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❝ [Irlande] Quand le passé nous rattrape ❞
 :: Portoloin :: À l'étranger
Isaac Emerson
Quand on parle du loup
Isaac Emerson
Messages : 702 Crédits : Signa' par Silver Lungs sur Bazzart
Age du personnage : 37
Ascendance : Sorcier basique
Emploi/Etude : Tueur psychopathe en cavale
Faction : Ombre de la Rose Noire
Maison : Serdaigle

Rapeltout
Patronus : Un épaulard
Epouvantard : Se retrouver de nouveau enfermé à Azkaban
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[Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Dim 3 Fév 2013 - 12:01
Octobre 2020
Irlande


Des heures… De longues heures s’étaient écoulées, sous la pluie et le vent glacé, comme si les éléments voulaient le faire fuir, le déloger. Sans succès. Deux yeux noirs s’étaient enracinés sur la petite maison et plus rien ne pourraient les en arracher. La silhouette s’était fondue dans le décor, entre les arbres et les buissons tandis que la nuit crachait ses éclairs, comme affolée, annonçant la fin d’une course, la fin d’un cycle qu’Elle avait évité trop longtemps déjà. Ce soir, finirait sa lutte. Ce soir prendraient fin ses peurs. Car cette nuit, Juliana Attaway(*) expirerait son dernier souffle et demain matin, son passé s’enfoncerait avec elle dans les limbes d’un nouveau monde.

Une dernière inspiration, longue et profonde… régénératrice, salvatrice… Autant d’adjectifs qui ne sauraient décrire le plaisir qu’il retenait en écrasant cette dernière cigarette. Une bouffée blanche s’envola pour s’étirer et disparaître dans l’obscurité tandis qu’il extirpa de sa poche sa baguette. Il quitta son repli. Quelques branchages tentèrent de le retenir, griffèrent son visage pour lui arracher une goutte de sang, crissèrent sur le cuir de son long manteau noir. Il dégagea son bras d’un mouvement ferme, pas agacé le moins du monde, il était bien trop serein pour ça. Le pas décidé, il fit irruption sur la route déserte où les feuilles s’envolaient dans un ballet furibond, s’engouffrant dans les pans de sa redingote, ultime effort… inutile espoir. Le sang qui aurait dû couler il y a six ans pleuvrait cette nuit.

La scène du crime. Lecteurs averti :
Lorsqu’il quitta la petite maison, les environs étaient restés tranquilles. Le ciel s’était apaisé et retenait ses larmes. Isaac descendit les marches du perron et sortit une cigarette de son manteau qu’il alluma avec son briquet magique avant de le ranger. Une profonde bouffée et le voilà qui fermait les yeux en expirant. « Ce qui est fait n’est plus à faire » pensa-t-il. Il quitta la petite propriété en rentrant sa tête dans son épais manteau, légèrement frissonnant. Les maisons étaient excessivement espacées. Juliana habitait dans une banlieue proche de Cork mais on pouvait affirmer sans mal que c’était la campagne. Après tout, elle avait choisi un coin parfait pour lui permettre de perpétrer ses crimes… un tel isolement lui avait permis de la faire geindre sans alerter qui que ce soit. Du moins le croyait-il.
Ses pas résonnaient sur la petite route pavée lorsqu’il sentit quelque chose sur sa nuque… Un regard. Il stoppa nette son allure. Il saisit sa cigarette entre son index et son pouce avant de la jeter à terre, l’écrasant avec sa botte. Qui que cela soit, il ne pouvait, ou ne voulait pas le tuer. Après tout, il lui avait tourné suffisamment longtemps le dos pour permettre à cet individu de lui lancer un sort. Ou bien était-ce un moldu ? Peu importe.

L’ancien tireur d’élite extirpa sa baguette et effectua d’une demi-volte, se retrouvant dès lors face à cet étranger pour lancer, d’un mouvement leste du poignet un…

_ Avada Kedavra !

Contré ! Mais la silhouette sombre fut projetée à terre par la force du sort qu’il venait de lancer. Il ne perdit pas une seconde. Une telle parade ne pouvait signifier qu’une chose : un tireur d’élite. Isaac se détourna de sa cible pour fondre dans les fourrées. La douleur de l’Expeliarmus qu’il avait mangé un peu plus tôt lui transperça le dos.

Comme il la maudissait cette garce…



HJ:
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Sam 9 Fév 2013 - 16:32
Prélude:


Irlande,
Province de Cork



C’est le soir et le vent s’est levé.
Dans les ruelles où la poussière vole.
C’est l’heure où vont danser,
Ceux que la chaleur ne peut laisser.


Crac… Elle était sur place. Le froid était mordant. Avec minutie elle mit sur ses cheveux la capuche de son long manteau sombre. Il allait bientôt apparaître. Elle le savait, elle était arrivée trop tard. Ce calme n’avait rien de bon. De sa main gauche elle s’empara de sa baguette magique. Ce cadeau qu’il lui avait offert il y a maintenant bien longtemps. Elle en aurait besoin cette nuit.

C’est un endroit où l’on voit,
Courir dans les veines,
Cette chaleur…


La morsure du froid n’avait plus de prise sur elle. La concentration était si forte. Elle était surtout mêlée d’une excitation intense. Ils ne s’étaient pas vus depuis des années, et leurs retrouvailles se faisaient sous un jour bien funeste.

Et Joley aiguise son regard.
Elle a vu ce qui vient de nulle part.
Elle a crispé sa main sur son arme,
Attention à la blessure madame…


Avada Kedavra… Les choses sérieuses commençaient. La lueur verdâtre fusa telle une sentence terrible. Elisha était prête. Elle avait tant attendu cet instant qu’il faudrait bien plus qu’un sortilège, si terrible soit-il pour l’abattre. Le protego tomba. Mais la réussite ne fut pas totale et la veuve fut projetée sur plusieurs mètres.

Mais on n’sent pas la douleur,
Sinon dans les cœurs…
Cette chaleur.


Elisha se releva. Point de douleur. Elle ne la ressentait pas. Elle ne remarqua pas le sang coulant de son bras droit. Elle s’en moquait. La vraie blessure est celle de son enfance. Hier il la contrôlait puis bafouait l’honneur de son nom. Aujourd’hui il la combattait. Fratricide lutte qui ne saurait trouver de terme, du moins pas dans cet échange qui s’engageait. Point de mot non. Juste un échange d’amabilité magique.

C’est ce démon dans son sang à elle…
Qui a rongé lentement ses ailes,
C’est dans le ventre là,
Joley sait ce qui arrivera.


La malédiction de la famille… le démon et la damnée. La descendance Emerson s’était fourvoyée dans les affres du malin. Et c’est dans le sang qu’il se retrouvait. Le sang de la victime que son frère venait de déposer dans son sillon. Le sang qui coulerait désormais. Elle n’avait plus de doute désormais. Il n’y avait d’autres solutions.

Elle se lève, et prend
Son arme, si blanche
C’est pour saigner le corps
De ce frère démon, si blanc
Pendant qu’il en est, encore temps
Allez respire bien, avance
Encore, mais avance !


Isaac tente une fuite. Inutile. Elisha le suit de près et elle sait. Elle sait que son frère n’est pas du genre à se sauver. Non. Elle sait qu’il ne refusera pas un duel. Pas contre un tireur d’élite. Le frère et la sœur… il avait tiré le premier. Elle avait paré. A son tour elle lança un sortilège informulé. Les choses étaient sérieuses et il put reconnaitre le fulgere. A son tour il para. Et la magie prit son envol, les attaques, les défenses s’enchaînant à une vitesse vertigineuse. Aucun ne reculait. Chaque sort lancé les rapprochait, pas à pas, centimètre par centimètre.

