Tout allait trop vite. Clio ne comprenait plus rien, elle n’était plus qu’une marionnette qu’Elena Mulciber manipulait entre ses doigts habiles. Son seul éclair de conscience avait été face aux squales. Ces immenses et effrayants requins lui avaient procuré une dose d’adrénaline, telle qu’elle avait probablement réalisé son sort le plus puissant depuis qu’elle manipulait la magie. Un Diffindo tellement fort qu’il avait complètement éventré l’animal. Puis elle était retombée dans cet état de torpeur. Elle avait la sensation d’être dans un cocon confortable, d’où elle ne pouvait s’éveiller et qu’on transportait comme bon semblait à tout un chacun. Ou plutôt comme bon semblait à Elena Mulciber. Elle ne connaissait pas vraiment cette femme, l’avait simplement aperçu de loin de temps en temps, lors des réunions de l’Ombre. Alors elle se demandait pourquoi elle était là, pourquoi ce n’était pas Carmella Higgs qui était venue la chercher. Cela n’aurait-il pas été plus logique ? Se concentrer sur des pensées aussi futiles aidait Clio à ne pas sombrer complètement. Elle n’était pas blessée, ou en tout cas pas gravement, mais la fatigue accumulée lors de cette soirée lui retombait maintenant dessus, ainsi que l’adrénaline qui avait parcouru ses veines. Elle était juste … vidée.

Les paroles autour d’elle lui parvenaient en sourdine. Elle avait conscience que Lexy et Carter étaient à ses côtés, Marion et Donald quant à eux un peu plus loin. Il y avait également d’autres adultes que Mulciber. Elle reconnut Hayley Travers sans grande peine, ainsi que Lawrence Rookwood, deux Sang-Purs entraperçus dans quelques réceptions. Miranda Carrow et Caleb Pritchard, deux anciens élèves de Poudlard, et enfin l’un des Médicomages de l’Ombre, Elie Brights. Que des têtes connues, elle en était plus rassurée. Mais ce n’était pas eux qu’elle voulait. Non, elle souhaitait sa famille, celle dont elle était séparée depuis six mois, qu’elle allait enfin revoir. Qu’elle allait enfin revoir… Cette idée de liberté ne s’était pas encore frayé un chemin dans sa tête, la réalisation que son enfermement à Poudlard avait pris fin ne s’était pas faite pour le moment. Elle repensait juste à cette soirée éprouvante, aux sorts, aux poursuivants. Elle avait donné des ordres, s’était battue comme une forcenée. Et la constatation qu’elle ne se reconnaissait pas était d’autant plus douloureuse qu’elle se rendait compte que cela s’était fait petit à petit, au fil des mois. Adieu à l’âme d’enfant capricieuse, même si elle ne se sentait pas encore adolescente. Quinze ans. Elle avait quinze ans. Depuis quand s’était-elle autant approchée de la majorité, comment n’avait-elle pas pu s’en rendre compte ?

Ses pensées tournaient simplement autour de ces questions, lorsque la sensation de transplannage se fit ressentir. Elle ouvrit ses yeux qu’elle avait fermés lorsqu’elle sentit un sol dur sous ses pieds. Puis des mains la saisirent, une bouche s’apposa délicatement sur ses joues et elle reconnut le parfum. C’était celui de son père. Son papa. Elle le sera contre elle de ses fins bras, mais leur étreinte fut brisée aussi vite qu’elle était arrivée. Mervyn s’éloigna, devant probablement s’occuper d’autres affaires, et Clio ressentit un grand vide. Elle avait besoin de son papa, elle avait de sa famille, elle avait besoin d’un câlin. Se séparant des autres, elle erra dans la QG, à la recherche d’Arutha et de Calliope. Elle peinait à se frayer un passage parmi toutes les personnes rassemblées, surtout que son état de torpeur était toujours présent. Elle s’adossa alors un mur pour tenter de reprendre ses esprits, d’enfin se réveiller. Une agitation régnait autour de la cuisine, mais elle ne bougea pas. Combien de temps resta-t-elle là, à simplement observer les membres de l’Ombre sans vraiment les voir ? Elle n’en avait aucune idée, mais des mouvements près d’elle lui firent lui relever la tête. Elle entendit des murmures inquiets, puis ébahis. Elle se permit alors de pénétrer elle aussi dans la pièce. Tyzonn y était couché et le sang qui se rependait autour de lui la fit grimacer. Un bras en argent avait pris la place de l’un des siens et elle comprit que quelque chose d’horrible avait dû se produire, mais n’y prêta pas plus grande attention. Elle fouillait la cuisine des yeux, observait chaque personne présente.

