Messages : 741Crédits : Myrlu & Grey Wind Age du personnage : 28 ans Ascendance : Sang-pur Emploi/Etude : Funambule-acrobate & Dresseuse de Fauves Faction : Ombre de la Rose Noire Maison : Gryffondor
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[Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Mar 5 Mar 2013 - 0:44
« Tu n’es pas concentré, Than ! »
La voix féminine s’était élevée dans la forêt baignée par les rayons rougeoyants du crépuscule, ses intonations agacées se répercutant entre les arbres pour certains presque dénudés en cette saison. Un peu plus loin, les braises d’un feu fraichement éteint finissaient de mourir sur le sol trempé.
Ils avaient évité la catastrophe de peu, l’Hydromancien n’ayant pas réussi à maîtriser le sortilège du Feudeymon qu’il avait lancé dans le champ de protection magique. Heureusement, l’incendie avait pu être circonscris à temps grâce aux réflexes du Selwyn.
« Tu sais que si tu veux avoir une emprise sur cet élément, tu dois lui donner toute ton attention. » reprit la jeune femme, plus doucement cette fois-ci. « Tu n’es pas … »
« Je ne suis pas lui, c’est ça ? » l’interrompit brusquement l’intéressé. « Ferme-la ! Putain, Swanny, je ne veux plus t’entendre ! »
Des gouttes de sueur perlaient sur son visage crispé tandis qu’il abandonnait le tronc contre lequel il avait trouvé refuge.
« Than, j’allais seulement dire que tu n’étais pas en pleine possession de tes moyens et que nous devrions peut-être reporter l’entrainement … » murmura sa sœur.
Elle voulut s’approcher de lui et tenter un geste pour l’apaiser mais il la repoussa avec vigueur avant de s’éloigner à grandes foulées vers le camp, sourd aux dernières paroles de l’Oiselle.
Esmé n’avait pas la prétention de s’y connaître davantage en pyromancie que feu leur frère ou même que son partenaire en compagnie de qui il avait grandi. Loin de là. Néanmoins, il lui fallait un assistant en cas de problème et il se trouvait qu’elle était la seule disponible à plein temps pour remplir ce rôle.
Un rôle que Thanatos rejetait furieusement et quand il ne se contentait pas de l’ignorer superbement, c’était ainsi que se finissaient les séances. Avec un ou deux chênes en flamme et le jeune homme qui quittait les lieux.
La Belle soupira tandis qu’elle lui emboitait le pas. Elle vit le Forain passer entre les tentes et s’approcher du gardien qui protégeait le terrain délimité pour le moment par une barrière magique.
Elle savait où il se rendait. Ses sourcils se froncèrent d’agacement. Cette fois-ci, il ne s’en sortirait pas aussi facilement.
-¤-
Loin semblait le temps où Thanatos était celui dont on n’avait pas à se soucier des travers. L’époque où il était le seul à tenir sur ses jambes, soutenant son frère ivre mort pour le ramener à bon port, était bien révolue.
Désormais, c’était lui qu’on sortait les pieds devant et qui revenait en titubant, parfois simplement débraillé et nauséeux, souvent avec un œil au beurre noir ou une main cassée.
Esmé était régulièrement témoin de ses retours en fanfare, réveillée par les jurons de son frère qui venait de trébucher sur un quelconque morceau de ferraille. Si au début, Salomon et elle s’en amusaient, cela n’avait pas duré bien longtemps.
Jusqu’ici, elle s’était bien gardée d’intervenir car leur père l’en avait empêché. Il devait « vivre son deuil » marmottait-il, l’air absent. Mais ce dernier était absent pour la soirée et Black Swan, elle, fulminait. Selon elle, il y avait bien d’autres manières de décharger sa colère que de s’accrocher avec des poivrots dans un bar quelconque et même si le Chimeria n’était plus, elle qu’on avait tant prévenu quant à la réputation qu’ils avaient à tenir, ne comprenait pas qu’on puisse laisser son Aîné la saboter avec une telle facilité.
Drapée dans sa rudesse toute neuve qu’elle devait, sans en avoir conscience, à sa propre détresse, elle poussa la porte du troquet dans lequel elle savait que Thanatos élisait domicile au moins trois soirs par semaine. L’endroit était bondé en ce premier jour de week end et on la remarqua à peine.
Il fallait dire que depuis leur retour, elle avait adopté une tenue beaucoup plus sobre que lorsqu’elle-même sortait s’enivrer pour le plaisir. Ses boucles brunes parfaitement sculptées ondoyaient sur ses épaules recouvertes d’un simple manteau noir. Ce dernier était entrouvert, dévoilant quelques pans de la dentelle orangée de son corsage. Quant à ses jambes, elles étaient parfaitement visibles grâce à la courte jupe sombre qu’elle n’avait pu se résoudre à remplacer par un pantalon, malgré le mauvais temps. Son maquillage lui-même était moins attrayant, se contentant de souligner avec grâce son regard scrutateur et ses lippes carmines.
Le bruit de ses bottes foulant le parquet était étouffé par le bruit de la foule de fêtard tandis qu’elle s’approchait du comptoir. Aucune trace de Thanatos. En revanche, la silhouette qui s’affairait derrière le bar ne lui était pas inconnue.
« Charmelle ! » héla-t-elle son amie, cette dernière se retournant aussitôt, peu habituée à ce qu’on l’appelle par son nom de scène en ces lieux. « Tu as vu Than ? »
Le sourire de la Lanceuse de Couteau s’effaça. Elle lui désigna brièvement une porte dérobée du bout de l’index avant de hausser les épaules.
« Mais tu ne devrais pas y aller, ils sont … »
Le reste de la phrase de la jeune femme se perdit dans le brouhaha. Déjà, Esmé se dépêchait de rejoindre le battant indiqué. Sans prendre la peine de frapper, elle ouvrit ce dernier.
D’abord aveuglée par l’épaisse fumée, elle ne réalisa pas tout de suite la scène qui se déroulait sous ses yeux. Mais lorsqu’elle s’avança un peu plus, les lumières lui révélèrent un véritable spectacle de débauche. L’Hydromancien était bien là, une cigarette à moitié consumée entre ses lèvres souriantes, assis autour d’une table en compagnie de trois autres hommes. Certains étaient à moitié dévêtus et tous balançaient des cartes sur une table en s’invectivant joyeusement.
« Non mais … C’est quoi ce bordel ?! » lâcha-t-elle à la cantonade, les yeux écarquillés de stupeur, faisant taire les joueurs par la même occasion.
Bordel était bien le mot, à en juger par les jeunes femmes qui les entouraient. L’une d’elles était assise sur les genoux de l’un des compagnons de Thanatos – ce dernier ayant failli en renverser son verre lorsqu’elle avait hurlé -, dissimulant son visage à sa vue. Cependant, la chevalière qu’il portait, ça, elle l’aurait reconnu entre mille autres.
« Corvus ?! »
Elle esquissa encore un pas, partagée entre la colère et la stupéfaction. Comment s’appelait ce bouge déjà ? Le Black Pearl ? Et bien, elle en tenait une belle, de perle.
Corvus O. Hunter
Générateur de Chaos
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Dim 10 Mar 2013 - 0:20
2 Mars 2021
«Vices sans Vertus. »
"Le poker, c'est comme le sexe. Tout le monde pense être le meilleur, mais la plupart des gens n'ont absolument aucune idée de ce qu'ils font. " *
Un cigare coincé entre mes lèvres, j’abattais ma main avec un petit sourire en coin victorieux tout en observant celle des autres d'un air dédaigneux et satisfait. Encore une fois je l'emportais.
"Ne faisant évidement pas parti du commun des mortels pour ma part, je sais pertinemment ce que je fais...et je le fais exceptionnellement bien ... Ta sœur pourrait en témoigner, hein Selwyn?"
Ricanais-je en récupérant les cartes et désignant du menton les sorciers encore en lisse ce tour-ci afin qu'il paient leur dut: se désaper un peu plus. Mon regard se posa de façon plus appuyée sur l'une des sorcières présentes qui enlevait enfin ce qui lui servait de haut... J'appréciais d'un commentaire vague la forme de sa poitrine généreuse tout en mélangeant les cartes.
"Ouai ouai Hunter, on sait. ' pas marre d'me l'sortir tous les soirs? Distrib' plutôt la prochaine donn' s'ra plus utile.."
Expirant doucement la fumée âcre du cigare de qualité relativement faible – j'en avais gagné une boîte il y avait quelque jours contre un sorcier d'ascendance moindre, mais il ne fallait pas cracher sur les bonnes choses malgré tout-, je coinçais le cigare au coin de mes lèvres pour obtempérer à la demande du Selwyn, non sans avoir moqué rapidement l'un des hommes présents autour de la tablée alors qu'il tombait le pantalon. Ca n'aurait tenu qu'à moi, j'aurais uniquement joué au strip-poker avec des femmes..malheureusement les plus farouches adversaires et les plus nombreux aussi étaient davantage du genre masculin. Heureusement que quatre belles plantes trainaient tout de même dans le tripot quand j'avais proposé le jeu plus tôt...Bon, je n'étais pas sur qu'une seule soit de sang-pur, et il y en avait une qui était assurément plus qu'une femme de petite vertu...mais là encore, plus encore qu'habituellement, je n'étais pas trop regardant quand à la qualité de la marchandise. Et le but principale était bien de s'occuper et s'amuser. Un truc très simple pourtant des plus difficile et complexe en cette nouvelle année extraordinaire à Pré-Au-Lard. Malgré toutes mes occupations, je n'allais pas tarder à devenir fou.
Finissant la donne privée des deux cartes par joueur, j'observais en premier les expressions de tout à chacun, me contentant d'un fin sourire devant le visage rougit par l'alcool de Thanatos... Le saltimbanque était habituellement un très bon adversaire à ce type de jeu, parvenant même plus souvent à me mettre la misère que le contraire alors que j'étais très loin d'être mauvais. Mais ce soir il avait déjà prit de l'avance lorsque j'étais entré dans le bistrot. Depuis le retour des Selwyn en grande pompe à Pré-au-lard-les-geoles, le sorcier avait à plusieurs reprises croisé ma route...Au cirque déja, alors que j'avais décidé de d'offrir de mon temps et mes compétences au Chiméria pour diverses raisons, lors de plusieurs soirées dans certains bar de façon presque récurrente. J'avais d'ailleurs déja entendu Swanny se plaindre du comportement malsain et alcoolique de son aîné. Personnellement, je ne trainais pas autant que lui dans les troquets, mais je prenais un certain plaisir à l'y rencontrer presqu'une à deux fois par semaine chaque fois que je décidais d'opter pour quelques verres ou plus, offrant de temps à autres une tournée à la montagne de muscles alcooliquement dépressive, discutant souvent avec l'homme de sujets régulièrement plus abracadabrant qu'autres choses, dérivant sporadiquement vers un jeu à boire quelconque...J'avais d'ailleurs même fini une fois avec un oeil au beurre noir et une mâchoire douloureuse dont s'était bien moqué Peverus avant de me filer un baume efficace. Il fallait dire que si Thanatos avait toujours été le jumeau le plus sociable et apte à supporter ma présence, la perte de l'autre facette du gallion qu'ils partageaient l'avait bien changé et rendu bien plus sombre et rapide à la détente qu'avant devant certaines provocations. Malgré tout, il restait de bonne compagnie dans ce fief consanguin et l'alcool avait tendance à le rendre presque plus jovial suivant les situations.
Il permettait aussi de l'entuber bien plus facilement, lui qui appartenait pourtant à une famille qui avait fait de l'illusion et des apparences plus qu'un art. Et d'expliquer pourquoi le sorcier se retrouvait en Marcel de coton et calbut' rose à pois verts -un petit sortilège de mon cru qu'il ne remarquerait surement que lors de sa gueule de bois le lendemain – alors que j'étais moi-même uniquement dévêtu de ma cravate et chaussures après un temps que je n'étais pas même certain de pouvoir quantifier.
D'autres manches passèrent. J'avais la main assez leste pour combler quelques neurones oblitérés par l'alcool de piètre qualité qui tournait qui m'empêchait de compter correctement avec le peu de patience que je possédais. Je perdais malgré tout ma chemise. L'une des donzelle se retrouvait en simples sous-vêtements, l'autre portait encore une tenue presque décente tandis que la dernière...
Je sifflais la prouesse de la sorcière qui avait enlevé son dernier bout de tissu d'un mouvement vraiment intéressant, tapotait mon cigare dans le vide – la cendre disparaissant en tombant- et apostrophait la jeune femme, lui expliquant d'un air amusé qu'elle avait tout de même de sacrés atouts pour tendre à rester avec nous malgré sa défaite évidente... Et lui proposait rapidement – sous les commentaires agacé du troisième homme dans la salle et ceux encore plus graveleux de Thanatos – de continuer à lui payer ses boissons et voir même un peu plus si elle passait le reste de la soirée près de moi, à augmenter la chance que j'avais déja..
Et quelques temps plus tard, alors qu'un courant d'air faillit rendre l'air respirable, la sorcière au corps nu et pas si farouche que cela reposait allègrement sur ma propre personne, pour mon plus grand plaisir. La partie battait son plein, chacun faisant voler quelques cartes sur le tapis, Thanatos grommelant quelques menaces plutôt vague en se resservant lorsque..
« Non mais … C’est quoi ce bordel ?! »
Le silence emprunt de stupeur imposa sa marque sur la petite salle enfumée alors que le Selwyn rattrapait son verre de justesse. Je fronçais moi-même les sourcils, un doute me traversant sur l'identité de cette voix si charmante que je n'aurais pas vraiment pensé reconnaitre ici et maintenant. Tenant mon propre verre posé sur la table, le doute s'envola l'instant d'après des âpres alcoolisés de mon esprit.
« Corvus ?! »
Ah super, réunion de famille. J'esquissais une moue mi-agacée mi blasée en soupirant et tirant une longue taffe que j'expirais longuement.
"Swanny..toi ici, quelle délicieuse surprise. Tu veux te joindre à nous? Thanatos et moi-même ainsi qu'Edrich ci présent seront ravis de t'accueillir à notre table: il y a justement une place de libre..."
Croisant enfin le regard de la sorcière alors que celle occupant mes genoux s'était reculée sur mon torse, ma main épousant le galbe de sa poitrine, je lui offrais mon meilleur sourire aussi provoquant qu'hypocrite. Depuis le retour de la belle à Pré-au-lard, j'avais été aussi soulagé qu'inquiété par sa présence. Malgré notre lien que je sentais toujours aussi fort et l'épisode intense sur les marches de Poudlard, des quelques jours qui avaient suivit et son départ, la jeune femme s'était refermée sur elle-même, durcie, rendue à la fois plus sérieuse et plus faible aussi, plus distante. Et elle ne supportait plus certaines allusions, plus aucun contact. Le mien compris! L'esprit quelque peu embrumé par l'alcool, je ne remarquais pas que je foudroyais brièvement la Selwyn du regard à ces pensées.
Depuis près d'un mois je m'efforçais à la comprendre et l'aider à ma façon, la soutenir sans perdre moi-même la face et pied dans ce monde qui m'écrasait malgré mes dires et ma fierté. Je m'amusais même à la toucher, la pousser au contact dès que possible sous couvert de simples provocations alors qu'elle m'envoyait bouler encore et encore et que j'en riais, m'en moquais avant de recommencer de plus belle. Mais son attitude me..blessait et petit à petit une idée désagréable faisait son chemin dans mon esprit même si je m'évertuais à l'écraser, la dissimuler loin tellement elle était sotte et...insupportable. Ainsi que particulièrement pathétique de ma part.
