La veille

Ian parcourait une nouvelle fois le message de Caïus en pestant. Ce mec était dingue, ça c'était connu depuis un moment, mais là, c'était encore une énorme preuve du potentiel de fou-furieux du leader par interim des Héritiers. Heureusement qu'il était marié avec leur chef, il serait sûrement devenu serial killer sans ça. Ou un taré à la Jugson, bref.

En somme, le taré fini qui leur servait de boss croyait que puisque Ian aimait les bestioles dangereuses, qu'il en avait fait son métier, du moins avant la purge ministérielle, il pouvait se dépatouiller de n'importe quoi sans aucun problème. Des moremplis quoi, ces saloperies étaient une des espèces les plus dangereuses du monde magique, elles étaient discrètes, ne faisaient pas un bruit, et ne laissaient pas de cadavre à pleurer. Et il n'y avait presque aucun moyen de les différencier d'une bête couverture si elles ne voulaient pas être repérées.

Et ce drôle de Caïus voulait balancer Ian dans un élevage et lui en ramener en trophée. Bien sûr boss, sans problèmes, et 100 gallions et une bièraubeurre avec ça? Evidemment il lui fallait les bestioles vivantes, puisqu'il voulait s'en servir, sans doute pour assassiner quelques opposants. Bref il était fou, complètement fou, et c'était Ian qui en faisait les frais. Yippie yeah.

Il savait comment mater un morempli, certes, le patronus était tout indiqué, et Ian réussissait bien ses patronus, mais quand même, il avait tout un trajet à faire pour les remettre à Brutus-le-fou, et il avait tout le temps de se faire bouffer entre temps.

Enfin, de toute façon, déjà il fallait penser à l'aller, pas au retour. Et pour ça il fallait se trouver un portoloin. Il avait quémandé quelques potions de somnifères express à Murph', après lui avoir montré le message griffonné en bougonnant, et maintenant, un bouquet de fleur et une boite de chocolats "épicés" à la main, il arpentait les couloirs du département des transports magiques à la recherche du bon bureau. Avoir un pote dans le dit département avait pas mal aidé, il fallait le dire. Même si Murph' n'était pas au courant de tout ce qui touchait aux portoloins, il savait où on pouvait trouver le registre où étaient consignés toutes les bonnes informations, les dates, les destinations et les formes des portoloins déclarés. Parfait.

Il trouva le bon bureau et s'y avança prudemment, tombant sur une grosse dame à l'air suspicieux, juste comme Murph' lui avait dit.

"Hem bonjour, elle est pas là Daphné? Daphné Wallas?"

Non, elle n'était pas là, il le savait parfaitement, mais il savait aussi que la miss était jeune et mignonne, et qu'elle travaillait pas loin, parfait pour son plan machiavélique. La dame lui répondit qu'effectivement non, elle n'était pas là.

"Oh, c'est la troisième fois qu'elle me plante, elle m'avait promis qu'elle serait dans ce bureau à cette heure ci… j'abandonne."

Il se laissa tomber sur le fauteuil en face du bureau et posa sa boite de chocolat d'un air tout à fait innocent sur le bureau.

"Vous en voulez? Autant les manger maintenant…"

La dame sembla hésiter mais alors que Ian ouvrait la boite et en prenait un bien précis, un des trois qui n'étaient pas bourrés de potion somnifère, elle finit par en prendre un aussi, puis un autre. En quelques minutes à peine, elle ronflait sur son bureau, et Ian put refermer discrètement la porte et farfouiller dans le registre des portoloins. Villa Maria, Argentine, le lendemain à 16h à quelques pas de St James Park, prévu pour deux personnes. Le portoloin serait une théière cabossée. Parfait, juste ce qu'il lui fallait.

Le jour-même, 15h54

Ian était dans un recoin, derrière une poubelle, les yeux sur la théière. Un couple de personnes âgées arrivait en se pressant, visiblement en quête de quelque chose au sol. Sûrement ses clients. Il attendit qu'ils repèrent la théière pour lancer son sort

"Somnus! Somnus!"

Les deux personnes s'écroulèrent au sol, endormies, sans savoir ce qui les avait frappées. Ian tira un peu plus le couple dans l'obscurité de la ruelle, lança un sort de désillusion sur eux et attrapa son havre sac avant de mettre le doigt sur le portoloin. Pile à l'heure.

