sa fierté, son hardiesse, ses convictions, son assurance... tout. Je finirai tout par lui prendre. Puisque je la dégoûte. Puisque je brise toutes ses défenses. Puisque son équilibre mental ne tient plus qu'à ces quelques qualités que je détruis sur mon passage. Quand j'en aurai finis avec elle il ne restera plus qu'un immense désert. Un champ de ruines et de cendres. Celui qu'on m'a forcé à traverser. Celui qu'elle prétend déjà connaître par coeur. Voyons si c'est vrai ! Elle veut de la douleur, de la destruction, du sacrifice ? Je vais lui en donner. Je vais généreusement partager tout ce que j'ai avec elle. Ce soir, c'est à mon tour de déverser ma rage sur les autres. Une autre. A mon tour de lui faire payer le calvaire que je vis. Et d'oublier pourquoi je le fais vraiment.
Esmé Kark
Le Diable au Corps
Esmé Kark
Messages : 741 Crédits : Myrlu & Grey Wind
Age du personnage : 28 ans
Ascendance : Sang-pur
Emploi/Etude : Funambule-acrobate & Dresseuse de Fauves
Faction : Ombre de la Rose Noire
Maison : Gryffondor

Rapeltout
Patronus : Auparavant un Cygne Noir, désormais une Hyène.
Epouvantard : Un Lapin. Blanc, le lapin.
Baguette magique:
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Re: [Flashback] Happy fool's day !
ce message a été posté Jeu 14 Nov 2013 - 3:42
L’histoire est assez répandue chez les sorciers de son âge et des générations approchantes. Du moins, pour ceux qui s’en souviennent.
Quand le Choixpeau, enfoncé sur la petite tête brune d’une Mesmeria Selwyn de onze ans, fit part de sa décision inéluctable à toute une salle pendue à ses lèvres, un silence de mort tomba sur l’assistance des Gryffondors. Tout comme très peu appréciaient la présence de la famille de saltimbanques à Poudlard, les Gryffondors ne furent pas ravis de voir une troisième va-nu-pieds rejoindre leurs rangs. Personne n’avait applaudi, à part les Jumeaux.

C’était comme ça que ça avait commencé.

Après, il y avait eu les insultes, les brimades, au détour d’un couloir, dans les toilettes des filles. Malgré Elisha dans son sillage, malgré les gentils garçons comme McKay, elle avait reçu sa part de « Retourne dans ta famille de dégénérés ! », de « Traître à ton sang ! », ou des plus courts « Monstre ! », « Tarée ! » etc etc. A ces attaques, Esmé répondait toujours par un sourire. Avec les années, tout cela avait fini par s’espacer. Elle s’était fondue dans la masse comme on s’adapte à un environnement hostile. Volontairement stupide, la candeur incarnée. Tellement pratique.

Elle ne s’était jamais considérée comme une victime. Au contraire, elle avait tiré le meilleur parti de cette image qu’on lui avait donné toute matière à forger. Adolescente, puis une fois adulte. Les quolibets glissaient sur sa peau imperméable grâce à son ego démesuré, au spectacle qu’elle donnait sans que ses camarades en aient même conscience, à ce public non consentant qu’elle fascinait autant qu’elle révulsait. L’ambivalence avait quelque chose qui relevait du sublime, une beauté immatérielle qu’elle seule parvenait à saisir, à modeler. Afin de toujours, à chaque instant, rester maîtresse et actrice de son existence.

Concernant ce genre d’épreuves, le Cygne Noir ne subissait donc que par choix, jamais par défaut.

Jusqu’à ce soir.

Ce soir, la grandiose Acrobate ne trouve pas son sourire malin. Aucune réplique bien sentie ne traverse la barrière de ses lèvres. Honte sur elle, elle se sent même se tasser sous le poids des mots du Kark. Parce que la douleur la prend à la gorge, à l’image de ces doigts qui la retiennent fermement, durement. Traversée de part en part par la lame de sa langue parfaitement ajustée. La Bête n’est plus qu’un chaton miaulant dans les tréfonds de son âme morcelée. Mémoire de son frère salie. Son nom traîné dans la boue. Son engagement balayé. Sa propre personne réduite à l’état de … Rien.

