Rencontre au sommet

Callista adorait son travail, vraiment. Après avoir hésité pendant si longtemps, elle était heureuse d’avoir trouvé sa voix, le métier qui lui convenait. Voilà désormais quatre mois qu’elle était à Sainte Mangouste. Si peu de temps lorsqu’on l’énonçait à voix haute, mais si long quand elle pensait à tout ce qu’il s’était passé ces derniers mois. Elle avait quitté Poudlard, définitivement. Puis s’était installée au Manoir, emmenant Jules avec elle. Elle avait commencé son métier, en tant qu’apprentie d’une Médicomage fabuleuse. Elle avait participé à la recherche de sa leader dans Gringotts. Elle avait été identifiée par les Ombres. Et désormais, elle était surveillée à chacun de ses déplacements. Ce qui était très problématique. Elle ne pouvait plus se rendre au QG des Héritiers, mais par chance Jules était encore tranquille et lui transmettait toutes les nouvelles. Mais il fallait l’avouer, la situation lui pesait.

Sincèrement, Callista était prête à se donner corps et âme dans la cause des Héritiers. Mais elle n’avait que dix-huit ans. Et elle reconnaissait que, sûrement, les plus jeunes de la faction étaient justement trop jeunes. Quand elles voyaient des enfants de quinze ans prêts à se battre, elle marquait toujours un temps d’arrêt. Elle n’avait que trois ans de plus qu’eux. Et même elle se sentait souvent trop jeune. Mais on ne leur laissait pas le choix. Et puis, elle était fière de se battre pour les idéaux qu’elle prônait. Les seuls réalistes, les seuls avec laquelle la société pouvait marcher. Elle était juste un peu moins insensible qu’avant. La compagnie de Jules l’adoucissait. L’humanisait. Et puis Ophelia aussi lui apprenait à faire preuve de compassion. C’était nécessaire, vital, quand on voulait être Médicomage. Alors peu à peu, Callista laissait tomber les masques impassibles et les regards de glace, pour les remplacer par de doux sourires et des yeux chaleureux. Mais c’était encore compliqué. Et puis, elle ne devenait pas complètement molle non plus. Quand on la cherchait, on la trouvait.

Ce fut sur ces pensées qu’elle quitta la salle de repos des Médicomages de son service pour déambuler dans l’hôpital. Elle avait une heure de pause, elle ne voulait pas la passer à ne rien faire. Elle aimait bien aller dans les autres services, il y a toujours un ou deux Médicomages pour lui donner quelques astuces. Ainsi, malgré sa spécialisation, elle aurait aussi de petites connaissances sur d’autres sujets. Mais arrivée au milieu du hall, elle se figea. Puis écarquilla grand les yeux. Emmett Flint. C’était Emmett Flint qu’elle avait juste en face d’elle. Il semblait qu’il ne l’avait pas vu, puisqu’il était de profil par rapport à Callista, mais elle, elle l’avait bien reconnu. Sans attendre, elle s’engagea dans un couloir perpendiculaire. Elle devait se cacher, rapidement. Il était hors de questions que cette face de bouse de dragon la voit et vienne encore l’ennuyer. Elle aurait pu continuer son chemin, faire comme si de rien n’était. Mais c’était Flint. Il l’aurait forcément interpellé, elle aurait forcément craqué, il y aurait forcément eu un scandale au milieu du hall. Et elle ne pouvait pas faire ça sur son lieu de travail. Quelques mètres plus loin, elle s’adossa contre le mur en croisant les bras. Puis elle ferma les yeux et soupira. Il n’y avait plus qu’à attendre qu’il parte.

