Cela fait plusieurs jours qu’il est rentré, plusieurs jours qu’il n’a rien dit. Rien dit. Enfin si, il parle, mais pour les autres, il est simplement parti quelques jours de plus pour s’évader du quartier général. C’est marrant comment les choses se déroulent, pas vrai ? C’est toujours quand il tente de se faire petit que tout lui tombe dessus. Pourtant, lui, ne l’avait pas demandé. Les plaintes des moldus raisonnent toutes les nuits dans ses oreilles pour lui rappeler à quel point il a été inutile, à quel point il s’est fait lâche. Alors quoi, il devrait rester ici ? Il en est incapable et il le sait. Et c’est ce besoin d’agir qui le met souvent en danger pourtant il ne peut y faire autrement. Alors il préfère ne pas essayer. Cela fait à peine une semaine qu’il est rentré et, déjà, il veut que Wallas lui donne une mission. C’est comme … une envie de se racheter pour ce qu’il a fait ou n’a pas fait, justement, là-bas au Divine Comedie.

Ses ‘collocataires’ le croient lorsqu’il leur dit qu’il est parti sur les cotes anglaises. Il n’a pas eu besoin de préciser où, cela n’a pas d’importance, que cela soit vrai ou faux. Ce n’est qu’un détail. Noah le croit-il ? Il ne sait pas et, au fond, pense que Noah ne le croit plus depuis un long moment. Ils ne se disputent plus depuis sa sortie du coma et l’irlandais ne sait pas ce qu’il préfère. Les engueulades ou l’ignorance. Lorsqu’ils s’échangent trois phrases, il peut toujours compter sur Joey pour les déranger et, aussitôt, il se retrouve seul. Leo n’a pas oublié les reproches de l’argentin ses accusations et la rancune est bien présente. Plus il s’éloigne de cet homme mieux il se porte … Même si cela signifie perdre Noah. Mais cela, il le sait depuis bien longtemps. Le palestinien lui échappe et il se sent égoïste peu importe la décision qu’il prendra.

L’irlandais sort de sa chambre pour se diriger vers le salon et il n’y a personne. Tant mieux, il n’a pas l’envie d’entamer une discussion. Et puis pour dire quoi ? Que tout va mal et que c’est de sa faute ? Par merlin, non merci. Niveau reproches, il a assez donné. Il s’installe sur le fauteuil le plus proche du feu qui crépite dans la cheminée. Il s’ennuie, cet endroit l’ennuie, le Quartier Général est d’un soporifique lorsqu’il n’y a personne d’autre que lui. Son regard se pose sur la gazette et les portraits des terroristes activement recherché par la brigade magique et tous les sorciers d’Angleterre, surement. Il en veut à Hansen mais s’en fiche assez bien en fin de compte. Balance-moi et j’te balance, cela lui va très bien comme relation. Il ne sait pas ce que Bishop va faire de cette info, il en sait que dalle mais s’il pouvait la crier sur tous les toits de Londres, cela l’arrangerait bien. Savoir sa famille de l’Ordre était déjà difficilement supportable pour le suédois et Leo se demande comment ce dernier réagira si la bouclette décide de tout balancer à la presse. Cela serait intéressant de voir sa réaction mais malheureusement, Leo sait bien qu’il ne pourra pas. Leo se regarde sur photographie qui gigote dans tous les sens et ne peut s’empêcher un petit sourire. J’suis pas si mal de profil. Un soupir las le gagne à nouveau après quelques secondes et le journal retrouve sa place initiale. Qu’est-ce qu’il s’emmerde…

Il ne l’a pas entendue arriver mais elle ne le fait pas sursauter pour autant. Il a l’habitude avec les allées et venue des Phénix au Quartier Général. S’il devait sursauter à chaque fois qu’on l’interpelle en lui coupant le train de ses pensées, depuis longtemps, il aurait eu une crise cardiaque. Il pense d’abord que c’est Molly parce que Noah n’aurait pas pris la peine de lui tapoter sur l’épaule ainsi. Avec Noah c’est différent, c’est toujours différent. L’irlandais soupire intérieurement et se retourne. Pas Molly. Il ne la reconnait pas pourtant, il a vaguement l’impression de l’avoir déjà vue … peut-être pas dans ce trench coat trop grand pour elle.