"Ah moins que tu n'es peur de perdre, Mesméria Selwyn?"
Sans quitter des yeux la belle au regard émeraude, je vidais mon verre doucement, provocateur et insolent, le sourire au lèvres. Thanatos semblait vaguement hésiter à se trouver un autre bar où finir sa soirée, mais sa tenue et l'alcool ingurgité eurent tôt fait de le convaincre de rester, après avoir plus ou moins ordonné à sa cadette de retourner au Chiméria. Comme si elle était venue ici pour repartir aussi docilement...
CODE BY AMIANTE - LORD ENA
* Citation empruntée pour l'occasion à Dutch Boyd, joueur professionnel de Poker.
Esmé Kark
Le Diable au Corps
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Dim 10 Mar 2013 - 14:54
Elle s’y attendait. Son frère saoul comme un porc, l’œil torve et embrumé, à peine capable d’y voir plus loin que le bout de son nez. Oui, ça, elle s’y était préparée.
Le trouver en charmante compagnie, à moitié nu, en pleine partie d’un jeu aux règles scabreuses. Oui, ça encore, c’était envisageable.
Lorsqu’ils vivaient encore à Londres, famille heureuse, unie et complète, les Jumeaux ne fréquentaient pas le même genre d’endroits que leur petite sœur. Ils avaient une nette préférence pour les bouges des bas-fonds, là où la marchandise avait un coût moindre et où les seules questions qu’on posait étaient « Blonde ou brune ce soir ? » ou « Tu chercherais pas à m’entuber là, enfoiré ? ». Swanny, elle, était davantage au fait des mondanités et si cuite il y avait à prendre, elle s’arrangeait pour que le lieu reste fréquentable. Elle était une femme, une sang-pur, elle ne pouvait pas se permettre ce genre d’écarts.
Pas en Angleterre, en tout cas. Mais mieux valait ne pas s’interroger sur ses faits et gestes quand elle quittait le territoire … Même les putains ici présentes en auraient rougi jusqu’à la racine de leurs permanentes. Aussi, ce genre de scène ne l’aurait pas choqué en temps ordinaire. Sauf que ce soir-là, divers paramètres qu’elle n’avait encore jamais expérimenté rentraient en jeu.
Thanatos, tout d’abord. Alors qu’il tournait ses prunelles vitreuses vers elle, trop ivre pour être choqué mais pas encore assez pour se permettre de ricaner, le Cygne Noir sentit une pointe glacée déchirer ses entrailles. Ce n’était pas lui. Ce n’était pas le frère qui l’avait vu grandir qui se tenait autour de cette table. C’était Hypnos. Le fougueux et malicieux Pyromancien dans ses mauvais jours. Si son esprit lui jouait des tours, la Mort se riait d’elle. Les muscles de sa mâchoire se contractèrent et elle dû faire appel à toute sa maîtrise pour ne pas le choper par le caleçon – rose à pois verts ?! Par Merlin ! – et le ramener fissa jusqu’au Chimeria.
Ensuite, spectatrice impromptue de ce spectacle lubrique, elle se rendait compte à quel point elle s’était éloignée de tout ça. Plus précisément, d’elle-même. Depuis sa rencontre avec Alec au Cirque, quelques jours avant que celui-ci ne parte en fumée, elle était restée d’humeur parfaitement égale. Pas un cri, pas un caprice, pas la moindre larme. Elle avait repris son rôle de poupée dont on aurait brisé les fils conducteurs. Terrible constat que de se rendre compte que c’était elle, la Diva, devenue l’Enfant Sage d’une fratrie qui ne souffrait pas la comparaison.
Et pour finir … Corvus. Durant la semaine qu’elle avait passé enfermée au Château, seul le sort du Chimeria et de ses membres parvenait à troubler les méandres de son esprit enfoncé dans une profonde léthargie. Puis, il était arrivé. Le miracle divin de ses bras autour de ses épaules, la douceur de ce contact et de cette voix familière. Jamais elle n’avait été aussi ravie de le voir, jamais elle n’aurait cru que le savoir en vie et en bonne santé lui procurerait un tel soulagement au point d’en oublier son propre mal-être. Il l’avait poussé à rejoindre les siens dès qu’elle en avait eu l’occasion, il était revenu près d’elle dès leur arrivée à Pré-au-Lard et participait activement à leur renaissance. Incapable de lui exprimer sa reconnaissance ou ses véritables sentiments par quelque moyen que ce soit, elle s’était contentée de le traiter de la même manière qu’elle considérait les personnes avec qui elle travaillait. Avec la chaleur distante de son professionnalisme, parfois teinté par quelques relents plus intimes de confidences.
Cependant, le voir là, participer à la déchéance de son Aîné, en train de tripoter une femme complètement nue alors qu’il croisait son regard, la moue narquoise et mauvaise, réveilla en elle les émotions qu’elle s’efforçait de dissimuler avec la volonté d’un meurtrier bien décidé à faire disparaître toutes les traces de son crime.
"Swanny..toi ici, quelle délicieuse surprise. Tu veux te joindre à nous? Thanatos et moi-même ainsi qu'Edrich ci présent seront ravis de t'accueillir à notre table: il y a justement une place de libre..."
Etait-il sérieux ? Et pourquoi la provoquait-il ainsi avec une œillade si hargneuse, tel un joli pion qu’il se ferait un plaisir de renverser ? N’était-ce pas à elle d’être en rage, avec ce qu’il lui mettait sous les yeux ? Des yeux qui se plissèrent, à la fois scrutateurs et mécontents. Pensait-il pouvoir la faire sortir de ses gonds aussi facilement ? Elle était plus forte que ça, beaucoup plus … Ou pas.
"Ah moins que tu n'es peur de perdre, Mesméria Selwyn?"
Thanatos choisit ce moment pour lever le nez de son verre et pour marmonner à la Belle de rentrer à la maison. Mais en cet instant, il n’existait pas pour elle et se contenta de lever l’index, ce qui le fit taire instantanément – ça et la jeune femme à côté de lui qui commençait à caresser son torse musculeux et à murmurer au creux de son oreille. Seul comptait le Magistrat et son comportement odieux. L’appel de son véritable prénom fit céder la première barrière qu’elle avait savamment érigée.
« Sers-moi. »
L’ordre avait claqué, sec, tandis que le coin de ses lippes se soulevait, carnassier. Un instant plus tard, elle traversait la salle enfumée, le menton haut et le pas gracile d’un félin prêt à fondre sur sa proie. La Bête s’éveillait, doucement.
Elle prit place à côté de Corvus sans le quitter des yeux, excepté l’instant où elle jaugea sa nouvelle compagne, qui, comme les autres, avaient repris le cours de leurs badinages avinés, persuadés que l’ambiance s’était réchauffée grâce à cette injonction. A nouveau, une émotion puissante la traversa, mais elle préféra ne pas la nommer. C’était ridicule.
La partie reprit son cours, la jeune femme ignorant désormais délibérément le Magistrat. Néanmoins, juste avant que la donne soit distribuée, le contenu du verre du nouveau jouet de Corvus se renversa inopinément sur l’intimité dévoilée de la Brune, lui arrachant un cri alors qu’elle se levait prestement pour aller se débarrasser du liquide qui brûlait ses muqueuses. La Foraine ne put réprimer un ricanement.
Esmé s’avéra une adversaire coriace, pour une femme. Les jeux s’enchainaient, beaucoup se retrouvant en mauvaise posture, parfois un simple bout de tissu pour masquer leur intimité toute relative.
Bientôt, il ne resta en lice que Thanatos, Corvus, le fameux Edrich et la Dresseuse. Dans la foulée, elle avait seulement eu à se défaire de son manteau et de son chemisier. Une cigarette fumante au bout des doigts, elle gardait l’œil concentré sur ses cartes, se balançant sur sa chaise, un pied nonchalamment posé sur la tranche de la table pour faire contre poids. Ses longues jambes étaient mises en valeur par ses bottes de cuir et d’où l’on pouvait apercevoir la jarretière de ses bas sous la jupe légèrement remontée et son buste était galbé dans un corset de soie crème piqueté de fleurs de dentelle sombre. Elle estimait donc n’avoir rien à envier aux donzelles en tenue d’Eve qui tournait autour des joueurs en continuant de se saouler et à ricaner comme des bécasses.
Alors qu’ils en étaient à la cinquième manche, Thanatos laissa définitivement son attention détournée par la blonde qui, désormais, s’évertuait à lui laver les amygdales au karcher. Devant une telle attitude, Swanny leva les yeux de son jeu pour lui adresser une œillade méprisante.
« Than, j’espère que tu as conscience comme tu es pathétique. » lâcha-t-elle d’un ton coupant. « Tu me fais honte. »
La jeune femme en était à son quatrième verre, qu’elle avait tous sifflés coup sur coup sans remords, bien décidée à tirer tout le meilleur parti possible de cette situation grotesque. Aussi l’alcool permit-il ces jugements acerbes, ces derniers alertant l’Hydromancien. Il se décolla de sa ventouse pour l’observer, un rire gras et imbibé s’échappant de sa gorge enfin libérée.
« La p’tite Sw’nny fait sa prud’, c’trop mignon. » railla-t-il, butant sur chaque mot. « C’qui qu’j’ai vu rent’er l’aut’ matin, lundi boutonné avec mardi, collant d’chiré, maquillage en vrac ? M’la joue pas gentille fifille à son p’pa quand tu t’fous à poil d’vant l’premier couillon qui passe ! Pasque ch’ais que c’tait pas not’ ami Hunter ci-présent, puisqu’il était avec moi. T’vaux pas mieux qu’moi, pas mieux qu’toutes les trainées qu’y a ici. »
Quelques murmures féminins offusqués parcoururent l’assistance tandis que le sang de la Belle se glaçait dans ses veines. Non seulement c’était la première fois que son frère lui parlait de cette manière mais en plus, il venait de révéler devant tout le monde les propres vices de sa soeur - et le fait que Corvus en soit témoin était encore pire, bien qu'elle ne le réalisa pas tout de suite.
Elle se leva de son siège, piquée au vif, prête à sauter à la gorge de son Aîné, quand bien même elle ne faisait pas le poids face à la montagne de muscles qu’il représentait. Elle allait lui faire payer cet affront. Et tout le reste.
Les dernières mains venaient d’être dévoilées et la voix d’Edrich interrompit la dispute naissante en beuglant comme un âne.
« C’quoi cette bouse d’Hyppogriffe ?! Selwyn, pourquoi t’as trois Rois alors qu’il y en a deux sur le tapis ! Putain de fils de Phénix de tricheur ! »
Trop occupé à gérer le coup de la blonde, Thanatos en avait oublié de gérer celui de son jeu. Résultat, il venait de révéler l’atout qu’il gardait sous la table en cas de nécessité. Edrich se jeta carrément sur le Forain pour lui asséner un coup en pleine mâchoire pendant que les demoiselles inconnues ramassaient leurs affaires à la hâte.
La rixe familiale avortée allait tourner au règlement de compte de pochtrons.
Corvus O. Hunter
Générateur de Chaos
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Mer 13 Mar 2013 - 0:24
2 Mars 2021
«Vices sans Vertus. »
Alcool joyeux, alcool triste ou encore celui menant à l'alcool mauvais, je n'aurais pu dire depuis l'age de ma première cuite quel était réellement celui qui avait la main-mise sur ma personne. De manière générale, il avait tendance à augmenter mes bons côtés, me rendant encore plus insolent, intrépide et joueur qu'à l’accoutumée, certains usitant peut-être les termes d'inconscience ou de connard fini aussi mais je laissais ce genre de subtilité à la volonté de chacun. Par contre ce qui était sûr, c'était son pouvoir d'exacerbation de mes sentiments et émotions du moment. Je préférais ne pas trop me remémorer les fois où j'avais fini ivre mort dans certains bar pour tâcher d'oublier certains épisodes ou pensées qui me polluaient justement. Mauvaise pioche assurément. Il me semblait même vaguement, derrière le voila brumeux que l'alcool posait sur mon esprit et réactions, que ces cuites m'avaient laissé plus un goût amère et acide de rancœur dans la bouche à la place de l'occultation promise. Quand aux raisons de celles-ci... Je préférais les délaisser, je n'aimais guère ce sujet là. Pourquoi se perturber avec ces détails désagréables lorsqu'on avait bien mieux à faire? Comme le plis agacé de la lèvre de Swanny? Un petit sourire en coin j'appuyais ma deuxième phrase, sachant à quel point elle plongeait devant le moindre défi, alors sous-entendre qu'elle pouvait avoir peur..
Je ne songeais pas un instant que le ton de ma voix ou mon comportement puisse avoir une réelle influence sur la belle, l’alcool m'avait déja fait dépasser ce stade de subtilité édulcorée. Et je n'avais pas envie de m’appesantir davantage sur le doute qui me rongeait l'esprit depuis quelques temps et que sa présence avait douloureusement réveillé.
Je remplissais mon verre, écrasant la petite voix dans mon esprit qui me disait que j'avais moi-même peur. Que je redoutais simplement la vérité et préférais me trainer pathétiquement dans un mensonge plus agréable.
"T'as entendu la Dame Edrich, elle pense pouvoir être à la hauteur..Vas-y, distribues..."
Je vidais mon verre cul-sec tout en posant un regard faussement concentré sur la nouvelle donne, ne croisant pas celui de Swanny. Par les sept putain de Merlin, d'où mon esprit se permettait de me considérer de telle sorte? Moi, Corvus O. Hunter, sorcier exceptionnel en tout point de vue, compétence et magnificence? Hors de question. Je ricanais tout seul de façon nerveuse tout en vérifiant mes propres cartes. Que je dut revoir d'un autre coup d'oeil, le premier regard étant plus de circonstance qu'autre chose, tout en conversant l'air de rien avec la brunette délicieusement dénudée qui reposait sur mes cuisses. Et la partie redémarra, une tension pourtant plus que palpable dans l'atmosphère avec la présence de cette chère Esmé..
Qui me snobait. Continuant à caresser les voluptueuse de ma sorcière, je tentais à plusieurs reprises d'écraser ces pensées malsaines qui me trottaient dans la tête depuis quelque temps et d'engager la conversation avec la Selwyn. Pour me faire rabrouer. Rien d'assez sec ou mauvais pour que je puisse décemment répliquer, mais s'en était presque pire: elle était distante, indifférente et ses réponses avaient l'étroitesse de ceux parlant uniquement par obligation au moucheron qui les agaçait. Un comportement qui me dérangeait déja énormément dans la vie de tous les jours et que je me faisais un plaisir de renvoyer à la figure du responsable avec mon cynisme coutumier. Mais Swanny... Elle et son caractère normalement explosif, c'était..perturbant. Pourtant n'était-ce pas plus ou moins celui qu'elle arborait depuis février? Présente mais ailleurs? Avec les autres comme avec moi malgré quelques trop rares exceptions? Je n'étais pas un autre, pas l'un de ses employés minables, encore moins un meuble. Et ceci mêlé à la multitude des autres détails la concernant, à mes doutes, à mon expérience avec ce salaud d'Arutha...
