Le tonnerre grondait lui arrachant un frisson dans son lit. Elle aurait au moins aimé sentir la présence de Baël, et surtout avoir la possibilité de se nicher contre lui. Mais en roulant sur le côté la Kark ne palpa que le vide. La Poufsouffle esquissa un soupir. Fichue chasse. Fichue boulot. Techniquement, Baël était parti à la chasse aux vampires, techniquement. Il n’avait que marmonner quelques indications sur un travail à accomplir. Au mauvais sang qu’elle se faisait habituellement lorsque son fiancé s’absentait pour travail officiel, s’ajoutait le doute et la crainte que son Rosier d’amant se soit fourré dans un nouveau plan tordu de Sevastian Dolohov. La sorcière ne devinait que trop bien ce que pouvait lui demander de faire le médicomage, pour payer grassement comme ça son Baël. Un nouvel éclair fendit l’horizon la faisant frémir à nouveau. Cette fois-ci elle dut résister à l’envie d’enfouir son visage dans son oreiller. Elle voulait Calliope n’avait jamais eu peur de l’orage, ce n’était pas passé dix-neuf ans qu’elle allait acquérir une nouvelle peur, aussi elle se contenta de soupirer encore et encore.
Le bruit sourd qui retentit sur son plancher la fit se ruer sur sa baguette, avant même de voir ce qui venait de troubler la quiétude de sa chambre. Ce ne fut que tirée des draps, que la fourchelang aperçut la petite chose qui avait fait tant de bruit, un elfe de maison. Sans pour autant abaisser son arme, Calliope en allumant la lumière dévisagea la créature pour tenter de deviner à qui appartenait la créature. Mais pour les elfes, comme pour les sang-de-bourbes, la jeune femme n’était pas physionomiste. « Qu’est-ce que tu fais ici ? »

« Li… Liky... Liky ne voulait pas faire à Mademoiselle Calliope Kark. Liky doit juste obéir au maitre. Liky est une gentille elfe de maison, elle ne dérange pas les gentils sorciers dans leur sommeil... sauf quand le maitre demande…alors là Liky doit obéir…C’est le maitre Monsieur Dolohov, il a dit que je devais lui ramener Mademoiselle Calliope Kark, que c’était important, et très très urgent… Qu’il fallait vite vite vous dépêcher de le retrouver. » Si ce fut bien Sevastian que la petite créature évoqua, la première pensé de la sang-pure alla à son fiancé. Urgent et Dolohov ça ne pouvait dire que problème pour son Baël. Dans quel piège infâme ce tordu avait-il piégé son cher et tendre. « Mène moi à eux. Maintenant. » avait-elle exigée en saisissant le bras rapeux de l’elfe de maison qui la dévisageait. « Mais… mais… c’est qu’il fait froid… Mademoiselle Calliope Kark va avoir froid dehors si elle ne se couvre pas un peu. » Vrai. Dans la hate la jeune femme ne s’était pas souciée de n’être qu’en chemise de nuit. C’est nerveuse et en pestant qu’elle se perdit dans le dédale de son dressing à la recherche de botte, d’une cape chaude et imperméable. La moitié de ses vêtements atterrirent par terre, sans que Calliope s’en soucie. Elle prit une besace, et fourra à la hâte le contenu de sa pharmacie personnelle dedans.

C’est passablement énervée et follement inquiète qu’elle se téléporta avec l’elfe de maison. C’est encore secouée qu’elle atterrit dans la forêt, elle discerna alors la silhouette seul de ce fichu Sevastian. La pluie tombait drue ne manquant pas de ricocher sur sa cape, et c’est dans une formidable symphonie de « floc » à travers les flaques, qu’elle s’élança vers le médicomage. Sans douceur, ni sympathie elle lui tapota l’épaule pour le faire se retourner. « Pourquoi est-ce que tu m’as fait venir ? Où est Baël ? » avait-elle articulé avec hargne à plusieurs reprises, mais le tonnerre résonnait trop fort et couvrait sa voix. Si bien qu’elle en était venu à hurler : « OU EST MON FIANCE ? » Et forcément la météo choisit ce instant pour offrir le temps de trente seconde une petite accalmie. Une belle colère qui avait de quoi réveiller les morts, et malheureusement pas que ça. Les fourrés non loin d’eux commençaient à s’agiter…

Tirages de dés :

Dé n°1 : L'avenir de l'orage. ♪
Oui ♣ L'orage continue et ne s'arrêtera pas d'aussitôt. Pas de chance pour les deux jeunes gens qui se retrouvent coupés de l’ouïe et de l'odorat. Leur visibilité est elle aussi réduite à cause de la pluie et de l'obscurité.
Non ♣ L'orage continue de gronder mais est sur le déclin. Bientôt la pluie cessera et le calme naturel de la forêt de Dean reprendra le dessus.