Ian prit une seconde pour se remettre du voyage alors qu'une vague de chaleur le frappa en pleine poitrine. Il réprima la nausée symptomatique du voyage en portoloin et prit une longue inspiration en retirant sa fine cape, idéale pour affronter le petit vent de fin d'été Londonien, mais qui donnait l'impression d'être un manteau de fourrure dans la pampa Argentine. Il roula le vêtement en boule pour le fourrer dans son havre-sac, et en profita pour en sortir la carte du coin et le balai qu'il avait pris soin d'emmener.

Il était juste aux abords de la ville moldue de Villa Maria, visiblement une station balnéaire pour riches touristes, et d'après sa carte, une petite ville sorcière se trouvait à quelques kilomètres de l'endroit où il était. D'après ses infos, les moremplis vivaient plutôt dans les forêts ou les montagnes, et l'élevage devait être assez reclus pour ne pas risquer les dommages collatéraux. Il ne savait pas vraiment quelle était l'idée de ces gens, Caïus avait été assez vague à ce sujet, comme souvent, mais Ian se doutait qu'ils ne voulaient pas que des moldus se fassent bouffer en passant dans leur champ. Des moldus ou des sorciers un peu cons, d'ailleurs.

Il plissa les yeux vers la montagne, sous le soleil, se doutant que son objectif se trouvait quelque part parmi ces pics embrumés. Mais la cordillère était immense, et même s'il savait que son élevage était dans le coin, et relativement grand vu ce que Caïus lui avait dit, le pays était quand même immense, et il n'allait définitivement pas passer la semaine à passer la montagne au peigne fin pour se faire manger par ces saloperies de bestioles. Il avait beau aimer les créatures magiques, celles-là en particulier lui filaient le frisson. Il savait parfaitement comment s'en défendre, évidemment, mais il préférait nettement fréquenter des choses qui avaient des yeux. Et qu'on ne pouvait pas confondre avec du linge de maison si on n'était pas suffisamment regardant.

Réfléchissant à la meilleure marche à suivre, il finit par abandonner l'idée de faire le tour de la montagne en balai, pour d'abord aller faire un tour dans la ville avoisinante et chercher des informations. Il y aurait bien quelqu'un là-bas qui saurait lui dire par où commencer à chercher. Il donna un petit coup de baguette en direction de sa gorge afin de pouvoir se faire comprendre par les locaux, et gravi la pente douce qui le mènerait vers la petite ville sorcière, cachée aux yeux des moldus par multitudes de sorts de désillusion.

Il s'arrêta au premier bar qu'il croisa, demandant un verre d'un quelconque alcool local avant de commencer à discuter autour de lui, avec le barman, les autres clients, un peu tout le monde, à raconter qu'il venait d'Angleterre, qu'il était fan des créatures magiques, qu'il adorerait voir un morempli en vrai, et piapiapia…

Spoiler:

L'écossais s'étouffait à moitié avec la chica locale, apparemment la meilleure de toute l'Amérique, d'après le vieux sorcier qui tenait le bar, et si c'était ça, Ian ne voulait absolument pas en gouter d'autres. Mais il connaissait la musique, il buvait, il était joyeux, il complimentait l'alcool local et passait pour un touriste en toussant un peu sur son verre (alors que bon, par rapport à un bon vieux Pur-feu de chez lui, cette piquette ne valait pas une noise, mais bon), et il gagnait ses informations, il trouvait où était l'élevage de bestioles, en achetait une, et cric crac, dans le sac, Caïus se retrouvait avec un nouveau jouet.

Sauf que voilà, comme souvent, rien ne se passait comme prévu. Premièrement il mourrait de chaud, mais ça ne changeait pas grand-chose à sa mission, pour ainsi dire. Et deuxièmement son petit rôle de touriste innocent ne faisait même pas de rond dans l'eau métaphorique de ce bar. Le tenancier était visiblement le barman le moins bavard de l'histoire des débits de boissons, et il le regardait du coin de l'œil en agitait faiblement sa baguette vers des verres qui s'essuyaient lentement tous seuls. Même les verres avaient l'air morne. Et le reste du bar? Les quatre autres clients semblaient tous faire la sieste.

