« Shit ! » grogna Thomas en interrompant sa rédaction pour chasser les cendres qui venaient de tomber de son mégot en plein sur la page qu’il était entrain de remplir.

Il releva ensuite ses yeux clairs sur Nora dont le visage pâle se parait des reflets orangés du feu qui crépitait à leurs côtés. Ses grands yeux d’eau étaient fixés sur l’embout de sa baguette tandis qu’elle jouait au maitre d’orchestre au repas en préparation.

« Aurais-je l’autorisation de déboucher l’une de mes bouteilles ce soir, étoile de mes rêves ? » papillonna-t-il d’un sourire charmeur et innocent en direction de l’irlandaise.

Thomas trinqua volontiers avec Nora avant d’avaler le contenu de son petit verre d’un seul et même levé de coude rapide, direction le gosier en droite ligne. La chaleur délicieuse et revigorante de l’alcool se rependit immédiatement dans sa poitrine, son estomac et au fond de sa gorge. Il prit une pleine bolée d’air frais avant d’éclater d’un grand rire claire en observant son épouse s’étrangler dans sa propre vodka. Il la laissa d’ailleurs faire quelques instants avant de lui donner quelques petites tapes dans le dos afin de l’aider à s’en remettre.

« Tu manque de pratique, darling ! »

Il hésita avant d’ajouter qu’elle devrait peut-être s’en tenir au thé, et se dégonfla juste à temps puisqu’elle lui lançait déjà un regard noir et qu’il ne valait mieux pas se la mettre au dos juste avant qu’ils n’aillent se coucher. C’aurait été faire preuve de bien peu de jugeote puisqu’il espérait bien qu’elle serait cette nuit assez en forme pour monter autre chose qu’un Choukha…

Il colla donc un baiser sur sa tempe avant de lui tendre la gourde d’eau la plus proche. L’irlandaise s’y désaltéra, puis cela fait, termina son verre sans trop d’encombre. Il l’accompagna d’ailleurs d’un second verre lui-même, et tandis qu’elle se détournait pour servir le repas, il se permit quelques longues rasades de plus. Qui sait lorsqu’elle le laisserait approcher d’une bouteille la prochaine fois ?

Elle pouvait être très têtue et coriace lorsqu’elle avait envie que les choses se passent à son idée, et pour l’instant elle avait décrété qu’il était alcoolique et à surveiller. C’était terriblement agaçant mais quoi qu’il dise, elle l’avait décidé et ne changerait pas d’avis. Elle avait surtout décrété avoir son mot à dire dans sa consommation d’alcool en générale, et pour sa propre tranquillité il préférait faire comme si c’était réellement le cas. Elle avait tout juste l’autorité qu’il lui laissait avoir pour ne pas se faire emmerder et créer trop de disputes entre eux. Pour qu’elle évite de s’angoisser pour rien et évite surtout de lui parasiter l’esprit avec de nouvelles peurs. Il n’en n’avait franchement pas besoin.

Cela dit, ce voyage tombait rudement bien pour détendre l’atmosphère entre eux, la rassurer et se retrouver rien que tout les deux quelques temps. Thomas avait pour le moment l’impression que ce changement d’air lui faisait du bien, et il espérait que ce soit le cas de Nora aussi.

Un vague sourire aux lèvres, il l’observa servir deux beaux bols de ragoûts avant de baisser la tête sur son mégot éteint qu’il jeta négligemment sur le côté, puis sur son journal, toujours ouvert sur ses jambes croisées. Il reprit son stylo et termina d’y griffonner les quelques mots manquants.

Ne pas dormir me laisse de toute façon le temps de méditer et de relire toutes mes notes concernant les Harpies. Je me demande si elles aiment la Vodka… ?

Je me demande surtout combien de kilomètres nous aurons encore à parcourir avant de rejoindre leur campement.

Le repas est prêt. Ragout d’agneau me voici !

D’un sourire satisfait, Thomas referma rapidement son journal pour le balancer à côté de lui et réceptionner le bol fumant et bouillant que son épouse faisait doucement flotter vers lui, avant de le rejoindre et de prendre place à ses côtés pour déguster le repas.
Pour se faire, Thomas prit ses aises, et jambes allongées vers le feu, dos contre leur monticule de sacs en tout genre, il déposa son bol sur son ventre avant de soupirer d’aise.

« J’aime l’idée de deux semaines de vacances aux frais de l’Ordre »

Et même si le froid le guettait de près, il ne regrettait pas la destination. La végétation était trop belle pour qu’il souhaite se trouver ailleurs pour le moment. Il jeta un coup d’œil à la cime des sapins et au ciel étoilé. La lune était presque pleine et le ciel complètement dégagé.

« On va sûrement avoir du gel cette nuit » fit-il remarquer avant de saisir sa baguette pour faire augmenter les flammes du feu.