Elle ne voulait pas me parler? Il était assez aisé de deviner que ma présence ici, avec Thanatos en était la principale raison...Mais était-ce vraiment la seule? Aux vues de nos caractères et habitudes, c'était déja extraordinaire que nous nous fréquentions encore après tout ce temps, plus encore que nous nous soyons rapproché et ainsi lié et... Pourquoi ne s'en serait-elle pas enfin lassé? Enfermée d J'étais devenu vraiment utile à son satané cirque depuis quelques semaines, en plus d'obtenir un poste au sein de la faction non négligeable. Il était facile d'en arriver à certaines conclusions. Les Selwyn avaient été des opportunistes. Salomon aurait bien été capable d'interdire à Swanny de se défaire de moi maintenant..
Changeant mon jouet humain de cuisse et rallumant un autre cigare, j'en proposais un aux joueurs, Esmé comprise, accompagné d'une remarque cynique sur ses fichus sticks blancs et le fait que la taille du cigare conviendrait bien mieux à ses jolies lèvres... La répartie était facile mais cela la forcerait à rompre son putain de comportement emplit d'indifférence. Mais si ce n'était celle-ci, s'en serait une autre.. Surtout que la petite conne ne prit pas une seule fois la peine de croiser mon regard. Je... N'appréciais pas. Vraiment pas. Du tout. Le ton de mes piques se fit quelque peu plus mordant et insistant, persévérant dans cette voie d'un plaisir manifeste qui n'était malheureusement que de surface. Je vidais un autre verre, mon jeu se fit plus nerveux, je perdais l'une des manches, me déchaussant d'une botte de cuir de dragon d'un coup de baguette.
"Tu es trop habillée pour te proposer de la remplacer, Selwyn."
Articulais-je sans quitter mon jeu des yeux, le cigare aux coins des lèvres, alors la donzelle qui occupait mes cuisses venait d'en bondir, du whisky pur-feu malheureux brulant son épiderme satiné sous le ricanement d'Esmé. J'hésitais à lui dire qu'elle au moins s'occupait de moi correctement et ne craignait pas le contact de ma main, ni davantage. Mais je préférais éteindre le liquide qui dévorait un pan de mon pantalon à pinces et me concentrer sur la partie, refusant d'un geste et d'une réplique indifférente le retour de la brune. Trop lourde. Rester assis autour de cette table, malgré l'alcool, m'était déja un assez grand exploit. Mais je consentis qu'elle me masse la nuque et les épaules, remplissant une nouvelle fois son verre et le mien. Le jeu commençait tout de même à être un peu flou..
Troisième manche, la dernière sorcière abandonna la partie. Apparemment elle tenait encore à sa culotte. Qui ne valait pas un regard ma foi, ce que je lui fis bien savoir sans même lui accorder un regard.
Quatrième manche, je ne cessais d'asticoter Swanny – j'avais toujours eu cette manie d'insister la où on me repoussait, d'appuyer là où cela gênait, perturbait ou faisait mal- en réservant certaines à Than et les autres sorciers présents: un peu de justice quand même! L'alcool me rendait plus volubile encore qu'à l’accoutumée, même si certains mots étaient quelque peu..oblitérés. Un détail.Et j'étais loin de m'épuiser à la tâche! Mener le jeu, m'occuper de la fille et balancer des piques d'un petit air arrogant n'était guère contraignant malgré l'alcool ingurgité! J'étais en bien plus mauvaise posture lorsque j'étais forcé de ne faire qu'une chose à la fois..
Cinquième manche, un chemisier en moins. Than plus dénudé encore. Edrich n'en parlons pas. Quand à moi j'arrivais encore à gérer mon jeu contre toute-attente. Ma cravate pendait encore autour de mon cou, sinuant au travers de mon torse, dénouée depuis un certain temps, alors que je tapotais des doigts contre la table. Finir par mettre Esmé à poil dans un lieu public serait tout de même une sacré revanche...et..
Cette dernière choisit ce moment là pour tomber sur le dos de son frangin qui s'occuper de la plus honnête des façon: explorer sa compagne.
« Than, j’espère que tu as conscience comme tu es pathétique. Tu me fais honte. »
Sous le joug de la Selwyn, je reposais mes cartes et attrapait la nuque de la sorcière dans mon dos pour la forcer à se baisser, imitant en ce fait le saltimbanque, ignorant délibérément les foudres de la Dresseuse. Je retournais à ma table en ricanant alors que Thanatos semblait vouloir essayer de se défendre cette fois, me basculant dans le fond de ma chaise en équilibre, je croisais les bras sur mon torse, un petit sourire en coin, une pensée pleine de scepticisme sur les capacités réelles du colosse à se défendre en cet état. Il fallait dire que les difficultés d'élocution du Selwyn n'avaient d'égale que les lèvres pincés d'Esmé et du rouge de l'alcool qui lui montait aux joues. Elle était tout de même très belle ainsi..Je dut même le murmurer sans trop m'en rendre compte, lorsque les mots mal prononcés d'Hypnos me percutèrent.
« C’qui qu’j’ai vu rent’er l’aut’ matin, lundi boutonné avec mardi, collant d’chiré, maquillage en vrac ? M’la joue pas gentille fifille à son p’pa quand tu t’fous à poil d’vant l’premier couillon qui passe ! Pasque ch’ais que c’tait pas not’ ami Hunter ci-présent, puisqu’il était avec moi."
Un gros crac retentit alors que je venais de m'affaler par terre, foirant le balancement de mon siège sous l'information. Je ricanais, ne m'en formalisant pas vraiment -mon seuil de douleur déja confortable en temps normal était vraiment très élevé avec les whisky – mon esprit venant tout simplement de m'abandonner. Et je préferais ne pas être là à son retour. La porte me semblait un très bon moyen de le semer avant de retrouver ma verve et..
« C’quoi cette bouse d’Hyppogriffe ?! Selwyn, pourquoi t’as trois Rois alors qu’il y en a deux sur le tapis ! Putain de fils de Phénix de tricheur ! »
Ah tiens, lui aussi trichait? Je me relevais et notais cette information au moment même où le sorcier se jetait sur le colosse qu'était Than Selwyn. Ce mec était fou...
Je jetais un regard noir à Esmé, attrapais mes fringues – oubliant ma chaussure sous la table – et me dirigeais vers la porte de bois lorsque celle-ci s'ouvrit au même instant, me percutant violement.
"Oh putainn..Trop difficile de toquer quelque part quand on est pas invité?! C'est quoi ces putains de manières de basiques de merde !"
M'agaçais-je sur les deux nouveaux venus qui venaient simplement de m'exploser le nez. Ca faisait longtemps tiens. Et bien sûr ils m'empêchèrent de quitter la salle, visiblement attirés par l'appat de la baston annoncer...
" Putain mais vous étiez ensemble en plus? Connard d'Avocat véreux de merde! Chope-le Kurt, cette fiente de Sombral est un putain de tricheur!"
Je soupirais et reculais vaguement.
"Alors déja, techniquement, je ne suis plus Avocat, il faudrait vous mettre à la page pour insulter les gens.."
J'esquivais je ne sais trop comment la charge alcoolisée du premier sorcier tout en me tenant le nez qui pissait le sang.
"Ensuite, j'vous informe, sous merdes que vous êtes, que je ne triche pas, mais je rend le jeu un peu plus interessant pour ma personne et.."
Le dernier coup venait de me prendre au ventre, me sciant en deux tout en percutant vaguement un truc en arrière. Oh putain.. Le ventre, ça faisait aussi toujours aussi mal.
Je me relevais, aidé par...Esmé. La garce. Je retirais vivement mon bras, le regard lourd de ressentiment, les mots coulant aussi vifs que le serpent sur sa proie. Son contact m'avait littéralement brûlé. Ma colère, ma hargne et plus encore, ma douleur éclataient, à leur paroxysme.
"Je te serai grée de garder tes mains de putain ailleurs que sur moi, Selwyn..."
J'attrapais son poignet sans difficulté avant qu'une claque retentissante ne rougisse pas joue, avant de la forcer à tourner pour esquiver la trajectoire d'un objet en bois non-identifié, et sans lâcher son bras, je pointais ma baguette sur l'un dés ivrogne et l'envoyait percuter l'un des murs d'un informulé acceptable. Pour reposer mon regard sur la brune au visage outré. J’arborais moi-même un rictus narquois et guère engageant, le regard emprunt d'un air méprisant que je n'avais guère eut à ce point avec elle.
"Oh oui, une simple petite catin, Swanny... Tant d'hommes ici ne te rend t-il pas aussi humide que lors de ton premier rêve érotique? Si j'avais su plus tôt, je ne me serais pas autant fais chier.."
L'autre main retentit violemment contre ma joue, laissant une trainée rougeâtre du sang qui coulait de mon arête nasale. Souriant toujours, je la plaquais contre moi, lui arrachant un baiser forcé guère agréable avant de la rejeter en arrière. Un sort vola non loin. Ma propre opprobre commençait douloureusement à me brûler les veines d'un acide que je ne pouvais plus refuser de reconnaître, encore une putain de fois. J'avisais la porte, la masse de muscles alcoolisée de Thanatos Selwyn faisant apparemment l'unanimité chez les deux autres sorciers, j'en profitais pour me tirer hors d'ici, le cœur au bord des lèvres.
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Esmé Kark
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Rapeltout Patronus : Auparavant un Cygne Noir, désormais une Hyène. Epouvantard : Un Lapin. Blanc, le lapin. Baguette magique:
Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Mer 13 Mar 2013 - 17:58
Concrètement, les choses avaient commencé à mal tourner dès lors qu’elle avait pris place à la table des autres poivrots.
Le jeu en lui-même n’était pas plus dégradant que ceux auxquels elle avait déjà participé et à ce moment-là, malgré son état d’ébriété des plus avancées, Thanatos parvenait encore à se tenir relativement correctement. Non, le problème était ailleurs. Trop pris par leurs propres mains ou tout simplement enfoncés dans la brume de leurs esprits alcoolisés, les autres joueurs restaient indifférents à la réalité. Cette dernière étant qu’un véritable orage menaçait d’éclater entre le Cygne Noir et le jeune Hunter.
Pour ceux qui avaient déjà eu l’occasion de se retrouver en leur compagnie, il était évident que la complicité qu’ils partageaient s’étendait au-delà de la sphère très privé d’une paire de draps quelconque, en témoignaient leurs échanges bien rôdés et les gestes instinctifs qui les ramenaient toujours l’un à l’autre sans provoquer de conflit majeur mais plutôt des sourires de connivence. De même, le fait que Salomon ait accepté la participation du Magistrat, lui qui se méfiait des autres sang-purs comme de la peste, était un autre signe à ne pas négliger.
Aussi ces observateurs aguerries auraient-ils compris que les événements commençaient à prendre un mauvais tournant et ce, à une vitesse qu’aucun des deux jeunes gens ne pouvait contrôler. Habités par une hargne nouvelle, la maîtrise et l’ascendance qu’ils pensaient détenir en cet instant sur l’autre n’était qu’une illusion et plus Esmé se refusait à lui céder du terrain, plus Corvus cherchait à récupérer l’Oiselle. Elle adora sentir sa confusion et son agacement alors qu’elle dédaignait d’un haussement d’épaules sa remarque concernant le fait qu’elle n’était pas suffisamment dévêtue pour mériter le droit de poser son séant sur lui, de même que celle concernant un possible échange plus crédible entre les deux bâtons de tabac. Non contente de ne lui répondre que par des bribes d’indifférence, elle ne se permit même pas un mouvement de sourcils. Si Swanny avait abandonné ses artifices, elle n’en conservait pas moins l’habilité de ses mascarades.
Car à l’intérieur, le Fauve débutait sa salve de grognements, comme brûlé à chaque fois un peu plus par le tison de ses piques acerbes. Une raison supplémentaire qui l’avait mené à reporter son courroux sur ce cher Thanatos. Si ses lèvres avaient remué calmement, c’était pour mieux détourner l’attention de ses doigts qui commençaient à trembler.
Enfin, quand son Aîné fit ses révélations scabreuses, elle trouva une bonne raison de laisser libre-cours à sa rage. Deux mois qu’elle était près de lui, deux mois qu’elle portait ce minable à bout de bras, des semaines qu’elle jouait les nounous pour l’empêcher de tout crâmer sur son passage et l’aider à se reprendre. Et c’est tout ce qu’il trouvait à faire ? La pousser dans le gouffre de sa déchéance avec lui ? Il semblait en crever d’envie, ce salopard, rien qu’à son œillade mauvaise et à son sourire sardonique. Il voulait qu’elle souffre autant que lui.
Un bruit de chute, un ricanement et un beuglement indigné plus tard, Edrich était sur le Forain, interrompant leur échange fratricide. La mâchoire de Thanatos émit un craquement sinistre avant que lui-même ne réplique, encastrant l’épaule de son adversaire d’un coup de poing dans le mur derrière eux.
Instinctivement, Esmé recula. Elle n’aimait pas les conflits, elle avait en horreur toute altercation physique et elle faillit fuir, ainsi qu’elle l’aurait fait tant de fois auparavant pour laisser les hommes à leurs querelles.
Elle ne put s’empêcher d’être assaillie par les souvenirs des débris de verre, des brûlures profondes, de la neige striées de de lignes carmines et des cadavres aux yeux exorbités, mus à jamais par la mort. Le vingt-sept décembre serait à jamais gravée en elle, démon invisible qui la poursuivait encore deux mois plus tard.
Pourtant, cette nuit terrible lui avait au moins apporté une chose. Une chose que le Choixpeau avait compris bien avant elle : sa valeur ne se limitait pas à sa ténacité mais aussi à ce qu’elle était prête à dépasser pour les autres. Un pas en avant, elle renfila prestement sa chemise et son manteau, extirpant sa baguette de sa jarretière derrière sa cuisse. Elle eut à peine le temps de croiser le regard colérique de Corvus qui se dirigeait vers la porte avant que son attention ne soit détournée par Thanatos. Ce dernier venait de buter contre une chaise renversée et il chuta brutalement au sol. Même avec une épaule déboitée, Edrich était bien décidé à lui démolir la face. Pointant sa baguette vers lui, un léger confundo empêtra le Sorcier dans ses pas, l’arrière de son crâne venant frapper le coin de la table. De quoi le laisser hors-circuit pendant un instant alors que le Selwyn se remettait péniblement sur ses jambes.
Et bien sûr ce fut le moment que choisirent d’autres poivrots pour se joindre à la fête, défigurant Corvus au passage. Des cartes s'étalaient autour de lui, expliquant les l'agacement des poivrots.
"Alors déja, techniquement, je ne suis plus Avocat, il faudrait vous mettre à la page pour insulter les gens.."
Voilà que ce crétin de tricheur essayait de parlementer ! Irrécupérable ! La Belle leva les yeux au ciel pendant que les autres jeunes femmes en profitaient pour prendre leurs jambes à leur cou maintenant que la voie était libre. L’un des nouveaux arrivants se précipita droit vers un Thanatos titubant, mâchoire déviée, lèvre fendue et paupière déjà bleuie.
