Refermant délicatement la lunette ouvragée de ma montre à gousset, j'éloignais mes pensées de mon cadet tout en glissant précautionneusement l'ouvrage mécanique dans sa poche attitrée. Il allait bien et il savait ce qu'il faisait, je devais lui faire confiance, ce n'était plus un gamin depuis longtemps et je ne serais pas étonné de constater bientôt toute l'étendue de ses talents....

Quelques minutes plus tard je resserrai mon col Mao pour me protéger du froid de février, tandis que quelques cailloux crissaient sous mes pas. Un fin sourire satisfait ourlait mes lèvres alors que j'apercevais l'énorme porte au Nord du village, passage obligé, pour quitter ce fichu village qui commençait franchement à me sortir par les yeux. Malgré ma nouvelle reconversion, l'obtention de ces satanés visas était bien trop restreinte à mon goût. J'avais beau faire tout mon possible pour ne pas sombrer dans la monotonie, tâcher de renouveler certains contacts utiles, en obtenir d'autres afin d'assoir une place plus importante dans la faction que je ne l'avais juste que là avec mon comportement un brin trop individualiste, et même fréquenter la plupart des établissements de village sorcier offrant un semblant d'activités intéressantes, rester ainsi enfermer dans cette place forte m'agaçait prodigieusement...cela me mettait bien trop sur les nerfs, ruinant certains échanges pourtant prometteur et me poussant bien trop souvent à tout faire pour m'occuper, quelles qu'en soient les conséquences..

Non, cette mission était arrivée à point nommé malgré son contenu des plus critiquables: surveiller et protéger un fichu train de marchandises? En balais? Par l'ombre de merlin, on nous prenait pour des basiques ou quoi? C'était un rôle pour ses sous-fifres ce genre de choses! Par pour un sorcier de mon acabit! Et quand on voyait ce que l'on m'avait fichu comme partenaires... Une sorcière, et non pas l'une des rares membres du sexe faible capable d'avoir des compétences utiles comme une tireuse d'élite, une joueuse de Quidditch ou autre. Non non, une simple..styliste. L'ex-président du Magenmagot et moi-même avions trouvé cela complètement ahurissant..Et rencontrer la jeune femme ne m'avait guère prouvé grand chose si ce n'était qu'elle avait un certain cran et de très agréables formes en plus d'un petit accent slave des plus intéressants.. Quand à Magnus.. Un sorcier que je ne connaissais guère personnellement malgré les nombreux procès que nous avons eut en commun et cette fameuse nuit du 27 décembre denier, mais si je respectais malgré tout l'homme derrière la baguette et le poste juridique, je ne voyais pas en quoi un homme de loi de son age pouvait bien foutre dans cette histoire...A part son nom évidemment. Je me demandais bien quelle pouvaient être les véritables raisons de nous avoir choisis tous les trois précisément pour cette mission certes d'importance -même les pires inférieurs devaient manger- mais au combien basique.. Il était à parié que le hasard n'avait rien à faire la-dedans.

Mais après tout, tant que je sortais de cette prison à la nouvelle mode qu'était devenu le village sorcier, tout me convenait. Même si ça ne correspondant pas vraiment au titre d'émissaire que j'avais réussir à obtenir grâce à mes compétences aiguisées dans l'art de l'argumentaire et mes connaissances de l'Europe de l'Est. De quelques contacts et négociations aussi. Reprendre un travail de magistrature ici serait la mort par ennui assurée: des procès bien trop expéditifs et sans intérêt, absolument pas à ma hauteur et où mes dons seraient irrémédiablement gâchés. En plus de m'enfermer bien plus encore dans ce satané village...

Je...Shit. J'avais oublié mon visa. Pour changer. Soupirant, je tapais dans la première caillasse venue qui ne manqua pas de rebondir sur un passant qui continua son chemin sous une pique bien sentie de ma part. Loin de m'agacer, j'haussais les épaules et fit demi-tour sans réellement accélérer la cadence. Je ne comptais plus le nombre de fois où j'oubliais mes affaires deci-delà, que ce soit des détails de la vie quotidienne, des dossiers pour mes affaires ou autre. Un je-m’en-foutisme que l'on me reprochait bien régulièrement et qui me passait effectivement bien loin au-dessus. Que cela fasse partie ou non des symptômes de mon hyperactivité, je m'en contre-fichais complètement. Je savais parfaitement ne pas me formaliser de ce genre de choses et retomber sur mes pattes quand il le fallait.

Non, le seul détail incommodant, était qu'il me fallait me retaper le trajet à pied là où jadis un simple transplanage aurait été bien plus rapide. Moi qui appréciais même d'en user dans mon appartement de Budapest, le réflexe était difficile à perdre...




Une dizaine de minutes plus tard, après avoir grillé une poignée de sorciers sans hésitation, montré mon visa et ce satané tatouage Mangemort que j'avais été forcé d'accepter il y a peu - adorant me faire marquer comme du bétail - j'entrais enfin dans l'aire de transplanage non sans avoir légèrement dragué la jeune sorcière aux joues rosies par le froid qui s'occupait de la validation des passages. Je reviendrai peut-être la voir.. Un fin sourire sur les lèvres, je transplanais.

Un crac retentissant. Je manquais de glisser sur le sol du sous-bois recouvert d'humus humide. Si je me contrefichais pas mal de ce que les deux autres sorciers pourraient trouver à redire sur mon retard, arriver couvert de boue malgré le costume sobre et moldu m'aurait légèrement déplu. D'un air sur et impatient, je me remis en marche tout en sifflotant une vieille chanson sorcière, posant un regard rapide sur les lieux, les mouettes, les silhouettes tandis que la grisaille naturelle commençait déja à s'assombrir. Début février, dans un peu plus d'une heure, tout serait emprunt d'obscurité.