Dé n°2 : Qu'est-ce qui s'agite dans les buissons ? ♪
Oui oui ♣ Un ranger en pleine patrouille. Ça commence bien !
Non oui ♣ Quelques loups. Le diner est servi.
Non non ♣ Une bestiole inoffensive qui veut juste fuir la charmante voix de Calliope.

Dé n°3 : Faut-il s'inquiéter ? ♪
Oui ♣ Le Ranger lance l'attaque sans somation. Ils n'ont pas le droit d'être là ! / Les loups semblent affamés, ils se jettent sur leur repas, la bave aux babines.
Non ♣ Le Ranger reste sur la défensif mais ne les attaque pas directement. Un homme d'honneur, parfait ! / Les loups semblent estimer leurs adversaires... ils ne sont pas sûrs de leur coup. Une chance !

Sevastian a toujours aimé la pluie, certes. Mais la regardait par la fenêtre bien au chaud était très diffèrent que ce retrouver dehors, les genoux qui claquent. Quelle idée ! La prochaine fois, il ferait mieux de se couper la main avant de se jeter dans un truc pareil. Les licornes seront plus faciles à trouver, mes fesses ouais ! Avec cette obscurité ils avaient toutes les chances du monde pour revenir bredouille ! Si seulement Baël était là, il aurait su quoi faire lui ! Ni une, ni deux monsieur muscle aurait pris le taureau par les cornes et se serait jeter dans la gueule du loup ! Sevastian, lui, n’était pas taillé pour ce genre de choses. Lui préférait se terrer dans des sous-sols et réfléchir encore et encore sans forcément arriver à un résultat probant. Que voulez-vous, il y a ceux qui sont utiles et ceux qui ne le sont pas. Et de ce point de vue, Sevastian se placer carrément dans ceux qui étaient utiles. Faut pas rêver, il était bien plus important pour l’humanité que ce grand benné. Grand benné qui lui serait utile en ces temps de crise ! Il y a un souci…

Sevastian fait un tour sur soi-même histoire de scruter les environs. Rien. Pourtant il en est sûr, quelqu’un l’observe. Peut-être est-ce madame-je-suis-la-fille-du-ministre-en-personne ? Non Liky aurait transplané tout droit sur lui et pas au milieu de la broussaille. Surement la pluie pense Sevastian en fixant l’obscurité. Il allait finir par devenir paranoïaque. Vivement que la petite peste soit là. Elle était certes surement aussi douée que lui en sortilège, mais elle ferait surement un excellent bouclier humain. Tant pis pour Mervyn, il avait qu’à lui proposer quelqu’un de plus… consistant. Sans qu’il s’en rende compte, Calliope et Liky arrivent dans son dos. Sans qu’il s’y attende, quelqu’un lui touche l’épaule et il se retrouve pris de panique. Il étouffe un cri qui passe inaperçu avec la pluie qui tombe tout autour. Foutue gamine, elle lui a foutu les jetons. Encore un peu et il faisait une crise cardiaque.

Sans qu’il comprenne vraiment pourquoi, Calliope se met à hurler. Heureusement la pluie couvre la moitié de ses paroles. Au décryptage, Sevastian croit entendre Baël et ne voit pas forcement le rapport. Que venait faire monsieur muscle ici ? Tout se clarifia quand Calliope se mit à hurler comme une dératée. Elle aurait pu facilement réveiller un dragon endormi en Chine si la pluie n’était pas aussi intense ici. Merci monsieur le ministre pour ce cadeau plus que lamentable ! Un bruit. Cette fois il n’a pas rêvé ! Il y a bien quelqu’un ou quelque chose. Et ça se rapproche. Doucement, Sevastian fait signe à Calliope de se taire. Il tourne une nouvelle fois sur lui-même jusqu’à tomber sur deux grand-yeux bleus. Soulagement… ces yeux n’ont rien d’animal. Euh attends…

Avant qu’il ne puisse assembler ses pensées, un éclair rougeâtre se dirige vers les deux jeunes gens. Pris de panique, le médicomage se jette à terre et bouffe la gadoue. Au moins il a réussi à éviter le sortilège ennemi. Liky, effrayée, pousse un cri suraigu et disparue. Quel courage ! Cette conne était partie sans même leur filer la main ! Elle aurait pu au moins l’emmener avec elle ! Foutue créature ! Aussitôt au manoir, il la transformera en descente de lit !