Il ne sentira pas la douleur,
Peut-être la peur
Cette chaleur…


Sectumsempra !! Le sort avait été lancé et la parade mal assurée. Elisha venait de blesser Isaac au torse et le sang coulait entre les Emerson, pour la première fois. Seuls quelques mètres les séparaient alors. Elisha restait sur ses gardes mais Isaac, prit par la rage attaqua à nouveau. Rumpere Vasis. Elisha sentit ses jambes faillir. Elle avait bien tenté une parade mais la puissance du sortilège fut telle qu’il la transperça et elle était désormais elle aussi en mauvaise posture.

Sous l’étoffe, trop blanc,
L’auréole grandit, c’est le sang
Et Joley a les yeux qui brillent


Elisha pose un genou à terre, sa jambe droite ne la porte plus, ou mal. Elle se relève difficilement, le calme semble se posé sur cette scène. Les deux combattants, meurtris, marquent une pause. Pour mettre un terme définitif à la joute en lançant un dernier sortilège en guise de mise à mort ? Elisha porta la main à son visage… lentement elle tomba le masque de sa capuche, dévoilant enfin son visage à son frère. Son regard cristallin était empli d’humidité. La pluie venait de se mettre à tomber…

Et la pluie lave es rues
Et la pluie lave ses mains
Elle est propre
Enfin. Cette chaleur...



Spoiler:
Isaac Emerson
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Mar 12 Fév 2013 - 12:17
Là ! Cet endroit serait parfait. Il avait couru très vite sur une courte distance. Après avoir quitté la rue, il s’était abîmé dans les broussailles aux doigts acérés. Une fois dans la forêt, il s’était plaqué contre un arbre, baguette en main. Un sourire euphorique ouvrait son visage humide. La pluie abondante qui était tombée peu de temps auparavant avait laissé les végétaux gorgés d’eau et un simple frémissement suffisait aux sculptures organiques pour qu’elles se délestent de leur fluide translucide.

Ses cheveux collaient sur son front jusqu’à ses yeux. Un frisson délicieux parcouru son échine. Une excitation telle le traversa qu’il ne parvint pas à réprimer un rire de gorge nerveux presque insonore. Alors comme ça le mioche court sur patte voulait le défier, lui ? Et où étaient donc ses coéquipiers ? Encore un qui s’enhardissait trop vite et se précipitait dans la brèche, pensant être meilleur que les autres. Après tout, cela pourrait faire son petit effet d’avoir sur son CV le nom d’Emerson. Qu’il crève, c’est lui qui ferait bientôt parti d’une liste.

Des pas… il courrait vers lui. Isaac jaillit de sa cachette comme un diable de sa boîte, sort surgissant de sa baguette. Ce fut un flot lumineux incessant qui inonda la forêt dans la musique pétaradante de chocs et de craquements qui fusaient de part en part. Fièvre, frénésie… un florilège de sensations le sillonna. Les iris cruels s’accrochaient à sa cible comme le rapace sur le corps encore remuant de la souris entre ses serres. Ce petit gabarit se défendait bien, pour le plus grand bonheur du duelliste qui gardait à la face une joie intense teintée de sadisme. Jusqu’à ce que le Sectumsempra fut lancé. La dernière parade avait ravivé la douleur mordante qui sciait son dos et il ne parvint pas à déjouer correctement ce sort qui fut envoyé avec rage. La douleur perça son torse et c’est comme si l’air ne parvenait plus à remplir ses poumons. Il faillit perdre l’équilibre mais une haine sans borne s’agriffa à sa chair. Cette fois, il voyait rouge. Ce bâtard lui en voulait personnellement. Voilà pourquoi il était seul ici, perdu dans ce coin paumé d’Irlande.

Dans sa bouche, un goût ferrugineux, celui du sang. Au coin de ses lèvres, un filet vermillon se perdait jusque dans son cou. Son dernier sort fit mouche et le belligérant posa un genou à terre. La douleur et l’épuisement le gagnèrent. Une grimace déchira son visage alors qu’il se penchait en avant, crachant le sang qui avait envahis sa bouche. Il toussa. L’adversaire se releva. Prit de colère, Emerson se redressa et se jeta sur lui alors que l’autre abandonnait enfin l’anonymat. Le fugitif le saisit au col, l’autre main muni de la baguette. Il le colla contre un tronc d’arbre lorsqu’il la reconnut enfin.

L’eau du ciel s’échappait pour couler sur la forêt, se répandant sur le visage aux lèvres tirées d’Isaac. Il haletait et son poing restait crispé sur le tissu noir qui parait la jeune femme. Surpris, cela… il l’était, tant qu’il garda le silence pendant plusieurs secondes qui parurent se transformer en minutes.

_ Toi !

Lâcha-t-il enfin, plein de colère, en la cognant de nouveau contre l’écorce. Elle était toujours en joue et il était limpide qu’en lui un dilemme faisait rage. Comment cela se pouvait-il que sa propre sœur le poursuive et tente de le tuer ?! Comment !

_ Qu’est-ce que tu fais là !!

Une toux violente le prit. Il tenta de garder la jeune femme sous le joug de son arme mais la moindre aspiration se changeait en une insoutenable douleur qui lui vrillait l’esprit. Sa vue se brouilla. Isaac ne parvenait plus à garder l’équilibre. Les traits de Joleysa se troublèrent dans un flou qui s’amplifiait jusqu’à ce que son minois ne soit plus qu’un imbroglio de forme et de couleur d’un rose pâle. Sa poigne crispée sur elle ne servait plus qu’à le maintenir un tant soit peu debout. Il n’avait pas lâché sa baguette. Elle était son arme, l’extension de lui-même, sa vie… C’est ce que l’on apprend à l’école des tireurs d’élite et plus encore lorsque l’on est un duelliste. Un voile gris tomba devant ses yeux et il s’effondra à genoux devant elle, contre elle. Il toussa quelques gerbes de sang mais ne sombra pas dans l’inconscience, s’accrochant à sa lucidité comme on s’accroche à la vie.
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Mar 19 Fév 2013 - 17:24
Sous les étoiles automnales, la sylve irlandaise se retrouvait témoin de cette joute fratricide opposant l’éminent psychopathe à la secrète sorcière. Les deux funambules menaient un duel lunaire, la mort en toile de fond, la souffrance en perspective directe. L’aîné avait porté le coup le plus dur, mais sa cadette ne s’en était pas laissé compter et il était maintenant mal en point. De nombreuses années les séparaient maintenant de cet instant, de cette rupture consommée mais qui laissaient une amertume profonde, comme une cicatrice indélébile.

Sentimentale, Joleysa laissa l’espace d’une seconde ce douloureux souvenir refaire surface. Cette journée ensoleillée avait fait basculer son existence. La cérémonie de son mariage était derrière elle, ce jour merveilleux, qu’elle conservait aujourd’hui encore comme l’instant le plus cher à son cœur, avait été terni par l’attitude de son frère. Il refusait cette union. Pourquoi ? Elle n’en savait rien, ou plutôt elle se voilait la face. Jusque ce jour fatidique durant lequel s’évapora le restant de son innocence. Sous le ciel azuré aoutien elle l’avait vu pour la dernière fois avant ce jour. Il n’était plus le même, déjà. Elle avait compris qu’il n’était plus ce frère aimant, protecteur. Dans son regard celle qui avait quitté son emploi de vendeuse vit alors le malin. Démoniaque, le regard d’Isaac ne témoignait plus que de sa folie. De ses actes elle ignorait tout à cet instant, mais elle sut qu’elle ne le reverrait plus.