« Je veux me bourrer la gueule chez les moldus, t'es de la partie ? Je t'offre le premier verre si t'insistes, et t'auras pas à insister longtemps. »

La demande le surprend légèrement. Ce n’est pas qu’il ne veut pas c’est juste que … ce n’est pas souvent qu’on lui propose de se bourrer la gueule chez les moldus et que, la dernière fois, ça c’est mal passé. Enfin … mal passé. C’est Teddy. Teddy qui voulait mélanger de la poudre de Mandragore dans les boissons moldue et aller dans une fête moldue. C’était quoi le mot déjà, l’irlandais avait du mal à se souvenir de cette soirée-là. Une chose était certaine, plus jamais il ne reprendrait cette substance douteuse qui ne faisait que du mal autour d’elle. Le jeune homme en était accro et la poudre avait fini par le tuer et Leo ne préférait plus y penser. La aussi, il aurait du faire quelque chose, tenter de le dissuader d’en prendre. Mais Teddy était comme Sean, tout aussi borné et accro. Alors si Leo n’avait rien contre les moldu, qu’il préférait qu’on les laisse tranquille, il n’avait pas pour autant de bons souvenirs quand à leur fréquentation.

« Mauvaise journée ? », lui demanda t-il en se levant Qu’est-ce qu’il était con de poser cette question. De un, cela sautait aux yeux et de deux si elle voulait se bourrer la gueule ce n’était pas forcément pour en parler mais au contraire pour oublier. Et puis lui aussi, il avait besoin de se changer les idées. Et ne pas voir les sorciers s’entre tuer le temps d’une soirée lui ferait du bien … enfin … pour ça il verrait le lendemain. Il avait plus l’habitude de la boisson sorcière que moldue et, s’il tenait bien à l’alcool généralement, il ne savait pas réellement quel effet aurait sur lui les breuvages moldus. Mais l’irlandais hocha néanmoins la tête à sa proposition. Ca y’est, sa mémoire commençait à lui revenir. C’était elle qui était arrivée comme une tornade au QG mordue d’inquiétude pour ses proches qui étaient fichés terroristes par le Ministère. Rien de plu normal vu les circonstances mais il arrivait enfin à mettre un prénom sur ce visage. « T’es Lauren c’est bien ça ? », lui demanda t-il pour détourner la conversation quelle ne voulait pas forcément avoir. Pas très subtil mais, d’un autre côté, il se doutait que c’était pareil de son côté. Ce n’était pas comme s’ils étaient proches ou s’étaient côtoyés souvent au Quartier Général. Elle l’avait apostrophé ainsi parce qu’il n’y avait que lui de présent ce soir et que, de toue façon, les présentations auraient tout le loisir de se faire autour de plusieurs verres. « T’auras pas besoin de me forcer. J’veux bouger même si j’ai pas l’habitude d’aller chez les moldus. » Ouais, il voulait bouger, sortir d’ici, penser à autre chose, faire autre chose que de tourner en rond. Il n’était pas en cage mais avait tout autant l’impression de l’être. « J’te suis. Toi qui choisi. Au moins le Ministère n’aura pas l’idée de me chercher là-bas. Enfin. », sourit-il légèrement amusé même si ce n’était pas réellement drôle. « Ce n’est pas leur genre. T’as une idée d’où tu m’emmènes ? », lui demanda t-il sans se soucier de prévenir les autres qu’il partait. Ce n’était pas la première fois qu’il partait ainsi et ce n’était pas comme si Noah le prévenait tout le temps de ses escapades avec Joey. L’irlandais eut une petite moue désaprobatrice.Chez les moldus ou pas, il avait besoin de sortir d’ici.

La réaction de Lauren lui montre qu’il a raison, que la mémoire photographique l’aide encore une fois même si cela peut surprendre ceux qui ne le connaissent pas ou de vue seulement. Cette mémoire photographique qui l’aidait à repérer les personnes qui revenaient souvent au Trois Balais, toujours les mêmes, souvent : les appeler par leur nom, les reconnaître, savoir ce qu’ils allaient commander sans même avoir besoin de le leur demander. Alors oui, il n’avait pas souvent vu Lauren mais lorsqu’ils s’étaient tous retrouvés au Quartier Général le jour de l’affichage de leurs têtes, c’était elle qu’il avait repéré en premier. Elle qui avait commencé en premier la discussion des arrangements qu’ils devraient prendre pour rendre la situation moins pénible avec Thomas. Thomas qu’il considérait, avec raison ou non, un peu comme le plus avisé d’entre tous. Alors oui même si ce jour-là, Leo était resté en retrait sans prendre réellement part à l’agitation qui régnait dans la pièce centrale, il l’avait remarqué.