Mwarf ! C’était bien les femmes ça ! On en venait à exprimer tout haut à quel point l’on se sentait bien pour une fois et elles venaient immédiatement contre-attaquer avec quelques dossiers bien pesants, quelques reproches sous-entendu et un regard qui semblait murmurer ‘toc, dans les dents’. Ils étaient en vacances par Merlin ! Quel besoin avait-elle de remuer les sujets fâcheux ? Elle préférait peut-être qu’il se sente coupable et mal à l’aise au lieu de détendu et heureux d’être là…

Thomas se renfrogna donc sans un mot et délaissa la conversation au risque que celle-ci ne devienne trop dangereuse pour lui - vu que sa femme était manifestement d’humeur revancharde. Tant pis pour elle ! Si c’est dîner en silence qui lui convenait le mieux, qu’il en soit ainsi. Fort heureusement, la cuisine était bonne, assez pour qu’il n’ait de toute façon pas grande chose à dire, ayant la bouche trop occupée pour cela. Il termina rapidement son bol qu’il déposa ensuite à ses côtés, avant de pousser un soupir de contentement de l’estomac.

D’un geste lent, il s’étira quelques instants avant de passer les deux mains sous sa nuque pour mieux observer le ciel qui apparaissait en tâche étoilée à travers la végétation et le sommet des hauts pins qui les entouraient. Le crépitement du feu et le bruit de quelques oiseaux de nuits ponctuaient le silence relatif de l’épaisse forêt où ils s’étaient enfoncés. Un endroit avec autant de personnalité ne pouvait que laisser admiratif et bientôt, Nora reprit la parole pour confirmer sa pensée.

C’est vrai qu’elle avait toujours aimé les pays du froid, toujours préféré la neige, le vent et la pluie, alors que lui-même avait toujours été complètement fasciné par le désert et les décors arides. Certains les disaient morts, lui-même préférait s’étonner qu’une vie puisse tout de même y trouver son chemin. Et maintenant qu’il s’y était égaré une année entière, maintenant qu’il y avait erré comme on erre en prison, sa fascination pour les déserts s’était lentement muée en une espèce de fixation étrange.

D’un autre côté, maintenant qu’il était de retour, il ne se privait plus jamais de marcher dans l’herbe anglaise, verte et bien grasse pieds nus, où de s’assoir sur un banc londonien pour laisser le crachin du brouillard lui tomber dessus, et ne se privait jamais non plus de s’extasier de la beauté exaltante des pâturages irlandais d’un vert pur, ponctués de moutons et de poneys. Son overdose de désert l’avait aidé à retomber amoureux de l’humidité et du froid en quelques sortes.

En définitive, c’était bel et bien le désert qu’il continuait de voir lorsqu’il fermait les yeux le soir. C’est pourquoi lorsque Nora annonça qu’elle ne tarderait plus à rejoindre l’intérieur de la tente pour une bonne nuit de sommeil rudement méritée, il évita de renchérir immédiatement. Il voulait profiter encore un peu de la fraicheur, avant d’éventuellement rejoindre sa fournaise de chaque nuit, du moins si le sommeil daignait se manifester ce soir.

« Je t’en prie, charge-toi donc de la tâche ingrate de réchauffer la couette ma douce » sourit-il d’un sourire de renard tout en se penchant vers elle pour lui voler un baiser « Je ne serai plus long. Je vais écrire encore un peu et te rejoindre d’ici peu » assura Thomas en se réinstallant.

Il se saisit ensuite de son carnet de note qu’il déposa sur son ventre contre ses jambes relevées pour faire mine de se relire, et quelques instants plus tard, la jolie brune agrippait l’un de leur sac avant de prendre congé et de s’engouffrer à l’intérieur de la tente. Il ne doutait pas qu’elle irait tout d’abord se délasser sous une bonne douche chaude puisque les sorciers pouvaient se permettre ce luxe. Du moins s’ils avaient assez de gallions pour s’offrir un matériel de voyage de qualité comme c’était leur cas. Et il éviterait d’aborder ce sujet avec Nora de peur qu’elle ne ramène une fois de plus ces agaçantes histoires de comptes en banque sur le tapis…

Bref, une fois qu’il fut certain qu’elle n’était plus dans les parages il envoya balader ses notes qu’il troqua contre une pipe pleine de tabac et un verre de vodka qu’il sirota en observant les constellations comme il avait toujours aimé à le faire.

Il laissa les minutes s’égrainer au fil de ses pensées, un faible sourire au verre qu’il en perdait que lorsqu’il fallait boire ou tirer sur sa pipe. Et lorsque celle-ci fut totalement consumé, et son verre presque vide, il offrit ses quelques dernières gorgées au feu qui le remercia d’un grondement vif.
Il se réinstalla confortablement et continua d’admirer le ciel, tout en observant la buée de sa respiration fendre l’air devant son nez.

D’un soupir d’aise, Thomas ferma les yeux pour laisser son ouïe prendre le dessus sur ses sens. Le crépitement, la respiration lente des choukhas endormis et les hululements reprirent leurs droits, le laissant songeur et à l’écoute de cette interminable vastitude sauvage.

Soudain, un craquement sec rompit l’harmonie du silence et Thomas se redressa en sursaut.

Oui : Le craquement laisse place au silence… avant qu’un second bruit de branche qui ploie puis se brise sous le poids d’un pas ne se fasse entendre… Thomas agrippe sa baguette et se remet sur ses pieds, à l’affut de la moindre silhouette dans la pénombre.

Non : Un début de cauchemar, ou l’écho d’un souvenir désagréable, rien de plus. Thomas s’est juste assoupi et le craquement n’était que le fruit de son imagination. Il remballe rapidement ses affaires et s’empresse de rejoindre l’intérieur de la tente.

