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❝ Dreams sometime hide in Hell ❞
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Dreams sometime hide in Hell
ce message a été posté Lun 15 Oct 2012 - 20:26
« Vous m'enverrez par hiboux ces deux lettres et me classerez ce dossier avant de partir. » On lui déposa à la volée un dossier épais comme un grimoire alors qu'Alexianne eut seulement le temps de retirer ses mains et sa plume. « Ah et vous n'oublierez pas non plus de passer au bureau de la commission d'examen des créatures dangereuses, j'ai encore reçu un courrier de Milan à propos des trois dernières attaques de Grapcorne ! Vous deviez y passer dans la journée déjà ! » Les notes s'amoncelaient sur son carnet alors que tout autour d'elle on se préparait à partir. « Ah et Monsieur Hansen vous a chargé de ce dossier, il faut qu'il soit classé avant son retour de Suède à 15 heures demain ! » Sur ces mots, son supérieur quitta la pièce et laissa Alex seule avec cette pile de papier sans ordre ni sens, de toutes les couleurs et de toutes les natures, griffonnés sans modération si bien qu'elle en avait mal à la tête.
Sa plume ne cessa pas de gratter dans l'heure qui suivit, elle avait l'impression de ressembler à Murdoch Macnair, le portrait à côté de la porte de sa chambre au manoir. Ce vieillard sénile occupé à légiférer des lois anti moldu depuis les morts. Sur cette pensée elle s'interrompit. Elle fit glisser son regard dans chaque recoin de ce bureau étroit et pourtant spacieux, mais étouffé de l'intérieur par ces amas de parchemin. Elle étouffait elle aussi... Elle ne voulait pas être une Murdoch Macnair, elle lâcha sa plume, s'empara du dossier à propos des Grapcorne, dans l'espoir de toucher au terme de sa journée. Aujourd'hui plus que chaque jour, elle n'en pouvait plus, et le lendemain serait encore peut être pire, car chaque matin elle en pouvait moins, et chaque soir elle n'en pouvait plus, encore un peu plus que la veille. Les quelques employés encore occupés à gratter le papier étaient tous si austère et triste. Elle avait l'air surement bien tarte dans sa petite robe blanche doublée de dentelle, oui, elle avait tout simplement l'air d'une fillette au royaume des adultes. En traversant les couloirs, elle préférait baisser les yeux, elle se serait terrée dans le plancher si elle l'avait pu. D'un pas pressé mais léger pour qu'il soit plus discret, évitant ainsi à ses courts talons de marteler trop bruyamment le plancher, elle parvint finalement au département de régulation des créatures magiques. Dans sa hâte, elle déposa le dossier à la dérobée sur le premier bureau qu'elle trouva de libre, écrit une note pour en indiquer sa nature et son motif, et s'éclipsa presque comme si elle avait transplané. Dans son bureau elle bourra son sac des derniers papiers qui lui restait à trier et s'en alla en prenant sa courte cape au passage.

Tant pis si elle rentrait avec du travail. Elle préférait bien classer mille dossiers de plus hors de ce bureau ! Quoiqu'elle devrait travailler au manoir... Passer d'une prison à une autre lui donnait seulement le choix de la prison la moins terrible. Alors qu'elle entrait dans la cabine pour sortir du ministère, elle soupira. Que ferait elle une fois dehors ? Elle rentrerait à nouveau dans un dedans... Elle activa la poignée puis réapparut dans le coin d'une ruelle. Elle resta adossée à ce mur un moment. Elle voulait y retourner encore une fois, rien qu'une fois puis elle ferait le serment à nouveau de ne plus jamais y mettre les pieds. Ne pouvait elle se permettre cet écart, en était ce un d'abord ? Elle avait du travail, elle pouvait très bien s'asseoir un moment pour trier ses dossiers.

C'est ainsi qu'elle se trouva à nouveau dans le « Divine Comedie »... Une fois qu'elle avait pris cette décision, elle avait marché sans s'arrêter, dans son esprit elle courait aussi pour éviter d'avoir le temps de souffler et d'hésiter. Même lorsqu'elle passa devant les hôtesses une nouvelle fois ce mois ci, elle se persuada de ne pas penser, se contentant de s'acquitter de ses quelques galions pour pénétrer dans l'océan rouge qu'elle connaissait trop bien à présent. L'endroit n'avait pas encore été pris d'assaut par les sorciers qui sortaient du travail, ces sorciers biens sous tout rapport, venus s'attabler ici pour jouir du luxe d'être entre eux, des hommes riches fortunés et gourmands de toute chose. Alexianne n'était pas l'une des leurs, elle n'était pas gourmande. Elle savait bien qu'ici régnait les hommes, en majorité du moins, et qu'à priori, elle n'y avait pas sa place. Mais tant pis, elle venait pour la scène.
Une légère musique enveloppait déjà le lieu, étouffée par les tentures et le velours rougeoyant, provenant peut être des coulisses. Certainement que le spectacle de la soirée n'allait pas commencer encore. Alexianne s'avança sur le large escaliers central, pas à pas, marche après marche, prudente, telle une brebis dans les montagnes, au creux desquelles se lovaient quelques loups et rapaces. Si une connaissance la croisait ici, elle savait déjà quoi prétexter : un rendez vous professionnel. Mais c'est bien parce qu'elle pensait ne rencontrer personne de sa connaissance ici qu'elle y venait. Ce qu'elle cherchait au « Divine Comedie » elle pouvait le trouver en des lieux plus classique ailleurs, mais à quel prix ? Que Rogan la surprenne à Londres quand elle devrait être au manoir, c'est tout ce qu'elle cherchait à éviter. Elle était persuadée qu'à part son oncle Thomas, aucun Macnair n'avait du mettre les pieds ici, pas même sa tante Brooke !

Elle s'était nichée au creux de la corbeille, l'endroit qu'elle préférait pour le panorama qu'il offrait de la scène, attablée en retrait, à l'abri des regards. Quand elle fut persuadée de n'être reconnue de personne, elle retira sa cape, inquiète et toujours sur ses gardes, puis déposa ses dossiers sur la table. Les spectacles qu'on servait ici était le plus souvent dérangeant à la vue d'Alexianne, mais très souvent aussi, à côté des démonstrations trop provocantes à son gout dont se délectaient les habitués cohabitait une chanson. L'érotisme qui se dégageait de ce lieux ne lui correspondait absolument pas, il ne correspondait à aucune jeune fille de bonne famille à son avis, mais l'on chantait tout de même sur cette scène. Et on chantait divinement bien, d'une voix toujours claire et puissante portée par des lumières de feu qui brûlait les yeux de beauté. Car elle devait l'admettre, le spectacle, pour peu qu'on manque de bonnes moeurs, était incroyable. Pour elle, cette scène était une terre promise, celle dont elle rêvait, dont elle avait entendu parler et qu'elle voyait même, mais sur laquelle il lui était impossible de poser un pied. Voilà pourquoi elle venait, pour rêver tout simplement, pour s'échapper de ses deux prisons l'espace d'un instant et venir s'évader ici, là où l'on célébrait la beauté de la chair et de l'art, ce qu'Alexianne oubliait totalement, ce qui disparaissait à ses yeux pour ne garder que la scène, brute, vide. La tête dans la paume de ses deux mains, elle avait cette étourderie dans le regard, un regard qui semblait vide et pourtant elle, savait qu'elle y voyait beaucoup de chose. Passé quelques minutes et n'y tenant plus, elle se leva, toujours en restant aux aguets. Elle longea tout doucement la rampe qui encerclait la corbeille pour rejoindre l'escalier central et descendre dans la fosse. Très vite elle retourna vers le fond afin de longer le mur tout en se rapprochant de la scène.

Elle avait déjà songé à rencontrer quelqu'un du cabaret pour lui parler de son projet, lui proposer de l'écouter mais elle avait renoncé. Aussi passionnée qu'elle l'était, la passion, l'envie de monter sur cette scène qui l'appâtait depuis des mois ne brûlait pas encore assez fort pour qu'elle ose. Elle n'était pas encore prête à tout. Auquel cas, elle y serait montée sans l'autorisation de quiconque et cesserait cette comédie, celle qui consistait à venir en douce ici, au moins une fois par mois, à se gaver de rêves jusqu'à la sasiété, jusqu'à l'excès, et même jusqu'à l'indigestion, celle des remords lorsqu'elle quittait le « Divine Comedie » et qu'encore une fois rien ne s'était passé. La seconde raison pour laquelle elle ne s'était jamais décidée à franchir le pas l'en empêcha définitivement le jour où elle aperçu de loin le propriétaire des lieux. Un homme qu'elle n'avait pas su bien distinguer mais dont l'effroi qu'il lui inspirait n'en restait pas moins fulgurant. Jamais plus elle n'avait été moins tranquille en venant. Cet homme, Bartholomeus selon les dires, était devenu pour elle l'incarnation de ce lieux dans tout les interdits qu'il représentait pour elle. Elle n'était même pas certaine qu'elle l'avait réellement vu mais il s'accrochait encore à son esprit, lui rappelant avec toute sa famille, que les rêves qu'elle poursuivait n'étaient pas pour elle.
En approchant de la scène d'encore un peu plus près, elle se fit plus prudente. Pourtant elle ne put s'empêcher de fredonner un air, très simple mais qui lui était venu si spontanément aux lèvres qu'elle se résolu à ne pas l'étouffer. Tout en chantonnant, elle s'assit sur une chaise juste à côté d'elle, sans jamais perdre la scène des yeux.
Elle demeura ainsi quelques secondes, balançant lentement la tête quand son regard croisa cette silhouette perchée sur la mezzanine. Aussitôt, Alexianne fit volte face. Là bas sur les hauteurs du cabaret elle croyait l'apercevoir encore, celui qu'on surnommait Dante, était ce son véritable nom ou bien un pseudonyme, elle n'en savait rien. Elle se leva en sursaut pour mieux le distinguer sans jamais être certaine que quelqu'un soit vraiment là où elle croyait le voir. Et pourtant elle avait même l'impression qu'il la regardait. Cette apparition fut l'histoire de quelques secondes puis il disparu, si tant est qu'il eut été présent, mais l'angoisse qu'elle ressentait perdurait en elle comme un echo. Elle réfléchit quelques instants puis se décida finalement à remonter vers la première table qu'elle avait quitté pour récupérer ses dossiers et s'en aller d'ici pour ne jamais revenir, cette fois elle en faisait serment.
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Re: Dreams sometime hide in Hell
ce message a été posté Mar 16 Oct 2012 - 12:31
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« septembre 2020 »

Il était d’humeur à écouter un peu de musique ce soir et l’insonorisation de son bureau avait été modifiée d’un coup de baguette de manière à laisser filtrer des notes étouffées. Son regard cerclé d’encre était braqué en direction de la scène à l’éclairage froid qui venait contraster avec les teintes chaudes des costumes et décors. Les danseuses se donnaient corps et âme au spectacle ce soir encore et, si Dante repérait quelques faux pas par-ci par-là, il était persuadé d’être le seul. En partie parce que les chorégraphies tant audacieuses qu’artistiques étaient faites pour capter l’attention du public mais également parce qu’il s’assurait toujours qu’au moins une ou deux des danseuses montent sur scène après avoir glissé une goutte de parfum sous leur langue… Il n’estimait en aucune façon que ce soit de la triche, c’était seulement un petit plus, comme le sang de vélane que certaines filles possédaient (ces dernières étaient évidemment dispensées de boire la moindre potion avant de grimper sur scène).

