Spoiler:

Ils avaient tout trois reçu la lettre de William dans le courant du mois d’août, peu après son anniversaire. A l’époque, pas si lointaine que cela mais qui appartenait désormais à un autre temps, Thomas avait accueillit cette mission avec engouement. William précisait qu’il s’agissait là d’une assignation dépaysante et si on le connaissait un minimum, on savait que c’est exactement ce que préférait Thomas. Pourtant, comme l’urgence de la mission n’avait pas été soulignée, les trois Phénix avaient quelque peu pris leur temps. Difficile de se croiser tous les trois du même coup pour s’organiser un minimum, et puis d’autres choses les avaient gardés occupés, personnelles ou professionnelles, ensuite bien sûr, il y avait eut Gringott, l’attente et le trouble et enfin, le couperet qui tombe…

Fort heureusement, du trio, sa tête avait été la seule à tomber. Alec et Molly avaient tout deux participés aux évènements survenus dans la banque, mais ses deux cadets n’avaient pas été reconnus, ou n’avaient pas été dénoncés, Merlin soit loué. S’inquiéter pour sa femme, pour son fils à naître, pour Eire, pour Julian, tous les autres dans leur cas, c’était déjà une tâche bien assez ardue, et Tom était soulagé que ses deux amis aient échappés à tout cela. Il ne doutait pas des ressources d’Alec, mais il avait une enfant à charge, quant à Molly… c’était encore une autre histoire.

Après l’annonce de son nouveau statut de terroriste, il avait donc fallut à Thomas quelques jours pour assimiler l’idée qu’il avait tout perdu, sauf le stricte principal, ce qui, dans son malheur, était une chance incroyable. Tous ceux qu’il aimait étaient en relative sécurité, pour le moment du moins, quant au reste, il allait simplement falloir apprendre à vivre sans, sa liberté comprise. Car si les autorités Ombres n’avaient pas encore réussis à lui mettre la main dessus, la vie au QG n’avait pourtant rien de la vie d’un homme libre…

Impossible de se morfondre pourtant. Tout simplement impossible malgré tous ses efforts. William le connaissait bien, et Thomas soupçonnait son ami de le bombarder d’ordres de mission pour le garder occupé et l’empêcher de trop réfléchir à sa situation. Difficile à dire avec leur nébuleux leader. Quoi qu’il en soit, il l’avait d’abord envoyé aux States avec Jane pour une mission un peu plus urgente, et désormais, le voilà qui remettait ça avec la France. Au départ, le deal passé avec William comprenait qu’il lui soit attribué des missions plus tranquilles que d’habitude, au moins jusqu’à l’hiver et la naissance de son fils. Nora n’avait pas été enchantée du tout qu’on l’envoi tout de même barboter en eaux troubles. Aujourd’hui pourtant, les priorités de Tom s’étaient vues révisées. Au lieu de prôner la sécurité en attendant l’arrivée du bébé, il préférait et de loin miser sur l’action. S’ils pouvaient se donner les moyens d’inverser la vapeur et de changer leur situation de fugitifs, alors ils se devaient d’agir, et le plus tôt serait le mieux.

L’unique avantage restait qu’il était désormais bien plus simple de le croiser. Fini la vie au grand air et ses milliers d’occupations, fini de ne plus jamais savoir où le trouver. Plus de maison, ni de magasin, ni de voyages, si ce n’est ceux pour les Phénix. Il passait tout son temps au Quartier Général, et après s’être rapidement arrangé sur une date, c’est là que les trois amis s’étaient réunis pour se préparer pour cette fameuse mission en Bretagne.

Ils avaient mit la main sur l’équipement mit à leur disposition pour l’aventure et empaquetaient désormais le tout dans le sac-à-dos magique qui serait leur seul bagage.

« Bien » soupira Thomas en faisant l’inventaire « Nous avons les trois combinaisons, les trois sacs étanches pour lorsque nous feront trempette, le plan et le lexique runique, plus nos affaires respectives et la trousse de soin de Molly. Ne reste plus qu’à emballer un cake et quelques sachets de thés et je crois que nous seront parés » blagua Tom sans pour autant esquisser le moindre sourire.

Il blaguait par habitude mais sincèrement, le cœur n’y était guère. Déjà, il défroissait un parchemin où était hâtivement griffonnée la marche à suivre pour atteindre la citée engloutie. A vrai dire, ils n’auraient même pas à poser le moindre pied en France, du moins, si tout se déroulait comme prévu. Ils devaient désormais transplaner dans le port moldu d’Exmouth car Thomas s’y était déjà rendu une fois, et où les attendait un marin du nom de Floyd qui les emmènerait en mer. Ils en auraient pour quelques petites heures à naviguer, trois tout au plus, avant de flotter au-dessus de l’endroit supposé où se trouvait la citée. Une fois là, le plus dur resterait à faire…

Lorsque l'ordre de mission était tombé, Molly était encore la jeune insouciante petite nouvelle qui était encore au tout debut de sa vie, elle était innocente, ne connaissait rien, ne cherchait pas à savoir grand chose et se laissait porter par la vie. Lorsqu'il était tombé, elle avait toujours ce sourire au lèvre, derrière sa timidité maladive, c'était vers la fin du mois d'Aout, elle prenait doucement ses marques au sein de l'ordre du phénix, sortant tout juste de Poudlard, de l'école, de la maison familiale. La jeune fille avait eu beaucoup de difficulté a accepter de couper le cordon. Elle avait crié, elle avait dit à ses parents qu'elle les detestait, avait eu une réaction d'ado en pleine crise, s'était sentie abandonnée. "C'est pour ton bien," répétaient ils. La lacher seule dans la nature, c'est une blague ?

Puis elle s'était apercue que, non seulement c'était bien vrai, mais qu'elle était loin d'être lachée dans la nature. Ses parents, pour être depuis longtemps de fervents membre de la faction, connaissait bien le leader, ainsi que Thomas, un membre très actif et ami de Wallas, qu'ils avaient chargé de veiller sur leur fille comme la sienne. Elle était donc loin d'être seule. C'était donc soulagée et rassurée d'être entre de bonne mains que la jeune fille avait accepté la mission.

Mais depuis.... depuis tout avait changé. Il avait laissé passer le temps, en fait, il ne s'en souciait pas vraiment, occupés a vaquer a droite à gauche, molly avait fait la connaissance d'Alec, ils en parlaient de temps en temps mais trouvaient toujours le moyen de repousser l'affaire. Sauf que depuis rien n'était plus pareil. Le monde faisait peur, le monde s'ecroulait et eux avec. Et Molly avait troqué son visage d'ange souriant contre un visage blême et mort de peur. Sa joie de vivre naturelle contre une timidité encore plus maladive qu'autrefois, ne voyant même plus la lumière du jour.