Vœux pieux. La rencontre se déroulait loin du soleil cette fois. Vent et pluie animait cette forêt aux relents lugubres face à la fougue et la hargne des duellistes. Ce sentiment qu’elle avait accumulé durant ces longues années la rendait plus puissante que jamais. Autrefois, son frère l’aurait ridiculisé mais elle avait œuvré pour se métamorphoser en agent d’excellence. Elle ne parvenait toutefois pas à prendre le dessus… sa chance venait de passer.
Isaac, frénétique génie du Malin, avait abandonné la voie magique. Avec la toute-puissance le caractérisant, il utilisa sa force physique. Là elle comprit enfin. Cette peur… cette incapacité de lutter. Cette sensation de se retrouver dépassée, faible. Quant à lui, il l’avait finalement reconnue. Elle ressentait cette haine qui l’animait. Elle retrouvait ce malaise qui l’avait saisi autrefois alors qu’elle avait compris la véritable nature de son frère. Mais elle s’était sous-estimée. L’Emerson n’avait pas encaissé ses sortilèges sans broncher et enfin il faisait leur office, l’amenant petit à petit à perdre pied, à sombrer dans des ténèbres qu’il refusait de toutes ses forces.
Un genou… puis l’autre… la chute fut lente, probablement douloureuse. Les perles cristallines de la veuve Manson n’en perdirent pas une miette. Il n’y avait ni haine, ni plaisir à observer cela. Peut-être cela la rendait il plus inquiétante encore. L’indifférence en faisait une machine froide, mortelle. Elle le lui devait, ce don. Ne lui avait-il pas dit de toujours être forte ? De ne jamais laisser entrevoir ses failles. Elle le regarda alors longuement. Jouissait-elle de cette souffrance sur son visage, de cette position de soumission dans laquelle elle l’avait plongé ? Ses mains vinrent glisser dans la toison capillaire de son aîné, avec douceur, avec tendresse. Elle releva lentement son visage afin qu’il puisse la voir. Elle lui souriait avec cette douceur, cette pureté qu’il lui avait toujours connu. Etait-ce enfin la rédemption, le pardon ? D’un mouvement rapide du genou, elle le repoussa, lui prouvant ainsi qu’elle n’en avait pas terminé et que de miséricorde il n’était pas question.

Elle quitta l’appui que lui offrait l’arbre, passant ses doigts sur l’arrière de son crâne pour y découvrir une présence vermeille. Il n’y était pas allé de main morte. Elle le regarda une nouvelle fois. Sa conscience ne le quittait pas. C’était mieux ainsi, pensa-t’-elle. Lentement elle se baissa pour se saisir de l’arme qu’elle avait perdue alors qu’elle ployait sous le poids du choc. Avec un étonnement et admiration, elle constata que son frère s’était quant à lui accroché à sa baguette, conscient qu’elle était son alliée la plus précieuse, sa seule et unique chance. Elle savait désormais ce qui lui restait à accomplir et d’un geste du poignet elle s’acquitta d’un sortilège basique et cruellement efficace. Elle le priva de son ultime espoir. Pire, elle l’utilisa pour l’emprisonner d’un Incarcerem prononcé cette fois d’une voix calme, presque suave. Elle le regarda, observa sa souffrance avant de s’accroupir et de le toucher. CRAC.

Le froid avait disparu. La pluie également. Elle avait opté pour une demeure qu’elle connaissait bien. Elle était inhabitée depuis bien longtemps et elle-même n’avait plus remis les pieds à Manchester depuis de longues années. Mais quoi de mieux que la demeure familiale pour cette petite réunion. Elle avait allongé Isaac sur ce canapé rouge témoin de leur jeu d’enfance. Il n’avait pas résisté au transplanage et ses paupières s’étaient closes. Soigneusement elle l’avait soigné, nettoyant sa blessure à l’aide de potion qu’elle avait préparé religieusement, mais avec une tendresse tout aussi importante, elle avait pris soin de laisser une plaie suffisamment importante pour pouvoir en jouer… Au cas où c’était elle dite.
Le grand salon brillait de cette lumière caractéristique aux cheminées, vacillante et jaunie. Elisha s’était légèrement dévêtue quittant veste et chemisier, la laissant avec un simple débardeur épousant ses formes sculpturales. La baguette d’Isaac reposait sur la cheminée, fière, visible. Elle s’installa sur un fauteuil de type Louis XV, observant de ces pupilles froides le captif. De sa baguette partait un filet lumineux qui alimentait une cage brillante. Aurate Carcere, tel est le sortilège qu’Isaac put reconnaitre à son réveil.
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Mar 19 Fév 2013 - 20:27
Il ne sentait presque plus ses membres. Il avait eu beau faire appel à eux, il n’avait ressenti au mieux que quelques fourmis tandis que ses yeux, même ouverts, ne voulaient plus lui montrer la moindre image, que ce soit des bras touffus des arbres qui barraient la voûte ou du visage de sa sœur. Il sentait sous sa tête le coussin moite et moussu de la flore et son parfum embaumant et doux. C’est alors qu’un souvenir assaillit son esprit.

Une journée estivale dorait le ciel de la banlieue de Manchester, offrant un ciel exempt du moindre nuage. Isaac venait à peine de sortir de Poudlard, ASPIC en poche et avait déjà en tête une glorieuse perspective d’avenir, car le club national de duelliste avait déjà fait appel à lui. Mais cette journée était consacrée à la famille et à un pique-nique en forêt. Joleysa venait de fêter son septième anniversaire et la bambine avait décidé qu’il était plus amusant de s’éloigner pour poursuivre une sorte de furet dans les fourrées que de rester en compagnie de ses pairs, en tête brûlée qu’elle était, voulant sans cesse partir à l’aventure. Lorsque les parents se rendirent compte que leur pupille avait disparue, une panique générale les saisit, et l’utilisation de la magie leur était interdite à cause des familles moldues qui trainaient non loin d’eux. Son père avait été si angoissé qu’il avait sorti sa baguette malgré tout, et il avait fallu sa mère et toute son autorité et sa force de persuasion pour la lui faire ranger. Isaac, lui, s’était enfoncé dans la forêt, mû de son calme olympien, car loin de céder à la panique, il s’était résolu à retrouver l’enfant. Après tout, c’était lui le héros de la famille. Il arpenta les bois pendant une vingtaine de minutes avant d’entendre les sanglots étouffés. La gamine avait dévalé une pente boueuse et s’était retrouvée piégée dans une cuvette de boue liquide qui l’ensevelissait jusqu’aux genoux, sans doute dû aux fortes pluies de la semaine précédentes. L’ainé Emerson était resté là à la regarder sans rien dire pendant un instant, dissimulé derrière le réseau épais de feuilles. Les sentiments qu’il avait éprouvés à ce moment l’avaient troublé. Il avait regardé sa sœur s’enfoncer dans la marre brunâtre sans bouger. Mais pourquoi ? Ce n’était pas normal. Il aurait dû s’annoncer et voler immédiatement à son secours mais il était resté là, immobile, attendant encore et encore… jusqu’à ce qu’elle ait assez peur pour se figée dans la fange, tétanisée par la peur et le froid. Cette peur qu’elle ressentait, cette douleur, il avait eu l’impression de la ressentir aussi, et c’était si bon… Comme s’il s’en nourrissait.
Il s’était extirpé des broussailles pour, enfin, courir à son secours. En le voyant, le visage de Joley s’était illuminé et elle avait essuyé ses larmes d’un revers de manche, voulant lui faire croire qu’elle n’avait pas pleuré, qu’elle était restée forte. Il avait alors sauté dans la vase pour la tirer de la bourbe glacée et la petite s’était agrippée à lui, l’étreignant avec une telle ardeur qu’il ressenti toute la chaleur de l’amour qu’elle lui portait et il s’en était repu jusqu’à la dernière goutte, lui rendant son étreinte. Il était son héros. Du moins, il l’avait été.

