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❝ Thanks Bitch ❞
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Eireann Callaghan
Poulpe d'Or du plus beau fessier
Eireann Callaghan
Messages : 7271 Crédits : © mind dreamer
Age du personnage : 27 ans
Ascendance : Sorcier basique
Emploi/Etude : Professeur de SCM à l'Institut - Congé forcé
Faction : Ordre du Phénix
Maison : Poufsouffle

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Thanks Bitch
ce message a été posté Mer 4 Sep 2013 - 7:46
Décembre 2018

Jane lui avait posé un lapin. Cette traitresse avait trop de boulot, encore. Patati et patata toute la journée, ça n'arrête pas. Elle avait décidé de boire quand même. Pathétique ? Oui mais elle avait ses raisons. Sirotant mécaniquement le contenu de son verre, elle laissait son esprit divaguer, bercée par le mouvement du Chemin de Traverse, par les allers et venues des sorciers. Il faisait nuit, il faisait froid mais rien n’empêchait les gens d’évoluer comme avant dans les rues. Comme avant. Avant la mort du Lord. Eireann était encore perdue vis-à-vis de tout cela, elle avait choisi de s’investir doucement dans la campagne d’Ernest Metelli, discrètement pour qu’il ne lui arrive pas des bricoles au Ministère. C’était un peu la dernière chose qui lui donnait de la motivation. Thomas avait disparu et plus rien n’était pareil dans le service, Jane s’évaporait sans cesse et puis… Elle sortit la paille de son verre et avala d’une traite ce qu’il restait dans son verre. « Elle a bien soif la demoiselle. Quelque chose à fêter ? » Oui, bien sûr, sa tête rappelait tout à fait l’ambiance joyeuse d’une petite sauterie : cernes, regard vide, sourire en berne, cheveux aussi ternes que ses pensées… « Ouais, je fête le presque retour de ma dignité. Et un autre verre sera utile. » Le barman comprit qu’elle n’était pas d’humeur et se contenta de remplir à nouveau son verre.

Sa dignité. Est-ce qu’elle l’avait réellement laissée revenir dans sa vie ? C’était ce qu’elle se disait pour se rassurer, pour appuyer son choix. Mais cette petite chose pouvait-elle réellement revenir après avoir été piétinée si longtemps ? Eireann avait fait le bon choix, elle voulait y croire. Même si elle en souffrait, même si replonger dans son vice serait aisé, elle avait décidé de tout arrêter, de ne plus se laisser détruire par cette relation à sens unique. Keenan avait tout écrasé chez elle : son amour propre, son orgueil, sa joie de vivre, son insouciance, son amour… Qu’il en ait été conscient ou non ne changeait rien : elle était brisée et pour se reconstruire, elle avait dû être forte, faire preuve d’une volonté de fer pour le balayer de sa vie. Comment en étaient-ils arrivés là ? Elle le savait. Eireann était lucide, tout était de sa faute à elle. A cause de sa naïveté maladive, elle y avait cru. Oui, elle avait cru qu’il finirait par l’épouser, elle, la petite basique. Parce que la loi l’autorisait, parce qu’elle avait eu la certitude qu’il l’aimait et que l’amour était plus fort que tout. Foutaises. Merci Maman, merci papa pour cette erreur monumentale. L’avait-il seulement aimée après tout ? Elle pensait que oui, au début, quand ils étaient jeunes, naïfs, épargnés par le reste. Elle aurait dû comprendre que c’était fini lorsque les vieux O’Broin avaient fiancé le grand brun. Elle aurait dû sentir qu’elle avait été la seule à y croire, que la facilité avec laquelle Keenan avait accepté la "fatalité" ne pouvait qu’être un signe avant coureur de sa propre perte. Un mois qu’elle avait enfin réussi à le repousser et elle n’allait toujours pas mieux. Cruche. Elle avait réellement cru pouvoir oublier si vite ? Non, c’était sa spécialité à lui ça. Il était doué dans le domaine.