C'est pour cette raison que Molly n'avait pas été enchantée du tout lorsqu'on lui avait donné cette date pour cette fameuse mission qui commencait à dater. Depuis quelque jours elle se forcait a retrouver un rythme normal et a tenter de devenir un membre actif. Mais la peur prenait le dessus sur tout et son caractère initial l'empêchait de mener à bien ce qu'elle desirait. Elle desirait avoir le courage d'affronter ses peurs, comme tout ses camarades de la faction, être présente pour les autres, les sauver, les aider. Mais elle n'était rien de tout cela. Elle se sentait juste comme une sotte incapable de faire quoi que ce soit, et lorsque ses amis lui firent signe de les rejoindre, c'est la moue dépité et peu sure d'elle qu'elle obeit.

Face à Thomas et Alec, la jeune femme se mordait la lèvre et évitait paticulièrement leur regard. Elle savait que sa peur se lisait sur son visage mais elle ne voulait pas qu'ils la remarque, elle voulait donner l'impression de savoir ce qu'elle faisait, d'être sure d'elle malgré la peur qui paralysait tout son être. Elle acquiesait, toujours le regard fuyant, sa trousse de secours à la main. Au moins, s'il y avait un blessé, elle serait utile, elle avait au moins ce savoir là. Et encore, d'une première année.

Molly avait le regard perdu dans le vide et n'eut aucune réaction face à la blague de Thomas, elle se contenta d'aquiescer sans dire un mot. Elle voulait prouver avec cette mission sur le mythe d'Ys, Mythe qu'elle connaissait très bien et qui l'a fascinait comme tout mythe en général, qu'elle avait sa place au sein de l'ordre. La jeune femme soupira longuement, et dit a voix basse, rauque et mal assurée:

Alors nous sommes prêt ?

Entre le moment où Alec, Molly et Thomas avaient reçu leur ordre de mission et la journée où ils se réunissaient pour la réaliser, il y eut une multitude de contretemps et d’événements se dressant sur leur chemin. Il y eut d’abord Gringotts, et la nécessité de faire des rondes régulières dans la banque jusqu’à la date fatidique du 20 août, où les Héritiers avaient pris la banque d’assaut pour libérer leur leader. Puis, quelques jours plus tard, les têtes de Thomas, d’Eire, de Jane et de plusieurs autres fut mises à prix. Disons que ce n’était pas le moment idéal pour partir en mission. Sans oublier que début septembre coïncidait avec la première rentrée scolaire de Cecilia, qui entamait la maternelle et ça avait été une journée aussi angoissante qu’excitante pour la petite fille. Bien qu’elle avait commencé à manifester des pouvoirs magiques et qu’elle soit sang-pure, Alec et Rain avaient décidé qu’elle ferait son primaire à l’école moldue, pour lui enseigner la tolérance et l’ouverture d’esprit envers les Moldus qui étaient somme toute des êtres tout à fait charmants. D’ailleurs, la famille maternelle d’Alec était moldue et il ne s’en cachait pas (face à ses proches de l’Ordre, du moins).

Alec avait proposé à Thomas sa chambre d’amis, mais son ami avait préféré rester avec sa femme au QG, du moins, les premiers temps. Et c’était sans doute plus sage. Même si la petite bourgade de Jersey où Rain et Alec avaient élu domicile ne comportait pratiquement pas de sorciers, on n’était jamais assez prudents.

Ce fut d’ailleurs au QG qu’Alec retrouva ses deux compagnons de mission ce matin-là de septembre. Tout juste après avoir déposé Cecilia à l’école, le jeune homme avait transplané, puis s’était affairé à aider Thomas et Molly à rassembler tout ce dont ils auraient besoin pour cette escapade en mer. Il fut cependant distrait par le lexique de runes de la Fuller, curieux de voir quels symboles de cet alphabet ils allaient bien rencontrer à Ys. Ce ne fut que lorsque Thomas fit l’inventaire qu’Alec leva les yeux, un peu confus et honteux de s’être ainsi laissé distraire aussi bêtement, rangeant le lexique à un endroit où il serait aisé de le récupérer. Il sourit à la plaisanterie de son ami, mais quand il vit que ce dernier n’en faisait pas autant, il redevint sérieux, s’attardant à s’assurer que le sac à dos magique était bien fermé.

« Prêt! Tom, t’as la photo du port d’Exmouth ou tu nous escortes? »

Relevant ses yeux clairs sur les deux plus jeunes, Tom se hâta de replier le petit parchemin de la marche à suivre pour le fourrer dans la poche de son pantalon. La petite mine que tirait Molly, il avait l’impression de la connaître par cœur, l’unique différence étant que cette fois-ci, la peur qu’elle affichait était plus ou moins justifiée. Ils ignoraient ce qu’ils trouveraient réellement une fois sur place, mais la mission pouvait possiblement devenir dangereuse. D’ailleurs au départ, il avait même songé demander à Wallas de la remplacer, et que leur attribuer Teddy ou Ciaran serait plus judicieux. Puis il était tout revenu sur sa décision après Gringott. La petite s’était retrouvée empêtrée dans un vrai champ de bataille, et en était ressortie vivante si pas indemne, la preuve qu’elle pouvait se débrouiller lorsqu’il le fallait vraiment. Depuis le temps qu’il tentait de lui donner un peu de confiance en elle par le réconfort, peut-être était-il tout simplement temps de passer à une méthode plus musclée. La confronter directement au terrain pourrait possiblement être plus efficace que du blabla apaisant. Oh, cela dit, malgré son humeur aussi grise que le temps anglais, Tom n’était pas dépourvu d’attention. D’ailleurs, il lui adressa un petit sourire doux avant de se rapprocher d’elle pour se saisir de sa main pâle.

« Je vous escorte » répondit Thomas à son ami « Les demoiselles d’abord » ajouta-t-il d’un petit sourire taquin vers la rouquine.

Il prit une courte inspiration, vida son esprit et transplana.
L’instant suivant, ils réapparaissaient tout deux dans un petit cul-de-sac à poubelles, entre deux hangars qui sentaient le poisson.

« Je reviens » lui signifia Tom avant de retourner au QG pour Alec.