Sous les semelles lustrées de l’héritier Kark, elle n’est. Absolument. Rien.

Le monde tangue autour du cygne aux ailes coupées. Elle ne le voit même pas venir. Le dernier estoc. Le revers ultime. Ce contact dont elle ne veut pas. Ne veut plus. Veut peut-être. Réduite à néant, comment savoir ? Réplique-t-elle ? Oui, ses lèvres bougent. D’un semblant de ce qui aurait dû être un cri, apparaît finalement une réponse de chair à ce « baiser » fielleux, hargneux, forcé. Monstrueux. Elle ne cherche pas à échapper. Pire, elle le lui rend.

Car alors qu’elle se sentait précipiter dans les abîmes de sa façade, de son corps et de son psychisme abimés, un million de couleurs ont explosé sous ses yeux. Du rouge, du blanc, du vert, du bleu, du noir. Psychédélisme de la personnification de ses fantômes. La neige, le sang, le sortilège de mort, le feu, les tentures du Chimeria parties en fumée, les orbites voilés des cadavres. Des bruits également. Cris, courses effrénées, transplanage, ordres et agonie mêlés. Et les odeurs lointaines de la fumée, de la sueur, de l’agonie, de la putréfaction … Aucun parchemin ne pourrait se prétendre suffisamment long pour conter tout ce qu’elle a vu et la hante encore. Tout ce qui justifie qu’elle a sa place en ce monde. Tout ce qu’elle représente à ses propres yeux.

Tout ce qui compte.

Et Arutha Kark ne compte pas.

Elle le mord. Jusqu’au sang. Jusqu’à ce que le liquide vermeil s’écoulant de la lèvre du Brigadier vienne chatouiller sa langue, qu’il se recule et la lâche, interrompu voracement dans son entreprise. Elle ne lui laisse pas le temps de vraiment réaliser.

L’Incarcerem est le sort qu’Esmé maîtrise le mieux, pour des raisons évidentes. Quant à sa  vivacité, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. C’est à cause de lui qu’elle s’est réveillée. De sa faute pleine et entière si des cordes se sont extirpées des pavés pour venir ligoter ses chevilles et ses poignets, obligeant son bras armé à retomber le long de son corps. Cet imbécile a oublié de lui retirer sa baguette. Il ne tenait pas le bon bras. Il a lui-même choisi la ruelle en cul-de-sac, un endroit invisible aux yeux des passants et jeté la bulle de silence. Tant pis pour lui.

Un instant de réflexion plus tard, elle se dit qu’elle aurait aussi dû le bâillonner, étant donné qu’il ne peut s’empêcher de bramer comme un gros pachyderme entravé. Un petit Bloclang plus tard, l’erreur tactique est réparée.


« Ferme ta grande bouche de consanguin, sale bouse ! » crache-t-elle en même temps qu’un jet de salive ensanglanté sur le sol. « Puisqu’on en est aux politesses d’usage, j’ai bien envie de te balancer un petit feudeymon dans la tronche de la part de l’autre inutile dont tu as osé qualifier mon frère. »


Il n’a reculé que d’un pas sous l’assaut de ses dents. Elle le franchit avec peine, les jambes bien moins armées que ses bras pour répondre à la rage froide qui l’habite. D’une main ferme, elle saisit ses joues et les pressent jusqu’à ce que sa bouche ne forme plus qu’un « o » des plus ridicules.


« Alors il te plaît l’envers du décor ? C’était bien un de tes rêves, les coulisses, non ? Découvrir ce que devenaient les artistes une fois le masque tombé, la crasse qui se cachait sous leurs beaux atours, l’odeur de la pourriture et des Fauves derrière la scène ? Parce que c’est bien pour ça que tu t’es pointé la première fois. Enfin, à visage découvert, je veux dire. Tu crois que tu m’avais échappé avant, sous tes artifices d’amateur ? Tu pensais que j’allais rater le Bébé Kark tout gêné dans le public ? Dans mon public ? Pauvre con. »


Ses mots dévalent sa langue plus qu’elle ne les appuie réellement. Bien que n’importe qui pourrait les surprendre dans cette position des plus inconfortables, le souci du Cygne Noir est surtout qu’elle a tant de choses à dire, tout d’un coup, qu’elle peine à contrôler le flux de sa verve acide.