Dès que la silhouette fine de Nora s’était dessinée à l’entrée de la tente, Thomas s’était tourné vers elle dans le plus grand silence pour plaquer un index sur ses lèvres afin de lui intimer le silence le plus total. Quelques secondes déjà qu’il tendait l’oreille dans l’immobilité pour essayer de déterminer d’où provenaient ces inquiétants bruits de pas qui lui arrachaient tout de même quelques frissons d’excitation. Sa baguette levée droit devant lui, les yeux grands ouverts pour essayer de percer la pénombre que le feu ne pouvait dissiper complètement à travers les troncs, Thomas attendait de pied ferme les intrus.

Bien entendu, leur tente et son périmètre avaient été ensorcelé en conséquence. Un sortilège de désillusion, un sortilège d’insonorité, un sortilège répulsif, comme chaque fois qu’ils passaient la nuit en pleine nature et à la merci des bêtes sauvages, magiques ou non. Le tout était d’espérer que leurs sorts de protections fonctionneraient aussi bien que prévu et les laisseraient sans inquiétudes face à leur visiteur impromptu.

Oui : tous les sortilèges de protections lancés autour de la tente fonctionnent à pleine puissance et les protègent efficacement contre toute intrusion, hostile ou pas.
Non : le sortilège répulsif et le sortilège de désillusion fonctionnent parfaitement, mais le sortilège d’insonorité n’est plus aussi efficace et s’est affaibli avec les heures. Un bruit plus fort que le murmure donnerait leur position, et le crépitement du feu risque de les faire repérer, même s’ils restent invisibles pour le moment.

De quelques pas silencieux, Thomas se rapprocha lentement de l’entrée de la tente où Nora l’observait d’un regard interloqué et rempli de questions muettes. Une fois à ses côtés, il lui saisit la main et se pencha vers elle pour murmurer à son oreille et lui expliquer qu’ils n’étaient pas aussi seuls-au-milieu-de-nulle-part qu’ils le pensaient…
Ils échangèrent ensuite un regard entendu tendis qu’elle se munissait rapidement de sa baguette. Il lui aurait bien également conseillé d’enfiler une paire de chaussure et un pantalon, juste au cas où, mais son attention était toute tournée vers l’extérieur tendis qu’il s’éloignait à nouveau de la tente pour s’approcher précautionneusement du rebord du périmètre afin de tendre l’oreille de manière plus efficace.

D’un côté, Thomas espérait vivement qu’il s’agisse de Harpies. Il lui tardait tellement de mettre la main sur elles que la prudence n’en devenait plus que secondaire. Combien d’heure restait-il encore avant l’aube ? Il l’ignorait, trop captivé qu’il était pas les bruits de pas qui se faisaient de plus en plus proches. Tellement proche qu’ils ne tarderaient plus à voir de quel importun il s’agissait…
La baguette prête, au cas où, Thomas haussa les sourcils et agrandit son regard lorsqu’il perçu un craquement sec de l’autre côté de l’imposant roché moussu qui se dressaient à quelques mètres à peine…

Oui & oui : c’est un élégant renne aux bois gigantesques et majestueux et à la fourrure dense, brune et blanche. Il ne peut les voir et broute tranquillement quelques brins d’herbe sans savoir qu’on l’observe faire.
Thomas se détend immédiatement et baisse sa baguette pour apprécier le spectacle. Doucement, il retourne même rapidement vers son carnet pour s’empresser d’y dessiner un croquis de l’animal, non sans échanger un regard complice avec son épouse.

Oui & Non : C’est avec grand étonnement que Thomas perçoit le bourdonnement typique d’une voix masculine qui s’exprime tout bas. Et en allemand ! L’instant d’après, Straus et Wolfrig apparaissent au détour du roché, leurs baguettes pointées devant eux et allumée d’un lumos pour y voir clair. Les deux s’étaient montrés fort sympathique et peut-être même un rien trop accueillant. Méfiant, Thomas décide de ne pas se manifester et de les observer. Ses notions d’allemand ne sont pas incroyables mais il comprend assez pour savoir que les deux Magizoologistes cherchent apparemment eux aussi les Haripes… bizarre… ça n’est pas ce qu’ils leur avaient expliqués à l’auberge du village…

Non & Oui : C’est avec ravissement que Thomas tombe nez-à-nez avec deux Harpies. Elles ne le voient pas, et lui-même les distingues mal car elles sont emmitouflée de vieux tissus en lambeaux et de multiples peaux de bêtes qui leur donnent une allure sauvage et tribale. Elles ne parlent pas et se déplacent furtivement et avec une souplesse déconcertante comparée à celles qu’il avait pu observer en Angleterre. Leurs sens étant bien plus développé que les leurs, Thomas prend garde de ne pas esquisser le moindre mouvement et espère que Nora en fera de même.

Non & Non : Trois loups énormes se détachent lentement dans la pénombre ou ils semblent vouloir se fondre. Dos courbés de menace et l’œil aux aguets, ils se faufilent entre les troncs et les rochés, de manière coordonnée et agile. Nulle doute que la meute est en chasse, reste à espérer que ce n’est pas le fumet délicat du ragoût de Nora qui les a mené jusqu’à eux…
Thomas s’arrête même de respirer par pure reflexe. Les trois loups se rapprochent dangereusement du cercle ou commencent les sorts de protections, espérons que ceux-ci soient efficace car ils n’ont pas pensé à camoufler les odeurs…

Il avait eut le temps d’esquisser la plus part de ses formes et de parer son dessin de quelques détails avant que l’animal ne finisse par décamper en silence malgré sa haute stature. Les voilà qui se trouvaient de nouveau seul dans le périmètre. Pendant un instant lui aussi avait bien cru qu’il s’agissait de quelques Harpies attirées par l’odeur du feu ou de la chaire fraiche, venues les débusquer pour une petite chasse nocturne, ou quelque chose du même genre. Sur le coup il avait été déçu que l’action ne vienne pas frapper à leur porte, mais la remarque en apparence anodine de Nora concernant son absence de chaussure lui changer d’avis. Il préférait pour elle une nuit paisible et reposante qu’une altercation dangereuse.