Les cris ne résonnaient plus dans sa tête, seules les larmes et le déchirement restaient. Eireann se détestait pour cela, pour sa faiblesse, elle se détestait parce qu’elle avait envie d’aller le trouver, de lui dire qu’elle oubliait tout pourvu qu’il ne voit qu’elle. Si seulement. Comment avait-elle pu accepter de ne pas voir ? Parce qu’elle avait vu. Elle avait tout vu, entendu. Tout le monde savait que l’héritier O’Broin était volage, qu’il refusait de rentrer dans les rangs. La rumeur, cette chienne qui avait fait de sa vie au Ministère un enfer ces derniers mois. Elle avala son verre d’une traite, comme celui d’avant. Le barman lui en servit un autre, sans commentaire cette fois mais la pitié sur son visage suffit à Eireann pour comprendre le pathétisme de la scène. Elles les avaient vu ces poufiasses, elle les avait senties sur ses vêtements quand il venait la voir. Et pourtant, elle n’avait rien dit. Elle avait juste fermé les yeux, comme une gosse qui pensait qu’ainsi, tout disparaîtrait. Si seulement. Comment la petite poufsouffle heureuse et souriante en était-elle arrivée là ? Comme beaucoup de pauvres filles avant elle. Force de caractère mes fesses. Elle s’était écrasée, elle l’avait fermée, elle avait accepté. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle. Et à lui. Le détester restait le meilleur moyen de ne plus l’aimer.

Jane lui manquait. Elle ne la voyait quasiment plus, même en vivant ensemble, elles ne faisaient que se croiser. Sa chère cousine passait son temps à l’étranger. La mort du Lord avait créé un sacré bordel dans les relations internationales et chacun devait mettre la main à la pâte. Est-ce que c’était une si bonne chose que cela, la mort du Mage Noir ? Eireann en doutait finalement. Elle n’avait connu que ça, avait grandi dans ce monde qu’il avait façonné et s’en était plutôt bien sortie. Si Metelli finissait par sortir du lot, la vie serait peut-être plus belle mais avait-elle envie d’une vie plus belle aujourd’hui ? Elle savait simplement qu’elle voulait trouver le moyen de vivre à nouveau.

Avalant plus lentement son troisième verre, elle se perdit dans la contemplation du bar. Jusqu’à ce qu’elle croise le regard d’une blonde. Instinctivement, sa main se vissa plus étroitement encore à son verre. Alice Torvald. Les raisons pour lesquelles Eireann connaissait ce nom n’avaient rien de réjouissantes. Elle en avait ôté des cheveux de cette garce des vêtements de Keenan. Elle fusillait la policière du regard sans même s’en rendre compte. Elle n’aurait jamais dû venir dans ce bar, elle aurait dû rentrer pour mourir dans son lit. MAIS elle fêtait le presque retour de sa dignité après tout.  « Offrez un cocktail à la trainée blonde là-bas de ma part. Hum... Un truc qui dit "Grâce à ta cuisse légère je me porte mieux". » Le barman haussa un sourcil et s'activa, laissant le soin à un serveur de porter la mixture à Alice.  « Un "Thanks Bitch" de la part de la demoiselle brune au bar. » Ah ouais, le nom du cocktail lui plaisait bien.  « Je crois que je vais me prendre la même chose au passage. »
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Re: Thanks Bitch
ce message a été posté Mar 1 Oct 2013 - 15:02
« Quelle journée par Morgane ! À ce rythme ils vont nous user avant même que les élections arrivent vous allez voir. Keegan, Hodge, un verre au Lutin pour fêter la fin de la semaine ça vous dit ? »
« Peux pas vieux, ma femme va encore m’briser les puffapods si j’traîne après la débauche. »
« Elle te tient à la baguette ta femme dis donc. Fait gaffe, bientôt elle te mettra aussi aux fourneaux. » Ricane Webster en faisant claquer une main sur son épaule, pas embarrassé pour deux noises par le caractère sexiste de sa remarque. « Hodge ? »
« J’en suis. » Acquiesce le garçon au moment où une blonde rentre dans le vestiaire de la Brigade. Le rouquin pivote aussitôt vers elle, le sourire aux lèvres. « Hé, Torvald, tu nous accompagne boire un verre au Lutin ? »

Alice ouvre son casier avec un grincement métallique avant de dégager sa veste de service de ses épaules. L’intervention de Hodge la coupe dans son élan. Elle se fige une seconde. A-t-elle envie d’aller boire un verre ? Elle a passé la journée à courir après Teagan, un fichu journaliste qui ne sait définitivement pas garder son nez en-dehors de ce qui ne le regarde pas ou qui ignore tout simplement ce que signifient les mots « Interdiction de pénétrer sur les lieux » à l’entrée d’une propriété. Et pourtant ce n’est pas faute de les lui avoir expliqués au moins une dizaine de fois… Bref, avant que cette proposition ne tombe sur la table, elle se voyait déjà rentrer chez elle puis se verser un verre de vin qu’elle dégusterait à petites gorgées en se prélassant dans un bon bain chaud.