« Je ne crois pas, non ! »
Des chaînes sortirent du mur le plus proche, happant immédiatement l’homme entre leurs bras d’acier pour l’empêcher d’atteindre le Selwyn qui commençait à reprendre ses esprits en même temps que cette enflure d’Edrich, ivrogne rampant sur le sol. La situation pressante avait eu le mérite de rendre toutes ses facultés à la Belle et de leur ôter un adversaire.
Seulement, il en restait encore deux et Corvus venait de faire les frais de celui qu’elle avait négligé. Elle se retourna juste à temps pour le voir se plier sous la douleur et se précipita vers lui pour l’aider à se relever. Dès qu’il comprit qui était l’auteur de cette aide impromptue, il la repoussa avec la véhémence d’un animal blessé, les paroles qu’il ne tarda pas à prononcer appuyant son geste.
"Je te serai grée de garder tes mains de putain ailleurs que sur moi, Selwyn..."
« Pardon ?! »
Là, c’en était trop. Elle l’avait entendu de nombreuses fois de la bouche d’autres – Sevastian venant certainement en pole position dans l’attribut de ce genre de charmant qualificatif – mais deux fois en une soirée, par deux personnes auxquelles elle tenait maintenant plus qu’à sa propre vie, il fallait l’avouer, c’était inacceptable. Il intercepta sa main alors qu’elle se permettait le premier geste de violence directe qu’elle n’eut jamais eu envers lui, les traits à la fois déformés par l’hébétude et la colère.
Il la fit pivoter pour lui éviter un quelconque projectile, les doigts du Magistrat meurtrissant son poignet le temps qu’il s’occupe de l’auteur un peu trop zélé. Un bout de bois ricocha sur la joue d’albâtre de la Belle pour la fendre en une plaie aussitôt envahie par des perles vermeilles.
Mais elle n’eut pas le loisir de se préoccuper de cette blessure, Corvus semblant bien décidé à lui en faire subir d'autre en lui faisant part de tout le dégout qu’elle lui inspirait et continuant sur sa comparaison avec les filles de joie qui avaient partagé leur soirée, en plus de souligner la potentielle facilité de ses émois. Cette fois-ci, la claque atteignit sa cible, encore plus puissante qu’aurait dû l’être la précédente.
Des larmes d’indignation perlaient au coin de ses yeux et elle dû faire appel au peu de maîtrise qu’il lui restait pour ne pas refermer ses doigts ensanglantés sur la gorge de celui qu’elle croyait être son Ami. Et quand bien même elle n’aurait pu se contenir, il la plaquait déjà contre lui et lui imposait un baiser aussi infect que sa tirade fielleuse. Ainsi emprisonnée contre lui, elle ne parvint que de manière instinctive à mordre brièvement - mais puissamment - un bout de la lèvre de son Assaillant, un goût de fer mélangé aux effluves d’alcool envahissant son palais avant qu’il ne la dégage une nouvelle fois sans égards.
« Corvus ! » l’invectiva-t-elle d’un ton haineux alors qu’il passait la porte en furie.
Bien sûr, son intervention fut inutile. Elle n’était même pas certaine qu’il l’ait entendu. Partagée entre l’ahurissement et l’écoeurement, elle ne sortit de son stoïcisme que grâce à l’apparition de Charmelle encore plus déconcertée qu’elle, un plateau plein entre les mains. Elle resta pantoise devant la scène d’un Thanatos et d’un Edrich qui continuaient à se conter fleurette avec plus ou moins d’entrain, tous deux maintenant en bien piètre état.
« Swa … Swanny ! Qu’est-ce que … Mais tu saignes, chérie … Et Than, mais … »
Elle s’interrompit, sous le choc de la scène de la pièce sans-dessus dessous. Esmé elle-même ne savait plus où elle en était. Le flux d’émotions contradictoires la transperçait, laissant une empreinte de souffrance dans chaque partie de sa chair déjà à vif.
Comment en étaient-ils arrivés là ? Pourquoi Corvus s’était-il mis dans un tel état de nerfs au point d’adopter une attitude aussi cruelle, verbalement et physiquement, envers elle ? Elle ne l’avait jamais connu ainsi et bien qu’elle lui en veuille terriblement, quelque chose lui soufflait qu’elle les avait elle-même amené jusqu’à cette situation. Elle ne pouvait décemment pas le laisser s’échapper aussi facilement. Mais d’un autre côté, il fallait qu’elle s’occupe de Thanatos et …
« Je … Je reviens. Arrange … Ca. »
Peu habituée à sentir autant d’hésitation dans la voix de son Amie, Charmelle regarda Esmé disparaître par la porte menant sur la pièce adjacente d’où venaient la Serveuse et les intrus qui s’étaient joints au combat.
Les lieux empestaient autant que leur propre annexe et elle put entendre par-delà les murs la cacophonie de la salle principale où quelques poivrots entonnaient des chansons par-dessus la musique, bien décidés à surpasser les notes déjà à leur comble. Cela expliquait sans doute pourquoi, outre les deux craignos, personne d’autre n’avait été alerté par leur fracas.
Sans pour autant s’en formaliser, la jeune femme contourna la table où cartes et jetons avaient été abandonnés pour emprunter une seconde porte grande ouverte. Elle débouchait dans le cul-de-sac d’une ruelle sombre, perpendiculaire à la rue principale. Elle arriva juste à temps pour apercevoir Corvus marchant d’un bon pas vers cette dernière, ralenti par ses mouvements tandis qu’il se rhabillait à la hâte.
« Corvus ! »
Cette fois, elle en était sûre, il l’avait entendu. Il eut un instant d’hésitation. Certainement ne s’attendait-il pas à ce qu’elle le suive. Elle n’était pas du genre à courir après les gens qui se détournaient d’elle. Néanmoins, il reprit sa route.
« Hunter ! Un pas de plus et je te jure que je t’enchaine aux pavés ! »
Sa voix se faisait de plus en plus agacée alors qu’elle se rapprochait de lui et qu'il continuait d'avancer, sourd à ses menaces. Très bien, puisqu'il y tenait ... Une chaîne à l'image de celle qu'elle avait utilisé contre leur adversaire sortit du sol pour s'enrouler autour de la cheville du Magistrat.
Elle en profita pour le rattraper et lui faire face. Le sang du Magistrat maculait les lèvres de la Dresseuse, tordues par … Etait-ce de l’inquiétude ? En tout cas, cela y ressemblait. Avec une bonne dose de rage, cette fois ouvertement dévoilée.
« Mais qu’est-ce qui te prend, bordel de merde ? Où comptes-tu aller comme ça ? C’est tout ce que tu as trouvé de mieux à faire ? Non content de te conduire comme un enfoiré, tu nous abandonnes comme un gros lâche ! »
Le Cygne Noir ne tolérait pas ce type de défection, plus encore quand elle lui paraissait aussi insensée.
N’était-ce pas lui qui avait entrainé son frère dans cette partie ridicule – aucun doute à ce sujet, c’était du Hunter tout craché – et qui l’avait traité de putain ? En plus de l’accueillir avec la froideur d’un glacier et de la provoquer comme il se l’était permis ? Alors qu’elle l’avait appuyé auprès de Salomon, était restée près de lui tout en cherchant à le préserver des démons qui l’agitaient sans cesse, soucieuse de ne pas se perdre davantage que c’était déjà le cas ? Pour ne pas le perdre, lui.
Pour le moment, ses pensées disparates étaient anéanties par les blessures qu’il lui avait infligées. Elle n’aurait pas dû l’empêcher de partir, elle le savait. Sauf qu’encore une fois, son instinct lui soufflait que si elle ne s’en était pas préoccupée, elle aurait réalisé la crainte qui l’avait tenu si éloignée de lui.
Corvus O. Hunter
Générateur de Chaos
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Lun 18 Mar 2013 - 12:13
2 Mars 2021
«Vices sans Vertus. »
Sortir de la petite salle bien trop étouffante. Traverser ce bar pathétique et putride. Quitter les lieux sans un regard pour personne malgré mon visage assombrit par la colère et le nez ensanglanté. Le premier qui oserait m'apostropher trop directement ou se mettre sur mon chemin finirait très mal. Ombre ou Héritier, je m'en contre-fichais parfaitement. La voix de Charmelle derrière son comptoir ne m'atteignit pas même un instant dans le brouillard cotonneux du flot d'émotions amères qui me frappaient. Le bois grinçant sous mes pas vifs et pressés, je poussais l'épaisse chambranle pour me retrouver hors de ce bouge minable.
Le froid humide et glacial du Nord de l'Ecosse me frappa avec force alors que l'obscurité de la nuit m'enveloppait sans me procurer le moindre réconfort, presque plus étouffante encore que la chaleur rance et oppressante que je venais de quitter. Et pourtant je m'arrêtais un instant, hésitant, perdu aussi bien dans mon propre esprit que dans ses lieux étrangers et dictatoriaux. Je serrais les dents sous la douleur qui pulsait avant de me jeter vers la première ruelle venue, à gauche de celle que je venais de quitter. Si ce n'était pas la bonne direction, ce serait la prochaine, je n'en avais que faire. Et de toute manière rentrer directement était exclu, j'aurai besoin de me défouler jusqu'à l'épuisement. Peut-être l'esprit suivrait-il?
On pouvait toujours rêver. Surtout quand la réalité venait encore une fois de faire sa putain exécrable. Ces derniers mois et leur lot de connerie commençait vraiment à me rendre fou.
Terminant d'enfiler ma veste sans trop de cérémonie, mon prénom résonna dans la noirceur de la nuit, se répercutant sur les pierres qui bordaient l'allée.
Esmé.
Je tressaillis.
Pourquoi cette petite conne m'avait suivit? N'avait-elle pas mieux à faire avec son lourdeau de frangin? Elle aurait bien le reste de la semaine pour tâcher de faire encore un peu comme si de rien n'était vis à vis de moi et se foutre de ma gueule, pourquoi s'encombrer maintenant? Pensait-elle pouvoir me convaincre naïvement d'un sourire et quelques mots doux?
D'un geste de l'épaule, j'ajustais ma manche et continuais mon chemin, la mâchoire serrée, faisant fit de la chaussure que j'avais oublié dans ce putain de bar dans ma précipitation.
« Hunter ! Un pas de plus et je te jure que je t’enchaine aux pavés ! »
Je ricanais et ne pris pas la peine de ralentir ni répondre. Et puis quoi encore? Elle ne pouvait donc pas laisser les gens se tirer tranquillement? Elle en voulait plus alors que je lui avais déja bien trop accordé? Ce serait sans moi cette fois-ci. Rien que d'entendre sa voix j'avais l'envie folle de la faire taire à jamais. Le sang battant mes tempes sourdement, la mâchoire serrée j'accélérais même, lorsque le sortilège de la Dresseuse m'atteint, une chaine me bloquant la cheville, coupant mon élan. Récupérant mon équilibre, j'évitais de justesse une chute qui aurait été aussi douloureuse qu'humiliante et jetais un regard mauvais à l'objet du délit. Une putain de chaine. Je jurais comme le pire des sang-de-bourbe alors que la Selwyn me rattrapait, baguette en main, et se postait face à moi.
Je quittais immédiatement des yeux l'entrave pour poser mon regard sur elle, sombre, mauvais et surement plus explicite que je ne l'auras voulu. Un rictus méprisant sur le coin des lèvres, je croisais les bras sur mon torse et ricanais.
« Mais qu’est-ce qui te prend, bordel de merde ? Où comptes-tu aller comme ça ? C’est tout ce que tu as trouvé de mieux à faire ? Non content de te conduire comme un enfoiré, tu nous abandonnes comme un gros lâche ! »
"Je n'ai absolument aucun compte à rendre à quelqu'un comme toi, Selwyn... Et me suivre comme nifleur, essayer de me retenir par des moyens aussi...pathétiques ne servira absolument à rien.."
Un autre jour, me sentir ainsi entravé m'aurait mis hors de moi, mais n'était-ce pas exactement ce qu'elle voulait? Pour assoir un peu plus son pouvoir? Essayer de joueur l'ingénue qui ne se doutait ne comprenait rien à la situation, la victime de l'histoire? Cela ne prenait pas chez moi, pas ce soir. Je reniflais, un sourire carnassier sur les lèvres, le ton moqueur et froid, tranchant. Ce n'était pas le moment de me chercher alors que la haine palpitait doucereusement dans mon organisme, me consumant pour m'éviter de tomber. Chaque mot me semblait des milliers d'épingles dans mon propre esprit.
"Tu veux vraiment savoir ce qui m'arrive? Le fond de mes pensées?
D'un mouvement du poignet, baguette en main, je brisais cette chaine débile et m'avançait doucement sur Esmé, sans quitter son regard du mien, la forçant doucement à reculer, encore un peu, pour finir coincée entre le mur et moi. Je ricanais alors, lâchant ses prunelles indéchiffrables pour parcourir ce corps que j'avais tant de fois aimé étreindre mais qui n'était que l’enveloppe charnelle de l'illusion qui m'avait brûlé, de la seule personne que j'avais encore cru pouvoir nommé Amie.. Quelle décrépitude! Je savais pourtant que ce genre de relation était vouée à l'échec, que l'humanité ne pouvait décemment exister ainsi.
Doucement, sans lui laisser d’échappatoire,je l'emprisonnais de mon corps, la frôlant un instant pour complétement la toucher, la caresser sans la moindre décence celui d'après, mes lèvres s'appuyant sans douceur sur les siennes avant de plonger dans son cou. Je lui écartais les jambes dans un même mouvement, plaçant adroitement mon genou entre ses cuisses. Je n'étais plus sûr de penser correctement, de vouloir penser tout simplement, je savais mon comportement malsain, douloureusement malsain, extrêmement malsain. La forcer ainsi ne m’apporterais absolument rien et je m'en dégouttais d'avance, mais c'était plus fort que moi et d'un côté c'était juste vital.
Outre cette envie viscérale de la posséder une dernière fois ainsi tandis que je me refusais de penser au reste, celle de lui faire autant de mal qu'elle m'en avait fait ne faisait que renfler ce désir initial.
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Lun 18 Mar 2013 - 19:06
Esmé avait été l’auteur d’un certain nombre de disputes au cours de sa vie. Professionnellement, elle était une plaie pour ses collaborateurs et grand mal en prenait à ceux qui décidaient de ne pas répondre à ses exigences ! Soit elle les congédiait d’une phrase assassine, soit elle devenait une véritable tornade de perfidie. A peine quelques mois plus tôt, elle avait envoyé une beuglante à chaque styliste avec qui elle travaillait pour leur faire part de son mécontentement quant à leurs nouveaux croquis. A coup sûr, ces derniers s’en souvenaient encore.
Ce refus de la demi-mesure était mieux compensé dans ses relations personnelles. Plus on était proche du Cygne Noir, plus elle pouvait se montrer arrangeante. Particulièrement en ces temps où son psychisme délabré trouvait à peine la force de répondre à ses besoins vitaux. En réalité, elle vivait sur ses nerfs, grâce aux insomnies, poussée par les attaques incessantes de Thanatos, par le déni de Salomon, par son corps de plus en plus fourbu qu’elle entrainait beaucoup. Trop.
L’important était de ne pas avoir à réfléchir. Rien d’intime, rien qui la ramène à sa douleur. Surtout pas.
Sauf que Corvus frappait dur et juste. Il n’avait pas besoin de se perdre en grandes palabres. Le moindre tressaillement de lèvre, son œillade perfide, ses bras croisés en signe de rejet, sa façon de l’appeler par son nom de famille, juste l’intonation de sa voix … Il la haïssait. Purement et simplement.