Bartholomeus porta sa tasse de thé à la violette à ses lèvres, sirotant le liquide tiède en faisant à présent voyager ses yeux sur l’entièreté du Grand Salon. Le Divine tournait parfaitement sans lui, la machine était huilée et ses apparitions se faisaient plus rares ces temps-ci pour cette simple raison. Il n’avait jamais été sorcier à apprécier se mêler à la foule et avait les mondanités en horreur contrairement à ce que pouvait en penser tous les actionnaires et clients qu’il s’était mis dans la poche à force de belles paroles. Les bains de foule ne l’angoissaient pas, il n’aimait tout bonnement pas les gens d’une manière générale. A une époque, il avait bêtement recherché l’attention des gens, leur affection et leur approbation, mais ce temps était définitivement révolu aujourd’hui. Il n’avait eut besoin de personne pour s’élever socialement et spirituellement, se faire un nom, pour transformer son image et la modeler selon ses envies et de toute façon, personne n’avait fait mine de vouloir l’aider. Il était seul, comme le restant du monde. Il n’y avait qu’à observer le comportement des tout jeunes enfants pour le comprendre. Ils jouaient les uns à côté des autres mais jamais ensemble, les seules interactions qu’ils avaient consistaient plus ou moins à dérober le bien du bambin à portée de main ou à le cogner… En grandissant, les gens restaient tout aussi égoïstes, ils se contentaient d’apprendre des formules de politesse pour obtenir l’objet convoités ou apprenaient à faire mal dans le même but. Et puis il y avait ceux qui ne se battaient pas, les faibles qui se laissaient dicter la marche à suivre par les plus forts, qui se refusaient à suivre leurs instincts et à être à l’écoute de leurs propres désirs par peur de ne pas parvenir à obtenir ce qu’ils voulaient. Ceux là, Bartholomeus les méprisaient, lui qui avait appris si tôt à se battre pour ses idées et envies.

Le cœur du sorcier manqua soudain un battement, tandis qu’il sondait la foule. Une tâche blanche. Une tâche blanche au milieu des ténèbres, qui avait attiré son œil, se détachant de la masse sombre de sorciers qui s’extasiaient devant le spectacle qu’il leur offrait et ses serveurs qui déambulaient dans leurs tenues affriolantes.
Le gérant du « Divine Comédie » plissa les yeux, se rapprochant inconsciemment de la vitre qui lui permettait de voir ce qui se passait un étage plus bas, sans que l’inverse soit vrai. Une femme. Brunette à la silhouette frêle, les bras trop chargés à son goût. C’était elle. Sa petite brebis égarée au milieu des loups… Son petit mystère personnel… Il n’arrivait toujours pas à comprendre ce qu’une fille au si charmant minois et au regard si plein d’innocence et de douceur venait faire dans un endroit comme celui-ci. A plusieurs reprises, il avait été tenté d’aller lui poser la question, pour renoncer finalement, partagé entre l’envie de savoir et celle de faire marcher son imagination. Après chacun de ses départs, il regrettait de ne pas avoir agit, persuadé que jamais son ange ne repasserait les portes de son antre, mais chaque fois, elle revenait… C’était forcément un signe… C’était comme si…

« La revoilà… »
Bartholomeus sursauta presque en entendant la voix de Maervine juste avant de sentir ses mains glisser sur son torse pendant qu’elle venait appuyer sa poitrine contre son dos. Il l’avait presque oubliée, tout perdu dans ses contemplations qu’il avait été. Pourtant depuis de longues minutes déjà, la musique de la scène n’était pas le seul son à venir briser la quiétude de son bureau puisque les petits gémissements lascifs de son employée s’étaient élevés pendant qu’elle se chatouillait la Dragée Surprise sur son canapé...
« J’ignorait qu’un cœur si vigoureux battait dans votre poitrine, Monsieur Moriarty » minauda la rousse en venant mordiller le lobe de son oreille « C’est elle qui vous fait cet effet, n’est-ce pas ? Je vous ai vu la regarder… »
« Cela suffit, Maervine… »
« Vous voulez que j’aille la quérir pour vous… Je ne sais pas ce que vous voudriez lui faire, mais je sais ce que moi je pour… »
D’un geste brusque, Bartholomeus se dégagea de l’emprise de son employée et fit volteface pour lui porter un coup au visage. Maervine tituba un instant sur ses immenses talons puis perdit l’équilibre et tomba devant le canapé dans un couinement indigné. Le regard rond d’angoisse, elle porta une main à ses lèvres, y récoltant quelques gouttes de sang qui n’émurent pas son employeur une seule seconde.
« Encore un mot… Un mot… Et tu rejoins tes ancêtres, putain. » siffla-t-il avec rage, la toisant avec menace.
Maervine ravala un sanglot et baissa les yeux sur l’épais tapis pourpre sous elle, entourant sa poitrine de ses bras qu’elle frictionna nerveusement, comme si elle avait froid tout à coup. Le sorcier continua de l’observer une poignée de secondes, puis se détourna pour se diriger d’un pas vif vers la porte de son bureau.
« A partir de maintenant je me passerai de tes services. Va trouver Miss Dryfeather, elle te trouvera bien quelque chose à faire » cracha sèchement Dante avant de disparaître dans le couloir et d’entamer la descente des escaliers en colimaçon menant au Salon Rouge.
C’était une phrase qu’aucune fille à son service ne voulait entendre. La phrase qui les faisaient passer du statut de serveuse, danseuse à celui de dame de compagnie, pour ne pas dire de prostituée…

Le mot de passe de cette semaine prononcé face à l’affiche concluant le couloir, le gérant du cabaret pu pénétrer dans la salle de spectacle. Il lui fallait à présent repérer sa tâche blanche, son phare au milieu de la marée sombre. Il ne lui fallut pas longtemps pour le faire, comme si son œil était doté d’un radar. C’était certainement un signe : Bartholomeus était censé la retrouver n’importe où…
Le spectacle accaparait l’attention de ses clients au point que, malgré sa singularité, personne ne le reconnut et ne chercha à engager la conversation avec lui. Il était donc libre de voyager dans son cabaret, cherchant toujours le meilleur angle pour observer la curieuse jeune femme qui dénotait tant. Elle le repéra quelques fois et, plutôt que de lui faire un signe, la saluer de loin et lui adresser un sourire, le sorcier ne pouvait s’empêcher de changer de position. Son cœur accélérait à chaque croisement de regard, semblait vouloir s’expulser de sa poitrine. Il se sentait comme un enfant. Un enfant en train de commettre un forfait excitant qui lui vaudra une sacrée correction. Il était incapable de se refreiner mais craignait pour son avenir. C’était une sensation aussi troublante que jouissive…

Mais tout à coup, ce jeu malsain du chat et de la souris menaça de prendre fin et cette pensée lui fut tout bonnement intolérable. Ce mauvais pressentiment que cette fois, elle ne reviendrait pas, lui mis un coup au cœur au point de lui en donner la nausée. Bartholomeus imita donc la jeune femme et remonta jusqu’à la corbeille pour l’intercepter, incapable de réfléchir à ce qu’il pourrait bien dire ou faire pour la retenir. Et finalement, il se contenta de suivre son instinct. Elle s’était penchée sur la table pour rassembler les documents qu’elle avait emportés avec elle et, lorsqu’elle fit tout à coup volte face pour s’échapper, la jeune femme bouscula Dante qui s’était entre temps glissé à ses côtés.
Elle laissa échapper sa charge en même temps qu’un petit cri surpris qui fut étouffé par la musique. Bartholomeus s’accorda alors quelques bonnes secondes pour mémoriser chaque trait de son doux visage. Ses grands yeux de biche arborant pour l’instant une expression angoissée, son nez droit, ses lèvres finement ciselées… Parfaite. Elle était la perfection faite femme. Et la contempler n’était pas suffisant. Il voulait la goûter, la sentir, s’imprégner d’elle…
Mais l’heure n’était pas venue.

« Oh, je suis navré, je ne regardais pas où j’allais » s’excusa-t-il platement, avant de s’accroupir pour commencer à ramasser ce qu’il avait fait tomber.

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Re: Dreams sometime hide in Hell
ce message a été posté Mer 17 Oct 2012 - 7:40
Elle trottina à travers la fosse pour rejoindre l'escalier principal qui la mènerait à sa table. Sur son chemin, aucun regard adressé à qui que ce soit, et elle ne prenait pas garde de savoir si elle perturbait de quelques façons le spectacle pour certains, l'urgence était de fuir. Elle prit sa cape sous son bras, tenta de s'emparer de ses dossier qui glissaient les uns sur les autres du mieux qu'elle put puis fit volte face pour s'échapper pour de bon.

Elle poussa un cri, laissa tomber sa charge, ses dossiers, sa cape, et fit un pas en arrière si bien qu'elle percuta la table derrière elle, si violemment qu'elle entendit une coupe se briser en un éclat sur le sol. Elle n'avait pas pu étouffer cet effroi quand elle percuta ce qu'elle prit d'abord pour une créature inconnue, sa pudeur habituelle avait pris le pas sur la peur violente qui l'avait assailli en un sursaut.
Il existait donc véritablement, ce Dante, et il semblait la détailler avec précision à présent. Du cerclé sombre qui entourait ses yeux filtraient ces derniers, deux globes d'un blanc aussi pur que menaçant, un regard comme on ne pouvait pas en croiser chez un autre. Elle ne voulait pas s'attarder sur ce visage qui semblait se mouvoir comme une masse informe sous l'effet des graphismes inquiétants de son visage, mais qu'y pouvait elle ? Ses yeux ronds angoissés adressaient à cet homme le même effroi qu'un animal adresse à son prédateur à l'instant de sa dernière heure, dépossédé de toute volonté raisonnée, ne laissant plus qu'un instinct viscéral, celui de supplier s'il était encore possible de le faire.
Il lui adressa ses excuses pour son étourderie puis se baissa pour ramasser tout les papiers échoués à ses pieds. Alexianne elle, se contentait de se cramponner à la table, encore secouée par cette vive émotion avant de pouvoir reprendre ses esprits. Elle se retourna un instant pour constater les dégâts du côté du verre puis s'excusa à son tour.
« Je... C'est moi qui vous présente mes excuses, j'étais pressée et je... »
Ses lèvres tremblaient encore et elle se découvrait une voix chevrotante qui trahissait avec honte son état de choc.

