C’est en souriant qu’Elie sorti de l’hôpital cette après-midi-là. Plusieurs raisons valaient ce visage ravi. Même s’il adorait son travail, cela faisait du bien au jeune sorcier de sortir de l’hôpital de temps en temps. L’odeur particulière des malades lui était devenue difficile à supporter et lorsqu’il vit Zak ce matin là, c’est avec un sourire ravi qu’il accepter de le retrouver un peu plus tard dans l’après-midi.

Avant de partir, Elie avait pris une petite fiole pour l’épaule de l’ancien attrapeur. Après toutes ces années, on aurait pu croire que cette culpabilité lui soit passée mais non. Il savait cette blessure importante et il savait surtout que cette blessure était toujours parfois douloureuse à son ancien camarade. Depuis cet accident le jeune Medicomage se sentait légèrement mal à l’aise auprès de Zak même si celui-ci lui avait pardonné. Il n’avait pas arrêté de jouer, il aimait trop ça. Il avait cependant tenté de se contrôler, de ne pas frapper aussi fort. Il blessait toujours autant certes, mais les blessures étaient moindres. Et cela le soulageait. Après tout ce n’était pas ces élèves qu’il avait voulu blesser, ce n’était pas Zak qu’il avait vu sur le balai lorsqu’ils jouaient. C’était bien ses trois agresseurs et souvent, lorsqu’il lui arrivait de se battre, c’était eux qu’il voyait à la place des réels fauteurs de trouble et là, Elie devenait violent.

Retrouver Zak était une des raisons de sa journée « Restons positif le temps d’un instant, cela ne peut pas nous tuer. » Ashley s’était réveillée et il pouvait désormais faire le nécessaire pour la soigner. C’était un soulagement conséquent. Elie détestait perdre des patients. Cela le mettait souvent dans un état de déprime telle que rien ne réussissait à le faire aller mieux pendant plusieurs jours d’affilées. Après, seulement, il redevenait maître de lui-même. Cet état de déprime ne sortait que lorsqu’il était à l’extérieur de l’hôpital Sainte Mangouste et se résolvait le plus souvent dans des ruelles sombres où il laissait aller sa colère contre des crétins qui n’avaient rien demandé si ce n’est de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment

La troisième raison de sa bonne humeur résidait en un seul prénom : Sean. Cela faisait plusieurs semaines qu’il ne l’avait pas vu. Oh, pas qu’il ne voulait plus le voir mais lorsque Sean venait à l’hôpital, Elie ne faisait que le soigner. C’était devenu une habitude quotidienne. Ils ne parlaient pas beaucoup. Elie ne posait pas de question même s’il sentait que le jeune homme n’allait pas bien. Mais le jeune Medicomage se savait mal placé pour commenter les actes du jeune homme et surtout, il savait qu’il ne serait pas écouté quoiqu’il dise. Il n’avait pas la figure parentale et le soigner ne l’autorisait pas à porter des jugements sur sa vie. Surtout qu’Elie adoptait souvent le même comportement que le jeune homme. Il ne valait pas mieux. Cette idée de vengeance allait le détruire mais il en avait besoin. Elle était tellement ancrée en lui qu’il n’arrivait pas à s’en défaire. Il y pensait jour et nuit. Cependant, même si il y pensait quotidiennement, cette après-midi-là, il n’y pensait pas. Il y pensait moins.

D’un pas rapide, il se dirigea vers un quartier commerçant dans lequel ils s’étaient donné rendez-vous. L’après-midi était belle et il espéra pouvoir passer un bon moment en compagnie de l’ancien Serdaigle et peut-être, pourquoi pas, transplaner dans un endroit ou ils pourraient laisser libre cours à leur envie de voler. Voler… cela lui manquait.

De loin, il aperçut le brun qui marchait tout sourire entre les commerçants, regardant les échoppes ci et là. Elie s’adossa contre un mur, se fichant complètement de salir sa chemise. Contrairement à lui, la bonne humeur quittait peu souvent le professeur. Un mini sourire effleura ses lèvres lorsque Zak le salua de loin. Comme si il pouvait le manquer. « Hey, comment vas-tu ? », lui demanda t-il lorsque le sorcier arriva à sa hauteur.

« Papa, tu dors ? Hein, dis ? Tu dors ? »

Petite main tiède, presque chaude, contre sa joue. Zakary, allongé sur le canapé, ouvrit un œil, le referma en souriant. Katy.

« Nan tu dors pas ! Je t’ai vu ! Alleeez ! »

Non, il n’avait pas fait la sieste. Presque pas. Il était un peu plus de seize heures, il gardait la petite – sa fille, précisons-le – depuis le midi. Sa mère, Améthyste, était partie quelque part avec une amie à elle, faire les magasins si sa mémoire était bonne, et ne tarderait pas à rentrer. Tant qu’elle ne voyait pas Zadiste, tout était bon, elle pouvait faire ce qu’elle voulait.

Il avait laissé Mary-Kathleen dix minutes, pendant qu’elle avait sagement prit un livre et s’était installée dans un coin avec, et il s’était allongé, pour en fin de compte s’endormir. Presque. Il avait toujours eu la faculté de pouvoir trouver le sommeil à peu près n’importe quand, (sans aller jusqu’à la narcolepsie tout de même), il suffisait juste qu’il soit au calme. C’était plutôt sympa, sauf quand une enfant venait l’empêcher de sombrer dans les Bras de Morphée. Alors, il gardait volontairement les yeux fermés. Pendant ce temps, Katy essayait de lui faire ouvrir les paupières, jouant avec son visage pour qu’il se « réveille » définitivement. De toute façon elle savait qu’il ne dormait pas, puisqu’il riait !

« Papaaaaaa, réveille-toi ! »

Mais il ne cédait pas, alors elle changea de tactique pour le chatouiller au niveau du ventre, ce qu’il craignait assez fortement. Zakary « se réveilla » brusquement – ouvrit les yeux –, et sauta sur ses deux jambes, s’exclamant en plaisantant :

« Oh toi si je t’attrape tu vas voir ! »

Ce après quoi il attrapa la petite dans ses bras, qui se débattit en criant, puis s’enfuit en riant. Zakary s’élança en courant à une vitesse adaptée à celle de Katy, et commença alors une formidable course-poursuite au sein de son appartement : ils se retrouvèrent autour de la table de la cuisine, l’un en face de l’autre, puis à nouveau dans le salon, et l’enfant était bien partie pour filer dans la salle de bain quand Zak l’attrapa. Il la souleva dans ses bras puissants et musclés tandis que Katy riait toujours aux éclats – elle allait finir par avoir mal aux joues ou aux abdominaux à force – et, avec plaisanterie évidemment, il demanda :

« Alors comme ça, tu veux pas que je dorme ?! »

Katy essaya d’articuler quelque chose, et Zak voulut la reposer sur le canapé, il regarda l’heure et s’exclama :

« Mince ! J’ai pas vu l’heure ! » Et là, il laissa la petite se relever et fit preuve d’un peu plus de sérieux : « Katy met tes chaussures et ta veste, je dois y aller.
- Je vais chez maman ?
- Oui oui ! »

Pendant ce temps, Zak enfila une paire de chaussures rapidement, sortit avec Katy, referma la porte à clef, et transplana. Améthyste était rentrée, il lui confia à nouveau leur fille après l’avoir évidemment embrassée, et parlé avec cinq minutes. Il était en retard, et ils se verraient le soir même.

C’était Elie, qu’il devait voir.

Elie Brights.

Toute une histoire, qui commençait à Poudlard. Les deux, Serdaigle et Poufsouffle, avait le même âge. Ils étaient amis, traînaient souvent ensemble, et avaient la même passion pour le Quidditch. Le premier était attrapeur, l’était toujours d’ailleurs, le second batteur.