Rendue muette par l’obsession de son Interlocuteur à s’enfermer dans sa hargne, elle sentit seulement ses sourcils se hausser tandis qu’elle raffermissait sa prise sur sa baguette. Pour faire quoi, au juste ? Les grognements de la Bête s’étaient mués en aboiements furieux. L’attaque avait toujours, pour elle, appelé à la réplique. Et pourtant, elle se contenait encore.
Il fallait museler le Fauve, ne pas laisser une autre barrière tomber sous le poids des mots. Se contenter d’observer le Magistrat, sans rien laisser transparaître. Pas de mouvement brusque. Se retourner et s’en aller, peut-être.
"Tu veux vraiment savoir ce qui m'arrive? Le fond de mes pensées?
Allait-il enfin se dévoiler ? Expliquer son comportement abusif ? Pourraient-ils tranquillement reprendre leur chemin sans se faire souffrir davantage ? L’espoir infime mourut dès lors qu’il brisa son entrave, s’approchant d’elle à mesure que spontanément, elle reculait.
« Ne fais pas ça … »
Le ton était maintenant hésitant, presque suppliant alors qu’elle secouait légèrement la tête. Elle savait ce qu’il voulait et comment il était certain de pouvoir l’obtenir. Ces airs prédateurs, elle ne les connaissait que trop bien. Elle les avait lu sur mille visages, le sien y compris. Néanmoins, jamais sur celui de son Ami. Il lui voulait du mal. Parce qu’il avait mal. Et un animal blessé, la Dresseuse était bien placée pour le savoir, est toujours le plus dangereux de tous.
Son dos heurta la pierre froide, le corps du jeune homme l’engloutissant de toute sa stature.
Il fallait qu’elle s’en aille, immédiatement. Sauf qu’elle en était incapable. Non pas que la peur la cloua sur place. Le sentiment qui l’habitait était bien plus profond que cela, beaucoup moins primaire. Il transcendait sa colère ou sa crainte. Extirpé du plus profond d’elle-même, il lui ordonnait de ne pas lâcher. De ne pas le lâcher, lui.
Quand elle sentit ses mains sur son corps, d’abord simples effleurements qui se transformèrent en caresses oppressantes, une profonde répulsion l’assaillit. Ces lèvres qui s’appuyaient avec insistance sur les siennes avant d’aller apposer leur marque fiévreuse sur sa peau, ce n’était pas celles de Corvus. Rien dans ces gestes, alors qu’il forçait la barrière de ses cuisses, absolument rien n’appartenait à l’homme à qui elle s’était donné tant de fois. Trop avides pour n’être qu’une simple marque d’une absurde jalousie, comprit-elle alors que les paroles de Thanatos cheminaient dans son esprit. Il ne voulait pas simplement récupérer ce qu’elle lui refusait, il cherchait à l’atteindre profondément, en écho à ses propres blessures dont elle ignorait la cause, voire l’ampleur, toute enfermée qu’elle avait été dans ses méandres. Jusqu’à présent.
La Belle n’eut pas la moindre réaction. Les boutons de son chemisier sautaient, encore plus de sang se répandait sur son visage, ses cheveux s’emmêlaient et elle ne bougeait pas. Muscles contractés, mâchoires serrées et yeux clos, elle semblait attendre qu’il ait fini son œuvre, passive.
Puis, alors qu’il relevait sa jupe d’un geste vif, elle leva doucement la main qui tenait sa baguette. Ses lippes rougies se murent enfin pour murmurer un faible « everte statum ».
Le bout de bois frappa sur l’aine. Ce sortilège était basique, facilement maîtrisable pour tout sorcier. Pourtant, Corvus ne fut projeté qu’à un mètre à peine, simplement étourdi par le léger choc. Juste de quoi le dégager d’elle. Aussitôt, elle baissa son arme. A vrai dire, elle la rangea carrément, sans cesser de le regarder.
« Où est passée ta verve acide, Corvus ? Piètre avocat que voilà, obligé de s’exprimer en se ruant sur l’accusé pour faire passer le message. »
Elle plissa les yeux, toujours collée au mur. Rien n’empêchait le jeune homme de répliquer et de reprendre là où elle l’avait interrompu. Pour autant, elle n’esquissa pas un geste.
« Je mettrai bien ça sur le compte de l’alcool, mais ce serait trop facile. Et tu es plus résistant que ça. » continua-t-elle d’un ton toujours neutre. « Je pourrais aussi me rengorger en supposant que les révélations de mon abruti de frère t’ont rendu fou de rage, sauf que là encore, ce raisonnement me paraîtrait bien trop simplet, et qu’on n’atteindrait toujours pas le cœur du problème, n’est-ce pas ? »
Sans lui laisser le temps de répondre à cette question purement rhétorique, elle enchaina tout en prenant le risque de quitter la pierre pour s’approcher de lui.
« Tu veux me briser ? Me faire dégager en te traitant de tous les noms ? T’arranger pour que je n’aie plus jamais envie de te revoir ? Ce serait tellement pratique pour toi, je suppose. Mais mauvaise pioche. Je n’irai nulle part. »
A présent, elle n’était plus qu’à quelques centimètres de lui. Sa lèvre inférieure tremblante tranchait avec l’assurance de sa voix qui montait à chaque mot un peu plus. La carapace suintait de toutes les failles provoquées par chaque coup qu’elle avait reçu ce soir-là.
« Dans les brumes de ce qu’il te reste de cerveau, est-ce que tu t’es demandé pourquoi j’étais allée en voir un autre ? Est-il venu à ton esprit étriqué qu’il était éventuellement possible que j’aie refusé de t’utiliser ? Que tu avais plus d’importance à mes yeux que ça ? Non, bien sûr que non ! La Selwyn est une garce égocentrique, qui jette comme elle prend. Alors vas-y ! Baise-moi comme une sale putain, puisque apparemment, c’est tout ce que je mérite ! »
Ses doigts fébriles entreprirent de délacer les rubans de son corset attaché par devant pour révéler la naissance du derme de sa poitrine. Une large trace de brûlure récente entre ses deux seins apparut, ajoutant aux escarres qu’elle portait sur le visage et peut-être ailleurs, dissimulées par la nouvelle sobriété de ses tenues.
Puisque pour lui, ce qu’il y avait entre eux se résumait à cela, alors pourquoi tenter de le protéger plus longtemps ? Tandis qu’elle vociférait, chaque mot arraché à la plaie intérieure béante qu’elle avait voulu oublier et se dénudant avec difficulté, elle comprit encore une chose : si elle ne pouvait décemment lutter contre les autres et leurs démons, elle en avait plus qu’assez de lutter contre les siens.
Corvus O. Hunter
Générateur de Chaos
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Mar 19 Mar 2013 - 1:25
2 Mars 2021
«Vices sans Vertus. »
Les mots à peine soufflés de la sorcière ne m'atteignirent même pas, se perdant dans les brumes qui enserraient mon esprit, en muselaient le flot trop mouvant de sentiments aussi puissants que sombres et variés, ne laissant qu'une douce haine s'écouler dans mes veines et écraser tout le reste. La voir reculer devant moi était jouissif. Elle la si belle, si fière Acrobate au caractère de fer, elle qui piétinait mon âme sans l'ombre d'une hésitation, me renvoyant un peu plus profondément vers des enfers que je ne voulais même pas voir du coin de l'oeil par peur de m'y noyer trop profondément, la voila qui se faisait docile, soumise. Mon sourire s'agrandit tandis que mon esprit préféré s’immerger un peu plus profondément.
La réalité du tissu entre mes doigts me fit frissonner, la douceur de sa peau me fit trembler et la pression de ses lèvres contre les miennes m'arracha un bref gémissement. Mais je ne saurais dire si cela était de satisfaction, d'angoisse ou de contradiction. Je sentais juste que si je la lâchais, si je refusais de continuer ce que je savais pourtant être une erreur monumentale, je perdrais pied, définitivement. Je préférais encore lui faire mal, la voir souffrir que devoir affronter directement mes propres démons et ma réalité. Plutôt elle que moi, plutôt le reste du monde que moi-même, cela avait toujours été mon crédo, à tout instant, en tout lieu. Mieux valait me préserver que risquer la chûte dont je ne me relèverais pas. Et je savais mes propres barricades bien trop branlantes, bien trop altérées pour pouvoir jouer le jeu de l'équilibriste avec mon propre moi.
Même la haine commençait à me sembler fade et sans goût alors que le corps d'Esmé paraissait sans vie entre le mien, que ses tremblements et son regard glissait doucement sur l'extérieur de ma personne, faibles, invisibles, inexistants. Sa peau me brûlait, mes gestes se firent plus précipités, plus désespérés. Je sentais à peine mes mains s’affairer, ses boutons sauter l'un après l'autre sous mes assauts. La douleur sur mon visage n'était plus qu'une lointaine palpitation sourde et dénuée d’intérêt. J'avais besoin d'elle une dernière fois, même si j'étais bien incapable de penser plus loin. Je ne voulais pas y penser.
Rapidement, j'attrapais la rondeur agréable et si connue de sa croupe dans un souffle rauque dans le but de relever le tissu soyeux de sa jupe et de ne pas attendre plus longtemps pour assouvir le désir sombre et malsain qui me dévorait l'esprit, pulsant douloureusement contre le propre tissu de mon boxer, témoin coupable a qui je donnais les pleins pouvoirs sans hésitations. J'étais déjà trop loin pour esquisser le moindre changement de direction sans y perdre plus encore.
Ma main glissa sur la dentelle soyeuse de son propre sous-vêtement lorsqu'une pression étrange sur mon entre-jambe ne me laissa pas le temps de comprendre ce qu'il se passait alors que je volais un peu plus loin, me vautrant lamentablement sur le sol. Je relevais un regard vide et quelque peu perdu sur la silhouette devant moi, encore contre le mur, debout et débraillée. Je me sentais à bout de force, hors de ce monde et complétement enlisé à la fois.
« Où est passée ta verve acide, Corvus ? Piètre avocat que voilà, obligé de s’exprimer en se ruant sur l’accusé pour faire passer le message. »
Je serrais les dents, la pique faisant mouche, bien trop juste, me forçant à ne pas lâcher son regard du mien, sombre et douloureux.
"Parfois les mots ne sont que des mots." Sifflais-je douloureusement. J'aurais dut compléter, trouver une suite tellement cette réplique était aussi inutile que faible et pitoyablement ré-interprétable à volonté. Mais je n'y arrivais pas. Les mots, mon cynisme, mon esprit, tout semblait s'être barré et me laissant seul avec ce goût amère de défaite et de nausée. Même la haine ne parvenait plus à les surpasser, à écraser cette sensation d'abandon qui m'étreignait une nouvelle fois.
Je me relevais doucement, tâchant de contrôler les tremblements qui me gagnaient, essayer de préserver le peu de fierté qu'il me restait. Je ne voulais pas écouter ses paroles, ses manipulations venimeuses, sa perspicacité qui me donnait la nausée et me faisait plus mal encore.
« Tu veux me briser ? Me faire dégager en te traitant de tous les noms ? T’arranger pour que je n’aie plus jamais envie de te revoir ? Ce serait tellement pratique pour toi, je suppose. Mais mauvaise pioche. Je n’irai nulle part. »
"Je.."
Je reculais. Bêtement, stupidement. Voila que je jouais le même jeu qu'elle plus tôt! C'était d'un pathétique! Je tâchais miraculeusement de me raccrocher à la bile amère qui me pourrissait la bouche, à ce coeur qui n'en pouvait plus de battre plus fort, plus vite, plus douloureusement, à cette colère si puissante que j'avais ressentit avant. C'était elle! De sa faute! Oui elle avait raison! Oui je ne voulais plus la revoir, je voulais quitter ces lieux, cette ruelle, Pré-au-Lard, l'Angleterre! Mettre le plus de distance avec tous ces gens qui m'empoisonnaient la vie et l'esprit.
Un pas de plus en arrière avant de serrer les poings et relever le menton. C'était quoi ce comportement pathétique? N'était-ce pas moi qui me débarrassait de sa carcasse inutile avant qu'elle ne me ronge complétement? Mieux valait coupe rune gangrène quand il était encore temps malgré la cicatrice et le vide évident que cela laisserait..Je ricanais tout seul à cette simple pensée alors qu'elle n'était plus qu'à quelques centimètres de moi, la lèvre tremblotante, le regard déterminé et indéchiffrable. L'alcool m'avait déja ôté une partie de mes capacités, mais la douleur de perdre Esmé avait définitivement arraché le reste. Je serrais les lèvres pour ne pas flancher, ne pas perdre pied, vacillant entre les sentiments contradictoires qui m'alpaguaient sans pitié.
« Dans les brumes de ce qu’il te reste de cerveau, est-ce que tu t’es demandé pourquoi j’étais allée en voir un autre ?"
Je croisais à nouveau mes bras sur mon torse afin de donner une meilleure stabilité à l'image que j'espérais renvoyer. Je n'esquissais pas un mot, la langue bien trop lourde pour articuler quoi que ce soit.
Est-il venu à ton esprit étriqué qu’il était éventuellement possible que j’aie refusé de t’utiliser ? Que tu avais plus d’importance à mes yeux que ça ? Non, bien sûr que non ! La Selwyn est une garce égocentrique, qui jette comme elle prend.
J'aurais voulu ricaner. Pensait-elle que je ne voyais pas où elle voulait en venir avec son air à la fois sûr et perdu? Avec cette faiblesse qu'elle espérait me faire avaler tout en retournant la situation à son avantage? En accusant l'accusateur? Transformer la victime en bourreau? C'était une technique que j'avais si souvent usité en procès.. Pourtant je ne pus m’empêcher de me sentir plus mal encore au fur et à mesure de ses paroles, alors qu'elle glissait ses doigts entre les rubans de son corset...Mes yeux ayant suivit la danse de ses mains sans m'en rendre compte, soulagé de quitter son propre regard avant de me rendre compte de mon erreur.
Pour le baisser encore davantage, incapable de les garder sur les gestes qu'elle entreprenait. Pourtant n'était-ce pas ce que je voulais? La forcer à se soumettre à moi? La prendre comme la catin que je l'accusais d'être? La fourrager sans une once de délicatesse comme son acte envers moi me le soufflait? Si. Absolument.
Mais impossible. Ni d'avancer, ni de partir. J'étais aussi figé que si j'avais été victime d'un stupéfix.
Son corset tomba à même le sol dans un froissement épouvantable.
J'ouvris la bouche, la refermais. Relevait le regard en traversant son corps de haut en bas, sans rien voir malgré la lenteur de mon ascension. J'accrochais ses yeux qui brillaient sous la pâle lumière de la ruelle, laissant le silence s'égrainer quelques instants. Il me fallait m'arracher d'elle, partir, maintenant, lui dire que c'était fini, que je ne voulais plus d'elle.
"Pardon."
Je..Je grommelais doucement, surpris par mon propre mot, détournant immédiatement le regard alors que la peur et l'angoisse venaient de me couper le souffle et les pensées. Un froid intense m'étreignit d'un coup malgré les battements désordonnés de mon coeur. Mais quel con! Quel con ! Quel..