"… Et des Nundu, vous connaissez? C'est dangereux aussi, et rapide avec ça! Il parait qu'ils vous font tomber juste en vous soufflant au visage. J'aimerais pas en croiser un. Mais des Moremplis par contre, dangereux mais ça j'en verrais bien un en vrai. Parce que bon, des Nundu j'en ai déjà vu, au zoo magique de Londres. Bel endroit d'ailleurs. Mais des Moremplis ils en ont pas, visiblement c'est pas assez intéressant. Il parait qu'on dirait une vieille couverture quand ça dort. Mais ça doit bien être autre chose non? Enfin moi je suis sûr que j'arriverais à faire la différence. Mais faudrait que j'en voie en vrai pour ça. Il doit bien y en avoir dans le coin non? Enfin pas dans la nature mais…"

Il aurait tout aussi bien pu parler à un mur. Le tenancier lui répondait quelques mots de temps à autres, c'était d'ailleurs la seule façon que l'Ecossais soit sûr que son sort de traduction ait bien fonctionné. Il parlait bien espagnol, le type n'en avait juste rien à secouer de ce type. Ian finit par abandonner et partir avec un large sourire de touriste, reprenant son sac sur son épaule avant de filer ailleurs. Il fit le tour de la petite ville, trouvant des portes fermées et des sorciers qui faisaient la sieste, ainsi qu'une antique distillerie où une sorcière sourde comme un pot lui fit une petite visite guidée des trois pièces tout en occultant totalement chacune de ses questions.

Une heure et demie après son arrivée à Pueblo Brujo, il avait fait le tour du village, et n'était absolument pas plus avancé. Il jeta un nouveau coup d'œil à la cordillère qui s'étendait au loin devant lui, il allait avoir un petit peu de boulot. Poussant un long soupir il ressortit son balai et l'enfourcha pour se diriger vers la montagne. Enfin, LES montagnes. Les kilomètres et kilomètres de montagnes qui bordaient la moitié d'un PUTAIN de continent. Bon, il savait que l'élevage se trouvait quelque part en Argentine, plus ou moins du côté de là où il se trouvait présentement, et que les moremplis vivaient dans des climats tropicaux, donc il pouvait exclure les hauteurs des montagnes, où la végétation (et l'OXYGENE, nom de Merlin) se faisaient rare. Ça lui laissait quand même quelques centaine de kilomètres de jungle à explorer.

La pampa fit bientôt place à une végétation luxuriante, et Ian dut mettre pied à terre. Maintenant, un choix s'imposait. Allait-il explorer la jungle dans la montagne n°1, à sa gauche? Ou la jungle dans la montagne n°2, à sa droite, en tout point identique? Vaste question.

Dé # 1

Quel chemin Ian va-t-il prendre?:

Il prit une longue inspiration et fit ce que tout homme censé à sa place ferait, et ferma les yeux et tendit sa baguette.

"Plouf plouf, Poudlard en feu, Grognard dans le lac, par Merlin ce sera toi. Mais comme le Lord ne le veut pas ce sera toi, a-va-da."

Il rouvrit un œil alors que les petites étincelles au bout de sa baguette lui montraient le chemin qu'il devait prendre. C'était son destin. Tout ça. Il rangea son balai et partit d'un bon pas à travers la jungle, cherchant des traces de passage humain.

De longues minutes plus tard, il avait l'impression d'avoir perdu plusieurs hectolitres de sueur, et les cris des oiseaux commençaient à lui porter sur les nerfs. Il avait l'impression d'être suivi depuis une bonne minute mais n'osait pas se retournait. Il avait fait ses recherches, il savait ce qu'il y avait dans cette jungle, hormis ce qu'il cherchait. Un craquement de branche et un grognement le fit se stopper net. Il se retourna et lança un Everte Statum informulé vers l'endroit où il estimait être la bestiole.

Dé #2 :

Bestiole:

Le crac du sort illumina la jungle pendant un instant, et l'animal qui le suivait discrètement depuis un moment vola à quelques mètres dans un cri de chat qui se fait marcher sur la queue. Il avait cru que la bête était quelque chose de beaucoup plus gros et dangereux, mais visiblement ce n'était qu'un chat sauvage un rien téméraire, à peine plus gros qu'un chat domestique. Au sol, la bestiole se redressa et secoua la tête un moment, fit quelques pas hasardeux avant de filer loin du type qui faisait mal.

Son cœur battait la chamade, mais il était toujours en un seul morceau, et pour l'instant, c'était le principal. Une fois sûr que le chat ne revenait pas en ramenant son grand frère, Ian reprit son chemin à travers la jungle, cherchant la moindre trace du passage d'humains, et plus particulièrement de sorciers.

"Diffindo! Diffindo!"