Lorsqu’il ouvrit les yeux de nouveau, c’était pour découvrir qu’il était dans une maison, au sec et une douce chaleur l’enveloppait. Encore un peu étourdi, il parvint à bouger ses doigts et lorsqu’il tenta de lever son bras, il parvint bien qu’une douleur l’étira sur son poitrail. Il frotta son front en plissant ses yeux, laissant sa main retomber sur son torse. C’est là qu’il s’aperçu qu’il était torse nu et que des bandes couraient sur sa peau, lui zébrant l’abdomen. Isaac se redressa, mais l’usage de ses abdominaux lui arracha une grimace, il s’aida de son coude, se tournant ainsi légèrement sur le côté et… c’est là qu’il la vit. Joleysa. Sa petite sœur. Sa petite protégée. Son ennemie. La lueur des flammes dansait sur son visage et le reste de son corps tandis qu’il figea ses prunelles dans celle qui portait en elle le même sang, la même chair. Une cage aux barreaux dorés et mouvants l’encerclait, l’empêchant de pratiquer la magie, ou même de prendre la poudre d’escampette. Il s’en passerait. Il se redressa, pliant ses jambes pour s’asseoir sur le bord du sofa rouge. Il avait reconnu cette petite maison qui l’avait vu grandir et peut-être ressentait-il un peu de nostalgie entre ces murs car son visage s’était défait de cette hargne meurtrière qui l’avait possédé en Irlande. Passant ses doigts sur ses bandages, il étira les muscles de son cou de droite à gauche.

_ Est-ce une façon de traiter ton propre frère Joley ? Tu me mets en cage comme un animal.

Il avait levé les yeux sur les barreaux translucides, juste avant de revenir au regard pellucide de sa cadette. Merlin savait lui, à quel point Isaac haïssait qu’on l’entrave, quelle que fut la façon.
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Sam 23 Fév 2013 - 15:37
Là, il reprenait conscience. Enfin… Les perles cristallines n’avaient cessé de maintenir une attention de chaque instant sur le captif. Les sortilèges, plus violents les uns que les autres étaient désormais derrière eux et le véritable face à face, le plus redouté par la membre des tireurs d’élite avait débuté. Celui qui retrouvait petit à petit ses esprits avaient, autrefois, tant représenté à ses yeux. Jamais alors elle n’aurait pu imaginer vivre une telle situation. Elle sentit son regard carnassier, d’un aplomb considérable, se poser sur son corps. Les pupilles ne se croisèrent pas immédiatement. Durant quelques secondes, ils s’observèrent à la lueur chaleureuse du feu de cheminée. Et finalement, l’ainé brisa ce pesant silence, de son ironie caractéristique.
Elisha ferma alors ses paupières, juste le temps d’un instant. Cette voix… cette tonalité qu’il avait employée. Il l’utilisait autrefois, quand il était encore un héros… son héros. Dès sa plus tendre enfance, Isaac avait été un modèle, cet exemple à suivre. Elle l’avait porté aux nues. Contraste saisissant aujourd’hui puisque cet homme, ce criminel, lui inspirait un profond rejet si ce n’est pire. Du moins le pensait-elle.
Elle se redressa légèrement, restant confortablement installée dans son fauteuil. Lentement elle se pencha, ses coudes venant se poser sur ses cuisses galbées. Au bout de ses doigts fins, il put voir sa baguette magique d’où émanaient quelques filandreux traits d’énergie dorée alimentant la prison magique. Elle le fixait, démontrant une grande assurance alors que ses lippes se murent en un délicieux et paisible sourire.

Elle ignora superbement les paroles de son frère et elle se releva lentement. Avec grâce, elle se déplaça à l’intérieur du salon, théâtre de leur jeu d’enfant. Elle se rappela ce fabuleux jour où elle fêta son onzième anniversaire. Son héros, si occupé, avait pris le temps de passer cette journée si particulière avec elle. Il l’avait emmené chez Ollivander, lui offrant le cadeau le plus important dans une vie de sorcier. Sa baguette. Elle avait eu le loisir de choisir, mais finalement le cadeau s’était imposé de lui-même. Si jeune, la baguette lui avait semblé immense. Elle se rappela cette vibration unique. Elle ressentit cette osmose qui définissait la relation entre un sorcier et son arme. Puis Isaac l’avait reconduit à Manchester. En compagnie de leurs parents, ils avaient passé un repas délicieux. Mais surtout, Isaac avait pris le temps, à nouveau, de jouer avec elle. Il lui apprit son tout premier sortilège, un Lumos, avec une patience et une douceur protectrice incroyable. S’agissait-il réellement de cet homme qui lui faisait face en cette seconde. Elle lui tournait désormais le dos, faisant face à la cheminée, en appréciant la chaleur qui lui fournissait une dose supplémentaire de courage. Sa main libre vint caresser avec fébrilité l’arme du maître duelliste. Elle savait l’importance que revêtait cet objet à ses yeux et lui en priver devait probablement être un calvaire. La magie pourra résoudre tous tes tracas, lui avait-il dit lors de cette si belle journée.

« Agression… Séquestration… Viol… Assassinat… »

Elle énonça d’une voix sans âme la liste des crimes figurant au tableau de chasse de son frère. Il ne put le voir, mais cette simple liste horrible fit rembrunir son regard si pur. Elle le connaissait depuis toujours, le héros déchu. Elle se retourna vivement, le regardant avec une tendresse tranchant avec ses paroles énoncées d’une voix calme, presque inquiétante pour ce trublion qu’il avait connu enfant.

« Penses-tu vraiment que mon accueil manque réellement de chaleur, mon frère ? »

Elle s’avança alors lentement. La prise qu’elle exerçait sur sa baguette se raffermit, la taille raisonnable de la cage se réduisant considérablement pour ne laisser qu’un champ de mouvement relativement réduit au prisonnier. Joleysa continua de s’approcher pour se stopper à proximité de la cage dorée. Elle lui lança alors un sourire triste. Tout monstre qu’il était, il n’en restait pas moins son frère.

« Que t’est-il arrivé Isaac ? Où donc est passé ce frère que j’ai connu jadis ? »

Elle pouvait ressentir la rage qui étreignait son frère. Elle y répondait par une tristesse non feinte, mais qui semblait irréversible. Bientôt, elle devrait prendre sa décision, rendre son verdict.
Isaac Emerson
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Sam 2 Mar 2013 - 12:28
Assis sur le bord du sofa, Isaac gardait le rythme d’une respiration calme, mesurée… La femme qui se tenait devant lui n’avait plus rien à voir avec cette enfant qu’il avait vu grandir. Il ne serait pas aisé de l’intimider. Joley avait pris en assurance et la bambine au visage poupin avait un regard aussi tranchant qu’une lame et s’il en avait eu une, son âme en aurait peut-être été blessée. La cheminée distillait ses bras de chaleur et de lumière jusqu’à ce que le corps de la jeune femme en occulte le feu de son corps vénusien. Ils se ressemblaient peu finalement tous les deux. Lui avait tout pris de sa mère : ses yeux et ses cheveux noirs, le hâle de sa peau qui brunissait au soleil et le caractère vindicatif… Elle, était le portrait craché de son père avec ses yeux clairs, sa peau pâle et ses cheveux blond, sans oublier sa patience que l’on prenait à tort pour de la sagesse.

« Agression… Séquestration… Viol… Assassinat… »

Ca y est on en était là ? Elle étendait son palmarès comme on expose un macabre trophée. Lui demeura de marbre, son visage tirant vers le bas alors que ses orbites étaient virées sur elle dans un immobilisme parfait. Devait-il en avoir honte ? Ce visage de scrupule et d’humilité, il l’empruntait parfois lorsque se déguiser était nécessaire. Il n’en ferait rien ici. Pas devant elle, elle qui connaissait si bien ce qui serpentait entre les fibres pourries de son cœur desséché. Du moins s’imaginait-elle le savoir. Il referma son poing gauche –main directrice- sur son genou. Sentir le bois de sa baguette contre sa peau lui manquait comme si on l’avait privé de l’usage d’un membre. Dès qu’il fut éveillé, il avait repéré le morceau de bois au-dessus de l’âtre… inaccessible… pour l’instant.

« Penses-tu vraiment que mon accueil manque réellement de chaleur, mon frère ? »

Depuis quand pensait-elle devoir lui faire payer ses actes ? N’avait-il pas déjà réglé sa dette allégorique à la société ? Pourquoi le prenait-elle donc ainsi ? Cela l’avait-il réellement blessé ? En quoi se sentait-elle donc concernée par le sort de ces femmes ? Etait-il encore question de ces absurdités concernant l’empathie et tout ce que Monsieur ne ressentait pas et que l’on se faisait un plaisir de lui rappeler sans cesse ? Devait-il constamment s’excuser à vie pour chacune de ses pulsions… A toutes ces incriminations, bien des réponses montaient à ses lèvres ; la première étant qu’on ne se refaisait pas.