Un CRACK sonore plus tard, et il faisait à nouveau face à l’écossais. D’ailleurs, Tom était rudement content de ne pas se retrouver seul avec Molly pour cette mission. Il avait regardé le père de la petite dans les yeux pour lui promettre qu’il veillerait sur elle, et ça avait suffit à John. Une telle confiance aveugle était plaisante, mais il écopait également d’une très lourde responsabilité, et en ces temps difficile, l’idée de l’assumer seul lui semblait compliquée. Des responsabilités oppressantes au possible il en avait déjà des tas, et Molly n’était pas la seule à se reposer sur lui. Or malheureusement il n’était pas infaillible, son rouleau avait un bout, et vu d’ici, il n’était plus si loin que cela…
En matière de soutien pourtant, on n’pouvait guère mieux espérer qu’Alec. Avec une enfant à charge il savait parfaitement ce qu’il en était des responsabilités oppressantes, de veiller sur quelqu’un, surtout que Molly et lui était proches, et sa nature pondérée et compréhensive terminait de rassurer Thomas. A trois, il y allait confiant. Ce n’était pas rien.

Alec s’étant chargé les épaules de leur sac, Tom ne fit pas durer le plaisir et après un dernier regard au QG, transplana une seconde fois avec son ami. Ils rejoignirent aussitôt Molly dans le cul-de-sac, et après avoir vérifié qu’aucun œil indiscret ne se cachait dans un recoin, ils se mirent en route à la recherche de Floyd. D’après les informations qu’ils avaient reçues, le marin était un moldu dont la sœur jumelle était sorcière, très familier donc, au monde magique. Il les conduirait en mer, à l’endroit supposé où se cachait la citée, et attendrait leur retour à la surface pour les ramener au port. Plutôt simple donc. Enfin jusque là…

Le port d’Exmouth étant un port majoritairement industriel, les trois anciens Gryffondor mirent un bon quart d’heure à mettre la main sur le petit navire de pèche de Floyd, slalomant sur les berges de béton entre quelques hangars austères et container en attente de chargement sur les navires. Thomas fut d’ailleurs totalement subjugué par la taille colossale de certain, de nouveau titillé d’une admiration incrédule en matière de construction moldue. Ces gens là étaient tout de même d’incroyables ingénieurs…

Ils finirent tout de même par trouver leur transport, bien moins colossale cette fois puisqu’il s’agissait d’un petit bateau modeste qui semblait minuscule à côté. En les voyant approcher comme trois touristes perdus, un grand type d’à peu près son âge, un peu décharné mais à l’immense sourire sympathique sortit de la petite cabine pour venir à leur rencontre sur le pont de son bateau.

« C’est pour la Bretagne ? » lança-t-il d’une voie claire, gratouillant sa tignasse sous sa casquette sale.
« C’est bien nous ! Je suis Tom, voici Molly et Alec »
« Moi c’est Floyd Mercer, montez ! » les invita-t-il d’un grand signe de la main.
« Comme Melinda Mercer ? » questionna l’aîné en traversant la petite passerelle pour rejoindre le pécheur.
« Ouais, c’ma sœur ! »
« Je l’ai connue à Poudlard » sourit Tom en serrant vigoureusement la main de l’homme.

Dans son dos, Molly et Alec les rejoignirent, et après que Floyd ait serré la main d’Alec et levé sa casquette pour la demoiselle, il frappa dans ses grandes paluches pour les frotter l’une contre l’autre avec entrain.

« C’pas tous les jours que j’ai affaire aux gens d’ma sœur, ça va m’changer ! On y va ? »

Ils acquiescèrent tous les trois et moins de dix minutes plus tard, une fois la passerelle remontée, le moteur de l’engin démarrait et ils prenaient le large. Au grand air, Tom se sentait déjà mieux. Surtout qu’il adorait la mer et l’océan, ayant grandit tout à côté.

« Cette fois je crois avoir testé pratiquement tous les types de transports moldus ! » se réjouit-il à l’adresse de ses deux amis « L’avion, deux fois déjà, la voiture, et maintenant le bateau. Je dois dire que le bateau me plait assez ! »

Le grand large et l’air salé les occupèrent un long moment, puis ils passèrent également près d’une heure en cabine avec Floyd, Tom le harcelant de questions sur les principes de la navigation et tous les appareillages qui servaient à contrôler la machine, puis à l’approche des coordonnées de la citée engloutie, les trois sorciers se réunirent une fois de plus sur le petit ponton pour faire le point et se préparer au plongeon. Farfouillant dans le sac à dos magique, il ressortit une première combinaison qu’il défroissa et laissa pendant devant lui. Pour l’instant, le truc ressemblait à une grenouillère pour bébé géant. Ressortant le parchemin de sa poche, il relu ce qui concernait leurs costumes.

« Ils s’ajustent automatiquement à la taille et au corps et son pourvu de sortilège anti-hypothermie et anti-pression de très bonne qualité. Apparemment presque indéchirables, avec une autonomie d’oxygène de sept jours. J’espère franchement que nous n’auront pas besoin de tout ce temps-là pour trouver les algues » sourit Tom avant de reprendre « Ils sont également relié entre eux par un sort de communication, ce qui veut dire que si par malheur nous sommes séparés, nous pourront encore parler les uns avec les autres, sur une distance de deux kilomètres. Je ne sais pas quelle taille peu bien avoir la citée par contre. Bien ! Molly ? » fit Tom avant de lancer la combinaison à la rouquine.

Lui-même se mit à ôter ses chaussures et toutes les couches superflues.

Avouons le, ce n'était pas non plus comme si Molly était en mission avec deux gros gogoles. C'était Thomas et Alec. Le premier faisait guise de père de substitution, tandis que le second, commencait a devenir bon ami et confident appréciable pour la jeune femme. Thomas avait eu la lourde tache de veiller sur la jeune femme, et portait sur ses épaule la confiance de John, le père de Molly. Connaissant son père, sa confiance était une chose ultime, qui ne se gagnait aps facilement, ce dernier ayant servit l'ordre durant très longtemps avec sa femme, il avait appris à se mefier, a douter, a ne pas faire confiance à n'importe qui. Mais Thomas était un de ses bons amis et il était hors de question pour lui de laisser sa fille s'aventurer dans la nature sans quelqu'un pour la surveiller efficacement. C'était donc le rôle de Thomas. Jouant à la fois le rôle de père, de professeur, de confident, il savait être aussi attentionné que dur. En effet, il était evident que le terrain était bien plus efficace que la parlotte.