Il tranchait les lianes et les branches basses les unes après les autres, commençant à perdre doucement espoir de voir des traces du passage d'un être humain dans cet endroit. Les racines s'entremêlaient sous ses pas, les lianes lui barraient la vue et il faisait aussi sombre que sous le smog londonien. Malheureusement, la température n'était absolument pas la même. Il faisait une chaleur étouffante, et l'humidité semblait lui coller à la peau. Sa chemise était trempée de sueur et il luttait pour avancer.

L'écossais bougonnait, grommelait, et était reparti sur une grande tirade dans le vide qui râlait contre Caïus et ses idées complètement débiles, et son manque total de précisions.

"Va quelque part trouver des moremplis, y'a des gens qui les élèvent quelque part en Argentine. T'es bien le spécialiste des bestioles, tu dois avoir le nez pour les retrouver non? Parfait, allez hop, va mourir dans la jungle pendant deux jours et perd toi comme un con, merci au revoir."

Il continuait de râler en donnant des coups de baguette rageurs dans les lianes et les feuilles, donnant des coups de pieds dans les racines et dérapant dans la boue. Il manquait trébucher une fois de plus et se rattrapa au dernier moment à une branche, qui lui cassa dans les mains au moment précis où le sol mouillé se dérobait sous ses pieds. Il glissa dans un long cri et dévala plusieurs mètres de pente boueuse et abrupte, pour atterrir dans un torrent en contrebas.

Bon, franchement, on pourrait croire que dans cette atmosphère étouffante, un plongeon dans de l'eau claire aurait pu être agréable. Cependant, le torrent était pratiquement aussi glacial que la tamise en octobre, et Ian poussa un nouveau hurlement alors qu'il se faisait emporter par le courant. Le torrent charriait des débris, des branches, carrément des troncs d'arbre par moments. Et à tous les coups, il allait déboucher sur une chute d'eau.

Dé

quelle nouvelle merde va tomber sur le Ianou?:

L'eau glaciale le ballottait comme un fétu de paille et fouettait son visage alors que l'Ecossais cherchait un moyen de s'accrocher quelque part, de revenir vers la rive. Il n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps qu'il percuta violemment un tronc d'arbre coincé entre un rocher et le bord, tronc d'arbre qui se brisa et lui écorcha une bonne partie du bras au passage. Sonné, à bout de souffle, il ne vit pas le rocher vers lequel il se dirigeait à grande vitesse et qu'il percuta violemment, expulsant d'un coup tout l'air de ses poumons.

Il voulut prendre une grande inspiration qui se termina en tasse, et finit par tousser tout ce qu'il savait, mais au moins il avait réussi à s'accrocher au rocher et ne se promenait plus au gré du courant. Il était congelé, blessé, et se sentait aussi faible qu'un chaton qui venait de naitre. S'il continuait à avoir autant de chance, un banc de piranhas allait être attiré par son sang qui se répandait dans l'eau et venir le grignoter.

Heureusement pour lui, il avait eu la présence d'esprit de se cramponner à sa baguette, et son sac était toujours accroché à son épaule. S'agrippant au rocher glissant il regarda autour de lui, tentant de trouver un moyen de retourner sur la rive. Il ne pouvait pas nager en travers du courant, il allait à nouveau se retrouver à lutter dans les rapides et sans doute se prendre un nouveau tronc d'arbre. Il avisa une liane à l'air particulièrement solide sur l'arbre en face et ravala difficilement sa salive. S'il mourrait dans ce fichu torrent, il se promit de revenir hanter Caïus pour le restant de ses jours. Et peut-être même ses gamins ensuite.

"Accio liane!"

La liane atterrit dans sa main et il dut gigoter pour se rattraper au rocher qu'il avait failli lâcher. Il tira de toutes ses forces, tendant la ligne de vie qui le reliait à la rive, avant de se lancer un Ascencio qui le fit s'envoler hors de l'eau, agrippé à sa liane, et retomba dans un hurlement qui fit s'envoler la moitié des oiseaux du coin. La liane fit son office, et l'écossais se retrouva à se balancer tel un héros de roman moldu pour finir dans une cabriole dans la boue.

"Putain de Caïus de merde la prochaine fois je le chope je lui fais bouffer ses cheveux nan mais on n'a pas idée franchement… revigor…"

Le sort lui redonna un rien de ses forces, et la litanie continua alors qu'il cherchait dans le fond de son sac de quoi bander la plaie de son bras. Ça faisait un mal de chien, et ça saignait pas mal, mais visiblement ce n'était pas trop grave. Moins que de se faire désintégrer par un morempli, du moins.