Et puis elle la vit. Des larmes plein les yeux, mais une détermination sans limites la faisait paraître imposante. Leur père était à côté d’elle, lui tenant le bras, paraissant vraiment en colère. Elle le vit lui parler, mais ne s’en soucia pas. Seule elle comptait. Calliope. Sa grande sœur. Celle contre qui elle s’était tant énervée, contre qui elle avait tant crié. Celle qu’elle aurait voulu avoir auprès d’elle pendant ces longs mois. Sa grande sœur. La seule qui aurait su la réconforter, la seule qui lui avait envoyé une lettre. Calliope. Callie. Sa voix était basse, enrouée. Mervyn s’éloigna de sa fille aînée et Clio put mieux l’apercevoir. Elle avait changé. Pas physiquement, mais cela se ressentait dans son attitude. Callie. Elle était là, juste à quelques mètres d’elle. Mais elle ne la voyait pas, Clio était si petite par rapport à tous les adultes qui allaient et venaient. CALLIE ! Elle se moquait du blessé, elle se moquait des adultes. Elle voulait juste sa grande sœur. Les larmes dévalaient ses joues, les pleurs qu’elle avait tari depuis six mois remontaient jusqu’à sa gorge, les sanglots l’étouffaient presque. Elle courut à travers la cuisine, repoussa chaque personne qui lui bloquait le chemin. Et alors, comme elle en rêvait chaque nuit, elle se jeta dans les bras de Calliope, l’enserra de toute sa petite force, se blottit au mieux contre son corps. Voilà ce qu’elle voulait, tout ce qu’elle souhaitait. Sa grande sœur et rien qu’elle.

Sous son poing les os s’étaient brisés et il en éprouvait une joie singulière. Non parce que c’était Elie qu’il avait frappé, le pauvre n’était arrivé qu’au mauvais moment. Dommage collatéral. Après coup le Rosier ressentit même un certain abattement. Le plaisir éprouvé n’avait été que fugitif et il était de nouveau livré aux sentiments contradictoires qui l’assaillait. Prenant ses distances avec l’agitation qui régnait en cuisine, il prit le parti de voir ce qui se préparait. Sa baguette le démangeait, se défouler contre les partisans de l’ordre du phœnix apparaissait comme la meilleure des solutions et au fond de lui il savait qu’une voix lui soufflait « oui », l’incitant à rechercher cette même sensation que celle qu’il avait éprouvé en cassant le nez d’Elie. Seulement ses espoirs furent balayés par Mervyn qui en donnant ses ordres avait dispersés les gens présent au QG. En revanche, il n’avait pas oublié de l’humilier encore une fois en lui collant le rôle de chaperon. D’où venait la haine du père Kark à son encontre ? Il l’ignorait. Enfin, il ne pensait pas que ses bravades valaient une telle inimitié. Aussi trouvait-il injuste la façon dont il était traité chaque fois. Pourtant il ne se rebiffa pas. Il savait que le pouvoir cette fois là n’était pas entre ses mains.