J'appréciais le souffle marin, le changement de décors clairement agréable. Tout ce qui n'était pas Pré-au-lard et qui pouvait m'offrir une quelconque occupation était le bienvenu..Alors de quoi améliorer mon statut au sein des Ombres en plus de participer à la reconstruction salvatrice de notre monde envahis par les Amerloc' et leurs sbires Phénix..

Poussant la porte du Bar moldu quelque minutes plus tard, je plissais légèrement les yeux sous la lumière tamisée et l'odeur mêlée de sueur rance, poussière et tabac tout à la fois. Reconnaissant rapidement mon atypique groupuscule dans un coin de la pièce, je me dirigeais vers eux d'un pas aussi conquérant et assuré que toujours.

« Hunter ... J'ai failli attendre. Quarante minutes à peine ; est-ce là un nouveau record de ponctualité ? »

Je croisais le regard du vieux Kark, lui rendant un sourire bien plus vrai que son vieux rictus désapprobateur malgré les apparences. Ce vieux goupil me connaissait assez bien sur ce genre de détail pour ne plus pouvoir réellement s'en formaliser, mais j'appréciais la mise en bouche de cette petite joute verbale. L'homme malgré son age et son statut avait souvent été assez pertinent et capable de cynisme pour gagner mon intérêt et une infime portion de respect. J'étais ravi de voir que celle-ci pourrait probablement continuer hors de son précieux Magenmagot.

"Je ne savais pas qu'il y avait un quelconque défi en jeu, mon cher Magnus. J'aurais évidemment fais un effort dans ce cas là et.."

Si la troisième part de notre trio de Mangemort en sortie était restée étrangement silencieuse jusque là, ce n'était plus le cas. Apparemment mon retard était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase alors que la jeune femme s'emporta vivement contre moi, se levant de sa chaise et tâcha de m'éclairer sur le fond de ses pensées, doigt pointé sur mon torse.

Amusant. Un fin sourire moqueur sur les lèvres alors que Magnus Kark soupirait et semblait s’apprêter à arrêter une querelle de jeunes enfants, je comblais l'espace qui me séparait de la sorcière et l'embrassait. Je ne forçais pas le barrage de ses lèvres, je tenais à ma langue, mais cela suffit à la faire taire tandis qu'elle posait des yeux ahuris sur moi alors que je murmurais plus bas.

"Je comprend le choix de Salamander quand à votre beauté slave...mais aurait-elle oubliée de penser à vous choisir pour vos capacités d'adaptation, Miss Dolohov? Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, la discrétion est de mise ce soir.."

Un petit sourire narquois, et je me retournais pour faire signe au serveur de m'apporter un Dram, une mesure de Whisky, avant d'attraper l'une des chaises d'une table voisine pour m'assoir à califourchon dessus, bras sur le dossier.

Nous n'échangeâmes guère de paroles avant le retour du serveur et de mon verre dont j'observais un instant la robe sous le regard délicieusement courroucé de la styliste.

"Les Alacer."

Le regard légèrement plus sérieux, je fis glisser deux petits objets métalliques sur la table, deux broches représentant chacune une pièce d’échec: une tour sobre pour le magistrat – pour le côté sous-fifre forcé d'avancer dans des lignes droites et le seul apte à faire le coup nommé "rock au roi" à devoir prendre les coups à la place de la seule pièce vitale -, un pion basique et sans trop d’intérêt, un parmi la masse pour la styliste. D'un petit sourire, je sortais la mienne tout en la faisant tourner entre mes doigts. J'avais opté pour le cavalier même si le fou m'avait attiré un instant..Mais la capacité du premier à avoir un mouvement assez peu conventionnel qui le rendait aussi intéressant que difficile à jour m'avait paru plus pertinent. Et Aquila m'avait un jour comparé à ce dernier lors de nos innombrables parties sous son égide.

J'avais trouvé les broches quelques peu abîmés dans l'un des commerce de Pré-au-lard et les références m'avaient immédiatement sauté à l'esprit alors que je cherchais quoi utiliser pour utiliser le sortilège d'alarme dont j'avais parlé lors de notre préparation et choisi de me charger pour cette mission. Cette petite moquerie m'amusait d'avance... Les enchanter avec le sortilège associé avait été un jeu d'enfant, me rappelant avec joie l'époque où je l'utilisais pour amuser Aquila, gardant ainsi un étroit contact avec lui au sein même du manoir, changeant tous les jours d'objet cible, optant parfois pour les plus incongrus. Mère n'avait définitivement pas aimé le voir se trimballer dans le grand salon avec le buste en bois racornis d'un aïeul débile..



Le fond de l'air s'était encore rafraichit tandis que je me jetais un bref sortilège de réchauffement corporel. Que ce soit ici, en Hongrie ou Suède, je n'avais jamais particulièrement aimé le froid.. Le vieux Pub moldu et décrépi quitté depuis quelques minutes déja après d'ultimes recommandations et mises au point, après que j'eus déposé quelques piécettes d'argent moldu sur le vieux bois à la peinture écaillée. Les quartiers uniquement sorciers à travers l'Europe étaient somme toute plutôt rares et j'avais déja dut à plusieurs reprises pénétrer le monde Moldu et ses connaître ses prérequis... Je me félicitais même d'avoir pensé à ce détail pour une fois...

Le port n'était guère loin tandis que nous nous séparions d'un commun accord sous le silence de la bruine glaciale de Dunoon, afin d'éviter tout regard curieux et vérifier une dernière fois que nous n'avions pas joué de malchance. Ca aurait été le comble de croiser précisément un fichu sorcier phénix en civil dans ce trou perdu rempli de flotte, de caillasse et bicoques franchement moches!

