« Je l'espère, vraiment, je l'espère parce que sans ça, on est foutus. »

Eireann se tordait les doigts, elle ne songeait même plus à ce qu'elle avait appris au fil du temps : masquer son anxiété pour être en position de force mais surtout, pour ne pas exposer ses faiblesses face à l'ennemi. Est-ce que l'ennemi était seulement là de toute façon ? Pas vraiment, pas encore. Il fallait qu'il vienne, il le fallait vraiment parce que c'était la seule idée que le duo tout neuf avait eu et surtout, c'était la seule qu'ils pouvaient avoir eu. quoi d'autre ? Comment accéder à cette cité si secrète ? Comment mettre un pied où seuls quelques rares sorciers avaient réussi à apposer leur empreinte au fil des siècles ? Peut-être se comptaient-ils même uniquement sur les doigts des deux mains, ou d'une seule. Elle n'avait pas la tête à faire des statistiques de toute façon.

Elle avait du négocier serré avec le gardien du musée. En même temps, il lui avait joué un bien sale coup lors de sa mission avec la jeune Lakefield : il les avait vendu à ce gnome de Gripsec et avait espéré qu'elles se ramassent en beauté. Eireann avait envie de lui rendre a monnaie de sa pièce mais à la place, elle avait du prendre sur elle et faire jouer le fait qu'il "lui en devait une". Il n'avait pas voulu bien sûr, pas au départ du moins. Mais après, à force de menaces sur son intégrité, elle avait réussi à obtenir un service de sa part : il devait se débrouiller pour contacter Gripsec et le faire venir. Il l'avait bien fait une première fois après tout, non ? Alors autant qu'il recommence une bonne fois pour toutes et qu'il ne la joue pas mauvaise même. De toute façon, ça n'était pas dans son intérêt de jouer un autre tour à la sorcière : Callaghan n'avait certes rien d'effrayant mais on pouvait sentir toute la fougue irlandaise dans son regard et surtout, son côté vengeur... Il n'avait pas peur pour sa vie mais avait bel et bien peur qu'elle trouve quelque chose de pire...

Qu'avaient-ils à offrir à Gripsec s'il décidait de se pointer réellement ? Il devait faire partie des pires bestioles de son espèce et franchement, il allait sûrement réclamer l'âme des deux sorciers enfermées dans des cristaux pour pouvoir faire briller sa collection clandestine. Clandestine parce qu'Eireann restait persuadée qu'il n'avait pas agi pour son peuple en cherchant à récupérer l'épée mais bel et bien pour son petit compte. Une vraie tête d'escroc avec la pensée et le comportement qui vont avec !
Merde, il fallait vraiment qu'il trouve un truc à lui filer en échange de sa parole... Quoique... Si ils réussissaient à être convaincants, peut-être que cela pourrait être suffisant. Eireann n'y croyait pas trop mais il fallait tenter le tout pour le tout de toute façon, ils n'avaient rien à perdre à part leur seul accès au monde des gobelins...

« Il va falloir qu'on soit sur la même longueur d'onde : j'ai eu affaire à ce gobelin et franchement, puisqu'on a rien de matériel à lui offrir, je pense que notre seule carte va être l'intimidation. Le flatter ne sera pas utile je pense... » Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'il était là, devant eux, dans cette ruelle à les toiser de haut alors qu'ils faisaient deux fois sa toute petite taille. Eireann le détestait, c'était physique, elle pouvait le sentir.

« C'est fou comme on se retrouve mademoiselle. L'épée que vous m'aviez gracieusement laissé prendre était fausse, je suppose que vous le savez, n'est-ce pas ? Nous avons tous été leurrés ce jour-là mais je ne vous en tiens pas rigueur : vous n'êtes qu'une sorcière ignorante et incapable alors forcément, trouver la véritable épée ne pouvait être dans vos cordes. » Eireann comprit que Gripsec n'était pas au courant pour la véritable épée. Wallas avait tout fait pour que ça reste un secret, la possession de l'Ordre devait d'abord être un moyen de redonner espoir aux troupes. Cette information jouait en faveur des deux sorciers : Gripsec ne savait pas qu'il s'était fait enfler jusqu'au bout alors autant en profiter. « J'ai appris l'histoire en effet. Seulement, je pense que nous ne sommes pas quittes : vous nous avez en quelques sortes retenues en otage avec mon amie et franchement, je trouve que vous devriez réparer cet affront. Vous savez, il lui en a fallu du temps pour s'en remettre. » Gripsec la regarda avec un air encore plus mauvais. Il jeta un bref coup d'oeil à son ami et chercha sûrement à trouver la faille, le piège, l'entourloupe. Il ne dit rien, il laissa la sorcière avancer son offre : après tout, il était rusé et il était toujours en quête de nouvelles découvertes et de nouveaux objets. « Nous avons besoin de rencontrer votre souverain. »

C'était tombé comme une bombe, c'était là que les choses sérieuses pouvaient commencer...

La diplomatie n’était pas une qualité que Noah possédait, à dire vrai il ne l’avait même jamais eu. Il savait très bien jouer la comédie, certes, mais il suffisait que son interlocuteur l’agace un tant soit peu et il démarrait au quart de tour, ce qui, la plupart du temps, réduisait en échec tous ses efforts fournis auparavant. C’était malheureux, et il s’entraînait sans cesse pour palier à ce défaut, mais les résultats qu’il obtenait n’étaient pas fameux. C’est pourquoi il craignait un peu leur conversation avec Gripsec. Néanmoins, il tâchait de ne pas trop se tracasser, après tout, sa première mission pour l’Ordre du Phénix s’était plus ou moins bien passée, malgré les quelques menaces qu’il avait reçu de la part des taverniers du Gobelin Estropié. Tiens, Gobelin. Zahid eut un sourire désabusé. Quelle étrange coïncidence. Enfin, ce n’était pas le moment de philosopher sur ce rapport loufoque, Eireann avait repris la parole en l’avertissant du comportement du gobelin avec lequel ils allaient causer sous peu. Intimidation, flatteries inutiles. L’ancien poufsouffle nota le conseil dans un coin de son cerveau et ouvrit la bouche pour demander quelque chose à son amie mais l’apparition de Gripsec le coupa dans son élan, il se tut.

Le gobelin n’avait pas l’air commode. Certes, n’importe quel gobelin n’avait pas l’air commode. Mais celui-ci plus particulièrement. Deux fois plus petit qu’eux, il trouvait quand même le moyen de les toiser de haut. C’était assez effarant, en fait. Ça lui donna presque envie de rire, mais il se retint parce qu’il se doutait que ça ne serait pas du goût de ce Gripsec, qui entamait la conversation avec Eireann. Zahid ne fut pas étonné de ce qui sortît de sa bouche. Aussi peu engageant physiquement que après l’avoir entendu parler pendant dix secondes. Vraiment pas. Mais l’avantage de son besoin de se mettre sur un piédestal par rapport à son amie – et sans doute par rapport à lui aussi en fait -, c’est qu’il se trahissait tout seul. Ainsi donc, il pensait que Eireann s’était trompé la dernière fois quand elle lui avait donné la fausse épée de Gryffondor. Un bon point pour eux, ça allait être un peu plus facile de négocier avec lui s’il n’était pas au courant que l’Ordre l’avait roulé sur toute la ligne. Comme quoi, les prendre pour des idiots finis n’était pas un atout pour le gobelin.

Alors que Eireann lui répondait, Zahid sortit sa baguette. Parler sans crainte d’être entendu serait plus sûr.

