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❝ Ariane's notebook (Pour Ted) ❞
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Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Sam 20 Oct 2012 - 16:01
Du Docteur Erwan Loadsome.
Rédigée Le 27 septembre 2020
A l’Institut Spécialisé des Maladies Mentales Magiques de Glasgow


A l’intention de Mrs. Lauren Hudson
Boite Postale 005 Londres Est


Mrs. Hudson,

L’I.S.M.M.M. De Glasgow et moi-même sommes au regret de vous annoncer que nous sommes désormais dans l’impossibilité de procurer soin et hébergement à madame Hudson Ariane qui demeure chez nous depuis le 01 janvier 2006. Nous vous demandons de venir au plus tôt chercher votre mère ainsi que ses effets personnels ou nous serons dans l'obligation de la transférer dans un institut général de santé dans un délai de 7 jours.

Pour toutes questions éventuelles, sachez que je demeure disponible par hibou à l’adresse indiquée sur cette lettre, ou que vous pouvez me trouver chaque vendredi de 14h à 17h à l’I.S.M.M.M.

En vous priant de croire en mes plus cordiales salutations.

Docteur E. Loadsome, en charge du dossier médical de A. Hudson.








A Caroline et Pierre Langlois
63 Corner Road, Dikoow, Maine, USA.



De Lauren Hudson
335 Howl's place, Residence Satie, Londres, U.K.



Bonjour. Je ne sais pas où commencer cette lettre si ce n’est par des excuses. Voilà de nombreuses années que je ne vous ai pas écris, et même si nos échanges se sont surtout contentés de dates importantes comme les anniversaires ou les fêtes de noël, je me sens coupable de ne pas vous avoir tenu au courant. Si cela peut m’excuser, sachez que papa ne m’a rien dit à votre sujet. J’ai su que vous aviez déménagé aux Etats-Unis un an avant le décès de Joëlle et j’ai pu retrouver votre adresse actuelle dans les papiers que j’ai gardé de l’ancienne maison. J’espère que depuis tout ce temps vous n’avez pas déménagé, je n’ai pas osé vous envoyer un hibou qui aurait pu vous retrouver. Si je vous écris, ce n’est pas uniquement pour vous présenter mes excuses ou même pour vous donner des nouvelles. Il est arrivé quelque chose effectivement, et j’ai besoin de votre aide. Depuis le décès de Joëlle, comme papa a dû vous l’expliquer, maman a été placée dans un institut spécialisé. Mais le nouveau régime la met en danger de par son statut de sang et ils refusent désormais de s’occuper d’elle. Aucun institut magique ne peut s’en occuper, et je ne peux pas la placer dans un institut moldu à cause de ses capacités. Je vis actuellement à Londres, et mes moyens ne me permettent pas d’en prendre soin convenablement. Grâce à l’esprit politique américain actuel, je sais que vous aurez une chance de l’aider mieux que moi. Je suis désolée de vous recontacter pour vous dire cela, mais je dois absolument l’emmener aux États-Unis. Pardon de ne pas vous laisser le choix, j'espère que vous comprendrez...

J’attends votre réponse pour planifier cette rencontre, même si cela devra se faire au plus vite. Je pense que la Guerre civile sorcière ne tardera plus désormais. Et je compte bien mener à bien le combat que mon père a soutenu avant sa mort.

Sachez que je vous embrasse tendrement. Et que je ne vous ai jamais oublié.


Lauren.







Elle attendait, à la table de la cuisine, comme chaque mardi matin que le facteur passe. Les années et la tristesse avaient creusés sur son visage des rides si profondes qu’elles lui semblaient des lits de rivière. La peau pâle et fatiguée, affinée par le temps, elle contemplait la fenêtre avec un reste de douceur maternelle. Son mari était dans le jardin, entrain de réparer la clôture, et les coups sourds du marteau résonnaient jusqu’à ses oreilles. Caroline ferma les yeux pour inspirer cet instant, la poussière et l’odeur de savon de sa petite cuisine, le vent frais du dehors, et les enfants qui passaient sur le trottoir d’en face en riant. Elle était vieille, elle n’attendait plus rien. Son corps entier était fatigué d’avoir espéré, et elle avait comme la douloureuse impression qu’un chirurgien malhabile avait décousue les coutures de son être pour remplacer son cœur par un morceau de pierre. Elle baissa les yeux sur sa tasse, remua doucement le café pour le faire tourbillonner. Le son ténu d’une clochette de vélo résonna à l’extérieur et elle se leva péniblement, entourant sa poitrine de ses bras trop maigres. Le peignoir élimé qu’elle ne quittait plus lui faisait comme une voile de drapeau qui claquait sèchement à chacun de ses pas. Elle ouvrit la porte de sa maison, de la maison où elle vivait depuis tant d’années devrait-elle dire. Il n’y avait plus de maison, depuis longtemps.

Le jeune distributeur de journaux s’appelait Jordan, et c’était un bon petit. Il lui sourit en s’en allant. Peut-être parce que ce jour-là il n’y avait pas de facture avec le journal. Peut-être parce qu’il y avait une lettre là, posée en évidence. Caroline ne reconnut pas l’écriture.

Les coups de marteaux cessèrent quand le cri déchira l’air. Pierre se précipita sur l’avant de la maison, craignant confusément que sa femme eut encore fait un malaise. Elle était bien à terre, les mains crispées sur un morceau de papier. Les enfants dehors avaient cessé de jouer et les regardaient.

« Line ! Qu’est ce qu’il y a ma chérie ? Qu’est ce qu’il y a ? »

Caroline releva les yeux vers lui, et lui plaqua la lettre contre le torse avec un sourire désespéré qu’il ne lui avait jamais connu.

« C’est Lauren ! »
« …. Hein ? »
« Lauren ! Ariane est vivante ! »


Doux soleil d'automne.










Destinataire
: MonPetitLoup.
Envoyé par : René la Taupe.

Aie besoin que tu viennes jeudi soir. Pas avec Walkyrie. Amène ton talent, tout ce que tu pourras trouver : du calme, beaucoup de calme. Ton aide me sera utile. T’expliquerait tout. Je t’aime. Merci.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Mar 30 Oct 2012 - 16:09
Un hibou.

Un hibou avec un message, comme il en arrivait souvent. Mais le message lui, n'avait rien de banal. Depuis l'attaque de Gringotts, Claire et Ted n'étaient plus vraiment libres de leurs mouvements. Obligés de se cacher chez Loïs qui avait eu la gentillesse de les héberger, ils devaient sans cesse faire attention. Surtout Claire. Parce que Ted avait les moyens de tricher avec son don, prenant l'apparence qu'il voulait, il était impossible de l'identifier comme un terroriste, comme le fils d'un loup garou qui avait été diaboliser par le Ministère pendant des années. Jolie campagne de propagande ! Ted, grâce à Lauren et William Wallas, avait pu continuer à travailler à Sainte Mangouste, sous un autre nom et une autre apparence, ne perdant ainsi rien de son enseignement, même s'il était difficile de se dissimuler ainsi, tout en étant à la vue de tous, un exercice difficile, auquel il n'était pas habitué, mais dont il s'acquittait avec honneur et parce qu'il n'avait pas le choix. L'hôpital était normalement neutre. Normalement.

Il déplia le petit mot, surpris par les premiers mots. Cela ne pouvait venir que d'une personne : Lauren. Et le mot semblait codé, pour qu'on ne devine pas qui était l'expéditeur, ni le receveur. Elle avait besoin de lui et ne désirait pas que Claire soit mise à contribution pour cette fois. Ted s'assit quelques minutes, lisant et relisant le petit mot, jouant avec entre ses doigts. Lauren avait besoin de lui... De ses talents et surtout de sa pondération. Il était dévoré de curiosité. Il viendrait, naturellement, parce qu'elle était une amie. Et quand Claire arriva, le voyant soucieux et l'enlaçant par derrière, menton posé sur son épaule, il lui avoua que le mot était de Lauren et qu'elle lui donnait rendez-vous jeudi soir. Aucune risque que cela soit un piège... Qui d'autre qu'eux trois étaient au courant au sujet de René la taupe ? Personne.

Aussi se rendit-il chez Lauren le jeudi soir, sous une autre apparence, un homme d'une quarantaine d'années, blond, aux yeux sombres, difficile de reconnaître le jeune Lupin. Impossible même. Il portait un jean sombre, des baskets noires, une chemise bordeaux, un pull en V noir et une veste. Le temps s'était considérablement rafraîchit avec l'arrivée de l'automne. Quand il se trouva devant la porte de Lauren, il frappa à la porte.

- Je viens voir René.

Au cas où Lauren ne le reconnaîtrait pas et n'osait pas ouvrir. Ou simplement par prudence, il préférait continuer à parler de façon cryptée. Quand la porte s'ouvrit, Lauren eut face à elle un inconnu, mais avec un petit sourire tout à fait reconnaissable. Il entra et referma la porte derrière lui, avant de reprendre son apparence initiale le plus naturellement du monde, sans prendre conscience que pour Lauren, c'était un spectacle quasiment inédit et surement fascinant. L'homme de 40 ans blond aux traits inconnus, redevenait Ted, avec ses cheveux et ses yeux sombres, son visage encore jeune, son sourire en coin à moitié affiché.

- Cela me fait plaisir de te voir.

Il la prit dans ses bras avec douceur, avant de la relâcher.

- Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ?

Il ne s’embarrassait pas de préambule, allant droit à l'essentiel. Il sentait Lauren inquiète, voire davantage.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Jeu 1 Nov 2012 - 10:29
Les mains liées sur une tasse de café, cheveux défait et air zombifié, Lauren attendait un miracle. Elle était dans son salon, à attendre Teddy bien évidemment. Il n’était pas en retard, surtout parce qu’elle ne lui avait pas donné d’heure précise, mais son cerveau n’arrêter pas de déraper, d’accélérer le temps. Elle clignait des yeux, une vingtaine de minutes étaient passées et son café était froid. Elle fixait l’horloge, et les secondes s’étiraient comme du chewing-gum. Elle avait la douloureuse impression qu’on lui enfonçait un pic à glace dans le crâne à chaque fois que sa mère, allongée sur son lit dans sa chambre, gémissait. Les calmants que lui avaient prescrits le psychomage ne faisaient que l’abrutir et dans un élan de souffrance intense, Lauren s’était demandé si elle ne devait juste pas en finir. Augmenter la dose pour que sa mère cesse de se tordre ainsi. Mais elle ne pouvait pas, car c’était encore l’odeur de sa mère, le corps de sa mère, la voix de sa mère. Même si l’âme dans cette prison avait été brisée comme du verre, il y avait même encore des souvenirs. Ariane, dans un sursaut de conscience, s’était tournée vers elle pour lui demander si elle avait bien terminé ses devoirs. Lauren s’était précipitée dans la salle-de-bain pour vomir.

C’était monstrueux. Elle n’avait pas dormis depuis plus de 48h, ses grands-parents lui avaient envoyé trois lettres la sommant de déménager aux USA. Elle ne savait pas comment leur expliquer qu’ici elle devait agir dans cette guerre. Elle se refusait à leur écrire des mots qui auraient pu changer leurs intentions pour se mettre simplement à la haïr. Ils auraient eut raison de faire ça.

Dix minutes tombent dans le sablier, elle sursaute aux coups frappés à la porte. La tasse est inerte entre ses mains, remplie de café glacé. Elle n’a pas eut conscience de s’endormir, mais quand elle se lève et va vérifier à la porte qui s’est présenté, Lauren a le soulagement de ne plus entendre Ariane geindre. Elle a peut-être dû s’endormir, même si son sommeil est des plus aléatoires.

C’est un homme inconnu à la porte et dans l’état où elle se trouve, Lauren n’aurait même pas répondu si Ted n’avait pas précisé par un code sa réelle identité.

Déverrouiller les serrures, une par une, dans un sens, dans un autre, ouvrir la porte, laisser Teddy la voir. Dans un jean déchiré, un haut de pyjama grisâtre comme un jour de pluie. Lauren a l’air à bout. A bout de ses convictions, de ses efforts, de son amour. A bout de tout.

La métamorphose, elle en ressent à peine de l’intérêt. Elle regarde les cheveux changer, le corps se modifier pour retrouver le faciès connu de son petit frère. Elle est à moins d’un mètre de lui, n’essaye même pas de lui sourire. Ce n’est plus de l’inquiétude sur son visage désormais, pas même quand un mouvement dans la chambre l’avertit que Ariane est entrain de tourner dans son lit, essaye peut-être même de se lever.

- Cela me fait plaisir de te voir.

Il l’enlace. Dans le cerveau rongé par la fatigue, il y a un sursaut des machines. Lauren cligne des yeux, retrouve un peu pied et se blottit dans l’odeur rassurante de Ted.

- Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ?

C’est le signal. Avec désespoir et amour, elle enfonce ses doigts dans le corps en face d’elle, l’étreint à l’en meurtrir et son visage se niche contre son épaule alors qu’elle éclate en longs sanglots hululant. 5 jours de veille acharnée, 5 jour à se battre contre la chose ayant l’apparence de sa mère qui crie, réagit à tout, refuse de sortir, qui l’a attaqué à coups de fourchette quand elle a essayé de faire la vaisselle, qui ne la laisse pas aller au travail, qui ne la laisse pas respirer tout court. C’est une chose gluante, immonde et terrifiée qui balbutie des mots incompréhensibles, dort peu, surveille toujours sa respiration, se met parfois à haleter avec force quand le soleil se couche, comme si la pénombre était un poids sur son corps trop lourd pour le supporter. Elle ne mange pas, quand elle mange, c’est n’importe quoi, des gâteaux ou des litres de limonade qu’elle engloutit trop rapidement. Elle s’arrache les cheveux, les ongles, se griffe le visage, et dans son sommeil hurle le prénom. Non pas de Joe. Mais de John.

« Merci... Merci merci merci…. »

Lauren essuie vaguement ses yeux, recule, caresse le visage de Ted de ses mains humides, lui offre un sourire qui n’est ni sincère, ni convainquant. Elle se détourne vers la cuisine et marmonne.

« Je vais préparer du café. »

Pour la vingtième fois de la journée. Elle oublie qu'elle n'a pas répondu à sa question, comme si la folie de sa mère commençait à l'atteindre à son tour. Lauren se cogne douloureusement l'épaule contre le montant de la porte et se met à fouiller ses placards avec des gestes lents de paresseux.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Jeu 8 Nov 2012 - 18:54
C'était pire que Fort Knox là dedans. Patient, le jeune homme entendit les verrous se défaire. Pourquoi tant de protections ? Lauren vivait-elle dans la paranoïa depuis l'incident de Gringotts, alors même qu'elle n'avait pas été reconnue, ou bien était-elle ainsi tout le temps ? Sans compter que ce système de verrous était davantage moldu que sorcier, mais cela n’interpellait pas vraiment le jeune homme qui avait compris depuis longtemps que Lauren adorait les moldus et usait de leurs gadgets. Ce qui le surprit surtout, c'était sa mine totalement défaite, hagarde. On aurait dit qu'elle n'avait pas trouvé le repos depuis des jours. Et peut-être était-ce le cas finalement ? Il ne montra pas son étonnement, ou son inquiétude, du moins pas tout de suite et se contenta d'entrer, avant d'étreindre celle qui était vite devenue une amie précieuse. Une amie qui avait besoin de lui. Il entendit un bruit dans une autre pièce, conscient qu'ils n'étaient pas seulement tous les deux, mais n'y prêtant pas davantage attention pour l'instant. Non, il se contenta de la tenir dans ses bras, l'assurant de sa présence et il la sentit se raccrocher à lui quelques instants, avant qu'il ne trouble ces retrouvailles en lui demandant en quoi elle avait besoin de lui. Non pas qu'il veuille absolument briser ce doux moment, mais il voyait bien à son air qu'elle était totalement à bout...