Pour se retrouver finalement presque sans encombres devant le bateau en question... Deux mecs louches des plus patibulaires nous apostrophèrent, sous renfort d'espace privé, d'autorisations et tout un blabla complètement désagréable à moitié avalé par leur barbe peu ragoutante et leur patois pathétique. Soupirant, je décidais de prendre les choses en main vis à vis de ces imbéciles de moldus incapables de reconnaitre un être supérieur quand ils en croisaient un. Je prenais instinctivement le comportement que j'arborais lors de mes affaires, le dos droit, sourcil arqué suffisant et ton aussi direct que sûr. En quelques mots je leur expliquais qui nous étions; des employés gradés chargés de rejoindre certains bateaux dont je leur listais les noms et codes numériques de mémoires – un seul étant le notre bien sur- afin d'y effectuer notre travail comme tout à chacun même si le notre était clairement plus important que le leur et que s'ils voulaient vraiment continuer à nous faire perdre notre temps avec d'aussi vaines interventions, j'apprécierai particulièrement connaître leurs noms respectifs pour en faire par à mon supérieur direct avec toute ma considération. L'air hésitant et renfrogné des deux hommes suffit pour que d'une dernière argumentation ils nous laissent passer sans encombres.

Le cargo était énorme. Et les hommes -sorciers et moldus ne connaissant pas la véritable valeur de leur marchandises et collègues- travaillaient déja à transvaser et charger la marchandise dans le vieux train à l'allure peu rassurante qui attendait en bout de voie. Après avoir montré nos documents – protégés d'un Illusio Maxima – au moldu qui semblait le plus au gradé du lot, nous rejoignirent l'embarcation de plus prêt, saluant nos homologues sorciers d'un petit sourire en coin.
Le chargement avait déja bien avancé, surement quelques sortilèges de lévitation léger pour alléger les caisses discrètement au milieu des moldus. Je soupirais.

"Je vais prendre la mesure du train en attendant qu'ils finissent. Nous ne sommes pas là pour jouer les sous-fiffres."

Arriver dès le chargement des marchandises était une belle idée pour superviser et vérifier l'ensemble de la situation, mais tellement en avance? C'était l'ennui assuré. Je soupirais, créant un petit nuage de buée dans le froid de cette fin de journée tout en remontant doucement le vieux tas de ferraille qui ferait office de train-de-la-dernière-chance. Rien que d'imaginer chaque caisse rejoindre le vieux train décrépi wagon par wagon pendant que je ferai les cent pas, minute après minute, sans rien d’intéressant à faire me faisait déja perdre patience et mourir d'ennui..

Malgré tout je remontais le train, m'amusant un moment à compter le nombre d'éraflures rognant le métal pitoyable avant d'essayer de deviner la longueur totale du transport à l'allure moldue. Trop, pour le veiller attentivement si l'acheminement était réellement mis à mal par des Phénix. Pas assez si tout ceci devait ravitailler Pré-au-lard pendant un certain temps et valoir nos efforts. Soupirant, je m'adossais à la paroi de fer froid pour laisser mon regard divaguer quelques secondes tout en sortant un étui à cigarettes malmené. Rapidement, la fumée âcre et ambrée s'éleva de mes lèvres en d'autant de formes mouvantes certaines allant même jusqu'à interagir avec les autres. Je ricanais en reconnaissant deux silhouettes enfumées passant clairement un agréable moment...lorsque ma broche vibra.

Je fronçais les sourcils, jetant un bref regard d'ensemble aux alentours avant d'écraser ma cigarette contre la peinture métallisée écaillée et d'attraper l'une des vieilles échelles branlantes serpentant entre les wagons pour me hisser sur le toit plat. J'étais parti en premier, je doutais que l'un des deux sorciers ait réussit à me dépasser malgré mes petites distractions. Ils étaient donc forcément plus en amont. Après, difficile de connaitre la nature du soucis, si ce dernier se passait à l'extérieur du train ou dans l'un des wagon, près du port et du bateau affrété ou même si ce n'était là qu'un moyen détourné pour sonner l'appel des troupes et me faire rejoindre le groupe. Ces enchantements avaient bien trop de limitations pour être réellement utiles...Quoi qu'il en soit, je remontais wagon après wagon, sautant de l'un à l'autre, appréciant l'effort physique et l'adrénaline qui en découlait, tout en essayant de chercher l'un des deux mangemorts à la vue pour l'extérieur, d'un sortilège d'Hominum Revelio répété pour chaque benne de métal devant moi. Il ne m'en fallut guère pour repérer plusieurs formes de vies à l'intérieur de l'une des boîtes quelques secondes plus tard. Redescendant souplement de mon perchoir, je m'approchais doucement de l'ouverture pour essayer de deviner la situation et décider de la marche à suivre. Quelques éclats de voix suffirent pour m'en donner un aperçut :la Dolohov avait réussit à mettre le bordel alors que nous n'étions pas même encore en mouvement... Une femme était toujours une telle source d'ennuis..

Soupirant, j'ajustais mon costume moldu grisâtre, et plongeais la main dans le sac de voyage que je portais jusque là pour en ressortir l'objet qui ferait l'affaire. J'avais toujours apprécié la métamorphose et ses pouvoirs de changer, modifier la réalité..Souriant, je transformais ma base de tissu en un couvre-chef que j'espérais assez réaliste pour rappeler une casquette d'un agent officiel qui donnerait le change.

Et pénétrait le wagon à la porte coulissée, le dos droit de celui qui se sait chez lui et possédant les affres du pouvoir.

« Je n’ai rien fait. Je suis restée... discrète.»