Il était toujours à ses pieds et aussi forte était l'envie de fuir sans un mot elle devait récupérer ses papiers. Peut être s'était il approché pour les dossiers en question ? Après s'être une nouvelle fois retournée pour constater qu'elle était bien au fond de la corbeille elle se dit qu'il était curieux qu'il se soit attardé ici par hasard. Elle n'avait rien de très important ni de confidentiel là dedans mais l'idée que des papiers du ministère soient manipulés par un étranger la gênait. Elle se baissa enfin à son tour pour ramasser le plus vite possible ses dossiers et voulu même lui arracher ceux qu'il avait déjà entre les mains mais n'en fit rien. Elle s'appliquait à garder le plus de distance possible entre ses mains et les siennes afin d'éviter tout contact, afin d'éviter même de le risquer.
« Je crois que j'ai fait tomber une coupe, je suis désolé pour cela également... » Elle parlait vite et il n'était pas difficile de deviner le stress qui l'habitait. De cela, elle en était consciente et prit peur à présent de manquer de respect à celui qui l'aidait après tout à rassembler ses affaires.
« J'étais pressée et je... je – je n'ai pas fait attention. Le spectacle est magnifique ! Vous êtes le propriétaire de ce lieu n'est ce pas ? C'est incroyable... La musique surtout et... La musique est impressionnante ! »
Elle parlait vite, trop vite, tout en hésitant, en bégayant presque. Mais lorsqu'elle évoqua la musique, elle s'était calmée. Elle ne pouvait non plus expliquer cette irrésistible envie de le détailler à son tour. Au moins pour savoir s'il était réellement celui qu'elle avait aperçu de loin quelque fois, mais aussi pour satisfaire cette curiosité malsaine à propos de ses tatouages. Il devait être coutumier de ce genre de réaction chez les autres, il ne passait pas inaperçu et devait s'attendre à attirer le regard, mais Alexianne aurait voulu être différente des autres, pour la simple et bonne raison qu'elle ne voulait pas le voir, elle ne voulait rien savoir de lui, ni de ce lieu ou de quiconque le fréquentant. Mais ses yeux, eux le voulait si fort. Elle ne leva pas la tête pour autant, elle avait prouvé plus d'une fois qu'elle avait un contrôle impressionnant sur elle même.

Quand ils eurent terminés et qu'ils s'étaient levés, elle se rappela la présence des spectateurs autour. Il les avait complètement éclipsé, lui avait imposé la sienne contre toutes les autres. Elle adressa un sourire pour s'excuser auprès d'un homme qui s'était retournés puis baissa les yeux à nouveau.
« Je vous présente encore une fois mes excuses pour le verre et pour le reste mais ne vous en faîtes pas, j'allais partir, j'étais seulement venue profiter de la musique pour me changer les idées mais... J'ai du travail. » Sur ces mots elle tendit fébrilement sa main dans sa direction pour qu'il lui rende ses papiers.
Elle s'était sentie forcée de lui assurer qu'elle partirait, comme s'il était venue pour la chasser. Elle ne correspondait pas à la clientèle et venait de briser une coupe, elle n'avait plus sa place ici dans tout les cas, elle ne l'avait même jamais eut. Elle lui adressa un regard indolent puis détailla enfin son visage. Par Merlin qu'il était repoussant ! Elle ne défaillit pas cependant, et si sa main tremblait, elle soutenait toujours son regard.
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ce message a été posté Mer 17 Oct 2012 - 16:39
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Il aurait pu se contenter d’un petit mais efficace Accio pour rassembler les affaires de la jeune dame éparpillées entre eux, mais avait préféré prolonger cet échange organisé à la va vite par ses soins en se servant d’une méthode un peu moins traditionnelle et pratique.
Son cœur continuait de tambouriner dans sa poitrine s’accélérant encore davantage à chaque fois qu’il tentait de faire entrer "accidentellement" sa main en contact avec la sienne et qu’elle se dérobait à ses contacts. Une part de lui savait que c’était un comportement tout à fait anormal de sa part et presque inquiétant. Maervine l’avait deviné également et c’était pour cette exacte raison qu’il l’avait repoussée aussi promptement et avait décidé de la punir. La perspicacité était une qualité assurément, mais elle se devait d’être accompagné d’un minimum de bon sens de discrétion. Certaines informations se devaient de rester informulées afin d’être utilisées au meilleur moment, ce que son employée n’avait pas fait. Et clairement, il ne pouvait pas se permettre d’avoir une fille si bavarde et si pleine de confiance en elle-même qu’elle pensait pouvoir se vanter de le connaître par cœur dans son entourage direct.
Mais pour le moment, l’incident avec Maervine et la petite sonnette d’alarme qui raisonnait quelque part dans sa conscience et le mettait en garde étaient relégués à un plan nettement inférieur. Toutes ses pensées tournaient à présent autour de la silhouette frêle de la brunette aux yeux de biches qui lui faisait face et s’arrangeait pour ne jamais vraiment croiser son regard. C’aurait pu être vexant, mais ça ne l’était pas, curieusement.

Elle prit de nouveau la parole, s’excusant pour la coupe qu’elle avait brisée dans sa panique avant d’enchainer sur quelques compliments qui passèrent largement au-dessus du crâne tatoué de Bartholomeus. En réalité, il du se mordre l’intérieur de la bouche pour ne pas répondre quelque chose comme : c’est vous qui êtes incroyablement magnifique. Impressionné en tout cas, il l’était assurément par son envoutante et troublante beauté qui ne se limitait pas qu’à quelque chose de purement physique mais allait bien au-delà. Il y avait aussi quelque chose dans son aura, dans chacun de ses gestes désordonnés et pourtant terriblement gracieux, dans sa façon de parler… Quelque chose de fragile et en même temps, il pouvait sentir une force intérieure typiquement féminine et implacable.
Plutôt que de laisser échapper quelque chose qui pourrait être fort mal interprété et finir de paniquer son petit colibri sur le point de prendre son envol, l’effectif gérant du « Divine Comédie » se contenta d’hocher la tête lorsqu’elle lui demanda s’il était le propriétaire.

Ils finirent par se redresser d’un même mouvement et la jeune femme prit une fois encore la parole, certainement pour combler l’oppressant silence qu’il laissait malgré lui s’installer. Bartholomeus baissa les yeux sur la main tendue de la brunette qui souhaitait récupérer ses papiers, puis finit par relever son regard pénétrant en direction du visage opalin de la belle qui le détaillait cette fois sans détour. Il la vit déglutir mais elle ne cilla pas, soutenant son regard avec un aplomb qu’il n’avait pas douté croisé et le combla.
Un sourire avenant se dessina alors sur les lèvres grimées de Dante qui assura la prise des documents de la jeune femme dans son bras droit et attrapa la main de son interlocutrice de la sienne restée libre. Il la sentit frissonner à ce contact électrisant pour lui et cru un instant qu’elle allait s’arracher à son emprise. C’aurait été possible, il avait saisit sa main avec une extrême délicatesse dans la sienne, mais elle n’en fit rien finalement. Il la retourna pour contempler sa paume de laquelle il approcha son visage pour exécuter un baisemain dans les règles de l’Art, se contentant d’humer le parfum de la jeune femme plutôt que de faire entrer ses lèvres en contact avec sa peau délicate. Un délice…
« Dante Moriarty, votre humble serviteur, ma dame » se présenta-t-il alors « Vous n’avez aucune excuse à me présenter et, une fois encore, cet incident est en grande partie de mon fait. Je m’en voudrai de vous laissez repartir dans cet état de contrariété alors que vous veniez vous détendre dans mon cabaret. Permettez-moi de vous offrir un autre verre »
Avant qu’elle ait pu répliquer quoi que ce soit, Dante fit signe à une de ses serveuse de se rapprocher, relâchant pour se faire la main de la brune. A contrecœur évidemment.
« Acceptez, je vous en prie. C’est mon plaisir. Cadeau de la maison » sourit-il à son interlocutrice plus que réfractaire avant de se tourner vers sa serveuse « Betsie, j’ai malencontreusement fait chuter le verre de cette jeune femme. Pourriez-vous lui resservir la même chose. »
« Bien entendu. Voudriez-vous boire quelque chose vous aussi Monsieur Moriarty ? »
« Est-ce que me voir commander quelque chose pour moi-même vous mettrait plus à l’aise, Mademoiselle… ? » la questionna-t-il en cherchant implicitement à obtenir son nom, tout en lui rendant enfin ses dossiers.

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Re: Dreams sometime hide in Hell
ce message a été posté Jeu 18 Oct 2012 - 23:12
Si son regard pouvait bien soutenir le sien, il n'en avait pas moins l'air terrifié, une terreur qu'Alexianne trahissait par les tremblements trop visibles de tout son corps, depuis ses mains en passant par ses lèvres et jusqu'à ses pupilles. Elle semblait pouvoir se faire terrasser par la première brise la plus légère qui soit, telle une plume posée là mais sans consistance. Elle tentait pourtant de se rendre plus forte et affirmée, mais en face de cet homme, elle en était incapable.
Le sourire qu'il lui adressa, ce large sourire d'un blanc trop éclatant à travers les esquisses sombres qui semblaient sculpter son corps, la rendit plus mal à l'aise encore. Elle ne lui en offrit aucun en retour, seulement une légère contraction des lèvres, elle préféra se focaliser sur ses dossiers qu'il tenait encore entre ses bras et qu'elle voyait ne pas lui revenir sans les lui arracher de force. Et quand il les glissa sous l'un de ses bras, ce ne fut pas encore pour les lui retourner, il s'était seulement libéré une main pour s'emparer de la sienne. Un frisson glacial lui étreint le corps dans la seconde. Elle était entre l'indignation, le dégout et la peur car ce contact qu'elle avait à tout prix cherché à éviter en se gardant d'une approche hasardeuse, il venait de le provoquer de manière ouverte et délibérée. Impossible de récupérer sa main, il ne la serrait pas, ne l'emprisonnait pas, physiquement en tout cas, mais faire preuve d'un tel emportement en public lui était impossible, seul une légère contraction instinctive de repli lui échappa involontairement mais rien de plus. Elle aurait voulu détacher sa main de son corps à cet instant, que cette main soit celle d'une autre, qu'elle puisse faire plus que donner à son membre une léthargie complète pour se défaire de cette emprise. Elle ne l'avait toujours pas quitté des yeux mais quand elle le vit s'abaisser pour lui offrir un baise main, elle s'obligea à détourner le regard. Quand son souffle caressa sa peau, un nouveau frisson la fit tressaillir mais encore une fois elle ne fit rien.

Elle se retourna vers lui au même moment qu'il se redressait pour se présenter. Pour rationaliser la situation Alexianne ne cessait de se répéter qu'elle n'avait à faire qu'à un parfait gentleman, courtois et bien élevé, qu'elle n'avait rien à craindre et qu'elle ne faisait que se ridiculiser en dramatisant ainsi de manière excessive ses sentiments et ses réactions. Mais il fallait le voir tout de même pour s'en rendre compte. Il ne s'agissait pas uniquement de sa peau et de son visage, il émanait de lui quelque chose qui l'oppressait et l'étouffait, quelque chose qu'elle ne comprenait pas et dont elle n'avait surement pas conscience mais qui la fascinait aussi, une fascination muette encore et écrasée par la peur, mais c'est ce qui l'empêchait certainement de garder sa main hors de la sienne.
Elle inclina très légèrement la tête quand il lui déclina son identité. Dante Moriarty... Quand il proposa de lui offrir un verre, elle leva doucement la main en signe de refus mais il s'était déjà retourné vers l'une de ces serveuses trop peu habillées pour la faire venir. Impossible d'aller contre lui, mais elle tenta faiblement, d'une voix trop indolente de protester.
« Je vous remercie mais je... » Sa voix était venue mourir contre la sienne quand il insista une nouvelle fois avec le sourire, sur le ton d'un gentleman encore une fois, doublée d'un sens aiguë des affaires. Elle n'avait même pas pris de verre, cette coupe était vide quand elle la fit tomber et elle n'avait aucune envie d'en remplir une pour rester plus longtemps, mais que faire, et que dire. Elle était totalement désarmée et même quand la serveuse demanda à son patron s'il voulait lui aussi prendre un verre, elle ne put rien faire malgré qu'elle comprenait progressivement qu'il lui faudrait supporter la compagnie Mr Moriarty un peu plus longtemps encore. C'était au dessus de ses forces, autant que de protester. Elle se contentait d'acquiescer à tout, inerte, sans jamais se faire entendre. Elle avait longtemps voulu saisir une occasion pour parler de ce qu'elle voudrait faire de cette scène à l'un des responsables du lieu, et elle avait devant elle l'occasion rêvée, offerte sur un plateau mais tant pis se disait elle. S'il fallait traiter avec cet homme, fut ce t'il le propriétaire du cabaret, pour monter sur cette scène, elle n'était pas prête à en payer le prix.