Je me mordis la lèvre alors que je venais de sentir....une larme couler contre ma joue. Et croiser le regard d'Esmé.
"Oh putain par Merlin. Non, non, non. Je..." Je fronçais les sourcils, reculant vaguement comme si cela pouvait me protéger, le regard complètement perdu et sans la moindre parcelle d'arrogance en cet instant. Seule la panique me vrillait le corps, laissant des mots incompréhensibles s'écouler de mes lèvres dans un semblant de contenance que je n'arrivais pas à reprendre. Je flanchais. Mes nerfs lâchaient une nouvelle fois. Je faisais une grossière erreur, il me fallait partir, maintenant, tout de suite, tout..
Swanny s'avança vers moi. Son geste, sa nudité, sa personne, tout m'effrayait, trop de sentiments et pensées contradictoires essayaient de remporter la manche dans mon esprit délabré.
"Je.."
Je sentis son contact alors, m'empêchant de fuir une nouvelle fois, bien plus fermement que des milliers d'ordres ou de chaînes.
CODE BY AMIANTE - LORD ENA
Esmé Kark
Le Diable au Corps
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Mar 19 Mar 2013 - 16:39
Le dernier ruban céda sous la charge rageuse de ses doigts. Sans plus de cérémonie, elle se débarrassa du tissu qui l’encombrait, le souffle court, l’esprit en furie, précipité par sa tirade douloureuse.
Une autre plaie sur son ventre, formant une sorte de vague et sur son flanc gauche, visible également dans la pénombre, le stigmate ultime. La Marque des Ténèbres semblait narguer les voyeurs bien davantage que ses courbes aguicheuses, ainsi imprimée ad vitam aeternam. Même le Chimeria n’avait jamais reçu cet honneur et peut-être cela la perturbait-elle davantage que n’importe quel autre tatouage. Etait-ce l’une des raisons pour lesquelles elle se cachait ? Outre les scarifications évidentes, conséquence de sa volonté de maîtrise ultime vouée à l’échec, elle qui évitait toute profondeur dans ses contacts à l’autre se refusait certainement à exposer sa fragilité de façon aussi drastique.
Sauf que Corvus n’en avait certainement pas la moindre idée. Plus elle avançait dans son discours, plus elle se mettait à nue, plus il esquivait son regard et plus il perdait de sa contenance. Alors que c’était la dernière chose qu’elle désirait, c’était elle qui le brisait. Mais elle s’en moquait, littéralement hors d’elle. Elle lui donnait ce qu’il réclamait. Ce n’était pas le moment de faire le difficile !
« Alors, qu’est-ce que tu attends ?! Tu veux que j’enlève le bas aussi ? » railla-t-elle, ses hurlements se perdant en écho sinistre sur les pavés de la ruelle.
Allait-il enfin oser la regarder ? Le dégoutait-elle à ce point qu’il ne puisse même pas s’attarder sur ce corps qu’il avait voulu à tout prix, peu préoccupé par un quelconque assentiment de sa part ? Elle allait continuer sur sa lancée fielleuse, de plus en plus tremblante, phalanges blanchies à force de serrer les poings, quand enfin, il consentit à redresser la tête. Ses prunelles traversèrent sa silhouette sans la voir jusqu’à se planter dans les émeraudes de la jeune femme.
"Pardon."
Le temps sembla se suspendre entre eux. Esmé en resta coite, les lèvres entrouvertes avant de déglutir avec peine.
Le Magistrat ne s’excusait jamais. De rien. A l’image de la Dresseuse, sa fierté et la confiance qu’il plaçait en lui-même était bien trop développées pour qu’il fasse preuve d’une telle bassesse. Une seule fois, elle lui avait adressé le même genre de paroles. L’unique autre fois où, après l’évasion d’Azkaban, leur relation avait failli mourir sous les assauts d’une souffrance qu’elle n’était pas parvenue à exprimer. A sa manière et malgré une dispute houleuse, Corvus avait réussi à la faire revenir sur terre. Etrangement, il l’avait empêché de se perdre ce jour-là.
Et ce soir, c’était lui qui flanchait. Ecrasé par le poids d’une douleur incommensurable, il vacillait. La larme luit tandis qu’il reculait, hébété, surpris par sa propre faiblesse, prêt à se sauver pour se soustraire à la Belle et à un potentiel jugement de sa part.
Elle fit un pas en avant. La bête blessée était désormais à l’agonie, incapable de former une phrase cohérente. Trop de coups de fouet, pas assez de répit, son psychisme l’avait emporté sur sa ferveur à occulter la réalité. Laquelle, le Cygne Noir n’en avait pas la moindre idée, mais elle était cependant certaine d’une chose : cette nuit, aucune des deux ne pourraient se relever seuls.
Elle tira sur les pans de son manteau, le boutonnant rapidement pour cacher sa nudité avant de tendre la main vers lui. Elle saisit délicatement les doigts tremblant et le tira avec autant de douceur vers elle. Sans un mot. Toute trace de fureur s’était évanouie en elle. Il n’y avait tout simplement plus rien pour l’alimenter. A la place, une envie bien plus impérieuse se fit sentir. Elle voulait simplement rester près de lui.
Ses lippes vinrent embrasser la joue de Corvus, la larme honteuse disparaissant sous leur contact.
« Viens avec moi. On rentre. » murmura-t-elle dans un souffle.
Quand bien même aurait-il voulu s’y opposer, les négociations n’étaient pas de mises. Elle l’entraina jusqu’à la rue principale, presque déserte à cette heure tardive. Les quelques badauds qui se pressaient pour rentrer chez eux étaient soit trop saouls, soit trop préoccupés pour s’attarder sur le couple en sale état qui passait près d’eux.
Fort heureusement, le terrain des Selwyn n’était pas très éloigné du troquet et en une dizaine de minutes, malgré le pas mal assuré de son Ami, ils rejoignirent la propriété. Quand ils arrivèrent à l’entrée gardée par le nouveau vigil, ce dernier se contenta de les laisser passer, muet et impassible. Depuis qu’il travaillait pour ces étranges Saltimbanques, il en avait vu défiler des vertes et des pas mûres et il avait vite compris que, pour la tranquillité de son esprit, mieux valait ne pas poser de questions.
La tente de Thanatos était la seule illuminée, les autres se confondant dans la nuit. Esmé conduisit le Magistrat jusqu’à la sienne où une faible lueur les éclaira dès qu’ils pénétrèrent à l’intérieur, et elle lui fit signe de s’assoir sur l’un des deux lits. Son lit, bien entendu. Celui de Charmelle était vide, les draps tout aussi défaits. On était loin du luxe auquel Black Swan avait été habituée. Les lieux étaient confortables, meublés utilement, mais guère davantage. Leurs moyens financiers ne le leur permettaient pas pour le moment et surtout, ses occupantes avaient bien mieux à faire que de se préoccuper de la décoration.
Esmé se détourna pour aller fourrager dans une commode. Un bruit de verre s’entrechoquant creva le silence, en même temps que le froissement du tissu. Quelqu’un venait de les rejoindre.
« Bon! J’ai pu séparer les deux lourdauds avant que l’un d’eux ne finisse à l’hôpital. » pépia Charmelle sans préambule, visiblement toute fière d’elle. « Than est rentré mais il est salement amoché. Mimi finit sa garde dans une heure, je suppose qu’elle viendra s’occuper de lui. Je sais que tu m’avais dit que tu revenais mais … »
Une fiole à la main, la Dresseuse pivota, sourcils froncés pour observer la Lanceuse de Couteaux. Comme si elle venait de réaliser où elle avait atterri, cette dernière regarda alternativement son Amie, puis son Compagnon.
« … Mais, je crois que je dérange. J’en déduis que je vais dormir avec Mimi ? » reprit-elle, piteuse.
« Tu présumes bien. » répondit son Interlocutrice, lui faisant signe de quitter la tente. « Et bien sûr, tu n’as rien vu. »
La Blonde hocha docilement la tête avant de s’exécuter, non sans avoir jeté une œillade compatissante au jeune homme au préalable. Esmé revint vers Corvus et lui tendit le flacon.
« Bois ça cul-sec. Je ne sais pas ce que Mimi met dedans mais cela s’avérait très utile quand j’avais fait quelques excès et que j’étais … Mal en point. »
Inutile de rajouter à son mal-être en lui rappelant ses brusques accès d’humeur. L’effet de la potion parlerait de lui-même. Si elle ne pouvait en régler la cause, au moins agissait-elle quelques heures sur les symptômes, le temps de retrouver un peu de paix et de remettre ses pensées en ordre.
Elle se tut à nouveau et tandis qu’il ingurgitait le breuvage, elle se défit de son manteau et de sa chemise déchirée, bazardant également ses bottes un peu plus loin. De la même commode, elle extirpa une simple chemise blanche, l’une de celles qu’elle réservait normalement à ses séances de dressage, afin de l’enfiler tout en lui tournant le dos. Elle grimaça à la vision de son reflet dans la psyché surmontant le meuble. Un linge humide lui permit de faire disparaître les traces vermeilles sur le bas de son visage et sa joue balafrée. Seulement, pour ses traits crispés et le nœud qui étreignait sa poitrine, aucun pansement même magique ne pourrait en venir à bout.
Les mains appuyées sur le bois, elle se contempla un moment. L’image que lui renvoyait le miroir était terrible. C’était devenu trop difficile de faire semblant. Le dernier masque qu’il lui restait était tombé et elle n’avait plus rien derrière quoi se retrancher. Le réel était là, nu et cru, plus oppressant que jamais. Et elle était si épuisée …
« Hypnos est mort sous mes yeux. » déclara-t-elle soudain, ses émeraudes perdues dans le vague. « Ici, à Pré-au-Lard, juste avant que les ennemis battent en retraite. J’étais sur le point de dégommer un Américain quand il est apparu, à côté de moi, et qu’il s’en est chargé. Il me souriait et tout d’un coup, il s’est figé. Il a voulu me protéger et moi, je l’ai fait tuer. »
La culpabilité. La raison de ses nuits blanches, l’explication à ses cauchemars. Le secret qu’elle lui cachait. Ce qui, au fur et à mesure, l’avait obligé à se retrancher derrière ses barricades de fortune. Pourquoi elle le fuyait aussi assidument. En cinq phrases, elle avait résumé la naissance de son calvaire.
Il n’y avait aucune raison apparente pour qu’elle balance ça tout d'un coup, alors qu’ils étaient tous deux complètement rompus et que, certainement, il avait juste envie d’oublier tout ce qui venait de se passer. Elle ne savait même pas s’il l’écoutait, s’il dormait ou même s’il avait envie d’entendre sa plainte. Tout ce qu’elle savait c’était que, alors que le miroir ne lui renvoyait que son propre reflet, il fallait qu’elle le dise. Maintenant. Premier instant depuis des mois où était capable de le partager
Corvus O. Hunter
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Mer 27 Mar 2013 - 21:39
2 Mars 2021
«Vices sans Vertus. »
Son contact sembla m'apaiser et me brûler à la fois, m'emprisonnant dans un souffle douloureux et honteux alors que j'avais davantage l'impression de tomber vers elle que d'oser un pas à son encontre, l'esprit torturé et tumultueux, les mots s'entre-choquant encore sous mes lèvres. Comment expliquer et assumer ces sentiments si paradoxaux qui me prenaient à la gorge? Me coupaient le souffle? Me tordaient les boyaux à me donner envie de les vomir. Peur, stress, souffrance, panique, haine... Trop de sentiments qui m'accompagnaient ces derniers temps, trop d'émotions qui ne faisaient normalement que m'effleurer où que j'arrivais sans soucis à enfermer bien loin sans me poser de question utilisant l'iceberg émerger pour mieux m'amuser du monde et m'apporter plaisir et satisfaction.
Et je serrais mes doigts contre ceux de Swanny. M'y accrochant désespérément sans m'en rendre compte, tout en essayant de me forcer au calme, au silence, à contrôler ce corps et cet esprit qui m'échappaient de la plus humiliante des façons. J'esquissais un mouvement de recul alors que la sorcière s'était approché de mon visage, déposant ces lèvres que j'avais tant enserré contre ma joue, faisant disparaitre toute trace de ma faiblesse. Je grommelais doucement, tâchant de lui jeter un regard plus sombre que je n'en étais malheureusement capable en cet instant, le venin de la peur et toutes ses formes coulant encore bien trop en moi.. Je lui fut reconnaissant de n'en piper mot alors que je savais pertinemment qu'elle devinait, voyait bien trop clair en moi à cet instant. Dans un souffle elle murmura quelques mots qui me serrèrent les tripes..D'hésitation, de peur encore. De soulagement quelque part au loin aussi. "On rentre" Avait-elle avancé. Et non pas un bête allons chez moi, rentrons au Cirque ou partons...non. Lapsus ou manipulation éhontée? J'aurais bien été incapable d'en décider en cet instant où tout s'effondrait autour de moi. En moi.
Mais sa main dans la mienne ne me laissa nul choix, brisant ce sentiment d'égarement intense que je ressentais. Serrant les lèvres, incapable de croiser son regard trop vert et perçant, j’acquiesçais silencieusement et me laissait guider dans les ruelles sombres de ce village que je ne reconnaissais même plus. Je n'aurais sut dire combien de temps dura la traverser houleuse de la bourgade, ni même combien de fois elle dut me soutenir alors que je me sentais vidé de toute énergie, exécrablement apathique et faible. Le froid mordant de la nuit avait au moins le double avantage de laisser les badauds en dehors de notre histoire – je doutais de parvenir à être conciliant..- et celui d'endormir vaguement la douleur sourde qui essayait de revenir prouver son existence par intermittence.
Un instant je me fis la réflexion – a haute voix sans m'en rendre compte, à moitié comateux- qu'Esmé était tout de même bien plus forte physiquement qu'elle ne laissait à la présager, alors qu'elle me soutenait une énième fois.
Les portes du Chiméria. Je me crispais involontairement, me redressant et essayant un court instant de reprendre une marche moins titubante et hésitante. N'avoir rien à faire du regard des autres sur mon comportement et décisions parfois étranges et chaotiques était une chose bien différente que de me retrouver ainsi dans un tel état...Même si vu de l'extérieur on pouvait aisément sauter à la conclusion d'une soirée bien arrosée se finissant avec un peu plus de violence..et le réconfort agréable d'une sorcière. Mais savoir qu'il n'en était rien -du moins pas entièrement – me suffisait à me faire serrer les dents et m'accrocher aux miettes de fierté qu'il me restait. Je m'écartais aussi d'Esmé dans la foulée, sachant pertinemment que mon geste pourrait être mal interprété, mais son contact recommençait à me brûler, me torturer l'esprit.
Et si... Si.. Mes démons me hantaient encore, bien trop hardis avec toutes ces portes entrouvertes, dont les serrures avaient été bien trop la cible d'alohomora ces derniers temps, ces dernières heures pour les retenir maintenant, m'assaillant de doutes et d'arguments en faveur de mes frayeurs vis à vis de la Selwyn. Mais son regard sombre et dénué de moqueries suffit à m'apaiser assez pour ne pas brûler mes dernières forces dans un acte inutile et blessant..
Mon regard las et vide ne fit pas plus attention aux alentours que plus tôt, je me contentais d'être porté par la volonté de la Dresseuse, aveugle à tout le reste, ma propre personne baignant dans un flou amère sans saveur.