C'était d'ailleurs pendant un des matchs qui opposait leur équipe respective que Zakary s'était reçu un cognard, dans l'épaule. VLAN. Os fracassés, articulations arrachées, bras paralysé pendant un petit moment, séquelles qui se manifestaient encore dix ans plus tard. Zakary lui avait pardonné. Sur le coup, il avait vraiment eu un mal de chien, et malgré sa rancune très développée, il n'en avait pas voulu à Elie. Les blessures au Quidditch faisaient parti du « risque du métier », il n'avait pas pu éviter le cognard, tant pis pour lui, à l'avenir il se montrerait plus prudent. Souvent, quand il faisait un mouvement trop brusque, ou voulait soulever quelque chose de trop lourd, PAF, son épaule se déboîtait. Là, c'était Sainte-Mangouste obligatoire...

Comme pendant la matinée même. Il était d'ailleurs tombé sur le jeune homme en question, et ils s'étaient donné rendez-vous vers la fin d'après-midi, dans Londres. Zak était arrivé après Elie, qui était habitué contre un mur, sur le visage son expression habituelle, un peu renfermée, un peu mystérieuse. Typique de lui-même, depuis toujours. Le professeur de vol lui adressa un signe de main, puis un sourire resplendissant :

« Hey ! Elie ! Ca va et toi ? Tu m'attends pas depuis longtemps j'espère ? »

Quoiqu’il y fasse Zak serait toujours en retard. C’était ce qu’il avait compris depuis plusieurs années à présent. S’il en avait fait auparavant, il avait fini par comprendre que rien ne changerait. Cooper serait l’éternel retardataire même s’il s’y prenait dix minutes plus tôt pour arriver à l’heure à un quelconque rendez-vous.

« Hey ! Elie ! Ca va et toi ? Tu m'attends pas depuis longtemps j'espère ? »

Se décollant du mur, un sourire légèrement moqueur se pointa sur son visage lorsque l’ancien Serdaigle arriva à sa hauteur. « Un peu. Mais je t’aurais pris pour un imposteur si tu étais arrivé à l’heure. » Amusé par l’air faussement choqué de son ami, Elie s’avança dans la rue. Il n’avait pas besoin de se retourner pour voir que Zak avait rapidement marché pour arriver à sa hauteur. S’ils étaient concurrents pour le Quidditch à Poudlard, ils ne l’étaient plus aujourd’hui. Sa propension à blesser gravement les joueurs sur un balai l’avait poussé à mettre de côté ce sport même si, quand il le pouvait, voler était toujours pour lui un réel plaisir.

La ruelle était bien animée et grouillait de sorciers qui venaient faire leurs courses. Si Zak observait les passants avec curiosité, l’ancien Poufsouffle ne semblait pas un poil s’intéresser à ce qui l’entourait. Zak et lui étaient radicalement opposé pourtant une certaine amitié s’était tissée entre eux au fil des années.

Pourquoi s’entendait-il aussi bien avec Zak malgré leurs différences. Le jeune Medicomage le sentait, si cela avait été quelqu’un d’autre, il n’aurait pas réagit ainsi.
Il savait que l’ancien attrapeur était venu à l’hôpital Sainte Mangouste pour son épaule le matin même. Tomber malade était quelque chose que Zakary ne connaissait pas.

« Comment ça s’est passé à l’hôpital ce matin ? », lui demanda t-il d’un ton détaché même si au fond, il n’était pas si neutre que cela. Blesser les autres, cela lui était arrivé, souvent. Il n’avait pas pour autant eu ce flot de remords qui l’accompagnait à chaque fois qu’il se trouvait aux côtés du jeune homme. La réponse était simple. Zak était peut-être le seul véritable ami qu’Elie n’eut jamais eut. Le seul qui se soit accroché assez longtemps sous les airs désintéressé que le jeune Brights montrait dès que quelqu’un semblait s’intéresser à lui. C’était peut-être pour cela aussi que son appartement était désespérément vide. Il était prêt. Prêt à fuir à la moindre occasion. Même demain s’il le fallait. Ce qu’il avait en tête depuis plusieurs années ne serait pas impuni, il le savait.

Ils s’arrêtèrent devant une boutique qui proposait des capes en poil de dragon. De concert, ils grimacèrent. Personne ne le forcerait à porter ce truc.

« Je ne comprendrais jamais rien à la mode. », grogna t-il en s’avançant dans la ruelle. « Comment ça va avec Amé ? », lui demanda t-il avec un clin d’œil en ouvrant la porte du bar « le Sacramentum ». « C’est pas que je m’inquiète mais si un nombre plus élevé de patientes débarquent en pleine déprime à Sainte-Mangouste un de ces jours, au moins je saurais pourquoi. »

Elie se décolla du mur, et tout d’abord, en guise de réponse, afficha un sourire moqueur. Q.. Quoi ? Qu’est-ce qu’il avait encore fait ?

« Un peu. Mais je t’aurais pris pour un imposteur si tu étais arrivé à l’heure. »

Zakary prit un air choqué et étonné. Lui ? Eternel retardataire ? Noooooon, faux, absolument faux ! Des fois il arrivait à être ponctuel, c’était la vérité ! Bon, Elie n’avait peut-être pas pu assister à un tel évènement depuis longtemps, mais… Ouais, d’accord. Il n’avait pas tout à fait tord. Tout en conservant le même air, Zak lui répondit :

« Quoi ?! Tu sais que tu racontes n’importe quoi-là ? Et que tu peux être particulièrement blessant ? »

Ce après quoi il croisa les bras, avec une mine qui voulait dire « t’es trop méchant, j’te boude », et resta comme ça pendant au moins… Trois secondes. Après, faute de crédibilité, il éclata de rire. Elie, lui, le regardait toujours avec un petit air amusé, mais discret. Contrairement à Zakary, le Madicomage avait tendance à se montrer beaucoup moins joyeux ; si la plupart des gens qui se comportaient ainsi l’ennuyaient, ce n’était pas du tout le cas avec Elie. Passé l’épisode du – petit – retard du professeur de vol, son ami enchaîna :

« Comment ça s’est passé à l’hôpital ce matin ? »

Comme d’hab. Il était venu à cause d’un nouveau déboitage d’épaule : on lui faisait boire une potion dégoutante dont il préférait ignorer le contenu, et on lui appuyait d’un coup sec pile là où il avait mal. Sur le coup c’était très douloureux, et deux minutes après, pouf, c’était tout bon.

« Je suis tombé sur une Médicomage d’une cinquantaine d’années, pas très sexy, j’étais déçu. » Nouveau sourire, et il enchaîna, plus sérieux. « Oui, ça c’est bien passé, j’ai plus mal du tout. »

Bon, cela reviendrait dans quelques temps, mais ça ce n’était pas grave. Et puis, depuis dix ans qu’il faisait du Quidditch, il s’en sortait encore assez bien, certains avaient le visage fracassé, déformé à coups de cognards. Lui, c’était son épaule, surtout quand il faisait mauvais dehors. Se promenant doucement, les deux échangèrent un regard dégouté après avoir jeté un coup d’œil à une vitrine de vêtements.

« Je ne comprendrais jamais rien à la mode.
- Oh, je suis sûr que t’as toujours rêvé d’avoir une aussi belle cape… Non ? »

Répondit-il en le taquinant gentiment. Tous deux entrèrent dans un bar, Zakary salua un serveur qui passa pile devant eux.