Dante lui rendit enfin ses dossiers tout en lui proposant, comme elle s'y attendait de partager un verre avec lui. Quand il attendit de connaître son nom, elle laissa flotter sa question quelques secondes, tout comme ses dossiers qu'il lui tendait toujours. Son nom ? En aucun cas elle ne devait décliner sa véritable identité, jamais plus elle ne remettrait les pieds ici et se compromettre ainsi alors qu'elle n'aurait bientôt plus à le faire par sa seule présence était de la folie. Elle réagit soudainement et s'empara de sa charge en un sursaut.
« Oh... Annabelle, Annabelle de Montaigne, enchantée monsieur Moriarty. En vérité j'allais... » Elle pointa timidement la sortie du doigt puis abaissa son bras. Peut être pouvait elle tenter sa chance se disait elle maintenant qu'elle était sur le point de s'échapper. Si elle ne le faisait pas, les regrets ne seraient ils pas insoutenables, on lui apporterait de toute façon un verre et elle ferait preuve de beaucoup trop d' indélicatesse si elle partait en refusant un cadeau du propriétaire. Alors pourquoi pas ? Dante Moriarty lui laisserait il une chance si jamais elle la lui demandait ? Rien n'était moins sûr, mais déjà elle s'était lancée, toujours aussi peu assurée mais elle y était.
« Bien sûr, si cela vous semble nécessaire et possible. J'imagine les responsabilités qui vous attendent, mais si vous avez le temps, qui serais je pour refuser ? » Elle esquissa un faible sourire et déjà elle regrettait amèrement sa démarche.
« Que dois je offrir à mademoiselle ? »
« La même chose que Monsieur Moriarty. » Elle se tourna vers lui, avec un nouveau sourire forcé. « Puisque vous m'offrez ce verre, autant vous laisser le choix du présent. » Sur ces mots, elle retourna s'asseoir sur la même table qu'elle avait espéré quitter sans même écouter ce que Dante leur prenait. Quelle importance ? Elle ne désirait rien et ne boirait peut être même pas une goutte.
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ce message a été posté Dim 21 Oct 2012 - 18:59
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Annabelle de Montaigne…
Le nom de la jeune femme passait en boucle dans sa tête, se répercutant contre les parois de sa boite crânienne avec chaque fois un peu plus de mordant. C’était une véritable torture. Bartholomeus formula la pensée imbécile que s’il essayait de prononcer ce nom à haute voix, il lui écorcherait la langue, défoncerait ses dents, déchirerait tout sur son passage. Jamais il n’aurait l’audace de le prononcer et de le salir. Ce serait dorénavant sa prière et son linceul. Mais c’était une pensée totalement idiote, il en avait pleinement conscience. N’empêche qu’il n’osa pas le répéter, par pure superstition.

Il adressa un sourire à la jeune femme lorsqu’elle pensa à lui faire choisir leur boisson. C’était là une lourde responsabilité à placer sur ses épaules, mais le gérant du cabaret acceptait sa punition avec plaisir.
« Faites-nous porter une bouteille de vin blanc et quelques amuse-bouches » réclama-t-il à la serveuse d’une voix haute et claire, avant que la jeune femme ne s’installe à la table qu’elle avait précédemment quitté avec tant de précipitation.
Profitant du manque d’attention de la brunette, il se pencha vers sa serveuse pour lui donner l’ordre de leur faire porter l’un des meilleurs vin de sa cave. Il nota le froncement de sourcils de son employée qui eut la décence de ne faire aucun commentaire et s’éloigna d’une démarche chaloupée pour retrouver le barman et suivre les instructions.

Bartholomeus voulut redonner sa pleine attention à la jeune Annabelle lorsqu’il remarqua le tissu de sa cape à leur pied. Il se baissa pour la ramasser avant de se glisser sur le fauteuil disponible près de la petite table ronde où étaient de nouveau déposés les dossiers. Il était un peu contrarié de ne pas déjà pouvoir conduire son hôte dans son bureau pour être dans un environnement plus calme que celui-ci, mais ça n’aurait pas été correct. La sorcière avait l’air assez inquiète comme ça et la dernière chose que souhaitait le patron du « Divine Comédie », c’était d’effrayer un peu plus encore ce charmant petit colibri effarouché…
Gardant la cape en main, il reprit la parole en caressant distraitement le tissu, jaloux que ce dernier puisse entrer en contacte si fréquemment avec la jeune femme.
« Vous veniez donc profiter de la musique ? C’est assez…inhabituel je dois dire. D’une manière générale, mes clients viennent surtout pour le spectacle visuel qui leur est offert et très peu pour satisfaire leur appétit auditif. »
Ils le savaient tous deux mais inutile de préciser qu’en réalité et beaucoup plus simplement, les sorciers présents ce soir et tous les autres jour venaient pour voir de la chair étalée. Ce n’était ni vraiment pour le spectacle à proprement parlé, ni pour le décor ou ce genre de détails auxquels ils ne prêtaient que peu d’attention…
Il doutait cependant qu’elle lui ait menti sur ses réelles intentions. Elle avait l’air différente et il ne lui paraissait pas si absurde qu’Annabelle se soit retrouvé là par attrait pour la musique plutôt que par luxure.
« Et la musique est-elle à la hauteur de vos espérance, mademoiselle ? Est-elle parvenue à vous…changer les idées ? » la questionna-t-il encore, charmeur.

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ce message a été posté Sam 27 Oct 2012 - 13:04
Dieu du ciel que faisait elle ici ? Une fois assise de nouveau sur la table qu'elle aurait du quitter à tout jamais, elle tenta de se rassurer. Elle porta toute son attention vers la scène, sans la regarder vraiment pour autant, tout ce qu'elle désirait c'était de ne pas voir ce Dante, de ne pas croiser son regard, à tout prix il fallait qu'elle évite son regard et son visage effrayant.
Elle ne lui portait donc aucune attention, ni à lui ni à ce qu'il faisait, elle ne s'inquiétait même pas de savoir ce qu'il allait lui commander, elle s'en fichait, sa priorité était de se préserver. Chaque secondes auprès de lui l'étouffait, et cette oppression lui était intolérable. Quand elle le croisait, elle sentait sa présence l'entourer toute entière sans aucun espoir d'y échapper, elle se sentait étreinte par tout ces graphismes noirs et mouvants qui semblaient lui glisser du visage pour venir jusqu'à elle, pour venir glisser jusqu'à ses pieds puis monter sur ses jambes pour finalement lui serrer la gorge. Elle ne délirait pas, elle était consciente que tout cela n'était que des images, une manière d'appréhender cet homme qu'elle ne parvenait pas à cerner, sans pouvoir passer outre l'effroi qu'il lui inspirait.

Quand il vint s'asseoir finalement à leur table, elle se décala instinctivement de quelques millimètres sur le côté, comme si cette distance lui serait salutaire un moment ou un autre. Elle ne put s'empêcher de remarquer qu'il tenait sa cape à elle entre les mains, et alors qu'elle avait eut trop de peine à récupérer ses dossiers, il lui faudrait à présent lutter en toute subtilité pour récupérer son manteau qui gisait là, entre ces bras couverts de stigmates. Elle retint un soupir puis lui adressa un bref sourire avant de détourner le regard à nouveau vers la scène.
Il reprit finalement la parole et Alexianne sentit son cœur se serrer à nouveau. Quand cela allait il prendre fin ? Elle acquiesçât d'un signe de tête quand il lui demande de confirmer son intérêt pour la musique et le laissa continuer.
« C'est sûrement inhabituel en effet, ma simple présence ici est... » Elle consentit à lui adresser un regard « inappropriée, si je puis dire. Mais c'est bien pour la musique que je viens ici et rien d'autre, elle me distrait, beaucoup. »
Elle s’efforçait du mieux qu'elle le put pour ne regarder que la scène, uniquement la scène, mais une fois encore, elle sentit son regard à lui glisser sur elle, comme un serpent qu'elle pouvait réellement sentir se mouvoir sous sa robe et dans ses cheveux. Elle le regarda et il reprit d'un ton encore un peu plus doux, qu'Alexianne n'avait pas conscience d'être charmeur. Elle ne ressentait que gêne et malaise, comment pouvait elle songer une seule seconde qu'il y ait à cette table une quelconque séduction. Il continua de lui parler de la musique, et par bonheur, comme un peu plus tôt, juste après l'avoir percuté, cela la rassurait, la détendait. La musique était la seule chose qui les liait et elle préférait de loin traiter d'un objet qu'ils portaient dans leurs intérêts communs plutôt que de parler d'eux, en face à face. Comme si la musique était une troisième invitée à cette table, et alors elle ne se sentait plus si vulnérable.
« Elle est magnifique. » Elle souriait à présent avec sincérité. Ses épaules, raidies jusque là s'étaient relâchées et elle s'était même laissée tombée sur le dossier de sa chaise.
« C'est bien pour cela que je l'aime tant ici. Mais elle ne me change pas les idées au contraire. Je ne pense plus à rien de ma journée, de ma vie, c'est vrai, mais... elle occupe d'autres de mes pensées... »

Elle avait incliné la tête sans quitter la scène du regard, elle parlait lentement, l'air un peu rêveuse. La musique était réellement grandiose ici, et surtout sublimée par tant de lumières et de couleurs qu'on ne devait pas l'écouter les yeux fermés. Elle s'écoutait mais se regardait aussi, elle éveillait tous les sens, les engourdissait même, et c'est un peu dans cet état qu'Alexianne se sentait chaque fois, engourdie, agréablement étourdie par les sons et les images. Toujours tout doucement, elle continua.
« Elle excite des passions que je m'efforce de taire en permanence, mais ici, je les laisse vivre... »