Détournant la tête de son calepin pour pencher son regard en direction de celui de sa jeune épouse, il esquissa un sourire presque attendrit après sa dernière remarque. La pauvre, si elle tenait parole elle risquait de devoir attendre longtemps avant de pouvoir dormir à nouveau ! Mais il ne lui répondit pas ça évidemment, elle s’inquiétait déjà bien assez comme ça. Il préféra noter l’effort qu’elle faisait pour essayer de l’aider, pour l’encourager. Elle avait l’air d’avoir comprit que l’alcool n’était pas le vrai problème et c’était un soulagement car s’acharner sur lui à ce propos n’allait pas l’aider, au contraire.

Il fini donc par acquiescer et après avoir rapidement rassemblé leurs affaires à l’intérieur de la tente, il délaissa l’irlandaise l’espace de quelques instants pour une courte douche avant de la rejoindre. Le lit était étroit mais confortable et tout voilé d’une grande moustiquaire qui lui conférait un air de petit nid douillet qui aspirait au sommeil. Ou en tout cas à la relaxation.
D’ailleurs, Thomas fini par se laisser somnoler, après bien sûr avoir épuisé ses quelques dernières forces en se glissant entre les cuisses de Nora…
Il lui sembla même s’endormir une heure ou deux, avec toujours, cette impression de quelques petits grains de sable qui crissent sous la dent, et une odeur de poussière sèche pour imprégner les draps…

Peut-être que sans le décalage horaire pour le déphaser, il aurait fermé l’œil plus efficacement. A l’aube pourtant, il avait ouvert les yeux pour ne plus savoir les refermer. Du coup, il s’était délicatement relevé, en prenant garde de ne pas réveiller la jolie brune profondément assoupie à ses côté, et s’était habillé avant de s’extirper de la tente.

Le givre recouvrait la végétation immobile et figée qui s’allumait doucement des lueurs encore blafardes du jour. Un regard en l’air lui permit d’aviser le ciel qui déclinait une palette de bleu, de gris et de blanc crème qui annonçait une journée plutôt froide et humide. Peut-être même de la pluie. Ca n’était pas bon signe car il comptait sur la neige pour retrouver les traces aperçurent la veille. Si jamais il pleuvait il pouvait leur dire adieu car la neige allait fondre. Fichu printemps encore et toujours !

Thomas se chargea donc de ranimer les cendres encore fumante du feu de la veille pour préparer un thé fort et grignota quelques petits cakes pour se caler l’estomac. Il aurait bien été tenté de profiter de l’absence de Nora à ses côtés pour avaler un ou deux verres puisqu’elle faisait tant de simagrée maintenant lorsqu’il lui arrivait de boire… Pourtant il voulait profiter de sa présence ici et de ce voyage pour s’assainir un peu et se refusa donc cette pulsion. A la place, il bourra sa pipe d’un peu de tabac et fuma tranquillement tout en écrivant dans son journal durant une bonne demi-heure. Cela fait, il fit un bref détour par la salle de bain, termina ensuite de s’équiper et de s’habiller, ainsi que de ranger toutes les affaires dont ils n’auraient plus besoin ce matin afin qu’ils démarrent aussitôt que Nora serait prête.

Celle-ci ne tarda plus à s’éveiller d’ailleurs, et Tom en fut heureux, tiraillé qu’il était de quitter le campement pour explorer plus avant tant il avait hâte de reprendre la route. Le problème étant que les sortilèges lancés sur le périmètre ne lui permettaient pas de s’éloigner à loisir, sous peine de ne peut-être plus pouvoir revenir sur ses pas par la suite. Et hors de question de laisser Nora seule, endormie et sans protection magique derrière lui !
Pour compenser, il la traita de marmotte à plusieurs reprises – même si le soleil n’avait même pas encore terminé de s’extirper de derrière les montages – et la pressa de prendre son petit déjeuner pour pouvoir reprendre la route au plus tôt.

Il leur fallu pourtant une bonne heure avant d’avoir terminé de ranger toutes leurs affaires et la tente, avant de sceller les Choukha et repartir…

Oui : Au bout d’une petite heure à peine, Tom et Nora remettent la main sur les empruntes de pas trouvées la veille. La piste est nette et facile à suivre, elle les mène à travers une longue vallée très verte, le long d’un court d’eau qu’ils remontent prudemment. Au bout d’une seconde heure de route sans encombres, de nouvelles empruntes se joignent aux premières : ils sont sur la bonne route !

Non : Au bout d’une bonne heure, Tom et Nora remettent la main sur les empruntes de pas trouvées la veille. La piste est abimée et difficile à suivre. Ils mettent le cap vers une vallée escarpée ou la roche est à nue et difficilement praticable. La piste prend fin aux abords d’une rivière et la traverse, mais la rivière est à cru et agitée. Ils peuvent soit essayer de la traverser quand même, soit trouver un endroit pour passer à gué.