« Ouais c'est ça. Et toi beaux yeux ? Tu veux me dire ton nom ou je te kidnappe dans le plus total anonymat ? » Surprise passée, Leo regrette un peu d’avoir été aussi direct mais la brune ne semble pas lui en vouloir. Et c’est tant mieux. Ah oui son prénom … en fait non il n’a pas le temps de lui répondre qu’elle se lance dans un monologue. « On oublie ce foutu monde sorcier et ce salopard de Kark. J'ai l'honneur de t'annoncer que je te traine dans une espèce de cave de jeunes alcoolos où y'a des étudiants à la pelle. Ils se planquent là bas pour éviter la déprime quotidienne mais t'étonne pas de voir des Détraqueurs flotter au-dessus du bar. »

Finalement le QG c’est bien, c’est mieux, y’a pas ces merdes qui traînent au dessus de Londres depuis un moment déjà. Et la jeune femme continue, l’empêchant d’y penser parce qu’il n’a pas envie d’y penser. « Ce soir c'est soirée ping-pong. Alors t'inquiète, on va pas jouer à ça de manière normale. Enfin je sais même pas si tu as déjà joué au ping-pong de ta vie, si ça se trouve t'es sorcier à bloc. Tu verras au moment venu mais je pense que ça va te plaire. » Leo n’a pas le temps de répliquer qu’elle lui colle un baiser sur la joue avant de transplaner. C’est vicieux comme façon de faire et Leo n’aime pas les surprises du genre, surtout lorsqu’un Détraqueur se ramène à l’arrivée. Il n’a rien contre Lauren, rien du tout mais le transplanage, ce n’est pas la façon de se déplacer qu’il préfère. Il aurait préféré marcher quoique … non, elle a raison. Traverser le Londres sorcier alors que ta tête est affichée sur tous les murs n’est pas forcément la solution la plus intelligente. Mais n’empêche qu’il n’a rien compris à ce qu’elle lui raconte. Le Détraqueur les force à courir pour se retrouver dans le lieu qu’elle lui a décrit. Ils seront surement mieux ici qu’en compagnie de cette créature qu’il ne veut pas recroiser au retour. « Allez viens Beaux Yeux ! On fonce dans l'alcoolisme et la dépravation ! Ca me changera... » Sa voix est amère et el jeune homme ne peut s’empêcher de la comparer à certains des clients de l’époque où il était encore serveur. Soit, Beaux-yeux s’avance vers la salle. Ses pas sont petits alors que Lauren s’avance à grandes enjambées et Leo doit se dépêcher pour la rattraper. Elle connait les lieux et s’y sens à l’aise, tout le contraire pour l’irlandais alors que c’est l’inverse qui aurait du se produire. Les voix s’élèvent dans la pièce mélangée à la musique et au bruit des balles qui rebondissent sur les tables.

Leo est curieux. Très curieux. C’est la première fois qu’il entend parler de ce jeu. En réalité, il ne s’est jamais réellement intéressé à la culture moldue même s’il admet aisément que ces derniers se débrouillent bien sans magie et qu’ils ne doivent pas être considérés comme une race inférieure comme le prétendent les Ombres et les Héritiers. C’est étrange cette contradiction qui lui refait penser au même mal aise qu’il ressent devant les Elfes de Maison. Lauren a déjà passé commande et Leo se promet de payer la tournée suivante sauf que … sauf qu’il n’a pas d’argent moldu et que peu d’argent tout court de toute façon. Reste qu’il n’a pas envie de penser ce soir au fait qu’il est complètement fauché et qu’il ne sait pas réellement si cela va s’arranger un jour. Avec la tête placardée, pas facile de trouver un boulot. Il pourrait retourner chez les O'Ryan mais non ... il ne leur causerait que des ennuis et puis prendre du Polynectar toutes les heures pour garder son identité secrète ? Trop dangereux. Drew repérerait directement que quelque chose ne collait pas et il n'avait pas envie de risquer sa tête.