Elle se redressa tout à coup, reprenant conscience qu'elle n'était pas seule. Car Monsieur Moriarty avait presque disparu pour elle, il s'était tu durant son égarement et s'était fait invisible. Quand elle retira le voile doucereux qu'elle avait sur le regard, elle découvrit par bonheur la coupe de vin qu'elle avait devant elle et s'empressa de la saisir pour se donner une certaine contenance. Elle rit nerveusement puis se tourna vers lui après une gorgée, sincèrement désolée.
« Je vous présente mes excuses pour ceci. La musique me change un peu trop les idées en effet, toutes mes excuses... J'ai l'assurance au moins de ne pas vous avoir offensé dans mes propos si vous êtes l'arrangeur de l'orchestre. L'êtes vous ? » Elle avait beau avoir oublié la présence de monsieur Moriarty, elle n'en restait pas moins gênée depuis qu'elle l'avait redécouvert, et loin d'elle l'envie de faire la conversation. Elle se sentait juste dans le besoin de rectifier son attitude, ce laisser aller un peu trop naturel qu'elle s'était accordée.
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Re: Dreams sometime hide in Hell
ce message a été posté Dim 4 Nov 2012 - 16:41
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Sa présence était possiblement inappropriée, mais pas dans le sens où elle paraissait l’entendre. Elle avait l’air d’un ange au milieu de cette masse lugubre et grouillante de sorciers venus dans des buts tous plus pervers les uns que les autres, à différents niveaux. Certains venaient simplement se rincer l’œil sur ses danseuses, d’autres venaient se perdre dans son antre pour son ambiance chic mais surtout particulière voire tout à fait malsaine à bien des égards (il était forcé de le reconnaître lui-même). D’autres avaient des intentions encore moins glorieuses et venaient faire signer des contrats à leurs victimes en espérant que le spectacle les déconcentre assez pour ne pas réaliser quelle erreur ils commettaient là. Et puis il y avait ceux qui s’adonnaient à des plaisirs salaces, répugnants. Il y avait la violence, la haine, à l’encontre des autres mais – Dante Moriarty l’avait depuis longtemps compris – surtout la haine contre soi-même. Les sorciers qui venaient ici étaient des pervers avec des problèmes d’égo, d’acceptation d’eux-mêmes, des gens perturbés, perdus, mauvais, le rebus de l’humanité venait se mouvoir dans son cabaret et, effectivement, il ne pensait pas qu’au milieu d’eux, Annabelle ait sa place.
Elle était trop pure, trop…parfaite. La simple idée que des gens comme ceux qui les entouraient à l’instant puisse entrer en contact avec sa peau lui soulevait le cœur. Un cœur qu’il pensait avoir arraché et enterré il y a bien longtemps et qui s’ébrouait depuis qu’il avait aperçue la silhouette féérique de la brune depuis sa tour d’ivoire.
Mais en aucune façon ne voulait-il qu’elle pense ne pas être la bienvenue ou ne pas avoir sa place ici. Elle était plus que la bienvenue. L’idée de ne plus jamais voir la jeune française au « Divine Comédie » lui était aussi pénible que celle de voir l’endroit la souiller. Il s’imaginait d’ailleurs très aisément utiliser des sorts de dissimulations aux quatre coins de son établissement pour en dissimuler la laideur à son interlocutrice et lui éviter le moindre désagrément. Bartholomeus se voyait déjà lui bâtir un empire, à son image, d’une pureté absolue, aussi parfaite que la sienne. Il voulait remplir sa vie de musique et de belles choses.
Mais il lui suffisait d’un regard sur ses mains qui caressaient toujours distraitement le tissu de sa cape pour réaliser qu’un tel projet était bien trop audacieux. Stupide. Il était laid. Il était pire que tous les hommes réunis là ce soir…
Péniblement, Dante s’arracha à ses rêveries enfantines et indignes de l’homme qu’il était devenu. Un homme sans scrupule, capable du pire et jamais du meilleur. Un monstre tant physiquement qu’intérieurement.

Le sorcier compensa la douleur cuisante de cette constatation en se concentrant sur le discours d’Annabelle. Son discours aurait pu être emporté, le choix de ses mots ne le laissait aucunement indifférent, pourtant elle s’était exprimée d’un ton un peu lointain, comme si la scène l’absorbait, consumait son énergie. C’était possiblement un peu le cas en un sens, du moins était-ce ce qu’elle tentait de lui expliquer.
Lorsqu’elle s’en aperçut d’ailleurs, la brunette laissa échapper le plus mélodieux des rires avant de le noyer dans une gorgée de sa commande en se tournant enfin vers lui.
Il aurait tout à fait pu se contenter d’admirer son profile durant des heures, mais croiser son regard était… magique ?
« Oh surtout ne vous excusez de rien ! » s’empressa-t-il de la rassurer en se penchant un peu vers elle, son cœur s’accélérant encore un peu dans sa poitrine « C’est un plaisir d’entendre de tels compliments et vous voir vous plongez corps et âme dans vos passions est… délectable. »
Le choix de ses propres mots lui paraissait tout à fait inapproprié. Toutes ses phrases lui paraissaient avoir un double sens salace et c’était à son tour de vouloir s’en excuser. Mais le faire serait revenu à avouer et il ne pouvait pas se le permettre bien évidemment.
Bartholomeus retrouva le fond de son fauteuil, prenant un recule qu’il jugeait nécessaire pour calmer ses ardeurs et qu’Annabelle ne se méprenne d’aucune façon sur ses intentions.
« Je ne suis qu’un amateur de musique, je ne suis l’auteur de rien du tout, j’en ai bien peur » lui sourit-il en retrouvant son aplomb naturel, attrapant son verre sans pour autant le porter à ses lèvres « Vous arrive-t-il de faire plus que profiter du spectacle vous-même ? »


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Re: Dreams sometime hide in Hell
ce message a été posté Lun 5 Nov 2012 - 11:41
Le trouble d'Alexianne venait autant de Monsieur Moriarty que d'elle même. Elle n'aimait pas l'idée de s'être ainsi laissée porter par ses élans passionnés et d'avoir laissé parler son cœur de telle sorte qu'elle l'avait vidé tout entier là juste devant eux, entre leur deux coupes de vin. Elle ne parlait que très rarement de cette passion pour la musique, encore moins à des inconnus, et s'être dévoilée comme elle l'avait fait avait pour elle un accent d'interdit.
La gêne s'intensifia quand pour la rassurer l'homme s'approcha dangereusement d'elle avec un sourire aux lèvres. Son sourire même trahissait sa laideur jusqu'à pouvoir devenir plus inquiétant encore qu'une expression froide et placide. Elle aurait voulu esquisser un mouvement de recul mais se contenta de quelques regards furtifs en se direction, des regards de biche effarouchée qui ne trouvait de refuge qu'en les replongeant vers la scène.
Délectable... Alexianne s’efforça de sourire mais seul un sourire frissonnant parvint à ses lèvres sans qu'elle puisse s'offusquer véritablement, la bienséance, la courtoisie et la crainte également la dépossédant de tout ses moyens. Elle se sentait réellement à sa merci, autant en tant que femme qu'en tant que proie, ne pouvant qu'acquiescer ou sourire, sans pouvoir se débattre véritablement, même par le discours. Elle n'était pas assez armée pour cela et même si elle commençait à, sinon s'habituer, à s’accommoder du visage de son interlocuteur, il la bousculait encore de trop pour qu'elle n'ose quoi que ce soit. Dans toute sa courtoisie, il assaillait ses hautes murailles de défenses , attaquant sans relâche et sans pitié si bien que cette conversation en devenait éprouvante pour la jeune femme. Nul autre qu'elle n'aurait vu tout cela comme une traque mettant en scène la proie et son prédateur, chassant d'un revers toute parade et traquant du fond de son cerné noir la moindre faiblesse et pourtant Alexianne le voyait ainsi. Monsieur Moriarty pouvait bien être lui même victime de cette image menaçante, elle n'en avait cure et ne lui accordait aucune indulgence dans son jugement, il était menaçant dans son essence, maléfique et dangereux. Et pour tout cela, elle gardait le silence, comme si le moindre bruissement de feuille, le moindre soupir pu lui être fatal.

Il se renfonça enfin dans sa chaise et empoigna sa coupe. Alex de son côté continuait à fixer la scène en claquant ses ongles contre le pied de son verre, rapidement et nerveusement, mais elle s'interrompit quand Monsieur Moriarty la questionna à nouveau sur son rapport à la musique. La question était sans ambiguïté, comme s'il était déjà au courant de sa passion pour le chant.
« Oh... et bien à vrai dire, je suis avant tout spectatrice, une amatrice, tout comme vous mais... » Elle s'interrompit un instant et entrevit finalement l'opportunité qu'elle était venue chercher dans ce lieu depuis des semaines, en vain, et alors qu'elle s'était convaincue de ne plus jamais remettre les pieds ici, l'occasion se présentait à elle sur un plateau d'argent. Si elle n'avait pas l'habitude de confier sa passions pour la musique, elle confiait encore moins son désir de chanter. Mais Monsieur Moriarty était un inconnu après tout, à qui elle avait menti sur son prénom, sur son nom, quel risque pouvait il y avoir, quel risque assez grand pouvait se présenter pour peser dans la balance face à cette chance inespérée de pouvoir enfin concrétiser quelque chose ? Après un court instant de silence, elle s'élança à corps perdu surprise elle même par cette audace dont elle n'était pas coutumière alors même que l'instant d'avant, Monsieur Moriarty était l'un des sorciers les plus effrayants qui lui ait été donné de rencontrer.
« Il m'arrive en effet de... chanter ! » Alexianne ne pu retenir un rire discret en s'écoutant elle même révéler ses activités secrètes de petite fille. Un rire franc, un rire du cœur, pour la première fois depuis qu'ils s'étaient assis là. Monsieur Moriarty avait à présent changé de visage, toujours aussi effrayant il arborait cependant celui d'un pont vers son rêve à présent, car jamais auparavant elle n'avait pu effleuré de si près son doux rêve de monter sur scène. Bien sûr qu'elle ne le demanderait pas, mais tous les éléments n'étaient ils pas enfin réunis pour que quelque chose se produise ?
« Je sais que ça semble ridicule, dit comme ça, même pour moi, je me sens un peu idiote de l'avouer, mais j'aime beaucoup chanter en effet. Je ne pratique aucun instrument si ce n'est ma voix... » Elle rit à nouveau, nerveuse devant la difficulté qui résidait à confier ce secret. « Oh bien sûr, cela reste un loisir, je ne fais rien de professionnel, je n'ai même aucune formation dans le domaine mais je m'y consacre avec plaisir cependant... »