« Silencedam »

Il retourna ensuite son attention sur son amie qui expliquait à Gripsec les raisons de leur venue, sollicitant son aide en lui faisant remarquer qu’il le leur devait bien, après les avoir retenu en otage lors de la dernière mission de Eireann. Le gobelin lui lança un coup d’œil, Zahid le regarda sans rien dire tout en gardant un air sûr de lui. Il ne fallait en aucun cas que Gripsec remarque leurs hésitations, leurs manque de certitude en ce qui concernait leur demande. Leur interlocuteur reporta ensuite son attention sur Eireann, qui formula leur requête de façon posée, d’une voix claire, mais sans appel, toute déterminée qu’elle était. Elle était directe, mais pourquoi tourner autour du pot ? Ils n’était pas là pour ça, et de toute manière Gripsec leur aurait demandé un moment où à un autre de venir aux faits, s’ils ne l’avaient pas fait avant.

Quelques secondes passèrent, pendant lesquels le gobelin les regardait d’un air interdit, jusqu’à ce que… il éclate de rire – enfin, un rire de gobelin, donc un truc un peu improbable, Zahid ne savait pas trop comment définir ça.


« Vous plaisantez, rassurez moi ?! »
« On a vraiment l’air de plaisanter, d’après vous ? » fit Zahid en haussant un sourcil et en croisant les bras.
« Vous pensez sérieusement que je vais accepter de vous mener auprès de sa majesté Emrir Firk, dans notre cité, vous, deux petits sorciers sans intérêt, alors que les sorciers ayant foulé le sol de Karbashtak se comptent presque sur les doigts d’une main ? Vous êtes bien trop utopistes ! » finit-il dans un rictus.
« Et bien oui justement nous le pensons très sérieusement. Je serais vous, je n’essaierai pas de discuter. Cette entrevue est d’une importance capitale, autant pour nous que pour votre peuple. Je vous conseille très fortement d’accepter si vous ne voulez pas que ça se retourne contre vous. » rétorqua Zahid en le menaçant du regard.
« Je ne vous crains pas, n’essayez pas de m’impressionner. Je ne compte pas importuner sa majesté Firk pour deux sorciers de votre trempe. Contrairement à tous vos supérieurs, il n’a pas le temps pour ce genre de choses. Maintenant, si vous le voulez bien, je m’en vais, je ne tiens pas à perdre encore plus de mon précieux temps, vous m’en avez fait perdre déjà bien assez.» déclara Gripsec, tournant les talons et s’apprêtant à partir.
« A la bonne heure ! Mais je me demande quelle sera la réaction de votre roi s’il apprend d’une façon ou d’une autre – et croyez moi, c’est possible - que vous avez refusé de nous mener jusqu’à lui, encore davantage s’il apprend les raisons pour lesquels nous voulions le voir. Je ne pense pas qu’il sera très heureux. Votre allégeance n’est pas très brillante, vraiment. » fit Zahid en croisant les doigts intérieurement pour que cela retienne Gripsec.

Et heureusement le gobelin s’immobilisa, sans doute les propos de Zahid l’avaient-ils intrigué. Lorsqu'il se retourna vers eux, l'ancien poufsouffle lui lança un regard profond et perçant. A ses côtés, Eireann avait le même visage fermé et décidé.

« Admettons que vous ayez une bonne raison de vouloir parler à sa majesté, qu’est ce qui me le prouve ? Et qu’est ce que j’en tire personnellement ? »
« Nous avons de très bonnes raisons de penser que nous pouvons aider votre peuple »
« Nous n’avons pas besoin d’aide, nous valons bien plus que vous autres. C'est surtout vous qui recherchez notre aide. Et vous ne répondez pas à mes questions. »
« Nous voulons parler à votre roi. Pas à vous. Et si vous étiez un bon sujet, vous ne rechercherez pas votre propre intérêt mais plutôt celui de votre roi et par conséquent de tout votre peuple. Décidemment, je doute que ce sera au gout de votre souverain.»
« Vous pouvez très bien être malhonnêtes. »
« Ce n’est pas à vous de faire ce constat, mais plutôt à sa majesté Emrir Firk. Et de plus, nous n’avons aucune raison d’être malhonnête, nous venons pour passer des accords. Menez nous jusqu’à lui ou vous le regretterez amèrement. Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous. »

Il fixa Gripsec, menaçant, mais intérieurement il n’en menait pas large. Ce n’était pas facile. Néanmoins, jouer sur sa désobéissance envers Firk était une astuce qui, il l’espérait, allait fonctionner. Le gobelin les considéra quelques instants, semblant être en grande réflexion, avant de parler de nouveau.

« Vous avez conscience que si j'accepte, au moindre mensonge de votre part que l’on découvrirait à Karbashtak, vous êtes coincés ? »
« Bien sûr, mais il se trouve que l’on ne vous ment pas, et que l'on est pas assez idiots pour se jeter dans la gueule du loup. En ces temps de crise, il est impératif pour nous comme pour vous d’avoir des alliés. Et notre patience a des limites. Donc si.. »
« Bien, bien. Je vais vous mener jusqu’à sa majesté. Suivez moi. »

Eireann adressa à Zahid un sourire complice quand le gobelin se tourna pour les guider vers sa cité. Elle n'avait pas imaginé que Gripsec cèderait aussi facilement mais elle devait se rendre à l'évidence : il y avait dans le regard de Maxwell quelque chose qui pouvait faire naître une peur certaine chez quiconque ne le connaissait pas réellement. Et puis, il ne fallait pas négliger une chose : Zahid était une homme. Peut-être que Gripsec n'était en fait qu'un machiste à deux mornilles à qui Eireann se ferait un plaisir de botter le train une fois toute cette affaire réglée. Elle avait même une idée derrière la tête et s'en léchait déjà les babines...

« Bien joué Maxwell, tu es franchement bon à ce jeu là, meilleur que sur balai... Heureusement pour nous. » lança-t-elle dans un murmure à son collègue du jour. Ils suivirent Gripsec jusqu'au bois en dehors de la ville, le bois où Ashley et Eireann avaient eu à se frotter. La sorcière sentit un frisson lui parcourir tout le corps : elle ne gardait pas un bon souvenir de cette expérience... Gripsec s'arrêta alors et se tourna vers les deux sorciers, le regard encore plus mauvais que d'habitude : il ne devait pas apprécier sa position de faiblesse. Il posa la main sur le premier arbre et tandis son autre main à Eireann. Elle loucha dessus avec une expression de dégoût qu'elle eut du mal à masquer. « Il va falloir me donner la main mademoiselle. Le seul moyen pour vous de pouvoir fouler le sol de notre riche cité est de transplaner à nos côtés. Donnez-moi la main et prenez celle de votre compagnon si vous voulez rencontre mon roi. » Eireann croisa les bras sur sa poitrine. Elle ne comptait pas faire confiance aussi facilement à ce nain de jardin aussi moche que méchant. Elle sentait la présence de Zahid et ça l'aidait à ne pas perdre confiance en elle, à paraître sûre de ce qu'elle faisait. « Et on est censés vous croire ? Qu'est-ce qu'il se passera une fois là-bas ? Est-ce qu'on va devoir affronter une sorte de guichet ? » Eireann repensait là à sa mission avec Scarlett et la jeune O'Ryan : elles avaient du payer lourdement leur droit de passage tout comme leur droit de sortie de la forêt. Elle ne voulait pas avoir à revivre ce genre d'horreurs... Après tout ce qu'elle avait déjà avalé ces derniers mois, elle aspirait au strict minimum en ce qui concernait le don de son âme : souffrir physiquement, okay, mais souffrir de tout son être, elle n'était plus candidate au poste. « Bien sûr qu'il va falloir passer un barrage, vous n'avez quand même pas cru pouvoir atterrir gentiment devant notre roi, n'est-ce pas ? Vous allez devoir faire profil bas et vous comporter en sorciers respectueux de ma race pour avoir le droit de circuler dans la cité et être conduits jusqu'au roi. » Eireann inspira longuement avant de regarder Zahid : il semblait prêt. Ils n'avaient pas le choix de toute façon. Elle attrapa la main de son ami, le contact chaud la rassura un peu, et elle glissa sa main dans celle du gobelin...