Il aurait totalement adoré voir débarquer un ours à n’importe quel autre moment de la journée, surtout un ours aussi massif et imposant qu’il aurait adoré dessiner au même titre que le renne de cette nuit. Pourtant on pouvait affirmer sans mal que le bougre s’était salement fourvoyé dans le timing ! Il avait fallu que ce gros balourd déboule à l’exacte moment où la jolie irlandaise mettait les pieds dans l’eau agitée pour le rejoindre sur la rive d’en face. Il avait vu toute la scène sans pouvoir faire grand-chose ce qui était terriblement frustrant ! Il avait vu l’énorme animal arriver, les apercevoir, s’effrayer et grogner, et terroriser leurs deux Choukha par la même occasion !

Un peu plus éloigné de l’ours, Thomas avait réussi à garder sa monture plus ou moins calme, mais celui de Nora avait par contre prit la poudre d’escampette. La rivière gargouillant et l’arrivée inopinée du prédateur l’avait trop bousculé et du coup l’idiot s’était cabré, envoyant la brunette à l’eau avant de s’éloigner à grande enjambée. Etonnant d’ailleurs cette vitesse avec la quelle il s’était enfuit, malgré leur allure tellement pataude et lourdaude.
Et malgré son imposante stature et sa mâchoire surpuissante, le gros ours brun s’était carapaté au plus vite lui aussi. Le lâche ! Thomas lui aurait bien cramé un peu les fesses histoires de lui apprendre à mieux choisir son moment pour venir pécher tranquillement le saumon sur leur plate bande !

Le sorcier s’était ensuite précipité vers Nora bien sûr, pour lui éviter de couler, entrainer par le poids de toutes ses couches sensées la préserver du froid, et surtout de son épaisse cape d’hiver qui avait son poids même sèche. Le problème n’était pas tant la profondeur mais le courant qui était toujours bien plus fort et turbulent au printemps à cause de la fonte massive des neiges. Ici ils avaient facilement pieds, mais quelques dizaines de mètres plus bas le danger était sérieux. Quelques dizaines de mètres ça n’était pas grands choses, et c’est donc tout naturellement qu’il avait laissé courir l’animal pour lui préféré l’irlandaise afin de la mettre au sec.

L’eau était gelée et la jeune femme grelottait avec force maintenant qu’elle avait fait trempette. Il l’aida à s’assoir sur un rocher sur la rive, avant de dégainer sa baguette qu’il pointa vers elle aussitôt. Il récita mentalement la formule avant qu’un grand vent tiède ne fasse virevolter ses boucles brunes. Quelques instants plus tard, Nora était de nouveau sèche. Mieux valait éviter l’hypothermie ou le coup de froid et la maladie. Il sécha d’ailleurs son propre pantalon tout aussi rapidement.

« Et merde ! » finit-il par cracher en venant se saisir de la bride de son propre choukha « La plus part de nos vêtements et toute la nourriture étaient dans tes affaires. Les casseroles aussi ! Et la vodka ! » énuméra-t-il avec contrariété.

Mais ça n’était pas sa faute et ça n’était pas un reproche qu’il était entrain de lui faire, il constatait juste la situation épineuse dans la quelle ils venaient de se fourrer. Heureusement, c’était lui qui transportait la tante et le reste de leur matériel. Ils allaient cependant devoir faire preuve de beaucoup d’imagination et de ressources s’ils ne remettaient pas la main sur le déserteur !

« Pleutre de bestiole » grogna-t-il à l’adresse de choukha restant avec réprobation.

Enfin bref, inutile de s’éterniser sur ce contre temps, ils devaient remonter en scelle au plus vite, au sens propre comme au sens figuré ! Ils avaient prit de l’avance sur leur horaire, mieux valait essayer de la garder et ne pas se laisser démonter.

« Ce n’est pas grave, on le retrouvera sûrement un peu plus loin, j’au vu par où il est partit »

Il tendit une main à sa femme pour l’aider à se remettre sur ses pieds, avant de l’aider à grimper sur son choukha. Il resta à côté de celui-ci qu’il mena par la bride avant de s’engager sur le petit chemin escarpé qu’ils avaient devant eux, délaissant la rivière pour le moment.

Oui & oui : Ils continuent d’avancer durant un bon quart d’heure avant de tomber sur une petite clairière à flanc de colline, et où par chance, ils retrouvent leur choukha qui paissent tranquillement. Merlin est avec eux ! Nora reprend possession de sa monture, et les deux reprennent la route sur la piste des Harpies.

Oui & Non : Ils continuent d’avancer durant environs une heure et débouchent dans une petite vallée étroite, encombrée de bois morts et difficilement praticable. Au bout d’un interminable moment à se débattre, Thomas remarque quelques traces de pas dans la boue, similaire à celles découvertes la veille. Ils ne retrouvent pas leur choukha mais sont définitivement sur la bonne piste vers le village des Harpies !

Non & Oui : Ils continuent d’avancer durant environs une heure sur une petite piste escarpée et friable, à flanc de colline, et finissent par mettre la main sur le choukha de Nora qui s’abreuve tranquillement à une petite source. Ils réussissent à le rattraper sans encombre mais par contre, la piste des harpies est désormais introuvable. Ils peuvent soit continuer tout droit sur la même piste, soit descendre vers la vallée boisée.