Je lui accordais à peine un regard, essayant de jauger aussi rapidement que possible la situation. Des moldus. Un plis méprisant pointa au coin de mes lèvres tandis que je gardais le rôle que j'avais jugé plus utile en l'instant. Mais malgré mon dégout pour ces êtres clairement inférieurs, s'en débarrasser d'un coup de baguette n'était pas une solution. Ils avaient peut-être d'autres compagnons qui s'inquiéteraient de leur absence..ou les pousseraient à parler de leur mésaventure étrange si quoi que ce soit leur mettait la povrebine à l'oreille. Non, mieux valait tâcher de rentrer dans leur monde et leur passer un savon que seule l'autorité se sachant loi savait faire proprement. Si cela fonctionnait, ils n'iraient certainement pas se gausser de leurs actions de la soirée..Et cela ne risquait pas de tomber dans l'oreille d'inopportuns.

"Mlle Doll. Messieurs. Puis-je savoir quelles sont les raisons de votre présence dans un transport de la CTC? Possédez-vous une autorisation de mission permettant d'enterriner vos services au sein de ces wagons et.."

La situation était relativement claire vu leur accoutrement et la flasque de whisky brisée au sol: des marins d'un des cargos du port qui devaient considérer que leur paie et le temps passé en mer pouvaient aisément leur fournir un droit de regard voir de cuissage sur les marchandises transférées sur les lieux. Les regards envers la sorcière me confirmaient qu'en plus d'être déja bien éméchés, ils n'avait pas dut apprécier sa présence ici.

"Hey, t'es pas flic que je sache mec... Je reçois d'ordres de personne sur terre moi! Et elle, elle a.."

Je ne laissais pas le temps à l'homme d'avancer son argumentaire forcément inutile et exécrable, lui plaquant l'un des parchemins enchantés sous le bec, accompagnant le geste du ton sur et froid de celui qui sait posséder la loi pour lui.

"Miss Doll et moi-même sommes des Agents des la CTC, assermentés et autorisés à verbaliser les possibles outrages au règlement à l’encontre de la société et de ce qui lui appartient. De ce que je crois deviner ici, nous avons une violation de la propriété de l'Agence et ses biens, me reportant à l'article 5, alinéa 3 du Code de la CTC, peut-être même un refus d'obtempérer et une agression d'agent en service en la personne de Mlle Doll ci-présente."

Je sortais un carnet en cuir de ma poche -davantage emplis de notes désordonnées et sans queue ni tête qu'autre chose- et en feuilletais les pages bruyamment avant de reposer mon regard sur les deux moldus décrépis.

"Nom, prénom, responsable de votre équipage et n° d'accotement je vous prie."

L'homme au sol se relevait doucement, toussant encore quelques secondes, ayant apparemment tout de même réussit à vaguement suivre l'échange. Je retenais le ricanement narquois à l'idée de voir un pitoyable moldu victime de sa propre connerie.

"Sortez aussi vos documents identitaires. Mlle Doll, gardez un oeil sur eux le temps que je fasse pénétrer un peu plus de lumière dans l'habitacle pour pouvoir noter leur informations comme le règlement l'exige.."

D'un signe de tête à la sorcière je fis quelques pas vers la sortie, sautant du wagon pour me baisser un instant et pointer ma baguette sur une petite branche. Je n'avais qu'une plume dans le sac que j'avais glissé un peu plus tôt sous le bas du container, et un crayon semblerait moins étrange aux moldus.

Les dés Moldutesques:

J'avais à peine métamorphosé mon crayon de bois que les vociférations des Moldus emplirent l'espace réduit, beuglant comme les bêtes qu'ils étaient..Soupirant, j'haussais les épaules en me permettant enfin de passer outre le masque que je m'étais imposé pour cette petite mise en scène apparemment trop subtile pour ces têtes vides. Puisque la discrétion ne semblait pas de mise...J

"Et des Ecossais en plus...VOus auriez vraiment dus apprendre la politesse et le respect.."

L'accent et la teneur des insultes qui nous visaient tous les deux étaient largement reconnaissables. Je ricanais et acquiesçais du chef sous l'air interrogateur de la sorcière, pointant ma baguette sans hésiter sur l'homme le plus proche, un avada sur les lèvres. Aux grands mots les grands remèdes. Il nous suffirait de dissimuler les corps de ces bêtes de somme et de choisir ensuite si l'on s'en débarrassait tout simplement en chemin..

Un jet vert flamboyant parfait fusa de ma baguette pour cueillir cet imbécile pitoyable d'Irlandais moldu, son corps retombant mollement sur le sol de sol du compartiment, dénué de toute vie. Un sourire satisfait sur les lèvres, je pointais ma baguette sur le suivant, avant de jurer et d'esquiver un lancer de bouteille d'un Munitus, l'envoyant exploser contre l'une des parois.

"Dire que j'aurais pus vider moi-même cette bouteille..."

Grommelais-je légèrement amusé alors que j'observais la Dolohov perdre du temps avec le sortilège du fouet plutôt qu'user d'un simple avada. Par Merlin, même moi je n'avais pas joué l'imbécile avec un sortilège accessoire! Je l'apostrophais en passant, m'enquérant de son manque d'efficacité si évident tout en posant mon regard sur le gros tas de caisses où mon deuxième moldu s'était jeté en me balançant la précieuse bouteille, se dissimulant ainsi à ma vue tout en murmurant ce que je reconnu comme des prières. Je ricanais.

"Non non, pas de ça entre nous voyons..."

Pas assez de place pour mouvoir les larges caisses de bois, je fis rapidement le tour afin de débusquer le sous-être alors même que j'entendais enfin la sorcière finir le sien en hurlant, un lueur verdâtre auréolant l'intérieur du wagon.

Et qu'une caisse ne s'écrase à mes pieds, me forçant à esquiver tout en jurant.

"Fichu moldu.." Sifflais-je entre mes dents alors que cette petite merde en profitait pour se jeter hors du wagon et s'enfuir.