Féline, la sœur autrefois dévouée quitta sa placidité pour se diriger jusqu’à lui. Les murs de la cage dorée se resserrèrent progressivement mais Isaac n’en tint visiblement pas compte –bien que la réalité fut toute autre car il demeurait cruellement attentif à son environnement. La cage le tenait maintenant dans un espace assez réduit pour lui interdire même jusqu’à une inspiration trop profonde, dessinant un rectangle qui lui demandait de se tenir strictement assis ou debout. L’ombre d’un geste et ses blessures l’élançaient, comme si une vieille déchirure refaisait surface lui rappelant qu’il n’était pas indemne, le cloîtrant dans cette cruelle réalité où il n’était plus libre.

« Que t’est-il arrivé Isaac ? Où donc est passé ce frère que j’ai connu jadis ? »

Enfin décida-t-il de se relever pour faire face à sa geôlière, quittant le moelleux des coussins rubiconds. Le minois si fragile qu’il avait souvent caressé se para d’une sorte de tristesse qui le ramena des années en arrière. Il demeura longtemps silencieux, la surplombant de sa stature sans que le noir insondable de ses yeux ne quitte les prunelles cristallines voilées d’amertume. L’étudiait-il ? Son souffle s’effondrait sur les filaments d’or de sa prison, créant de minuscules crépitements l'avertissant que le feu de la décharge courrait dans son corps s’il approchait davantage. Lorsqu’il ouvrit enfin la bouche, c’était pour diffuser le fiel de sa voix caverneuse –mais calme-, un rictus tirant ses lèvres en un sourire cynique.

_ Que me reproches-tu exactement Joley ? D’avoir souillé la vie ? Allons… Personne n’est irréprochable, tout le monde est amené à faire des choses inacceptables. Ce qui me différencie des autres, c’est que moi je les ai accepté.

Le sourire déserta ses traits en même temps que son regard se fit plus pesant et incisif, la colère resurgit soudain dans les vibrations de sa voix.

_ Alors qu’est-ce que tu me reproches exactement Joley ! D’avoir fait ce que j’ai fait ? Ou de bien pouvoir dormir la nuit !

Le duelliste inspira sans quitter les yeux clairs de l’oiselle. Il leva sa main qui heurta la façade électrisée magique, lui arrachant un grognement de souffrance tandis qu’il glissait cette main jusque sur l’une des blessures qui décorait son flanc. Il semblait abandonner le vernis de l’irascibilité, laissant apparaitre ce qui pouvait se traduire comme de la vulnérabilité.

_ Tu ne me croiras peut-être pas mais je ne voulais pas te nuire.
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Sam 16 Mar 2013 - 14:18
Les flammes de la cheminée créaient une ambiance feutrée contrastant avec la violente tension qui régnait dans le salon confortable laissé à l’abandon depuis fort longtemps. Les retrouvailles familiales ne se posaient guère sous le joug de l’allégresse, la vindicte pleine de rancœur prenant la domination dans cet échange qui, finalement, était moins fiévreux à l’aide de sortilège que dans l’usage des mots. Celle qui était redevenue, le temps d’une nuit, Joleysa, faisait face à l’aîné, à l’exemple déchu. Membre de la Police, elle avait débuté son entretien comme si cette situation n’existait pas, mais bien vite les liens du sang refirent surface.
Isaac, lui, était fidèle à ce qu’il était devenu. Et sa défense, si tant est que l’on puisse qualifier sa réplique de défense, n’était que le reflet de sa folie. La veuve Manson l’avait écouté sans broncher. Son regard glacial n’avait quitté celui de son parent et chacun de ses mots trouvaient écho dans le cœur de la cadette. Le fiel, la haine, la folie avait pris possession de ce frère devenu instrument du malin. Jusque cette note finale. Remords sincères ? Où simple tentative de déstabilisation. L’armure de l’assassin aurait pu sembler se fissurer, mais il était trop tard, par ses premiers mots, il avait brisé la carapace de la poupée Emerson.

« Foutaises !!! Pour qui te prends-tu ? »

Elisha s’écarta de la cage, se retournant vivement pour s’éloigner d’un pas marqué par une agressivité qu’elle ne masquait pas. Ses poings se crispèrent, son visage se fermant progressivement. Elle avait espéré que cet instant soit une révélation, qu’elle puisse entrevoir une sortie du tunnel car malgré ses agissements, elle aimait son frère. A nouveau elle se tourna vers lui, la luminosité blafarde du feu de bois rendant déformant plus encore l’expression de son visage.

« Ainsi tu te crois supérieur aux autres. Pauvre fou, tu n’es rien de plus qu’un vulgaire criminel. Qui crois-tu que je sois ? Je ne suis pas une de ces petites crétines que tu peux manipuler à ta guise. Je suis toi, je suis une Emerson. Ce sang qui coule dans tes veines est aussi le mien Isaac. Notre différence tient de l’intelligence. »

Elle reprit son souffle un instant, sans lui laisser le temps de répliquer, sa voix montant en intensité à chaque parole.

« Oui, tu n’es finalement qu’une sombre et pathétique créature qui ne se laisse dicter que par ses instincts. Tout juste arrives-tu à justifier tes actes, à te persuader de ta supériorité par des stratagèmes totalement absurdes. Pauvre fou ! »

Joleysa se tut alors l’espace d’une seconde. Elle avança à nouveau vers son frère, son regard traduisant une ire vénéneuse. En cet instant, impossible de savoir où mènerait ce dialogue qui lui avait fait perdre son irascible sang-froid. En cet instant revenait à son esprit l’image de Robert, son visage lorsqu’il avait compris ce que son épouse tant aimée venait de faire. Cette blessure ne guérirait jamais dans le cœur de la belle. Un à un, les personnes qu’elle avait aimé s’étaient détournées d’elle. Son père fut le premier, puis un à un, ils l’avaient abandonné et finalement, le seul qui ne l’aurait jamais laissé, elle avait dû le tuer. Et Isaac osait comparer ses crimes gratuits avec la tragédie qui menait à commettre l’irréparable pour le bien commun.

« Tu n’agis que pour ta petite personne. Ta faiblesse n’a d’égale que ta mégalomanie. Papa serait triste de te voir ainsi. »

Cette fois Elisha se tut plus longtemps. Ses yeux se voilèrent sous leurs paupières, une perle salée s’en échappant alors qu’elle pensait à son défunt père. Lorsqu’elle les rentrouvrit, son regard n’était que plus rembruni encore. Elle le savait, tout ceci touchait à sa fin. Elle ne pourrait le maintenir ad vitam au sein de cette cage.

« Ce n’est pas pour moi que tu es une nuisance Isaac… Je suis désolée. »

La décision était prise, elle ne pouvait plus le laisser agir à sa guise. Un mélange de colère et de tristesse se mélangeait dans les tréfonds de son âme torturée. Elle leva sa baguette, regardant son frère qui put sentir dans les yeux de sa sœur cette détermination triste. D’un mouvement brusque elle fit sauter la cage qui maintenait Isaac prisonnier. Dans son esprit résonnait la formule terrible. Un sanglot la prit, le dernier…

« Endoloris… »

Elle n’avait pas eu la force pour user du sortilège mortel. Elle venait d’échouer… Mais comment pouvait-il en être autrement. Tout juste le faisait-elle souffrir à la hauteur de cette déchirure qui brisait son cœur, son être.
Isaac Emerson
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Jeu 21 Mar 2013 - 14:32
L’unique réponse qu’il offrit à la tempête fut le silence. Demeurant debout, face à sa Chair, les bras retombant le long de son torse incisé par quelques entailles plus ou moins profondes… il la regardait, la première créature qui avait eu de l’importance pour lui, la seule qui en aurait peut-être encore jusqu’à la fin. Et toute cette colère qui le frappait… Lui en voulait-il de ne pas comprendre ? Qui pouvait donc se vanter d’une telle chose… Elle n’était pas différente des autres ; elle était comme les autres, différente de lui.