Non & Non : Ils continuent d’avancer ainsi durant près de deux heures, à flanc de collines, mais aucune trace ni du choukha, ni des harpies. Le ciel se couvre de plus en plus et peu de temps après, une pluie drue se met à tomber qui les trempe en moins de 10 minutes. Pour couronner le tout, quelques cris bizarres se mettent soudainement à raisonner depuis la vallée touffue juste en contre bas… des bruits qui ressemblent à un choukha qui à très peur…

La pluie battante striait le paysage et Thomas, capuche relevée sur la tête, devait plisser les yeux pour réussir à discerner plus ou moins clairement le chemin escarpé qu’ils parcouraient toujours à flanc de colline. Porter toute l’eau qui imbibait désormais ses vêtements n’était pas une mince affaire, même si sa constitution plus solide que celle de Nora lui permettait de ne pas trop en souffrir. Il avait froid lui aussi, et débectait de dégouliner à ce point, ils étaient pitoyable sous cette pluie battante il fallait bien l’avouer. Pourtant il trouvait les conditions raisonnablement acceptables.

Ils ne souffraient ni l’un ni l’autre d’aucune blessures, et n’étaient pas encore malade. Garder la santé c’était le plus important, car c’était la garantie de pouvoir utiliser la magie pour se faciliter la vie, et surtout, la garder ! S’ils venaient à contracter quoi que ce soit où s’ils étaient victimes d’une plaie quelconque, là, les risques étaient plus grand. L’affaiblissement diminuait les chances d’utiliser efficacement la magie, et à terme, empêchait même le sorcier de l’utiliser. Il en savait quelque chose puisque c’est ainsi qu’il s’était retrouvé malade et incapable de rentrer chez lui durant des mois et des mois.

D’ailleurs, ces mois passés à se débattre contre l’infection avait laissés leurs séquelles. Même s’il supportait bien les conditions rudes pour le moment, et n’en voyait même pas son humeur entachée, il remarquait quelques détails qui avaient changés chez lui. Un moins bon souffle qu’avant, et une douleur dans la jambe gauche lorsqu’il faisait humide, à cause de cette fameuse fracture ouverte qui lui avait rongé la santé si longtemps dans le désert. Autant dire qu’avec toute cette pluie, les élancements qu’il ressentait au niveau du genou se manifestaient sans retenue.

Les trombes d’eau qui crevaient les nuages n’étaient pourtant pas les seules choses à mettre en péril leur santé cela dit. Quelque part dans la vallée se trouvait un animal, ou un être, assez costaud pour mettre en pièce un Choukha. Du moins d’ici, c’est ce qu’il avait semblé se passer, là bas, au couvert des pins broussailleux. Ca lui faisait mal au cœur, mais tant que la pluie tombait aussi sévèrement, mieux ne valait pas s’aventurer par là.

Ni par ici d’ailleurs…
Le cœur de Thomas avait fait quelques bonds plus soutenu dans sa poitrine lorsque du coin de l’œil, il avait distingué un mouvement. Après meilleure observation, il distingua à son tour quelques paires d’yeux luisants d’une singulière lueur prédatrice. Il reconnu rapidement les chapeaux, plus si rouge que ça…

Il laissa échapper un bref juron et imposa au Choukha de s’arrêter. S’il continuait tout droit, l’affrontement avec ces affreuses petites bestioles, fascinantes mais terriblement belliqueuses, serait inévitable. S’ils contournaient rapidement pour descendre vers la vallée, qui sait ? Ce qui avait fait peur et peut-être bien tué le Choukha de Nora était peut-être toujours là.

Oui : ‘On sait ce qu’on perd, mais l’on ne sait pas ce que l’on gagne !’ Thomas décide d’aller de l’avant. Il préfère un ennemi dont il connait la nature, que d’affronter une bestiole (ou plusieurs) totalement inconnue et peut-être dix fois pire que quelques chapeaux rouges.
Non : Que ces chapeliers grimaçants aillent au diable, Thomas attire à lui la bride du Choukha et le fait bifurquer. Tout droit vers la vallée et l’inconnu.

• Si oui au lancé#1 :

Les chapeaux rouges sont des êtres belliqueux et malveillants au possible, mais facilement impressionnables, surtout à l’état sauvage. Mieux vaut attaquer en premier et en mettre immédiatement plein la vue.

Oui : Tom balance un sort explosif. L’un des hauts pins explose à sa base, grince lentement, déchirant l’air d’un son lugubre avant de basculer sur le côté et de s’écraser au sol, dispersant les six Chapeaux Rouges dans la panique la plus complète ! Trois d’entre eux semblent trouver que le jeu n’en vaut pas la chandelle et se carapatent rapidement.
Non : Le sort touche un vieux chapeau rouge bedonnant et édenté, aux petits yeux méchants et porcins. Il vole si loin qu’on n’peut même pas dire où il atterrit dans toutes cette verdoyante végétation ! ... c'est bien m'enfin... il en reste cinq...

• Si non au lancé#1 :

Thomas incite l’animal, Nora sur son dos, à se détourner pour descendre la pente et se diriger au couvert du sous bois qui couvre la vallée en contre bas. La pluie se fait moins drue, et les chapeaux rouges ne semblent pas suivre le mouvement. Tant mieux !