Sans compter que la jeune femme était ressortie passablement affectée de l'evenement de la banque. Perte d'appetit, mutisme, renfermement, Molly n'était déjà pas une grande bavarde mais cette fois ci, aucun mots de semblait vouloir franchir ses lèvres. Ce n'était que depuis quelque temps qu'elle avait décidé de reprendre confiance en elle. Lorsqu'elle avait appris que beaucoup d'entre eux courrait un danger bien plus reel qu'elle, et que c'était pas le moment qu'elle se repose. De plus, elle voulait rendre ses parents fiers. Elle n'était pas très forte, plutôt de carrure frêle, petite, et assez faible, elle tombait souvent malade et sa santé n'était pas souvent au beau fixe. Mais elle n'était pas la fille de n'importe qui et quelque part au fond d'elle même se cachait une part de John Austen, le courage et la determination de son paternel ne demandait qu'a sortir, il attendait juste le bon moment. Il semblait que c'était justement le bon moment.

Cependant actuellement, bien qu'elle avait longuement réfléchi a son avenir, Molly n'était pas rassurée. Pas rassurée du tout, elle avait beau se dire qu'elle était avec Alec et Thomas, donc entre de bonnes mains, ils s'aventuraient quand même dans une contrée dangereuse et qui plus est, inconnues au bataillon. Personne ne savait reellement a quoi ressemblait cette cité. Bien evidemment, ses parents lui avait longtemps raconté cette histoire que Molly affectionnait beaucoup, aimant particulièrement les histoires parlant d'océan et de monde sous marin. Mais elle ne connaissait que la légende, et ignorait qu'elle existait rellement. Molly ressentait a la fois une grande peur mais egalement une grande excitation a l'idée de découvrir la cité dont parlait les histoires qui l'endormait autrefois. Une soif d'aventure encore inconnue faisait trembler ses mains pâles, a moins que ce ne soit la peur. Personne ne saura.

Thomas avait croiser le regard apeuré de la jeune femme, et lui pris doucement la main. "Je vous escorte, les demoiselles d'abord". Son sourire chaleureux et rassurant donner une petite once de courage à Molly qui inspira profondement avant de lui lancer un petit sourire effrayé. Elle prit la main et ferma les yeux. C'était parti. Ils se retrouvèrent dans un cul de sac a l'odeur franchement degoutante. Molly grimaca et regarda Thomas sans comprendre. C'était degoutant. Le jeune homme lui intima de rester ici pendant qu'il irait chercher Alec. A l'instant ou sa main se detacha de celle de la jeune femme, elle ressentie une faible panique emerger de son estomac. Du calme Molly, ca ne prendra que quelque minutes. Peu rassurée et ne sachant pas vraiment quoi faire, la jeune etudiante soupira et tenta de calmer ses nerfs.

il mirent longtemps avant de trouver le bateau qui devait les mener à la bretagne. Molly était très excitée mais cachait tant bien que mal son appréhension. Elle avait une peur panique de l'inconnu et le moins que l'on puisse dire c'est que leur mission allait droit dedans. Essayant de ne pas se perdre et de perdre ses compagnons, Molly restait coller aux deux hommes, perdue et essayant de penser le moins possible. L'odeur avair disparu et elle profitait agréablement de l'odeur de sel de la mer. Elle adorait ça. La mer. Synonyme de liberté, de fraicheur, c'était magnifique. Molly accorda un maigre sourire au monsieur qu'elle trouvait un peu bizarre, il était sale, affichait une bedaine qui buvait certainement beaucoup de bière, mais peu importait, bien qu'il degageait une odeur particulière, l'important était que son bateau les amènerait a destination. Molly gardait sa trousse de secours contre elle avec attention. Le danger approchait et elle était la seule a connaitre les soins necessaires si quelqu'un se blessait.

Le grand large et la mer firent un bien fou à la jeune femme. Laissant Thomas seul avec le monsieur et toute ses questions, elle profita de ce moment de plénitude pour se calmer et se preparer a ce qui allait suivre. Elle s'eloigna un peu, s'accoudant au bord du bateau, les cheveux volant au vent, l'air marin lui fouettant le visage. C'était tellement agréable, et elle profitait un maximum de se moment sans penser aux dangers qui l'attendaient, un dernier moment pour se relaxer. Elle esquissa un sourire en entendant au loin les questions de Thomas. Cet homme était génial. D'une curiosité incroyable, il était celui en qui elle avait le plus confiance.
Ce moment passé, la peur revint sonner au entrailles de Molly. Ils étaient tout les trois réunis et se preparaient a plonger. Plonger, cela ne lui faisait pas peur. L'eau était son élément, elle adorait ça, contrairement au feu. C'était plutôt l'obscurité de l'océan et ce qu'ils allait y trouver qui la terrorisait. Elle prit la combinaison que Thomas lui tendait, maladroitement, et serrant sans s'en apercevoir la main d'Alec. Ils ne pouvaient plus faire marche arrière, et la peur la paralysait doucement.

Comme le voulait la coutume, ce fut les demoiselles d’abord et Thomas transplana avec Molly. Quelques minutes à peine plus tard, le futur père réapparaissait pour escorter son ami. Et ce fut le grand départ. La Manche s’ouvrait sous leurs yeux, prête à les accueillir pour une courte traversée. L’odeur émanant du hangar à poissons le fit grimacer, mais la lueur d’émerveillement dans le regard de Thomas à la vue des bateaux remplis de marchandises le fit sourire. Ces colosses métalliques lui rappelaient ses vacances estivales passées à Inverness, dans sa famille maternelle. Quelques bribes de souvenirs que cette balade dans le port ravivait, comme une madeleine de Proust. Il se promit qu’il emmènerait Cecilia à Inverness, mais pour l’instant, l’heure n’était pas à la nostalgie.

La remarque de Thomas sur les transports moldus fit sourire Alec, qui ne put s’empêcher d’ajouter, énumérant sur ses doigts :

« Attends! Il te manque encore le vélo, les patins à roues alignées, le Segway, la moto, le scooter, le tracteur, l’hélicoptère, la trottinette… Le plus rapide, c’est la trottinette, évidemment. »

Alec lança un clin d’œil au capitaine, qui s’apprêtait à le corriger. Le reste de la traversée se passa sans encombre, Molly aussi discrète que d’habitude. Alec lui serra l’épaule d’un geste rassurant et tâcha de la distraire pour éviter qu’elle ne réfléchisse trop et soit rongée par l’anxiété. Un peu de stress, d’excitation et d’adrénaline ne faisait pas de mal, trop, ça pouvait paralyser et faire perdre ses moyens au sorcier le plus entraîné. Heureusement, la mer leur avait épargné une houle trop agressive qui n’aurait pas manqué de leur donner le mal de mer.