« Comment ça va avec Amé ? »

Nouveau sourire de la part de Zakary, sincère cette fois. Il répondit aussitôt :

« Super bien ! Je gardais Katy hier soir, et ce matin. Tu la verrais, elle est tout le temps pleine d’énergie, j’ai pas le temps de m’ennuyer. »

Améthyste était formidable. Zakary n’avait pas été aussi amoureux… N’avait pas été amoureux tout court depuis… Et bien depuis qu’elle était partie, en fait ; c’était tellement bon comme sentiment. Cela impliquait évidemment qu’il s’inquiétait pour elle, comme pendant l’attaque du Poudlard Express. Il avait passé un long moment sans savoir où elle était, si elle était oui ou non dans le train, avec Katy ou non, et ne pas l’avoir retrouvée au QG immédiatement après n’avait pas été rassurant non plus. Katy était adorable. Il passait de plus en plus de temps avec elle, et tout portait à croire qu’elle avait trouvé en son père à l’âme d’enfant un formidable camarade de jeu.

« C’est pas que je m’inquiète mais si un nombre plus élevé de patientes débarquent en pleine déprime à Sainte-Mangouste un de ces jours, au moins je saurais pourquoi. »

Il rit à nouveau ; ils s’installèrent à une table, l’un en face de l’autre, tandis que d’autres sorciers étaient pris dans leur conversation respective. Zakary posa son coude sur la table, le poing en dessous de son menton, et resta sur le sujet, un petit sourire aux lèvres :

« Ah ouais, tu crois? » Plaisanta-t-il. Pendant qu’on en parle, t’as trouvé quelqu’un toi ? »

Elie ne put empêcher un sourire légèrement moqueur de pointer le bout de son nez à la réflexion de Zak. Pas très sexy l’infirmière hein ? Personnellement, il s’en fichait de savoir l’infirmière sexy, du moment qu’elle le soignait. En même temps il n’était pas Zak et c’était une grande différence. Ils étaient la thèse et l’anti-thèse. Si Zak était ouvert, Elie l’était moins et il en était de même pour leurs qualités et défauts respectifs.

Preuve encore plus flagrante, Zak était amoureux, complètement amoureux d’Améthyste depuis Poudlard et Elie n’avait pour ainsi dire quasi jamais eu le réel béguin pour une femme. Oh il avait eu quelques flirts, était sorti boire un verre avec une ou l’autre fille qu’il avait trouvé jolie à l’époque mais cela faisait un moment que sa vie sentimentale ressemblait au désert du Sahara. Ce n’était pas l’amour fou de son côté mais n’avait jamais réellement cherché à connaitre quelqu’un. Il rencontrait des femmes, beaucoup mais dès que cela devenait plus sérieux, que la demoiselle en question cherchait à en savoir d’avantage sur lui ou son passé, il devenait froid et distant.

« Ah ouais, tu crois? » Plaisanta-t-il. « Pendant qu’on en parle, t’as trouvé quelqu’un toi ? »

Gloups. Le sujet qui fâche. Evidemment il fallait s’appeler Zakary Cooper pour la poser. Elie joua un moment avec le verre qu’il avait entre ses mains. Allait-il lui parler d’Amber pour qu’il lui fiche la paix ? Depuis la réception, Amber et lui s’entendaient bien. Ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde mais Elie appréciait la jeune femme. De la à la considérer comme éventuelle future petite amie, c’était aller vite en besogne. Ils avaient des caractères totalement différents mais elle avait du répondant et l’anglais appréciait cette qualité. De plus elle était jolie, ce qui n’était pas pour lui être désagréable.

Le jeune Medicomage se racla la gorge. « Pas exactement. », lui fit-il en buvant une gorgée de son verre. S’il ne voulait pas se faire harceler par un Zak curieux, il fallait qu’il soit plus concret. Qu’il était chiant par moments à vouloir toujours le caser. Être célibataire lui convenait parfaitement nom d’un troll. Il avait trouvé l’amour parfait avec Améthyste, qu’il ne le force pas à trouver le sien s’il n’en n’avait pas l’envie. «Il y a bien cette femme qui a débarqué dans le service après le … enfin du sais la prise du Ministère. » Elie s’arrêta. Il n’aimait pas parler politique. Zak le savait, c’était toujours un sujet sensible entre eux deux car il se savait de deux factions différentes. Le caractère enjoué et foncièrement libertaire de Zak allait à l’encontre des principes de sa faction et des Modérés. Moins vite il savait qu’il faisait partie de l’Ombre de la Rose Noire, mieux c’était. Aussi revint-il rapidement au sujet de base : sa vie sentimentale aussi vide qu’une plage de leur pays aux mois d’hiver.

« J’étais pas ravi au début. Tu penses bien, on croule sous les patients et cette imbécile se goure de service. » Hun oui, Elie détestait qu’on le dérange inutilement dans son lieu de travail et Zak le savait peut-être mieux que quiconque. Si Elie mettait autant d’application dans sa recherche de petite amie que dans son travail, plus que probablement, ne serait-il plus célibataire depuis bien longtemps. « Finalement elle nous a beaucoup aidé à préparer les potions et pommades. On s’est revu par après, elle est cool. », termina t-il en lançant un regard à Zak pour voir sa réaction. Quoi il avait dit quelque chose de travers ? Cool, cool, c’est bien non pour décrire une femme ? Oh et puis zut, c’était Zak le spécialiste. Pas lui.

« Pendant qu’on en parle, t’as trouvé quelqu’un toi ? »

Argh. La question qui tue ! Zakary connaissait bien Elie : c'était bien simple, même un poisson rouge avait une vie sentimentale plus trépidante que lui ! Pourquoi la poser, alors, me demanderez-vous ? C'était bien simple, messieurs-dames ! Pour le plaisir d'embêter son ami – ou bien espérant que cela ait changé depuis la dernière fois, mais il ne se berçait pas trop d'illusions. Il adorait le taquiner, sur n'importe quel sujet : ses relations amoureuses inexistantes, son appartement encore vide et plein de cartons, malgré qu'il ait largement eu le temps de les déballer, sa capacité à se terrer chez lui sans sortir, tel un ermite, ou encore son caractère boudeur. Mais après tout, Elie savait bien que Zakary rigolait (certes, ils ne trouvaient pas cela aussi amusant tous les deux, les plaisanteries de l'ancien Serdaigle parfois/souvent pas très recherchées), et jamais il ne se serait permis de l'embêter s'il ne l'aimait pas autant. Elie laissa une sorte de gros blanc s'installer, occupé avec son verre, se racla la gorge, et déclara enfin :

« Pas exactement. »

Zakary, toujours dans la même position que précédemment – coude posé sur la table, poing sous le menton – eut un sourire presque immédiat, et arqua un sourcil. Pas exactement ? C'était quoi cette réponse qui laissait sous entendre tellement de choses ? Pas exactement... Presque ? C'était en cours de route ? Auquel cas, sortez le champagne, il faudrait fêter un tel événement ! Pas exactement... Il avait trouvé un homme ? Non, Zakary n'avait pas précisé le sexe de la personne en question. Ou finalement, troisième option, « pas exactement », pas du tout, auquel cas ce serait vraiment très, très décevant.

« Il y a bien cette femme qui a débarqué dans le service après le … enfin du sais la prise du Ministère. »

Humpf... La prise du Ministère. Elie était bien la dernière personne avec qui Zakary souhaitait en parler. S'il pouvait partager tout, absolument tout avec lui, il y avait néanmoins une exception : la politique. En effet, c'était un sujet à bannir. Elie n'appartenait pas à l'Ordre, Zakary ne lui avait jamais posé de question là-dessus, et il ne voulait pas en savoir plus. Il priait simplement pour que jamais, jamais il n'ait à se battre contre le Médicomage. Il s'était déjà posé la question : et si un jour en mission, ou dans une bataille comme celle du Chemin de Traverse, ou encore dans le Poudlard Express, ils se retrouvaient confrontés l'un à l'autre ? Comment réagirait-il ? Il n'avait pu apporter aucune réponse à cette question, songeant qu'il fallait simplement que cela n'arrive pas, et tout serait mieux ainsi.