Ian finit par se lever et faire trois pas pour se rendre compte qu'il était devant une falaise qui tombait à pic sur plusieurs dizaines de mètres. Super. L'écossais jura de nouveau et finit par reprendre son balai et donner un grand coup de pied au sol pour sortir au-dessus de la cime des arbres. Au moins d'ici il pouvait voir au-devant. Il ne pouvait plus avancer, la crevasse s'étendait sur presque un kilomètre. Il jura à nouveau et longea la crevasse sur le côté, pour arriver du côté de l'autre chemin, celui qu'il n'avait pas pris au début. Et puis, soudain, une illumination.

"Oh le con… Hominium Revelio!"

La baguette pointée vers le bas, il regarda les étincelles s'évanouir, prouvant qu'il n'y avait personne. Il irait des milliards de fois plus vite en cherchant les traces de vie humaines depuis son balai. Il ne devait pas y avoir 300 personnes qui vivaient dans cette montagne. Il avança donc petit à petit, cherchant une trace de présence humaine dans les kilomètres de jungle au-dessous de lui.

Trois quart d'heure de recherche à une vitesse de limaçon plus tard, il repéra enfin une présence. Un Tékelouk et il put s'assurer que les gens en question étaient bien ses éleveurs de moremplis. Les bestioles étaient étendues sur des fils et bougeait au rythme d'un vent qui ne soufflait pas. Pas de doute, c'était bien eux. Plus qu'à négocier maintenant. Il descendit et frappa à la porte de la petite cabane, ou trois hommes prenaient le café.

Le plus âgé lui ouvrit la porte, un grand type à moustache qui devait avoir du sang de troll des cavernes dans les veines. Ian lui lança son plus beau sourire commercial et sortit la lourde bourse de pièces d'or que lui avait confié son patron et commença la négociation pour récupérer un des animaux.

Dé #1

Spoiler:

"Eh les gars, faut pas vous énerver hein, on est entre gens civilisés non? Tout va bien, cool, chill…"

Il recula à mesure qu'il parlait, bafouillait plutôt, alors que Pedro le demi troll des montagnes et ses deux amis à l'air tout aussi physiquement intelligents s'avançaient vers lui. Une seconde Ian se demanda comment ils allaient passer la porte. Et puis finalement il ne réfléchit pas plus longtemps, quand le premier sort fusa, il piqua un sprint en direction de la jungle, lançant un protego hâtif. Bien lui en prit, il sentit le bouclier vibrer quand un sort le frappa alors qu'il atteignait les arbres. Par-dessus son épaule, il balançait les stupefix comme des dragées surprises, dans la direction générale des trois brutes épaisses.

Dé #1

Bon, il vise mal certes, mais un peu mal ou très mal?:

Il ne se retourna pas pour vérifier si ses sorts avaient fait mouche, et se contenta de se faufiler dans les arbres, tentant de se cacher au maximum dans l'obscurité. Il zigzaguait dans les arbres et prenait des virages brusques, mais la fatigue commençait à le rattraper, si ce n'était les frères tête-dure. Son sort de soin avait été plus ou moins bien lancé, mais il était crevé, et la magie n'y pouvait pas grand-chose, du moins pas la sienne. Son pas ralentissait et il commençait à être essoufflé. Il n'entendait plus les pas des gens derrière lui, mais les sorts fusaient toujours, et son protego commençait à faiblir.

Dé #2

Seulement si Dé#1 = NON:

Il était vouté au maximum, essayait d'esquiver le plus de sorts qui passaient, mais il ne vit pas venir le diffindo qui manqua de lui ouvrir la cuisse. Il fit un pas vif de côté et manqua trébucher alors que les lianes tombaient mollement au sol à ses côtés. Visiblement, les trois débiles s'étaient arrêtés et se contentaient de le canarder jusqu'à ce qu'il s'en aille. Sans doute pour ne pas abandonner leur élevage trop longtemps.

Dé #3

Le sort qui fait bobo…:

A la seconde où Ian se dit qu'il devrait faire semblant d'être touché et rester silencieux un moment pour voir s'ils venaient le finir ou s'ils se barraient, un sort le cueillit dans le dos et il sentit ses jambes s'écrouler sous son poids. Aie. Il tomba tête la première dans la terre et mangea un peu de boue. Berk. Note intérieure, penser à en ramener pour en faire bouffer à Caïus histoire de lui souligner que ses idées étaient merdiques. Un finite incantatem informulé plus tard, il restait au sol, parfaitement immobile et silencieux, tous les sens aux aguets pour tenter de deviner si Roc et Gravillon et Pedro revenaient finir le travail ou non.