Quelle ironie, Monsieur Moriarty en roi des Enfer, un homme qui ne pouvait venir d'ailleurs, pouvait être celui qui réaliserait ses rêves. Et à présent qu'il était dans la confidence il lui fallait lui aussi faire serment du secret, car dans une angoisse d'en avoir trop dit, par acquis de conscience, Alexianne ajouta en esquissa une grimace amusée.
« Bien sûr, je vous serait grée de ne parler de cela à personne... J'y tient. »
Que venait elle de faire... Elle aurait presque regretté d'en avoir dit autant si cela ne lui donnait une chance de concrétiser quelques rêves. Mais elle le regrettait presque néanmoins, en se montrant aussi à l'aise avec Monsieur Moriarty elle se sentait trahie par elle même, la biche réalisant qu'elle venait finalement de tomber dans le piège. Sans ajouter un mot, Alexianne s'empara de sa coupe et but une longue gorgée pour noyer son cœur qui palpitait une nouvelle fois à toute allure.
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ce message a été posté Mar 6 Nov 2012 - 15:00
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Elle chantait…
Bartholomeus retint son souffle pendant qu’une fois encore, sa charmante interlocutrice se laissait aller à rire avec une bouleversante authenticité. Des rires de société, des rires faux et hauts perchés, il en entendait à foison par ici. Parfois sortis des bouches de ses employées condamnées à laisser les mains baladeuses des sorciers glisser sur leur peau en feignant d’apprécier leur détestable compagnie et leur humour médiocre ou salace, parfois de la bouche de ses clients hypocrites. Mais Annabelle était différente, ce n’était même plus à prouver. Il l’avait comprit au premier regard et elle trouvait tout de même encore el moyen de le lui démontrer et de l’atteindre un peu plus à chaque seconde…
Mais ça n’était pas vraiment son éclat de rire franc et léger qui avait raisonné avec autant de grâce dans son esprit tortueux, c’était le fait qu’elle produise ce genre de son rien qu’en riant, le fait qu’elle chante. Si la mélodie était si parfaite lorsqu’elle gloussait, il n’osait même pas imaginer quel délice se devait être de l’entendre pousser la chansonnette. Le gérant du cabaret ne pouvait imaginer qu’elle ne soit pas parfaite là encore et n’envisageait pas une seule seconde d’être déçu par ses performances vocales.
La simple idée que, peut-être, jamais de son existence il n’aurait le privilège de l’entendre chanter lui serrait le cœur et le torturait. Bartholomeus resta donc pendu à ses lèvres, espérant presque la voir poursuivre en entonnant un chant… ce ne fut bien entendu pas le cas et elle s’exprima avec un peu de gêne, comme à son habitude à ce qu’il semblait.
N’avait-elle donc pas conscience d’être si parfaite ? De quoi avait-elle si peur ? De lui… ? Cette pensée était insupportable.

« Votre secret sera bien gardé avec moi, Mademoiselle De Montaigne, je puis vous l’assurer » jura-t-il en plongeant son regard cerclé de noir dans celui, encore un peu effarouché, de la jeune brunette qui lui faisait face.
S’il n’avait écouté que lui, il aurait lancé cette réplique en attrapant ses mains dans les siennes, en les portant à sa poitrine, là où se trouvait son cœur. Un cœur qu’il avait finit par oublier et ne battait plus que pour lui permettre de survivre.
Mais Dante Moriarty ne pouvait se permettre qu’un regard duquel Annabelle se détourna bientôt pour redonner son attention à la scène, comme chaque fois qu’il tentait de capter son attention. Elle lui confirma une fois encore que c’était bien de lui qu’elle se méfiait, lui qui l’intimidait. Il lui fallait y remédier à tout prix.

« Cela dit – si je puis me permettre – je ne trouve pas qu’il soit…juste de dissimuler un talent si enchanteur qu’une voix au restant du monde » la flatta-t-il, évidemment sincère dans ses propos « J’ai justement créé cet établissement pour permettre à des sorciers dotés de certaines avantages de les exprimer et d’en faire profiter leurs semblables. Il n’y a rien de ridicule dans le fait de posséder un don et de s’en délecter à mon sens, jeune Annabelle. Me permettez-vous de vous appeler par votre prénom ? » la questionna Bartholomeus avec une anxiété aussi visible que pouvait l’être celle de la jeune femme depuis le début de cet échange.
Il ne feignait pas vraiment et appréhendait réellement qu’elle lui refuse cet honneur. Mais en d’autres circonstances, face à quelqu’un d’autre, il aurait bien entendu dissimulé son état d’esprit. C’était un jeu auquel il excellait et se dévoiler se révélait finalement être un exercice plutôt difficile pour lui... Au point que ses propres sentiments lui paraissent étrangers, faux.
« Vous pourrez vous-même m’appeler Bartholomeus. Dante n’est qu’un pseudonyme en réalité » chercha-t-il à l’amadouer pour essayer de se mettre sur un pied d’égalité.

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Re: Dreams sometime hide in Hell
ce message a été posté Mer 7 Nov 2012 - 21:18
Mademoiselle de Montaigne... Alexianne ne réagit pas dans l'instant, elle ne répondit pas spontanément au patronyme qu'elle lui avait elle même donné jusqu'à ce sursaut qui lui rappela que c'était elle en vérité, il s'adressait toujours à elle, à qui d'autre sinon ? Elle reprit une certaine contenance en un sourire qu'elle lui adressa.
« Merci... C'est très important. »
Ça l'était en effet, et elle aurait été sensible à cette promesse qu'elle pensait sincère s'il ne la formulait pas en plongeant son regard dans le sien, son regard baigné dans ce trou noir qui noyait ses yeux, et chaque fois, elle sentait que les siens s'y noyaient avec, comme sous la force d'une attraction qui la révulsait pourtant mais qui la forçait à ployer. Une nouvelle fois elle se concentra sur la scène pour revenir à elle, en elle même, dans sa muraille bien gardée. Elle détestait cette situation. Que monsieur Moriarty incarne la peur comme l'espoir, ce trou noir comme cette lueur qui laissait entrevoir au fond son doux rêve, elle ne pouvait l'appréhender correctement. Tantôt approchante puis fuyante, ils dansaient ensemble la danse de la chasse à laquelle Alexianne prenait de plus en plus part, se risquant à en oublier l'effroi que lui inspirait son partenaire, mais elle s'y risquait seulement. Car sitôt qu'il approchait trop près elle défaisait le pas en avant qu'elle venait de faire. Et encore une fois, après s'être envolée loin là bas vers la scène, il la forçait à revenir se poser vers lui, intriguée par ses paroles qu'il agitaient comme un diamant scintillant, l'éclat de la possibilité qu'il lui propose la scène pour elle seule car à présent il le disait. Il ne fallait pas qu'elle se cache, cette voix il fallait la faire entendre. Mimi la Grenouille, la voyante du bal au jubilé de Merlin le lui avait dit, cette voix qu'elle voulait pousser allait devoir se faire plus forte, et alors qu'elle ne savait comment faire, Monsieur Moriarty semblait presque lui en offrir la manière, du bout des lèvres.
Elle le regardait à présent avec une réelle curiosité, lui demandant sans le dire d'aller plus loin. Il ne la trouvait pas stupide, alors peut être pourrait il lui donner la scène, rien qu'un soir, elle n'en avait plus rien à faire d'ô combien ce lieu n'était pas à son image, elle s'en serait emparé. Car si Alexianne était faite toute de modestie, concernant sa voix, elle voulait se découvir un talent certain, et serait bien la seule chose pour laquelle elle s’estimerait vraiment, et maintenant que le propriétaire du « Divine Comédie » agitait son diamant comme un pendule, elle n'avait plus aucun doute, elle voulait s'en emparer, elle le désirait si ardemment qu'il était presque interdit de désirer autant. De son ardeur, elle n'en montrait qu'une infime lueur, mais une lueur qui très vite s'éventa sous le souffle de ce « Jeune Annabelle ». Il s'était encore avancer d'un pas, d'un pas de trop, et si elle pouvait s’accommoder de la proximité physique, elle fut prise de cours par cette proximité du discours qu'il immisça.
Alors qu'elle s'était une nouvelle fois détournée de lui, le cœur battant, également parce qu'Annabelle n'était pas son vrai nom et que pour une raison absurde elle craignait qu'il l’apprenne, elle se risqua à un regard dans sa direction quand elle devina le trouble qui changeait de côté. Il paraissait soudain incertain et peu assuré, il venait de tomber du haut de tout son aplomb et tout cela parce qu'il était conscient d'être allé peut être un peu trop loin, et, rassurée par cette mesure qu'elle découvrait chez monsieur Moriarty, elle sourit, presque amusée. Naïvement, elle le découvrait véritablement humain pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés et à cet humain, elle adressa une mine presque amusée, amusée mais inquiète à la fois.
« Je vous pardonne pour cette fois ci... Bartholomeus. »

La seconde après avoir prononcé son nom, elle savait qu'elle s'était laissée prendre, oubliant le pas en arrière qu'elle devait faire. Elle ne voulait pas être son amie, elle ne voulait de lui que la scène qu'il pouvait lui offrir, elle voulait lui prendre cette opportunité à la dérobée en l’esquivant avec agilité mais il semblait plus adroit qu'elle. Elle rassembla ses affaires et lui glissa quelques regards aussi rapide que son débit de parole.
« Je crois qu'il est temps que je rentre, j'ai beaucoup à faire comme vous pouvez le constater et je me suis délassée plus que de raison. Il est temps que je me remette au travail. Il – il faut que je rentre oui. » Elle était allée beaucoup trop loin pour retomber en douceur, et loin d'ignorer l'impolitesse dont elle faisait preuve, elle e savait comment se sortir de cette situation si ce n'est en se débattant de la sorte. Elle en avait trop fait, et plus on en faisait, plus on vacillait. Elle en avait trop voulu également. Elle se leva d'un bond, s'empara de son sac et se tourna rapidement vers Bartholomeus.
« Je suis sincèrement désolée, mais ce fut un plaisir Monsieur Moriarty, je vous remercie pour ce moment que vous m'avez accordé. » Tout en rangeant sa chaise et en se préparant à partir elle continuait « Mais vous devez avoir beaucoup à faire, et moi aussi, j'ai du travail. Ce fut un plaisir, sincèrement. » Sur ces mots elle le quitta comme en s'enfuyant d'une marche rapide sans plus de discours. Elle était décidée à faire une croix sur tout ce qu'elle avait espéré, elle lui avait donné un nom, lui avait confié une passion, il lui fallait se raisonner à présent, faire ce compromis amer et partir. Mais au bout de quelques pas seulement, elle s'arrêta net, se damnant d'avoir oublié sa cape qui demeurait encore dans les mains du diable avec qui elle avait bien failli pactiser. Et pour se prémunir de toutes conséquences, elle ne voulait rien lui laisser d'elle, rien qu'elle ne puisse encore récupérer.
Elle se retourna lentement, baissa la tête et s'avança à nouveau vers lui.
« J'ai oublié ma cape... »
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ce message a été posté Dim 11 Nov 2012 - 13:10
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« septembre 2020 »

Ses mâchoires se crispèrent malgré lui alors que ses doigts grimés d’encre enserraient tout à coup la cape de son interlocutrice avec plus de force. Son estomac s’était contracté, suivant le modèle du restant de son corps, soumis à une pression qu’il connaissait bien…celle de la rancœur, de la colère.
Elle le pardonnait ? Pour cette fois-ci ?
Petite pute insolente, de quoi avait-il donc besoin d’être pardonné ? Pour qui se prenait-elle à venir parader devant lui avec ses airs de biche effarouchée, piétinant sa fierté sans vergogne, l’hypnotisant comme un vulgaire adolescent en mal d’amour ? Etait-elle venue dans le but spécifique de lui faire tourner la tête et chavirer le cœur ? Etait-elle là de son plein gré ou avait-elle été envoyée par un de ses détracteurs ? Etait-il possible que quelqu’un ait remarqué avec quelle intensité son regard se posait sur la délicate silhouette d’Annabelle lorsqu’elle passait les portes de son établissement et ait décidé de l’utiliser contre lui pour le faire tomber et faire chuter son empire comme un vulgaire château de cartes ? Maervine était-elle liée à cette magouille d’une façon ou d’une autre ? S’agissait-il d’un complot ?
Et là voilà qui a présent était désireuse de s’enfuir, de l’abandonner alors qu’il se sentait si méprisé, rejeté,… seul ?