« Après tout pourquoi pas ! Si c’est toi qui invite bien sûr. » Ajoute-t-elle avec un sourire désarmant de spontanéité. À la lueur qui s’allume dans le regard de son coéquipier, elle sait que c’est gagné.

Le Lutin Facétieux est bondé à cette heure de la journée. En début de soirée presque la moitié du Ministère a l’habitude d’y traîner pour évacuer le stress accumulé durant les heures de travail. Pourtant les discussions qu’on y entend y sont souvent liées. Untel en profite pour se plaindre de son supérieur hiérarchique, un autre pour exposer les ramifications d’un dossier délicat. Chacun y va de sa petite histoire, et entre deux drames on prend parfois le temps de raconter une bonne blague. La vie dans tout ce qu’elle a de plus banale en somme. Ça n’a jamais dérangé Alice. Même si l’endroit manque un peu de piquant pour qu’elle y reste plus d’une heure ou deux ou qu’elle vienne s’y défouler le weekend, elle sait l’apprécier. Elle y croise toujours quelqu’un qu’elle connaît.

Quand le serveur s’approche d’elle et dépose un verre sous son nez en lui indiquant qu’il vient de la fille assise seule au comptoir, la blonde est pourtant bien forcée de hausser les sourcils de surprise. Elle se retourne et jette un œil à sa mystérieuse bienfaitrice. Brune. Jolie. Un visage doux aux joues bien rondes. Le genre qui donne envie d’y croquer. À bien y regarder elle lui dit vaguement quelque-chose. Elle doit travailler dans un autre département au Ministère, elles ont forcément dû se croiser dans les couloirs. Peut-être qu’elles ont été amenées à collaborer sur un dossier. Son verre à la main, Alice s’excuse auprès de ses collègues et quitte leur table. Elle n’aime pas rester sans réponse. Déformation professionnelle sûrement.

« Salut. On se connait ? Pas que j’apprécie pas qu’on m’offre du carburant sans que j’ai rien demandé mais d’habitude ça vient plutôt des mecs. Le trip lesbien c’est pas vraiment mon truc à priori mais, hé, t’es plutôt mignonne, si t’arrive à me convaincre on pourra peut-être arriver à quelque-chose toi et moi. »

La provocation est facile. Mais tellement irrésistible. Alice sourit. Ce n’est qu’une blague. Elle n’a pas l’intention de mettre son interlocutrice véritablement mal à l’aise mais elle devine à la tête qu’elle tire qu’un peu d’humour ne peut pas lui faire de mal. Elle remarque également que le même cocktail que le sien trône sur le comptoir devant l’inconnue et tend alors son verre dans sa direction.

« On trinque à quoi ? »
Eireann Callaghan
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Re: Thanks Bitch
ce message a été posté Mer 2 Oct 2013 - 22:15
Eireann était fière de son approche, très fière. Tout était parfait : le contexte, le nom du cocktail, son humeur vengeresse… Mais quand la blonde s’approcha pour lui parler de plan lesbien et de possibilité d’aller plus loin... Elle comprit qu’elle s’était royalement vautrée et que la trainée du Ministère ne savait même pas qui elle était. La portée de son message venait de s’écraser contre un mur et elle aussi par la même occasion. Fabuleux.
Fallait-il réellement qu’elle continue encore et encore à se ridiculiser ? Visiblement, oui. Jouer la carte du pathétisme jusqu’au bout, passer pour la reine des connes, l’impératrice des gueuses. Elle aurait peut-être dû y réfléchir à deux fois avant de vouloir se prendre pour une fille capable de se détacher de sa détresse et de remettre à sa place l’une des causes de sa peine.