Je me tournais vers la sortie pour pointer ma baguette sur ce dernier – il était hors de question de laisser ce gueux s'en sortir et avertir ces amis gueux – lorsque je le vis s'écrouler d'un coup. Je n'avais même pas commencé l'incantation.. Mais il était plutôt aisé de deviner l'origine de l'éclair qui l'avait percuté.

Rangeant mon arme dans son fourreau de cuir, je me retournais sur la jeune femme d'un sourire arrogant -vu sa position dans le wagon, elle n'avait pas dut voir l'extérieur de celui-ci – et arquais un sourcil moqueur sur les lieux.

"Un pion? Non vous avez raison, un pion connait sa place et fait ce que l'on attend de lui, de manière utile et efficace en plus d'être capable d'un minimum de réfléxion, d'utilité et de considération... ce qui n'est clairement pas votre cas ici."

Magnus en profita pour apparaitre dans l'encadrement de la porte, faisant rapidement léviter le corps stupéfixié devant lui.

"Alors les jeunes, vous laissez trainer vos jouets?" Un sourire crispé sur les lèvres, il ne semblait pas si amusé que ça et rajouta rapidement un " Tout va bien ici ?

Un regard sur les lieux lui suffit à comprendre la situation, alors qu'il soupirait et faisait quelques remarques variées avant d'achever le dernier moldu sans une once d'hésitation. J'avais vaguement rejoins l'encadrement lumineux, croisant les bras sur mon torse d'un air mi-dépité, mi-moqueur.

"Bien. Etant donné votre arrivée tardive Kark et la propension à la Dolohov à râler autant qu'être inefficace, je vous propose à tous deux de vous occuper spontanément du rangement? A bon entendeur.."

Et sur ces quelques mots ne permettant nulle contradiction, je quittais le wagon de ferraille pour le grand air, un petit sourire sur les lèvres.


Nous avions quitté le port depuis quelques temps déja et le soleil n'était plus qu'un point lumineux très bas sur l'horizon. Un liserer auréolé des plus gênant qui gâchait franchement la visibilité du côté Ouest du train, me forçant à froncer les yeux sans réelle amélioration: si un Phénix potentiel pouvait se pointer par là, c'était mort.
Malgré un retour quelque peu houleux des deux autres sorciers – spécifiquement la jeune Dolohov – nous avions décidé de nous séparer sur la longueur du train afin de mieux voir venir les possibles désagrément du voyages. Il ne restait plus qu'à espérer que cette petite tactique mineure porterait ses fruits.

Soupirant, je portais ma cigarette à mes lèvres et tirais une nouvelle taffe avant de poser mes yeux sur ma montre gousset. Une heure quinze que nous filions vers Pré-au-lard et que je tentais minute après minute de trouver de quoi m'occuper sans défaillir d'ennui. Ce qui commençait sérieusement à tendre vers l'échec pur et simple, un peu plus et j'allais vraiment devoir un véritable truc à faire sinon j'allais devenir fou..
Soupirant, je commençais à compter les piques montagneux que je pouvais voir au loin.
L'ennui était mortellement fatiguant..

A tel point que je ne remarquais pas immédiatement le ralentissement que nous subissions depuis quelques secondes, quelque enchantement de la machine lui permettant de se déplacer dans un fracas bien amoindris au tintamarre habituel de ce genre d'appareil. Mais l'arrêt brusque qui me fit finalement glisser le long de mon nouvel accoudoir termina de me mettre la puce à l'oreille.

Forcement, rien vers l'horizon lumineux et..

Rentrant précipitamment ma tête dans le wagon, j’évitais de justesse un sortilège coloré qui laissa une vive trace peu recommandable sur la surface ferrailleuse.

Bien sûr la superbe broche-alarme vibra à ce moment là.

"Ben tiens, je n'avais pas remarqué...." Sifflant, je tâtais rapidement l'artéfact à mon tour pour transmettre le signal. "Voila, cela nous fait une superbe jambe maintenant"

Soupirant, la baguette en main, toujours plaqué contre l'intérieur du container, je fermais les yeux un court instant avant de me propulser vers l'ouverture dans le but de viser l'imbécile qui avait oser essayer de me toucher l'instant d'avant. Je prononçais ma formule avec hâte lorsque je parvins de justesse à apercevoir le miroitement d'un sortilège et me plaquer violemment contre l'intérieur du wagon. Bien puisqu'ils le prenaient ainsi..

"Tu veux jouer hein?!"

Rester cloîtrer dans cette boîte ne servirait à rien à part le laisser le champs libre. Or nous avions besoin de ce transport au maximum. Pas en petit morceaux. Et il était hors de question de se laisser capturer aussi sottement, ce n'était pas prévu dans le programme ce soir. Attrapant mon sac attaché dans un coin d'un accio, j'avisais la suite des opérations.

D'abord bien accrocher la fine lanière de cuir afin d'éviter tout incident déplorable en vol comme l'avait si judicieusement proposé le Kark lors de notre préparation...

Pour une fois, je me félicitais de ne pas oublier un tel détail dans un moment pareil.

Le wagon trembla. Je soupirais en roulant des yeux devant ce Phénix qui ne semblait guère patient. Il me fallait vraiment quitter le wagon avant qu'il ne lui vienne une idée vraiment judicieuse en tête...Comme user d'un sortilège de feu, le genre de choses qui me brûlerait vif dans un espace aussi confiné...ou me ferait cracher mes poumons en me forçant à sortir à découvert. Je louais un bref instant Merlin de m'avoir octroyé un ennemi aussi sot.

Rendant sa taille initiale au balais que l'on nous avait si gentiment fourni, je pointais ma baguette sur l'entrée du container et lançais un Fumos un peu plus évolué que celui de mes jeunes années. L'épaisse fumée noire envahit l'ouverture pour se rependre en d'épaisses volutes sur l'extérieur. Cela ne tiendrait que quelques secondes avant de se dissiper dans l'air froid des Highlands, mais cela suffirait largement pour couvrir ma sortie et éviter d'être tiré comme un Sparkly.