Puis ils arrivèrent à la cité engloutie. Alec sortit lui aussi une combinaison, ainsi que les notes de Miss Fuller. À cause des runes à déchiffrer en chemin, ils avaient convenu qu’Alec ouvrirait la marche. Il fut donc le premier à se positionner sur le bord pour se préparer à plonger. Or, léger détail, Miss Austen lui tenait fermement la main, sans doute inconsciemment. Alec se racla la gorge.

« Hum… Molly…? Tu peux me lâcher maintenant, » lui fit-il remarquer dans un sourire.

Il attendit que Molly lui lâche la main, positionna son masque sur ses yeux, puis bascula dans l’eau, tenant fermement les notes de Miss Fuller, qui, par mesure de sécurité supplémentaire, étaient attachées par une corde à son poignet.

Passionnantes ces combinaisons, vraiment !
Thomas s’était tout d’abord débarrassé du pull chaud et confortable du genre qu’il aimait à porter lorsqu’il voyageait, ainsi que de ses solides bottines de marche, avant de se glisser dans cet étrange pyjama qui se réajusta automatique pour épouser sa silhouette comme s’il avait été fait pour lui. La texture était tout en souplesse et n’entravait aucun de ses mouvements lorsqu’il en esquissa quelques uns pour en tester la flexibilité. Cela fait, il rabattit le casque par-dessus sa tête rousse, et il fut fin prêt. Le casque en question, une fois refermé, ne ressemblait à rien d’autre qu’une grande bulle de savon englobant toute la tête. D’ailleurs à bien y réfléchir, autant de légèreté et de maniabilité dans le costume ne lui inspirait rien de bien solide – même si extrêmement confortable – et Thomas s’en remettait complètement à la magie dont ils étaient apparemment gorgé. Il avait hâte de tester ces petites merveilles en situation, et si l’expérience se relevait concluante, il veillerait à se procurer l’une de ces combinaisons sans tarder.

Juste avant de se rappeler qu’il n’était plus qu’un fugitif sans le sous et que sa fortune dormait dans un coffre désormais inaccessible de Gringott…
Au même moment, alors il qu’il terminait de ranger ses affaires à l’intérieur de son sac à dos étanche, Alec plongeait d’un cumulet arrière qui ponctuait le silence marin tout relatif d’un grand SPLACH !
Une fois Molly équipée de son propre sac étanche, Tom l’accompagna jusqu’au rebord et lui expliqua la meilleur méthode de plongée d’un ton confiant. Il prenait garde à ne pas l’enveloppée de trop d’égards, pour ne pas l’infantiliser alors qu’il s’agissait justement qu’elle murisse un peu. Quoi qu’il en soit, il devait se faire quelque peu violence pour ne pas laisser ses instincts de papa poule dirigiste prendre le dessus…

La rouquine fut donc la seconde à plonger, le laissant seul avec leur chauffeur moldu qui observait toute la scène depuis tantôt, en retrait, en silence, bras croisés et un sourire content lui fendant le bouque.

« Z’êtes encore plus bizarre que ma sœur » se contenta-t-il de commenter, soutirant un éclat de rire à Thomas « J’vais vaquer à mes occupations en espérant qu’les gardes côtes me casse pas les pieds » ajouta l’homme en désignant ses filets de pèches « Si c’est l’cas, j’leur dirai qu’j’ai dérivé, puis j’reviendrai pendant la nuit »
« Merci Floyd ! »
« Bonne chance ! »

Et l’instant d’après, d’un nouveau SPLATCH, il s’immergeait à son tour, s’abandonnant à la pesanteur étrange des fonds marins. Rapidement, il discerna les deux silhouettes palmées d’Alec et Molly et de quelques moulinets puissants, s’empressa de les rejoindre dans leur descente.
A la surface, le vent ne cessait d’agiter les eaux de remous sempiternels, mais ici régnait un calme solennel et vibrant, aussi insondable que la noirceur infinie qui les enveloppait de toutes parts.
Et une fois de plus, Tom fut heureux de porter cet accoutrement car ils descendaient toujours plus bas mais ne ressentaient en rien les affres du froid. C’était comme flotter dans un coton tiède, à l’intérieur d’une infinité d’un bleu hypnotisant.

« Tout le monde m’entend bien ? » lança finalement le Phénix afin de tester la fluidité de la communication.

Il perçu les voix de ses deux amis comme si ceux-ci se trouvaient tout à côté et sourit de nouveau, mais son rictus mourut pourtant presque aussitôt. Ils venaient d’atteindre un plateau sous-marin où s’entortillaient tout un tas d’algues visqueuses. Soit les algues avaient des bras, soit il s’agissait surtout de l’habita d’un gang de Strangulot mécontents… Voilà qui les mettrait correctement en bouche et annonçait la couleur de cette expédition…

« Pas d’panique Molly, ces petites pestes ont de grandes pates mais de tout petits cerveaux. Ils sont territoriaux, si on s’éloigne rapidement ils finiront par nous laisser tranquille »

Les trois sorciers s’activèrent donc à mettre de la distance entre eux et le plan d’algue, mais tels les bons chiens de garde aquatiques qu’ils étaient, les bestioles les prirent en chassent en brandissant le poing avec colère, leurs faces rabougries plissées pour prendre un air des plus inquiétants. Sauf qu’il fallait plus que l’une ou l’autre paire de strangulots sauvages pour lui soutirer le moindre pique d’adrénaline. Laissant les deux autres continuer de nager vers le bord du plateau et de plus larges profondeurs, Tom se détourna pour faire face à leurs assaillants.

« J’espère que tu es prêtes à faire trempette ma jolie » souffla-t-il à sa baguette qu’il dégaina avant de la pointée en avant.

Visant le premier des Stangulots, Thomas lança un stupefix qui fit comme bouillir l’eau sur toute sa trajectoire, dégageant une myriade de petites bulles qui remontèrent pour disparaitre.

Dé#1 : que se passe-t-il ?

Oui : Le sort touche le premier Strangulot de plein fouet qui fini inconscient. Ses trois camarades affolés s’arrêtent pour lui porter assistance et délaissent la poursuite, les trois sorciers peuvent continuer tranquillement leur descente.

Non : Le sort touche le premier Strangulot et un second abandonne la poursuite pour lui porter assistance, mais les deux derniers ne lâchent rien et continuent de poursuivre les sorciers.