Et il resta totalement figé quand elle le serra davantage contre elle, avant d'éclater en sanglots comme une petite fille qui avait un énorme chagrin. Comme une femme qui n'en pouvait plus, qui craquait nerveusement après des jours et des jours à tirer sur la corde. Ted ne parlait pas forcément beaucoup, mais il comprenait beaucoup de choses et savait écouter. Doué d'une certaine empathie, il savait que les mots n'étaient pas toujours nécessaires, que tout était dans l'attitude, dans les regards, aussi ne dit-il plus rien, serrant juste Lauren contre lui, la laissant profiter de son étreinte protectrice. Il était plus grand qu'elle, bien que plus jeune et inexpérimenté. Mais en cet instant, il était l'adulte, calme, rassurant. C'était bien de cela qu'elle avait besoin, elle le lui avait écrit.

Lauren se répandit alors en remerciements. Pour quelles raisons ? Pour être là ? Pour être venu ? Pour ce qu'il accepterait de faire pour elle quoiqu'il arrive ? Pour son soutien ? Pour être lui, tout simplement ? Il n'en avait encore aucune idée. Elle le relâcha, essuyant ses yeux humides, caressant le visage du jeune Lupin, avant de sourire, un fantôme de sourire qui ne leurre personne ici. Et voilà qu'elle s'active déjà à vouloir faire du café. Pour gagner du temps sans doute. Le service qu'elle a à lui demander est-il donc si difficile à demander ? A-t-elle peur de la réponse du jeune homme ?

Elle se cogna, enchaînant les gestes mécaniques. Ressentant un malaise grandissant, Ted la suivit dans la cuisine, avant de finalement, poser sa main sur le poignet fin de la jeune femme. On aurait dit qu'elle avait prit 10 ans tellement elle semblait épuisée, vivant sur ses nerfs. Il se contenta de la stopper dans ses mouvements, resserrant alors ses doigts autour de son poignet.

- Lauren, tu m'as demandé mon aide, je suis là et tu sais que je ferais n'importe quoi pour toi. Alors laisse-moi t'aider. Tu as l'air totalement à bout...
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Ven 9 Nov 2012 - 12:31
C'est au geste de Ted sur son poignet que Lauren se rendit compte qu'elle ne trouvait pas le café. Pourtant, il était toujours rangé dans le placard de droite, presque au-dessus du frigo. C'était un paquet brun à moitié ouvert parce qu'elle était plus du genre à boire du thé que du café d'habitude. En fait, elle aimait le café avec du chocolat chaud. Et le thé, c'était très bien pour le temps de pluie de Londres. Mais il n'y avait pas de paquet brun dans ce placard, sans doute parce que ce n'était pas le bon placard. Celui là c'était le placard de gauche, c'est pour cela qu'il y avait autant d'assiettes et de plats. Elle le referma, voulu en ouvrir un autre puis la voix douce de Ted l'arrêta pour de bon. En plus, le paquet n'était pas dans le placard, elle le voyait maintenant, sur le plan de travail, face à elle, un peu comme si le café la narguait. Lauren hocha la tête, et se traina jusqu'à la table de sa cuisine en formica pour s'y assoir lourdement. Elle n'était pas épuisée. Elle était détruite.

C'était du café soluble et Ted savait apparemment comment le préparer. Ses gestes étaient plus sûrs que les siens, et aussi étonnement rapides. Lauren se perdit un peu en essayant de le suivre puis cala son front contre ses mains pour fermer les yeux. Elle du somnoler un peu moins d'une minute dans cette position avant qu'un gémissement étouffé ne monte de la chambre. Réagissant à un instinct plus qu'au son, Lauren se releva, trébucha sur le sol sans le vouloir et se rattrapa au montant pour se trainer vers la chambre. Elle n'avait pas eut un geste vers Ted, pas une seule invitation. La porte de la chambre était entrouverte, et elle passa juste la tête pour observer le visage de sa mère, comme un reflet de miroir vieillit par la rouille. Avec ses cheveux d'un brun auburn emmêlé, elle était une version d'elle-même presque délavée par les années. Comme si son être entier avait du suivre le contrecoup du choc psychologique. Les mains crispées sur le drap, elle gémissait et secouait la tête, perdue dans un songe.

- Manman.... Bredouilla Lauren, rajeunissant aussitôt pour n'avoir que la voix d'une petite fille de 8 ans.
- Les Dents Tranchantes. Les Dents Tranchantes. Ils sont là et rôdent. Les boules de noël. Ne mange pas du chocolat d'accord. Les Dents Tranchantes, gros moche !


Les yeux d'Ariane roulaient follement sous ses paupières et Lauren hésita. Soit elle la réveillait complètement pour lui donner un nouveau calmant malgré les indications du docteur, soit elle la laissait perdue dans son songe pour aller chercher Ted. Avec souffrance, elle prit la décision de refermer la porte et de retourner à la cuisine. Son absence n'avait duré que peu de temps, suffisamment pour laisser à Ted le temps de faire chauffer le café. Lauren croisa les bras sur sa poitrine pour chasser la raideur glacée de ses membres.

- Merci chéri. Prends le sucre dans le placard, fouille au besoin. Fais comme chez toi. On va parler...

Elle retourna à sa place, cala ses mains sur la tasse brûlante sans une once d'hésitation et attendit que Ted soit face à elle pour commencer à penser aux explications qu'elle pouvait lui donner. Lui mentir ? A quoi bon ? Il saurait la vérité dans peu de temps de toute façon, si cela fonctionnait.

- Ils ont chassé ma mère de l'Institut dans lequel elle vivait. Elle était... Elle est malade. Elle vit chez moi là, c'est elle dans la chambre. Elle vit chez moi parce que c'est une née-moldue. Je peux pas faire autrement, et je peux pas la placer autre part, ils veulent pas d'elle dans leur... machin...

Elle but une gorgée du café, noir, et grimaça d’écœurement avant de relever les yeux sur Ted.

- C'est une situation précaire, j'ai déjà trouvé une solution pour elle. Je t'ai pas fais venir pour la soigner. T'as pu le voir sur le frigo, j'ai des tas de trucs qu'un médecin m'a conseillé. Plutôt sympa le type d'ailleurs. Enfin...

Si le type avait été réellement sympa elle aurait pu négocier avec des faux papiers pour la planquer à l'institut sans que son statut du sang ne soit remarqué. Il avait eut trop peur de la hiérarchie sans doute, et du fait que lui-même n'était qu'un basique. Monde de merde.

- J'ai besoin de ton aide Ted. ..... La baguette. Tu sais, j'ai du en racheter une, mais elle m'obéit pas. Cette saloperie m'agresse dès que je veux lancer un sortilège. Alors j'ai besoin de toi. .... Et j'ai besoin de toi en tant que médicomage okay, mais aussi comme élève studieux. Parce que tu es intelligent. Et moi je le suis pas Teddy. Je le suis même pas du tout.

Pas question de se plaindre, seulement d'énoncer un fait. Il devait être au courant de ses faiblesses, car après... Oui après, il faudrait qu'il sache qu'il ne pourrait compter que sur lui. Et Lauren se détestait pur cela.


Mais il fallait. Il fallait qu'ils plongent tout les deux.


- Ted.... Une inspiration. Ted. Je dois entrer dans la tête de ma mère.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Mar 13 Nov 2012 - 16:19
Il n'avait jamais vu Lauren dans cet état et cela ne lui plaisait pas du tout. Elle semblait totalement déconnectée de la réalité, cherchant à préparer du café, mais sans voir le paquet déjà sorti, fouillant des placards sans résultats, comme si elle ne savait même plus où se trouvaient les objets chez elle. Ted l'observa un instant, avant d'y mettre un terme en l'agrippant doucement, la forçant à s'arrêter. Elle s'agitait pour s'occuper l'esprit, pour ne pas rester sans rien faire, il le savait et cela n'avait de cesse de l'alarmer. Il tenta de la recadrer un peu, avant de prendre les choses en main, avec des gestes assurés et un calme olympien, comme si la nervosité de Lauren ne le touchait pas, ce qui était loin d'être le cas, mais en cet instant, il faisait comme quand il travaillait à l'hôpital : il laissait ses propres sentiments de côté.

Lauren s'éloigna, incertaine, sous le regard en coin de Ted, pour disparaître quelques instants. Des bruits lui arrivèrent depuis l'autre pièce, la voix de Lauren et celle d'une autre personne, mais trop étouffées pour qu'il comprenne ce qui se disait et il ne tendit pas davantage l'oreille, pour ne pas se montrer indiscret. Il finit de préparer le café, observant la cuisine pour aviser une ordonnance sur le frigo et des médicaments qui ne lui disaient rien qui vaille... Lauren revint et le remercia avant de lui indiquer où trouver le sucre. Il fouilla, en trouva et se servit, avant de prendre place en face de Lauren, voyant combien lui parler semblait difficile tout à coup.

Et enfin, elle lui avoua que sa mère était là, vivant avec elle, après avoir été renvoyée d'un Institut. Quel genre d'Institut ? Qu'elle soit malade d'accord, apparemment, c'était un internement définitif et son sang l'avait expulsée directement. Encore une injustice. Ted crispa ses mains autour de sa tasse, sans pour autant dire quoique ce soit, se contentant d'attendre que Lauren eut terminé de vider son sac, conscient que l'interrompre ne pouvait que rendre les choses plus difficiles pour la jeune femme. Elle avala une gorgée de café, avant de continuer et cette fois, il jeta un regard vers le dit frigo, se souvenant effectivement d'y avoir vu une ordonnance... Avec des trucs qui soignaient les pathologies psychiatriques. Sa mère était folle pour faire court. Malade mentalement. Quelle horreur.

Et c'est là qu'il intervenait. La baguette de Lauren ne lui répondait pas, elle avait cassé la sienne lors de l'attaque de la banque et depuis, c'était la galère. Elle avait besoin de lui pour son savoir de médicomage, mais aussi parce qu'il était un élève studieux et intelligent. Il fronça les sourcils quand Lauren se dénigra, se disant pas intelligente, contrairement à lui. Il pinça les lèvres en entendant cela, mais ne releva pas. Elle lui demanda alors de plonger dans la tête de sa mère et là son coeur s'emballa. Plonger au coeur de la folie ? C'était... dangereux. Terriblement.

- Attend, de quoi souffre ta mère exactement Lauren ? avant de faire ça, je dois en savoir davantage sur sa maladie... Je me doute qu'elle a un problème d'ordre psychiatrique au vu de ce qu'il y a sur le frigo, mais j'ai besoin de plus de précisions... Et pourquoi entrer dans sa tête ? Qu'est-ce que tu veux faire exactement ?

Il acceptait. Implicitement, il disait oui, mais avant, il voulait être préparé, il ne ferait pas cela impulsivement. Mais pour son amie, il ferait n'importe quoi. Mais pas les yeux fermés, pas sans poser de questions, cela aurait été à l'encontre de ce qu'il était.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Sam 17 Nov 2012 - 11:22
- Attend, de quoi souffre ta mère exactement Lauren ? avant de faire ça, je dois en savoir davantage sur sa maladie... Je me doute qu'elle a un problème d'ordre psychiatrique au vu de ce qu'il y a sur le frigo, mais j'ai besoin de plus de précisions... Et pourquoi entrer dans sa tête ? Qu'est-ce que tu veux faire exactement ?

Les mains de Lauren commencèrent à trembler, au point où elle reposa sa tasse sur la table avant de la lâcher par mégarde. Elle n’osait plus regarder Ted en face maintenant et fixait obstinément une tâche récalcitrante à deux centimètres de la boite à sucres. Évidemment, il posait les bonnes questions, et elle n’avait pas espéré qu’il lui dise oui aussi facilement. Sa curiosité et sa prudence prouvaient bien son professionnalisme. Il était effectivement l’homme dont elle avait besoin dans la situation présente. Mais les réponses qu’il lui demandait en guise d’explication étaient si dures à formuler. Elle-même n’avait jamais prit le temps d’essayer de les créer dans sa propre tête pour répondre à ses seules interrogations. Et de manière plus franche, il fallait bien avouer que Lauren ne savait rien. Elle ne savait rien du tout, ni de son passé, ni de son avenir. C’était un gouffre béant où elle se sentait perdre pied. Sans d’autres solutions qu’attendre que le fond soit là, pour pouvoir se pousser vers la sortie, et nager avec acharnement.

Nager, survivre.

« Ce que je veux faire. »

La sauver. Je veux la sauver, je veux retrouver ma mère. Je veux qu’elle chante encore, qu’elle fasse des gâteaux, je veux qu’elle me demande comment ma journée s’est passée, si je me suis amusée, si on peut dormir ensemble ce soir, je veux qu’elle soit là entrain de rire, je veux que son parfum emplisse la pièce. Je veux que ça soit comme avant. Comme avant. Qu’elle ne me regarde pas comme si la peur avait tout simplement remplacé son âme. En tout cas, qu’elle me regarde avec une âme. Je ne veux plus des cris, des pleurs et de sa terreur, de ses cauchemars, de ses sursauts. Je en veux plus que ça soit une bête à l’affut, même plus humaine. Je ne veux plus qu’elle dise des choses que je ne comprends pas, car je ne comprends rien et je ne peux pas l’aider. Et je veux l’aider. Je veux la sauver. La sauver. Et retrouver ma mère qu’elle chante encore qu’elle fasse des…

Lauren prit conscience qu’elle allait de nouveau se remettre à sangloter et non, non ce n’était pas possible, plus maintenant, plus le temps. Fini, fini les larmes nom d’un chien, elle avait mieux à faire ! Elle était forte ! Elle avait subi tant de choses que ce n’était pas encore sa limite non, sa limite n’était pas là. Elle pouvait tenir encore un peu.

« Je veux savoir. »

Et pour savoir il faut raconter l’histoire.

« J’suis. Comme qui dirait, une orpheline. Oh mon dieu ça commence bien tiens. » Elle a un petit rire rauque et relève la tête pour renifler. Super sexy. « Je vivais en banlieue avec mes parents et avec ma sœur. Je suis allée à Poudlard à 11 ans parce que je savais faire de la magie. Mais ma sœur n’avait pas de pouvoirs. Maintenant, avec le recul, je me rends compte que ça devait pas être facile pour mes parents mais j’étais qu’une gosse et j’y comprenais rien Ted. Je savais juste que ma sœur pouvait rester à la maison et aller à l’école du coin, là où il y avait toutes mes copines. Je t’ai jamais dis ça hein ? J’ai fais mes classes chez les moldus. C’est ma mère qui a insisté. »

Elle a une ombre de sourire qui flotte un instant sur son visage.

« Voilà. Ma sœur avait pas de pouvoirs, ma mère était une née-moldue. Et c’était le fabuleux règne de Voldemort. Leur superbe injustice qu’ils pensent tout bien, toute propre. C’est sûr que ça donne une chance à tous les petits sorciers sortit tout droit des couches sales du monde moldu de se laver et de se faire un nom. Mais ceux qui n’y ont pas droit à cette chance, tu vois, on les extermine. »

Il y a un goût de métal, de rouille dans sa bouche et elle s’empresse d’avaler une gorgée de café, pour se brûler, pour faire disparaitre cette impression de pleurer du sang face à lui. Elle ne veut toujours pas le regarder. Parce que Ted aussi a eut ses morts et qu’elle en rajoute une couche avec son histoire à la princesse Sarah. Quelle vie Merlin, Dieu, qu’importe. Quelle vie…

« Ils sont venus un soir et ils l’ont tué. En fait. Ils les ont tué toutes les deux. Y’avait ma sœur là, avec la marque mangemort qu’ils en ont fait un blason tu vois, et je le croise tout le temps ce putain de serpent…. Ma petite sœur, et ma mère. Je sais pas ce qu’ils lui ont fait. Elle était bien, elle était souriante, et puis après ça elle était juste cassée en deux. C’est pas ma mère Ted. C’est une enveloppe qui lui ressemble et dedans y’a du noir. Tout ce que la magie peut faire de bon, si elle peut en faire. En ma mère, ça s’est transformé en tout ce qu’elle peut faire de mal. Moi je ne connais que ça maintenant. Le revers de la médaille. Ce qu’une baguette peut lancer contre quelqu’un. »

Elle s’essuie le nez de la manche de son pyjama et relève enfin les yeux, mais pour fixer autre chose cette fois : l’ordonnance sur le frigo.