Revenu du côté de la cuisine, il eut tout juste le temps de voir qu’on se massait toujours autour de Tyzonn et que le pauvre n’était pas dans un meilleur état. On avait arrêté le saignement de sa plaie, mais le vide laissé par son bras ne pourrait jamais être comblé. Bien que, se dit-il en fronçant les sourcils, Calliope elle s’acharnait à combler tous les manques. Alors qu’il aurait voulu détourner son regard quand elle effleura les lèvres de Tyzonn, il resta au contraire planté comme un piquet. Ce qu’il ressentait, il ne pouvait pas le nommer, mais en cet instant peut-être n’avait-il jamais autant détesté quelqu’un comme il détestait Calliope. Il la laissa passer à côté de lui, rattraper son père et son regard revint vers le joueur de quidditch qui agonisait toujours. Et il ne pouvait éprouver ni pitié, ni compassion, pour celui qui montrait tant d’aigreur pour ce dont il avait toujours rêvé.

Quelques minutes plus tard, Mervyn refaisait son apparition, Calliope sur les talons et si sa motivation paru d’abord obscur au chasseur de vampires, il n’en crut pas ses yeux quand un bras d’argent se matérialisa sous ses yeux. Le geste était noble, mais quand on connaissait le ministre on savait qu’une telle chose ne pouvait pas être gratuite. A savoir, qui de Tyzonn ou de Calliope payerai le plus ? Il n’eut pas le temps de chercher une réponse qu’un geste du ministre le fit tiquer et avançant à grandes enjambées il arriva auprès du duo Kark et posa sa main sur le poignet du père pour lui faire lâcher prise. L’homme était affaibli, aussi ne résista-t-il pas.

« Vous m’excuserez. J’ai une mission dont je dois m’acquitter. » cracha-t-il à son adresse en emmenant Calliope à l’écart, s'écartant juste à temps quand Clio courru vers elle. Puis disparut dans l'agitation.

Il aurait pu la tuer. Sans l’ombre d’une hésitation, et tout son être réclamait qu’on répande son sang sur les murs. Le fait qu’elle soit fille n’aurait même pas suffit à retenir son bras. Si ça avait été Arutha ou Clio sans doute n’aurait-il pas eu la force de refréner sa pulsion de violence. Mais Calliope, aaah Calliope. Il n’était pas ici question d’affection, non mais de calcul. Sa délicieuse fille avait pour bouclier ultime ses dons de fourchelang. Mervyn espérait bien que sa fille lui donne plusieurs petits enfants avec les mêmes capacités, et même mieux, ils auraient également toutes les particularités des Rosier. Et c’était bien ces aspirations qui avait sauvé Calliope. Car jamais au grand jamais il ne tolérerait qu’un de ses enfants recommence une telle manœuvre. Mervyn avait enfermé leur tante pour avoir outrepassée ses droits de cadette. Oui, il voulait des enfants forts, oui il les voulait intelligents, mais avant tout il les voulait soumis.

Mais pour cette fois-ci il devait faire des concessions, Calliope ne pouvait pas ternir sa réputation, et encore moins mourir. Pas maintenant. Il rendit donc un bras au petit ingrat de Tyzonn, bien décidé également à faire payer à ce petit raté la fronde qu’avait mené sa fille pour lui. Une fois son œuvre terminé, il est temps de réapprendre la discipline à ses enfants, enfin c’était sans compter sur Baël. Sa petite intervention pleine d’aigreur eut le mérite de faire apparaitre un léger sourire. Il fallait voir se regard, sa façon de regarder sa jolie Calliope, de la protéger. Il aurait pu protester, remettre ce pisseux à sa place, mais Mervyn préféra s’éclipser sur une note positive. Baël était perdu d’avance, et lui aurait ses petits enfants. Et puis Calliope était désormais occupé à câliner sa sœur, au moins elle ne s’occuperait plus de l’inutile Higgs. Mervyn quitta la cuisine aussi prestement qu’il était venu, pour retourner coordonner les opérations dans la salle principale.