L’alcool lui fait du bien et l’impression de réchauffement qu’il apporte n’est pas si différent des alcools sorciers. Lauren à l’air songeuse et sa contemplation du verre devant elle fait penser au Serdaigle qu’il ne va pas rester plein bien longtemps. « L’anonymat c’est bien mais Leo c’est mieux. », lui fit-il avec un faible sourire en se présentant. Il aurait du le faire depuis le début, c’était très impoli de sa part de l’apostropher ainsi sans pour autant lui révéler son identité. « Tu viens souvent ici ? », lui demande t-il en se retournant pour observer la partie qui se jouait devant leurs yeux. Quel jeu étrange, c’était quoi ce bout de bois qu’ils tenaient dans leur main ? « Bon, il va falloir que tu m’expliques un peu parce que je suis complètement perdu. C’est quoi cette balle qui ressemble à un vif d’or à qui on aurait coupé ailes ? » Il avait murmuré la fin de cette phrase pour ne pas que d’autres les entendent. Il fallait rester discret avant tout. Il n’avait pas envie d’avoir des problèmes. Si cela se trouve, il y avait des taupes parmi ce groupe de jeunes même s’il en doutait. Mieux valait éviter de se faire remarquer même s’il avait tendance, bien malgré lui, à faire l’inverse de ce qu’il voulait ces derniers temps. « J’eux bien tenter hein mais je risque d’être la risée de tous ici. C’est pas des débutants. Même si j’y comprends rien ça se voit. »

« Et je crois qu’on m’a parlé de toi, mais là, pas possible de remettre la main dessus. » L’irlandais hausse les épaules. « Tout le monde parle un peu de toute le monde. Le QG c’est pas loin d’être une usine à potins. » « J’ai mes coins dans le Londres moldu. C’est pas mon préféré, je préfère danser que me bourrer la gueule mais j’aime bien l’ambiance. Enfin tu verras, ça s’échauffe vite par ici. Tout est un peu permit, c’est plutôt cool. Mais la tranche d’âge, elle est plutôt mince. Si je continue pas de me saouler je vais vite faire tâche et y’en a un qui va me prendre pour sa mère. » Elle la mère et lui le fils, cette vision le fait sourire alors qu’ils ne se connaissent pas vraiment, il l’aime déjà. Elle n’a pas eu à lui forcer la main et lui a eu raison de venir. Cela fait du bien de s’éloigner du monde sorcier, souvent. Les moldus sont tellement différents qu’ils arrivent à t’en faire oublier l’ère sombre dans laquelle ils vivent.

Lauren lui explique et Leo fronce les sourcils et termine son verre comme si cela allait l’aider à y comprendre d’avantage. En fait, il va tout simplement regarder pour commencer. Histoire de ne pas se viander des la première partie et de ne pas paraitre trop minable. Mais Lauren en a décidé autrement. Si elle continue à lui tirer par le bras, elle n’aura pas besoin de boire pour qu’on la prenne pour sa mère, sérieusement. L’irlandais prend le verre que le serveur à laissé sur le côté avant de la suivre. Il ne comprend rien à leur échange rempli de références moldues qu’il ne connait pas mais se tait et attend parce que c’est la meilleure chose à faire, pour le moment. Sa dernière remarque récolte quelques sifflements et les gars finissent par l’accepter et Leo a un sourire amusé.