L'instant d'après j'étais dehors. Les Phénix aussi. Car forcément ces emplumés ne pouvaient pas se la jouer honorable, un contre un et tous ces beaux sentiments pitoyables pour une fois? Tenant fermement ma baguette et le manche de mon balais, je passais plusieurs minutes à tâcher davantage d'esquiver et repousser leurs attaques que véritablement leur botter la paille, a mon grand damne. Mais si je n'étais pas un combattant apte à jouer de sorts de combats aussi vite que son ombre, me contentant déja de garder ma cape entière, j'avais peut-être mieux.. A défaut de réussir à trouver le moment adéquat pour passer du sort de défense à celui de nettoyage entre deux mouvements de balais, je tâchais de les alpaguer oralement. L'art de pousser l'ennemi dans ses retranchements, le forcer à perdre son calme pour rentrer dans mon jeu et ainsi sacrifier une bonne part de ses réflexions et précisions... Ca je savais faire.

Le deuxième homme avait beau essayer de se retenir, mes attaques verbales portaient leur fruit et les deux sorciers visaient bien plus sous le coup de l'agacement et la frustration qu'autre chose. Ricanant, je repoussais un énième sortilège quelconque et répliquais rapidement d'un autre qui a défaut de me débarrasser de l'homme, me laissait assez de répit pour faire face au deuxième.

Lorsque ce dernière effectua un mouvement sur le coté alors qu'un sortilège extérieur le frôlait.. Je remarquais la présence encore lointaine de la Dolohov sur son propre balais.. Mais si j'avais eu dans l'idée de m'occuper du blessé, l'autre phénix ne m'en laissa guère l'opportunité, apparemment enflammé par la perte de son collègue..

"Et oui, étrangement venir jouer avec des Mangemorts n'est pas de tout repos ni une promenade de plaisir malgré le beau temps... Surtout en venant ainsi à l'improviste, sans invitation ni bouteille de vin. Vous n'avez donc aucun savoir vivre?"

La mâchoire crispée et le regard noir, j'esquivais son sortilège virulent qui percuta le wagon sans difficulté alors qu'il venait de détourner au dernier instant son attention. Sans chercher à comprendre je pointais ma baguette sur lui pour lui lancer un Rete Fulgurator et c'est avec une grande mais rapide satisfaction que je vis le filet l'emprisonner et envoyer le sorcier percuter le sol sans douceur. Qu'il essai de s'en sortir et les mailles ne feraient que se resserrer... Mais je n'avais guère le temps de m'occuper de l'achever pour l'instant tandis que je voyais la Dolohov esquiver un sort avec difficulté tandis que le métal du wagon grinçait méchamment. Il n'allait pas tenir très longtemps...

J'alpaguais l'homme d'une remarque acide pour le détourner un instant et espérer le cueillir celui d'après. Le maléfice de l'ange sur le bout des lèvres, mon sort fusa et le percuta en pleine poitrine tandis que j'esquivais de justesse le sien à la couleur doré peu recommandable. Qu'il soit combattant ou simple compatissant envoyé sur place, le sorcier eut bien du mal à refréner la douleur atroce que la pousse des ailes entrainait sur sa victime... Incapable de contrôler son balais, le sorcier percuta violemment le sol et j'aurais juré entendre quelques craquements prometteurs.

Un sourire satisfait sur les lèvres, je jetais un regard à la Dolohov essoufflée et sa position fâcheuse avant de m'en détourner non sans lui lancer une petite pique. Elle était entière, je l'avais débarrassé des deux inconvénients et elle semblait posséder sa baguette... Je n'allais surement pas perdre de temps à la secourir alors qu'elle en était largement capable et que j'avais bien plus urgent à faire. La disparition du troisième Phénix m'inquiétait... S'il parvenait à mettre la locomotive hors service, c'était fini de notre mission, bien plus que de perdre un ou deux wagons négligeables..

Pourtant avec Magnus, le conducteur de train et son commis, ils devraient bien s'en sortir, non?

Volant rapidement vers la tête de train, j’aperçus Magnus en plein duel avec un sorcier, mais nullement celui que je cherchais. Je poussais jusqu'à la locomotive, y trouvant le commis recroquevillé et terrifié, les jointures blanches de tenir sa baguette. J'esquivais en pinçant les lèvres un aguamenti qu'il me lança par réflexe.

"SI tu pouvais éviter de trouer toi-même nos rangs gamin, cela m'arrangerais. Surtout quand je suis la personne visée.."

Le jeune sorcier couina autant de terreur que d'excuses pitoyables. Il ne servirait à rien d'essayer de le faire bosser. Par contre je ne voyais pas le conducteur de la machine..

"Ou est l'autre sorcier?"

Mon ton était sec et cassant, ce qui incita surement l'apprenti à me couiner aussi rapidement sa réponse: dehors, vers l'avant du train pour dégager ce qui l'empêchait de continuer.

Sans lui accorder un regard, je repris mon vol et dépassait prudemment le monstre de métal. Pour me dissimuler immédiatement derrière: si j'avais bien vu les énormes roches qui bloquaient les rails, j'avais aussi largement aperçu l'homme que je cherchais....Je ne donnais pas cher de sa cape vu l'énorme tâche rouge qui le décorait...

Le phénix ne devait pas être loin... Mais où?

"Impossible de l'atteindre par en-bas."

Le souffle erratique, les cheveux en bataille et quelques coupures, je reprenais mon souffle alors que les deux autres venaient de me rejoindre, faisant à leur tour les frais de ce satané Phénix. Je n'avais pas eut plus de cinq minutes d'avance sur le duo, mais cela m'avait un très bon aperçu de ses capacités.