« Mon père, évidemment, c’était un Phénix. Bruce, de ce que j’en sais, il l’a connu. Au tout début. Avant que les premiers attentats et les guet-apens se forment. Il a fait partie des premières victimes quand l’Ordre s’est remis en place. Il était parti aux Etats Unis pour s’organiser avec d’autres membres. Je les avais vu ces types, dans notre salon. Ils parlaient de ma mère et des Londubat. J’ai cherché un peu à l’époque, qui s’était. Des héros de l’ancien régime, avant que Harry Potter tombe. Mais j’avais que 13 ans et j’avais trop mal. J’ai arrêté de poser des questions. Mon père m’a abandonné. Nous a laissé. Pour la justice. Ma mère dans un hospice de fous et moi chez une tante qui me rabâchait combien la société nous offrait une chance de nous purifier. C’était l’enfer. »

Et c’était vrai. Les types qui dégrafaient leur braguette, elle qui se vendait au plus offrant, c’était rien. Rien comparé à ces années-là, au regard froid de sa tante posée sur sa silhouette malingre. Sa tante qui lui disait que si elle continuait ses conneries elle n’hésiterait pas à les dénoncer, elle et son paternel. L’enfer.

« Maintenant mon père est mort. Ce qui reste de ma mère est là dans la chambre. Et je suis la dernière Hudson. Je resterais sans doute la dernière de toute façon. Mais avant ça je veux savoir ce qui s’est passé. Si mon père est mort pour la justice, et si je me dis… son héritière. Ben. Faudrait au moins que je cherche à les faire reposer en paix. Je veux savoir qui a fait ça pour pouvoir les faire payer. Je sais pas comment, je sais pas encore quand. Mais je me dis que j’aimerais avoir ce but là plutôt que de la laisser hurler le soir…. »

Il y a un choc sourd dans la chambre et des gémissements leur parviennent. Gémissements de souffrance et de souvenirs. Le regard gris-bleu de Lauren croise celui de Ted et elle chuchote, elle gémit elle-aussi.

« Ne me fais pas la leçon… je t’en prie. Pas maintenant…. »
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Jeu 22 Nov 2012 - 20:16
L'aider, d'accord, mais pas à n'importe quel prix, pas s'en savoir dans quoi il s'embarquerait, même s'il avait une vague idée. Quelques petits indices laissés par ci par là. Sa mère était atteinte mentalement. Et Lauren avait besoin de Ted pour se glisser dans la tête de sa mère. Dans quel but ? C'était cela qu'il devait savoir. Il se doutait qu'ils allaient aborder un sujet délicat, mais en même temps, si elle l'avait appelé à l'aide, c'était bien qu'elle lui faisait confiance. Et dans ce cas, elle devait se confier un minimum. Il observa la jeune femme, voyant que les larmes ne tarderaient pas à jaillir de nouveau. Elle annonça alors qu'elle voulait savoir. Discret, attentif, le jeune homme ne dit rien, ne l'interrompit pas.

Elle commença alors à se livrer. Elle était orpheline. Finalement, Ted ne savait rien de Lauren, absolument rien, sinon qu'elle était de l'Ordre et qu'il l'adorait. C'était mince comme information, très mince. Orphelin, il l'était aussi, depuis son plus jeune âge. Il n'avait que quelques semaines quand ses parents étaient morts. Pour Lauren, c'était un peu différent. Elle avait vécu en banlieue avec sa famille. Ses parents et sa sœur. Sa sœur qui n'avait pas de pouvoirs, contrairement à Lauren qui avait été appelée à ses 11 ans à rejoindre Poudlard, à découvrir la magie. Ses parents étaient-ils des sorciers et sa sœur une cracmol ? Ou bien était-elle la seule sorcière de sa famille ? Apparemment, ses parents étaient sorciers, puisqu'ils avaient insisté pour qu'elle aille à l'école moldue. Et Lauren avait vécu la séparation comme une... Injustice ?

Avant qu'il ne pose la moindre question, elle lui avoua que sa mère était une née moldue, sa soeur une cracmol donc et ce, sous le règne de Voldemort. Autrement dire, ils étaient de vrais parias, des rebuts... Ted avait beau être un sang basique, être fils de loup-garou avéré n'avait pas été simple tous les jours, surtout que le très honorable sans des Black avait été souillé par la trahison d'Andromeda. Ted frissonna quand Lauren ironisa, parlant de l'extermination de la lie des sorciers selon le régime en place. Il devinait le drame. Et il n'avait plus très envie d'écouter, de pénétrer dans une intimité douloureuse. Pourtant, parce qu'elle était son amie, parce que c'était Lauren et qu'il pouvait l'aider, il resta impassible, silencieux, attendant la suite en sentant son coeur se serrer. Seul son regard, terriblement expressif, trahissait la compassion qu'il pouvait éprouver.

Et l'horreur lui fut livrée. Cette façon de marquer sa sœur, l'intrusion dans la petite famille pour la réduire en cendres... Sa soeur avait été tuée. Sa mère brisée. Une coquille vide. Et Lauren voulait comprendre. Elle voulait savoir ce qu'il s'était passé, qui avait fait cela. Elle cherchait la vengeance. Une attitude que le jeune homme ne cautionnait pas, naturellement, mais comprenait tout à fait. C'était sans doute donner à Lauren un but, dangereux, où elle risquait de se faire tuer... Et si elle se faisait tuer à cause de lui, il ne se le pardonnerait pas. Mais la dissuader ? Non, hors de question. Il ne lui ferait pas ça. Parce qu'il ne se posait pas en moralisateur. Parce que cela devait faire des années que les évènements de ce jour la hantaient. Il sursauta en entendant du bruit dans la chambre avant de reporter son attention sur Lauren qui le supplia. Il sourit doucement, ignorant les gémissements dans la chambre. Il se leva alors, avant de venir enlacer Lauren, se penchant sur elle et susurrant à son oreille, avec douceur :

- Non. Je ne te ferais aucune leçon. Je comprends ce que tu cherches. Je ne suis pas certain que la vengeance soit le meilleur leitmotiv. Mais je vais t'aider Lauren. Tu peux compter sur moi. Dans la mesure de mes compétences. Je ne te promets pas que tu trouveras tout ce que tu cherches... N'ai pas de trop grandes espérances. Je ne voudrais pas que tu sois déçue.

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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Sam 24 Nov 2012 - 11:07
- Non. Je ne te ferais aucune leçon. Je comprends ce que tu cherches. Je ne suis pas certain que la vengeance soit le meilleur leitmotiv.

Lauren ferma les yeux alors que Ted l’enlaçait, et sa tempe s’abattit lourdement contre son cou alors qu’elle respirait son odeur, très lentement. Elle ne voulait pas lui mentir et lui dire que ce n’était pas entièrement une question de vengeance. Évidemment qu’elle voulait les venger. Évidemment qu’elle voulait les retrouver et les écraser, les uns après les autres, ceux qui avaient orchestré cet assassinat. Mais elle voulait avant tout comprendre. Comprendre surtout comment des gens, des personnes bien pensantes, pouvaient pointer leur baguette, leurs armes envers un enfant, et ne voir chez lui que son sang, que cette tare. C’est pour cela que Lauren craignait réellement devoir se battre dans cette guerre, car elle n’était pas stupide et savait parfaitement qu’elle serait confrontée à ce genre de choix. Qu’il y avait des élèves à Poudlard qui étaient prêts à défendre leurs convictions, ou ce qu’ils croyaient être leurs convictions, et ça jusqu’à la mort. Alors que ferait-elle, face à un élève de deuxième année qui essaierait de lui jeter un impardonnable ? Elle qui n’avait jamais été très douée en magie serait dans l’incapacité totale de se défendre correctement, d’autant plus si son attaquant n’était qu’un enfant. Mais c’était mourir ou vivre, et elle serait obligée d’agir. Obligée pour permettre à des petites filles comme Joe de dormir sur leurs deux oreilles le soir. C’était ce que son père lui avait dit, c’était ce que son père lui avait promis en partant.

Revenir pour la liberté, et mourir pour elle.

- Mais je vais t'aider Lauren. Tu peux compter sur moi. Dans la mesure de mes compétences. Je ne te promets pas que tu trouveras tout ce que tu cherches... N'ai pas de trop grandes espérances. Je ne voudrais pas que tu sois déçue.


Dans la chambre, il n’y avait plus aucun son et quand elle rouvrit les yeux, Lauren sursauta en voyant la silhouette fantomatique de sa mère accrochée à la porte. Elle s’était levée sans bruit et observait, de son regard éteint et cerclé de noir, la silhouette de Ted toujours accroché à ses épaules. Ses cheveux d’un brun délavé cascadait sur son visage et ses yeux bleus ne reflétaient rien d’amical, ni même d’inamical. C’était une silhouette en blanc, pieds nus, maigre et dévastée.

Lauren chuchota :

« Je sais que je peux compter sur toi, et je sais que tu feras de ton mieux, pour moi comme pour elle. Je n’ai… plus vraiment d’espoir maintenant. J’en avais avec mon père mais –
- Jamais on a vu
, coassa Ariane.
- ………. et j’en ai peut-être encore avec Bruce, quand je le vois à l’Ordre, comme la dernière aussi vindicatif dans notre combat –
- Jamais on n’verra, murmura Ariane en frottant son front contre le chambrant de la porte.
- Mais si je peux faire quelque chose pour empêcher que ça arrive encore, parce que… je sais que ça arrivera encore à d’autres familles –
- La famille tortue.
- Oui la famille tortue maman.
- Courir après les rats. »

Ariane se leva sur la pointe des pieds et commença à frapper la porte de l’index en chantonnant, sous le regard prudent et un peu effrayé de Lauren.

« Le papa tortuuue et la maman tortuuue…. La maman tortue….. Et le papa tortue… Où est le papa tortue pour la maman tortue…. La maman torture… »


Lauren se détacha doucement de l’étreinte de Ted et s’approcha lentement de sa mère en attrapant un verre d’eau sur le sommet du frigo.

« Viens maman, on va se recoucher.
- Les dents tranchantes. Cracha Ariane, plus agressive en tendant vaguement la main vers Ted, son regard éteint étincelant d’effroi sous sa crinière emmêlée.
- Non ce n’est pas un dent tranchante. C’est un ami. C’est Teddy. Il est gentil maman. Il vient pour nous aider.
- Et le papa tortue… et la maman tortue… et les enfants tortues…..
Marmonna Ariane en s’affalant à moitié contre la porte, repoussant le verre d’une main.
- Bois ça, on va retourner au lit toi et moi. D’accord maman ? Ted va venir avec nous, calme toi… »

Ariane eut une espèce de cri inarticulé et s’affala au sol, commençant à ramper en direction du couloir, presque entièrement repliée sur elle-même. Lauren ne perdit pas de temps pour reposer le verre au sol et s’approcher en lui caressant les cheveux, murmurant des paroles réconfortantes. Le corps de sa mère eut un vague tremblement et ses bras s’accrochèrent au cou de la jeune femme, comme un enfant aurait pu le faire. Lauren se releva à moitié, peinant et soufflant en la portant en berceuse, et s’adossa contre le mur pour ne pas chavirer. Ariane, dans ses bras, les yeux mi clos, commença à chantonner en français.

« Jamais on a vu, jamais on ne verraaaa - la famille tortue courir après les raats. Et le papa tortuuue et la maman tortuuue et les enfants tortuuues iront toujours - au - pas. »

Ce soir on va quand même combattre les rats, pensa Lauren. Ce soir on va les trouver, dans l’ombre, et on va les chasser de la maison.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Dim 2 Déc 2012 - 22:23
C'était perturbant. Destabilisant.

Terrifiant.

L'esprit de sa mère était loin, bien loin de leur portée et Ted imaginait mal que l'on puisse vivre un tel calvaire. Ariane ne soufrait probablement pas de cette démence, mais pour Lauren, c'était bien autre chose. Elle devait se rendre à l'évidence, sa mère n'était plus là. Celle qu'elle avait pu connaître n'était plus du tout celle qui se trouvait avec eux en cet instant, qui déblatérait une espèce de comptine alors que la jeune femme essayait de s'expliquer, voulant faire cela pour que ça ne se reproduise plus, pour que d'autres familles ne soient pas touchées, ne souffrent pas comme elle, comme les siens. Il savait si peu de choses sur son amie finalement, si peu de choses sur son passé, sur ses failles... Il ne l'avait jamais interrogée, partant du principe que certaines zones devaient restée secrètes, certaines ombres demeurer dans le passé et que les confidences devaient être spontanées et pas réclamées. Il avait bien décelé une tragédie chez elle, une fragilité qu'elle masquait, mais il n'aurait pas pu deviner son histoire.

Il s'était toujours pensé une pauvre victime de Voldemort et ses sbires. Mais il n'avait pas été le seul à traverser l'enfer, à le vivre. Et ce qui était arrivé à Lauren lui semblait bien plus tragique encore que sa propre expérience personnelle. Il n'avait pas vu les siens disparaître, il était bien trop jeune et il avait vécu dans l'amour, dans un cocon de sécurité, loin de l'Angleterre, pour n'être confronté qu'à la dure réalité à l'âge de 11 ans. Et pourtant, les railleries, le mépris, la haine, lui semblaient dérisoires face à l'épouvantable perte ressentie par Lauren. Elle avait perdu sa sœur, tuée parce qu'elle n'était pas sorcière, un crime aux yeux de ce gouvernement, de ce régime si parfait... Quelle vaste blague. Macabre. Et l'esprit de sa mère, réduit en cendres... Son père était mort.

Elle était seule. Terriblement seule.

Sa mère se glissa jusqu'à eux, échappant aux bras réconfortants du sorcier pour essayer de ramener sa mère dans sa chambre, de l'apaiser. Mais la vue d'un étranger l'agita alors qu'elle assimilait Ted aux dents tranchantes et que Lauren essayait de la calmer, de lui faire comprendre qu'il était un ami. Le jeune homme n'était pas particulièrement à l'aise avec les déments, il avait expérimenté ce service dans ses études et savait qu'il ne se dirigerait pas dans cette voie, si complexe, des méandres de la psyché.

Il observa la mère et la fille, cette dernière tenant de prendre sa mère dans ses bras, trop lourde malgré tout, alors qu'Ariane chantonnait en français. Ted s'approcha avec circonspection, prudent, pour ne pas effrayer la mère de son amie surtout, plus que par peur.

- Lauren, tu veux que je la prenne et la ramène dans sa chambre ? Enfin, si elle l'accepte...

Il tourna son regard vers elle, avant de parler doucement, d'une voix grave et posée, rassurante et surtout, en français :

- Ariane, vous voulez venir avec moi ? Avec Lauren. L'enfant tortue va s'occuper de la maman tortue.