Le transplanage mode gobelin était encore pire que celui mode sorcier. La magie qui opérait était adaptée à leur taille, pas à celle de Zahid et Eireann. La sorcière se sentit comme comprimée de l'intérieur. Elle en eut la nausée, elle eut l'impression de suffoquer, que tous ses organes étaient écrasés les uns contre les autres. Qu'est-ce qu'elle avait demandé déjà ? Ah oui, la souffrance physique : bien joué ma grande, t'es servie ! Elle eut l'impression que l'épreuve durait encore et encore. Elle se concentrait tant bien que mal sur les mains qu'elle tenait entre les siennes : il ne fallait surtout pas les lâcher. Et puis ils arrivèrent. Eireann atterrit en plein mouvement, s'étalant gentiment au sol, entrainant uniquement Zahid dans sa chute : Gripsec, lui, était préparé : il les regardait gisant au sol, un sourire narquois sur le visage. Eireann pesta et se releva, aidée par Zahid. Elle allait se le faire, c'était clair : dès que tout ça serait terminé, elle se le ferait, le ratatinerait, le détruirait de l'intérieur, juste pour son égo. Elle se tourna alors et vit une sorte d'arche au milieu d'un tunnel... C'était ça, il était déjà sous terre et il avait atterrit au milieu d'une artère chaude et humide mais richement parée : elle se rappela alors que Gringrott était un peu comme ça. L'entrée de l'arche était gardée par un gobelin tenant une sorte de registre entouré d'une dizaine d'individus armés de lames resplendissantes... Pas de doutes, ils étaient au bon endroit...

Zahid était soulagé que le gobelin ait cédé à sa pression. Cela aurait pu se passer plus mal. Il aurait pu refuser net et ne jamais les laisser rentrer dans leur cité. Enfin. Ça ne faisait que commencer. Les ennuis allaient sûrement pointer leur nez sous peu. Tout ne pouvait pas bien se passer, ce serait trop utopiste que de penser ainsi. Et Zahid ne l’était pas, utopiste. Mais pessimiste. Pour lui, parvenir à un accord avec le roi des Gobelins serait trop beau. Mais il ne fallait pas partir battu parce que ne pas y croire c’est déjà un échec. Il faut lutter continuellement. Y croire continuellement. Et même si on a des gros doutes.

Il emboîta le pas à Gripsec et Eireann, qui venait de lui envoyer une petite pique comme ils le faisaient souvent quand ils étaient encore élèves à Poudlard. Il eut un sourire nostalgique. C’était vraiment le bon vieux temps. C’était un peu dommage que ce qui les réunissent soit une mission de leur faction, pour une guerre… Mais c’était comme ça, c’était la vie et il fallait voir le bon côté des choses : le fait qu’ils se retrouvent, donc. Il accéléra le pas pour arriver à la hauteur de Eireann et lui glisser à l’oreille :

« Moi j’attend de voir Eireann l’expéditrice de cognards » fit-il, goguenard si la présence du gobelin à proximité ne l’obligeait pas à se contenir un minimum.

Après quelques secondes d’hésitation et la requête de Gripsec, Eireann demanda des précisions. Posa des questions. La méfiance était de mise. Avec des êtres aussi avares et égoïstes que les gobelins, il fallait faire attention. Mais la réponse de leur indic’ était clair. Ça n’allait pas être simple, ni une partie de plaisir. Mais, de toute façon ce n’est pas comme s’ils avaient le choix. Eireann attrapa la main de Gripsec, Zahid attrapa la main de son amie et y exerça une légère pression. Ils allaient y arriver parce qu’ils étaient tous les deux, et quand bien même Jane n’était pas avec eux, ils formaient quand même un beau duo. Il suffisait juste de transposer les méchants serpentards par l’Ombre de la Rose Noire. Facile ! … Non ?

Le transplanage version gobelin était atroce. Déjà que version sorcière, Zahid ne trouvait pas ça très agréable, là c’était tout simplement insupportable. Il était complètement comprimé, et manquait d’air, ses poumons trop serrés. Par Merlin, c’est que cela durait bien trop longtemps en plus. Zahid s’agrippait de toutes ses forces à la main de Eireann afin de ne pas se perdre en chemin. Enfin, après un moment qui lui parut bien trop long, la sensation d’inconfort intense s’arrêta enfin, et il s’étala tête la première sur le sol. Rugueux, le sol. Il grimaça et passa outre le regard goguenard de Gripsec qu’il croisa alors qu’il se relevait, de même que son amie. Cette pourriture ne perdait rien pour attendre. Mais enfin, pour le moment ils avaient besoin de lui pour le mener jusqu’au roi, alors les piques verbales allaient attendre un peu… Mieux valait ne pas trop le contrarier pour le moment, au risque qu’il change d’avis.

Se relevant prestement, il épousseta sa cape en tournant sa tête un peu partout pour se rendre compte de l’état des lieux. Ils se trouvaient dans un tunnel, s’il ne s’abusait. Sous terre, donc. Et même s’il faisait chaud, Zahid ne s’y sentait pas vraiment bien. Déjà, parce qu’il faisait très humide et donc que ça ne sentait pas extrêmement bon. Ensuite, parce qu’il faisait sombre. Enfin, et surtout, parce qu’il ne s’y sentait pas à sa place et que à quelques mètres devant eux se trouvait un gobelin qui tenait un registre et une dizaine d’autres armés jusqu’aux dents, qui pointaient leur lance dans leur direction, l’air mauvais. Pas très sympathique le comité d’accueil, pensa-t-il en lançant un regard à Eireann. En même temps, qu’est ce qu’il espérait ? Qu’ils allaient débarquer comme des fleurs dans la pièce où Emrir viendrait les recevoir ? Ou pas.

Alors qu’ils avançaient vers le comité d’accueil, Gripsec fut apostrophé par le gobelin qui tenait le registre – encore plus petit que Gripsec. Et encore plus teigneux. Si c’était possible.

« Gripsec ! Qu’est ce que tu as encore fait ! Comment as-tu pu osé ramener des sorciers ici ! »

Zahid voulut ouvrir la bouche afin d’expliquer leur venue mais Gripsec lui coupa l’herbe sous le pied.

« Ils veulent une entrevue avec Sa Majesté pour passer des accords. Ils sont là en paix, pour des négociations. »
« La présence de sorcier ici est interdit, je te rappelle ! » cracha le deuxième avec hargne. « Ces deux là ne peuvent pas passer. Renvoie les de là où ils sont venus ! »

« Vous pouvez pas au moins écouter ce qu’on a à dire ?! » lança Zahid, qui commençait à être profondément agacé. Le gobelin au registre s’immobilisa un moment avant de lever son regard outré vers lui, comme s’il trouvait ça inadmissible qu’un sorcier l’apostrophe de cette façon. Au même moment, et sans qu’il y comprenne quoique ce soit, un des soldats s’avance jusqu’à ce que la bout de sa lance vienne se poser sur son cou. Zahid déglutit, et lève les bras en signe de reddition, maudissant son impulsivité qui lui jouait des tours. Rester posé. Le petit gobelin farouche s’avança vers lui et pointa sa plume dans sa direction.