"..Et il est redoutable par les airs."

Je désignais vaguement l'espace vide à l'avant de la locomotive d'un bras avant de grimacer. Le dernier sort n'avait fait que me frôler mais j'en ressentais douloureusement les effets tout de même. L'instant d'après, nous dûment d'ailleurs tout trois nous planquer derrière le monstre de métal qu'était la locomotive alors que plusieurs traits lumineux en éclaboussèrent la carcasse, nous évitant de justesse. Qu'est-ce que je disais? Ce mec devait être un auror ou un truc bien entrainé, pas..comme nous. J'avais beau me débrouiller plus que bien en sortilèges, duels et ce genre de petits plaisirs, je n'étais pas un combattant entrainé pour ce genre de conneries... Mais crever ici et le laisser gagner, hors de question, je..

"A moins que vous comptiez mourir, ce qui me dérangerait pas, on pourrait y aller à plusieurs ?"

"Un point pour la demoiselle, Mr. Hunter."

Alors que je m’apprêtais effectivement à m'écarter de notre agréable groupe pour retenter ma chance avec le Phénix, la Dolohov m'avait coupé dans son élan, accompagnée du Kark.

"Je n'ai jamais été très doué pour les sports d'équipe mais si vous y tenez tant..."

Nouvelle volée de sortilèges à éviter tandis que je posais un regard moqueur sur les deux autres. J'allais proposer quelque chose, guère patient à attendre qu'un autre trouve une idée pertinente, lorsque Magnus prit la parole.

"Il ne reste jamais en place, les lames nous bloquent tout accès dans une hauteur de plusieurs mètres et ce brouillard qui le dissimule en partie est surement d'origine magique. En plus de posséder clairement une formation militaire et ..."

"Répéter ce que tout le monde sait déjà, quel superbe travail d'équipe Kark! Je ne m'en serais pas sortis sans votre pertinence!"

"Ne pouvez-vous donc pas vous taire un peu Hunter ?" Siffla la jeune femme alors que le Sorcier la remerciait silencieusement avant de continuer sur sa lancée.

"Vous êtes clairement le plus habile sur un balais, Mr Hunter et le plus avisé en terme d'impétuosité. C'est pourquoi nous servir de diversion pour que nous puissions le détecter lorsqu'il vous prendra en chasse serait plutot utile."

Je ricanais avant d'accepter en haussant les épaules.

"Miss Dolohov? Un simple Rete devrait suffire a partir du moment où nous le localiserons. Je ferais ce que je peux avec mon bras valide."

Faisant craquer un instant ma nuque pour en chasser quelques douleurs, je prenais un peu d'hauteur avant de lancer un Effingo sur moi-même -jouer la cible mouvante était une chose, mais impétuosité ne rimait pas avec suicide, je savais le gueux doué- et me lançait dans la direction brumeuse que j'avais quitté peu avant, sourcil froncés et concentré, ma baguette prête au moindre mouvement...

J'avais a peine eut le temps de me rendre compte que l'une de mes deux copies avait bêtement foncé dans la locomotive que j'évitais un premier sort pour m'en prendre un second qui me coupa le souffle un court instant. Ce fils de catin était vraiment doué. Trop.. Resserrant ma prise sur le balais, je sentis une bouffée de chaleur désagréable tandis que je voyais les veines de ma main se gonfler et mon bras se mettre a trembler..Par Merlin.. Je fermais les yeux, mon balais dérivant l'espace d'un instant alors que je me sentais mal, faible et...Que je ne savais plus trop où et quand nous étions.

Apercevant la silhouette de deux autres sorciers plus loin, je serrais la mâchoire au moment même ou une vision particulièrement déstabilisante me frappa, me faisant perdre plusieurs mètres d'un coup.

Dolohov. Kark. Mission.

Il me fallait garder ça en vue. Et aller m'abriter avant que le sortilège ne me fasse perdre tout mes moyens. Surement un Tremens. Le bâtard.

De la quinzaine de mètres qui me séparaient du sol, je n'en vis pas la moitié tandis que mon sang me battait les tempes et que je serrais la mâchoire pour rester conscient quelques secondes de plus malgré les frissons qui me courraient le long de la colonne vertébrale, les mains qui tremblaient, mon cerveau qui allait exploser. J'avais le cœur au bout des lèvres. Et le sol à portée.

Je chutais. Dans un entre-deux irréel, me rendant à peine compte que je dévalais les derniers mètres pour finir par tomber pur et simplement du balais que j'avais déja oublié. Je grimaçais sous la douleur du choc alors que j'avais vaguement l'impression d'avoir entendu plusieurs craquement... Mais ces détails triviaux disparurent aussi rapidement que la douleur qui devint latente et lancinante, gagnant l'arrière plan de mon esprit pour le laisser s’accoutumer à d'autres considérations plus importantes. Que j'ai la respiration sifflante, le torse douloureux ou le poignet étrangement tordu ne me touchaient absolument pas.

Mâchoire serrée, tout autour de moi semblait flou, ailleurs, autrement, inexistant et pourtant partout à la fois. Et j'avais chaud, trop chaud, si chaud. Par Merlin, mais pourquoi faisait-il aussi chaud tout d'un coup? Éclatant de rire... avant de finir dans une toux désagréable, je cherchais fébrilement à ouvrir les boutons de mon horrible veston grisâtre pour finir par en arracher tout simplement l'ouverture d'une seule main, l'autre m'arrachant un grognement douloureux. Je m'en délestais rapidement avant de passer à ma chemise et..