Il essayait de capter son regard, au moins qu'elle voit qu'il était là et pas un horrible monstre, mais une tortue, comme elle, comme Lauren. Qui allait aider l'enfant torture à piéger les rats. A les chasser.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Dim 9 Déc 2012 - 17:24
A l’approche de Ted, sa mère cessa aussitôt de chantonner pour se tendre et agiter vainement des bras en sa direction, manquant de faire chavirer Lauren qui raffermit sa prise sur le corps parcouru de tremblements d’Ariane, perdant peu à peu l’équilibre. La respiration d’Ariane était courte, comme si la femme avait parcouru un cent mètres sous l’eau, le dos chargé de briques et ses yeux roulaient follement en direction de Ted. Il était une ombre noire difforme et quelque chose l’enchainait violemment contre le mur, à la merci de la créature qui s’approchait d’un pas bondissant – un diable c’était un diable noir et rouge et il viendrait en sifflant pointer le baton – la baguette ça serait une baguette – contre elle et contre la petite chose qu’elle avait si difficilement portée et soulevée et aider à marcher et lécher et grignoter et chatouiller et planter cueillir ramasser les fruits de la saison avec les éclairs qui transperçaient ses tempes dans des roulements de tambours de cirque. Ariane se tordit vivement, vive comme un chat et planta ses dents dans la chair molle de cette chose qui la retenait contre son gré. De colère plus que de douleur, Lauren poussa un cri et la repoussa alors qu’Ariane trébuchait et s’écrasait contre le mur d’en face en sifflant des insultes à l’égard du Dent Tranchante qui les menaçait.

« Lauren, tu veux que je la prenne et la ramène dans sa chambre ? Enfin, si elle l'accepte...

- Je te crains pas GROS MOCHE ! »


Lauren détourna les yeux du visage empli de haine de sa mère et eut un vague geste entre l’abandon et l’avertissement. Les dents de sa mère avaient creusés un demi cercle qui suintait de sang à l’endroit le plus profond. Lauren ravala la boule qui menaçait encore de renverser le vase remplit d’eau au bord de ses paupières et baissa la tête. Seule, elle n’y arriverait pas, et c’était bien pour cela qu’elle avait demandé à Ted de venir n’est-ce pas ?

Ariane griffa le mur et couina de détresse quand Ted s’approcha de nouveau, manquant de s’uriner dessus. Elle exhalait une sueur rance de bête attrapée dans une cage trop étroite et sous la frayeur elle commença à se gratter frénétiquement.

« Gros moche va-t-en gros moche va-t-en-va-t-en…

- Ariane, vous voulez venir avec moi ? Avec Lauren. L'enfant tortue va s'occuper de la maman tortue. »


C’était excessivement maladroit et certainement mal formulé mais Ted ne faisait que reprendre le vocabulaire de sa mère. Lauren salua cet effort d’un vague sourire dont elle n’eut pas conscience, occupée à surveiller les faits et gestes de sa mère. Si cette dernière n’avait pas hésité à la mordre, elle n’aurait alors pas de regrets à se jeter au visage de son ami. Et ça, elle ne se le pardonnerait pas.

Mais plus que les mots, plus que le ton, c’est la langue qui fit relever la tête d’Ariane en direction du médicomage. Aucun de ses psychiatres n’avaient tenté de s’adresser à elle au cours de ces 13 dernières années de détresse. Lauren avait chantonné quelques vagues berceuses que sa mère lui avait appris dans sa plus tendre enfance mais la fatigue avait pris le pas sur ses efforts et elle s’était contentée d’un silence forcé, concentrée sur ses moindres gestes pour ne pas la tourmenter plus encore.

Mais Ted était là, avec sa voix d’homme et sa silhouette d’homme, parlant français, alors les yeux d’Ariane cessèrent d’aller et venir sur les murs et le plafond et se plantèrent droit dans les yeux bleus du jeune métamorphe. Pendant quelques secondes, on aurait cru voir une femme surprise, mais une femme normale, occupée préalablement à cuisiner ou faire le ménage, et non pas une démente. Et c’est avec cette fausse normalité qu’elle le questionna :

« John ? »


Il avait là le soupir amoureux, la crainte et l’espoir. Le tout dans un petit paquet cadeau comportant quatre lettres, une seule syllabe. Une seule question. Mais ce n’était pas John, ça même la folie ne pourrait l’aveugler et la faire se méprendre. En réalité, John ne reviendrait pas, et ça Ariane l’avait compris, comme un enfant pourrait le comprendre : avec beaucoup de maladresse. La femme repoussa d’un geste tremblant les cheveux qui recouvraient son visage et commença à sangloter et à se bercer tout à la fois, s’étreignant de ses bras maigres avec la passion de la solitude. Seule elle s’était aidée et seule elle continuait à se consoler.

Lauren tendit les bras vers elle une seconde trop tard. Ariane était déjà près de Ted et lui caressait maladroitement le torse, comme on flatterait un animal que l’on vient d’engueuler à tord.

« Oh Petri, Petri… J’ai perdu Johny…. »


Un nouveau soubresaut et le voile revint recouvrir son mental, un fil de nouveau brisé qui lui fit relever la tête dans un gémissement de douleur. Elle ne savait déjà plus qui était Johny.

« Petri, les Dents Tranchantes oh le gros moche… De la bouillie. De la bouillie Petry pour mes petits cochons. Pour un pour deux pour… trois… »


Ses mouvements de tête désordonnés ressemblent à ceux d’un oiseau intrigué. Elle fixe le plafond avant de tourner la tête pour revenir au visage attentif de Teddy. Et la main qui caressait son torse forme un poing qui le frappe doucement, comme pour assurer ses propos.

« Le gros moche Petri ! »
Elle l’engueulerait presque, mais la scène n’amuse pas Lauren qui fait signe à Teddy de la ramener vers la chambre, enfin… sa chambre techniquement.

Une fois la porte poussée, c’est un champ de bataille qui s’offre à eux, nœud de couvertures et de draps tombés à terre sous la guerre qu’Ariane a livré dans son sommeil. Une chose reste immobile et tranquillement à sa place : la pensine achetée au marché noire qui attend sur la table basse, aux côtés d’un René la taupe à moitié effondré sur la fenêtre. Scène surréaliste.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Mar 11 Déc 2012 - 21:19
Les réactions d'Ariane étaient imprévisibles, il n'était pas facile pour le jeune homme de s'immiscer entre les deux femmes, même si Lauren, finalement, n'avait pas vraiment de lien privilégié avec sa mère, qui vivait dans son monde, avec ses propres délires. D'abord, Ted pensa qu'elle ne le laisserait pas approcher, alors qu'elle le traitait de gros moche, ce qu'elle avait déjà dit plus tôt. Mais que voyait-elle donc ? Qu'est-ce que son esprit lui renvoyait exactement ? Les méandres de la psyché humaine étaient si complexes, si fascinants... impénétrables. Lauren tentait de la retenir et elle réussit à se faire mordre alors qu'Ariane semblait vouloir bondir sur le jeune sorcier, qui ne recula pourtant pas. Lauren semblait vouloir le dissuader, mais quand bien même elle lui sauterait dessus, il serait sûrement capable de la contenir, elle restait sous alimentée, maigre, ayant juste la force de ses nerfs pour la porter.

Il avança alors qu'Ariane semblait plus vouloir l'attaquer, mais le fuir, pitoyable dans sa folie. Il n'avait pas peur de sa folie, il avait pitié d'elle, sentant son cœur se serrer, pour cette femme qui avait perdu sa fille, son époux. Sa raison. Quelle horreur... Quelle calvaire pour Lauren. Il sentit son admiration pour elle remonter d'un cran encore. Elle lui demanda de partir, dans un langage enfantin et limité. Il ne se laissa pas démonter pour autant et se rappelant de ce qu'il savait d'elle, il se décida à lui parler doucement, en français, essayant d'atteindre un souvenir, un réflexe.

Et elle le fit. Quelque chose se passa alors qu'elle relevait la tête vers le jeune homme, interpellée. Il avait ouvert une brèche, s'était glissé au sein de la folie, vers un restant de raison. Elle prononça alors un prénom, John. Ted n'osa pas bouger, n'osa rien dire, ni détourner son regard de la mère de son amie. Qui était John ? Son époux, le père de Lauren ? Oui sans doute, au vu de sa façon de prononcer ce nom, de son regard soudain.

Elle s'approcha du jeune sorcier, lui caressant le torse en continuant de parler, mais cette fois, il ne comprenait pas. Elle savait qu'elle avait perdu son mari, mais qui était Petri ? La réalité et les délires se mélangeaient-ils ? Elle avait sangloté, poignardée par la douleur, mais cela disparut de nouveau, balayé par la folie et elle repartit dans ses délires, frappant doucement Ted en parlant de Dents tranchantes, de Gros Moches... Sous le signe de Lauren, il raccompagna Arian dans la chambre, doucement, sans la brusquer, avant de voir la bataille qu'elle avait livré dans son lit, dans ses rêves, ou plutôt ses cauchemars les plus horribles.

Son œil fut attiré, à la fois par la peluche qu'avait offerte Claire à Lauren après le triathlon et également pas la pensine qui trônait dans un coin de la pièce, afin de récolter les souvenirs d'Ariane et de se glisser dans sa mémoire. Il la fit asseoir sur le lit, avant de se mettre de l'autre côté, de disparaître de sa vue.

« C'est quand tu veux Lauren. Quand tu seras prête, je le serais aussi. »

Sa baguette sortie, posée sur le lit, il attendait le feu vert pour prélever ses souvenirs... Ils ne pourraient plus faire marche arrière après cela et ce n'était pas sans risque, mais il avait le regard déterminé et il était d'un calme impressionnant. Sûr de lui et du bien fondé de leur entreprise.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Dim 6 Jan 2013 - 13:42
« C'est quand tu veux Lauren. Quand tu seras prête, je le serais aussi. »

Les paroles précédentes d’Ariane n’avaient que peu d’effet sur Lauren, à cause de la fatigue certainement mais pas totalement. Gros moche, Dent tranchante, chaperon rouge, Gruffalo, petits cochons et papa tortue étaient des mots qu’Ariane répétaient en boucle, dans son sommeil et dans son pseudo-éveil. Lauren n’arrivait pas à tout traduire et doutait fortement de pouvoir comprendre les délires de sa mère sans connaitre l’histoire au complet. Mais nul doute qu’après l’Extraction, les choses deviendraient bien plus claires pour elle, pour son plus grand malheur…

D’une main douce, Lauren obligea sa mère à s’allonger et cette dernière la fixa, les yeux dans les yeux, alors que sa respiration se faisait échevelée. Les pupilles dilatées, les muscles crispés, étaient des signes évidents de stress. Parler français n’avait aidé que pendant quelques secondes, mais Ariane recommençait à s’ébrouer, au bord d’une nouvelle crise. S’efforçant de ne pas paniquer à son tour, ni de dévoiler une infime partie de la tension qui l’habitait actuellement à la vue de ce qu’ils allaient faire subir à sa mère, Lauren ordonna à Ted d’un simple murmure :

« Il lui faudrait un sort apaisant, et immobilisant si possible… Pas quelque chose d’attaquant mais… juste… pour qu’elle coopère… »

Attendant que le jeune homme obéisse, elle posa fermement les mains sur les épaules de sa mère et entreprit de les caresser. Ariane, les yeux roulant follement dans ses orbites, recommença à sangloter sans dire un mot. Le sort fut lancé, et sur le lit, sa mère devint une poupée de chiffon tandis que ses beaux yeux bleus perdaient cet éclat apeuré pour se faire vides, lointains… Rêveurs. La bouche légèrement entrouverte et le corps abandonné sur les draps, on aurait pu la croire dans un autre monde, un monde parfait où rien n’arrivait jamais, ni du bon, ni du mauvais.

Ses lèvres chuchotèrent quelque chose qu’aucun des deux ne purent entendre et elle sourit vaguement, en direction du plafond.

Lauren détourna les yeux, mal à l’aise.

« Je ne sais pas comment se passe une extraction de souvenirs. De ce que j’en ai lu, c’est compliqué car l’esprit lutte à chaque fois contre l’extracteur. Etant donné l’état mental de ma mère, ça en rajoute une couche. Mais je ne sais pas si un proche de la cible a déjà tenté une extraction forcée… »

A cela, elle sous-entendait qu’elle avait peut-être plus de chose d’obtenir un meilleur résultat en jouant sur sa relation avec sa mère pour lui arracher les souvenirs. Mais étant donné qu’Ariane peinait à la reconnaitre, cela n’était qu’une simple supposition. Les mains de Lauren quittèrent le corps brûlant de sa mère et c’est avec un geste purement mécanique qu’elle tâcha de se recoiffer, histoire de se donner contenance.

« Je ne sais pas non plus quelle sera la valeur de ces souvenirs, parce que… l’extraction et sa folie… je pense pas qu’on obtienne un résultat clair. Et… ça pourrait même complètement échouer. Donc. Si tu vois, si tu sens…. En tant que médicomage Teddy, veille sur ma mère. Si tu remarques quoique ce soit pouvant la mettre plus en danger, physiquement ou mentalement, arrête. Et arrête moi aussi… »

Accroupit sur le lit, Lauren prit le temps d’une longue inspiration avant de se pencher au-dessus de sa mère, et d’embrasser son front. Sa mission de ce soir était purement égoïste mais elle espérait quand même pouvoir l’aider un peu, de quelque manière que ce soit.

« Tu vas rentrer à la maison maman, je te le promets. »

Ses doigts remplacèrent ses lèvres et elle commença à lui caresser les cheveux. Ariane, perdue dans une semi-rêverie, ne tressaillit même pas.

« On va rentrer, on va être en paix. Mais tout d’abord je veux que tu te souviennes maman. Je veux que tu te souviennes de Joëlle…. »

Malgré le sourire rêveur d’Ariane et l’absence de crispation musculaire visible, deux larmes enflèrent au coin de ses yeux et vinrent tâcher le tissus pâle de l’oreiller. Lauren, la bouche plissée d’un pli amer, se décida à continuer.

« Souviens-toi du terrain de foot, de notre maison au quartier de Laster Migwow. J’étais à l’école de danse quand Joëlle allait s’égratigner les genoux en jouant au ballon avec les gosses moldus du quartier. Rappelle-toi de papa, qui rentrait souvent après 19h. Rappelle-toi des dimanches matins où il nous faisait des pancakes, et de Joe qui planquait le pot de nutella pour ne pas que je lui en pique. Rappelle-toi de la chemise de nuit rose que tu portais souvent et des livres que tu nous lisais le soir avant de nous endormir. Rappelle-toi de tout ça maman… Et rappelle-toi de l’année 2006. Les Pranks gagnent contre Forehead, 26 à 8, il y a eut un été caniculaire, c’est aussi l’année où papa a fait exploser le moteur de la tondeuse à gazon de madame Billow. En mars je t’ai envoyé une lettre en te disant qu’un fantôme m’avait attaqué à Poudlard, un esprit frappeur qui m’a englué les cheveux dans de la confiture. En novembre il y a Halloween et tu passes les vacances scolaires avec Joe. Vous cuisinez une tarte à la citrouille et au chocolat mais c’est absolument dégoutant et papa n’ose rien vous dire. Joe promet de m’envoyer la recette pour me faire une blague. »

Ariane entrouvre les lèvres mais n’émet aucun son, alors que la baguette de Ted, posée sur sa tempe, commence à extraire lentement le fil de ses souvenirs. Le fil, qui selon les descriptions, doit être unis et argenté, ne tient pas ses promesses. Il a la couleur du métal noircit par l’érosion et sa taille ainsi que sa largeur varie au gré des variations mentales de la femme alitée. Il s’affine à un point où il manque presque de se briser mais Ted, patiemment, le recueille dans l’éprouvette que Lauren a posé sur la table de chevet.

« Rappelle-toi du 5 novembre 2006. Vous êtes à la maison, papa rentrera tard et je suis à Poudlard, toi et Joe vous êtes dans la maison. Quand nous serons là, quelques heures plus tard, Joëlle… Joëlle sera partie. Quelqu’un vous a attaqué maman, ce 5 novembre 2006… souviens-toi… »

L’éclairage lentement grésille, et Lauren relève une seconde la tête pour observer le phénomène, peut-être anodin. Sa mère, sur le lit, continue d’être inerte et de fixer le plafond, alors que l’oreiller s’humidifie de ses sanglots inconscients. Malgré le sort, Lauren sent qu’elle la torture mais ne se permet pas d’accélérer pour arrêter plus vite le processus.