Je m'asseyais sur la literie, toujours aussi la et détaché, un vague plis de mécontentement sur les lèvres, observant les gestes de Swanny, trop rapides et frénétiques pour mon état.
Lorsque Charmelle et son piaillement incessant pénétrèrent les lieux... Instinctivement je me recroquevillais, sa présence dans cet espace où j'avais légèrement baissé ma garde agissant comme un catalyseur, une attaque directe. Je tâchais de reprendre aussi rapidement que possible contenant, pinçant les lèvres et fermant les paupières alors que les deux femmes discutèrent. Même le ton sec d'Esmé me fit tressaillir. Quel comportement pitoyable! Mais m'en rendre compte n’ôtait en rien la réalité de la situation.
Je rouvrais les yeux sur l'Artiste, proche sans me toucher non plus. Inconsciemment j'appréciais. Et prenais la fiole d'un geste que j'espérais aussi sur qu'expéditif. Me méfier était hors de mes limites. Rien que d'en esquisser a nouveau la pensée me ferait bien trop dangereusement vaciller. Les mots derrières ses paroles me parlaient vaguement mais j'étais bien trop enfermé en moi-même et dispersé à la fois pour y comprendre quoi que ce soit.
Débouchonnée, je portais la fiole à mes lèvres et laissais le liquide couler le long de ma gorge, incapable même d'en ressentir le moindre goût. Je détournais les yeux alors que la sorcière se délaissait d'une partie de ses affaire, une nouvelle boule se formant dans ma gorge, encombrant le passage de la potion. Même si elle ne se déshabillait pas vraiment, je me sentais....un intrus, pire, un voyeur. Et pour l'une des première fois de ma vie, cela ne me plaisait pas. Pire... Je me sentais culpabiliser doucement alors que j'écrasais avec hâte les réminiscences de la soirée et de mes actes..
Qu'avais-je donc faillis faire? Et si j'étais allé jusqu'au bout? Je frissonnais d'horreur rien que d'y penser. Forcer une femme en temps normal hors d'un quelconque jeu de séduction ne me plaisait déja pas du tout, mais alors Swanny..Ma Swanny.
Je croisais son regard dans la glace sans teint, dévia le mien, terminais la potion et m'écroulais sur le dos dans le lit, bras en croix, percevant doucement les effets de cette dernière. Fermer les yeux aurait été plus simple, mais me retrouver dans le noir, plus proche de moi-même et forcé de m'y pencher..non... Je posais un regard un peu moins vide sur le plafond alourdis de tissu, laissant mon attention se porter sur chaque plis, chaque dessin. Je jouais doucement avec la fiole vide entre mes doigts alors que la potion faisait doucement effet, chassant les nausées de l'alcool, les noeuds de mes pensées et m'enlaçant doucement d'une agréable chaleur apaisante emprunte d'un sursaut d'énergie non négligeable. Mais avais-je vraiment envie de me sentir mieux? De pouvoir réfléchir réellement à tout ce bordel à...?
« Hypnos est mort sous mes yeux. »
La voix de la Sang-pure était rauque, distante et poignante à la fois. La fiole s'immobilisa dans ma main alors qu'elle continuait sur sa lancée, vidant un sac que je devinais gangréné depuis plusieurs mois.
Un ricanement d'auto-dérision m’échappa alors que je voyais peut-être pour la première fois l'énormité de la situation. Si j'avais effectivement tâché de lui apporter une épaule réconfortante et une présence aussi utile que constructive depuis notre exil en décembre, pas une seule fois nous n'avions abordé le sujet. Pas une seule fois les mots n'avaient servit pour nous soutenir réellement. Ni l'un ni l'autre. Quel bel exemple pour un ancien Magistrat comme moi qui connaissait pourtant l'importance des mots! Mais qui en perdait peut-être aussi la valeur la plus importante à force d'en jouer à tord et à travers.
Son frère était mort et moi je m'empoisonnais l'esprit avec des broutilles? Je me permettais de la mener à de telles extrémités ce soir pour quoi? Des doutes? Des mauvaises expériences? Une situation qui m'harassait? Des généralisations? Des déceptions dont j'aurais du me douter et protéger depuis longtemps? Une accumulation de détails sans importance par rapport à sa propre douleur? Et j'osais encore porter un regard critique sur ce que je pouvais être pour elle?
Je me relevais, m'asseyant sur le bord du lit, incapable de soutenir le regard de la jeune femme, trouvant le bordel couvrant son sol bien plus intéressant tout d'un coup.
"Je ne savais pas."
Tout ça. Qu'elle avait vu. Qu'elle y avait involontairement joué un rôle. Qu'elle en souffrait à ce point là. Les jumeaux étaient ses frères bien sûr, mais ils n'avaient jamais été extrêmement proches malgré le lien familial proche d'une mafia de l'est. Mais cela restait son frère. Si Peverus était mort cette nuit... J'aurais eu du mal, malgré toutes les différences qui nous sépare, malgré cette rancœur que j'ai toujours eu envers lui. Et si c'était Aquila... Ma gorge se serra douloureusement.
Le rideau nous séparant du monde extérieur battit bruyamment, laissant entrer une nouvelle silhouette juste quand j'allais me lever vers Esmé.
"Je n'aime pas me répéter, Charmelle."
Il m'était facile de deviner la gorge nouée sous le ton ferme et agacé qu'avait eu Esmé sans même jeter un regard vers l'entrée alors qu'elle attrapait nerveusement ses ustensiles. Mais ce n'était pas Charmelle..
"Thanatos."
Le nom s'était échappé de mes lèvres d'un ton aussi étrange qu’insondables. Pour prévenir Swanny, pour me resituer moi-même, pour mettre en garde le sorcier qui ne semblait vraiment pas remis de sa soirée non plus.
"Tiens, tu as retrouvé ton Hunter?"
Je grommelais vaguement, pas encore assez remis pour retrouver une verve correcte, tandis que le Saltimbanque pénétrait les lieux sans hésiter – qu'il soit encore trop soul pour se rendre compte des tensions présentes ou qu'il n'en ai rien à faire n'était qu'un détail apparemment- vacillant à peine malgré l'air de zombie aux coquards naissants qu'il arborait, pour me contourner et venir s'écraser à mes côté. Il était facile de deviner que quelques potions et un changement de vêtements étaient passés par là. Mais ce qu'il fichait ici par contre...
Ce n'était de ce que je savais, pas vraiment son genre de venir squatter la tente de sa soeur, plus encore lorsqu'elle avait de la visite et surtout ce soir..... Certes, le jeune homme avait toujours eu le trait assez rentre-dedans, typiquement Gryffondorien, tout comme leur capacité à se buter pour rien et ne voir que ce qu'ils voulaient...
"Hunter, depuis quand tu dévisages les gens du coin de l'oeil? Ton nez ne d'vrait pourtant plus trop te gêner vu l'angle qu'il se paie.." Ricana t-il.
Ah. Je crois que c'était une tentative d'humour..
"La faute à qui.."
Répliquais-je vaguement, ne sachant trop sur quel pied danser, tout en levant les yeux aux ciel de façon exagérée, avant de porter doucement ma main à mon visage et tâter légèrement la blessure....Dans une grimace douloureuse. Impossible de me souvenir s'il avait craqué sous le coup de la porte ou pas... Mais il y avait de fortes chances en faisant le lien douleur et sang poisseux qui n'avait pas encore totalement coagulé. Soupirant, je sortais ma baguette de son fourreau pour la pointer contre l'os et murmurer un Episkey efficace. Depuis le temps, je devenais franchement doué avec ce sortilège basique mais vital dans ma situation... Les gens dérapaient assez souvent en ma présence, et même s'ils le regrettaient rapidement de la plus amère façon, il me fallait bien réparer les dégâts. Il était hors de question d'arborer un nez tordu..
Le temps d'user de mon soin, les deux Selwyn n’avaient pipé mot de plus, se regardant en chien de faïence sous le teint indirect du miroir de Swanny.. Difficile de définir l'humeur de Thanatos, dur de savoir qui de nous était de trop dans la petite pièce, si le feu allait prendre aux poudre ou le rideau de glace nous écraser simplement..
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Esmé Kark
Le Diable au Corps
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Sam 30 Mar 2013 - 1:27
Ce venin qui se répandait en elle, qui la rongeait jour après jour, nuit après nuit, celui qui avait rendu le Cygne Noir l’ombre d’elle-même, avait enfin été expulsé par la barrière de ses lippes. Malgré elle, elle se sentit ployer sous le poids de la honte incommensurable qu’elle ressentait.
Toute confession avait un prix.
Le sien était de devoir affronter la réalité de ses maux, de revivre cette nuit à Pré-au-Lard une fois de plus, la colère de l’enterrement auquel elle n’avait pas pu assister, l’horreur de son Cirque vidé de sa substance, l’image d’un Thanatos transformé et encore plus inaccessible. Il fallait son avis, ils devaient décider de ce qu’ils allaient faire tandis qu’on leur prenait tout, bête après bête, objet après objet et que leurs amis, leurs collègues, le ciment de leur existence, les uns après les autres, quittaient les grilles du Chimeria dévasté.
Puisque ses tentures, elles, ne valaient plus rien.
Ses doigts se crispèrent sur le bois alors qu’elle se bornait à fixer son reflet. Peut-être Corvus s’était-il endormi. Peut-être n’avait-il pas entendu. Ou peut-être s’en moquait-il, tout simplement.
Si seulement.
Le petit rire qui retentit dans son dos lui signifia qu’il n’en était rien. Elle darda brusquement son regard sur lui, persuadée qu’il avait trouvé une façon peu subtile de tourner en dérision les révélations délicates qu’elle venait de lui faire. Heureusement, l’air contrit qu’il arborait quand il se redressa démentit son jugement hâtif.
"Je ne savais pas."
A ces paroles embarrassées, elle ne put répondre que par un bref hochement de tête douloureux. Sur le coup, elle ne s’était pas rendu compte qu’elle pouvait le mettre dans une position délicate et que le moment n’était pas le mieux choisi pour ce genre de confidences. Son estomac se noua d’émotions et elle se mordit la joue jusqu’au sang pour réprimer l’invasion d’une salve de larmes, entreprenant de fouiller à nouveau dans son tiroir pour esquiver autant la vue de son Ami que son esprit torturé.
Un objet tomba entre ses mains. Son cœur manqua un battement. A l’instant où le tissu de la tente se relevait pour laisser entrer le froid et un intrus.
« Je n’aime pas me répéter, Charmelle. » lâcha-t-elle sur un ton peu amène, le souffle court et l’œil encore rivé sur sa trouvaille.
Cette petite avait plutôt intérêt à disparaître vite. Devoir cohabiter avec elle était déjà une tâche assez ardue, ne pouvait-elle pas la laisser tranquille pour ne serait-ce qu’une nuit ? C’était trop lui demander ? Mais ce n’était pas la Blonde.
"Thanatos."
C’était pire.
"Tiens, tu as retrouvé ton Hunter?"
Elle releva aussitôt le visage, le poing serré. Son frère s’étala à côté de Corvus, un bout de sourire lointain étirant sa bouche scarifiée. La Lanceuse de Couteaux avait dû lui administrer le plus gros des soins mais il était encore loin d’être présentable. Pourtant, il faisait preuve de la plus belle des attitudes innocentes. A croire que rien n’avait eu lieu. Enfin, après tout, pour lui, c’était presque devenu la routine.
Il se permit même un trait d’esprit envers le Magistrat et l’état de son nez ensanglanté. Son nez … Voilà ce qu’elle cherchait. Un onguent pour faire cesser le saignement. Et puis, elle était tombée sur … Ca. Ses oreilles bourdonnaient, son cœur battait la chamade. Et Thanatos l’observait, appuyé sur ses coudes, tête penchée tandis que Corvus remettait son appendice à sa juste place. Quelques instants nécessaires pour qu’il se rende compte que quelque chose clochait.
« Swanny, c’est quoi ce truc sur ta figure ? » demanda-t-il, l’air soudain inquiet. « Vous avez eu un problème ? C’est un de ces fils de pute de basique qui t’a fait ça ? »
Il parvint à se remettre sur ses jambes et s’approcha de sa cadette, esquissant un geste vers la plaie qui barrait toujours sa joue. C’était la première fois qu’il lui exprimait une telle sympathie. La première marque d’affection depuis que leurs mains s’étaient enlacées au Ministère pour ne plus se rencontrer jusqu’à aujourd’hui.
Mais avant qu’il ait pu la toucher, le poing de la Belle s’écrasa sur son torse musculeux, droit entre ses côtes. Corvus lui-même avait pu constater la force physique dont pouvait faire preuve le Cygne Noir, ajouté à l’effet de surprise provoqué par l’attaque et le fait qu’il était loin d’être en pleine possession de ses moyens, le Forain tituba, reculant d’un pas. Néanmoins, il avait eu le réflexe de porter ses mains sur le point d’impact et entraina sa sœur dans son geste, l’avant-bras de cette dernière enserré dans l’étau de la poigne de l’Hydromancien.
« Par Merlin ! Qu’est-ce qui … »
Hébété, il regarda sa sœur. Tout le corps de cette dernière était parcouru de tremblements, ses émeraudes pourtant embrasées ne parvenant pas à trahir la moindre expression sur ses traits.
Mais ce n’était pas son attitude qui l’avait interpelé. Ce n’était pas ce qui avait interrompu le jeune homme dans sa phrase. C’était les doigts de la Belle devant lui qui, lentement, s’ouvraient pour révéler l’objet qu’ils tenaient et qui avaient donné encore plus de poids à la violence de son geste.
« Petite garce ! » cracha-t-il alors qu’il entreprenait de lui tordre le poignet, brusquement enragé.
Esmé échappa un cri de douleur alors que le « crac » significatif d’un os qu’on venait de briser retentit. L’objet s’écrasa sur le sol, à leurs pieds.
La raison de la querelle n’était autre qu’une sorte de boite en métal en forme de ce que l’on devinait être la tête d’une hyène ricanante, la gueule ouverte sur les aiguilles d’une horloge où la trotteuse avait cessé sa course le 27 décembre. Il s’agissait d’un artefact. Tous les Selwyn en possédaient un. Celui de la jeune femme était un poudrier en forme de cygne avec la même pendule au fond incrusté d’un as de pique. Avec leur baguette, c’était l’objet qu’ils ne quittaient jamais. Une partie de son propriétaire comme une autre, un bout de l’âme du Chimeria.
L’artefact d’Hypnos. Celui qui aurait dû être inhumé avec lui. Et pourtant, il était là. Fantôme catalyseur de la bombe qui menaçait d’exploser entre eux depuis deux mois. Cela devait arriver. Il fallait que ça arrive. La hyène n’était pas arrivée dans ses affaires par hasard. Cette commode avait été retournée de nombreuses fois et jamais Esmé ne l’y avait vu. Et elle aurait donné sa main valide à couper qu’elle savait qui était l’auteur de cet acte. Finalement, Salomon n’était pas devenu aussi passif qu’elle se l’imaginait.
Thanatos la lâcha avec la même rapidité qu’il l’avait retenu, son regard allant de sa sœur dont quelques larmes de douleur perlaient au coin de ses yeux, à la réalité incontournable de l’objet qui l’avait blessé – dans tous les sens du terme. Le Cygne Noir ricana, un rictus mauvais ourlant ses lippes.