La colère de Bartholomeus s’évapora tout à coup lorsqu’il comprit son erreur et la portée de ses pensées offensante. Comment avait-il pu douter de la sincérité de la jeune femme ? Il était victime de complots, c’était certain, mais la présence de Mademoiselle De Montaigne, aussi surprenante soit-elle, ne pouvait être qu’un hasard. Un délicieux hasard.
Ou le destin… Pourquoi pas le destin, oui…
Mais il lui faisait peur. Depuis le début de cet échange, depuis que leurs regards s’étaient furtivement croisés, Annabelle avait tenté de lui échapper, de se dérober à ses contacts, œillades et de fuir sa conversation. Bartholomeus avait conscience de ce qu’il était, de l’image qu’il renvoyait et ne pouvait de ce fait pas la blâmer. Il était un peu… blessé, mais il pouvait comprendre. Tout ce qui lui restait à faire était de se montrer assez plaisant avec elle pour la faire changer d’opinion à son sujet, l’inviter avec intelligence et douceur à le regarder de plus près pour voir ce qui se trouvait derrière le masque.
Mais ce qui s’y trouvait était-il vraiment plus plaisant que son enveloppe charnelle grotesque ?
Pour le moment, ça n’avait pas beaucoup d’importance aux yeux du sorcier. Seul comptait le fait de parvenir à attirer Annabelle jusqu’à lui…

Les choses n’avaient pas forcément démarrées d’un bon pied entre eux, mais Bartholomeus estimait que la partie ne faisait que commencer et qu’il disposait d’encore assez de temps pour parvenir à ses fins. N’avait-il pas relevé de plus grands défis par le passé ? Il était parti de rien et s’était élevé. Il en était capable, s’en sentait capable.
Quand bien même ne l’avait-elle pas autorisé à l’appeler par son prénom et continuait-elle à lui servir du Monsieur Mortiarty, le gérant du cabaret sentait qu’avec de la persévérance et un soupçon de bonne volonté, il parviendrait à ses fins. Elle avait peur de lui, il le sentait, le voyait dans le fond de ses grands yeux chocolat, mais il y voyait autre chose… de l’espoir, de l’envie. Peut-être un peu d’admiration pour l’homme qu’il était et la façon dont il vivait : sans contrainte, sans avoir peur alors qu’elle-même était terrifiée par tout ce qui l’entourait à ce qui semblait, parce qu’il était audacieux et qu’elle préférait taire ses passions.
Elle lui avait sans le vouloir confié un atout de taille, une carte qu’il n’avait plus qu’à faire sortir de sa manche pour la déposer sur la table…

Elle lui avait également laissé sa cape entre les mains. Bartholomeus n’avait pas cherché à la retenir, persuadé qu’elle finirait par lui revenir, d’une manière ou d’une autre. Peut-être pas ce soir. Peut-être réaliserait-elle trop tard qu’il détenait sa cape, mais elle reviendrait. Il le savait à cause de la lueur dans ses yeux et c’était pour cette raison qu’il n’avait cherché à lui forcer la main d’aucune façon. Et la chance lui sourit plus rapidement encore qu’il ne l’avait escompté.
Annabelle réalisa très vite la perte de son par-dessus et, comme un aimant, lui revint.

« Je l’avais presque oubliée moi-même » sourit-il poliment, ravalant son envie de savourer son triomphe « Je vous l’aurait faite porter de toute manière, mais il est préférable que vous le réalisiez si tôt. Les nuits sont fraiches… Vous permettez ? »
D’un geste de la main, Dante l’incita à se retourner pour pouvoir déposer lui-même le vêtement sur ses épaules. Elle parut hésiter un instant mais finit par se résoudre, les bras de toute façon encombrés de ses dossiers, elle n’avait pas vraiment le choix.
Les gestes de Bartholomeus furent évidemment délicat et il s’arrangea pour ne pas entrer en contact avec la peau de la brunette pour ne pas la plus mal à l’aise qu’elle ne l’était déjà. Il se contenta simplement de profiter de leur proximité forcée pour humer le parfum de ses cheveux ondulés un instant et s’en imprégner.
« Vous voilà prête à nous quitter, Mademoiselle De Montaigne. »
La jeune femme lui refit alors face et Bartholomeus lui adressa un nouveau sourire.
« Avant cela cependant… » ajouta-t-il sans s’en dépeindre, croisant les bras sur sa poitrine, la tête légèrement penchée et les yeux plissés d’un air méditatif « J’aurai une autre faveur à vous demander. Une de mes chanteuses va être contrainte de nous quitter pour des raisons personnelles et je recherche un talent pour la remplacer certains soirs de la semaine. Les castings débuteront dans quelques jours mais… je ne peux m’empêcher de me questionner… Le destin vous aurait-il mise sur ma route ? Que diriez-vous de venir faire quelques essais quand vous en aurez le temps, un après-midi, avant l’ouverture du Divine. Ca ne vous engagerait à rien bien entendu, mais qui sait… »

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ce message a été posté Dim 11 Nov 2012 - 19:46
Étrangement, récupérer sa cape lui semblait être une tâche insurmontable. Il lui faudrait faire face à nouveau à Monsieur Moriarty, affronter son impolitesse envers lui, peut être s'en expliquer, et tout cela représentait pour elle un effort surhumain. Le regard pointé vers le sol, elle priait intérieurement pour qu'il ne lui demande rien, seulement qu'il lui rende son bien sans discours, et la laisse s'échapper en paix, qu'il renonce à son tour, par Merlin il devait la laisser partir sans la retenir, sans l'obliger à devoir se débattre à nouveau.
C'est avec le sourire qu'il avoua lui même avoir oublier ce manteau qu'il tenait pourtant fermement entre ses doigts, et pour seule réponse Alexianne lui offrit un sourire poli en retour, ceux dont elle avait le secret, ceux qui aussitôt apparus sur le visage, s'évanouissaient sans laisser de trace. Il se leva avec la cape toujours en main et lui fit signe de se retourner pour le laisser la lui remettre sur le dos. Dans un supplice intérieur, la jeune femme hésita un cours instant puis céda finalement.
« Je vous en prie. » Elle se retourna, résignée et forcée de constater qu'encore une fois les choses devaient lui être éprouvante. Avait elle le choix, elle s'était déjà montrée indécemment grossière, le laisser agir lui avec courtoisie était à présent la moindre des politesses. Mais même dans ces moments là, les intentions de Moriarty glissaient comme de l'acide sur sa peau. Même quand il voulait se faire le meilleur gentleman possible, il semblait toujours avili de lui même, par lui même. Leur peau n'entrèrent pas en contact et pourtant, un frisson parcourra le corps d'Alexianne quand elle sentit sa cape se poser sur ses épaules. Elle ramena ses cheveux dans son cou et pouvait presque percevoir cette onde magnétique lui caresser l'épiderme, quelque chose se déroulait en tout cas, et elle en était plein d'effroi.

Elle adressa un nouveau sourire au propriétaire des lieux une fois qu'elle lui refit face, et se sentit enfin libre.
« Je vous remercie. » Entendre encore dans sa bouche ce mademoiselle de Montaigne la poussait encore un peu plus vers la sortie, à l'extérieur, là où elle pourrait oublier son délit et n'en voir aucune trace.

Mais Monsieur Moriarty n'était pas décidé à lâcher sa proie...

Quand il voulut ajouter quelque chose en croisant les bras sur sa poitrine, Alexianne avait déjà fait un pas en arrière et soupira presque qu'il l'empêche d'en faire un second, puis un troisième, assez pour qu'elle s'échappe. Si elle l'avait pu, elle l'aurait supplié de bien vouloir la laisser car elle était épuisée de se battre ainsi avec lui et avec elle même pour se sortir de là.
Mais cette fois ci, Monsieur Dante avait frappé trop fort pour lui laisser un espoir de survie.
Il lui confia en effet avoir besoin d'une chanteuse pour remplacer un prochain départ. Il lui demanda comme une faveur d'accepter que le destin les ait fait se rencontrer pour qu'elle passe une audition. Il lui offrait finalement la scène, il lui offrait l'opportunité de chanter réellement, de mettre à l'essai sa voix et sa passion, il lui permettait tout simplement de réaliser un peu de son rêve. Alexianne lança un regard vers cette même scène et tenta de s'y voir, et malheureusement, elle s'y voyait déjà...
Dire qu'elle allait s'en sortir, qu'elle était si proche de se défaire de lui, pour de bon, qu'elle avait failli se soustraire à son jeu dangereux, pour finalement commettre une seule erreur qui lui coutait cher à présent. Elle ne pouvait pas accepter, et elle ne pouvait pas refuser. Le même problème se posait toujours à elle : avait elle la force d'écouter sa passion et d'en affronter les conséquences en dépit de son devoir ? Finalement, monsieur Moriarty ne lui offrait rien que cette question, posée de trop nombreuses fois mais posée sous un jour nouveau et avec plus de violence. Le coup qu'il lui portait était d'une violence incroyable. Son cœur battait trop vite, mais il battait surtout d'excitation, et elle se maudissait pour ça. Et elle le maudissait lui, par Merlin comme elle le haïssait maintenant d'avoir gagné. Elle le sentait déjà si proche, si étouffant, si présent, si elle laissait ceci se produire, pourrait elle en réchapper, savait elle seulement à quoi elle s'engageait ?
Peu importait, elle savait déjà qu'elle se laisserait avoir, elle le voulait déjà si fort.

Elle détourna ses yeux plein de peine et d'espoir vers lui et hésita en entrouvrant les lèvres. Que devait elle lui dire ?
« Je... Je ne sais pas quoi dire Monsieur Moriarty. » Ses yeux se plongèrent à nouveau sur la scène. Le destin, ce devait sans doute être lui le responsable, en effet, et sur ce point Alexianne était tout à fait d'accord avec Bartholomeus. L'apparition miraculeuse, et pourtant non moins dangereuse, de cet homme dans sa vie ne pouvait être que du ressort du destin. Mais il était bien cruel. Cruel et sadique. Car il avait mis son rêve à elle, entre les mains du pire, celui qui pouvait libérer sa voix et qui pourtant l’étouffait tant. Autant qu'il l’oppresse, elle devait se rendre à l'évidence qu'une sympathie naissait peut être en elle pour son bienfaiteur démoniaque.