Roh et puis merde. Eireann leva son verre pour le faire tinter contre celui de sa rivale – qui n’avait aucune conscience de l’être d’ailleurs. « On trinque à l’aide que tu m’as apportée. » Puis sans attendre, sans même réellement la regarder, elle s’enfila une bonne rasade du liquide avant de grimacer. « Et ça se veut alcool pour fille pas trop délicate ? On prendra une vraie bouteille après. » Elle se décida à enfin regarder la jolie blonde en face. Elle la détailla longuement avant d’ajouter quoi que ce soit. Elle n’avait rien d’une princesse fade, d’une fille douce et mignonne. Elle avait tout de la fille qui aurait pu être un garçon. Et c’était dans son regard, dans ses gestes que ça se passait. Elle avait quelque chose d’engageant dans les yeux, quelque chose qui accrochait le regard quand un sourire venait se loger sur son visage. Sans être le modèle de la beauté selon Sorcière Hebdo, elle était belle. Eireann en eut envie de vomir. Elle réprima son haut-le-cœur avant d’ouvrir la bouche, pour éviter de déverser ce qu’elle venait d’avaler sur la policière. Même si au final, elle aurait bien aimé lui faire cette crasse. « Je sais que tu ne manges pas de ce pain-là. Je le sais bien. Moi non plus. Eireann Callaghan. J’avais aussi l’habitude de me laisser avoir par O’Broin. Quoi que, j’étais peut-être la seule à ne pas savoir qu’il s’envoyait tout le Ministère, tout Londres et sûrement plus encore. » Sans quitter sa bête noire des yeux, elle reprit une bonne grosse gorgée du cocktail. Finalement, elle commençait à s’y faire. De la téquila, une touche de framboise, un peu de citron, de l’ananas et un autre arrière goût sucré étrange qu’elle ne réussit pas à définir. Le résultat était rose. Très fille. Elle aurait peut-être dû miser sur un cocktail plus masculin, plus violent. Elle avait besoin de boire.

Elle finit par regarder autour d’elle. Elle avait l’impression que tout le monde la regardait. Ou plutôt les regardait. Ce n’était que son imagination qui lui jouait des tours mais elle n’y pouvait rien, elle avait l’impression de se trimballer partout avec une grosse étiquette collée sur le front. Une étiquette où l’on pouvait lire « Pauvre fille bien naïve ». Et oui, au début elle avait cru que Keenan la trompait. La première fois, elle lui avait fait une scène, du genre tu étais avec une fille, c’est ça mais non, il était au boulot. Puis après, au fil des mois, des longs mois, elle avait percuté. Non, il ne la trompait pas. Est-ce qu’on trompait une personne avec qui on s’envoyait en l’air occasionnellement ? Parce que c’était ça qu’Eireann était devenue, une fille parmi tant d’autres. Une pauvre fille bien naïve. La bonne cruchasse qui avait cru que parce qu’elle avait toujours été sincère avec son premier et grand amour, la vie ne serait pas une chienne avec elle. Ah ah ah. La blague était terminée, on s’était bien foutu de sa gueule mais maintenant, il fallait revenir sur terre et ouvrir les yeux. Elle l’avait fait, elle n’était qu’une ignoble basique quatre qui n’avait fait que s’accrocher à un simulacre de relation avec un homme qu’elle avait cru connaître. Bref. « C’est grâce à toi et à toutes les autres morues – ne le prends pas mal – que j’ai fini par me dire que je pouvais finalement me porter bien mieux en arrêtant de le laisser se foutre de moi. Si je peux te donner un conseil, fais la même chose. On se sent plus légère après. » C’était faux, archifaux, complètement faux. Elle se sentait minable. Minable et anéantie. Eireann se raccrochait simplement au fait qu’elle pouvait au moins essayer de réunir les morceaux de sa dignité éparpillés un peu partout pour tenter de la reconstruire. A défaut de pouvoir faire la même chose avec son cœur.

Et à voir l’expression de la fille assise à ses côtés, Eireann passait pour plus cruche encore que ce qu’elle avait cru. Seule la petite irlandaise s’était enfermée dans ses illusions au cours de l’histoire.
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Re: Thanks Bitch
ce message a été posté Mer 23 Oct 2013 - 16:34
Alice arque un sourcil. L’aide qu’elle lui a apporté ? Elle a beau faire fonctionner ses méninges à plein régime elle ne voit pas du tout de quoi elle veut parler. Elle ne connait pas cette fille. Elle ne se souvient pas avoir eu affaire à elle si ce n’est au détour d’un couloir du Ministère, en passant en coup de vent. L’autre a pourtant l’air sûr d’elle. La pauvre tire une sale tronche en plus. Celle de ceux qui ruminent des idées noires et filent un mauvais coton depuis un bon bout de temps déjà. Elle connait ce regard. Tout comme elle connait les démons qui poussent une jolie fille à enchaîner les verres au comptoir. Alors quand la brunette s’enfile la moitié de son verre en une seule rasade, Alice décide de ne pas poser plus de questions. Elle hausse les épaules et imite le geste de sa mystérieuse bienfaitrice.