Zakary se redressa, le quittant des yeux simplement le temps d'un battement de cil, et prit une gorgée lorsque le serveur arriva avec leur commande.

« J’étais pas ravi au début. Tu penses bien, on croule sous les patients et cette imbécile se goure de service. 
- Suffisamment énervante pour qu'elle retienne ton attention, visiblement... »

Ajouta Zak spontanément. A priori, Elie avait un faible pour les personnes qui l'agaçaient. Comme détaillé précédemment, il supportait depuis Poudlard l'ancien Serdaigle, qui était pourtant son exact opposé, et donc il ne pouvait à présent plus se passer. Oh, ça, il ne lui avait jamais dit en face, évidemment. Mais Zakary en était persuadé, ça aussi, c'était un bon élément pour le taquiner !

« Finalement elle nous a beaucoup aidé à préparer les potions et pommades. On s’est revu par après, elle est cool. »

Une étincelle de malice, presque dangereuse pour quiconque serait sa future victime, s'alluma dans le regard de Zak. Une fille – femme, pour citer ses propres mots – cool ? Qui travaillait avec lui ? Oh-oh... Il y avait anguille sous roche, il était de son devoir – pour satisfaire sa curiosité naturelle – de se renseigner ! Et au final, il n'avait toujours pas quitté Elie du regard, c'était un autre énième point qui avait pour don d'agacer le Médicomage-ermite. Zakary sentait son agacement, qui n'en était pas vraiment un, puisqu'il l'aimait quand même, et cela le fit rire.

« T'aimes pas quand je t'observe, hein? » De l'observation ? De la fixation, plutôt. Passons aux choses sérieuses, maintenant... « Elle doit être vraiment particulière pour avoir retenu ton attention. Qu'est-ce qu'elle a, des yeux qui font apparaître des cognards ?! » Il accompagna cette phrase d'un mime, rien qu'avec son regard à lui. « Ou non... Elle est championne du monde de randonnée ! C'est forcément ça. En tout cas, elle est forte pour avoir retenu ton attention, faudrait lui décerner une médaille ! Comment elle s'appelle d'ailleurs ? Je la connais ? Dis-moi tout, je t'écoute. » Déclara-t-il finalement, sur un faux ton qu'aurais pris un psychologue, un léger rire s'échappant d'entre ses lèvres, avant de finalement quitter Elie des yeux pour reprendre à boire.

La politique, voilà un sujet qu’ils n’abordaient jamais. Et si par malheur le sujet venait à s’intercaler entre deux phrases, il se retrouvait balayé au second plan. Comme ses relations amoureuses inexistantes par exemple. L’anglais tiqua à la réflexion de son ami. Suffisamment énervante pour que QUOI ? Que sous-entendait-il par-là, qu’il était quelqu’un de compliqué, qu’il aimait les personnes chiantes et profondément agaçantes ? Ignorant superbement la remarque qui ne manquait pourtant pas de bon sens. S’il n’appréciait pas ces deux catégories de personnes, pourquoi restait-il avec Zak, pire encore pourquoi l’avait-il choisi lui, comme meilleur ami … la réponse était simple. Elie s’imagina un moment la tête d’un sorcier tout aussi ennuyeux que lui à la place de Zak. Le Medicomage secoua légèrement la tête, non, impensable.

STOP !

Une minute. Retour en arrière. Zoomons. Oui, là. Là. Elie claqua de la langue avec agacement. D’abord cette remarque totalement fausse (non non non il n’était pas intéressé par Amber) et maintenant CE regard ? L’ancien Poufsouffle regarda un point derrière la tête de son meilleur ami pour ne pas faire attention à cette lueur joueuse qui y brillait. Il n’avait pas envie d’entendre ce que Zak allait lui dire.

« T'aimes pas quand je t'observe, hein? »

Son regard dévia de ce point imaginaire si intéressant pour retomber sur le visage de celui qui réussissait sans cesse à l’embêter de toutes les façons possibles. Comme maintenant.

« Je n’aime pas me sentir observé. », se justifia t-il. « Tout n’a pas forcément un rapport avec toi. » Mais le sourire était toujours présent. Par Merlin, il avait envie de le lui arracher parfois ce stupide sourire qui prévenait un flot de parole incessantes sur sa pseudo relation avec Amber. Il n’était pas avec Amber, ne VOULAIT pas sortir avec Amber et une fois pour toute il était très bien célibataire. Mais Zak étant Zak, quoiqu’il dise, il continuerait. Rien ne l’arrêterait, pas vrai ?

« Je te jure que si tu commences … » (‘Je t’appelle Cooper jusqu’à la fin de ta vie et je t’envoie chier à chaque fois que tu m’approches’) Plops, dans le vent. L’aiglon n’entendit jamais le fond de sa pensée. Il avait déjà commencé, telle une mitraillette, sans prendre de pose pour recharger.

« Elle doit être vraiment particulière pour avoir retenu ton attention. Qu'est-ce qu'elle a, des yeux qui font apparaître des cognards ?! »

« Pas à ma connaissance, mais si tu veux des Cognards regarde les miens. », lui balança t-il encore un peu plus énervé. Ses doigts sur sa chope se crispèrent jusqu’à la fin de son discours. Une médaille ? Mais c’est qu’il se foutait de lui en plus !

« Dis-moi comment j’ai fait pour te supporter aussi longtemps. JE mérite une médaille. Améthyste aussi. D’ailleurs en parlant d’Amé, quand est-ce que tu te lances. Elle doit l’attendre de puis que vous vous êtes retrouvé cette demande. Aurais-tu peur ? », lui rétorqua t-il en changeant drastiquement de sujet. Parler des autres et non de lui, voilà ce qu’il savait faire. Là, il devait se l’avouer, il était devenu un véritable chef en la matière. Ses doigts se détendirent instantanément lorsqu’il porta le verre à ses lèvres.

Alors Zak, quand est-ce que tu vas l’épouser ta chère Améthyste ? J’attends ...

« Je n’aime pas me sentir observé. »

Zakary haussa les épaules, toujours un sourire malicieux, presque enfantin aux lèvres. Qu'Elie soit observé par lui, la petite vieille qui venait de passer devant le bar, la serveuse, le ministre de la magie, un troll des cavernes ou le pape, cela ne changeait absolument rien. Si ? Donc en fait, sa justification n'avait aucun sens, puisqu'au final, c'était du pareil au même.

« Tout n’a pas forcément un rapport avec toi. »

Han ! Le goujat ! Zakary savait très bien que tout ne tournait pas toujours autour de lui, non mais. Faisant preuve d'une très grande maturité, il lui tira la langue. Certes, l'attrapeur n'était pas toujours l'incarnation de la modestie elle-même, mais... Enfin bon, voilà quoi. Elie racontait n'importe quoi parce qu'il détestait qu'on le fixe. L'ancien Poufsouffle ouvrit la bouche, mais paf ! Trop tard, Zak était déjà parti dans son discours, presque un monologue, et il s'arrêta seulement quand lui et lui seul eut décidé que ça y est, il avait dit tout ce qu'il pouvait imaginer. Quand il se tut, il aborda un nouveau sourire malicieux, fier de lui et amusé par l'expression d'Elie. Comme c'était facile de l'agacer !