« Je prendrai même pas la peine de te dire tout le bien que je pense de toi, à part que tu es un sale gosse pourri gâté, élevé avec une cuillère en or dans la bouche et un balai dans le fondement, incapable de contrôler ses nerfs, quitte à briser un pacte entre deux factions. Factions qui, au passage, peuvent pas te voir en peinture ni l’une ni l’autre. Oh ! Et devine ? Pas besoin de mon petit trésor pour savoir ça, ça se lit sur ta face de pine de dégénéré. » reprend-elle, resserrant l’étau de ses doigts. « Tu veux savoir ce que c’est ton problème ? A la limite, je suppose qu’on peut supporter un merdeux qui arrose ses pompes à chaque fois qu’on lui dit non, même si les chiards c’est pas trop mon truc. Non, ton problème c’est que tu as la capacité de réflexion d’un boullu. Tu jalouses tellement tous ceux qui t’entourent que, non content de t’en faire des ennemis, tu es prêt à tout pour t’approprier ou détruire ce qu’ils ont construit, tout ce et ceux qu’ils aiment. Tu es juste un monstre. Et moi, les monstres, je les enchaine, je les fais plier et ployer jusqu’à tant qu’ils comprennent qui commande. »


Ses yeux luisent d’une flamme démente. La Bête est tout simplement déchaînée, hors de contrôle. Comme si elle s’en souciait. Comme si cela avait la moindre importance. Personne n’a jamais cette facette-là d’elle. Nul n’a jamais vu toute l’étendue de son narcissisme, de sa folie ou de la cruauté qu’elle est capable de déployer. Elle est toujours parvenue à se contenir à temps. Certainement parce qu’aucun être ne l’avait touché avec autant de barbarie. Jusqu’à lui.


« J’hésiterais presque à te laisser un petit quelque chose, là, quelque part sous ta belle chemise, histoire que tu n’oublies jamais comme il est mauvais de sous-estimer son adversaire … » continue-t-elle d’une voix soudain murmurante et charmeuse, une de ses mains abandonnant sa joue pour venir se glisser sans pudeur sous le tissu, effleurant la peau velouté de son index. « … Mais cela signifierait que quelque chose nous lie, toi et moi, et ça, c’est hors de question. »


Son doigt quitte son torse pour remonter le long de sa pomme d’Adam, voluptueux, simple caresse en totale contradiction avec les vérités crues qu’elle lui assène. Continue son ascension jusqu’à sa lèvre ensanglantée. Le remplace par ses lèvres.


« Un petit baiser d’adieu, j’espère que tu apprécies le geste. Je ne réitèrerai pas mes promesses au cas où tu voudrais tenter quoi que ce soit, je pense que le message est passé. On a tous deux intérêt à faire comme si tout ceci n’avait jamais eu lieu. Contente-toi de me lâcher et tu pourras continuer à te pourrir la vie tout seul comme un grand. »


Le maléfice du Bloclang disparut à peine eut-elle traversé la bulle de silence. Quant aux cordes, celle qui retenait son bras armé en fit de même alors qu’elle était déjà presqu’au bout de la ruelle. Du reste, il pourrait se libérer sans aide.

La jeune femme retrouva l’avenue, puis, quelques minutes plus tard, les limites de son cher Cirque en pleine renaissance. Si elle parvint à faire bonne figure devant Lom, elle s’effondra carrément une fois qu’elle eut rejoint la tente où dormait son Fauve. Recroquevillée dans un coin, ses larmes avaient le goût d’une malédiction à laquelle on croyait avoir échappé et qui ne faisait en réalité qu’attendre son heure.
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