Voilà près d'un mois que la société était en effervescence. Le dernier modèle de Nimbus venait à peine de sortir qu'ils travaillaient déjà sur le nouveau. Et les choses n'avançaient pas aussi vite qu'ils l'auraient espéré. Son rôle de stagiaire le forçait à passer de métiers en métiers : designer, testeur, créateur, fabriquant, réparateur, charger de sortilèges et tout le tsoin tsoin qui pouvait exister. À présent en dernière année, il avait enfin pu choisir sa spécialisation et s'il adorait la partie fabrication, personne ne pouvait nier qu'il avait de grandes facilités en matière de design. Cela comblait son manque de concentration nécessaire aux réparations, son manque de finesse dans le lancement des sortilèges et surtout sa trop grande fougue en période de tests. Ce qu'il préférait avant tout, c'était de voir son dessin devenir réalité. Cependant, ils avaient beau tous mettre la main à la patte et donner des idées, tout ce qu'ils trouvaient était redondant, une refonte de ce qu'ils avaient fait les années précédentes. Leur objectif était de se surpasser un peu plus et l'apport de sang frais dans les équipes aidaient généralement les plus expérimentés à se renouveler. Malheureusement, cette année Emmett était tout bonnement à sec et les autres stagiaires n'étaient pas mieux. Agacé, le jeune homme avait alors demandé à son patron de le laisser partir en pause un peu plus tôt que prévu, dans l'espoir de trouver quelque chose. Tout avait été tenté pour retrouver de l'inspiration. Monter sur tous les balais que la maison familiale possédait - et vu la passion des Flint pour le vol, il y en avait beaucoup - jouer au Quidditch avec des amis de Poudlard, aller voir un match, parler à des joueurs qu'il connaissait, parler aux vendeurs et aux responsables du service après vente, rien ne lui venait.

Il était censé réfléchir, continuer à chercher l'inspiration, mais ses pas - ou plutôt ses transplannages - finirent par le mener à l'hôpital Sainte Mangouste. En y réfléchissant bien, Emmett était autant vu dans les couloirs de l'hôpital que dans les couloirs de la société Nimbus. Était-ce à cause de sa soeur ou à cause de la surveillance dont il était victime depuis l'épisode Gringotts ? Il n'en savait rien. Sûrement les deux. Probablement la surveillance. Sans vouloir offenser Ophelia, il avait tout de même autre chose à faire que de lui parler tous les jours. Cela ne les empêchait pas de le faire, cependant.

Ophelia était occupée pour le moment, il ne pouvait donc pas lui parler, mais il n'avait aucune envie de retourner au bureau pour le moment. Il avait encore une heure avant que son patron ne le rappelle et il comptait en profiter le plus possible. Réfléchir, s'inspirer, il pouvait le faire en parlant aux gens. Et qui, mieux que les patients ou les médecins de l'étage des accidents matériels pour l'aider ? Comment monsieur scrout était-il tombé de son balai ? Et comment empêcher que cela arrive à nouveau ? Recommander la prudence serait intelligent, mais il n'était pas là pour faire le malin. Face à face avec le réceptionniste, Emmett ne put que le dédaigner du regard lorsque celui-ci lui dit qu'aucun médicomage n'était disponible pour lui parler. Le ton employé lui donnait envie de sortir son rang de sang-pur pour le remettre à sa place de sang-basique, mais il ne le faisait que rarement et sachant que son meilleur ami lui-même sang basique n'aurait pas apprécié, il se contenta de plisser les yeux et de s'écarter pour laisser sa place à la personne suivante. Passant une main dans ses cheveux - un geste qu'il avait pris l'habitude de faire depuis qu'un crétin de Phénix lui avait donné des serpents à la place - il jeta un regard autour de lui. Effectivement, tous les médicomages qu'il trouvait semblaient être en pleine conversation. Il allait s'asseoir pour attendre sa soeur lorsqu'une silhouette attira son attention. Une silhouette en mouvement. Une silhouette qu'il ne connaissait que trop bien. Un sourire naquit sur ses lèvres lorsqu'il la vit tourner dans un couloir. Cet étage n'était pas le sien, elle n'avait donc aucun patient à voir ici et la seule raison qu'il trouvait, pour qu'elle se cache, était sa propre présence. S'ennuyer ou s'amuser. Entre les deux, son coeur balance.

« Malefoy ! » appela-t-il lorsqu'il tourna dans le même couloir qu'elle. Elle n'était pas bien loin, simplement adossée contre un mur, un peu plus loin et semblait l'attendre. Son sourire s'élargit lorsqu'il vit la fureur derrière ses yeux. « Quelle bonne surprise ! Comment va l'ego depuis le temps ? J'ai entendu dire que tu t'es pris une petite raclée il y a quelques mois. » Ne pas mentionner le nom de Gringotts ne voulait pas dire qu'elle ne comprendrait pas l'allusion. Après tout, n'était-elle pas censée être intelligente ? Ou les moldus avaient-ils raison sur la stupidité des blondes ? Malgré le dédain qu'il avait pour eux, l'expérience qu'il avait avec Malefoy ne faisait que pencher la balance pour les moldus. À voir si elle était capable de lui prouver qu'ils avaient tort sur ce point. « J'espère que papa et maman étaient là pour te faire remonter la pente. »