« Pas à ma connaissance, mais si tu veux des Cognards regarde les miens. »

Ca, si c'était une tentative pour effrayer le professeur de vol, et bien c'était raté. Totalement tombé à l'eau ! Nul ! Naze, zéro, nada ! Zakary éclata de rire, vraiment trop content de lui. Il prit son verre entre ses mains, l'approcha de ses lèvres, mais se ravisa : s'il continuait à rire, il serait difficile de boire sans s'en mettre partout. Mauvaise idée, donc. Continuant sur le ton de plaisanterie, il ajouta :

«  Je t'ai vexé ? Ooooh, chouchou... Il faut pas avoir honte, tu sais !  »

Bien-sûr que non, Elie n'était pas vexé, il n'avait pas honte. Il avait certainement juste un peu de mal pour parler de lui, tout au fond, et se cachait derrière des fausses menaces qu'il ne mettrait de toute façon jamais à exécution. Pas sur Zakary, du moins, il en était persuadé. Conservant le même ton agacé (et si ça se trouve, il l'était vraiment?), Elie ajouta :

« Dis-moi comment j’ai fait pour te supporter aussi longtemps. JE mérite une médaille. Améthyste aussi. D’ailleurs en parlant d’Amé, quand est-ce que tu te lances. Elle doit l’attendre de puis que vous vous êtes retrouvé cette demande. Aurais-tu peur ? »

Zak répondit d'abord, de façon spontanée :

«  Pfeuh, n'importe quoi ! Sans moi tu t'ennuierais, tu aurais une vie monotone et sans aucun intérêt. Enfin pas totalement mais... Y a des chances. Et puis de toute façon... » Il haussa les épaules. «  Tu veux pas le dire, mais je suis sur que tu m'aimes trop, en vrai. » Nouveau petit sourire malicieux. «  Quant à Amé, je... Roh, c'est moche de changer de sujet aussi brusquement ! »

Il baissa légèrement la tête et détourna le regard, laissant par la même occasion un léger blanc s'installer. Un petit rire s'échappa à nouveau d'entre ses lèvres, mais cette fois-ci, plus nerveux. Il ne s'amusait jamais à énerver volontairement sa belle, non, leurs jeux à tous les deux étaient différents. Oh, il était clair qu'il l'aimait comme un fou, mais il n'était pas certain d'envisager une demande en mariage pour le moment. Il l'avait retrouvée depuis un peu plus de six mois, et si on laissait de côté la politique, tout allait pour le mieux mais... Ils avaient encore du temps devant eux ! Et justement, en parlant politique, le temps n'était pas au beau fixe ; peut-être qu'il valait mieux attendre que les choses se rétablissent. Ou au contraire, qu'il était plus que temps de se faire plaisir et de se jeter à l'eau, tout dépendait des points de vue. Retrouvant le regard d'Elie, il lui répondit, soudainement beaucoup moins sûr de lui :

« Tu sais... Tu m'aurais parlé de ça il y a six mois, je crois que j'aurais trouvé ça ridicule et très drôle. Mais là, je sais pas c'est... Trop bizarre. » Il regarda ses mains, jouant machinalement avec son verre, et reprit. «  Je l'aime, et je ne veux personne d'autre que elle ; mais par contre, je ne voudrais pas non plus avancer trop vite. Pour l'instant, on est bien comme ça, et elle aussi... Enfin je crois, donc on verra bien dans quelques temps. » Il ajouta finalement, un nouveau sourire aux lèvres, amusé rien qu'en imaginant Elie: «  Et puis le jour où je me marie, tu seras mon témoin. T'as pas le choix. »

« Pfeuh, n'importe quoi ! Sans moi tu t'ennuierais, tu aurais une vie monotone et sans aucun intérêt. Enfin pas totalement mais... Y a des chances. Et puis de toute façon... » Il haussa les épaules. « Tu veux pas le dire, mais je suis sur que tu m'aimes trop, en vrai. » Nouveau petit sourire malicieux. « Quant à Amé, je... Roh, c'est moche de changer de sujet aussi brusquement ! »

Un sourire passablement moqueur naquit sur le visage d’Elie. Comment ça c’était injuste ? Et à bien y réfléchir, il ne changeait pas réellement de sujet. Ils parlaient de hum … sentiments ? Cependant Elie ne répliqua pas, laissant le silence s’installer pour le laisser réfléchir à la réponse. S’il relançait le sujet, c’était fini et Zak ne se pencherait jamais sur la question. Ou sinon dans un futur très très très très lointain. Rien de mieux qu’une avancée sur le sujet (sans trop de délicatesse, il fallait se l’avouer) pour obtenir quelques informations. Il n’était pas un journaliste véreux en quête de sensation forte pour un journal qu’il ne lisait jamais, non. Zak était juste son meilleur ami et, c’était vrai, il avait retrouvé Amé, sa fille. Qu’attendait-il bon sang. Il n’y avait pas dix solutions. Soit il l’aimait, soit il ne l’aimait plus. C’était peut-être un peu plus compliqué mais reste qu’ils passaient beaucoup de temps ensemble et que la demoiselle n’attendait surement qu’une chose : qu’il se bouge les fesses. Et s’il lui fallait un coup de pied dans l’arrière train pour se décider, Elie serait ravi de le lui donner.

Laissant son ami dans une réflexion intense, Elie songea à ce que le joueur de Quidditch lui avait dit pour se défendre quelques instants plus tôt. S’ennuierait-il sans Zak ? Il avait souvent pesé le pour et le contre, répondu vaguement comme à chaque fois qu’un sujet le touchait d’un peu trop près. Que se passerait-il si Zak et Améthyste venaient à déménager loin de Londres, de l’Angleterre. Le pays était dangereux pour tous, pour la petite et Améthyste, il le savait, n’était pas contre l’idée de partir si cela tournait mal, si cela devenait trop compliqué. Et, il en était presque certain, si maintenant, elle lui demandait de partir à ses côtés. Sa réponse serait positive. Il ne se risquerait pas à la perdre une seconde fois. Comment prendrait-il la nouvelle ? Mal, bien ? Mi figue, mi raison. Mitigé. Il serait ravi pour Zak et ne montrerait pas ses sentiments comme souvent. Lorsqu’il ressentait quelque chose pour une personne, il fallait le secouer pour qu’il avoue. La spontanéité n’était pas ce qui le caractérisait le plus. Il mettait bien souvent très, trop longtemps à se rendre compte de ces émotions jusqu’alors inconnues. C’était bien simple. Pour Zak il lui avait fallut un Cognard trop bien placé pour se rendre compte qu’il tenait réellement au jeune homme. Depuis même si très bon, son jeu au Quidditch était devenu moins brutal.

La voix de son ami le sorti de ses pensées et le sourire moqueur s’effaça pour laisser place à un visage attentif à ce que Zakary Cooper allait lui révéler.

« Tu sais... Tu m'aurais parlé de ça il y a six mois, je crois que j'aurais trouvé ça ridicule et très drôle. Mais là, je sais pas c'est... Trop bizarre. Je l'aime, et je ne veux personne d'autre que elle ; mais par contre, je ne voudrais pas non plus avancer trop vite. Pour l'instant, on est bien comme ça, et elle aussi... Enfin je crois, donc on verra bien dans quelques temps. Et puis le jour où je me marie, tu seras mon témoin. T'as
pas le choix. »

Un air ahuri se dessina sur son visage. Lui, témoin, avec tous ces Phénix ? Il rêvait là non ? C’est vrai, il voulait que Zak se lance, qu’il fonde enfin la famille de ses rêves mais il s’était oublié dans le tableau. « Comment ça j’ai pas le choix. Et la liberté d’expression, t’en fais quoi ? », grogna t-il légèrement paniqué. Il s’efforçait à ne pas le montrer mais parler devant tout une assemblée alors qu’il n’était pas doué avec les mots ni avec les gens s’annonçait difficile voire impossible.

