Zak,

Je viens de recevoir ta missive et t'envoie donc ma Vienna t'apporter une réponse. Je serais ravis de répondre à ta demande. Peut être pourrions nous nous retrouver à Pré-au-Lard, samedi ? Je pense pouvoir faire garder Katy entre quatorze et dix-huit heures. A toi de me dire, par retour de courriel, si tu accepte ce lieu de rendez-vous et à qu'elle heure tu souhaite que l'on se retrouve.

Tendrement,

Améthyste.

Zak,

Je me doutais que les choses n’allaient pas bien pour que tu ne me répondes pas mais je comprends que tu aies voulu prendre tes distances avec le monde sorcier. Souvent, forcer la main ne donne rien de bon et je crois pouvoir parler tout en connaissance de cause. Je n’ai pas voulu insister, peut-être aurais-je du mais ce que tu me dis me prouve que j’ai eu raison de ne point le faire.

On m’a souvent dit qu’écrire était plus facile que de parler. Je m’excuse d’avance si cette lettre aura eu l’effet inverse que celui escompté. Les mots, les sentiments, les gens … je n’ai jamais été doué pour … ce genre de choses. Je ne peux pas te dire que je sais ce que tu ressens même si j’aurais aimé le savoir, avoir quelqu’un sur qui compter, veiller lorsque j’étais gosse et même maintenant. Ce que je sais, par contre, c’est que cette peine ne partira qu’avec le temps, s’amenuisera. Perdre un de proche reste une épreuve difficile et penser pouvoir tout surmonter, seul, en fuyant la réalité (bien que compréhensible), n’était pas forcément la meilleure des solutions. Partir n’amenuise pas la douleur, partir n’a jamais arrangé les choses. Je sais, je suis mal placé pour te faire ce genre de commentaires mais c’est ce qui arrive le plus souvent. Fuir n’arrange rien.

Dans la lettre tu me parles de changement. Tu es parti mais le monde, lui poursuit sa course. Il ne s’est pas arrêté pour t’attendre. Tu as changé, j’ai changé, tout le monde change. Je ne vais pas te blâmer pour ce que tu as fait parce que j’aurais fait exactement la même chose, tu le sais. Je te donnerais juste un conseil : réapprivoise le monde pour qu’il t’apprivoise à son tour. Cela va prendre du temps mais tu as toujours été quelqu’un de déterminé qui ne s’enfuit pas devant la difficulté. Et quoique tu penses, je pense que ce trait de caractère n’a pas changé, cela se voit. Même dans cette lettre. Tu as changé mais dans le fond, tu restes le même.

Pour le Quidditch, cela ne m’étonne pas que tu décides d’arrêter. La politique s’incruste partout quoiqu’on dise : soit on supporte, soit on part. Le Quidditch a toujours été synonyme de jeu, de rêves de gamins devant les affiches des équipes dans nos chambres. Je trouve dommage que ce jeu en devienne aussi corrompu mais je suppose que c’était inévitable dans la politique telle qu’elle l’est aujourd’hui. Sainte-Mangouste ne va pas tarder à subir la pression du gouvernement, j’en ai bien peur et le déplore. Cette politique, je ne sais plus qu’en penser, c’est bien pour cette raison que je me consacre entièrement à mon métier. Quand rien ne va je m’accroche à Sainte-Mangouste. C’est la seule certitude que j’ai. Sauver des gens, c’est bien plus qu’un métier. D’ailleurs à propos de Sainte-Mangouste, la nouvelle est tombée. Je vais devoir accompagner Hudson Higgs à un Gala de charité organisé par des Sang Purs bien comme il faut qui pensent plus à accomplir leur Bonne Action de l’année plutôt que de vouloir, vraiment, aider l’hôpital. Sincèrement, je ne sais pas qui a eu la brillante idée pour me désigner mais Astra aurait été plus que parfaite pour remplir ce rôle.

Passe à la maison quand tu veux, même si c’est juste pour dire bonjour. Oui, oui, tu m’as manqué Cooper.

Je t’embrasse.
Elie.