« Souviens-toi de qui vous a attaqué cette nuit-là. ….. Souviens-toi des Dent Tranchantes. »

Le fil claque brusquement. Une perle grise se noie dans les cheveux d’Ariane avant de s’évaporer et Lauren remarque enfin que le contenu de l’éprouvette la remplit presque à raz-bord. Les larmes d’Ariane scintillent doucement mais, troublée, elle ne pense même pas à les récupérer. Echevelée, elle relâche enfin le front d’Ariane sur lequel elle commençait à s’appuyer et essuie lentement ses mains moites de stress sur le pantalon en lin de son pyjama.

« Il y en a assez tu crois ? »

Recommencer n’est peut-être pas une si mauvaise idée, mais Lauren s’y refuse désormais.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Jeu 10 Jan 2013 - 21:06
Ted affichait une détermination et un calme qu'il ne ressentait pas forcément, mais qui étaient nécessaires pour que Lauren soit en mesure de faire ce qui devait être fait. Il se mettait en condition, se mettant dans la peau du jeune médicomage qu'il était, ne devant pas montrer ses peurs ou ses doutes, pour rassurer les patients et les familles. Et puis, cela avait toujours été dans son caractère, il n'avait pas besoin de se forcer beaucoup. Il préférait ne pas passer en boucle dans sa tête les multiples questions qui ne manquaient pas de le harceler : avaient-ils le droit de faire ça ? Est-ce que ce n'était pas trop risqué au vu de l'esprit chaotique et totalement embrumé de la mère de Lauren ? Et si jamais cela tournait mal ? Mais il ne dit rien, laissant Lauren s'occuper de sa mère, avant qu'elle ne quémande son aide pour l'apaiser un peu. Il s'exécuta en silence, mal à l'aise à l'idée de lui faire cela, mais c'était nécessaire et il ne montre rien de ses sentiments à ce sujet.

Il préférait se faire oublier, laisser Lauren avec sa mère. Pourtant, elle lui fit part de ses doutes et il ne put que hausser les épaules, impuissant :

« Je n'en sais rien Lauren. »

Cependant, elle comptait sur lui pour l'arrêter si jamais la santé pjysique ou mentale de sa mère était en danger. Il caressa sa joue avec douceur, la regardant droit dans les yeux et hochant la tête :

« Je veillerais sur elle. Et sur toi. Vas-y Lauren. »

Elle prit une ample inspiration avant de se pencher vers sa mère et de l'embrasser. Ah si seulement ils pouvaient comprendre, ils pouvaient soulager Ariane, ce serait merveilleux, mais Ted préférait ne pas concevoir trop d'espoir, ni même penser qu'ils puissent réussir. Cela lui éviterait d'être déçu au moins.

Et il écouta la suite... Sans dire un mot, les yeux rivés sur le visage d'Ariane alors que Lauren lui demandait de remonter le temps, de revivre l’événement qui l'avait traumatisée... De repenser à sa fille, à la sœur de Lauren, cette petite cracmol qui n'avait rien fait de mal, sinon de naître sans pouvoir sous un régime qui condamnait fermement ce genre de personnes. Si seulement l'Ordre du Phénix avait gagné lors de la bataille de Poudlard, si seulement Voldemort avait été tué par Harry Potter, tout aurait été tellement différent... Absolument tout. Combien de familles épargnées ? De vies sauvées ? Mais il n'aurait pas non plus rencontré Claire dans ce cas... Ou pas de cette manière. On ne pouvait pas refaire le passé malheureusement, mais on pouvait le ressasser et c'était exactement ce que Lauren infligeait à sa mère, une torture mentale difficile. Elle devait en avoir conscience. Et cela devait jouer sur sa conscience.

Il baissa le regard vers sa baguette, alors que Lauren décrivait leur quotidien avant que tout ne soit chamboulé, avant que tout ne disparaisse. Le fil des pensées d'Arian n'a rien de fluide et argenté, loin de là, et le jeune homme ignore si cela va affecter ou non la qualité des souvenirs et surtout l'immersion ensuite dans la pensine, mais il se tait toujours, laissant Lauren parler, se concentrant sur sa tâche délicate de recueillir les souvenirs pour les glisser dans la pensine, sans rompe le fil. Parfois, il devenait terriblement ténu, mais avec dextérité et douceur, il fit en sorte de ne jamais lui permettre de se briser, se concentrant au delà des mots, pour la première fois depuis bien longtemps, sur quelque chose qu'il ne maîtrisait pas forcément, mais une tâche qu'il devait réussir.

Et vint alors le fameux jour.

Une baisse de tension suit les paroles de Lauren, mais Ted n'y fit pas attention, rivé sur le fil des pensées, tentant d'ignorer les sanglots silencieux, empêchés par le sort, qui lui broient le cœur alors même qu'il ne connaît pas Ariane. C'est une torture, mais une torture nécessaire. Est-ce que cela rend leur façon d'agir plus louable ? Il en doute.

Et soudain, le fil claque, la pensine s'est remplie. Lauren rompt le silence alors que Ted regarde la pensine et hoche la tête.

« Oui. »

Il jeta un regard à Ariane avant de reprendre un peu brusquement.

« Il faut la laisser se reposer, se remettre de ça. Il va falloir que ça suffise Lauren. »

Il se leva doucement, avant de regarder la pensine, incertain.

« Tu vas vraiment regarder dedans ? Je ne sais absolument pas comment seront ses souvenirs... Ils peuvent être cohérents, comme totalement décousus et peuplés de monstres... »
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Sam 19 Jan 2013 - 11:44
« Oui. »

Lauren ferme les yeux, hoche la tête et descend du lit doucement, comme pour s’éloigner d’une scène de crime. Sur le lit, le regard vague, Ariane fixe le plafond, alors que les lumières se stabilisent, et d’une voix plus humaine recommence à chantonner.

« Ma petite fripouille ensorcelée, pour toi qui est si sage, voici un bon gâteau doré, couvert de glaçage. Et de crème. Je te fais plein de baisers… je te fais pleins de câlins…. »

Puis ses yeux papillonnèrent un court instant et c’est avec un petit soupir de bien être qu’elle enfonça sa joue dans le coussin moelleux qui lui soutenait la tête, et qu’elle s’endormit profondément. Pendant un court instant, de la voir alanguie et immobile sur le lit, Lauren ressentit un bref éclair de panique et ses yeux se posèrent naturellement sur la poitrine de sa mère qui continuait de se soulever et de s’abaisser au rythme de sa respiration. Lauren en profita pour chasser ses idées noires et relever la tête en direction de Ted qui fixait la pensine. Elle délaissa le lit pour s’approcher de lui, poser une main sur sa nuque et la tempe contre la sienne. Côte à côte, presque hypnotisés par les volutes à la fois liquides et nuageux des souvenirs brisés d’Ariane, ils étaient Petit Frère et Petite Sœur, perdus à l’orée de la grande forêt maléfique.

Mais Petit Frère et Petite Sœur s’aimaient si forts qu’ils ne craignaient pas les monstres de la forêt, même s’il y avait là-dedans des loups affamés et des ours au mauvais caractère. Petit Frère mit sa cape sur les épaules de Petite Sœur, et tournèrent le dos au château maléfique et à la marâtre sorcière qui avait voulu les tuer. Ils s’enfoncèrent ensemble dans la Grande Forêt, et Petite Sœur commença à cueillir un magnifique bouquet de fleur « qui ornerait le front de leur nouvelle petite maison, quand ils l’auraient trouvés…»


La voix de sa mère était encore là dans sa tête, dans ses murmures et des mimiques exagérées mais Lauren n’eut pas le cœur de sourire à cela. Elle se contenta d’assurer la prise de sa main sur la nuque de Ted.

« Je n’aurais pas pu le faire sans toi en tout cas…. Et je suis désolée d’avance de ce que tu verras dedans. Parce que des monstres, y’en aura certainement…. Ca marche toujours comme ça dans les contes. »

La pensine attendait simplement leur venue et Lauren déglutit avec difficulté en s’efforçant de chasser ses mauvaises idées, de ne pas imaginer ce qui les attendrait une fois qu’ils seraient entrés. Ils n’avaient pas fait tout ça pour renoncer en tout cas.

Et Joe, Joe méritait bien qu’on sache et qu’on la venge.

« Plongeons. »

Le monde bascula dans un territoire sans normes et sans joie, une brume grise qui enveloppa son cœur dans un cocon de chenille épais. Il n’y avait là-dedans que de la poussière et de la tristesse et le haut et le bas, le solide et le liquide n’existait plus.

Lauren rouvrit les yeux dans un monde nuageux et terne, sans odeurs et sans signature de réalité.

Et ce n’était pas ce à quoi elle s’était attendue.


Ce que l’on voit, que l’on croit voir, que l’on pense deviner:


Le château du Rohan:
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Dim 27 Jan 2013 - 15:13
Il n'y avait rien de glorieux à torturer ainsi un esprit si malade... Mais c'était nécessaire et peut-être que l'esprit d'Ariane contenait de quoi permettre à Lauren de faire son deuil, de comprendre,d 'avoir des réponses... Et même la clé qui permettrait de réparer cet esprit brisé. Rendre à Lauren sa maman. Car cette femme ne l'était pas, cette femme n'était qu'une coquille vide, une étrangère... Et là, il était temps qu'elle se repose. Ted n'était pas très à l'aise avec l'idée d'avoir torturé cette pauvre femme en la forçant à se remémorer des événements traumatisants. Si tant est que son esprit confus ai pu s'en souvenir d'ailleurs, parce que pour le coup, ted n'était absolument certain de rien, surtout vue la couleur des souvenirs... Qu'allaient-ils trouvés dans la pensine ? Des morceaux de souvenirs tordus, altérés par les chimères qui peuplaient sa psyché ?

Son cœur se serra brutalement dans sa poitrine quand il l'entendit fredonner une petite comptine pour enfant. Tout simplement parce qu'il imaginait trop facilement cette femme, plus jeune, en train de chantonner pour une petite Lauren et une petite Joe, en leur caressant doucement les cheveux... Une scène qui lui faisait mal, parce qu'il imaginait sans mal ce que Lauren, elle, pouvait ressentir alors que les souvenirs devaient affluer, forcément, traîtres.

Il jeta un regard à Ariane, qui s'endormit finalement, paisiblement. Et elle avait presque l'air normale en cet instant. Il détourna le regard pour fixer la pensine... Jusqu'à ce que Lauren approche et pose une main délicate sur sa nuque avant d'appuyer sa tête contre la sienne, fixant elle aussi le miroir mouvant.

« T’inquiète pas Lauren, ça ira. Au moins ces monstres là, on les reconnaît... On en affronte de bien pire dans la vie réelle, tu ne penses pas ? »

Les Ombres, les héritiers, tous ces fervents partisants du Lord, ces fanatiques qui voulaient torturer, asservir les Moldus, comme s'ils étaient des insectes sur lesquels des gamins cruels faisaient des expériences. Il avait l'air calme, mais en réalité, il sentait son cœur s'emballer naturellement... De peur oui, sans doute, une appréhension naturelle quand on doit plonger dans les souvenirs de quelqu'un, surtout quelqu'un de fou, de dérangé, de torturé... Pourtant, il ne ferait pas part de ses doutes à Lauren, pourtant, il ne faillirais pas, il serais un soutient pour Lauren. Il la regarda avant de hocher la tête.

Et ils plongèrent.

C'était une expérience étrange... La réalité était altérée, étrange... Grise, embrumée. Terne. Triste. Il sentit une certaine mélancolie l’envahir, mais il lutta contre, cela n'étaient pas ses sentiments. Il regarda le paysage autour de lui. Un.. ; château ? Il fronça les sourcils, surpris de cette vision, mais ne dit rien, se concentrant sur la scène qui se jouait devant eux. Il y avait une petite fille, qui rappelait quelque chose à Ted... Et il comprit que c'était Ariane enfant qui se tenait devant eux quand Lauren murmura. L'enfant tenait un ballon d'helium. Une femme fit son entrée, alors qu'elle avait acheté les tickets pour visiter ce château. Sans doute la mère d'Ariane. La grand-mère de Lauren. Lauren qui ne comprenait pas pourquoi sa mère se souvenait de cela.

Les deux femmes entrèrent, alors que Lauren restait figée, perdue. Doucement, ted s'empara de sa main.

« Viens Lauren. Peu importe l'endroit, la solution est sûrement ici, il faut les suivre. Les souvenirs sont complexes, le cerveau humain davantage encore, il y a peut-être là une association d'idées, de souvenirs... Ce château est peut-être tout simplement la représentation des différents souvenirs de ta mère... Qui sait ce que nous trouverons à l'intérieur, derrière les portes, au détour d'un corridor ? Mais il ne faut pas les perdre, où nous aurons fait cela pour rien. »

Il parlait d'une voix douce, mais autoritaire. Sans lâcher la main de Lauren, il emboîta le pas d'Ariane et de sa maman, tirant Lauren derrière lui, résolu à résoudre cette énigme. Pour Lauren. Parce qu'il n'échouerait pas. Parce qu'il était un Serdaigle et que maintenant, il voulait savoir aussi. Et les deux intrus pénétrèrent à leur tour dans le château.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Sam 9 Fév 2013 - 9:18
C’est le ton autoritaire de Ted qui la secoue et la décide à avancer de nouveau. Son regard ne cesse de passer de l’entrée du château du Rohan, à l’échoppe de vente qui se confond désormais avec le brouillard, puis au regard déterminé de Ted, son Teddy, qui l’entraine à l’exploration. Elle se demande si c’est là un trait de caractère de sa maison, et se rend compte soudain qu’elle ne sait pas, ou elle ne sait plus, de quelle maison était Teddy à Poudlard. Est-ce important maintenant ? s’agace son esprit. Non ce n’est pas important mais évidemment, quand on a peur, les associations d’idées vont et viennent comme des nuages. Et Ted la surprend tellement à s’acharner ici pour découvrir la vérité avec elle, qu’elle ne peut s’empêcher de s’interroger sur la raison de cette détermination. A moins qu’il ne fasse simplement ça pour elle.

Cette pensée est si surprenante qu’elle ne peut s’empêcher de sourire, vaguement étonnée. Personne ne s’est jamais donné cette peine.

« Tu as raison » Admet-t-elle dans un chuchotement. « Je ne connais rien à tout ça. Je pensais que les souvenirs étaient tels qu’on les imaginait : des histoires avec un début un milieu et une fin. J’avais oublié que ma mère n’est plus… ce à quoi on s’attend de la part d’une maman. Explorons. »

Les doubles portes sont franchis, et quand elles se referment derrière leurs dos, elles ne font aucun bruit. Tout autour est gris, sans être poussiéreux. Ariane et sa mère ont disparues le temps de son hésitation et Lauren a un bref sursaut de panique. Ted a bien dit de les suivre n’est ce pas ? Que vont-ils faire maintenant, sans guide dans ce labyrinthe ?

« Je ne vois pas où – »

Un éclat de rire fait trembler une porte, plus loin, dans le couloir de gauche. Lauren sursaute et s'agrippe à son bras. Elle reconnaitrait le rire de Joe entre mille et ce n’est certainement pas le sien. C’est celui d’une autre petite fille – Ariane ? C’est peut-être l’enfant qu’ils ont vu dehors.

C’est à Lauren de prendre les devants, et le cœur bondissant, elle se précipite dans le couloir, pour ouvrir la porte à la volée. Rien ici ne lui fera de mal, il n’y a pas à être apeuré.

Et la porte révèle une forêt.



