Modern Young Witch

Magazine

ou la revanche de Carmella Higgs

Croire que Carmella Higgs allait courber l'échine sous le poids du nouveau pouvoir de Madame Elena Mucliber-Kark c'était se fourrer la baguette dans l'oeil. La plus célèbre des rousses, la plus incendiaires des femmes du monde magique a décidé de montrer de quel bois elle se chauffe et surtout, elle a décidé de faire de sa plume sa meilleure arme. MYW Magazine marque une nouvelle ère dans le Monde des Médias et c'est à Carmella Higgs que l'on doit cette nouvelle petite pépite.

Excédée par la présence constante de sa plus grande rivale, Carmella Higgs claque la porte de Sorcière Hebdo au début du mois de Juillet. Pourquoi avoir attendu si longtemps après le mariage ? Pour pouvoir arriver à terme et mettre au monde son nouveau bébé : MYW Magazine, nouveau petit bijou parmi les publications sur la mode. Carmella prend avec elle tout son talent, toutes ses idées mais surtout, bon nombre de ses larbins et autres petits employés qu'elle a elle-même formés.

Carmella Higgs ne va pas concurrencer SH : MYW Magazine est hors catégorie et aucun autre magazine ne lui arrivera à la cheville. Comment peut-elle en être certaine ? Parce qu'il est le seul qui va oser dire tout ce qui doit être dit sans censure. Carmella ne veut pas que la politique vienne se mêler de la mode et elle va s'en prendre à tous ceux qui ont le malheur de faire un faux pas, intouchable parmi les intouchables ou pas. Si la Première Dame s'habille comme un sac, le monde magique le saura, que ça plaise à Monsieur le Ministre ou pas.

MYM Magazine ne craint rien ni personne et met le doigt sur ce qui fâche. Tous les scandales, les tromperies, les enfants cachés, les secrets bien enfouis... Tous absolument tout est entre les pages du magazine. N'essayez pas de vous attaquer à elle car Carmella Higgs saura toujours comment vous rappeler qu'elle est la meilleure et qu'elle mérite son succès.

Carmella Higgs

message à ses collaborateurs passés, présents, futurs

Carmella Higgs avait réuni une dernière fois toute l'équipe de Sorcière Hebdo. Elle allait partir mais il était hors de question que cette pouffiasse blonde lui prenne aussi ses employés. Ils étaient à peu près doués et c'était à elle qu'ils le devaient. Sans elles, ils n'auraient jamais pu atteindre ce niveau d'excellence. Sans elle, ils seraient en train d'écrire de la merde pour des journaux locaux comme Le Petit Irlandais ou encore Sorciers du Yorshire. Elle ne doutait pas de son pouvoir de persuasion, elle doutait de leur loyauté : ils ne seraient pas les premiers à lui planter un couteau dans le dos, non ? Carmella était certaine d'une chose : ses employés savaient qu'elle était la meilleure et ils savaient aussi que, sans elle, Sorcière Hebdo allait courir à sa perte. Ceux qui tenaient à leur statut allaient la suivre. Les autres, ceux qui n'avaient pas suffisamment de cran pour oser le changement et oser dire la vérité resterait bien sagement sous les ordres de la blondasse.

Quand tout le monde fut installée, elle tapa une seule fois de la main sur la table. Le silence se fit. Elle vit quelques personnes échanger des regards incrédules. « Je vous ai fait venir pour vous annoncer mon départ. J'ai donné ma démission il y a quelques minutes. » Des chuchotements, des airs horrifiés, des mines dépités : c'était ça qu'elle voulait ! Carmella sourit face à ses désormais anciens employés. D'un geste de la main, elle retrouva le silence. « Vous l'avez remarqué, Sorcière Hebdo ne peut plus retrouver son éclat et sa splendeur à cause des nouvelles directives imposées par les hauts-gradés de notre monde médiatique. » Ce serait dommage de citer la garce blonde alors que tout le monde savait très bien de qui elle parlait, n'est-ce pas ? « Je ne peux me résoudre à publier un torchon dans lequel chaque mot est contrôlé, dans lequel je ne peux exprimer clairement ce que mes lecteurs attendent. La censure et la politique ne devrait pas interférer dans notre travail. » Elle regarda chacun de ses collaborateurs avec un regard perçant. Ils ne pouvaient pas la fuir, pas maintenant. « Dès demain, je lance un nouveau magazine qui n'aura pas peur de la censure, qui ne craindra rien ni personne si ce n'est la fausse fourrure. Vous avez tous fait vos débuts avec moi, sous mes ordres et c'est pourquoi j'offre à chacun d'entre vous l'opportunité de continuer à exercer son emploi de journaliste sans avoir à craindre les restrictions imposées aux autres journaux. L'offre est valable jusqu'à la fin du mois de juillet. » Elle prit alors la direction de la porte. Carmella se retourna avant de la franchir. « N'oubliez pas à qui vous devez votre place. N'oubliez pas que l'ingratitude se paye toujours. » Et elle sortit, laissant derrière elle l'odeur de son parfum.

Ils viendraient. Les éléments les plus importants la suivraient, elle en était certaine.