« Foutu elfe de maison ! » grogna Sevastian.

Et où est cette foutue gamine ?! Sevastian lève les yeux et la voit couchée elle aussi. Apparemment il a eu la bonne idée de la tirer avec lui dans sa chute. Un point pour Sevastian, zéro pour Liky. Maintenant il n’a plus qu’à attendre que Calliope règle son compte à monsieur l’attaquant. Bah quoi ? Fallait bien qu’elle serve à quelque chose !

Est-ce qu’il avait répondu ? Calliope avait bien cru le voir articuler quelque chose, mais n’entendit rien. Déboussolée, et paniquée la Kark se laissait tromper par ses sens. Son ouïe était saturée par le grondement du tonnerre et le martellement de la pluie, comme un écho à ceux de son cœur. Sa vue était brouillée par l’eau qui s’écoulait du ciel, et sa capuche qui bien que la gardant au sec, ne lui permettait pas vraiment de regarder autre chose que ses pieds. Un coup de vent l’a fit se rabattre en arrière, sans que les mains de Calliope ne parvienne à rabattre le tissus. Au même instant un nouvelle éclair jaillit, il n’avait pas la force ni ne grondait aussi fort que ses ainés dans le ciel, mais avait le mauvais goût d’être rouge et de s’élancer dans sa direction. Sa baguette ne se trouvant pas dans ses mains, tout comme Sevastian embrassa le sol, achevant de la tremper. Elle aurait bien hurlé un « Qu’est-ce qui se passe ici ? » si la menace exercée par l’inconnue ne lui paraissait pas plus importante que sa folle envie de d’éviscérer Sevastian. Toujours allongée sur le sol, ses doigts s’étaient resserrés avec force autour de sa baguette, qui s’agitait déjà pour contrattaquer. L’éclair rouge ripa sur un arbre, mais au moins eu le bon goût de faire reculer le sorcier qui avançait dans la direction des deux larves humaines rampant au sol. Dans sa tête fusaient tous les conseils prodigués par Miss Travers, ceux infâmes d’Emerson, et quelques paroles de son père. Il fallait être preste, comme un serpent fusant sur sa proie. Et si le sol était le domaine des rampants, c’était sur ses pieds que Calliope était la plus rapide, pourtant elle dut rouler sur le sol pour esquiver un nouveau sort. Et ce ne fut qu’en en lançant un autre qu’elle s’hasarda à se relever d’un bond.

La danse des éclairs s’intensifia dans le ciel que sur le champ de bataille. La fourchelang ne comprenait pas grand-chose, si ce n’est que le type d’en face voulait leur peau. Et lorsqu’un quart de seconde elle ne pensait plus au duel, c’était à Baël qu’allait ses pensées. Où était-il et qu’est-ce qu’il faisait dans cette forêt avec ce Sevastian. Au Dolohov aussi elle consacrait quelques quarts de secondes. Il était d’une inutilité sans pareil, se contentant de ramper, il ne cherchait même pas à lever sa baguette pour l’aider. Si le temps ne lui avait pas manqué nul doute que notre douce Poufsouffle l’aurait secoué, et injurié pour qu’ils se remuent. Mais ce duel était trop prenant, et la sang-pure avait trop conscience de perdre du terrain. Si jusqu’ici elle s’était surpassée pour contrer les attaques, et y répliquer, à aucun moment Calliope n’était parvenue à atteindre sa cible, alors que lui l’avait déjà touché à deux reprises, une mince coupure barrait une de ses cuisses, tandis que ce qu’elle pensait être un sortilège de Necrosis avait atteint son épaule gauche lui arrachant un râle de douleur. Pire encore, le sorcier contrait toutes les tactiques qui habituellement fonctionnaient en duel avec elle. Son arme fatale le serpent noir, avait été éliminée dès le premier coup.
Ses boucles brunes lui collaient à la peau, comme les doigts de noyé se refermant sur son visage. Elle devait trouver une solution, parce que ce n’était pas le Dolohov qui s’en chargerait. Elle s’efforça d’opposer que des protego pour se donner le temps de réfléchir à une offensive différente. L’attaque de front ne marchait pas, d’un autre côté elle pouvait difficilement le prendre à revers. La solution lui sauta aux yeux presque aussi prestement que l’éclair bleu qui manqua de l’éborgner. Il faut savoir tirer parti de son environnement, en faire un avantage pas un ennemi. Quelqu’un lui avait dit ça un jour, peut-être Miss Travers, ou bien son père. Pas Emerson, lui ne brillait que dans le carnage facile. Les arbres étaient des atouts, leurs branches surtout, et sans crier gare la Kark lança un diffindo sur la branche au-dessus de son ennemi. Le sortilège informulé eu l’effet de surprise escompté, et en ne cherchant pas à esquiver un sort qui visiblement déviait de sa voie, le ranger récolta ce que son inaction avait semé. Une branche sur la tête. Mais le coup était plus léger que le Kark ne l’avait escompté. Il constituait toutefois une diversion acceptable. Dans un crissement de douleur elle secoua Sevastian pour qu’il se lève et se mette à courir comme elle. La douleur s’insufflait dans tout son corps, les meurtrissures à son épaule et à sa cuisse semple résonner comme un écho dans son être, et pourtant elle courait. La Kark sentait la présence du ranger derrière eux, et ça lui suffisait pour faire abstraction de la douleur, Sevastian et elles devaient se tenir hors de porter des sorts. Transplaner aurait été la meilleure idée, mais la Poufsouffle refusait d’abandonner son fiancé perdu quelque part dans cette sinistre forêt. Pire encore ça lui paraissait être une pure folie, il semblait régner dans cette forêt quelque chose de magique, quelque chose qui voulait vous aspirer, vous garder en son sein. L’impression s’intensifiait plus ils s’enfonçaient dans la forêt. Quelque chose vous murmurant que s’enfuir en transplanant, c’était rentrer chez soi en pièces détachées.