« Et ton petit frère, il tient la route ? »
-« C’est Leo, moi Lauren - et voilà le fric tiens, prends ! Et ouais il tient la route. Balance la bière et fait tomber la chemise. Je t’offre mon sous-tif si on gagne pas cette partie. » Leo tente d’en placer une mais n’y parvient pas dans l’échange rapide qui se déroule sous ses yeux. Il ne peut que rouler des yeux à la mention du « petit frère. » Ouais, s’ils veulent le croire, enfin. C’est quand même mieux que de l’imaginer comme étant sa mère. Leo se tourne au dernier commentaire. Amusant comme l’apparence est trompeuse. Mais Lauren le tire par le bras pour jouer et le brun marmonne. « Le Roi du monde hein. Faudrait pour ça que je sache viser, que la balle passe au dessus du filet … c’est pas gagné. » Et en plus y’a du monde pour le déconcentrer et le problème c’est qu’il lui en faut peu pour le déconcentrer. Une belle geule, des beaux yeux et paaaaf, dans le filet. Quelques ricanements suivent lorsqu’il se plante lamentablement. Au tour de l’autre, et, évidemment, c’est dans la boite. Leo grogne et rougit un peu. C’est pas permis de se faire avoir aussi facilement. « Y parait que la chance des débutants fonctionne pas sur moi. », sourit-il en buvant le verre cul sec. « Vas-y retente gamin. JonJon te montrera si tu veux. Y’a rien de mieux que la pratique. » Sourire innocent et Leo a envie de lui écraser le pied mais n’en fait rien et tente de rester impassible malgré le sous entendu qui ne l’arrange pas. C’est qu’il est mignon le Jonnhy et qu’il le sait. « J’vais te la mettre dedans tu vas … » Merde merde, quand apprendra t-il donc à se taire. Il a plus l’air si innocent d’un coup. Il faudra veiller à le bâillonner après plusieurs verres. Qui sait ce qu’il pourrait dire encore. Des rires amusés fusent et Leo retente pour ne pas penser à ce qu’il a dit ou ce qu’il pourrait dire encore. Et hop dans le gobelet.

La partie avance et, au final, il ne se débrouille pas si mal même si y’a quelques ratés dont une balle malheureuse dans le nez d’un des participants. C’était pas voulu, vraiment pas. C’est juste qu’il n’est encore moins doué lorsqu’il a plusieurs verres dans l’estomac et que, l’alcool moldu … et bien il a du mal. C’est le tour de Lauren et le Jonnhy en profite pour l’entraîner à ses côtés. « Viens jouer à l’infirmière. Le soutif de ta sœur tu sais j’m’en tape. » Clin d’œil à peine caché et Leo ne pense même pas à s’en écarter. L’alcool moldu a toujours eu cet effet sur lui. Il n’a jamais réussi à tenir plus de quelques verres mais pour le moment, il s’en fiche. C’était le but de la soirée, oublier toute cette merde. « Ramène tes fesses sur la table, Leo. C’est ton tour. Certains n’ont pas oublié la proposition de ta sœur. » « Ah ouais ? Et nous on a quoi en échange ? Ton pote me déconcentre peut-être quand il joue mais c’est loin d’être ton cas. » Sourire moqueur, regard joueur. Les paris sont lancés.

Leo n’a jamais été doué aux jeux. Ce n’est pas qu’il essaye de s’y mettre pour autant mais disons qu’il n’est tout simplement pas doué même si, parfois, il se débrouille. Mais c’est une chance sur deux. Et ce soir il parait que c’est la malchance qui l’emporte. Enfin ce n’est pas un drame, ce n’est qu’un jeu et puis il y gagne au change même si ce n’est pas le bon, même si ce n’est jamais le bon. Même si cela ne sera jamais le bon car quoi qu’il dise ou fasse, le bon restera toujours Noah même s’il n’y aura jamais plus de duo à deux. Il a tout gâché et puis maintenant, il y a Joey. Sa mine s’assombrit pour la chasser d’un énième verre qu’on lui tend. C’est ça la solution. Alors il accepte parce que toute façon, ce soir, tout est permis.

La partie continue si bien qu’il ne fait pas attention au regard que lui porte Lauren ni même la réflexion qu’elle se fait car, assurément, il aurait sursauté. Alors Leo continue et fait comme s’il ne s’était rien passé parce que, justement, pour lui, cela ne s’est pas passé. Lui si observateur d’habitude n’a rien remarqué du comportement de celle qu’il considère derechef comme une amie. La partie continue, les verres s’enchaînent (parce qu’il parait évident qu’ils perdent.) Bah tiens. Un sourire idiot se forme sur les lèvres du jeune homme lorsqu’ils scandent leur dû. Que dalle, c’est pas encore fini et Lauren le leur fait bien savoir avant de s’y remettre. Et quand à Leo, et bien il est plus dans le trip de se faire déconcentrer par Jonnhy que de suivre le jeu. En réalité, il ne suit plus rien du tout depuis un bon moment déjà et c’est la voix de Lauren qui attire son attention. En fait, elle essaye de l’éloigner de celui qui le déconcentre et sa façon de s’y prendre aurait été amusante s’il n’était pas l’intéressé dans l’histoire. Il a déjà trop bu et s’en fou complètement. Faut pas croire ce qu’on dit sur les serveurs. On ne s’occupe que de servir, pas de boire et de jouer à qui tiendra le mieux et faut pas croire non plus qu’il restait les mains vides quand son amie jouait. Il était occupé et bien occupé même si vous voyez ce que je veux dire.