Son sort fit mouche, et deux stoppèrent le harcèlement, mais les deux stangulots restant, plus coléreux encore que précédemment, le rattrapèrent en quelques secondes à peine. L’un vint solidement s’agripper à sa cheville et l’autre au poignet qui tenait sa baguette. Thomas n’eut d’autre réflexe qu’une bonne droite sur le crâne de celui là, tout en étant parfaitement conscient que l’on ne faisait pas lâcher ces animaux là ainsi. Une fois qu’un strangulot ‘strangulait’, il ne le faisait pas de main morte…

D’ordinaire, les Strangulots étaient plus gênants qu’autre chose. Surtout pour des adultes bien portants comme Alec et Thomas. Le seul danger réel que représentaient ces petites créatures aquatiques était qu’elles pouvaient les ralentir considérablement.

« Lashlabask! »

De la baguette magique du jeune homme jaillit un jet d’eau brûlante.

Adieu petits strangulots! Il était temps de passer aux choses sérieuses maintenant. Alec dut s’arrêter pour étudier la carte de la miss Fuller, puis il chercha le point de repère indiqué. Le récif en pointes repéré, il pointa la direction à suivre et le groupe se mit en route.

À partir d’un certain point, la carte fut inutile car la voix hypnotique des Êtres de l’eau les guidèrent jusqu’aux portes de la cité solidement gardée par des gaillards au visage sévère, armés de trident aux piques acérés. Alec avait comme l’impression que la manière forte n’était pas envisageable. La diplomatie serait sans doute leur meilleure option. Quant à les contourner, il en était hors de question semble-t-il : la cité entière semblait recouverte d’une sorte de dôme translucide, à en juger par les mollusques accrochés à ce qui semblait être rien à prime abord.

Alec échangea un regard avec Thomas puis soupira. Ce serait sans doute ça, l’aspect « périlleux » de leur mission. Le jeune homme jugea quand même préférable de ne pas brandir sa baguette dans la seconde. Juste au cas où. Il leva ses deux bras, montrant clairement qu’il n’était pas armé.

« Paix! Paix! Nous ne vous voulons aucun mal. »

L’un des deux gardes, le moins costaud des deux, vint placer son visage hideux à cinq centimètres du sien.

« À nous, sans doute pas, mais à nos trésors millénaires, c’est une autre histoire. » répondit sèchement le garde, une lueur flamboyante dans le regard.

Alec déglutit avec difficulté.

« Nous ne voulons rien à vos trésors. Nous ne sommes pas venus piller votre cité. »

« C’est ce qu’ils disent tous. Et tous ont abusé de notre confiance. Les hommes ne valent rien. Passez votre chemin. »

Et l’Être aquatique se retourna vivement pour retourner à sa position. Cet instant d’inattention lui coûta cher. D’un geste précis et expert, Alec brandit sa baguette et stupéfixa la créature.

Ils évoluèrent un petit moment au travers des fonds marins, les récifs parés d’algues, de plantes aquatiques et de coraux se dessinant autour d’eux comme une étrange jungle aux couleurs épatantes. De ça de là flottaient quelques bancs de poissons qui s’agitaient d’un seul mouvement au gré des courants océaniques et il sembla même à Tom apercevoir un groupe de dauphin au loin, voilé par la pénombre des eaux profondes. Plus aucun strangulots à l’horizon par contre, et ils ne rencontrèrent d’ailleurs plus aucun être du monde magique jusqu’à ce qu’ils arrivent enfin à destination.

La première réaction de Tom fut bien entendu la curiosité. Comment résister à ce sentiment lorsque sous vos yeux s’étalaient une antique citée engloutie, encore toute pétrie de mystères, qui semblait gémir qu’on l’explore ? De hautes tours décapitées se dressaient encore en fond, cernées de multiples bâtiments couvert de mousse et dont la pierre verdie semblait dormir depuis des siècles. Pourtant c’était loin d’être le cas, et la citée d’Ys qui s’étendait à présent devant les trois phénix était loin d’avoir été désertée de toute vie. La preuve en était les deux gardes qui stagnaient à l’entrée. De Hautes portes creusée dans d’interminable remparts, effrités par endroit mais toujours debout. Par-dessus tout cela, un dôme magique avait manifestement été installé et Thomas aurait parié ses palmes qu’ils ne pourraient pas se contenter de nager par-dessus les murs de la ville pour faire tranquillement leur cueillette…

De fait, les deux gardiens ne comptaient pas les laisser passer d’une simple promesse de bonne foi. Apparemment quelque peu belliqueux, le sang-pur comprit presque aussitôt qu’il serait inutile de discutailler avec les tritons. Ce n’était pas la première fois qu’il avait affaire à un clan sauvage d’êtres de l’eau, et la dernière incartade lui avait valu un morceau de son gros orteil gauche en moins et une très belle frousse. Le problème avec le bon peuple marin, c’est qu’ils ne valaient pas mieux qu’un poisson rouge hors de son bocal à la surface mais qu’immergé par contre, ils étaient véloces et puissants. Difficile d’en venir à bout lors d’un affrontement, surtout lorsqu’ils étaient armés de ces fichus tridents (que les plus vicieux enduisaient d’excréments et de poisson morts macérés pour provoquer infections et autres joyeusetés). Tout ça pour dire qu’ils ne risquaient pas de faire ami-ami et qu’au moment où le comité d’accueil leur tourna le dos, il hésita à glisser la main vers sa baguette pour le neutraliser.

Au moment de penser cela, un stupéfix fendait l’eau pour frapper la créature qui se fit soudainement molle comme une poupée de chiffon flottante. Thomas réagit d’un bref éclat de rire. Voilà qui prouvait qu’ils étaient sur la même longueur d’onde ! Parfait ! Plus besoin de tergiverser, il sortit sa baguette également et la pointa droit vers le second garde.

Construit un modèle au-dessus par rapport au premier, c’était une masse énorme de muscle à la peau bleue qui poussaient de longs grognements caverneux et dardait vers eux, fourche à la main, prêt à les transformer en brochette.

« STOP ! »

Ce fut plutôt la menace muette de la baguette que le cri qui l’obligea à obtempérer, pourtant fou de rage.

« Nous nous fichons de vos trésors ! Nous voulons une algue bien précise qui ne pousse qu’ici. Soit vous nous escortez jusqu’à elle, on rempli nos sacs et on s’en va sans faire plus d’histoires… soit c’est vous qui faites des histoires, et dans ce cas je vous fais flotter sur le ventre comme votre petit copain. Quoi qu’il arrive, on repartira d’ici avec ce dont on a besoin, et il ne s’agit pas vos richesses. A vous de voir mon vieux … » expliqua calmement Tom à leur adversaire.

Dé#1 = que décide-t-il de faire ?