Une minute. Deux minutes. Trois minutes. Quatre minutes. C’était bon, là, non ? Flint avait dû partir, rejoindre Ophelia et elle pouvait continuer son tour tranquillement dans l’hôpital. Non ? Callista n’en savait rien et cela la stressait énormément. Par Morgane, ce qu’elle haïssait d’être aussi soumise à Emmett Flint ! Mais c’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait pas le voir en peinture. Ni en vrai d’ailleurs. Il l’énervait, la cherchait même qu’elle essayait de rester calme, et elle finissait par exploser. Mais le pire, le pire ! C’était qu’elle n’était jamais arrivée à lui rabattre sa grande bouche. Elle finissait toujours pas être trop touchée, trop vexée, trop blessée et elle finissait par se sauver avec une excuse quelconque. Or cela se passait ainsi à Poudlard, alors qu’elle n’était encore qu’une petite peste qui n’avait peur de rien. Désormais, elle était beaucoup plus sensible sur certains sujets et s’il l’attaquait sur des points trop fragiles, elle risquait d’en perdre toute retenue et de fondre en larmes devant lui. Et ça, il en était hors de question ! Elle avait sa fierté, son orgueil et son honneur. Elle ne pouvait tout simplement pas se laisser aller devant Emmett Flint, le pire des hommes que cette terre n’ait jamais porté. Même Zéphyr lui faisait moins peur. Quoique ça, c’était sûrement parce qu’elle s’en prenait aux autres avec lui et ne l’avait pas contre elle.

Mais elle n’eut pas le temps de s’étendre un peu plus sur ses pensées de ‘qui arrive à putiser le mieux entre Emmett Flint et Zéphyr Wendle’ puisque son cauchemar se réalisa. Flint l’avait trouvée. Elle serra les dents quand sa voix horriblement stressante parvint jusqu’à ses oreilles. Ne pas réagir, ne pas répondre. Rester calme. Elle était sur son lieu de travail après tout, elle ne pouvait se permettre un quelconque dérapage. Elle inspira profondément et planta son regard dans celui de Flint. Elle ne lui répondrait pas certes, mais elle n’allait pas s’aplatir pour autant. Eh, elle gardait encore une certaine fierté. Elle lui offrit un sourire en coin, avant de se déplacer sur le côté pour qu’il ne soit plus en face d’elle, ayant la ferme intention de s’en aller. Elle ne voulait pas se prendre la tête avec lui, surtout pour ne pas perdre la face. Mais il ne lui laissa pas le temps de faire un pas qu’il l’agressa immédiatement. L’attaque de Gringotts. Elle serra les poings, ainsi que les dents. C’était un sujet sensible, Callista ayant finie assommée dans un coin à cause de l’autre garce de Calliope Kark. Et Emmett ayant assisté à la scène, elle se doutait qu’il prenait un malin plaisir à s’attaquer à elle sur ce sujet. Elle respira profondément et commença à avancer, quand la voix de Flint retentit à nouveau.

Callista se figea au milieu du couloir vide de toute présence hors les-leurs. Pas sa famille. Voilà l’un des sujets bien trop blessants pour elle. Entre sa mère qui l’ignorait toujours et son père qui pensait que n’en faire qu’à sa tête était la meilleure solution, elle saturait. Heureusement, elle avait Jules avec elle pour supporter cette atmosphère étouffante au Manoir, lorsqu’elle rentrait tous les soirs. Elle se retourna vers le jeune homme, ne pouvant laisser passer ça. Elle lui faisait de nouveau face, plutôt furieuse. Mais il était hors de question qu’elle le lui montre, qu’elle lui fasse ce plaisir, alors elle laissa un sourire recouvrir ses lèvres. L’avantage d’avoir pendant si longtemps porté un masque était qu’elle savait très bien manier ses expressions faciales. « Je vois que tu es toujours en forme Flint. Mon ego va très bien, merci. Et pas grâce à mes parents, comme tu sembles le croire. Mais plutôt grâce à Ophelia. Elle est vraiment adorable avec moi, elle m’adore. Et je le lui rends bien. Elle est un peu comme la grande sœur que je n’ai jamais eu et en plus, elle m’a avouée me voir elle aussi comme un membre de sa famille. C’est comme si on frère et sœur, toi et moi ! Peut-être que je devrais vous inviter au manoir ? » Oh oui, qu’il ramène ses fesses. Elle lui montrerait ce que savait faire une Malefoy quand elle n’avait pas peur de compromettre ses proches. Plein de jolis objets remplis de Magie Noire n’attendait que lui pour libérer leurs effets bien sympathiques.