« Ecoutez moi bien, sale petit morveux. Notre cité est bien trop sacrée pour que vous, petits êtres insignifiants que vous êtes, en fouliez le sol ! »
« Vous nous y refusez l’accès alors même que vous ne connaissez pas le but de notre visite ! Comment pouvez-vous décidez vous-même de ce que votre roi accepterait ou non ? »
« Nous sommes ses sujets, nous appliquons les ordres ! »
« Comment pouvez vous appliquez les ordres alors que vous ne savez même pas si votre roi accepterait de nous voir ? Votre logique est tout simplement absurde ! Vous ne savez pas ce que vous perdez en nous renvoyant chez nous !»

Quelques secondes plus tard, il se retrouvait accroché au mur par deux lances qui accrochaient ses habits et l’avaient coupé et éraflé légèrement au passage, et une énième lance posée sur son cou y exerçait une pression. Impossible de prendre sa baguette –d’ailleurs ça n’était même pas sûr qu’ils puissent utiliser la magie ici, et en plus mieux valait ne pas attaquer, au risque de ne pas pouvoir parler au roi.

« Comment osez-vous nous insulter, parasite ?! Vous êtes ici chez nous alors je vous prierai de nous montrer davantage de respect ! »

Le gobelin se tourna vers Eireann et alors que Zahid lui lançait un regard d’excuse, cracha :

« Vous avez quelque chose à ajouter mademoiselle ?! … Bien ! Maintenant, vous avez intérêt à répondre à nos questions ! Pourquoi voulez vous voir notre roi ? Quelles sont vos exactes motivations ?! Si vos raisons s’avèrent aussi indispensables que ce que vous avancez, mais j’en doute fortement, alors peut-être que nous réviserons notre décision de vous tenir éloignés de la cité. »

Eireann serra les poings et avança d'un pas lorsque Zahid fut cloué au mur mais une lance près de sa gorge et une autre près de son coeur la stoppèrent net : elle avait donné côté douleur physique, le transplanage lui avait largement suffit pour la journée. Elle déglutit doucement afin d'éviter de se frotter de trop près à la lame près de son artère. « Nous sommes là pour discuter avec votre roi. C'est une affaire entre lui et nous. » La lame se rapprocha sans même que le gobelin qui semblait diriger tout ce petit n'eut à dire quoi que ce soit. Elle sentit le contact froid sur sa gorge, elle sentit la pression qui pouvait se renforcer surtout pour la lui transpercer.. « Nous sommes là de la part du chef de l'Ordre du Phénix, l'organisation qui lutte contre l'oppression mais surtout pour une égalité entre les peuples magiques. Je ne pense pas que votre roi aimerait que nous dévoilions des secrets politiques devant ses soldats. » ajouta-t-elle, consciente du risque...
« Et qu'auriez-vous de si important à dire qui pourrait intéresser notre grand Emrir Firk ? » Il éclata de rire, un rire qui se voulait menaçant, comme s'il voulait signifier aux deux sorciers qu'ils étaient déjà morts... « Un accord qu'il ne saurait refuser mais qui doit rester secret. » Elle planta son regard tant bien que mal dans celui du gobelin, manquant de peu de s'accrocher la gorge sur la lance toujours dangereusement près d'elle. Elle bluffait, elle ne savait toujours pas ce que Zahid et elle allaient bien pouvoir faire pour convaincre le roi de les aider : elle ne pouvait tout de même pas leur promettre une "baguette pour tous" ! « Ça concerne le nouveau gouvernement sorcier. » Un long silence suivi... Un silence étourdissant, angoissant, mais qui était peut-être bon signe... « Très bien, nous allons aller voir Emrir. Seulement sans baguette et avec une escorte. »

Les deux sorciers furent alors désarmés définitivement sans ménagement et conduits à travers des boyaux souterrains dans lesquels, seuls, ils se seraient perdus sans l'ombre d'un doute. Eireann aurait aimé pouvoir mettre sa main dans celle de son ami, juste pour se rassurer, juste pour sentir qu'ils étaient deux, qu'ensemble, ils pouvaient le faire. Elle voulait lui souffler d'avoir confiance en elle, d'avoir espoir mais elle-même commençait à se demander si cette aventure était une bonne idée... Gripsec suivait l'escorte, le regard mauvais mais fuyant celui du chef de la troupe : et si ça pouvait servir ? Et si Eireann réussissait à se servir des erreurs de ce sale gobelin pour faire un coup de poker ?
Ils entrèrent alors dans une salle immense, surtout pour au peuple aussi petit. Elle était somptueuse, brillante. Des pierres précieuses ornaient les murs, des métaux précieux reflétaient la lumière diffusée par... Par quoi d'ailleurs ? Eireann ne fut pas capable d'en discerner la source. Les meubles étaient faits de bois et ornés d'or, d'argent. Si la situation n'avait pas été aussi délicate, elle aurait sûrement pu prendre le temps d'apprécier ce spectacle...
L'arrivée d'un gobelin visiblement important aux yeux des autres attira son attention : il avait l'air plus humble mais en imposait surtout bien plus que ses congénères... « Emrir, ces sorciers demandent à vous voir : ils sont envoyés par le chef de la faction de l'Ordre du Phénix d'après leurs dires et c'est Gripsec qui les a ramenés jusqu'ici... » Emrir Firk avança jusqu'à Gripsec et lui souffla quelques mots inaudibles qui visiblement ne le rassurèrent pas. Il vint alors se poster face à Zahid et Eireann. « Vous êtes là de la part de ce cher William Wallas donc ? Et bien, racontez-moi un peu ce qu'il veut. Ah, après vous êtes présentés bien sûr, et en détails... »

Eireann écarquilla les yeux sans s'en rendre compte : comment savait-il ? Personne ne savait réellement que c'était Wallas qui était à la tête de l'Ordre, tout le monde avait cru que c'était Metelli qui avait occupé ce poste. Tout le monde sauf ce gobelin visiblement... « Je suis Eireann Callaghan, je travaillais au département des créatures magiques du ministère mais ma condition de sorcière basique et surtout de non-adepte de Mervyn Kark ne m'a pas permis de garder ma place lors du coup d'état de Kark. » Sa voix tremblait. Elle tremblait trop. « J'ai rejoint l'Ordre dès sa remise sur pied en suivant ma famille qui avait déjà été aux côtés de Dumbledore et Harry Potter vingt ans plus tôt. »

A être trop téméraire, il allait finir par tout faire foirer. Et leur mission était d’une importance capitale, il le savait. Avoir le soutien des gobelins serait un atout considérable pour l’Ordre du Phénix. Mais pour cela, il fallait les convaincre. Et pour le moment, ils n’avaient guère l’air d’apprécier son comportement. Heureusement, Eireann était là. Et elle était plus douée que lui au niveau diplomatique, même s’il savait bien jouer la comédie. Elle était plus tranquille que lui, même si intérieurement elle devait bouillir autant que lui. Zahid se tut, serrant les dents, laissant son amie expliquer la situation, essayer de détendre l’atmosphère pesante et leur faire gagner ce précieux sésame qu’était une visite au roi. Eireann était fière, déterminée, semblait sûre d’elle. On aurait dit qu’elle savait pertinemment quoi proposer à Emrir Firk, alors qu’ils n’en avaient aucune idée. Ou presque.