« Ca veut dire discours et tout le tralala ? », s’agita t-il nerveux alors que le serveur leur amenait une deuxième tournée. L’alcool le rendait instable et imprévisible. C’était le dernier qu’il se prenait après il irait prendre l’air pour s’aérer l’esprit et les poumons. Il avait besoin d’oxygène. Pourquoi lui avait-il parlé de mariage ? Il aimait rester dans son petit monde ou ne se trouvaient que lui et lui. Se retrouver face à une centaine de personnes le paniquait complètement et il s’imaginait déjà tétaniser avec sa feuille blanche (parce que tellement mort de trac qu’il n’aurait pu écrire une ligne), lancer un « vive les mariés » et s’éclipser ni vu ni connu pour rentrer chez lui. Les réunions de foules, il détestait cela.

« Oui, t’as raison. Vaut mieux pas se presser. Si vous êtes bien à deux … non à trois. », rectifia t-il. « C’est le principal. Et comme elle t’aime, t’attendre ne l’énervera pas. Elle saura être patiente. » Ce petit discours était une ode à Zak contre le mariage, contre cette demande alors qu’il lui avait posé la question. Il n’arrêtait pas de se contredire et se dit qu’il était bon de ne pas terminer son verre en fin de compte. Tout en se massant les tempes il articula : « Enfin tu fais ce que tu veux. Toi qui décides au final. », lui sourit-il en regardant la porte par laquelle ils étaient rentrés. « Ca t’ennuie si on sort maintenant ? », lui demanda t-il pour ne pas lui dire qu’un mal de tête commençait à pointer le bout de son nez. Oui, l’alcool et lui n’étaient pas les meilleurs amis du monde.

« Comment ça j’ai pas le choix. Et la liberté d’expression, t’en fais quoi ? »

Zakary éclata de rire. Ce genre de rire qui vient du fond du cœur, communicatif, pur, d’une parfaite limpidité. Oh, bon sang, il adorait Elie ! Même si le jeune médicomage ne le faisait pas exprès, Cooper le trouvait vraiment trop marrant ; c’était peut-être en partie pour ça qu’il l’aimait autant. Il se ressaisit une seconde et demie : « La… La liberté d’expression ?! Mais où est-ce que tu vas chercher des trucs pareils ? » puis repartit dans un nouveau fou rire. De toute évidence, l’annonce qui venait d’être faite n’amusait pas autant Elie que Zak, mais bah, tant pis. Une fois calmé, l’attrapeur se perdit un instant dans ses pensées. La liberté d’expression… Qui pensait que ce genre de chose existait encore par les temps qui couraient ? Quand chacun des propos donné en public était passé au peigne fin, découpé, décomposé, adapté pour plaire à la société et surtout à ses dirigeants, modifié. Quand faire un pas de travers était souvent la clef pour se retrouver à Azkaban ou disparaître mystérieusement. Seulement, il garda ses pensées pour lui : il était de bonne humeur, Elie également, inutile de gâcher un tel moment en parlant politique. C’était toujours un sujet délicat entre eux, alors ils l’évitaient tous deux, puis tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

« Liberté d’expression ou pas, je m’en fiche, t’auras pas le choix je t’ai dit. Quitte à te traîner de force, j’irais te chercher chez toi, tu pourras pas te cacher. »

Il ajouta à ces propos un petit sourire malicieux et un regard pétillant. Zakary reprit à boire, quand le serveur apporta la deuxième tournée. « Ca veut dire discours et tout le tralala ? » Il acquiesça d’un signe de tête et reposa son verre. L’attrapeur avait la capacité de parler de façon volubile, même parfois un peu trop mais Elie beaucoup moins : bah, il ferait bien un petit effort, juste une fois, pour lui.

« Oui, t’as raison. Vaut mieux pas se presser. Si vous êtes bien à deux … non à trois… C’est le principal. Et comme elle t’aime, t’attendre ne l’énervera pas. Elle saura être patiente. » Nouveau petit sourire amusé. Elie qui sortait des paroles d’une immense sagesse parce que parler devant une foule de personnes lui faisait peur… Il était timide ce petit, comme c’était mignon. « Ah ben t’as changé d’avis du coup ? » Elie conclut en déclarant que de toute façon, c’était lui qui décidait. Oh, ça, c’était sûr, il était question de son mariage – bon, à Améthyste aussi, évidemment, parce qu’on ne se marie pas seul – et bien qu’évoquer une telle chose lui paraissait étrange, il se doutait que ça ne saurait tarder. Enfin bon.

« Ca t’ennuie si on sort maintenant ?
- Bien-sûr que non. »

Et vu qu’une serveuse passait à côté, Zakary l’interpella avec un sourire étincelant (parce qu’elle était mignonne) : « Mademoiselle, je pourrais avoir l’addition s’il-vous-plaît ? » La demoiselle passa au comptoir du bar, et deux minutes plus tard, elle était retour. Zak paya pour Elie et lui sans laisser le temps à son ami de protester, à supposer qu’il ait voulu faire autrement, laissant même un pourboire. Ils se levèrent, et le jeune attrapeur suivit Elie en direction de la sortie, après avoir laissé passé une dame d’une cinquantaine d’années, enveloppée dans une écharpe visiblement en fourrure de Nubbin. Pauvre petite bête.

L’air frais de la rue commerçante lui fit du bien. La tête ne lui tournait pas encore et il marchait parfaitement bien mais l’alcool lui donnait facilement mal à la tête. Il écouta distraitement Zak et eut un sourire moqueur en l’entendant demander l’adition. Zak était un charmeur, personne ne le changerait. Pas même Améthyste si elle essayait. Sans l’attendre réellement, le Medicomage se dirigea vers l’une des ruelles perpendiculaires, un peu à l’écart de tout ce boucan qui ne faisait qu’amplifier ce début de migraine qu’il tentait d’esquiver. Il avait déjà tourné à gauche lorsqu’il entendit les pas de Zakary se rapprocher plus vite à chaque fois. Bon signe, il avait arrêté de charmer la serveuse. Elie hésita à marcher un peu plus vite juste pour l’embêter un peu plus mais s’arrêta lorsqu’il aperçu deux sorciers d’un âge plutôt mur s’en prendre à un gosse qui ne devait pas en avoir plus de huit.

Ses poings se serrèrent lorsqu’il avança tranquillement en pointant sa baguette vers ces deux sorciers. « Accio baguettes. » Ces dernières volèrent agilement dans sa direction et les deux idiots sursautèrent. Il détestait que l’on s’en prenne aux plus jeunes. Se chamailler avec les gosses de son âge était normal mais s’attaquer à quelqu’un qui n’était pas de taille à te combattre mettait Elie dans une colère sourde. Son regard se durcit dans la direction des deux coupables. Les flash lui revinrent en pleine gueule mais il resta plus ou moins calme et fit passer les baguettes des deux jeunes adultes d’une main à l’autre.