C’est à son tour de jouer et Leo lui répond comme il le peut dans son état peu glorieux. « Hein que j’suis tellement beau gosse que j’aurais même pas à jouer pour le mater pour gagner le … bah parce que ouais, y’a pas que ton soutif en pari. » Parce que ouais, entre deux cousins moelleux, une main baladeuse et la chaleur de la pièce, c’est une toute autre proposition qu’il lui est parvenue et perdre ne lui avait jamais paru aussi agréble. Si bien qu’il n’est pas gêné quand il le balance à tout le monde et ne se reprend pas comme l’aurait fait un débutant. Leo ne comprend pas la moitié de ce que lui balance Lauren mais ce n’est pas l’important. Il va essayer parce que c’est plus drôle beurré et qu’un rire le prend soudainement à sa dernière comparaison.
Le match continue et c’est à qui se rendra plus charmeur pour déconcentrer l’autre et le pire c’est que cela fonctionne vu les verres que beaux-yeux s'enfile à la seconde. L’envie revient, celle de gagner et on s’en fou des hormones qui jouent avec ses nerfs depuis un moment. « Nan mais la c’est de la triiiche. Attrape celle-là si tu peux ! », Fuck off, loupé, planté. Et Leo s’excite comme un gamin qui n’aime pas perdre alors que l’autre est mauvais gagnant et tente de l’amadouer avec son sourire et l’air aguicheur. Gloups, pas Gloups. « Et un point pour beaux yeux. », chantonne Leo sans se rendre compte de la situation alors, qu’en fait, il est bien mais vraiment bien entamé. « Haha, qu’est-ce que tu penses de celle-là. Et pan dans les dents et ouais j’suis doué, j’suis le roi du mondeuuuuh et on va tous les buter ces foutus Ma…. »

La table, ou elle est la table ? Leo n’a plus envie de jouer, c’est la fin, ils ont gagné, perdu, ils s’en fiche. Ici y’a pas ces connards qui leur pourrissent la vie, ici il fait comme s’ils avaient gagné parce que ouais c’est ce qu’il a faillit dire si Lauren ne l’avait pas bâillonné d’une main. Leo hausse les épaules et attrape un shoot pour le lui donner. Briser les règles, bah quoi c’est ce qu’il fait depuis le début alors pourquoi ne pas continuer. « We will be victoriouuus ! » D’où il l’a entendue, il n’en sait rien mais c’est un chant de victoire qu’il aime bien et qui lui entre dans la tête. Parce que ouais, ils vont la gagner cette partie même si ce n’est qu’un jeu et qu’en prime, il va pactiser avec l’ennemi pour l’embrasser et se donner du courage pour le battre parce que ouais, c’est comme ça. Déstabiliser l’adversaire en profitant de ses faiblesses même si, au final, c’est lui qu’on déconcentre parce que l’envie de jouer n’est plus la lorsque Jonnhy ne se prive pas pour l’embrasser à pleine bouche. Le p’ti frère grandi, le p’ti frère n’est pas viril, le p’ti frère n’a rien d’un homme mais le p’ti frère s’aime comme cela et après tout c’est bien le principal dans ce monde de brute et il les emmerde tous autant qu’ils sont. « Bah quoi me dites pas que c’était interdit. » Petit sourire alors qu’il pose ses fesses sur la table. «Nouvelle règle, y’a pas de règle. La seule vraie règle c’est qu’on va tous finir bourrés et qu’en fait … ça me va totalement, pas vous ? Action ou vérité. Qui est partant ? La toute suite j’aurais bien envie d’une action.», sourit l’irlandais avec un clin d’œil pour Jonnhy alors qu’il se permet de chambouler toute leur soirée. Rooh allez juste un jeu de raquette à laquelle ils sont nuls, ce n’est pas drôle, pas de challenge, rien du tout. Au moins là, ils pourront causer, boire, oublier, mentir, rêver et même se réchauffer !