Et puis finalement, elle les convaincu. Ils furent désarmés – et ça, même s’il se doutait dès le départ qu’ils n’allaient pas y échapper – ça ne réjouissait absolument pas Zahid. Il se sentait affreusement démuni. Il redoubla de prudence et de méfiance : s’ils décidaient de faire quoique ce soit d’eux, même s’ils n’en avaient pas grand intérêt, tous deux seraient faits comme des rats.
Ils furent escortés dans un dédale de boyaux souterrains, si bien qu’au bout d’un certain temps, Zahid se fit la réflexion qu’il était totalement incapable de revenir sur leurs pas : il se perdrait sans aucun doute. Malgré la peur, l’adrénaline coulait dans ses veines, et le besoin de mener à bien cette mission le poussait à rester calme et à garder son sang-froid. De plus, ils étaient deux, et même si c’était peu, c’était toujours mieux qu’être tout seul. Ce ne serait pas négligeable pour persuader le roi de passer des accords avec l’Ordre, de se rallier à leur cause.

Alors qu’ils arrivaient dans une salle immense et somptueuse – Zahid fut impressionné par la richesse et la magnificence des lieux – un gobelin se présenta devant eux, un gobelin qui en imposait, avec une certaine prestance, qui semblait moins hargneux que ses congénères. Le photographe n’eut pas de mal à comprendre qu’il s’agissait d’Emrir Firk : ses vêtements le distinguaient des autres gobelins dans la pièce, et la façon dont ces derniers le regardaient étaient de toute manière une preuve suffisante.

La situation fut expliquée au roi, et ce dernier leur demanda de se présenter, ce qui semblait plutôt légitime étant donné la situation. Non, ce qui dérangeait Zahid, c’était d’apprendre que Firk connaissait William Wallas. Enfin que non seulement il le connaissait, mais qu’en plus il savait qu’il était le leader de l’Ordre du Phénix, ce dont personne n’était au courant mis à part les membres de leur faction. Légèrement perturbé, fronçant légèrement les sourcils en se questionnant sur les raisons qui faisaient que Emrir le connaissait ; il laissa à Eireann le soin de se présenter la première : en plus de ça, ça lui permettait de se préparer, de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, histoire qu’il ne les congédie pas trop rapidement.

« Je suis Noah Maxwell, photographe artistique principalement, sorcier basique, défendeur de la cause de l’Ordre du Phénix depuis que j’ai compris que rien ne pourrait changer si on se contentait d’attendre, rejoignant par là mes parents qui font également parti du mouvement. »

Le regard rivé dans celui du roi, sans insolence mais avec détermination, Zahid entendait par là lui montrer qu’ils savaient ce qu’ils faisaient, et qu’ils avaient de bonnes raisons de le faire. Ce n’était certainement pas le moment de montrer leurs doutes. Pour convaincre quelqu’un il fallait d’abord être convaincu soi-même. Et il restait aussi calme également parce qu’il sentait Eireann fébrile, il la voyait trembler. Si elle le voyait aussi calme, peut-être que ça l’aiderait. En vérité, il n’en savait rien mais il l’espérait.

Emrir Firk les considéra quelques instants, avant de lancer un regard à Zahid, l’incitant à continuer. Le photographe s’humecta les lèvres avants de répondre, cherchant ses mots.

« Si vous le voulez bien, nous aimerions bien vous parler.. en privé. » fit-il le plus calmement possible, lançant un coup d’œil aux autres gobelins dans la pièce. « Nous avons pour mission de passer des accords avec vous, mais ils sont d’une importance capitale et ce n’est pas que nous ne croyions pas en l’allégeance de votre peuple – il vit Gripsec tiquer du coin de l’œil, mais ne s’en préoccupa pas -, mais rester discret c’est dans votre intérêt, et également dans celui de notre chef. » expliqua-t-il de façon la plus diplomate possible. « Nous sommes déjà désarmés, il nous est impossible de tenter quoique ce soit, et de toute manière, nous ne le voulons pas. »

Le roi des gobelins le considéra un instant, semblant réfléchir à ses paroles. Finalement, il hocha la tête, faisant signe aux gobelins de partir. Seul un, qui était resté jusqu’alors plutôt effacé, quelque pas derrière le roi, resta immobile.

« Bien. » fit Emrir. « Zrosek ici présent est mon bras droit, il est exclu qu’il parte. Vous pouvez parlez sans crainte devant lui, il a ma confiance absolue. »

Zahid hocha la tête, et prit une inspiration : il était hors de question qu’ils se plantent, après être arrivés jusqu’ici.

« Nous sommes ici pour vous proposer une alliance entre l’Ordre du Phénix et le peuple gobelin. »

Voilà, c’était dit. Il marqua une pause et ajouta :

« En ces temps de guerre, il est nécessaire d’avoir des alliés, aussi bien pour nous que pour vous. »

Emrir fronça les sourcils, passa une main sur son menton, semblant réfléchir. Malgré sa petite taille, il dégageait une certaine prestance et imposait un certain respect.

« Vous êtes bien courageux. Il me parait évident que nous serions un atout considérable pour vous, nous sommes braves, et forts. Mais en quoi serait-ce bénéfique pour mon peuple ? Vous consentez que je n’ai pas de réel intérêt à vous rejoindre, n’est ce pas ? »

Eireann avait réussi à parler la tête haute mais elle avait commencé à se décomposer dès qu'elle avait refermé la bouche... Elle s'était liquéfiée sur place, elle avait senti ses épaules s'affaisser, son corps entier trembler et son courage la quitter bien trop vite... Heureusement, Zahid avait assuré la suite avec brio. Eireann avait soupiré de soulagement, doucement, discrètement. Elle s'était retrouvée tétanisée sans savoir pourquoi : était-ce les gobelins ou la peur de ne pas réussir ? Elle ne craignait pas les gobelins, elle avait travailler avec eux, elle était même douée pour dialoguer avec eux en général... Seulement, elle se souvenait de sa mission avec Ashley, elle se souvenait qu'elle n'avait plus sa place au Ministère et surtout, que Wallas et tout l'Ordre comptaient sur eux, sur l'issue de cette rencontre...

Elle essaya de se ressaisir : elle devait reprendre le dessus bon sang, c'était elle la pro des créatures magiques et des relations avec elles ! Poste au Ministère ou pas, ce n'était pas parce que Kark l'avait poussée vers la sortie qu'elle avait perdu son talent. Elle allait leur montrer... « Je ne suis pas d'accord avec vous. » Un silence pesant s'immisça dans la pièce... Elle n'y allait pas de main morte mais elle savait que l'art de la diplomatie passait aussi par une certaine franchise et en ces temps sombres, la franchise était peut-être leur seul allié. Emrir Firk n'avait pas apprécié l'aplomb de l'irlandaise, ça se voyait sur son visage mais elle fit tout pour ne pas perdre la face et ne pas se dérober. « Je pense qu'au contraire, vous avez tout à y gagner. » Elle le sonda de son regard et joua sa dernière carte pour cette manche... « A moins que vous n'ayez déjà choisi de vous rallier à la cause de Kark ou encore à celle des pro-Voldemort par peur du changement de votre statut... » Elle ne cilla pas. Elle en mourrait, elle se sentait mal, elle avait chaud, peur mais elle fit tout pour que rien de tout cela ne se voit. « Vous ne savez pas de quoi vous parlez. La discussion est terminée, vous n'avez rien. » trancha-t-il d'un ton sec, courroucé. Elle avait touché la corde sensible, il était temps de faire tapis. « J'étais au département des créatures et animaux magiques. Je sais exactement de quoi je parle. J'ai vu les dossiers, je sais ce que vous demandez depuis des années et je sais surtout que Voldemort au pouvoir n'a pas fait avancer les choses de votre côté, bien au contraire. Vous savez comme moi que Kark fera pire... » La tension battait son plein...