Isaac ne quittait pas Joleysa des yeux. Il voulait surveiller tous ses gestes et appréhender les coups qui tomberaient, car oui, il le savait, elle ne s’arrêterait pas aux réprimandes. Toute cette douleur qui l’étreignait devait bien finir par sortir. Elle allait donc la lui faire partager. Il serra les dents. Lorsqu’elle lui tourna le dos, ses lèvres arquèrent un sourire furtif. Les choses étaient plus aisées lorsqu’elle était plus jeune mais c’était bien loin déjà -du moins, c’est ce qu’elle voulait lui faire croire. Lui en était certain : la petite fille fragile vivait encore, cloîtrée derrière des murs artificiels construits à la hâte par une âme cernée de démons, déchirée par les affres d’une existence troublée… Pauvre Joley. Il aurait voulu lui faire partager un peu de sa vie et de son chaos intérieur. Là, elle aurait pu trouver du repos, loin de la tourmente et de toutes ces conneries qu’on vous fait bouffer dès la naissance : compassion, tolérance, respect, obéissance… Le monde est le reflet de celui qui le construit et il n’est pas moins qu’une gigantesque imposture où chacun garde son rôle comme un chien son os. Tous des clowns.

Ma princesse.

Une part de lui voulait… La libérer de cette réalité cruelle ; serrer son cou si délicat ; extirper sa vie de son corps ; jusqu’à ce que son souffle se tarisse et l’abandonne. Un geste uniquement porté par un amour qu’il ne ressentait pas – mais au fond savoir l’imiter n’est-ce pas tout comme pouvoir l’éprouver ? Elle lui en voulait, elle, sa sublime reine des glaces. Pourquoi ? Pour l’avoir abandonné ? C’était elle, et elle seule qui s’était éloignée de lui en choisissant d’épouser ce minable, ce petit américain à la con qui l’avait détourné de lui. Aurait-il dû mendier pour avoir un peu de son attention ?

Spoiler:

Isaac se souvenait très bien du jour funeste de son mariage. La petite Joley nippé d’une robe d’un blanc à l’éclat virginal brodé de dentelle aux motifs floraux, sa petite tête blonde fardée d’une couronne de branche d’olivier d’argent... C’est lui qui la conduisit jusqu’à l’autel. Aurait-il dû en être fier ? La première blessure infligée par cette robe s’était agrandi à chacun de ses pas vers l’autel dans un écho sinistre la séparant de lui à pas de géant, malgré qu’elle fût accrochée à son bras. Une fois arrivé, la fureur au ventre, il avait croisé le regard de Robert, un immigré auquel il devait offrir sa sœur alors que chacune de ses cellules le méprisaient. Mais il avait du sourire, vêtir ce masque d’humanité écœurant. Dans sa candeur, Joleysa ignorait que pendant qu’il l’embrassait, son frère avait failli faire de cette journée un véritable bain de sang. Cela lui avait tant coûté que le jour-même il avait dû se délivrer de toute cette pression en faisant une autre victime avant le repas. La pauvre fille avait vécu l’enfer avant d’expirer son dernier soupir mais pour une bonne cause. Sans cet exutoire, Isaac aurait sans le moindre doute perdu son masque en montrant à Monsieur Manson à quel point les anglais –et particulièrement lui- pouvaient être ingénieux dans le domaine de l’inhumanité et de l’horreur.

« Tu n’agis que pour ta petite personne. Ta faiblesse n’a d’égale que ta mégalomanie. Papa serait triste de te voir ainsi. »

Papa… Il n’avait jamais respecté son père. C’était un être si faible qu’il en était presque physiquement friable. Lui ? Un homme ? Isaac s’était toujours arrangé pour l’inférioriser, jusqu’à prendre la place de l’homme de la maison, soutenu par sa mère. La venue au monde de Joleysa changea les choses. Isaac parti à Poudlard et la gamine était plus proche de son père, esseulant la matriarche qui, par essence, eut moins d’ascendance sur le ménage. L’aîné avait donc compris que pour mener la danse, il devait séduire la bambine et ainsi influencer son père. Ce qu’il fit avec brio bien entendu.

Joley se tut. Une larme vint couler le long de sa joue, exsudant son chagrin. Il vit une porte s’entrouvrir…

« Ce n’est pas pour moi que tu es une nuisance Isaac… Je suis désolée. »

Bien qu’étroit, l’entrebâillement était bel et bien là. Il fronça ses sourcils, inclinant légèrement son visage sur sa sœur.

_ Joley… Qu’il murmura.

La cage d’or sauta soudainement. Sa baguette ! Elle n’avait pas bougé, mais elle était trop loin. Le temps qu’il l’atteigne, Joleysa l’aurait déjà touché.

_ Ne fais pas ç…

Une fraction de secondes plus tard il l’entendit… le sortilège impardonnable. Chaque parcelle de son corps sembla alors se déchirer. Son corps s’effondra avant d’être secoué de convulsions insupportables. La douleur lui vrillait l’esprit et tordait ses tripes dans une violence inqualifiable. Elle le maîtrisait à la perfection, comme lui… peut-être même mieux. Comment juger ? Difficile de demander « sur une échelle de 1 à 10, comment décririez-vous la douleur ? ». Aberrante.

La tension de son corps entièrement crispé déchira davantage l’une de ses blessures à l’abdomen. Une goutte amère dans un océan de feu. Sa bouche tordue écumait. Il tentait de retenir ses cris mais il ignorait s’il y parvenait véritablement. Sa vision se voila. Tout en lui se fissura, comme s’il n’était plus qu’un miroir vide que l’on martelait jusqu’à ce que le verre qui le constitue ne soit plus que des miettes… de la poussière… Une seconde plus tard, tout pris fin. Son cœur battait à tout rompre et il inspira comme pour reprendre un peu de vie et échapper à la douleur lorsque la sentence retenti à nouveau, la souffrance reprenant corps en lui. Ce petit manège macabre dura une éternité avant que ses lèvres ne trouvent la force d’expulser quelques mots.

_ Arrête !!! Je t’en supplie !!!

Au bout d’un moment, des larmes saillirent de ses yeux exorbités. Son torse se souleva du sol. Ses doigts noués se plantèrent dans le parquet tandis que ses ongles en arrachaient le bois. Ses mâchoires étaient si serrées que ses dents auraient pu se briser d’un instant à l’autre.

_ J… Je t’en p… priiiie….

Et enfin, tout cela s’éteignit. Le feu du supplice mourut, laissant Isaac rouler sur le flanc puis de nouveau sur le dos, les yeux plissés. Ses mains tremblantes se posèrent sur son visage où son souffle s’étouffait dans une plainte de gorge. Le rouge se répandait sur ses bandages, quelques gouttes de sueur perlant sur son torse. Déjà, il sentait la vigueur le gagner de nouveau.
Se sentait-elle mieux maintenant ? Après tout nous avions tous nos « petits trucs » pour décompresser.

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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Dim 24 Mar 2013 - 10:03
La douleur… tous ces maux qu’elle avait enfouie en elle depuis si longtemps s’échappait désormais en une ire indécente. Impardonnable était le sortilège employé, mais n’était-il pas particulièrement bien adapté à cet homme, à ce frère qui avait abandonné sa part humaine. Son enfermement l’avait profondément modifié. Elisha n’en avait pas encore pris conscience mais ce contrôle et ce masque qu’il avait porté autrefois n’était plus. Seul le cynisme et l’arrogance habillait ce faciès sur lequel elle avait pu entrevoir, elle en était certaine, de la bonté, de l’amour.
Ainsi elle s’appliquait à le détruire une nouvelle fois, cette armure dont le héros de jadis s’était entouré pour se placer sur une ligne intouchable. Combien de temps dura le châtiment ? Pour le bourreau comme pour sa victime, sûrement une éternité. Mais dans l’espace-temps commun, seules quelques secondes s’étaient déroulées. Le regard de la poupée Emerson exprimait une mélancolie teintée de désespoir. Elle avait tant souhaité mettre fin à ce calvaire, mais elle ne le pouvait pas. Désormais elle le savait, Isaac lui serait inaccessible.