Le cul de son verre heurte le bar avec un claquement sec. La triste muse n’a pas tort. Pour un cocktail qui s’appelle Thanks Bitch, celui-ci manque foutrement de piquant. Pourtant elle se contente d’acquiescer sans en rajouter. Elle est assez curieuse de savoir ce que cette fille lui veut vraiment. Parce qu’elle n’est pas conne, elle a compris que quelque-chose cloche dans ce tableau. Les inconnues ne payent pas des coups comme ça à d’autres inconnues juste pour le plaisir. Puis à la façon dont elle la mate ce n’est pas difficile de faire le calcul. Même quand on a eu un Désolant en BUSE d’arithmancie. La brunette lui en veut. Elle ne sait pas pourquoi mais c’est aussi évident que deux et deux font quatre.

« Alice Torvald. »

Elle se présente le plus naturellement du monde à son tour. Callaghan. Elle ne percute pas sur le moment. C’est seulement quand le nom de O’Broin fait irruption dans la conversation que son cerveau fait la connexion. Eireann ! Elle connait ce prénom ! Keenan ne cesse de lui rabattre les oreilles avec depuis qu’elle le connait. Eireann par ici, Eireann par là. Elle n’a jamais compris quel genre de relation ces deux-là entretenaient exactement, l’irlandais se bornant à la présenter comme une amie d’enfance, mais aujourd’hui tout lui semble beaucoup plus clair. Le petit saligaud ! Il lui avait véritablement fait croire qu’elle était la seule ?!

Alice ne sait pas quoi dire. Les pièces du puzzle commencent à s’assembler dans sa tête et l’image qui se forme ne lui plaît guère. Le Thanks Bitch, le visage défait de la brunette, ses œillades assassines, ses sous-entendus. Elle comprend maintenant. Elle sait pourquoi la brunette lui en veut. À ses yeux elle n’est probablement qu’une traînée qui s’est tapé son homme. Et dans un sens elle n’a pas tort. Pourtant la lionne ne se sent pas coupable. La détresse de son interlocutrice lui fait de la peine, d’autant plus quand elle tente de la dissimuler derrière une nonchalance qui sonne faux, mais honnêtement ce ne sont pas ses oignons. Elle et Keenan n’ont jamais été un couple. Juste deux amis sachant prendre un peu de bon temps quand vient l’envie. Ce qu’il raconte aux autres femmes qui partagent son lit ne la concerne pas. Keenan ne s’est jamais foutu de sa gueule.

« Écoute… C’est gentil de ta part de te soucier de mon bien-être mais c’est inutile. Je sais pas ce que Keenan t’as raconté mais ça m’étonnerait que ça ait quoi que ce soit à voir avec moi. Je vais pas le nier, on a couché ensembles, c’est vrai, mais ça s’arrête là. J’attends rien de lui et lui non plus. Alors si je peux me permettre de te donner un conseil moi aussi : te monte pas trop le bourrichon avec les mecs. Les histoires de princes charmants c’est pour les gamins. Dans la vraie vie c’est rarement aussi idyllique. Et si Keenan est assez con pour pas saisir le coche avec une fille comme toi c’est que c’est probablement pas le bon. Si tant est que le bon existe… »

Elle ajoute cette dernière phrase plus pour elle-même que pour son interlocutrice. Elle ne veut pas avoir l’air d’anéantir les espoirs de la Callaghan, mais si elle est capable de se mettre dans un état pareil pour un homme qui lui a fait miroiter la lune tout en la trompant avec Merlin seul sait combien d’autres conquêtes, c’est qu’il est peut-être temps que quelqu’un lui ouvre les yeux sur la cruelle réalité des relations entre adultes. Ça lui serait sûrement utile pour plus tard. En tout cas, Alice ne voit pas ce qu’elle peut faire de plus. Elle vide alors son verre d’une traite avant de poser une main sur l’épaule d’Eireann. Un geste plus convenu que véritablement bienveillant.