Emmett avait mal. C’était comme si une épée tranchante venait de transpercer son cœur. Une douleur terrible, paralysante, qui refusait de s’en aller. Il était au bord des larmes. Et sa tête baissée, son regard rivé vers le sol, il tentait de le cacher. Malheureusement, son corps, secoué de sanglots, trahissait son secret. Jamais Malefoy ne l’avait fait autant souffrir. Et depuis le temps qu’il la connaissait, elle en avait eu des occasions. Ce jour-là, elle avait atteint son objectif. Callista Malefoy, reine des garces de Poudlard avait réussi à blesser Emmett Flint, roi des crétins. A tel point qu’il en riait. Son corps ne tremblait pas sous les sanglots et les larmes qu’il pleurait étaient des larmes de rire. La douleur qu’il ressentait était de la pitié. Non, vraiment. Jamais Malefoy ne s’était autant ridiculisée. Et il en avait entendu des pas mal, dans son temps. Incapable de le cacher plus longtemps, il laissa résonner son rire dans le couloir de l’hôpital, une main posée sur son ventre, comme pour apaiser la douleur qui y régnait, à force de rire.

« Merci, Malefoy, pour cette franche rigolade. Tu devrais faire carrière dans l'humour, tu aurais du succès. » réussi-t-il à dire entre deux inspirations. De son autre main, il essuya les larmes qui restaient aux coins de ses yeux. « Je vais te confier un secret à propos de ma soeur, Callista : je suis gentil à ce point. » dit-il lorsqu'il eut récupéré son souffle. Baissant la voix pour qu'elle soit la seule à l'entendre, il continua. « Si tu n'es pas mes parents, si tu n'es pas un elfe, si tu n'es pas un ombre ou un phénix et mieux encore, si tu es de sang pur et que tu n'es pas moi, elle t'aimera. Et ce n'est vraiment pas difficile de faire partie de sa famille, étant donné que la nôtre est quelque peu dysfonctionnelle et qu'elle n'a jamais considéré notre famille comme une famille. Maintenant, si tu veux qu'on soit frère et soeur, il va vraiment falloir changer d'attitude et améliorer ton sens de la répartie, parce que c'est juste pitoyable. Si tu veux des cours, viens me voir. Je serai ravi de t'aider, soeurette et j'en profiterai pour te donner des cours de vol. Tu sais à peine tenir sur un balais. »

Son sourire n'avait pas quitté son visage une seule seconde. Cette fille avait le don de le passionner et de l'amuser autant qu'elle avait le don de l'énervé. Et ce qu'il ne montrait pas, c'était qu'elle avait commencé à le faire bouillir. Rire pour tromper l'ennemi, lui faire croire qu'il ne l'atteint pas, c'était frapper aussi fort. Si Callista avait pris le temps de le connaître, elle aurait vu dans son regard, les traces de colère qui y régnaient. Mais Callista ne le connaissait pas et elle ne verrait donc que des iris pétillants de malice. Il était en train de se foutre ouvertement de sa gueule et ça l'amusait, autant que ça le soulageait. Se servir d'Ophelia contre lui était un coup-bas. Elle était sa seule famille directe qu'il respectait, la seule avec qui il était proche et la partager était hors de question. Surtout s'il s'agissait de la partager avec Malefoy, blonde à deux mornilles qui savait à peine regarder un homme dans les yeux sans mouiller comme une chatte en chaleur. Bon sang qu'elle était irritante. C'était à peine s'il arrivait à supporter sa présence. Mais paradoxalement, il adorait être près d'elle, juste pour pouvoir se moquer, la pousser dans ses retranchements, l'énervée autant qu'elle l'énervait.