Oui : Pour l’instant, tout vas bien. Ils s’éloignent rapidement et ne trouve pas trace du Choukha, ou du moindre ennemi. Ils continuent tout droit quelques instants avant de trouver quelques empruntes de pas dans la boue entre deux racines. La piste des Harpies !! Ils se rapprochent apparemment.
Non : Ils marchent quelques temps et finissent malheureusement par trouver le corps du Choukha. Sa gorge est ouverte et son sang se repend encore. Celui qui la tué avait faim et à découvert que la viande de choukha n’était pas consommable. Une mort pour rien, voilà qui est bien triste… mais ils retrouvent leurs affaires en consolation. Adieu compagnon !

Les guêpes du sort de Nora avaient très efficacement fait leur office en chassant les cinq Chapeaurouges restant. Thomas les avait observé fuir avec soulagement, presque tenté de rire de leur débâcle. Aucun sourire ne perça vraiment sur ses lèvres cela dit, leur chance était trop précaire aujourd’hui, et leur situation trop scabreuse maintenant que ce maudit Choukha s’était enfuit et certainement fait égorgée dans un recoin sombre de la vallée qui se trouvait en contre bas. Le décor qui les entouraient était toujours aussi beau, même si passablement rude, mais désormais il lui trouvait également un petit côté hostile. Un gros côté même… Plus ils s’enfonçaient dans la nature sauvage, plus les habitants de ces collines verdoyantes se révélaient sauvages également. Il espérait que la suite du voyage se déroule un peu mieux et en premier lieu il espérait vivement que cette maudite pluie cesse enfin…

Ce ne fut malheureusement pas le cas, et après que Nora lui eu désignée cette mystérieuse colonnade de fumée, ils continuèrent d’avancer cahincaha, et aussi discrètement et furtivement que possible pour ne plus faire la moindre mauvaise rencontre du même genre. Ils durent avancer une bonne heure encore et se repérer dans cette végétation dense fut plus difficile que d’y avancer.
Ils finirent par déboucher au bord d’un à-pic rocheux qui leur donnait une vue imprenable en contre bas. Notamment sur ce qui semblait être un petit village aux allures bien étranges pour deux Européens comme eux. Une bonne dizaine de yourtes étaient disposées en cercle au milieu d’une clairière à l’herbe sale et piétinée, parsemée de grandes flaques de boue striées par la pluie qui battait encore. Plus étrange encore, chaque yourte était installée non pas sur quelques énormes os de poulet comme le racontait la carte chocogrenouille de Babayaga, mais sur un monticule assez impressionnant d’os en tout genre. Au centre du cercle formé par les huttes se trouvait la source de la fumée qu’ils avaient aperçue de loin. Un imposant tas de bois se consumait copieusement malgré la pluie et au-dessus des flammes se trouvait un énorme chaudron d’un noir crasseux ou bouillonnait une substance organique d’un rouge brunâtre écœurant…

La bonne nouvelle était qu’ils venaient de mettre la main sur leurs fameuses Haripes après des jours de voyages. La mauvaise est que l’endroit était bien plus impressionnant qu’il ne se l’était imaginé, et surtout, très peu accueillant. Thomas se demandait comment William avait put avoir contacte avec les habitantes d’un endroit pareil. D’un autre côté c’était rassurant, puisque ça signifiait que malgré les apparences, les Harpies qui vivaient là n’étaient pas totalement sauvage non plus. C’était très difficile à croire mais c’était logiquement vrai.

Ils observèrent discrètement le campement des Harpies durant un moment avant de décider de laisser passer une première nuit afin d’établir un plan, et une solution intermédiaire si les choses tournaient mal pour eux. Ils n’étaient pas venus aussi loin pour se montrer négligent après tout. Ils arrosèrent donc la large corniche rocheuse où ils se trouvaient de tout un tas de sort de protection et de camouflage pour éviter qu’on ne les repère, et établirent leur campement précaire à l’abri de tout regard. Eux-mêmes par contre ne pouvaient rater la moindre miette de là où ils se trouvaient. Le problème restait qu’ils n’avaient plus de vivres et qu’il allait bien falloir que quelqu’un se dévoue pour aller récoler de quoi se nourrir. Le plus facile étant du poisson de la rivière qu’ils avaient croisés un tout petit peu plus tôt à environs trois cent mètres. Ca, avec un peu d’eau et quelques champignons cueillit entre deux arbres feraient l’affaire, ne restait plus qu’à se souvenir d’un sort qui ferait apparaitre un récipient et une ou deux cuillères en bois… ce que Nora allait bien évidemment se charger de faire puisque la cuisine n’avait jamais été bien son truc.

De toute façon Thomas était bien trop hypnotisé par le spectacle qui s’offrait à eux pour se soucier de son estomac. Il ne regrettait même plus l’alcool et restait collé à son porte plume et son carnet, vautré tout au bord de la corniche, avec pour seul compagnon sa longue-vue dont il se servait pour observer à leurs insu et en détail évoluer et vivre les nombreuses Harpies du petit village. Pour se prémunir de la pluie qui semblait ne plus vouloir s’arrêter de pleuvoir, il s’était planqué sous une bâche sur laquelle il avait jeté un sort d’imperméabilité. Il comptait bien resté là toute la nuit d’ailleurs, malgré l’inconfort et le froid. Il ne tenait à pas à se jeter lui et à jeter sa femme dans la gueule du lion sans en apprendre d’abord un peu plus sur leurs hôtes.