« La baguette choisi son sorcier ... peut-être préférerait-elle qu'on la brise en ce moment. », commença t-il en prenant les baguettes par leurs bouts. Il n’allait pas briser leur baguette parce qu’il avait vu la tête de ses patients, celle de Ashley. Il ne voulait pas en arriver jusque là. Mais il pouvait leur faire peur. Les baguettes étaient en sa possession et il pouvait tout faire s’il le désirait. Là il avait juste envie de leur foutre la trouille et de les cogner si cela n’était pas suffisant. « S'attaquer à un gosse... lâches. Imaginez, dix, vingt ans plus tard alors que vous ne serez plus que deux gros buveurs plein de graisses. Que fera ce gosse s’il vous reconnait… devinez ce qu’il fera ou ne fera pas s’il est assez intelligent pour remarquer que vous n’en valez pas la peine. Allez, allez, faites fonctionner ces maigres neurones qu’il vous reste … en imaginant que vous en ayez déjà eues. » Elie soupira et secoua la tête. Sans s’en rendre compte, à chaque parole il s’était rapproché des deux garçons. « J'vois même pas pourquoi j'perds mon temps avec deux trolls comme vous. » Sa voix était devenue sifflante lorsqu’il tendit la baguette aux intéressés. L’idée de détruire les baguettes était toujours aussi bien présente dans sa tête mais son poing se serra. Rapide comme l’éclair, il plaqua celui qui était le plus proche contre un mur. Pas assez fort pour une commotion, juste assez pour qu’un bel hématome se forme et lui laisse un beau souvenir sur sa face de limace écrasée. Un sifflement à droite le fit se retourner en laissant l’imbécile sur le mur. Un craquement retenti, une plainte de douleur, poignet cassé. Elie sourit. Cela avait du bon d’être Medicomage.

« Amateur. », grogna t-il en reculant pour le regarder droit dans les yeux. Il savait que l’autre répliquerait. Probablement l’attaquerait-il par derrière avec ce qu’il aurait sous la main. Le problème pour les lâches était que leurs parades étaient faciles à contourner. Tellement faciles qu’Elie ne recula pas à temps et se pris un joli coup dans les gencives. Par la barbe de Merlin, la potion qu’il devrait prendre était infecte en plus.

« Ca mon vieux, tu vas le regretter. »

Et les coups partirent.

Le temps de payer, Zakary sortit à son tour. Regard à gauche, regard à droite le temps de retrouver Elie qui avait commencé à s’en aller sans lui. Le contraire aurait été étonnant, d’ailleurs. Il soupira, accéléra l’allure avant de finalement ralentir : tant pis, il finirait bien par l’attendre, après tout. L’attrapeur glissa une main dans sa poche en quête d'un paquet de cigarettes, l'attrapa et releva la tête. Elie s'était arrêté, mais visiblement par pour l'attendre. Coup d’œil rapide, résumé de la situation. Le Médicomage, de dos, qui semblait parler à deux gars, environ vingt ans, ils devaient être à peine plus jeunes qu'eux deux. Et enfin, plaqué contre un mur, un gamin, il ne devait approximativement pas être bien plus vieux que Katy. Autrement dit, sept-huit ans. Intrigué, Zakary fronça légèrement les sourcils et rangea rapidement ses clopes dans sa poche. Il s'en grillerait une plus tard. Quand il s'approcha, le premier des types venait de lâcher le petit, qu'il tenait alors par le col. Le Médicomage, quant à lui, avait récupéré les deux baguettes.

Quand l'ancien Serdaigle arriva à sa hauteur, Elie était tout proche des deux types. Et le regard qu'il leur lançait... En le connaissant très bien, Zakary pouvait affirmer que cela ne présageait rien de bon. « Un problème ? » demanda le joueur de quidditch, à présent bel et bien sérieux. Le gamin, appuyé contre le mur, avait les larmes aux yeux. Les deux autres avec leur tête de chien de garde fusillaient Elie du regard. Ah, non ! Interdiction ! Personne n'avait le droit d'être méchant avec lui, non mais. Visiblement, le garçon avait eu quelques problèmes avec eux. Racket, violence gratuite ? Une autre monstruosité du genre ? Ah, ça c'est sûr que s'en prendre aux plus jeunes, c'était beaucoup plus simple. Surtout à deux, d'ailleurs. Bon sang, c'était moche, vraiment très moche.

« J'vois même pas pourquoi j'perds mon temps avec deux trolls comme vous. »

La preuve vivante qu'Elie Brights était un type bien, malgré son caractère renfermé et ses difficultés à sourire. Oh, ça, Zakary en était persuadé depuis toujours, sinon il ne l'aimerait pas autant. Et puis... Quelqu'un qui travaillait à Sainte-Mangouste pour soigner des enfants était forcément quelqu'un avec un bon fond, pas vrai ? Le Médicomage ayant pris les devants, pour le coup, lui il se retrouvait un peu à la ramasse.

Bam. En deux temps, trois mouvements, le premier des sorciers se retrouva écrasé comme un moustique contre le mur. Bien fait pour lui, il n'avait qu'à ne pas s'attaquer à un pauvre gosse sans défense. Le second n'eut pas le temps d'agir que déjà, un craquement sinistre se fit entendre. Aïe. Son poignet...

Ca, ça sentait le combat de rue à plein nez. Alors Zakary se décala, non pas pour les laisser se taper dessus à leur aise – si ils pouvaient éviter, ce n'était pas plus mal – mais pour faire attention au petit. Il l'attrapa par le bras et l'emmena deux trois mètres plus loin, à l'abri des deux brutes. En restant collé contre son mur, il avait toutes les chances de recevoir quelqu'un un peu trop brusquement. « Ca va ? » lui demanda-t-il calmement. Le garçon hocha rapidement la tête, les yeux aussi gros qu'un vif d'or. Visiblement il avait eu/avait peur... Normal, pensa-t-il. Pauvre petit...

Il eut tout juste le temps d'apercevoir un poing se loger en plein dans la figure d'Elie. Zakary se redressa brusquement. « Hey ! » Ah non, non et non, personne n'avait le droit de toucher ne serait-ce qu'un seul de ses cheveux, ou ça se passerait mal. Bon. Etant donné qu'il était hors de question de laisser Elie se faire frapper dessus seul face à deux lâches, deux possibilités s'offraient à lui. Soit il tapait aussi sur les « trolls », soit il essayait de les séparer. A vrai dire, il ne prit pas le temps de réfléchir et s'élança vers le charmant petit groupe ; essayant au passage d'éviter les coups qui jaillissaient dans tous les sens. Elie rouait de coups le premier des types, et c'est certainement à cet instant que Zakary réalisa qu'en fait, il ne l'avait jamais vu énervé. Vraiment énervé. Bon sang. Comme ça, il avait de quoi faire peur. Le second, le nez déjà ensanglanté, s'était écarté pour ramasser une barre en fer qui traînait par terre. Le lâche. En essayant de la lui enlever – et envoyant au passage un coup dans la mâchoire du type – Zak reçut un coup dans les côtes. Il jura ; l'enfoiré. Fini de jouer. Le souffle court, il lança un « Everte Stanum! » sur chacun des sorciers. Ils s'envolèrent rapidement pour finir au sol, un peu plus loin dans la ruelle. Elie s'apprêtait à retourner s'occuper de leur cas ; alors, agissant toujours sous le coup de l'impulsion, Zakary le plaqua contre le mur, essayant tant bien que mal de l'immobiliser. « Elie ! » Incontrôlable. Il était devenu incontrôlable. Une véritable bombe à retardement. « Elie, calme-toi ! » Forcément, il ne l'écoutait pas. Coup d’œil rapide sur le côté, les deux mecs se relevaient et s'approchaient, visiblement moins surs d'eux. « Barrez-vous ! » leur ordonna-t-il. Le Médicomage les avait bien amoché ; ils n'hésitèrent pas très longtemps. Zakary lâcha ses bras pour poser ses mains sur le visage d'Elie, l'obligeant ainsi à le regarder dans les yeux. Pour l'agacer, il était doué et était sûr de réussir à tous les coups ; pour le calmer, c'était une autre histoire. Surtout dans un tel état... Sur le coup, il ne chercha pas à comprendre pourquoi il entrait dans une aussi grande colère. Certes, s'attaquer à un enfant, c'était vraiment moche, mais Elie était ici réellement impressionnant. Zakary reprit plus calmement : « Ils sont partis, Elie. Doucement... Je pense qu'ils ont compris. »

Une colère sans nom s’était emparée de lui. Il s’était souvent demandé comment il réagirait lorsqu’une telle scène se déroulerait devant ses yeux. Il avait la réponse. Il était brutal et tout aussi lâche que ses deux jeunes car eux aussi n’avaient pas son âge, sa force. Mais il s’en fichait, complètement. Tout ce qu’il voyait était cette scène, celle qu’il avait vécue des années plutôt sans réellement visualiser ce qu’il s’était réellement passé pour lui. Il y avait eu comme un blocage. Son esprit refusait de lui montrer ce qu’il s’était réellement passé. Mais la peur, la rage, la haine qu’il avait ressenties au plus profond de lui, il ne les avait jamais oublié et ne les oublierait jamais. Quelque chose c’était brisé au plus profond de lui ce jour-là.