« Ça va aller ? »
Eireann Callaghan
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Re: Thanks Bitch
ce message a été posté Mer 13 Nov 2013 - 14:25
Eireann pensait avoir déjà touché le fond, elle pensait avoir atteint des sommets de pathétisme. Mais visiblement, on pouvait toujours tomber plus bas, creuser de ses pauvres doigts la terre pour s’enfoncer encore un peu plus, en s’arrachant les ongles, en se recouvrant de crasse, en se faisant mal. La pauvre petite chose qu’elle était n’avait pas fini de tomber. Finirait-elle un jour ? L’avenir prouverait plus tard que non, elle était de ces pauvres créatures que cette connasse de vie aimait à écraser encore et toujours. Naître dans une famille meurtrie, apprendre chaque jour à courber un peu plus l’échine, comprendre qu’elle pouvait s’élever pour mieux se fracasser contre le sol froid de ses désillusions. C’était bête mais elle se sentait minable. Pourtant, le Lord était mort, l’Ordre du Phénix commençait à apporter l’espoir du renouveau, son boulot la passionnait, sa famille était là pour elle… Mais elle se sentait vide. Vide et bousillée.

Et comme l’auto-flagellation ne semblait pas suffire, il fallait en plus que la jolie blonde qui avait pris place à ses côtés lui explique la vie. Merci mais c’était trop tard. Bien trop tard. Comme lorsqu’elle avait réalisé trop tard que sa relation avec Keenan l’avait détruite. Comme lorsqu’elle avait compris qu’aimer quelqu’un à s’en bousiller l’âme n’avait fait que la rendre folle. Parce que c’était cette relation qui l’avait rendu ainsi. Sans lui, sans cet être qui possédait son corps et son esprit, elle aurait évolué d’une tout autre manière. Elle aurait peut-être même pu avoir droit à un amour simple, agréable, sans peine. Lorsque la douleur prend dix, cent fois plus de place que les bons côtés de l’amour, il faut dire stop. Et c’était ce qu’elle avait fait. Mais bien trop tard. Elle avait attendu d’être réduite à néant avant de jeter la cause de sa chute hors de sa vie. Elle regrettait d’avoir laissé cet amour entrer dans la composition de la personne qu’elle étai aujourd’hui. Elle regrettait d’être devenue adulte avec lui. Elle regrettait d’avoir supporté toute l’horreur dont il était capable aussi longtemps. Si c’était à refaire ? Elle le referait. Parce qu’elle avait compris depuis bien trop longtemps que son problème était qu’elle était faible. Et que la force de ce qu’elle avait ressenti pour lui, elle serait incapable de la combattre même si on lui en donnait l’occasion.

Et le pire ? « Ça va aller ? » Cette fille. Alice. L’incarnation parfaite de ce qu’elle n’était pas et de ce qu’elle aurait dû être pour affronter cette histoire. La fille belle, intelligente, forte, sans attache. La fille que tout homme apprécie parce qu’elle n’est pas conne, naïve, accrochée à l’amour comme une désespérée. Voilà ce qu’Eireann n’avait pas pu offrir à Keenan, voilà ce qu’il était allé chercher ailleurs, chez toutes ces garces qui défilaient encore et encore dans son lit. Et elle ? Elle ne s’était donnée qu’à lui, elle n’avait vu que lui et commençait à se dire que… Oui. Il n’y aurait sûrement personne d’autre. Comment pourrait-elle aimer à nouveau quand son premier amour lui avait arraché tout l’amour dont elle était capable et plus encore ? Toute la passion, toute la haine, toute la vie dont elle avait été dotée. Elle n’avait même jamais réussi à s’intéresser aux autres. A quoi bon puisqu’elle l’avait choisi lui ? Puisqu’elle l’aimait de tout son être ? Et maintenant, à quoi bon croire qu’elle pouvait recommencer avec quelqu’un d’autre ? Non, l’amour faisait trop mal. Elle vida son verre. Elle avait été conne au point de s’accrocher tout en fermant sa gueule. Conne au point de croire que si elle essayait plus fort encore, il finirait par arrêter de voir les autres et d’ouvrir les yeux pour enfin voir tout ce qu’elle pouvait lui offrir. C’est comme Eireann, il te manquait l’essentiel dans cette histoire : la lignée pure. Mais au fond, est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Non. Parce que Keenan était un connard et qu’il ne changerait pas. Comme elle était faible et qu’elle ne changerait pas. Peut-être qu’il l’avait aimée, peut-être qu’il l’aimait encore à sa façon. Seulement, ils n’étaient pas faits pour être heureux ensemble.