Oui : Il est très en colère mais la baguette lui fait clairement peur, il n’a pas du en voir souvent et se montre super méfiant face à la magie. Il accepte de les laisser rentrer mais ne les lâche pas d’une semelle et ils doivent faire très vite.
Non : Rien à battre, il charge en hurlant !

Si dé#1 = oui ; dé#2 = Que se passe-t-il lorsqu’ils entrent ?

Oui : rien de spéciale. Une ancienne avenue dallée s’étend devant eux, bordée de bâtiment en ruine recouvert de végétations. Les rues s’entrecroisent un peu plus loin, l’algue dont ils ont besoin n’est sûrement plus très loin.
Non : C’est un piège ! Il y a deux autres gardes tritons qui se tiennent dans un l’un des bâtiments en ruine à leurs droites et qui sont immédiatement alerté par la présence des trois humains.

Si dé#1 = non ; dé#2 = Tom lance un Stupefix.

Oui : KO comme son copain
Non : Le sort rate et les trois sorciers s’écartent rapidement pour éviter son attaque.

Comme quoi les muscles n’avaient parfois rien à voir avec l’intelligence. L’Être de l’eau était presque intimidé par les baguettes magiques d’Alec et de Thomas et la vue de son comparse flottant entre deux eaux avait fini de le convaincre. Alec laissa Thomas s’occuper du deuxième garde, ce qu’il fit calmement, mais en n’enlevant rien du côté menaçant. Son discours eut l’effet escompté et l’Être de l’eau se décala pour les laisser entrer, puis il les talonna de si près qu’Alec sentait le mouvement de l’eau due aux respirations de l’être aquatique contre sa combinaison.

Deux êtres de l’eau passèrent près d’eux en les dévisageant d’un regard noir pour aller se positionner aux portes de la cité afin de remplacer leur deux collègues, dont un était désormais hors d’état de nuire.

« Vous avez intérêt à remettre mon collègue en état, » grogna l’Être de l’eau.

Alec sentait la pointe acérée du trident contre son dos et se décala de quelques centimètres afin d’éviter que le trident ne perce sa tenue de plongée. Il ne manquerait plus que ça.

« Dès qu’on récupère l’algue, on ranimera votre camarade, » confirma Alec d’un ton qu’il voulut rassurant.

Le garde répondit d’un « Humpf » sceptique. Tout en avançant, Alec gardait un œil sur la carte. Au croisement, Alec leur fit signe d’arrêter et il nagea plus près du sol. Il balaya de la main le sable pour dévoiler une dalle apparemment vierge.

« Hmm… je ne comprends pas… D’après Fuller, la plaque est censée être couverte de runes. À moins que… » Alec points sa baguette sur la dalle de pierre et lança le Révélasort de Scarpin. Sans succès. Le jeune homme fronça les sourcils, contrarié et, alors qu’il allait s’éloigner pour réfléchir, des mots tracés en celte apparurent. C’était une énigme. Il fallut plusieurs minutes à Alec pour déchiffrer le sens général du petit texte, puis encore plusieurs minutes à réfléchir à voix haute avec les autres pour déchiffrer l’énigme. Au bout d’un certain temps, il plaqua sa main sur son front.

« Roh, j’suis bête… C’est tout con en plus… » Il pointa de nouveau sa baguette sur la dalle de pierre et l’Être de l’eau qui les escortait eut un mouvement de recul. « Lumos maxima! » Une lumière vive éclairait désormais le sol et, sur la pierre, des runes commencèrent à se tracer, comme écrites par une main invisible. La lumière au bout de sa baguette faiblit et les runes disparurent. Alec jura et relança le sort. Cette fois-ci, les runes étaient complètement apparues. Il dut relancer plusieurs fort le sort d’Éclairage maximal, le temps de comparer les runes au lexique fourni par la Fuller. Alec finit par lever la tête vers Thomas en souriant d’un air triomphal. « On la tient, cette algue! » Il suffisait juste maintenant de neutraliser ces runes afin de permettre à la dalle de libérer l’accès à une grotte sous-marine qui était en elle-même un microclimat sous-marin qui avait développé son propre écosystème fragile. C’était là que poussait l’algue qu’ils étaient venus chercher.

Après plusieurs tentatives, Alec finit par réaliser qu’une erreur avait dû se glisser dans le lexique de Fuller et il dut se fier à sa mémoire pour la corriger. Finalement, la dalle s’ouvrit, libérant un passage suffisamment grand pour laisser passer un adulte d’une bonne corpulence.

« Et voilà le travail! Après vous. »

D’un raclement sourd, la dalle runique consentit enfin à leur céder un passage. Quelques lourdes bulles s’échappèrent du trou sombre qui s’offrait désormais à eux, et Tom ne se fit pas prier pour s’y engouffrer. De quelques moulinets des jambes, il se glissa dans l’ouverture et ouvrit le train, ses compagnons et le gardien à sa suite.

Au départ étroite, rien d’autre qu’un boyau de roche, la cavité s’élargie pourtant doucement, permettant finalement aux trois phénix de se tenir debout et de front. Ils durent d’ailleurs tout trois garder leurs baguettes à la main, premièrement pour dissuader l’être de l’eau qui flottait d’un air maussade à leur suite de tenter quoi que ce soit, mais aussi pour éclairer le passage plongé dans une pénombre totale. Au détour d’un coude pourtant, les halos magiques qui coiffaient leurs baguettes devinrent presque inutiles. En effet, une vingtaine de mètres plus loin, une étrange luminosité fluorescente nimbait le tunnel d’une douce lueur bleutée et miroitante. Sous leurs palmes, au-dessus de leurs têtes, partout ou se posaient leurs yeux, la roche se trouvait de plus en plus recouverte de corail de mille formes, étoilée, ramifiée, cylindrique, ronde ou en éponge, et de milles couleurs pastels, bleues, vertes, roses, mauves et même orange. Et partout aussi se nichaient une foule d’anémones translucides qui s’agitaient paresseusement au gré des eaux et irradiaient d’une lumière qui leur semblait propre. Certaines, petites comme une simple touffe d’herbe, d’autres, aussi grandes que des buissons et truffées de poissons argentés. Au milieu de tout cela flottaient de longues touffes verdâtres à l’aspect gluant, seules algues visibles pour le moment, et pas celle qu’ils espéraient trouver.