Alors oui c’est vrai, cogner des gosses d’une vingtaine d’année n’était pas très orthodoxe pour leur montrer qu’il ne fallait pas s’en prendre à plus jeune que soit mais c’était la même. Le bruit de l’os cassé, de son poing qui s’attaquait à la joue, au nez de ces stupides jeunes lui faisaient un bien fou. C’était un avant gout, un avant gout de ce qu’il se passerait lorsqu’il les aurait sous la main. Putain c’était jouissif par Merlin. Toute cette colère, cette hargne planquée depuis des années ressortait en une tempête violente qui ne voulait pas s’arrêter.

Il ne faisait pas attention, plus attention. C’est à peine s’il entendait la voix de Zak ni même senti le crochet droit lui toucher le nez. Il allait avoir une salle tête mais qu’est-ce qu’il s’en fichait. Pour un peu il en rierait. Ce n’était rien, rien du tout. Il ne ressentait rien, pas la moindre douleur lui vrillant le nez pour lui rappeler qu’il avait mal, qu’il ressentait la douleur comme tout être humain. Cette douleur là restait tellement minime face à ce qu’il avait ressenti auparavant qu’il avait l’impression que tout ceci n’était qu’une grande plaisanterie. Et ils appelaient cela, se battre ?

Elie, calme-toi !

Non ! Wow, que se passait-il ? Pourquoi était-il immobilisé d’un coup ? Elie senti deux mains se poser sur son visage et se raidit, leva la tête et le fusilla du regard. Quelque part tout au fond de lui se trouvait toujours ce petit garçon terrifié qui refusait tout contact avec les autres. Meilleur ami ou pas, Cooper n’avait pas le droit, aucun droit. Le Medicomage tenta de se dégager de l’emprise de l’attrapeur d’Angleterre mais ce dernier ne lâchait pas prise et s’obstinait à vouloir accrocher ses yeux aux siens comme pour le cerner, le deviner, trouver ce qu’il n’avait jamais pu dire à personne, sauf à Danae.

« Ils sont partis, Elie. Doucement... Je pense qu'ils ont compris. »

Le Medicomage senti les battements de son cœur ralentir pour finalement revenir à la normale. Cooper pouvait le lâcher maintenant, il allait bien. Parfaitement bien. Ce n’était qu’une crise de colère passagère qui venait de se terminer. Il était calme, rien n’allait arriver alors bon sang pourquoi ne le lâchait-il pas ? Devait-il se montrer froid et sec pour qu’il accepte de le libérer de son emprise ? Elie ferma les yeux pour se détacher de ce regard brun trop franc, trop inquiet et remplis de questions auxquelles il ne voulait pas répondre. « Lâche-moi. », murmura t-il d’une voix froide. Il senti Zak reculer sans dire un mot. Il n’allait pas bien, savait que cet épisode ferait remonter des souvenirs qu’il s’efforçait de chasser. Ses cauchemars allaient revenir et lui faire cadeau de quelques nuits blanches successives et diriger sa rancœur vers Zak n’était peut-être pas sa meilleure idée mais il avait besoin d’espace et, surtout, n’avait jamais supporté les contacts et encore moins les contacts aussi proches. Il avait besoin d’un minimum d’espace vital pour se sentir mieux, pour récupérer ses moyens et de ce dire que, oui, il pouvait gérer, surmonter ses crises qui pouvaient venir sans prévenir alors que, non, il ne le pouvait pas. Dans ces moments-là, il était ingérable et cela le terrifiait.

Qu'est-ce qui se passait, qu'est-ce qui s'était bien passé ? Le joueur de Quidditch n'en avait absolument aucune idée. Si petit à petit il avait appris à connaître Elie, d'ordinaire calme, jamais il n'aurait imaginé une telle... Explosivité, une telle violence chez son meilleur ami. Il était terriblement simple de l'agacer, mais de l'énerver vraiment, ça, c'était toute autre chose. Au fond, il ne l'avait certainement jamais vu dans un tel état. Alors bien évidemment, Zakary trouvait qu'oser s'en prendre à un gosse était absolument ignoble, oui, certes. Elie avait-il simplement voulu jouer au super-héros qui défend la veuve et l'orphelin face aux grands méchants, ou bien y avait-il une autre raison à cet excès de colère soudain ? Zakary n'en savait trop rien, mais il optait pour la deuxième solution. Il serait plus simple de lui poser les questions directement, là, en face, mais c'était une idée idiote. Jamais Elie ne lui répondrait. Pas dans un tel état. Au fond, il lui faisait parfois penser à une petite bête sans défense qui se recroquevillerait dans sa carapace. Il ne fallait pas le brusquer, y aller tout en douceur.

« Lâche-moi. » Ordonna-t-il dans un souffle. Zakary hésita un moment. Il le sentait trembler de rage sous ses mains, ses yeux lançaient des éclairs mais il n'en avait pas peur. C'était pour Elie qu'il s'inquiétait. Pour Elie qu'il connaissait, qu'il avait toujours connu et pour celui qu'il venait de découvrir à l'instant. Les deux abrutis devaient déjà être loin, à présent. Alors il se ravisa, il était inutile d'immobiliser le Médicomage plus longtemps, d'autant plus que ce n'était pas le moment de le contrarier. La preuve que Zakary Cooper était capable de s'écraser un peu lorsque cela devenait nécessaire. Il lâcha son visage doucement et recula, sans prononcer un seul mot.

Son attention se reporta sur le petit garçon, plaqué contre le mur, à l'endroit où il l'avait lâché pour éviter qu'il ne se reçoive un coup. Il s'approcha de lui, se baissa pour se retrouver à la même hauteur puis lui demanda doucement :

« Comment tu t'appelles ? » Le gamin était terrifié. Ses yeux étaient écarquillés, brillants, il avait le teint très pâle. Normal. Pauvre petit... Il bredouilla :

« Ma... Ma... Maxime. 
- Ca va aller ? »

Le garçon acquiesça d'un signe de tête très rapide. Visiblement, il y avait eu plus de peur que de mal. Tant mieux, songea-t-il.

« Tu habites loin ?
- Je... J... Là... » Articula-t-il à nouveau en désignant un immeuble tout proche. Zakary continua : « Tu devrais te dépêcher de rentrer chez toi. Et fait attention à l'avenir, d'accord ? » Il ponctua cette phrase d'un léger sourire rassurant. Le dénommé Maxime hocha à nouveau la tête vivement, se redressa, bredouilla un « merci » en regardant Elie, avant de déguerpir en courant.

Zakary se remit debout sur ses deux jambes. Il était décidément plus doué pour parler à un enfant terrorisé qu'à un Elie radicalement différent de ce qu'il était en temps normal. Sans lui laisser le choix, il s'approcha à nouveau de lui, et déclara : « On rentre. »

RP terminé !