Un peu moins d’un an auparavant, elle avait su le faire. Robert était l’homme de sa vie. Depuis son père, aucun homme ne l’avait regardé avec une telle bienveillance. Lorsqu’il l’avait demandé en mariage, sa vie s’était transformée en conte de fée et elle avait endossé le rôle de la Princesse. La forte tête de Poudlard, l’enfant qui n’abandonnait jamais s’était alors perdu pour se laisser transporter dans cet univers.
Vomitif tant la guimauve y était présente. Mais le Destin l’avait remis sur le droit chemin que le décès de son père avait tracé. Elle serait seule, à jamais. Isaac l’avait abandonné, cédant à sa folie. Puis ce fut le tour de sa seule véritable amie qui la laissa sur le bord de la route sans explication. Et finalement ce fut au tour de Robert. Il avait trahi leur amour, il l’avait trahi, la mettant dans l’obligation d’effectuer un choix. Impasse morale…
Tuer ses idéaux ou tuer l’homme qui apportait du bonheur à son existence. Elle opta pour la seconde solution alimentant une haine farouche envers ceux qu’elle estimait responsable, l’Ordre du Phénix et ses alliés américains contre qui elle s’était engagé dans un combat acharné en tant que Tireur d’élite émérite. Seule la destruction lui apportait du repos.

Mais, ce soir, la faiblesse s’était emparée d’elle alors qu’elle retrouvait un fantôme de son passé. Elle aurait tant voulu le détruire, mettre fin à cette imperfection dans sa cuirasse combattive, à cette armure de fidèle chevalier. Depuis près d’un an, sa vie s’était résumée à servir avec ardeur la vision du monde selon Mervyn Kark. Mais cette tragique fin qu’elle aurait tant voulu apporter à cette blessure lui fut inaccessible. Il ne restait que la souffrance, jeu dans lequel elle avait appris à exceller. Puis ce fut la fin du calvaire sous les suppliques pathétiques du monstre familial, distordu par la douleur.
La demeure familiale se figea ainsi durant d’interminables secondes uniquement rythmé par les soubresauts plaintifs du corps meurtri de l’aîné qui avait pu constater qu’en qualité de monstre, la cadette faisait preuve de certaines qualités, pour ne pas dire de qualités certaines. Elle, la tristesse fendillait son armure et de nouvelles larmes salées faisaient irruption de ses perles d’azur, glissant le long de ses joues pouponnes pour venir s’échouer tantôt sur les lippes charnues déformés par un rictus élégiaque, tantôt sur son menton duquel elle exécutait le grand saut vers la disparition.
Ses jambes faillirent sous le poids de la faiblesse, de la culpabilité. Était-ce de n’avoir pu châtier le criminel ou d’avoir fait souffrir la chair de sa chair ? Nul ne pouvait le savoir, pas même elle alors que ses appuis cédèrent et qu’elle glissa mollement sur le sol, ses genoux le heurtant avec souplesse, ses mains venant lui porter secours avant qu’elle ne s’affale totalement. Aux plaintes de son frère, elle répondait pas des sanglots presque enfantins.

« Pou… Pourquoi… je ne… peux ? »

Cette faiblesse, elle ne pouvait la comprendre. Elle ne pouvait l’accepter. Ses doigts se crispèrent autour de sa seule amie, sa fidèle arme qui ne lui avait jamais fait défaut. Elle sécha ses larmes… peine perdue. La carapace était fendue et elle ne pouvait lutter face à l’afflux de sentiments qui l’assaillaient. Elle porta alors son regard sur le corps meurtri du fugitif. Ces yeux d’ordinaire impénétrables exprimaient une myriade de sensation allant de la tristesse à la colère la plus profonde en passant par l’incompréhension.
S’appuyant de ses mains et de ses genoux, elle se mut vers Isaac tel un félin blessé, plus dangereux que jamais. Elle arriva au-dessus de lui et le saisit au niveau des épaules pour le retourner. Jamais il n’avait été si proche depuis des années. Telle l’enfant capricieuse qu’elle était autrefois, Elisha frappa mollement le haut du torse de celui qu’elle avait meurtri. Il put voir les larmes qui n’avait cessé de couler sur ses joues, celles-ci venant parois s’échouer sur la peau claire.

« POURQUOI ? QUE… que m’as-tu fait ? »

Elle ne pouvait crier plus, sa voix s’étouffant dans un sanglot alors qu’elle reportait sur son frère sa faiblesse dont elle n’avait su faire preuve un an auparavant. Il ne pouvait savoir ce qui était advenu à Robert, mais il était évident qu’il pouvait comprendre qu’une tragédie avait profondément transformé sa sœur au point qu’elle lui ressemblait plus que jamais, seul un fragment de conscience les séparant désormais. Elle voulait tant le détester, obtenir cette haine qui lui permettrait de le détruire...
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Mar 9 Avr 2013 - 13:38
Le corps déchiré, l’âme en lambeau, il peinait à se souvenir… il peinait à discerner… à recouvrer ses esprits. Il réalisa qu’il était là, aux pieds d’une enfant qui aurait dû l’aimer plus que tout et qui maintenant voulait lui arracher le peu de raison qui lui restait… Il était là, victime de cette petite garce à qui il aurait volontiers voulu faire sentir l’exécrable puissance de ce qu’elle tentait de terrasser. Un rire mêlé de souffrance envahit la pièce, lui qui cachait son visage entre ses mains alors que le bourreau le retournait pour se tenir au-dessus de lui. Il n’entendit d’abord rien qu’un bourdonnement sourd. Les poings martelaient son torse nu et après tout ce qu’il venait de vivre, ce contact fut l’origine de la course délicieuse d’un frisson le long de son échine.

Ses yeux noirs et vitreux se figèrent sur le plafond pale… aussi profond qu’insipide, ses bras retombant sur le sol. A l’étage, il se souvenait de sa chambre. Etait-elle toujours intacte ? Ses petits soldats de plombs et ses livres étaient-ils toujours sur leurs étagères de bois d’ébène ? Et ce petit trou dans le bas du mur ? Là où il murmurait des paroles réconfortantes les soirs où Joleysa n’arrivait pas à trouver le sommeil… Est-ce que son meuble de chevet le dissimulait toujours ? Ou bien avaient-ils brûlé tout ce qui pouvait un jour lui avoir appartenu pour exorciser le mal qui y avait grandi… en silence, tapi. Comment avait-il pu en arriver là… N’être plus que l’ombre de lui-même.

Ses paupières retombèrent sur ses prunelles. Maintenant, il sentait mieux les poings et entendait les sanglots, cette voix troublée… érayée… celle-là même qui exsudait fragilité et épuisement. La carapace fendue, il ne restait en dessous qu’un flot de larme irrépressible… un tel abattement. C’était un spectacle si beau et si pitoyable à la fois.

Il ouvrit les yeux et fixa Joley au-dessus de lui, si petite, si vulnérable… Elle était si belle dans le supplice qu’il savoura chaque perle de sel, chaque hoquet de douleur, chaque œillade de désespoir. Il tendit sa main gauche pour effleurer sa joue et fondre dans la blondeur soyeuse de sa chevelure où, lentement… il crispa ses doigts. Son visage rude se logea contre celui de sa sœur tandis qu’il se redressait et sa main libre descendit jusque vers celle qui tenait encore bien fermement son arme.

_ Chuut….