Elle se retourna enfin vers lui et pencha légèrement la tête en essayant de parler un peu plus bas.
« Si j'accepte, promettez vous que tout cela... restera entre nous ? » Elle baissa une nouvelle fois les yeux. « Je ne veux surtout pas vous attirer d'ennuis, mais je doute que ma présence ici soit bien vue et je préfèrerai qu'elle ne se sache pas, et ceci même si... » Je chante pour vous. La chose paraissait si stupide. Elle ne pouvait pas se jeter ainsi dans le piège, elle voulait au moins donner l'illusion de résister encore. « Même si je viens faire des essais comme vous le proposez... Je ne peux rien vous promettre mais sachez que j'apprécie beaucoup votre geste, sincèrement. » Elle lui adressa un nouveau sourire, un sourire plein d'émotion, une émotion qui se lisait également dans ses yeux qu'elle détournait encore une fois vers cette scène.
Tout cela lui apparaissait comme un rêve, un rêve offert par le monstre de ses cauchemars.
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ce message a été posté Dim 11 Nov 2012 - 20:24
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Dîtes simple oui, chère Annabelle… nous savons tous deux que vous en mourrez d’envie, avait-il envie de lui rétorquer. Mais c’aurait été le meilleur moyen de la faire fuir, Bartholomeus en avait pleinement conscience, c’était l’une des bases en commerce. Faire croire au client que vous dépendez de lui, et non l’inverse. Il fallait parfois le laisser penser que l’idée avait germé dans son esprit et non pas que la graine y a été plantée par vos soins et d’autre fois, faire exactement l’inverse pour déculpabiliser son interlocuteur. La demoiselle lui avait parlé de ses passions à demi-mots et s’était offusquée de sa propre audace : c’était donc à lui de faire un pas vers elle et de lui proposer de venir ici dans le but de lui rendre un service. Ils le savaient tous deux mais il leur faudrait toujours taire cette vérité. Ils devenaient complices à cet instant ; ils étaient liés.
Annabelle venait de pénétrer dans la cage dorée qu’il commençait à aménager pour elle depuis le tout premier instant où il avait posé son regard sur elle et, lorsque le moment serait venu, lorsque sa vigilance serait altérée, alors Dante n’aurait plus qu’à refermer la porte et la cadenasser. Annabelle serait alors à lui… Toute à lui…
Mais ils n’en étaient pas encore là, ils en étaient loin.

Un pli intrigué mais nullement soucieux apparut sur le visage tatoué du sorcier lorsqu’elle évoqua les problèmes que sa simple présence au « Divine Comédie » pourrait représenter. Son endroit était fréquenté par la fine fleur de la société anglaise, connu à travers toute l’Europe. Des clients de toutes les nationalités venaient y passer un peu de bon temps et réservaient leur séjour des semaines à l’avance… En quoi sa présence pourrait-elle être mal perçue ?
Oh bien sûr, elle n’avait pas l’air d’être le genre de personne a fréquenter un établissement de ce genre, mais les plaisirs charnels étaient bien loin d’être les seuls à pouvoir être comblés ici. Il y avait les spectacles, la musique, les défilés de mode organisés de temps à autre… Rien que l’architecture du bâtiment lui avait value un article il y a trois années de ça. Pourquoi vouloir cacher sa présence en son sein ? Pourquoi vouloir cacher son talent – si tant est qu’elle en ait effectivement un, mais de cela, Bartholomeus peinait à douter.

« Ne vous en faites pas, nous fixerons un rendez-vous selon vos disponibilités et moi et mes musiciens seront les seuls à avoir vent de votre présence ici… Du moins si cet entretien ne débouche sur rien d’autre qu’un bon moment passé ensembles. »
En réalité, il aurait préféré la rencontrer seul mais, quelque chose lui disait que cette idée aurait suffit à décourager la jeune femme. Inclure quelques professionnels à leur entrevue était donc plus judicieux et plus normal de toute manière. Le jour J cela dit, Bartholomeus s’arrangerait évidemment pour profiter d’un tête à tête avec Annabelle…
« Comme je vous l’ai dit, ces essaies ne nous engageront à rien l’un comme l’autre. Il s’agira simplement de voir de quoi vous êtes capables. Savoir chanter est une chose… Savoir chanter devant un public en est une autre. » lui glissa-t-il avant de faire mine de capter quelque chose par-dessus l’épaule de la jeune femme « Le devoir m’appelle. J’ai été ravi de faire votre connaissance, Mademoiselle de Montaigne. N’hésitez pas à me faire part de vos disponibilités par courrier pour que nous puissions arranger cette entrevue. Il me tarde déjà de vous entendre chanter. Rentrez bien » sourit Bartholomeus, plongeant une dernière fois son regard dans le sien avant de lui adresser une petite courbette et de prendre congé.

Il détestait devoir l’abandonner de cette façon et avait dû se faire violence pour y parvenir, mais c’était la meilleure des choses à faire pour ne pas alerter la jeune femme et se montrer trop envahissant. Il l’avait mise en valeur durant leur échange rapide mais il était temps de se détacher d’elle, de jouer les distants pour lui donner envie de revenir à lui… Il venait de semer sa graine et il ne lui restait plus qu’à attendre de la voir germer pour finalement récolter le fruit de ses efforts.
Après cela, Annabelle allait pouvoir se détendre, relativiser les choses et peut-être se rendre compte qu’elle avait été idiote de le craindre de cette manière. Il n’était qu’un homme d’affaire comme un autre, capable de flatterie. Un être humain comme un autre, ou presque…
Bartholomeus n’était pas fier d’en passer par la manipulation avec un être qui lui apparaissait aussi vulnérable qu’elle, mais il ne connaissait pas d’autre manière de faire.

Un petit sourire victorieux étira ses lèvres pendant qu'il rejoignait d'un pas souple et rapide quelques clients dont il n'avait cure, luttant contre lui-même pour ne pas se retourner et chercher à apercevoir une dernière fois la silhouette de sa nouvelle proie...

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Re: Dreams sometime hide in Hell
ce message a été posté Mar 13 Nov 2012 - 1:24
On l'aurait facilement trouvé bien ridicule à ce moment. Alexianne, naïvement, pensait pouvoir faire croire à son bienfaiteur que son offre ne l'intéressait peut être pas assez, tout cela avec les étoiles qui lui pétillaient dans les yeux. Elle même le sentait, sa comédie n'était pas à la hauteur, elle voulait seulement sauver les apparences, et si ce n'était pas convaincant, tant pis, elle aurait au moins essayé, on ne pourrait pas le lui reprocher. Car bien sûr, en aucun cas elle ne devait se jeter à ses pieds pour le remercier. Et pourtant... Qu'il la croit ou pas, elle s'en fichait presque, elle voulait y monter dès maintenant sur cette scène, autant qu'elle voulait se dérober à lui malgré la reconnaissance qu'elle lui témoignait sincèrement.

La promesse de monsieur Moriarty lui fut salutaire, autant que l'assurance que cette prochaine rencontre aurait tout du caractère très professionnel qu'il conviendrait, qui conviendrait dans un moindre mal pour ce délit qu'elle acceptait comme tel. Car Alexianne savait qu'elle prenait un risque considérable. Musiciens ou pas, scène ou pas, clientèle respectable, lieux fastueux ou voix de cristal, si un seul membre de sa famille pénétrait au Divine Comédie en la surprenant sur scène, rien n'y ferait, rien n'éviterait la catastrophe. Elle ne voulait même pas y penser. Elle ne parlerai à personne de ces essais, pas même à Astragild qui pourtant était l'une des seules de la famille à la supporter pour cette passion du chant. Et elle n'en parlerait pas non plus à cause de Monsieur Moriarty. Un bon moment passé ensemble. Pour sûr cet instant serait l'un des plus magiques de son existence, un instant qu'elle avait rêvé mille et unes fois, mais il n'y avait pas de 'on' qui tienne dans cette histoire. Alexianne n'était pas certaine de pouvoir appréhender correctement cette possible collaboration avec le propriétaire du 'Divine Comédie', et il était inutile que quelqu'un le lui rappelle en arguant que ce n'était que pure folie de traiter avec cet homme. Elle le savait déjà. Mais il fallait qu'on la laisse pour cette fois s'écarter du bon chemin. Pas qu'elle en eut envie, mais parce qu'il le fallait, loin de s'en sentir encore capable, elle savait néanmoins que son rêve ne se réaliserait pas dans ses livres, seules échappatoires qu'elle trouvait jusque là dans sa vie. Non, il faudrait s'aventurer plus loin encore, dans des sillons plus dangereux, ceux que lui creusait monsieur Dante, et elle était effrayée à cette idée, mais au moins elle était seule, sa raison de côté et personne pour parler pour elle.
« Merci encore ! » Elle ne pouvait décidément pas s'empêcher ce sourire radieux.

Puis, l'état d'esprit d'Alexianne prit une toute autre couleur quand il mit en évidence le caractère purement évaluatif de ces essais. Alex s'y était déjà vue sur cette scène, mais monsieur Moriarty lui rappelait maintenant qu'il lui faudrait faire ses preuves.
Savait elle chanter devant un public au fond ? Elle n'en savait rien, mais l'idée qu'on puisse en douter la révoltait presque, mais surtout, elle l'angoissait. Elle ne voulait surtout pas voir ce doux rêve s'évanouir alors qu'elle s’apprêtait à venir le chercher jusqu'en Enfer, cet Enfer rouge, de velours et de gallions.
Elle voulait que Bartholomeus croit en elle tout à coup. À présent elle avait l'impression qu'il s'éloignait alors même qu'il n'avait fait que la bousculer de l'avant, toujours frontalement, et maintenant il semblait s'esquiver. Alexianne hocha de la tête bien sûr, pour acquiescer mais elle aurait voulu déjà le convaincre qu'il ne devait pas douter d'elle. Où étaient passées les attaques de cet homme qu'elle avait essuyé avec peine, celles qui le retenaient encore, lui, et surtout ce rêve doux de la scène ?

Monsieur Moriarty se fit un peu plus lointain encore quand son attention fut attirée par quelque chose derrière eux. C'était elle qui ne pouvait le quitter des yeux à présent, l'appelant du regard. Le chasseur laissait là sa proie, piégée, à sa merci, la nuque offerte pour qu'il la brise, cette proie qu'il s'était donné tant de peine à convaincre que sa dernière heure était celle ci, et maintenant qu'elle y croyait enfin, il la quittait.
On l'appelait plus loin. Il lui conseilla de lui envoyer un hiboux plus tard et la salua avec toute la courtoisie dont il avait fait preuve et la quitta. Alexianne le suivi des yeux et bredouilla un « Au revoir » à peine audible. La force des choses l'obligeait à présent à vouloir le supplier pour une promesse, pour une attention, rien qu'un instant encore. Cet homme dont elle ne pouvait supporter la vue, elle en avait besoin, plus que quiconque pour le moment peut être.

Elle resta quelques secondes ainsi, sans bouger, ses dossiers tout contre elle, les yeux plongés dans le vide, avant qu'elle ne se décide à partir enfin, beaucoup plus lentement que lors de sa première tentative. Sur ces larges escaliers, elle se retourna pour un dernier regard vers la scène puis balaya l'ensemble des lieux à la dérobée, peut être pour y apercevoir monsieur Moriarty également, mais elle l'avait déjà perdu. Une fois à l’extérieur, elle eut l'impression de sortir du sommeil, un sommeil meublé d'un cauchemar dans lequel il était question d'un rêve, un rêve qu'elle viendrait réaliser ici, elle en faisait le serment, elle en prononçait la promesse en elle, une promesse qu'elle n'était pas sûre de tenir en réalité, elle le savait déjà, mais elle le voulait si fort que c'était le moins qu'elle puisse faire pour elle même.
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