Tous retenaient leur souffle, le bras droit d'Emrir n'osait même pas exposer son avis à son roi. Celui-ci semblait tiraillé entre son envie d'en savoir plus et son orgueil : il avait été légèrement éraflé par le culot d'Eireann et ça, ça passait mal. Surtout pour un gobelin. Il laissa le silence planer encore un peu, sachant pertinemment que c'était à lui de jouer désormais. « Puisque vous savez tout, mademoiselle Callaghan, qu'est-ce que mon peuple peut espérer du vôtre en cas de victoire ? A combien estimez-vous notre loyauté ? Je suppose qu'il est inutile de vous rappeler que l'or ne nous intéresse pas... » Eireann ne savait pas quoi lui promettre. Wallas leur avait donné carte blanche, il leur avait demandé de convaincre les gobelins par tous les moyens possibles mais Zahid et elle savaient qu'il y avait des choses qu'ils ne pourraient mettre sur le tapis... « Metelli avait prévu des réformes en ce qui concerne votre peuple et son successeur s'y tiendra... Si nous gagnons. Seulement, vous savez comme nous qu'une victoire ne sera pas aisée et surtout, qu'elle n'est pas assurée à l'heure qu'il est. Nous préférons nous battre et essayer de changer les choses plutôt que de rester là et attendre que ça passe. Je suppose que là, nos avis se rejoignent, non ? » Elle n'osait pas aller trop loin, de peur de devoir arriver au pied du mur... A la demande ultime des gobelins, la baguette magique... Le peuple demandait l'accès à la magie contrôlée en ayant l'autorisation d'en posséder une. Seulement, cela créait polémique même chez les sorciers prônant l'égalité : personne ne pouvait prédire ce que ferait les gobelins s'ils avaient puissance et richesse...


Dé
Oui - Emrir est intéressé par la tournure de la conversation. il veut des précisions et expose des mesures précises qu'il veut voir mises en place. Il ne parle pas de baguettes... Les choses pourraient bien se passer.
Non - Emrir joue sa plus forte carte en abordant directement le cas des baguettes. Zahid et Eireann ne peuvent lui promettre ça et ils sont au pied du mur. Emrir va vouloir mettre fin à la discussion... C'est mal barré...

Alors que Zahid réfléchissait pour trouver quoi répondre à Emrir Firk, étant un peu au pied du mur, Eireann vint à son secours pour exprimer son désaccord. A l’entente de ces mots, il la regarda, un peu interloqué – mais tentant de rester neutre – , ne comprenant pas vraiment où elle voulait venir. Il l’observa un moment, alors qu’elle avait le regard fixé dans celui du gobelin. Elle semblait déterminée, sûre d’elle. Et Noah décida de lui faire confiance : après tout, elle paraissait savoir ce qu’elle faisait. Et si cela pouvait permettre à Firk d’accepter de prêter main forte à l’Ordre du Phénix, leur mission s’achèverait. Néanmoins, il espérait qu’Eireann soit réellement confiante quant à son plan, parce que parler ainsi à un gobelin… ça passait moyennement bien. Certes, il était très mal placé pour dire une chose pareille, mais c’était un fait.

Silencieux, concentré, il laissa la conversation s’engager entre son amie et le gobelin, tout en se préparant à intervenir au cas où la situation deviendrait critique, où si Eireann arrivait à cours d’arguments – à condition, bien sûr, qu’il en trouve d’autres lui aussi, ce qui était loin d’être une mince affaire. Et il admirait également le sang froid et les risques que prenaient son amie. Emrir se retrouvait en quelque sorte au pied du mur, et le silence s’était installé. La tension était à son comble. Zahid retint son souffle, priant Merlin afin que Firk, qui semblait avoir très moyennement apprécié le ton qu’avait employé Eireann, ne les congédie pas trop vite. Il eut la réponse très vite : le gobelin leur demanda avec une pointe de sarcasme, qu’est ce qu’ils leur donneraient en échange d’une alliance. Noah fut légèrement soulagé, pour un temps du moins : Quand bien même Firk était touché dans son ego, il acceptait plus ou moins un début de négociation.

Le problème, qui était de taille, c’est que la première demande de ce peuple, c’était d’avoir le droit de posséder une baguette. Or, devant des créatures intelligentes telles que les gobelins, accéder à cette requête était difficile. Eireann essayait de les convaincre du fait que lorsque l’Ordre serait au pouvoir, il adopterait des mesures en faveur de leur peuple, mais sans être bien précise : Zahid craignait que Emrir ne demande des détails, ou plutôt qu’il pose ses conditions.

« Bien sûr, la victoire est nécessaire. Seulement, je ne peux vous accorder notre aide qu’à une seule condition. Et vous la connaissez. »

Devant leur silence éloquent, le gobelin ajouta : « Je me bats depuis des années afin que chacun de mes sujets ait le droit de posséder une baguette magique. Si cela ne nous ait pas assuré, je refuserai sans doute n’importe quelle alliance que ce soit. »

Voyant Emrir qui les interrogeait du regard, Zahid manqua de pousser un soupire. Ils étaient dans de beaux draps, si le gobelin était aussi buté. Mais ils ne pouvaient pas abandonner la mission, non, c’était impossible. Ils ne pouvaient néanmoins pas leur promettre une telle chose, il le savait pertinemment. Inspirant légèrement, il garda un air très professionnel pour essayer de débloquer légèrement la situation.

« Ecoutez, dans l’état actuel des choses, ce n’est pas possible, nous sommes en pleine guerre. Si nous ressortissons gagnant de ce conflit, avec votre aide, vous pourrez discuter avec nos leaders d’une possible loi qui… »
« Non, je ne veux pas de promesses qui ne seront pas tenues, je ne suis pas crédule je vous signale ! Je veux du concret ! Ne vous avisez plus de me prendre pour un idiot »

Ouvrant la bouche pour se défendre, Zahid fut coupé dans son élan par le gobelin qui en rajoutait une couche. « Partez, à présent que vous connaissez mes conditions, votre présence n’est plus désirable ici » Il s’apprêtait à prévenir les gardes de les ramener là où ils les avaient trouvé, mais le photographe lança d’une voix forte.

« Et si nous vous cédions un artefact rare ?! »
« N’essayez pas de mystifier quoique ce soit de nouveau ! »
« L’épée de Gryffondor, par exemple ? »

Emrir Firk s’immobilisa, le considérant un instant avec un regard sombre et, il fallait le dire, assez désagréable. Zahid retint son souffle. Il ne savait pas ce qui lui était passé par la tête de proposer quelque chose comme ça, mais sacrifier un artefact, aussi rare soit-il, contre une aide extrêmement précieuse, cela se valait... Non? « Nous l’avons. Ce n’est pas un mensonge. »

Eireann se raidit lorsqu'elle entendit Zahid prononcer cette phrase qui les mettaient dans la posture la plus délicate qu'il soit... L'épée. Elle n'y avait pas pensé une seule seconde parce qu'à ses yeux, c'était un symbole bien trop fort pour être cédé, elle se souvenait encore parfaitement de cette mission où, avec la jeune Lakefield, elles avaient réussi à retrouver la précieuse épée grâce à l'aide de la chèvre du frère de Dumbledore... Que de péripéties, que d'émotions même ce jour-là : elle avait révélé son animagus à la jeune fille, elle avait appris à mieux la connaître, elles avaient du affronter Gripsec... Gripsec ! Il pouvait témoigner de la véracité de cette histoire, non ? Le gobelin n'avait eu droit qu'à la pâle copie de l'épée mais ça restait une preuve du brouillage de piste d'Abelfort et du fait qu'elle et Ashley avaient peut-être fini par trouver la véritable épée...