Comment détester Alice ? Eireann aurait voulu pouvoir lui arracher le visage, les yeux, l’écraser, lui faire mal comme elle avait mal mais en la voyant comme ça, compatissante, détâchée… Elle se sentait plus minable encore. « Ouais. Quelque chose de plus fort s’il vous plait. Et tout sauf rose. » Le barman s’exécuta tandis qu’elle fixait le verre vide qu’il remplaça par un verre plein. Elle n’avait pas la force de regarder Alice.  « Tu sais, c’est l’histoire d’une fille qui est venue au monde dans une famille marquée au fer rouge par la guerre qui a permis au Lord de gagner le pouvoir. Ses parents ont déversé sur elle autant d’amour qu’ils ont pu. Ils étaient aimants. Ils s’aimaient, se sont mariés par amour et s’aiment encore aujourd’hui. Parce qu’ils ont souffert du changement de vie imposé par le Lord, ils ont voulu épargner leur petite fille qui voulait croquer le monde. Alors ils lui ont dit qu’elle pourrait être qui elle voulait, parce qu’elle était basique quatre. Parce qu’elle pouvait épouser qui elle souhaitait, par amour. Parce que l’amour était plus fort que le reste d’après eux. Puis elle est entrée à l’école et a pris les premières grosses claques de sa vie. Et comme dans toutes les histoires qui commencent comme ça, un garçon est arrivé. Et elle a découvert l’amour, l’amour que ses parents lui avaient décrit comme la plus chose au monde. Ils avaient oublié de lui dire que ça faisait mal. Oublié de lui dire qu’il ne fallait pas laisser le mal s’insinuer en elle et devenir une habitude. Alors elle a cherché à se battre, parce qu’elle était amoureuse, parce que le monde était trop moche pour ne pas s’accrocher à quelque chose qui devait normalement être beau. La réalité l’a rattrapée. Une fois, deux fois, des dizaines de fois. Mais c’était trop tard, parce qu’elle s’était enfoncée trop profondément dans la merde, au point de se dire qu’elle en était une, de merde, tu vois ? Bah voilà, le résultat il est pas joli joli. Avant le Lord, on ne m’aurait pas fait chier, c’est con hein ? Parce que ma famille était considérée comme pure. Mais ces putains de rangs basiques ont foutu la merde dans la tête de mes parents et ils n’ont pas réussi à trouver la bonne façon de m’expliquer la vie. Mais ouais, ça va aller parce que cette connasse de vie elle est toujours volontaire pour me rappeler comment ça marche en réalité. J’en voulais pas de tout ça mais ça m’est tombée dessus. J’ai pas cherché à comprendre, j’aurais peut-être dû. De toute façon, ça sert à quoi ? Puis t’as raison d’être sceptique, le bon ça n’existe pas. Pourquoi ça existerait ? On aime plusieurs fois un peu ou comme moi, on se fait bousiller parce qu’on aime trop fort, trop vite une première fois, on s’y brûle les ailes et on se détruit tellement qu’on n’est plus capable d’aimer. Je vais arrêter de t’emmerder avec mes conneries parce qu’on ne se connait pas et puis visiblement, notre seul point commun c’est de s’être fait baiser par Keenan. » Baisée. Il l’avait baisée. Complètement. Au figuré parce qu’elle était une épave. Au sens propre aussi parce qu’on baise une fille à laquelle on ne tient pas vraiment. Elle, elle ne savait pas ce que c’était. Il n’y avait eu que lui, elle n’avait pas cessé de l’aimer et le sexe sans amour finalement, elle ne savait pas ce que c’était. Elle apprendrait sûrement, parce qu’elle ne se sentait plus capable d’aimer.

« A la tienne ! » Elle engloutit son verre. C’était plus fort, ça brûlait la gorge, ça réchauffait ses entrailles et anesthésiait son cœur. C’était parfait.
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Re: Thanks Bitch
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