Il nota page après page toutes ses observations, notamment que les tas d’ossements qui tapissaient le font des yourtes n’étaient pas que des os de poulet, mais un vrai melting pot de squelettes en tout genre. Loup, élans, ours, lapin, mouton, et bien sûr, humain. Ce n’était pas une grande surprise. Il nota aussi que le contenu de l’énorme chaudron était à base de viande bouillie et rebouillie, qui mijotait à longueur de temps au centre du cercle. Les Harpie se relayaient par groupe de trois toutes les deux heures pour surveiller et s’occuper de la marmite, deux pour entretenir efficacement le feu, et une troisième pour touiller et rajouter de l’eau ou quelques rongeurs – encore vivants – a la mixture en ébullition. Thomas s’intéressa également aux habitations en elle-même et la manière dont elles étaient disposées. Toutes les portes d’entrée (de simples rideaux troués aux mythes et loqueteux) leurs faisaient face, et étaient tournées vers le nord, toujours tenues à l’écart des rayons du soleil en d’autres termes.

Les harpies en elles-mêmes n’étaient pas spécialement belles à voir. Il en avait déjà croisés plusieurs en Angleterre, on les distinguait facilement des humains mais la différence n’était pas gigantesque non plus. Elles pouvaient passer aux yeux des moldus pour quelques petites vieilles un peu folles et tout spécialement laides ! Pour Thomas les différences étaient évidentes. Du moins il s’était cru experts jusqu’à ce soir. Il constatait maintenant qu’il était loin du compte. Les harpies qu’ils avaient sous le nez était hirsutes, leurs visages pour la plus part dissimulés par d’imposantes chevelures hérissées et broussailleuses qu’elles décoraient volontiers de petits os de poulet entre deux paquets de nœuds collés de saletés. Quelques unes portaient des vêtements de manufactures humains, plus vraisemblablement moldues, mais la plus part étaient en lambeaux et agrémentés de bout de tissus grossiers qui semblait tissé à la main, et surtout de peaux de bêtes noué de lien en cuir. Elles semblaient également plus furtives et agiles que les harpies de chez eux. Leurs mouvements et leur démarche n’avaient rien de malhabile ou de boiteux, mais leur allure générale restait râblée, disgracieuses et courbée.

Sous les coups de minuit environs, du remue ménage rendit l’observation plus intéressante encore et discrètement, il héla même Nora pour qu’elle le rejoigne et se joigne à son observation. De toute façon ce qui se déroulait en contre bas allait fortement l’intéresser car il s’avérait qu’un groupe de six Harpies venait de rentrer au bercail avec une trouvaille qui agita tout le campement dans son ensemble et déchaina les passions au sein du clan. En effet, les six nouvelles revenaient de toute évidence d’un grand tour dans les environs, et ramenaient avec elles deux énormes sacs de voyages… les leurs évidements. Elles avaient ainsi mit la main sur tous les ustensiles de cuisines, leur nourriture, la vodka, et pire encore ! Leurs vêtements… en dix minutes les deux sacs avaient été complètement éventrés et leurs contenus éparpillés partout, créant une énorme pagaille générale, un vrai foutoir de hurlements et de disputes. Une harpie tout spécialement grosse et grasse, avec de longs cheveux fillasses et détrempés, essayait même d’étrangler une plus petite pour mettre sa grosse pattes griffues sur l’une des robes de Nora que l’autre s’était approprié.

Le tumulte fut bientôt interrompu par un hurlement plus strident et plus fort que les autres, qui les firent se figer toute en même temps. Quelques secondes plus tard, une antique Harpie sortait de sa yourte pour descendre les escaliers de crânes d’ours qui gisaient devant sa porte. Ils venaient de trouver qui dirigeait cet endroit… La Harpie en question était minuscule, tassée, tellement courbée qu’elle en était presque pliée en deux. Sa chevelure était si longue et épaisse qu’elle paraissait peser une tonne. Elle était d’un blanc de neige sur toute la longueur de son petit corps mais le reste de ses cheveux trainait par terre dans la boue, l’herbe et les branches mortes.
La nouvelle venue en question braya quelques ordres dans une langue bizarre, qui n’était ni du russe ni quoi que ce soit de connus d’ailleurs. Immédiatement toutes les autres redéposèrent les affaires volées, et quelques unes se chargèrent de tout rassembler et de faire porter les sacs à l’intérieur de la hutte de celle qui semblait mener le camp.

Lorsque tout fut rentré dans l’ordre, Thomas se tourna vers Nora pour lui exposé ce qu’il avait en tête maintenant qu’ils venaient d’assister à cette scène.

« Je pense que notre meilleur chance est de nous cacher avec une sortilège de désillusion et de lui rendre une petite visite privée dans sa yourte personnelle » expliqua-t-il en désignant la plus grosse hutte du lot « Je doute qu’elle soit seule à l’intérieur, mais si on s’y prend bien, la surprise sera à notre avantage. Vu leurs manières, je pense qu’il ne faut pas hésiter à leur faire comprendre qu’on est prêt à se défendre et qu’on n’est pas simplement venu pour discuter. Si les choses tournent mal, ça sera plus simple de maîtriser une poignées d’entre elles que tout le village entier »