Elle s'embrouillait les idées et ça n'aidait pas. Zahid avait fait un grand pas, à elle de faire le grand écart pour le suivre dans cette histoire et tout faire pour obtenir une sorte d'accord entre les gobelins et l'Ordre. Il le fallait absolument. « N'essayez pas de me prendre pour un troll : je vous rappelle que nous, les gobelins, sommes doués d'un esprit supérieur, sûrement supérieur à celui des sorciers même. » C'est pour ça que les sorciers dominent le monde et vous obligent à suivre leurs lois. Heureusement, elle avait réussi à garder ses pensées pour elle et elle seule. Eireann commençait à détester le leader de cette race, elle qui avait pourtant toujours été extrêmement compréhensive envers les créatures de toutes sortes. Là, c'était la fois de trop, sûrement parce que l'enjeu était bien différent de celui de son ancien job. Elle voulait se mettre à la hauteur de ce gobelin, le toiser, le brûler de ses yeux et lui hurler que son ami n'était pas un menteur et que l'heure était bien trop grave pour mentir sur de telles choses mais à la place, elle resta sagement en place et se fit violence pour rester calme et presque courtoise. C'était dur mais elle savait prendre sur elle quand il le fallait. « Il dit vrai. Je l'ai moi-même récupérée il y a des mois de cela. Gripsec pourra témoigner d'une partie de l'histoire d'ailleurs : il n'a pas du se vanter d'avoir simplement ramener la copie de la véritable épée, n'est-ce pas ? » Elle savait qu'elle frôlait l'affront mais elle s'en foutait : il fallait bien qu'Emrir comprenne qu'elle disait la vérité, non ?

Emrir Firk semblait peser le pour et le contre. Les croyait-il ? Déciderait-il de les renvoyer d'où ils venaient sans prendre de pincettes ? Eireann n'arrivait pas à savoir comment la suite des événements allait se dérouler mais elle savait une chose : ils n'avaient rien à perdre, tout à gagner. Elle voyait mal les gobelins s'allier aux Héritiers ou aux Ombres : ils avaient pour but d'asservir toutes les races après tout... « Gripsec revenant avec une fausse épée nous prouverait que vous possédez la véritable relique ? Laissez-moi en douter fortement mademoiselle. Personne ne sait où se trouve cette épée et si quelqu'un devait la retrouver, ce serait un gobelin : nous l'avons forgée, elle nous est liée. » Il avait l'air sûr de lui. Il ne les croyait pas. Eireann sentit un élan d'assurance s'emparer d'elle. Elle savait qu'elle avait raison, qu'il avait donc tort : elle était en position de force. « Donc vous avez forcément senti qu'elle était entre de bonnes mains. » lança-t-elle sans ciller. Elle avait peur de ce qu'il pouvait leur arriver mais en même temps, elle se battait pour tellement plus que sa propre peau qu'elle pouvait se sentir pousser des ailes. Zahid à ses côtés, l'Ordre à aider... Eireann poursuivit. « Le nom de Godric Gryffondor est gravé sur la lame : tout le monde le sait, nous sommes d'accord. Mais très peu de personnes savent que l'épée ne peut être trouvée que par un élève ayant appartenu à la maison des rouges. C'est une véritable Gryffondor qui a réussi à la retrouver : voilà pourquoi Gripsec n'en a eu que la copie. L'épée estime appartenir aux élèves de la maison de Godric et non aux gobelins : sans un Gryffondor, vous ne pourrez jamais l'obtenir entièrement. Appelez donc Gripsec. » Eireann les défiait et c'était une faute. Elle risquait de s'en mordre les doigts. « Très bien, appelons-le. Cependant, si vous venez de mentir, sachez que mes sujets vous renverront chez vous sans prendre le temps d'être délicats : ils sont au moins aussi susceptibles que moi sur certains points. »

« Vous m'avez fait demander votre excellence ? » dit le gobelin en se courbant. Eireann le détestait. Il le lui rendait bien. Elle essaya de rassurer Zahid dans un murmure mais elle n'était pas suffisamment confiante elle-même pour être convaincante... « Gripsec, cette jeune femme affirme que vous vous êtes rencontrés et qu'au cours de cette rencontre, tu as trouvé une copie de l'épée de Gryffondor. Et aussi que tu pensais avoir la bonne. Est-ce vrai ? » Gripsec sautilla sur place, ne sachant comment se tenir. Eireann sourit malgré elle. « Eh bien nous avons tous été bernés ce jour-là, vous savez... Et si ça avait été la véritable épée, je vous l'aurais rapportée immédiatement, votre excellence, vous le savez. » Emrir était furieux. « Tu l'aurais su immédiatement si elle avait été vraie, espèce d'idiot ! Savais-tu que les deux filles avaient trouvé la véritable épée ? Non, bien sûr. Hors de ma vue ! » Alors il les croyait ? Tandis que Gripsec était conduit hors de la salle du trône, Emrir vint se poster à côté des deux émissaires de l'Ordre. « Ramenez-moi cette épée ce soir et je vous dirai s'il s'agit de la véritable épée de Gryffondor. » Zahid et Eireann furent alors escorter hors du territoire des gobelins...

Avoir le soutien des gobelins sans leur céder quoique ce soit, c’aurait été trop beau, et Zahid le savait. Bien sûr, ça l’avait chagriné de faire une telle proposition, mais Wallas avait été clair : Ils devaient avoir le soutien des gobelins, même si c’était au prix d’un artefact tel que celui là. Il fallait mettre toutes les chances de leur côté pour battre l’Ombre de la Rose Noire. Et l’appui des gobelins serait un atout considérable. C’était une perte pour un gain.

Malheureusement, Emrir Firk ne parût pas convaincu par sa proposition, pensant sans aucun doute qu’il était en train d’essayer de le rouler – ce qu’il avait déjà tenté, sans succès. Puisque le roi de gobelins était loin d’être bête, ils devaient maintenant jouer franc jeu. D’autant plus que l’égo de ces créatures était bien démesurée – le roi avait l’air plus humble que ses sujets, mais il restait un gobelin. Avec une très haute estime de lui-même et de son peuple. Pour le moment, Sa Majesté des gobelins était persuadé qu’il mentait. Et alors que Zahid ouvrait la bouche sans trop savoir quoi dire exactement pour le convaincre de la véracité de ses propos, Eireann le devança, déterminée, calme, et provocatrice.

C’était à double tranchant : ou Firk devenait ivre de rage et les renvoyait de là où ils venaient, ou il se mettait à les écouter sérieusement. Et tout alla ensuite très vite. Le roi émit des doutes, Eireann les rejeta calmement et avec habileté, Gripsec fut obligé de faire profil bas. Il tenta bien de s’en sortir comme il le pouvait, mais Emrir Firk était loin d’être dupe et le renvoya rapidement de la salle du Trône. Zahid évita un sourire narquois d’éclairer son visage : ce n’était pas vraiment le moment, mais il espérait que Gripsec en prendrait pour son grade. Lançant un coup d’œil vers son amie, il se fit la réflexion qu’elle devait sérieusement apprécier sa vengeance.

Et quelques minutes plus tard, ils se retrouvaient hors du territoire gobelin, avec pour mission de ramener l’Epée de Godric Gryffondor au crépuscule. Ils ne pouvaient pas perdre du temps.