Le spectacle n’en restait pas moins fascinant et ils continuèrent d’avancer toujours plus loin dans l’espoir d’apercevoir enfin ce qu’ils étaient venus chercher, et plus ils avançaient plus la luminosité du couloir sous marin se faisait forte et plus la biodiversité se faisait riche. Thomas avait toujours aimé la botanique, et même s’il se trouvait plus versé en matière de plante terrestre, il était prêt à parier que certaines de ces espèces étaient encore méconnues d’eux. Malheureusement ils n’étaient pas là pour la recherche et ils se devaient de rester concentrer sur l’objectif. Un objectif que l’être de l’eau ne partageait visiblement pas puisqu’il fini par s’immobiliser au milieu du couloir, refusant de nager plus loin. Songeant à tord que c’était un bon signe, Tom le laissa planter là sans insister et ils continuèrent leur avancée jusqu’à déboucher sur une plus grande cavité, aussi longue que le hall du ministère mais plus étroite et sans bureaucrates.

Le spectacle était bien plus beau également, et recelait d’une vie insoupçonnée. Une multitude de plantes touffues s’étalaient partout où se posait le regard et d’ailleurs, tout au fond de la cavité se trouvait une belle quantité d’algues courtes et d’un mauve pâle agréable. Avec un peu de chance, il s’agissait de celle-là, Alec le leur dirait en comparant le végétal aux images que Miss Fuller leur avait fournies.

Les plantes n’étaient pourtant pas les seules habitantes de ce lieu reculé… la roche marine se trouvait percée de nombreux trous et autres conduits ou se nichait la vie animale et qui permettaient à toutes sortes de créatures d’aller et venir à leur guise… La preuve en était qu’un véritable banc de pieuvres-foudre se dirigeait mollement vers eux. Animal marin certes, mais animal magique surtout, rien d’étonnant dans un lieu de ce type, mais très agaçant tout de même car les fines tentacules de ces bestioles pouvaient contenir des décharges électriques dangereuses pour la santé l’homme.

« Je crois qu’il vaut mieux que l’on se sépare les tâches » fit remarquer Thomas, un pli soucieux barrant son grand front sous son casque « Chargez-vous de trouver et de ramasser les algues pendant que je tente de les garder éloignés »

Dé = Les pieuvres se déplacent en grand nombre et c’est ce grand nombre qui les rend dangereuses. Une seule pieuvre ne peut tuer un homme mais se retrouver coincer au milieu d’un banc de pieuvre-foudre est une fin longue et douloureuse. Heureusement ces demoiselles, habitantes des fonds marins, craignent l’eau chaude. Tom tente donc de créer à l’aide de sorts multiples une barrière d’eau tiède pour bloquer leur progression…

Pieuvres

Combien de temps le banc de pieuvre-foudre est-il retenu ?

Oui : Tom pourrait faire plus chaud encore mais ne tient pas à détruire l’écho-système de cet endroit en fluctuant trop la température. Cela dit, ils ont tout de même un peu plus de 10-12 min, de quoi s’assurer rapidement qu’il s’agit bien de la bonne algue, d’en fourrer à craquer tous leurs sacs et de se dépêcher de ressortir d’ici.

Non : Mieux vaut arracher quelques unes de ces algues et les fourrer à la hâte dans vos sacs les enfants car ces idiotes de pieuvres continuent de se dandiner lentement vers eux. Apparemment celles-ci sont plus résistantes à la chaleur que celle que Thomas à déjà rencontré. 2-3 min pas plus, pour ramasser les algues et réussir à contourner le banc sans se prendre quelques très jolies décharges…

Si Alec avait eu plus de temps, il en aurait profité pour faire quelques esquisses (même s’il n’était pas très doué) ou prendre quelques clichés des lieux. Or, malheureusement, il devrait se contenter de ses souvenirs. Comme tant d’autres choses qu’il n’avait vues qu’un fugace instant lors de ses voyages… Un jour, il mettrait de l’ordre dans toutes ses notes, sépareraient ses cahiers scientifiques de ceux qu’il noircissait pour le plaisir. Il avait sûrement assez de matériel pour en faire un livre, un récit de voyage et d’aventures. Ce serait sans doute une façon de raviver le souvenir de Giles. Un hommage, en quelque sorte. Un héritage pour Cecilia qu’elle pourrait lire quand elle serait plus âgée.

Alec dut s’arrêter afin de prendre le temps de comparer les croquis de Fuller au tapis d’algues sur le sol. Ses yeux passaient du carnet aux algues et des algues au carnet. Deux se ressemblaient particulièrement et il devait redoubler de vigilance pour s’assurer qu’ils prenaient la bonne algue, car si l’une était la bonne, l’autre mélangée aux ingrédients de la potion de soumission donnait un poison explosif mortel. Dans le doute, Alec préférait ramasser les deux algues. En espérant qu’ils en aient assez de la bonne.

Quand Thomas proposa de se séparer les tâches, Alec leva la tête et acquiesça, car ils ne pouvaient pas se permettre de faire autrement. Un seul regard sur les pieuvres qui approchaient suffit à le convaincre de la nécessité de la chose. Le jeune homme nagea jusqu’à être à la hauteur des algues et en arracha une, puis deux… Avant de se rendre compte qu’elles se flétrissaient à une vitesse ahurissante dès qu’elles quittaient le terreau fertile du fond marin.

« Oh la merde… On ne peut pas les arracher! » s’exclama-t-il, soudain beaucoup plus inquiet. Trois minutes s’étaient déjà écoulées et ils n’avaient encore aucune algue viable. Alec finit par sortir sa baguette et tenta un sort de découpe. Qui heureusement, fonctionna. Ainsi donc, les algues magiques devaient se cueillir par la magie. Bonne chose à savoir. Mais peut-être que s’il avait été plus attentif en cours de botanique, Alec l’aurait déjà su…

Son sac étant plein, il passa à celui de Tom et le remplit aussi vite qu’il put, mais déjà les pieuvres jugeaient que la perspective de bouffer du sorcier valait la peine de traverser une zone d’eau plus chaude…

« Thomas… On BOUGE! »

Et tous s’engouffrèrent dans l’étroit passage pour réapparaitre par la dalle de pierre. Par le trou, six colossales Êtres de l’eau les attendaient, braquant leur trident enduit d’une substance dont Alec préférait ignorer l’origine.

Il leva les bras bien haut, en signe de reddition.

« Vous pouvez nous escorter jusqu’à la porte, nous nous en allons. »

Un septième Être de l’eau apparut en trainant son collègue stupéfixé.

« Vous n’irez nulle part avant de l’avoir soigné, » ordonna-t-il d’un ton sans appel.

Molly s’en chargea d’un simple Enervatum puis ils furent jetés en dehors de la cité d’Ys.

Ils avaient les algues, c’était l’essentiel.