« Le déni. Puis la colère. L’acceptation n’est plus très loin, Than. » siffla-t-elle entre ses dents serrées.
Son aîné se détourna en vacillant, les yeux écarquillés par la stupeur, le visage déformé par la souffrance. Un instant plus tard, le lourd rideau retombait derrière lui.
« Le prochain de vous deux qui me traite de garce ou de putain, c’est dans la gueule qu’il se mangera mon poing. Un beau duo d’ingrats, tiens ! »
Cette fois, c’était au Magistrat qu’elle s’adressait. Enfin, elle avait daigné se tourner vers lui. Et elle souriait. Un sourire franc et mutin comme elle n’en avait pas arboré depuis son retour à Pré-au-Lard.
Elle secoua la tête avant de lever les yeux au ciel et vint s’affaler près de Corvus, à la même place que son frère un moment plus tôt. Désinvolte, elle jeta un œil à son poignet tordu où un bleu commençait déjà à apparaître. Cette blessure n’était rien comparées à celles qu’elle avait déjà subie dans sa vie d’artiste, moins encore en parallèle à celles qu’on lui avait infligé ce soir.
« Et si on arrêtait de se battre, maintenant ? » l’interrogea-t-elle dans un murmure, proche sans trop l’être, laissant à son Compagnon la suite des événements.
Deux abcès crevés en une soirée, c’était plus qu’elle ne l’avait espéré. Si en apparence, les Selwyn avaient fait preuve d’une rare violence, ce n’était que la première étape de leur réconciliation. Thanatos n’avait pu maintenir la distance qu’il avait soigneusement conservé tout ce temps. A sa manière, il avait commencé à craquer. Le choc de sa trouvaille passée, la Dresseuse avait vite compris ce qu’elle devait faire et comment. Elle avait bravé sa terreur pour retrouver Thanatos. Pour se récupérer elle-même. Et à présent, pour son plus grand soulagement, elle se sentait étrangement apaisée.
Corvus O. Hunter
Générateur de Chaos
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Jeu 16 Mai 2013 - 23:31
2 Mars 2021
«Vices sans Vertus. »
Un léger craquement douloureux et tout allait pour le mieux. Assurément. Presque.
Un peu nauséeux et groguis malgré la potion d'Esmé, une migraine venant doucement mais surement frapper aux portes de mon crâne. Je fermais un instant les paupières pour me débarrasser de la boule qui me pesait lourdement sur l'estomac, tandis que Than quittait le lit pour s'inquiéter enfin pour sa sœur. C'était son boulot à lui ça! De gérer sa sœur, son mal-être et les soucis liés à la mort d'Hypnos. Moi je n'étais pas vraiment ce genre de choses pour Mesméria, je n'étais pas doué pour rassurer, aider et calmer. Juste pour foutre davantage le bordel...
J'avais essayé d'etre présent pourtant, je l'avais soutenue en silence à Poudlard et poussée à prendre en main la suite, son départ, le Chiméria...Tout comme j'avais été là à son retour. Mais ce n'était pas ce dont elle avait besoin, assurément. Parler tout simplement aurait été bien, si utile, mais si difficile. Pour nous deux.
Je souriais d'un air las pour moi-même, avant de rouvrir rapidement les yeux sous la scène qui se jouait trop vivement sous mon regard, s'enchainant avec autant de rapidité que de malignité. Mais par Merlin..
"Ca ne va pas dans ta tête, Thanatos?!!"Oui bon d'accord, c'était l'évidence même...
Sourcils froncés, je m'étais vivement relevé pour apostropher le Selwyn alors qu'un "crac" venait de retentir cruellement. Et que la montre d'Hypnos roulait sur le sol. Il n'était pas dur de faire le lien. J'avais assez côtoyé les Selwyn pour deviner un minimum l'importance de certains de leurs objets. Posant les yeux sur les deux protagonistes, je voyais parfaitement que ma présence était aussi oubliée que non-souhaitée, mais si le sorcier avait le malheur de s'enfoncer davantage dans sa colère, je n'hésiterai pas... Baguette dans la main, je me laissais choir à nouveau sur le lit rebondit en observant l'homme quitter les lieux, le dos courbé. Lui aussi souffrait. Lui aussi devait déja penser ses blessures avant d'éventrer trop de monde. Mais ce n'était pas mes affaires, pas maintenant, pas ce soir.
« Le prochain de vous deux qui me traite de garce ou de putain, c’est dans la gueule qu’il se mangera mon poing. Un beau duo d’ingrats, tiens ! »
Je lui rendis piteusement son sourire, quelque peu dépassé par les évènements. Je ne put que constater qu'elle était bien plus belle ainsi, sans ce plissement désagréable sur le front, sans ce regard assombrit. Mon sourire s'agrandit à son tour à cette constatation tandis qu'elle s'affalait à mes côtés.
"Tant que je reste beau, tout va bien, non?"
Répliquais-je doucement, la voix encore rauque des récentes émotions. J'attrapais délicatement son poignet entre mes doigts en tâchant de ne pas lui faire de mal, avant de poser la pointe de ma baguette sur l'articulation et de me concentrer. Ce ne serait pas parfait, l'os étant bien plus délicat et complexe qu'un simple nez où d'autres blessures dont j'avais l'habitude, mais cela suffirait pour la soulager le temps que Mimi ne prenne le pas.
« Et si on arrêtait de se battre, maintenant ? »
J'acquiesçais doucement en reposant sa main sur la couverture, tâchant de dissimuler le léger tremblement qui m'avait étreint. Je ne me sentais plus le droit de toucher Swanny, de quelle que façon que ce soit, dans l'immédiat. Mon..comportement était impardonnable et ma souffrance, mes doutes, ne pardonnaient rien. J'étais heureux de la savoir là, que je ne m'étais pas trompée sur elle, qu'elle était vraiment cette personne que j'appréciais tant et à qui je tenais autant, que ce n'était pas échange de dupes. Bien sûr j'en avais encore l'estomac retourné et quelques sombres pensées miroitaient encore dans mon esprit. Qu'elle soit là maintenant ne voulait pas forcément dire qu'elle le serait encore demain.
Je soupirais.
"Je doute, Swanny. Je..tiens beaucoup à toi, trop pour risquer de te perdre. Quelle que soit la façon."
Mâchoire serrée, je n'avais pas lâché son regard. Le détourner n'aurait fait qu'accentuer ma faiblesse, cette putain de faiblesse que je détestais laisser transparaître ainsi. Je regrettais déjà mes mots. Était-ce vraiment la chose à faire? Sous son regard, ses mots, je me calmais. La potion devait surement faire effet aussi. Et finalement, les minutes s'écoulèrent, lentes mais fructueuses. Je n'avais pas souvenir que nous ayons déja autant parlé, juste parlé, de nous, du monde. De n'importe quoi aussi. Cela nous fit du bien, autant de simplement pouvoir déverser ce que nous avions, que d'être écouté et de pouvoir s'appuyer sur l'autre.
A qui aurais-je put parler aussi sérieusement? Sans outre-passer celui que j'étais? Peverus a demi-mots, mais l'orgueil et nos années de défiance -de ma part surtout- m'en empêchait. Aquila.. Il n'était pas parmi nous, juste un sujet d'inquiétude de plus qui me rongeait. Et le reste du monde... Non. Les autres n'étaient que des pantins dont je n'avais que faire et qui ne devaient pas savoir. Moi même je n'aimais pas ce que je voyais... Et même le regard d'Esmé, derrière ses paroles tour a tour douce, profondes ou ironiques me perturbait. Je lui avais même parlé d'Arutha. Enfin... Je l'avais surprise de prime abord alors qu'elle me repoussait dans mes retranchements, en exigeant une plume et un parchemin pour tout lui expliquer. La remarque acerbe sous le sourire désabusé lui expliquant que c'était une question de vie ou de mort l'avait rapidement fait reprendre son sérieux, sourcils froncés. Ce connard de Kark.. Et le serment inviolable. J'étais tout de même bien fier de moi de la façon dont j'avais habilement tourné mes paroles à ce moment la, me permettant ainsi de divulguer tout ce que je souhaitais sur lui par écrit...Et d'en parler ensuite à l'oral, puisqu' ainsi, la personne "n'apprenait" plus rien sur le sujet. Je lui narrais l'attaque du Ministère, le fait que j'avais pris le risque de sauver sa misérable vie, pour me faire ensuite menacer... Le coup de poing était une chose que je pouvais pardonner, sous l'émotion, le Doloris et les menaces de mort tout juste retenues, beaucoup moins. Comme celle de me dénoncer aux factions juste pour se débarrasser de moi. L'homme que j'avais prit pour un véritable ami, l'erreur que j'avais commise envers lui et qui m'avait poussé à douter d'Esmé aussi, cet imbécile pathétique m'avait forcé au serment inviolable... J'en courbais les termes sur le papier tout autant. Et je détestais l'étau qui m’enserrait les entrailles rien que de penser à lui. Cette haine qui me brulait les veines et qui témoignait bien trop de l'importance que je lui portais.
Mais une fois ce sac vidé, je me sentais mieux. Étrange, mais mieux. Soutenu aussi.
Je la laissais même se coller contre moi et posait mon bras autour de ses épaules. Mais je n'étais pas sur de pouvoir en faire plus pour l'instant.
Revenus à des sujets moins dramatiques, des concepts où je me sentais bien plus à l'aise et moi-même, quelques éclats de rire et piques plus tard, nous glissâmes tous deux dans un sommeil sans rêves bien mérité. J'appréciais la chaleur apaisante de ma Swanny contre moi, simplement.
Que je me réveilles perclus de douleurs et courbatures quelques longues heures plus tard, n'était qu'un simple détail.
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Esmé Kark
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Re: [Terminé] Vices sans vertus [Corvus]
ce message a été posté Lun 27 Mai 2013 - 15:17
La Belle avait eu peur un instant. Un bref instant, tandis que sa question restait suspendue dans les airs, elle vit une nouvelle attaque se profiler à l’horizon, une nouvelle estocade à affronter, un déferlement de rancœur qu’elle aurait assurément bien mérité.
Mais il n’en fut rien.
A la place, les doigts du jeune homme se refermèrent délicatement sur son poignet pour prodiguer des premiers soins bienvenus. Elle attendit patiemment, lui laissant le temps de reprendre la parole quand il s’en sentirait le besoin, l’envie … Quand il en serait capable.
Elle le connaissait si bien désormais. Chacun de ses gestes, le moindre de ses frissons, lui étaient aussi familiers que s’ils étaient les siens. Et ce qui avait représenté une menace, un moyen utile pour le désarmer plus tôt devenait le plus précieux des liens.
Peut-être est-ce cela qui permit à Corvus de lui faire part de sa peur. Réelle et honteuse. Celle qu’il avait de la perdre. Demain, un jour, pour toujours. Une nouvelle première fois qu’elle accueillit avec une flamme chaleureuse pour remplacer la boule qui avait rogné ses entrailles durant ces longs mois. Un léger sourire ourla ses lèvres alors qu’elle ne quittait pas son regard, sa main à peu près remise en état venant brièvement caresser sa joue.
« Allons, trésor, où voudrais-tu que j’aille sans toi ? »
La question était purement rhétorique et dans la bouche d’une femme comme Esmé, cela équivalait au plus grand des « je t’aime ». Des mots qu’elle doutait avoir besoin de prononcer, tant ils étaient l’évidence même et surtout, tant on avait tendance à se tromper sur leur réelle signification. Contrairement à ce que l’on pouvait penser, l’amour était un sentiment que le Cygne Noir était capable de ressentir, le plus souvent la récompense d’un travail de longue haleine et qui se méritait. Et il fallait bien le dire, le jeune Hunter y avait plus que droit. Tout comme Salomon, Thanatos … Isaac … Elisha … Ces deux derniers prénoms qui s’ajoutaient à ses autres blessures ouvertes et qui pourtant, avaient toujours la même place en elle.
Enfin, ils purent parler. Enfin, plus de demi-mots. Terminés les sous-entendus et les piques faciles. La présence et les gestes ne suffisaient plus, peut-être pour leur plus grand soulagement. Elle écouta –et lut – les révélations de son Ami avec attention, des émotions diverses l’étreignant en fonction de ce qu’il avait à lui dire. Elle compatit douloureusement à ses inquiétudes concernant Aquila et davantage encore au récit de ses mésaventures de bataille. Cependant, le pire fut certainement ce qu’il lui divulgua à propos de ce cher Arutha Kark. Son point se serra instinctivement et sa bouche se tordit un une moue rageuse. Petit traître, petit lâche, petit profiteur … Ce furent les paroles les moins insultantes qu’elle put arrêter. D’ordinaire, Esmé laissait les autres à leurs querelles mais les choses avaient changé … Il y avait eu la Guerre. Le Chimeria en feu. Et il s’agissait de Corvus. Elle ne savait pas encore ni quand ni comment, mais elle trouverait le moyen de participer au lourd tribut que devrait payer ce petit merdeux pour ce qu’il avait fait. Néanmoins, elle ne s’étendit pas sur le sujet, préféra répliquer le moins possible. Pour une fois, le contrôle était de mise. Son seul comportement suffit à signifier qu’elle était du côté du Magistrat.
Puis, arriva le moment, les moments, où elle dut donner d’elle-même. Se défaire de son corsage et lui hurler dessus dans une ruelle lui était apparu bien moins difficile que d’avoir à exposer le contenu de son âme torturée.
Pour la première fois, elle lui parla d’Elisha. Ce que la jeune femme avait représenté pour elle durant sa scolarité, la façon dont elle-même l’avait abandonné après le procès, comment elles s’étaient retrouvées en première ligne au Manoir et bien sûr, qu’elles s’étaient soigneusement évitées après leur semaine forcée au Château alors qu’Elisha lui avait apporté tout le soutien possible.
Et Isaac … Isaac. Oui, elle était bien avec lui cette fameuse nuit où Thanatos l’avait vu rentrer à l’aube. Elle passa les détails, sa honte plus que visible sous le récit qu’elle murmura, légèrement tremblante. Peu à peu, elle prenait conscience de ce qu’il était, son fantasme s’effondrait et … Même encore, elle ne savait pas bien où elle en était. Corvus eut la décence de ne pas la presser davantage et de ne pas la juger, ce qui retira un peu de son embarras.
Bien sûr, il fallut aussi relater l’assassinat d’Hypnos, la destruction du Chimeria, leur départ … Il n’y eut que sa rencontre avec Alec, qu’elle occulta délibérément. Ça, c’était son petit secret. Une autre trahison qu’elle ne pouvait assumer pour le moment. Même devant la seule personne qui aurait peut-être pu comprendre ce qu’elle ressentait.
Au fur et à mesure que les heures s’égrenaient et que les mots s’échangeaient entre eux, la masse informe de ses remords et de ses plaies devenait moins pesante. La tension qui régnait entre eux s’évapora et pas une fois elle ne se prit à lui en vouloir pour ce qui avait failli se passer le soir-même, consciente qu’elle en était autant la coupable que la victime.
Au lieu de ça, lorsque la fatigue l’emporta sur tout le reste, elle se lova entre ses bras avec le même plaisir familier qu’elle avait éprouvé tant de fois auparavant.
Et pour la première fois depuis ce soir funeste de décembre, aucun cauchemar ne vint troubler ses rêves.