Brocéliande:
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Mar 26 Fév 2013 - 21:31
Il fallait savoir, il fallait avancer. Même si Lauren ne s'attendait pas à cela et pensait qu'ils avaient échoué, Ted voulait explorer toutes les pistes possibles. Ce souvenir n'était pas là par hasard. Et ils n'avaient pas fait tout cela pour rien, ils n'avaient pas torturé cette femme en la forçant à se rappeler le pire moment de sa vie pour rien, Ted refusait. Il refusait de baisser les bras. Il refusait de ne pas aider Lauren à comprendre. Il refusait d'être inutile. Il voulait savoir, pour satisfaire sa curiosité et il voulait permettre à Lauren de trouver enfin la paix qui lui faisait défaut depuis cet horrible épisode de sa vie !

Il réussit à atteindre son esprit, à capter son attention et elle lui répondit qu'il avait raison. Il sourit encourageant. Il était là, il serait toujours là pour elle, aussi jeune soit-il. Même s'il donnait envie à ses aînés de le protéger parce qu'il était le fils de Remus Lupin, même s'il doutait souvent de lui-même, il pouvait aussi faire preuve de détermination, il pouvait être quelqu'un sur qui compter et en amitié, il était plus que fidèle. Et tenace.

« On va trouver. »

Les souvenirs étaient forcément nébuleux chez la mère de Lauren, son esprit étant brisé lui aussi. Mais il ne fallait absolument pas perdre espoir ! Ils avancèrent, franchissant les doubles portes qui se refermèrent derrière eux, en silence. Ted se retourna, les observant, le cœur battant. Il avait l'impression d'avoir franchi le point de non retour. Plus possible de reculer maintenant ; il fallait avancer. Dans un univers grisâtre et terne... Un éclat de rire résonna soudainement, les faisant sursauter tous les deux, interrompant la question de Lauren.

Soudain, elle lâcha le jeune homme et se précipita vers la porte d'où sortait le rire , l'ouvrant à la volée au mépris de toute prudence.

« Lauren, attends ! »

La prudence, la prudence ! Il la suivit pourtant, voyant à son tour la forêt. Dans leur dos... Plus de porte. Ce n'était pas vraiment rassurant, mais Ted ne dit rien, observant ce nouveau décor, ce lambeau de souvenir. Un souvenir heureux, serein. Qui l'enveloppait d'une douce chaleur. Il jeta un regard à Lauren, qui semblait avoir changé, comme débarrassée du poids qui l'harassait depuis des semaines. La petite fille lui ressemblait beaucoup et Ted hocha la tête quand elle lui demanda si c'était elle.

« Je crois... Elle te ressemble. L'innocence et l'insouciance en plus. »

Une adorable petite fille d'ailleurs.

« Tu étais mignonne comme tout. »

Et en effet, on aurait dit une petite fée, un lutin, sorti tout droit d'une légende bretonne. Lauren se rapprocha de son ami, la Lauren de maintenant, fascinée par son reflet si jeune. Son reflet qui joua en sautant sur sa mère. Sur Ariane. Ariane qui était enceinte, portant Joe en son sein. Non, les souvenirs ne sont pas anarchiques, ce n'était pas n'importe quoi. Il y a une logique. Ici est le commencement. Il sentit son cœur se serrer devant cette scène touchante, si banale et pourtant irréelle. Des ailes semblaient avoir poussé dans le dos dans le dos de la petite Lauren.

« Une petite fée qui protège sa sœur... »

Lauren recula, arrêtée par Ted, un peu dans son dos, qui l’accueillit contre lui.

« Ça va aller. »

La seule porte qui s'ouvrait à eux était celle dans l'arbre. Le chuchotement d'Ariane fit frissonner Teddy, comme un sinistre présage de l'avenir. Bébé n'avait pas été à l'abri, bébé avait été tuée...

« Viens Lauren, ce souvenir là ne nous apprendra plus rien, prenons la porte. »

Et doucement, il la poussa en avant, avant de franchir la porte du tronc.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Dim 3 Mar 2013 - 17:47
Ted était un pilier à la voix rassurante. Lauren s’appuya contre lui sans quitter la scène des yeux. Sans lui pour l’exhorter à avancer elle n’aurait peut-être pas continué. Fascinée par des souvenirs aussi terrifiants qu’émouvants. Lui rappelant un passé dont elle avait été autrefois le témoin. Mais sa mémoire morcelée n’y retrouvait aucun détail familier. Elle était encore trop jeune pour réellement se rappeler. La porte dans le tronc s’agita de plus belle. Lauren avala une bouchée d’air neutre. Il n’y avait pas de parfum de la forêt. Pas d’herbe moussue, pas de feuilles, pas de troncs. Ni de fleurs ni de terre. Juste un décor du passé. Quelque chose qui n’avait aucune prise. Tout cela était terminé. Tout cela tournoyait en vain dans l’esprit de sa mère. Plus ils iraient en avant plus ils retrouveraient des regrets d’Ariane. Des larmes. Des petites scènes truquées. Des petits films qui ne duraient pas plus d’une heure. Rien qui ne devait la blesser elle, Lauren. Rien qui ne devait l’atteindre. Elle était là pour une mission et ne devait s’arrêter.

Ted lui disait de prendre la porte. Ted le guidait dans l’accomplissement de sa quête. Lauren lia ses doigts aux siens. La petite Lauren couru se cacher derrière un bosquet. La scène reboota sans qu’elle n’y prête attention. Elle avançait vers le tronc. Et cela lui rappela un dessin animé.

- Des formes dans les troncs, murmura-t-elle. Des formes.

Celle qui était dans l’arbre n’était pas rectangulaire comme une porte. Elle avait la forme d’une goutte. Lauren la passa. Ce fut la mer.

Ariane dans le sable encourageait par ses applaudissements un bébé blond. Une petite fille non loin courait dans l’écume. Ils étaient loin. Lauren plissa les yeux, les protégeant de sa main. Quand elle se retourna pour regarder Ted qui venait de franchir le seuil la porte disparue. Il y avait des cabines plus haut sur la plage. Seule l'une des portes ne battait pas sous la brise fraiche. Le ciel et la mer se confondaient d’un gris d’eau terne. Le bébé blond eut un éclat de rire qui perça un nuage. Bébé Lauren qui devait avoir vers les 5 ans se retourna. Lauren ne s’approcha pas. Et ne fut pas spectatrice des détails hors norme de ces souvenirs. Notamment le fait que le bébé blond, qui était Joe à n’en pas douter, n’avait pas de jambes. La combinaison qu’elle portait se terminait par une queue de sirène.

Lauren s’était déjà approchée de la porte de la cabine. Elle eut un appel envers Ted qui se rapprocha. Et l’enjoignit à la suivre. Ils n'avaient pas de temps à perdre.


La porte de la cabine ne donnait pas sur un intérieur vide en bois de plage. Mais sur une chambre d’enfant.
Ariane sur une chaise lisait un livre d’épouvante. Dans leur lit Lauren et Joe. Respectivement âgées de 7 à 5 ans. Elles écoutaient leur mère. Joe se cachait à moitié derrière l’édredon. Lauren but son verre de lait avec des yeux glacés d’épouvante et le rire aux lèvres. Son nez était plus froncé qu’aujourd’hui, d’une forme presque féline. Et elle agita ses moustaches de chaton en se léchant les babines une fois son verre terminé. Joe miaula. Ariane termina la dernière page.

Lauren s’ébroua.

- Ce n’est pas normal.

Une ombre courue sur la fenêtre. Une ombre informe mais avec de grandes dents. Elles se figèrent toutes les trois.

Puis Joe se roula en boule sous la couette sous le rire de Lauren. Ariane referma son livre et souffla sur la bougie. La porte de la chambre se mit à chuchoter.

Réellement. La porte parlait. Lauren s’approcha sans comprendre un mot des sifflements tendres. Avant de se retourner vers Ted. Son regard exprimait la stupéfaction.

- Je ne vois pas mon père dans ces souvenirs. Il devrait pourtant être là.

Et il y avait toutes ces choses étranges. La modification nette du physique de son alter ego à chaque souvenir. Et même d’ailleurs l’essence même du souvenir. C’était proche de ce dont elle se rappelait. Car elle se rappelait bien de ces histoires qu’Ariane leur lisait. Mais ce n’était pas la même chose. Déjà elle n’avait jamais bu de lait au lit. Même pas quand elle était malade. Sa mère l’amenait toujours au salon ou dans sa propre chambre. Et le lit n’avait pas cette taille là, énorme.

- On dirait un lit de conte. Tu sais, comme dans les images pour livres d’enfant. Ces vieux lits de grand-mère avec des tas d’édredons. Le miens n’était pas comme ça. Et c’est ma chambre.

Elle n’eut même pas la pensée que Ted ignorait peut-être de ce dont elle parlait.

Lauren fut entrainée par la porte murmurante. Et se retrouva de nouveau dans les couloirs glacés du château du Rohan. Elle porta les mains à son visage en soupirant.

- Si je comprends bien il y a une porte pour chaque souvenir. Et ce souvenir s’imbrique dans d’autres. C’est un véritable labyrinthe. Si on doit trouver le bon nous n’avons pas terminé. Nous pouvons rester ici combien de temps ? Il y a un délai ?

Lauren tourna sur elle-même, cherchant un indice. Elle ne savait même pas s’ils étaient proches ou non de l’entrée du château et du premier couloir. Elle baissa la voix.

- Et ces souvenirs semblent si faux. Je veux dire. Ils ne me sont pas familiers. Je devrais m’en rappeler comme tel mais ils sont changés. C’est peut-être du point de vue de ma mère mais…

Elle ne put continuer, sentant sa gorge se nouer. Ses yeux la piquèrent et elle se demanda si on pouvait pleurer dans une pensine. Elle était épuisée, avait du mal à se concentrer. Sans un mot, elle attrapa de nouveau la main de Ted et la serra. Un bruit de voix leur parvint mais perdue dans ses pensées Lauren ne sembla pas l’entendre. Dans son dos, un ballon apparu pour se couler dans les formes creuses du plafond, près d’un tableau. En bas des escaliers, Ariane, dix ans, attendait.

[mention]Dans la cuisine tu t'approches de la fenêtre.

Tu contemples le paysage du dehors.

Et le destin[/mention] a écrit:



Que ta fille derrière toi ignore encore ce qui va se passer. Quand toi tu le pressens. Tu le pressens maintenant car tu sais que tu ne vis pas la réalité. C'est pour cela que les lumières dehors clignent et t'avertissent du danger. C'est pour cela que les cuillères sur la table sont propres même si tu viens de les utiliser et que tu n'as rien lavé. Joe ne sait pas ce qui va arriver, Joe ne pressent rien. Car Joe n'est qu'une projection d'un souvenir que tu connais. Quand tu commences à pleurer elle ne remarque rien. Elle discute avec toi car c'est ainsi que ton souvenir la conçoit. Parlant et chantonnant. Rieuse et en vie. Les monstres vont bientôt arriver. Ton cerveau zippe et dérape. Tu claques tes mains.

- Et si on faisait aussi une brioche ?! Il faut faire beaucoup de choses avant l'heure.
- Oh maman ! On va avoir des invités ?!!

Joe lèche une cuillère de chocolat. Tu l'enlaces et la berce. Tu ne sais pas. Tu dois continuer. Continuer à la protéger.


- Je vais te chanter une chanson.
- Chante la famille tortue.
- D'accord.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Mar 5 Mar 2013 - 12:56
    Il jeta un regard en coin à Lauren alors qu'elle murmurait. Des formes dans des troncs ? Il regarda les troncs d'arbre, avisant une goutte d'eau, qui devait être la porte, même si elle n'en avait pas la forme. Il était finalement le point d'ancrage de Lauren dans un océan de souvenirs, tous plus différents et morcelés les uns que les autres. Il lui tenait fermement la main, ne la laissant pas s'égarer. Cela serait si facile pourtant.

    Une fois la porte de la forêt passée, ils se retrouvèrent sur une plage, où se trouvaient Ariane, Lauren et sans doute Joe. Encore une scène du passé, une scène apparemment heureuse. Mais Ted se posait la question soudainement : où était le père de Lauren et Joe ? Il n'était ni au château, ni dans la forêt et pas non plus sur la plage... Il y avait quelques détails qui clochaient dans cette scène qui faisait douter à Ted de l'intégrité des souvenirs ainsi évoqués. C'étaient sans doute des pans du passés, mais altérés par l'esprit perdu d'Ariane qui semblait mélanger réalité et contes... Les ailes de fée de Lauren, la petite queue de sirène de Joe.

    Ce n'était pas une mémoire qu'ils parcouraient, c'était une sorte de livre de contes. Et c'était encore plus perturbant, même si Ted restait muet, observant la scène, les moindres détails, à la recherche d'une logique dans tout ce qu'ils voyaient. Il en fallait une, même un esprit dérangé avait une logique, bien à lui. Il avait lâché la main de Lauren, à moins que ce ne soit elle qui l'ai lâché ? Il ne s'en était pas rendu compte jusqu'à ce qu'il la voit près d'une des cabines qui jonchait la plage. Il se dépêcha de la rattraper, ne voulant pas lambiner, mais ayant peur de louper quelque chose.

    Nouvelle porte, nouvelle scène. Il ne s'était pas attendit à ce que cela soit une bête cabine naturellement, depuis le début, une porte menait à une scène différente. Cette fois, c'était sur une chambre, et Ariane lisait une histoire effrayante à ses deux filles. Ted fronça les sourcils. Ariane avait-elle réellement terrorisé ses deux filles si jeunes au lieu de leur lire un gentil livre de contes ? Et encore des détails insolites d'une réalité altérée... Comm des moustaches de chat, ou un miaulement. La voix de Lauren sortit Ted de ses réflexions.

    « Non, ça ne l'est pas... Il y a des détails qui ne sont pas réels... »

    Au même instant, une ombre effrayante courut sur la fenêtre, faisant presque sursauter le jeune homme qui ne s'attendait pas à ce genre de manifestation. Joe était terrorisée, Lauren riait, puis ce fut le noir et une scène qui avait de quoi effrayer les plus courageux. Lauren s'approcha de la porte qui chuchotait, avant de lui faire part de son incrédulité : nulle présence de son père dans ses souvenirs.

    « C'était ce que je me disais sur la plage. Mais je pensais que peut-être, il n'était pas avec vous lors de ces sorties... »

    Mais apparemment, ce n'était pas le cas. Elle parla également de la modification su souvenir, de ce lit qui n'était pas le sien, alors que la chambre l'était.

    « Ta mère parle toujours en évoquant des comptines, des monstres, des créatures terrifiantes... je suppose que c'est normal que ses souvenirs soient altérés ainsi, parce son univers à elle, aussi fantasque soit-il... Il y a notre réalité. Et il y a la sienne. Et les deux s'entrechoquent... »

    Ils suivirent la porte parlante et se retrouvèrent de nouveau dans le château. Il pouvait y avoir des dizaines de portes, des centaines de souvenirs qui s'imbriquaient les uns dans les autres. Et leur temps n'était pas totalement illimité non plus...

    « Je crois qu'il y en a un oui, même si nous sommes loin de l'avoir écoulé. Enfin je crois, difficile d'avoir une notion de temps ici. »

    Il devait avouer sa propre ignorance. Le temps ici n'était pas le même qu'en dehors de la pensine. Mais si personne ne les dérangeait, cela pouvait durer encore un peu. Lauren tourna sur elle-même, désemparée, avouant son impuissance alors que les souvenirs étaient changés. Il sentit sa détresse, avant d'entendre des chuchotements, que son regard n'accroche le ballon, qui dérivait vers le plafond. Intrigué, il dépassa Lauren pour voir le tableau, non sans jeter un regard à la petite fille qui les regardait.