Tout tournait, le temps s'étirait, ralentissait, je me levais pour me rassoir et me mettre a trembler en baragouinant quelques paroles incompréhensibles même par moi, avant de trouver que les silhouettes à poil qui m'entouraient avaient tout de même l'air bien plus mauvaises qu'appétissantes. Je les insultais pour mieux les féliciter avant de me balancer doucement pour contrôler les spasmes douloureux qui m'alpaguaient. Et refuser violemment que l'une d'elle s'approche, pire, me touche! Malgré mon esprit déficient et perturbé, je la repoussais autant physiquement que verbalement sans me soucier de la douleur qui refluait sous mes mouvement. Pourquoi donc la poésie de l'univers devait-elle prendre part au chaos des grains bleus? Arutha devait-il vraiment danser cette tenue? Et..non.. Non, je ne voulais pas que cette chose immonde me touche! Même si sa poitrine était tout de même plutot sympathique quand les couleurs se stabilisaient un peu...
Le contact trop réel m'électrisa, me faisant reculer dans l'herbe avant de me plier de douleur et de l'invectiver de tout à tas de qualificatifs aussi inadéquat que possible mais qui me semblaient forts logiques.

Avant que l'immobilisme ne se fasse. Mon monde s'arrêtait. Je.. je bougeais mais je ne bougeais plus même si je me sentais encore respirer et trembler sous les frissons de la fièvre délirante. La forme folle et dansante de la Dolohov -que je considérais davantage comme celle d'une putain nue a trois têtes- m'avait rattrapé de justesse et semblait juste vouloir m'enfermer davantage.

L’immobilisme. La peur et l'angoisse commencèrent à me faire suffoquer alors que je respirais de plus en plus difficilement, que je sentais mes mains devenir moites et mes pupilles rétrécirent plus encore. Je devais avoir perdu plusieurs teintes de couleur aussi lorsque le sort fut levé après ce qui me semblait avoir duré des heures...

Je me jetais sur la silhouette près de moi, l'enserrant en tachant de recouvrir un souffle plus adéquat, chassant les ombres horribles qui dansaient encore aussi bien dans mon esprit qu'autour de nos deux silhouettes. Je les entendis parler. Je l'entendis murmurer aussi des mots dont le ton réconfortant me calma doucement autant que sa main sur ma tête. Je ne saurais dire ce que je baragouinais de façon ininterrompue tandis que je reprenais doucement mes esprits après l'accumulation du sortilège du Phénix et de celle fichue crise d'angoisse. Les concepts d'abandon, de fleur, trahison, serment et liberté revinrent trop de fois. Le surnom de Swanny me servit de point d'accroche pour me reprendre même si d'autre passèrent le barrage de mes lèvres.

Je commençais à me souvenir d'où je me trouvais.


Highlands. Ecosse. Mission. Train. Kark et Dolohov.

Putain par Merlin.

Et j'avais fichtrement mal tandis que quelqu'un dansait de tous les diables dans mon crane pour l'une de mes plus belle migraine. Sans avoir bu une goutte, bravo.

Et les longues minutes précédentes s'avéraient étrangement à la fois floues et limpides dans mon esprit.

La Dolohov s'était arrêtée dans ses mouvements et le silence flottait lourdement alors que je croisais son regard, le cerveau encore pas tout a fait remis et quelques tremblements accompagnant le reste de fièvre.

Un instant j'hésitais, ouvrant la bouche sans rien dire, ravalant plusieurs répliques que je n'étais pas sur de savoir prononcer correctement sans changer un mot ou deux en "coloré", "bombabouse" ou " vaginale". Oui tout ça à la fois.

"Je.."

Je détournais le regard et serrais la mâchoire. Putain j'avais fichtrement mal. Je me souvenais vaguement qu'elle m'avait balancé une sacré baffe d'ailleurs... Entre autres choses plus ou moins réelles, cotonneuses. Qu'avais-je murmuré? Vu? Fais? Aucune idée..

Je plaquais un sourire narquois aussi convaincant que possible sur mes lèvres éraflées, avant de parler enfin, le ton presque égal à moi-même.

" Je savais bien que vous ne résisteriez pas longtemps à mon charme, Mlle Doll... Mais je ne suis pas persuadé que le moment soit très approprié pour ce genre de contacts intimes..."

Je ricanais, n'hésitant pas à accompagner ma tirade d'un geste équivoque, rapidement repoussé par la jeune fille. Mais au moins ce jeu-là je le connaissais, et mieux valait la pousser à ma haïr que me prendre en pitié. Faire comme si de rien n'était était le plus simple pour ne pas porter d'importance à ce moment d'égarement, pour elle comme pour moi. J'avais déja bien trop fais d'introspection sur ma personne ces derniers temps.
Souriant de façon aussi arrogante que méprisante, je me relevais non sans laisser échapper quelques grimace douloureuse.

"Ah, et n'essayez jamais de faire carrière en médicomagie, à part faire bander les vieux vous seriez vraiment inutile.."

Le doigt qu'elle planta avec vivacité sur un point particulièrement douloureux de mon torse m'arracha autant un sourire douloureux que satisfait, tandis que Magnus Kark nous rejoignait. Apparemment il avait profité de mon temps avec l'infirmière Dolohov pour déblayer la voie. Une bonne chose de faite. Aucune idée de ce qu'ils avaient bien put faire ou non de plus pendant ma petite..absence. Mais s'il marchait de façon aussi détachée, c'était que tous les Phénix devaient avoir été mis hors d'état de nuire.

J'attrapais le paquet de cigarettes sorcières malmené dans ma poche arrière et portait l'un des stick entre mes lèvres avant de l'allumer d'un coup de baguette...qui se trouvait heureusement encore accrochée à mon poignet. Le geste pour le sortilège de combustion m'élança vivement, mais ce n'était qu'un détail.
Je n'en proposais pas aux deux autres et me dirigeais vers la locomotive d'un pas quelque peu vacillant.