La jambe de Miranda était bien amochée, elle aussi. Plusieurs fois, Nathaniel vit la jeune femme tressaillir alors qu'il passait sa baguette sur sa blessure pour la désinfecter. Il tentait d'être le plus doux possible, mais sa main tremblait comme un étudiant de première année. Il avait dépassé ce stade depuis six ans, mais sa concentration n'était que toute relative, et penser à Hudson, à ce qu'il risquait de lui arriver... Cela n'arrangeait pas son état. Tant bien que mal, il réussit à soigner son amie et se redressa en lui tendant la main pour qu'elle se relève, elle aussi. Il croisa son regard alors qu'elle le remerciait. Il n'y avait pas de quoi. C'était plutôt lui qui devrait s'excuser, reprendre le contrôle sur ses émotions, arriver à faire en sorte de paraître impassible. Ils étaient entourés de parents inquiets, de familles réunies, et lui n'arrivait pas à être totalement professionnel. S'il avait été son tuteur, il se serait baffé pour cette faute. Au moins.

Mais il n'y arrivait pas. Miranda le regardait de cet air qui disait 'je suis là, si tu as besoin', et il avait envie de pleurer, tellement le vide qu'il ressentait, au creux de sa poitrine, l'avalait tout entier. Cette sensation était pire qu'avoir un détraqueur collé à ses basques. La perspective de perdre Hudson l'effrayait, le terrifiait comme rarement il l'avait été dans sa pauvre et misérable existence. Mais il ne fallait pas. Il leva les yeux et fixa le plafond quelques instants, en espérant que ses glandes lacrymales restent sous son contrôle. Sa gorge était serrée lorsqu'il voulut dire quelques mots à la jeune femme devant lui. Il ferma les yeux, secoua la tête. Ça allait passer. Il le fallait, pour tous ceux qui l'entouraient à ce moment. Il devait reprendre son rôle de Médicomage. Il passa sa main sur sa joue, superposant la sienne aux dernières traces de la chaleur de celle que Miranda avait tracé quelques instants plus tôt. « Merci.. », fit-il en rouvrant les yeux pour regarder la jeune femme. Mais celle-ci avait son regard fixé plus loin, derrière son épaule, en direction du couloir qui donnait sur la cuisine. Le cœur de Nathaniel se figea quelques millièmes de seconde, avant de repartir sur un rythme frénétique et désordonné. S'agissait-il de.. ? Il s'était déjà retourné, avait déjà croisé les yeux bleus qui le fixaient à travers la foule, et s'était précipité vers elle, bousculant sans s'excuser ceux qui se trouvaient sur son passage. Hudson. Elle était là, elle le cherchait. Il était là. Leurs regards s'étaient accrochés, il avait peur. Peur de sa pâleur, peur de la souffrance qu'il pouvait voir dans ses prunelles bleues. Elle perdit l'équilibre, et le froid envahit le médicomage au moment ou leur contact visuel se rompait. « Non. » Il se précipita vers elle, s'agenouilla auprès d'elle pour mieux la relever, enfouit son visage dans ses cheveux alors que ses bras tremblants s'accrochaient à lui, que son visage se pressait contre lui, qu'elle murmurait quelques mots d'une voix faible. Trop faible. « Chut.. » Il avait peur. Ses bras se refermèrent autour de ses jambes et de ses bras au moment ou elle lâchait prise, et sombrait dans l'inconscience. Nathaniel n'entendait plus rien, ni le brouhaha ambiant, ni le bruit de la fiole qu'il lâcha et qui vint s'écraser par terre à ses pieds. Juste le son assourdissant de son cœur qui battait à ses oreilles alors qu'il soulevait la jeune femme inconsciente pour l'emmener dans une chambre. Il tremblait. Il avait peur. Peur qu'Hudson soit dans un état grave, peur qu'elle ne s'en sorte pas, peur de ce qu'il ferait si elle ne se réveillait pas... Ses cheveux encore mouillés par le lac caressaient son bras à chaque pas, et le Médicomage se concentrait sur cette sensation pour ne pas commencer à partir dans des suppositions folles. Elle devait être soignée, efficacement. Repos. Voir son état général. Il ferma les yeux un instant, inspira longuement avant d'entrer dans une chambre libre, et la déposa délicatement sur le lit. Elle était affreusement pâle, et la voir dans cet état lui serra la cœur. Il aurait dû l'empêcher de soigner Tyzonn, la forcer à s'allonger dès son retour au QG. Pourquoi ne l'avait-il pas fait ?