Il avait l'impression qu'une heure s'était écoulée alors qu'il était là, à stresser allongé par terre. Une heure s'était peut-être écoulée, en fait, il ne saurait dire, la lumière était bizarre dans cette jungle, et il n'avait pas le courage de bouger pour regarder sa montre. Une fois qu'il fut passé assez de temps pour que le côté paranoïaque de l'Ecossais soit satisfait que les trois montagnes ambulantes soient retournés à leurs cafés, il lança un sort de désillusion sur lui-même, au cas où, et se redressa.

Il avait la tête qui tournait, son bras bandé le lançait sérieusement et ses jambes étaient pleines de fourmis. Enfin de fourmis métaphoriques, sinon il serait déjà en train de sautiller partout en couinant comme une pucelle devant un type en imper. Autant Ian n'avait aucun problème à faire face des bêtes potentiellement mortelles et particulièrement énormes, autant il avait quelques difficultés avec certains petits insectes ou autre micro bébêtes, particulièrement quand elles piquaient et étaient tout plein. Bref.

Il repartit tout doucement en direction de l'élevage, vouté, en mode commando-ninja, jusqu'à la lisière de la jungle. Il ne savait pas combien de temps s'était écoulé, mais les trois types étaient à nouveau dans leur cabane à savourer leur café. Il pouvait voir les trois silhouettes de l'autre côté de la fenêtre. Il ravala difficilement sa salive, vérifia une nouvelle fois son sort de désillusion et se glissa hors de la forêt, en direction des moremplis qui semblaient sécher sur leurs fils. Ils remuaient doucement sur leur support, poussés par un vent inexistant. Il se glissa près de ceux qui étaient le plus près de la lisière de la jungle.

"Bordel, il a intérêt à être content après ça… spero patronum"

Les souvenirs heureux le parcoururent, venant tracer un petit sourire sur ses lèvres alors que la petite panthère se matérialisait au bout de sa baguette et rugissait silencieusement vers les moremplis. Le plus proche de lui se redressait totalement sur son fil, apeuré, ou menaçant, ce n'était pas exactement clair quand l'animal ressemblait en tous points à une vieille couverture en laine qui gratte. Mais il savait que cette couverture-là ne grattait pas, elle bouffait les gens…

Il s'activa pour sortir la caisse de bois qu'il gardait au fond de son havre sac pendant que son patronus tenait toujours l'animal en respect. Ou plus ou moins. Les autres commençaient à s'agiter aussi. Ian jetait des coups d'œil inquiet à la cabane, en priant pour que toute l'activité de tout à l'heure ait épuisés les frangins.

"Bon, tu vas pas aller gentiment dans la boiboite, hein, machin?"

Visiblement, non. Réfléchissant un moment, il poussa la boite sous le fil, du bout du pied, en évitant au maximum d'entrer en contact avec les trucs. Une longue inspiration plus tard, il lâcha un diffindo pour trancher le fil et faire tomber le morempli dans la boite. Seul problème, tous les autres qui étaient sur le même fil, une bonne dizaine, étaient tombé aussi. La panthère s'occupait de garder l'animal dans la boite alors que Ian se jetait dessus pour la refermer et la fourrer dans le sac avant de se faire dissoudre. Il en profita pour sortir son balai alors que le patronus tentait de tenir les autres moremplis à distance, pour finir par disparaitre sous le nombre.

Mais la commotion avait sorti les frangins de leur sieste, et ils ressortaient en canardant à tout va.

Dé #1

Est-ce que Ianou a la poisse une dernière fois?:

Heureux comme un pape sur bon balai de compèt', il monta en flèche pour éviter les sorts et les injures des trois boulets, et fila en direction du bas de la montagne. Plus que quelques minutes dans ce pays pourri et il serait libre d'aller dire à Caïus d'aller se faire foutre. La bestiole serait sûrement très très énervée de son séjour dans la boite, mais ce n'était plus son problème.

De longues minutes de balai plus tard, il retrouva enfin son portoloin de retour pour retourner dans les bas fond de Londres. Bon, à tous les coups il allait se taper un rhume en plus.

THE END