Arrivés au quartier général, ce fut l’effervescence. Après une grande discussion avec William Wallas, il fut convenu qu’ils se rendraient bien à la cité gobeline le soir venue, avec l’épée. Le soutien des gobelins valait bien ce sacrifice, selon leur leader, et le photographe était bien de son avis. L’épée fut enveloppé dans son étui magique spécialement conçue pour la protéger, étui lui-même placé dans un sac de cuir magiquement agrandi de sorte qu’il n’est pas une forme trop longue, et qu’il soit plus facile à porter. Ils partirent quelques heures plus tard en direction de la ruelle, lieu de rendez vous avec les gobelins pour qu’il les fasse transplaner de nouveau dans leur cité, avec cette fois-ci, Zahid l’espérait, un meilleur comité d’accueil.

Le transplanage fut tout aussi désagréable que le premier, bien qu’il ait eu cette fois le temps de se préparer psychologiquement. Maux de ventre, nausées, engourdissement, Zahid fit cependant bonne figure, l’une de ses mains crispée avec force sur le sac qui refermait leur monnaie d’échange. Ils étaient si prêt du but, ils ne pouvaient pas se permettre d’échouer maintenant. Ça le mettrait hors de lui.

Arrivant dans la salle du trône, et après que Emrir Firk ait fait partir toute leur escorte « bienveillante », ils se retrouvaient de nouveau seuls avec lui et son bras droit, Zrosek. Devant le regard impitoyable et impatient de Emrir Firk, Zahid prit une inspiration et sortit l’Epée du sac, puis de son étui, s’avança vers le roi et la lui tendit pour qu’il vérifie son authenticité.

« Voilà l’épée, comme promis. Vous pouvez l’examiner, il s’agit bien de la véritable. »

Les quelques minutes qui suivirent furent chargées d’électricité et de tension palpable. Lançant un coup d’œil à Eireann, Noah tenta un regard confiant, mais qui ne fut certainement pas une réussite. Fébrile, il espérait de tout cœur que Emrir Firk accepte leur marché. Le regard inquisiteur du roi étudiait l’Epée sur toutes ses coutures, et le temps paraissait bien trop long. Enfin, le gobelin releva la tête vers eux, avec un regard étonnement calme bien qu’attisé par l’appât du gain, et hocha la tête lentement.

« Soit. Vous ne m’avez pas menti : il s’agit bien de la fameuse Epée de Godric Gryffondor »

Zahid lui lança un regard de « je te l’avais bien dit » mais tourna la langue sept fois dans la bouche avant de prendre la parole. Ce n’était pas le moment de faire un faux pas.

« Maintenant, il s’agit de nous donner votre parole. » articula-t-il lentement, l’air sûr de lui, alors que dans son cerveau, tout s’agitait, espérant qu’il ne cherche pas à demander autre chose, une baguette magique ou quoique ce soit d’autre. La perte de cet artefact était déjà bien trop importante pour qu’ils fassent une nouvelle concession.

Emrir Firk leva le bras, intimant le silence, et se retourna vers Zrosek pour une discussion assez courte, à voix basses, avant de reporter son regard sur les deux Phénix, prenant un air grave et solennel.

« Bien. J’accepte votre marché. Mais je garde l’Epée ici. » fit-il sans appel. Zahid ne pipa mot, s’étant attendu à cette réaction. « Mais William Wallas me connaît, et il sait que je suis un homme de parole. Vous avez, à partir de maintenant et jusqu’à votre réussite, le plein soutien de la communauté gobeline. »

Eireann n'était qu'à moitié convaincue. Elle n'aimait pas tout ça. Wallas donnait l'épée sans broncher, Zahid semblait trouver ça presque normal et elle, elle repensait à sa mission avec Ashley, à cette mission où elles en avaient bavé... Tout ça pour offrir l'épée à un gobelin ? D'accord, Emrir leur promettait une alliance mais qu'est-ce que ça signifiait réellement ? Un petit 'vous avez raison" en cas d'envie de fracasser le crâne de Kark pour de bon ? Ce n'était pas suffisant pour elle. Elle laissa Zahid traiter cette affaire avec le seigneur des petites créatures, bouillonnant. Pourquoi avait-elle envie d'exploser ? Après, cette mission semblait être une réussite, non ? Les choses semblaient aller pour le mieux, tout irait bien dans le meilleur des mondes... Ah oui mais non, ils n'étaient pas dans le meilleur des mondes, loin de là même. Ils étaient pile poil dans un monde où rien n'allait, où tout n'était qu'horreur, décadence et violence. Eireann ne le supportait plus, ce monde et elle était bien décidée à ne pas se laisser faire comme ça.

Elle avança d'un pas alors que les choses étaient censée être conclues. « Nous n'avons pas fini. » dit-elle avec une bonne pointe de défi dans la voix. Elle risquait gros mais tant pis. Les "hommes" de main de Emrir Firk vinrent à sa rencontre et l'attrapèrent sans la ménager, elle fit tout pour ne pas leur prêter attention. « Nous venons de vous confier un objet puissant et qui est tout sauf dénué de sens. Un simple accord verbal ne signifie rien. William Wallas connait sûrement votre parole mais pas la faction. Pas moi, pas Zahid, pas nous tous. » Emrir Firk n'était pas content. Pas du tout même, elle le voyait dans ses yeux. Il avait accepté l'accord parce que l'idée de posséder l'épée de Gryffondor avait eu quelque chose de grandiose. C'était comme un rêve de gosse, comme une relique qui venait renforcer son pouvoir et surtout son égo. Seulement, Eireann avait dans l'idée que ça lui passerait le jour où la guerre civile serait plus virulente encore.

« Je ne sais pas si vous mesurez l'ampleur de vos mots, miss Callaghan. J'aurais pensé qu'une personne ayant travaillé avec notre communauté durant des années aurait compris que s'adresser ainsi à nous n'était pas un choix judicieux. » Il pesait ses mots et Eireann n'arrivait pas à déterminer si son expression était féroce ou plutôt enjouée. Se moquait-il d'elle ou était-il en colère ? Elle s'en foutait, elle voulait plus. « Vous n'imaginez pas à quel point je regrette maintenant de vous avoir donné ma promesse, croyez-moi. » Elle réagit du tac-o-tac malgré la prise se resserrant sur ses bras. « C'est bien la preuve que votre parole ne vaut rien de plus qu'un certain orgueil. si vous ne croyez pas en notre cause, comment voulez-vous que l'on puisse croire en votre peuple ? Nous défendons des idées, nous sommes les seuls à pouvoir vous aider à faire progresser vos droits mais vous ne semblez pas le comprendre. que comptez-vous faire ? Attendre que la guerre fasse le vide chez les sorciers pour ensuite prendre le pouvoir ? Sachez que les Ombres et les Héritiers vous décimeront avant. » Le gobelin se rapprocha d'Eireann sans pour autant donner l'ordre à ses petits copains de la lâcher. « Nous ne nous sommes pas laissés courtiser par les autres camps que je sache. Nous voulions voir ce que nous pourrions obtenir de vous et l'épée est tout à fait satisfaisante. Que voulez-vous de plus ? Évidemment, nous ne ramperons pas devant les autres : mon égo est trop gros pour ça, vous le savez. » Il faillit cracher, elle aurait pu le jurer. « Alors aidez-nous vraiment. Aidez-nous dans notre résistance, ne faites pas simplement acte de figuration... »

Emrir ordonna qu'on la relâche et qu'on les ramène à la surface. Zahid et Eireann savaient qu'ils n'auraient pu obtenir plus mais c'était déjà beaucoup. Beaucoup plus que ce qu'ils auraient pu espérer... Enfin, Eireann espérait encore plus et ne lâcherait sûrement pas le morceau...

MISSION TERMINÉE

Dé
Oui - Emrir met à disposition de l'Ordre son plus proche conseiller.
Non - Emrir met gentiment à la disposition de l'Ordre Gripsec...