Stop. Ce n'était pas le moment. Etat général, Repos. Perfusion sanguine aussi. Le médicomage leva sa baguette et la promena au dessus du corps de la jeune femme, tâchant d'ignorer la tempête de sentiments et pensées contradictoires sous son crâne. Il ne s'agissait pas de rester sans rien faire. Il ne pouvait pas faire grand chose. – Et si c'était trop tard ? – Non. Faisant taire ses pensées, Nathaniel établit un diagnostic. Commotion cérébrale due à un choc – 'Ou, quand ?' fit la petite voix dans sa tête qu'il chassa aussitôt. –, perte d'une quantité de sang suffisamment importante pour que ça soit inquiétant, et les liaisons entre les cellules nerveuses sont étouffées par la magie qu'elle avait provoqué. Le Médicomage serra les dents – Il aurait dû faire quelque chose avant que son état ne se détériore... – et attrapa l'une des fioles de récupération sanguine et fit apparaître, à l'aide de mouvements de baguette, la perfusion magique. Il tâcha ensuite d'enlever les effets des sorts d'urgence qu'elle avait utilisé à outrance, et libérer son système nerveux de la magie qui l'animait, et de soigner la commotion cérébrale. Heureusement, celle-ci n'était pas très importante, mais ce genre de chose pouvait devenir grave si non soigné.

Une fois tous les soins administrés, Nathaniel regarda le visage endormi de la jeune femme. Si la perfusion lui faisait reprendre quelque couleurs, elle restait quand même très pâle. Une vague de culpabilité l'envahit. C'était de sa faute si elle était dans cet état. C'était parce qu'il ne s'était pas imposé. Il l'avait laissé faire ce qu'elle souhaitait. Il savait que sa famille était importante pour elle, malgré tout. Malgré le fait qu'elle ait coupé les ponts avec eux à sa sortie de Poudlard. Mais elle les aimait, elle ferait tout pour eux. Il l'avait bien compris, et s'était effacé. Mais il n'aurait pas dû. Pas si le résultat était un léger coma. Léger, mais tout de même. Elle était inconsciente, son système nerveux n'avait pas supporté la décision inconsciente qu'elle avait prise. Le Serpentard s'assit sur une chaise à côté du lit. Il ne pourrait pas la quitter, mais maintenant. Il ne voulait pas la laisser seule, il fallait qu'il reste. Il laissa ses doigts dériver sur les siens, et lia leurs mains dans une tentative, sûrement vaine, de la rapprocher de lui et du monde des vivants. Le pire, dans tout cela, c'est qu'il n'arrivait pas à lui en vouloir. Il se pencha vers le visage de la jeune femme, promena son souffle sur sa joue, posa son front contre le sien, et chuchota quelques mots, la gorge serrée. « Reviens nous, Hudsy. Je t'aime... Ne me laisse pas.. Pas tout seul. »

Dans ces cas-là, il n'y avait rien de pire que l'attente.