    « Lauren, viens voir. »
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Dim 17 Mar 2013 - 12:11
- Je ne pourrais même pas affirmer que mon père était là à chaque fois. Dans mes souvenirs il est présent. Mais ce sont des souvenirs plus récents que ceux que ma mère nous montre…

Lauren s’avança vers une porte. Le regard vide d’appréhension. Tentant difficilement de refouler ses émotions. Car tout ce qu’elle voyait là était une écharde plantée entre chaque doigs. Une plaie minuscule, infime, près de l’ongle. Celle qui saigne peu. Celle qui ne se voit presque pas. Mais qui fait un mal de chien. Quand la porte entrouverte dévoila Joe au parc en train de jouer au foot elle ne put s’empêcher de sursauter. Et de la claquer en la refermant.

Des souvenirs plus récents avait-elle demandé sans le formuler. Voilà qu’elle était exaucé.

Mais il y avait quelque chose qui clochait avec ce souvenir là. Joe aurait du être au parc de Glasgow. Celui à côté de leur maison. Dans leur petit quartier. Mais si elle avait vu ce que le souvenir voulait lui montrer, Joe ne courrait pas dans un parc. Mais dans un véritable stade de foot.

Il y a des stades de foot dans les contes de Grimm ?

Et le lit bien trop grand. Et la forêt épaisse et sombre…

Lauren fronça les sourcils sans rien dire. Elle n’était pas sûre de ce qu’elle venait d’observer. La voix de Ted était comme une caresse dans ses pensées. Elle ferma les yeux pour inspirer longuement. Et se tourna de nouveau vers lui pour lui sourire. Un pâle sourire. Un sourire un peu mensonger. Mais un effort quand même.

- Sa réalité et la notre. …. Tu vois. Je crois que c’est ça le plus dur. Savoir que maintenant nous sommes dans deux univers différents. Elle. Elle peut encore rêver. Même si parfois ce ne sont que des cauchemars. Elle ne reviendra pas.

Ses yeux lui piquèrent douloureusement. Elle tenta d’avaler la boule qui lui obstruait la gorge.

- …. Mais nous on peut encore faire quelque chose. On a le temps donc. On les visitera une par une s’il le faut. Très bien.

Même si les souvenirs devaient la gifler à chaque pas. A chaque nouvelle porte entrouverte.

Quant Ted pointa du doigt le ballon près du tableau, Lauren ignora l’enfant. En réalité, elle ne la vit même pas. Et n’était ce pas ce qu’Ariane désirait ? Puisque ses propres yeux bleus étaient rivés à Ted. Le voyait-elle ? Il a été prouvé qu’aucun des acteurs des souvenirs ne pouvaient en aucun cas ressentir les spectateurs. Et c’est ce qui se passait ici depuis le départ. Dans chaque souvenir Lauren avait été moins qu’un fantôme. Qu’une paire d’yeux voyeurs pour ces scènes. Intangible. Mais Ariane avait peut-être ses propres règles. Ou alors ce n’était que le hasard. Peut-être ne fixait-elle pas réellement Ted. Mais la course de son ballon. Ou cette porte marquée d’un ballon de foot minuscule sur la poignée juste derrière lui. Celle que Lauren venait tout juste d’ouvrir.

Qu’importe. Dans un éclat de rire elle s’enfuit.

Il ne reste que le tableau.


Ce que les spectateurs peuvent voir:


Heureusement pour eux deux Lauren avait lu. Beaucoup lu. Peut-être que Ted savait ce que c’était. Mais Lauren l’avait reconnu sans nulle hésitation. Elle avait tant de fois observée les gravures de Doré dans les contes de sa mère. Observée fascinée le chaperon rouge croiser la route du loup. Et cendrillon. Et bien évidemment.

- Le petit poucet.

Le tableau ne s’ouvrait pas sur une nouvelle porte. Ce n’était qu’un tableau, un message. Lauren hocha la tête.

Des petits cailloux. Comme des petites gravures laissées sur des poignées de portes. De minuscules indices sur la teneur du souvenir à l’intérieur.

Il suffisait certainement de trouver la gravure concernant Joe bien plus que particulièrement. Et suivre le chemin de porte à l’intérieur. Jusqu’à celle où.

Non. Pas plus. Pas plus car au loin. Oh si loin dans le passé.



[mention]Dans un passé terrible et triste. C’est ainsi. C’est le passé.

Une femme vient de cuisiner.

Elle a cuisiné ce qui pourrait bien être leur dernier repas.

Et l’impensable[/mention] a écrit:


Que ta fille relève soudain les yeux vers toi. Et c’est étrange car tout autour de toi semble devenir gris. Gris vieux et poussiéreux. Joe a 4 ans non elle a 10 ans non elle en a 7 non elle n’est qu’un bébé un couffin qui pleure posé sur la table de la cuisine. Ou alors elle a 20 ans et elle est cette fille que tu voulais voir vieillir. 20 ans avec ses diplômes de moldus, ses convictions de moldus et sa croyance de sorcière. 20 ans et son sourire sous ses mèches blondes à peine plus longues Merlin tu as vu comme elle ressemble à son père ? 20 ans et un avenir qui n’en finit pas de se tracer.

Dans le miroir derrière elle c’est une enfant de 11 ans qui a arrêté de cuisiner. C’est une réalité plus réelle que celle que tu vis dans ce demi-monde terne. Cette marche d’escalier entre la réalité concrète et ce que tu voudrais imaginer. Pour fuir.

Ta fille de 20 ans a le regard d’un nouveau-né quand elle remarque qu’elle ne peut plus bouger.
Les ombres autour de vous grandissent.

Dans la rue dehors il fait nuit comme dans un tombeau.

Et tu sais.

Ils. Sont arrivés.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Mar 2 Avr 2013 - 12:59
    Lauren ne pouvait affirmer si oui ou non, ce qui leur était montré était étrange ou pas avec l'absence du père. Son esprit ne pouvait pas se souvenir de tout et surtout pas des moments passés alors qu'elle n'était qu'une petite fille. Il était impossible de se rappeler ses souvenirs avant 5 ans. Du moins, c'était ce que l'on affirmait... Voilà pourquoi il n'était pas si douloureux que cela pour Ted de parler de ses parents, il n'en conservait aucun souvenir, comment regretter ce que l'on n'avait pas connu ? Il ne pouvait qu'être mélancolique de quelque chose qui aurait pu être mais n'avait pas été. Mais sinon, il avait des souvenirs très heureux en compagnie de sa grand mère, des Brisson, de Claire...

    Il observait attentivement son environnement, observait Lauren, inquiet pour elle. Cela devait être terriblement éprouvant pour la jeune femme, cette plongée dans le passé, il en avait conscience, tout comme il avait conscience qu'il devait absolument regarder tout cela avec détachement et l'esprit analytique que l'on louait chez les Serdaigle. Il se devait de découvrir ce qui pouvait échapper à une Lauren trop immergée dans cet univers. Trop focalisée sur sa mère, sur sa sœur, pour voir les détails qui pouvaient peut être leur amener une solution.

    Elle regarda par une porte, avant de la refermer violemment. Ted essayait de la rassurer et de s'ancrer dans cette réalité déformée, sans oublier qui il était et ce qu'il venait faire ici. Il était le guide de Lauren quelque part, son point d'ancrage pour ne pas se perdre dans des souvenirs faussés.

    « Lauren... Toi aussi tu pourrais encore rêver... »

    Mais il comprenait ce qu'elle voulait dire. Trop bien. Ariane était hors de leur portée, dans une autre réalité et ils n'avaient pas le pouvoir de la ramener. Lauren devait vivre avec une mère fantôme, avec une petite sœur disparue... Il ne comprenait que trop bien son pessimisme, même s'il était attristé de la voir y céder ainsi et ne rien pouvoir faire pour lui apporter un peu de lumière. Il hocha la tête quand elle reprit la parole en disant qu'ils pouvaient encore faire quelque chose, quitte à tout visiter. Il serait là, il l'aiderait, jusqu'au bout.

    « Je reste avec toi. »

    Il remarqua alors le ballon rouge qui dérivait près du tableau, l'indiquant à Lauren. Il ne faisait pas attention aux souvenirs, puisque même intrus, il était absolument impossible qu'on les voit. Ils ne troublaient rien, ils n'étaient que des spectateurs. Les gens qui étaient là ne les voyaient pas, même s'ils en donnaient parfois l'impression. Ted observa le tableau... Qui le fit frissonner. Des parents, des enfants, qui allaient en forêt et le dernier qui semait quelque chose derrière lui. Sa grand mère était une sang pure, tout ouvert soit-il au monde moldu, il n'en connaissait pas tous les rouages et pas tous les contes. Lauren chuchota à côté de lui.

    « Quoi ? C'est quoi ? Ce tableau a une signification ?»

    Pour une fois, il devait avouer son ignorance concernant cette affaire. Il n'avait pas toutes les cartes en main, il ne connaissait pas le conte. Peut-être aurait-il compris s'il l'avait connu, compris aussi vite que Lauren. Mais qu'importe après tout, tant que l'un d'eux avait une piste à suivre. Ted approcha du tableau, plissant les yeux.

    « Il sème quoi ? Des cailloux ? Pourquoi faire ? »
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Dim 28 Avr 2013 - 8:09
Elle s’approche du tableau comme pour en caresser la toile. Mais s’arrête au dernier moment. Convaincue non pas que sa main va passer au travers. Seulement que tout disparaitra si elle s’avise de trahir le fragile équilibre qui règne ici. La toile n’est pas réellement celle de Gustave Dorée. Tout juste une vulgaire copie, peinture à l’huile dont les traits changent imperceptiblement. Comme si la main du petit poucet n’en finissait pas de piocher dans son sac. Elle s’approche encore. Et son nez est à moins d’un centimètre de la surface. Le visage de Poucet n’est pas celui de sa sœur. Mais d’Ariane.

« Il était une fois une famille très pauvre de bûcherons. L’hiver vint cette année-là, plus cruel que les précédents. Les récoltes mourraient et il n’y avait pas assez pour tout le monde. Ni pour les hommes, ni pour les bêtes. Et cet hiver-là la famine fut une plaie qui réduisit les villages à des villes fantômes. »
S’entendit-elle raconter, d’une voix blanche.

« Le père ne savait plus comment nourrir ses 7 enfants, 6 grands garçons courageux et un septième, mal-né, aussi grand qu’un pouce, ce qui lui valut le nom de Petit Poucet.

Un soir, assit près du feu, le père finit par s'entretenir avec sa femme sur leur destin. Et décida malgré lui qu’il valait mieux perdre les enfants dans la forêt plutôt que de les voir mourir sous leur nez. La mère pleura beaucoup mais acquiesça à ce choix. Mais Petit Poucet, caché en haut des escaliers, assista à tout cela. »


Le ballon dérive lentement dans les dorures du plafond. Des dorures grises de poussière et d’autre chose. Avant de disparaitre en hauteur des escaliers. S’élever dans cet enchantement de portes et de couloirs. Tout cela soudain, rappelle Poudlard. Ou une version étrange de Poudlard. Une version où les tableaux français rappellent l’histoire d’un monde derrière le monde. Dans les couloirs on chuchote et l’ont rit. Ce n’est plus le château. Non. C’est l’intérieur d’une gigantesque école. Lauren se détourne comme pour chercher les élèves des yeux. Mais il n’y a rien ici, pas même des esquisses de fantômes.

Les couloirs élargit et les salles de cours. C’est Beauxbâtons.

« Quand le père le lendemain a proposé une promenade au fond des bois, pour ramener des fagots à nourrir la cheminée, les enfants ne se sont doutés de rien. Mais Petit Poucet a filé vite ramasser des pierres. Les semant sur le chemin. Ainsi, quand les frères se sont retrouvés seuls, dans cette clairière, avec la nuit qui s’en venait, Petit Poucet pu les rassurer, et les ramener à la maison. »

Elle se penche soudain près d’une porte. Observe le dessin au-dessus de la serrure. C’est un animal immense qui y est représenté. Mais cela ne lui rappelle rien, ni histoires ni souvenirs de sa sœur.

« Bien sûr, d’abord heureux de les retrouver, car la mère pleurait beaucoup, les parents décidèrent une nouvelle fois de les perdre, plus loin, la semaine suivante. Mais Petit Poucet qui était toujours à l’affut, sous la table ou dans le placard, entendait ces plans et allait ramasser des pierres. Ainsi pour la deuxième fois, les enfants revinrent à la maison. Mais il advint qu'un jour il y eut beaucoup de neige. Et il ne pu trouver des pierres à ramasser. Alors il attrapa en désespoir de cause une miche de pain sur la table. Et quand les parents décidèrent de les emmener, il en sema les miettes le long du chemin. »

Une autre porte, un labrador. Elle fronce les sourcils. Se détourne encore.

« Mais quand ils essayèrent de revenir sur leurs pas. Les morceaux de pain n’étaient plus là. Les oiseaux les avaient mangé. Alors le Petit Poucet grimpa en haut d’un arbre pendant que ses frères pleuraient. Et essaya de trouver une lumière, un indice pour ne pas qu’ils passent la nuit dehors. »

Une autre porte. Et sa voix se coupe.
C’est un dinosaure.

« .......... Ils arrivent finalement à la maison de l’Ogre, réussit à le tuer. Petit Poucet lui vole ses bottes et son trésor. Et ils retrouvent une nouvelle fois le chemin vers leurs parents. »

Elle se redresse pour tourner la tête vers Ted. Et pointer la poignée de porte du doigt.

« Ma mère nous a laissé des indices sur des portes. Comme des pierres. Et elle. C’est Petit Pied. C’est la porte de Joe. Si on suit les bonnes portes, on trouvera la fin de l’histoire. »

Mais si celle de Petit Poucet se termine bien, ce n’est certainement pas le cas de celle de Joe. Alors à qui serait destinée la fin heureuse de ce conte ? Si ce n’est pas non plus pour Ariane. A qui est destiné le tableau qui raconte simplement l’histoire d’abandon, de choix douloureux, de maison retrouvée après des épreuves, après des combats, et des vols, et de tricheries... A qui donc ?

Lauren l’ignore. Teddy le sait peut-être.

Ils entrent par la porte, les deux Alice. Alors que tout change encore.

C’est le parc à côté de chez elle, puis la piscine municipale de la ville, non c’est encore une salle de classe, la CM2 de madame Rosier (Rosier, elle tique à l’ironie des noms, comme si Dieu n’était chargé que de mépris), non c’est une chambre d’enfant, non c’est un dessin animé, et puis tiens redevient la mer, et puis tiens devient une salle circulaire aux murs de miroirs.

Et Joe tournoi au centre, les mains levées. Alors que dans ses reflets elle a 7 et 6 et 4 et 10 et 1 et 9 ans.

« Dansons la marelle, sur le pont d’Avignon ! Dan-sons la maaaa-relleuh. Et on cueillera-des-champignons ! »


Lauren reste au pas de la porte. Le temps de prendre en compte l’illusion que représente cette pièce ronde.

Les reflets des miroirs ne dansent pas comme la Joe de 11 ans qui lui font face. Ce n’est pas réellement des reflets en vérité. Juste des témoins attentifs à la scène. Des témoins au visage de sa sœur. Même le bébé là dans son couffin semble fixer la porte derrière la Joe qui danse, avec une attention adulte qui met Lauren mal à l’aise.

Elle franchit la pièce, sans que Joe ne la voit bien sûr. Et s’approche de la porte.

Sous la serrure. Un ty-rex.

« Jamais on a vu. »


Elle sursaute comme si on venait de la piquer.

« Jamais on ne verra. »


Elle se tourne pour fixer l’enfant qui chante. Qui joue non plus à la marelle ou à danser. Mais à la corde à sauter.

« La famille tortue courir après-les-rats. »


Ted est de nouveau près d’elle. Et elle se rend compte simplement qu’elle sait. Qu’elle sait ce qui va se passer de l’autre côté. Qu’elle en est blanche, plus blanche et terne que cet endroit, et que son ciel. Qu’elle claque des dents.