« Ne m'excuse pas si je me trompe, mais je crois que tu es la seule batteuse à avoir loupé autant ses coups. C'est impressionnant, ça doit être pour ça que tu as été nommée capitaine et pour ça que vous avez perdu. Ça me rappelle les histoires racontées sur Drago Malefoy en son temps. Ça doit être de famille. Mais bon, c'est du passé, n'est-ce pas ? On ne refait pas l'histoire et certainement pas celle des Malefoy. Comment vont Lucius et Drago d'ailleurs ? Leurs corps ont-ils bien servi de nourriture aux vers ? J'espère que ces pauvres bêtes n'ont pas été empoisonnées. »

Callista se taisait. Elle serrait les dents, elle serrait les poings, mais elle ne disait rien. Tout se corps tremblait de rage, mais elle gardait le silence. Elle laissait Emmett Flint parler, la mettre plus bas que terre. Elle laissait s’amuser à la descendre, la traiter comme une moins que rien. Elle l’observait se moquer d’elle, rire d’elle. Elle l’écoutait la critiquer de toute son âme. Elle le voyait prendre son plaisir à lui parler de manière aussi sèche et méchante. Etait-elle comme ça lorsqu’elle était à Poudlard ? Etait-elle comme ça pendant six années de sa vie ? Probablement. Non. C’était même certain. Elle avait été aussi blessante, horrible, sèche, cassante. Aussi ridicule, puérile, débile. Oui, c’était tout ce qu’Emmett Flint lui inspirait en ce moment-même. Il était ridicule. Tellement ridicule qu’elle avait envie de rire quand elle le voyait comme ça. Faire semblant de pleurer, sérieusement ? Puis rire d’elle, cacher la colère ? Elle avait déjà fait tout ça, elle avait l’habitude de faire semblant, de cacher ses émotions. Flint était loin de lui apprendre quelque chose, loin de lui cacher ses émotions. Le masque, elle avait l’habitude de le porter. Et désormais qu’elle commençait à s’en détacher, elle trouvait bien ridicule les personnes qui en portaient. Elle pouvait tout à fait être Héritière, Sang-Pure, et montrer lorsqu’elle était triste ou en colère. Elle restait humaine. Et elle l’assumait entièrement.

Seulement Emmett commença à parler sur le sujet épineux. Le sujet tabou. Ses capacités de joueuse ? Elle s’en moquait. Elle savait ce qu’elle valait, elle savait qu’elle avait réussi à très bien jouer pour son équipe, elle savait qu’ils n’avaient pas eu de chance. C’était le jeu. Le Quidditch était un jeu et resterait à jamais un jeu. Une époque tranquille de ses années à Poudlard, quelque chose qu’elle gardera en mémoire, mais auquel elle n’accordera pas grande importance durant le reste de sa vie. Elle avait encore de nombreuses années devant elle, Poudlard n’était finalement presque rien. Mais que Flint se mette alors à parler de sa famille lui fit voir noir. Personne, absolument personne, n’était autorisé à se moquer de sa famille. Le sujet était bien trop sensible, bien trop épineux, bien trop fragile. Et on parlait encore moins des traîtres, de ceux qui avaient Sali le nom de famille. Lucius. Drago. Narcissa. Ceux à cause de qui sa famille avait été déchue. Mais si Callista les détestait, personne n’avait à parler d’eux. C’était sa famille.

Le claque partit sans qu’elle s’en rende compte. Le colère prenant possession de son corps plutôt que la raison, elle avait levé la main et claqué violemment la joue d’Emmett. Son bras resta en suspens un moment, avant qu’il ne retombe le long de son corps. Elle tremblait, mais essaya de rester le plus calme possible pour s’exprimer correctement. « Je dois te dire merci Flint. Tu es si ridicule que je me rends compte à quel point je pouvais l’être à Poudlard. Je me rends compte que plus jamais je ne recommencerais à agir aussi puérilement que tu viens de pouvoir le faire. Mais en fait… C’est déjà le cas. J’ai arrêté depuis déjà plusieurs mois. … Franchement, Flint… Grandis. As-tu oublié dans quel monde nous vivons ? Dans quelle société nous évoluons ? Nous sommes en guerre. Nous nous battons pour notre faction, pour les Héritiers. Pour eux, nous prenons tous les risques au point d’en être désormais surveillés continuellement. Et toi, tu trouves encore le moyen de venir me provoquer comme si nous étions toujours à Poudlard ? Si me descendre t’amuses, tant mieux pour toi. Personnellement, j’ai des choses plus importantes que ça à faire. Rends-toi compte de la réalité dans laquelle on vit, Emmett. Et sincèrement, muris. »

Un dernier regard, et Callista fit demi-tour. Elle s’éloigna de lui sans regrets, avec juste son cœur apaisé. Après tout, qu’est-ce qu’elle en avait faire de ce qu’Emmett Flint pouvait lui dire ? Il ne serait jamais rien pour elle. Jamais…