L'écolière était bien loin de croire en la liberté que les cinq élèves venaient d'obtenir. Tout ce qu'elle pouvait voir étaient les visages de ses deux parents. Eux si élégants et fiers d'apparence, étaient accroupies au chevet de sa chaise. Lexy ne sentait plus ses muscles tant ils étaient endoloris. En vérité, elle ne sentait plus rien, ses vêtements et ses cheveux mouillés ne faisaient que lui rappeler l'eau glacée du Lac dans laquelle ils avaient dû plonger. Il y avait beau avoir beaucoup de monde à s'agiter dans le manoir, beaucoup de cris et de sorts de guérison jetés, le froid lui collait à la peau et ne partirait pas, tout comme les visions des squals se jetant sur eux. La tête lui tournait, ses membres étaient secoués par les frissons, sans qu'elle n'eut pu grand chose, la fatigue l’assommait. Abasourdie par toute l'agitation, elle se concentrait sur les yeux de ses parents. Un tissu duveteux lui tomba sur les épaules, recouvrant son corps frêle. Lexy leva sa tête avec lenteur et vit le visage de son cousin. Un sourire tiré par la fatigue se glissa sur ses lèvres.

"Merci Lawrence..."

Il était vrai qu'ils n'avaient jamais été très proches, à la naissance de Lexy, Lawrence était déjà père. Enfin déjà ... Maël était né la même année qu'elle. Une différence d'age qui la poussa à être bien plus proche de son petit cousin. De plus, par son caractère et sa voix plus rauque celle de son papa chéri, Lexy avait peur de lui enfant. Une peur qui lui valu de sa cacher dans les jupons de sa mère sans vouloir dire-bonjour-à-cousin-Lawrence-soit-gentille-chérie ! Enfant intelligente, à 7 ans, elle remarqua qu'il n'avait rien d'effrayant si on ne faisait pas de bêtises. Or ce n'était pas son caractère de faire bêtises... mais plutôt celui de Victor.
C'était fini qu'il disait, le cauchemar prenait fin, elle sentit sa main ébouriffé ses cheveux avec une pointe de tendresse qui lui était peu habituelle. Elle n'en fit pas la remarque, sinon il n'allait jamais réitérer ce geste ! et en plus, elle était lessivée. Son père se leva, laissant sa fille aux soins de sa mère. Il remercia son neveu d'avoir fait partit de ceux qui avaient ramené les enfants, et lui assena une tape amicale dans le dos. Lexy ne les voyait déjà plus, sa mère ayant sortit sa baguette.

"On ne va pas déranger les Médicomages ma chérie."

"Qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi il y a autant de monde ?"

"Il y a eut une attaque à Azkaban alors que certains effectifs étaient partis à votre secours. Il y a eut beaucoup de blessés dans ces batailles..."

Oh non, si seulement ils n'avaient pas eut à venir les chercher... Ils auraient pu tous être envoyé à la prison pour se défendre et faire battre en retraite les opposants. Mais la demoiselle devait avouer que malgré tout, elle était libre. Egoiste certes, mais à voir les dizaines de parents effondrés de ne pas voir leurs enfants, la secours des élèves était aussi important pour la faction.
Drusilla lui lança un Revigor informulé. Aussitôt, le coeur de Lexy fut touché, se réchauffant de l'intérieur. Cette sensation heureuse commença à courir dans ses veines et le long de ses nerfs. La mère dû en lancer deux autres, pour que la sensation de ses orteils revienne à l'élève qui retrouva ses sens et son énergie. Elle avait juste froid, elle tira donc correctement la couverture autour d'elle pour bien se couvrir.

"On va bientôt rentrer à la maison."

Ajouta son père. La maison, Victor, son lit, sa chambre, ses romans ... Tant de choses qu'elle avait hâte de retrouver. La fatigue envolée, elle se trouva chanceuse de ne pas avoir été blessée comme Carter. D'ailleurs ! Elle avait vu son camarade être emmené, elle espérait qu'il ira bien et qu'on le soignerait correctement. Elle n'avait pas cherché les Médicomages mais ils devaient être des plus compétents. Clio aussi avait disparu... Sa chère cousine si souvent détestée. Les trois jeunes Serpentards avaient été liés par le destin de cette échappée. Et Lexy n'était pas prête d'oublier ça.