« ….. Tu peux l’ouvrir s’il te plait ? »

« Le papa tortue. La maman tortue. Les bébés tortues. Iront toujours. »
« au bois. »
« au-paaaas »

Derrière la porte, un couloir. Au bout du couloir une autre porte. Une autre entrée. Ou alors une sortie. Qui est en bois blanc. De ce bois blanc crème qui rappelle le salon. John y a veillé. Et qui ne porte aucune marque sur la serrure. Pas besoin.

Au-delà du couloir, c’est la cuisine. C’est leur maison. Même si ce couloir appartient encore aux rêves d’illusions de sa mère. Le couloir n’est qu’un chemin. Et le ballon flotte près du plafond. Dans cette absence de lumière.

Les attends.
Ou tout du moins. Attends bien quelque chose.

« Regarde maman je vole »
murmure le souvenir d’Ariane quand Ted pose la main sur la poignée de porte.

Avant que tout disparaisse, comme avalé par la vérité. Dans un bruit qui rappelle de l’eau fuyant dans la canalisation. Un chuintement liquide qui tord les entrailles. Tout est noir là.

Tout est perdu là. Dans la maison de l’ogre.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Lun 13 Mai 2013 - 14:49
    Ces souvenirs étaient réellement bizarres. Surtout qu'ils étaient truffés d'énigmes et que les deux sorciers devaient tout faire pour les résoudre, ne pas se perdre dans un labyrinthe de souvenirs qui ne les mènerait pas vers leur but ultime. Et voilà qu'ils se retrouvaient face à un tableau, qui malheureusement, ne parlait pas du tout au jeune sorcier. S'il était plutôt à l'aise avec la culture moldue, il n'en connaissait pas non plus toutes les ficelles et les contes, par exemple, lui échappaient totalement. Sa grand-mère qui l'avait élevé demeurait une Sang Pure, même si elle avait aimé et avait vécu avec un né Moldu. Les parents de Claire étaient des sorciers également... C'était là qu'il se rendait compte qu'il ne savait pas grand chose de Lauren... Elle était à l'aise parmi les Moldus. Il avait l'impression qu'il n'aurait pas assez de 10 ans pour la connaître.

    Alors, Lauren lui conta l'histoire. L'histoire de cette famille de bûcherons trop pauvres pour élever tous leurs enfants et qui décidèrent de les abandonner pour ne pas les voir mourir de faim. C'était une moralité plus que discutable, mais il y avait des contes tout aussi cruels, voire davantage dans le monde sorcier et de toutes façons, Ted n'était pas vraiment là pour émettre un avis à ce sujet. S'il y avait ce tableau, précisément à cet endroit, c'était sûrement pour une raison connue de l'esprit d'Ariane seulement, mais qui était logique pour elle, si elle échappait aux deux sorciers dans leur quête de vérité.

    La suite de l'histoire était que le dernier des enfants les avait entendu et avait semé des cailloux pour pouvoir revenir. Mais les parents récidivèrent et cette fois, Poucet n'avait pas de cailloux entre les mains, juste du pain, mangé par les oiseaux, ce qui les empêcha de retourner au domicile. Ils étaient réellement perdus. Lauren observait les différentes portes, mais ne les franchissait pas, tout en racontant l'histoire. Ted écoutait attentivement, tout comme il regardait autour de lui, ne reconnaissant pas ces couloirs, ou ces portes, mais Lauren, elle, semblait chercher quelque chose de précis.

    La fin était heureuse. Les 7 enfants échappèrent à l'ogre qui fut tué, Poucet prenant ses bottes et son trésor, ce qui permit à tout le monde de vivre heureux. Lauren se redressa soudain pour indiquer une des portes du doigt, expliquant que sa mère avait laissé des indices sur les portes, comme si elle avait semé ses propres cailloux. Lauren indiqua que cette porte là était celle de sa sœur. Qu'il fallait suivre les bonnes portes pour trouver la fin de l'histoire... Qu'ils connaissaient tous deux, mais pas dans les détails. C'était une histoire triste, malheureusement. Il n'y aurait pas d'ils vécurent heureux jusqu'à la fin des temps... Pas pour Joe, pas pour Ariane. Mais il y avait encore Lauren... Lauren qui était rongée par le passé au point de ne savoir goûter le bonheur dans le présent... Il jeta un dernier regard au tableau, tenant ses réflexions pour lui, avant de suivre Lauren.

    Le décor changea plusieurs fois, mais au centre, il y avait une petite fille et quand la salle devint miroirs, ses reflets étaient d'âges différents. L'enfant chantait une comptine, inconnue de Ted, encore une fois, une comptine moldue sans doute. Il n'écouta pas les paroles, regardant les reflets, qui sont attentifs, braqués sur l'enfant qui danse et qui chante. Lauren décida de traverser la pièce, suivi de Ted qui ressent un léger malaise, alors que son cœur s'emballe, qu'il sent qu'ils approchent du but, avec cet instinct propre aux gens de sa maison. Il se raidit en entendant Joe chanter la comptine qu'Ariane répète encore maintenant. Un indice qu'ils sont proches ? Une mise en garde de ce qu'il se trouve de l'autre côté ?

    Lauren est pâle près de lui, tremblante, alors qu'elle lui demande d'ouvrir la porte. Il passe ses bras autour d'elle et lui frotte les épaules, avant de murmurer :

    « Ça va aller, Lauren. Si c'est trop difficile, ne regarde pas, n'écoute pas, je le ferais. »

    Parce que ce qu'elle risque de voir, c'est la mort de sa petite sœur chérie, et la façon dont sa mère a basculé dans la folie. Et il comprend aisément qu'elle en soit terrifiée. Lui même a peur, alors que cela ne le concerne même pas, mais voir une innocente tuée... Et ne rien pouvoir y faire, juste être un spectateur impuissant... Un cauchemar. Sa main se pose sur la poignée et il ouvre la porte, découvrant un couloir. Ils le suivirent jusqu'à une autre porte. Et encore un couloir, mal défini, alors que la ballon flotte et attend. La fin de leurs recherches ? Ted pose sa main sur la poignée et là, une dernière phrase, avant que le noir n'egloutisse les deux adultes, les deux intrus.

    Ils y sont arrivés.

    Et vont peut-être le regretter... Ted agrippe soudainement la main de Lauren dans la sienne. Celle de la jeune femme est glacée, et il espère juste lui apporter un peu de réconfort.

    Car la suite risque de la briser.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
ce message a été posté Mer 15 Mai 2013 - 16:54
Et ainsi la porte s’ouvre. Comme elle s’ouvre en chacun de nous. Sur un désert chaotique. Où les biens, les souvenirs et les pensées s’enfoncent. Comme dans un marécage. Et surgissent au détour du regard. Un peu comme des mains de cadavre qui se tendraient vers le ciel.

Dans cette armada de tristesse il y a une maison dans laquelle ils entrent par la petite porte. Aussi discrètement que pourrait le faire une souris fureteuse. Ils se tiennent la main. En tout cas Lauren s’y accroche comme elle peut. Parce qu'elle reconnait les murs. Elle reconnait les photos qui les ornent. Elle reconnait le chemin.

Un éclat de voix les interpelle. C’est Lauren qui les dirige tout deux. Ils traversent le couloir. Passant devant l’escalier qui mène aux chambres. Pour finalement envahir le cadre de l’entrée du salon. A genoux dans ce sable. Un sable gris est poussiéreux. Il y a deux petites filles. Très sages. Qui frappent dans leurs mains au rythme d’une musique qu’elles chantonnent. En se racontant des histoires.

- Un éléphant pendu les pieds se balance sur une toile toile toile toile d’araignée !


C’est Ariane.

- Craquera-t-elle craquera pas. Tombe et chute dans le soda !

C’est Joe.

Lauren ne sait plus si elle veut regarder. Tellement l’esquisse d’Ariane lui ressemble à dix ans. Mais la main de Ted n’a pas quitté la sienne. Et surtout. Elle le doit.

Elle n’est pas venue jusqu’ici pour renoncer. Malgré la difficulté de l’acte qui s’approche.

Car enfin la vérité arrive.

Les deux petites s’arrêtent. Se tournent. Et la brune semble se cacher derrière la blonde.

- Ils sont là ?

- Oui ils sont là.

Lauren s’approche d’un pas. Glisse son regard sur la silhouette encapuchonnée de rouge de Joe. Avant d’observer la tenue d’autrefois d’Ariane. Elle a un vague sourire.

Blanche rose et rose rouge.

Quand elle se tourne pour l’expliquer à Ted, elle ne peut réprimer un cri d’horreur.

Derrière Ted. Trois formes. Comme sculptées dans un goudron liquide. Un goudron qui bouillonne et tombe au sol. Y formant des trous de la taille de piécettes, et tout cela fume. Tout cela pue le mal affamé. Les silhouettes sont reptiliennes. Et rappellent à Lauren les dinosaures de ce même dessin animé. Tout d’un coup. Elle comprend.

Dent tranchante.

Voilà ce que sa mère suppliait de l’épargner.

Leurs gueules s’entrouvrent. Les cratères de leur museau hument l’atmosphère du souvenir. Les deux petites dans le dos de Lauren tremblent férocement.

- Ils vont te manger, ils vont te manger,
répète Ariane.
- Non. Souffle Joe. Non pas cette fois.

Elle se relève. Ramasse au sol une brindille qui traine.

- Pas cette fois.

Elle inspire. Et hurle.

- CAR JE NE TE CRAINS PAS. GROS MOCHE.


Et Lauren termine pour elle. Alors que les ombres s’abattent sur la création délirante d’Ariane.

Car ton cœur est pur.


- JE T'AVAIS DIS QU'IL TE MANGERAIT ! ILS TE MANGENT TOUT LE TEMPS !!!!!


Comme de l’eau de roche.

Le noir envahit tout. Envahit l’irraison. Dévore le corps de celle qui est un petit chaperon rouge bois dormant princesse des mille et une nuit chevalier des contes dompteuse de petit pied et blanche neige.

Dévore le corps sous les hurlements d’Ariane. Jusqu’à ce que la nuit taise tout.

Jusqu’à ce que la lumière apparaisse. Enfin.

Car la folie ne peut pas tout submerger.

Et la vérité arrive. Repoussant l’imaginaire.



~~~




- Tu l’as tué.


Ils sont trois. Ils sont arrivés en pleine nuit dans cette maison de banlieue. Ils avaient un peu trop bu. Pourtant aucun d’entre eux n’admettra que c’est une excuse valable. Certainement car ils n’en cherchent pas. Ils sont là pour une raison. Ils viennent de commettre un crime. Mais ce n’est certainement pas leur premier. Ni leur dernier.

Cela ne signifie pas qu’il était prévu à l’histoire.

Celui qui vient de parler est un homme au visage rongé par la barbe. Il a les cheveux bruns, l’œil un peu fou. Et cet œil est posé sur le cadavre que son ami de toujours ; celui qui a toujours la baguette levée ; celui aux cheveux impeccablement coiffés en arrière ; vient de tuer.

L’autre dans la cuisine se fout bien des raisons et des circonstances. Ce qui est fait est fait. Actuellement il se démène pour retenir la folle qui le mord et le griffe. Une tarée de toquée qui a engendré la chose immonde étalée au sol actuellement. Car il ne la voit pas autrement.

Il ne la voit pas comme une petite fille en tout cas.

Et le tueur. Mais on devrait dire les tueurs, car ils sont tous impliqués. Disons ; celui qui vient de jeter le sort parle enfin. Sa voix est douce et suave. Il est plaisant et aussi dangereux que charismatique. Sa voix s’infiltre dans les pensées de Lauren. Aux yeux écarquillés. Qui se répète pour ne pas hurler.

N’oublie pas. N’oublie jamais.

- Christopher, fait taire cette sang-de-bourbe.

- Je la stupéfixe ?

- Tue la idiot.

Barbe-noire s’approche. Pose une main tremblante sur l’épaule de son ami. Il vient de dégriser.

- Stephen. Je pense pas que –

- Tu veux la laisser vivre ?
- C’est assez pour ce soir.


Stephen se tourne. Le visage aussi glacial que de la neige. Figé dans la colère.

- Ca ne sera assez que quand cette purulence aura débarrassé notre monde. Tu regrettes ? Nous étions venus pour quelque chose ce soir. Ce qui est fait devait être fait. Cette saloperie de cracmol a crevé comme elle le méritait. Au tour de sa putain de mère.

Est-il encore en proie à l’alcool ? Ou est-ce là son comportement de tout les jours ? Ces questions rationnelles aident Lauren à ne pas sombrer. A ne pas fuir. Elle n’a pas conscience d’être tombée à genoux.

Christopher pointe déjà sa baguette sur la tempe d’Ariane. Qui n’en finit plus de hurler. Mais Barbe-noire les retient encore.

- Un cadavre suffit. La milice ne devrait pas tarder.
- Je ne crains pas la milice.

Stephen ne craint personne.

Ariane hurle de plus belle.

- DOLORISE LA ! Qu’elle crie pour quelque chose !

Christopher s'exécute avec un sourire narquois.

- Tu ne veux pas la mère Simon ? Très bien épargnons la mère. Mais nous n’allons pas nous cacher comme des sombrals. Nous sommes ici pour le Lord. Et tout ceux vivant dans ce quartier. Tout ceux là doivent savoir que le sang est respecté. Que le sang pur est craint. Et que les pestiférés qui forniquent avec des sang-de-bourbe et engendrent des abominations seront punis. Punis comme il le mérite, pour la survie de notre société. Pour notre avenir à tous.

Barbe-noire hoche prudemment la tête.

Sur le sol. Le corps rigide de Joe aux yeux grand ouvert côtoie la baguette d’Ariane.
Stephen la désigne du menton.

- Surtout quand la purulence ose pointer une baguette magique sur un membre honorable de notre société.

Simon évite de dire que la-dite purulence n’aurait rien pu jeter comme sortilège. Justement. Il a assez parlé.

- Maintenant aide-moi à l’élever en exemple.

Il franchit le pas de la porte du salon. Envoie Ariane contre le mur d’un geste sec du poignet. Le corps de cette dernière s’écroule enfin. Et se tait.

Ce n’est qu’une fois la porte claquée. Et le corps de Joe emporté. Que le souvenir tressaille enfin. Se découpe en pièces de puzzle qui se mettent à voler. Et change.

Lauren se retrouve dans la rue. Aux côtés de Ted. Son poing est fermement plaqué contre sa bouche. Elle ne sait pas si elle peut vomir. Ici.

Ses yeux ne quittent pas le ciel.

Au-dessus de la maison. Dans une lueur verdâtre qui émane du serpent et de la tête de mort. Joe vole.

- JOELLE !

Le hurlement vient d’Ariane. Elle a du sortir. Son front saigne. Autour d’elle le désert. Personne. Les fenêtres aux alentours ne s’éclairent pas. On feint l’ignorance.

- JOELLIE ! JOE !

C’est John qui la rattrape. Ce sont les craquements des miliciens qui transplanent.

Non loin de tout ça. Une enfant de 13 ans accompagnée d’un professeur vient d’arriver. Elle s’approche de la scène. Semble glisser au sol. Ne pleure pas et ne crie pas.

Elle est si proche de Ted. Qu’il ne peut que la reconnaitre.

C’est le début de tout.
Le début de Lauren.

- JOE ! JOE !!!!!!!!!

Les étoiles tombent en laissant dans leur sillage comme de la poudre d’or.
Et le monde entier semble murmurer.

Regarde maman.


N’oublie rien. N’oublie jamais.

Je vole.


Christopher Simon Stephen. Leurs visages.
Dents tranchantes.

Maman je vole.


N’oublie rien.
N’oublie jamais.
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Re: Ariane's notebook (Pour Ted)
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