Là, il sera le poignet de l’oiselle avec une force sans retenue, l’obligeant à lâcher l’objet de ses tourments. Il savait qu’elle ne délaisserait pas son arme aussi facilement et c’est pour cela qu’il n’usa d’aucune pitié pour obliger ses doigts de s’ouvrir. Elle pouvait changer d’avis à tout moment après tout, mieux valait se méfier. Le corps frêle se débattit avec le peu de vigueur et de volonté qui lui restait mais cela ne fut pas suffisant. Il la maintenait contre lui, l’empêchant de lui assener un coup potentiellement dangereux et lorsque le bois tomba au sol, il s’en saisit pour le jeter quelques mètres plus loin. Quoi qu’elle puisse tenter maintenant, il aurait toujours l’avantage.

Ses mains rugueuses délaissèrent les fils d’or pour caresser le cou et le visage humide de la blondine avec une douceur où planait malgré tout une étrange impression... Electrisés par la souffrance, les muscles de son corps étaient tendus, son cœur battait rapidement, son regard était acéré… Jusqu’à ce que d’un mouvement, il pousse Joleysa en arrière par le poids de son propre corps, se plaçant entre ses cuisses, sa main directrice serrant brusquement sa gorge. Maintenant plaquée au sol, elle pouvait voir le visage de son frère perché au-dessus d’elle, une main au sol le maintenant redressé, l’autre essayant de la tuer. Ses doigts se resserraient impitoyablement alors que son regard glacé ne laissait paraître le moindre fantôme d’humanité. Le corps qui se débattait était pris au piège. Lui, serrait les dents en regardant la vie s’extirper du corps de sa chair, déversant toute sa colère jusque dans l’extrémité de ses doigts, les laissant œuvrer pour lui dans le silence absolu uniquement troublé par son souffle rapide et profond. Elle allait payer pour son effronterie, dusse-t-elle être punie par le meurtre fratricide.

Il la maintint ainsi pendant quelques instants et la force de la jeune femme faiblissait à vue d’œil. L’air ne parvenait plus à la rassasier et bientôt son corps cèderait. Isaac, dont la froideur figeait les traits, ne scia pas jusqu’à… un simple battement de cils et soudain se fut comme s’il s’éveillait d’un rêve, ignorant où il était tombé. Doucement, l’étreinte pris fin et il leva ses mains tremblantes et les observa comme si elles ne lui appartenaient pas. A genoux, lèvres frémissantes, un leva un regard incrédule sur sa sœur avant de se ruer en arrière, s’éloignant d’elle subitement, son dos reposant contre les coussins du sofa. Sa sénestre vint se poser contre son faciès, les genoux levés, repliés contre son torse. Il avait tenté de la tuer, là, dans le salon où ils avaient grandi, sur le sol où ils avaient joué, sous les lueurs de l’âtre qui les avait réchauffés… Le monde n’était que folie. Il frottait sa tête de haut en bas, frénétiquement avant qu’il ne cache ses yeux sombres.

Après un instant qui sembla durer une éternité, le fugitif se releva et d’un pas qui ne souffrait d’aucune hésitation, il se dirigea vers la cheminée et prit sa baguette, l’observa longuement d’un air absent, puis se retourna vers Joleysa dont il affronta le regard. Sur son visage ne se lisait plus que l’infinie lassitude… ou peut-être était-ce de la résignation. Sans un mot, il marcha sur elle, passa à côté et s’avança vers la sortie. Mais avant d’atteindre le seuil, il s’arrêta. Une légère grimace étira ses traits. La douleur ne l’avait pas quitté et il mettrait du temps avant de s’en remettre complètement. Elle put alors entendre sa voix, comme lointaine tandis qu’il lui tournait le dos.

_ Tu ne peux pas… parce que tu n’es pas un monstre… Tu n’es pas comme moi. Ne deviens pas comme moi…

Une seconde, peut-être deux… Sans se retourner, baguette en main, il se dirigea vers la porte, tourna la poignée de bronze et disparu dans le bruissement véhément du vent d’octobre, avalé par la nuit sans lune ni étoiles.
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
ce message a été posté Sam 13 Avr 2013 - 14:00
Les meurtrissures de l’âme prenaient peu à peu le dessus. La téméraire et déterminée veuve disparaissait un peu plus à chaque seconde, cédant la place à une adulte en proie aux atermoiements digne de l’enfance. Pouvait-il en être autrement face à celui qui avait pris, dès l’adolescence, la place de figure paternel. A celui qui l’avait mené à l’autel lors de ce fabuleux jour qu’avait été son mariage. Le masque de froideur n’était plus désormais et elle montrait toute sa vulnérabilité, toute cette tristesse qui la rongeait et qui avait émaillé son parcours sans qu’elle ne puisse s’y arrêter.

Mais déjà le démon reprenait ses esprits. En douceur malgré une fermeté terrible, il se saisit de ses poignets qui imprimaient avec rythme les piqûres qu’elle assénait à ses pectoraux. Lentement mais sûrement le prédateur débuta son œuvre sans que sa proie, tourmentée par ses propres émois, ne s’en aperçoive. Ainsi la baguette quitta ses mains sans qu’elle n’y prête attention. En d’autre temps, jamais elle ne l’aurait permis. Et ce n’était que le début. Le fauve prit sa revanche. Une fraction de seconde lui était nécessaire et il ne la laissa pas filer. Sa supériorité physique ne faisait guère de doute et il prit l’ascendant sur la frêle jeune femme dont l’esprit, en outre, n’était déjà plus vraiment là.
Et la domination, jusque-là en sa faveur, changea alors de côté. Lorsque ses mains rugueuses vinrent enserrer sa gorge il était déjà trop tard. Le temps d’un instant elle revint à elle, quittant cette catatonie qui possédait encore son corps la seconde précédente. Elle le vit alors… ce regard impitoyable, ce faciès déterminé. Elle vit alors celui qui avait commis toutes ces atrocités. Isaac n’était plus là, elle faisait face au monstre qui avait été enfermé à Azkaban. Elle tenta bien de se débattre mais dans cette position, il n’y avait rien à faire… rien en dehors d’attendre… attendre la fin…
Sa vue se troubla, lentement, sûrement. Son cerveau ne recevait plus l’irrigation nécessaire et elle se dirigeait, peu à peu vers une inconscience presque réconfortante, loin de toute cette douleur. C’est alors qu’elle le vit. Il lui souriait paisiblement, l’attendant de son amour apaisant. Robert ne l’avait jamais quitté, il la suivait à chacun de ses pas, la protégeant des tourments de ce monde, de cette violence, de cette folie qui la dépassait. Elle se sentait partir mais toute crainte l’avait quitté puisqu’il était là.

Tout cessa. La réaction d’Elisha ne sembla jamais arriver. Elle ne vit pas les mouvements d’Isaac, perdue qu’elle était dans les prémices d’une inconscience qu’elle souhaitait presque. Le visage de feu son époux s’évapora lentement et les remords qui l’étreignaient depuis cette fatidique nuitée la reprirent de plus belle. Il était le pardon inaccessible, ce tourment éternel qui ne la quitterait jamais. Elle était son propre démon, celui qu’elle devait exorciser. Alors elle pourrait enfin aller de l’avant et s’accomplir, enfin.

Une profonde inspiration agita sa poitrine qui se gonfla sous son effet. Elle revenait à temps pour croiser le regard de celui qui avait été proche de lui donner la mort, de celui qui avait détenu ce pouvoir, mais qui s’en était abstenu. Sursaut de conscience ? Probablement, ce qui indiquait qu’elle ne l’avait pas totalement quittée. Monstre se disait-il. Certitude. Mais pas autant qu’il le croyait. Le véritable monstre n’aurait pas eu de pitié. Puis il disparut dans la froideur nocturne, la laissant seule dans le salon qui avait rythmé une enfance heureuse.
Elle resta longuement figée sur le sol, perdue dans ses pensées. Cette nuit avait pris des allures de cauchemar, toutefois elle lui avait permis d’ouvrir les yeux et d’entamer un premier pas sur la voie du pardon. Celui qu’elle pourrait donner à son aîné, mais surtout le plus difficile de tous, le sien.
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Re: [Irlande] Quand le passé nous rattrape
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