Calliope tentait dans sa course de créer d’autres obstacles naturelles en faisant tomber des branches, qui pourraient gêner la progression du ranger, elle invectiva également Sevastian pour qu’il fasse de même, avant de l’insulter en fourchelang. Mais leur stratégie marchait et ils parvenaient à creuser grandement l’écart entre le ranger et eux. La Kark était à bout de souffle, lorsqu’elle se prit les pieds dans une pierre et chuta au sol. Elle sentit le sang affluer dans sa bouche, alors qu’elle venait de se mordre la langue. C’est ainsi qu’elle le vit, le trou, ou plutôt un terrier, un immense terrier, qui en s’approchant avait davantage l’allure d’une grotte. Il était à moitié recouvert de plantes que Calliope arracha à la hâte, en faisant signe à Sevastian de l’imiter. Elle finit par pousser Sevastian dedans, puis sauta à son tour, atterrissant dans une petite grotte souterraine. Ce ne fut que lorsque l’obscurité l’encercla que la Kark se dit que c’était peut-être bien un terrier, et que les terriers étaient le domaine des animaux, et que pour en avoir un aussi gros, son propriétaire devait être gigantesque. Elle se laissa frissonner un instant avant de s’hasarder à lancer un Lumos révélant une pièce souterraine vide sans doute creusée par un animal, et dont les parois étaient tapissées de racines d’arbres. La sang-pure découvrit également au fond un autre tunnel, ce qui n’était pas pour la rassurer. Mais au moins ils étaient au sec, et peut être que leur ennemi ne les trouveraient pas peut-être. « Qu’est-ce qui se passe ici ? Où est Baël ? » L’effort pour ne pas hurler fut surhumain, si sa voix était basse, son ton avait la froideur mordante des hivers arctiques.

Questions:

Spoiler:

Ses yeux se fermèrent à l’instant où la potion apaisa sa douleur. Sans ce tambour lancinant émanant de son bras, réfléchir serait sans doute plus facile. L'oppressant martellement cessant, Calliope savoura silencieusement le bien être se construisant en opposition à la douleur. Mal, elle l’avait toujours, mais le moins constituait un mieux dont la Kark pouvait parfaitement se satisfaire. Ses yeux demeuraient clos, comme bloqués dans cet intense moment d’apaisement, avant de se rouvrir comme des soucoupes à l’entente du prénom de son fiancé. Il fallait retrouver Baël. Calliope allait utiliser le peu de souffle qui lui restait après cette course effrénée pour assommer de questions le Dolohov et passablement l’insulter à mots couverts, lorsque qu’elle sentit quelque chose lui toucher le dos, ou à la réflexion quelque chose qui l’effleurait depuis un bon moment. Pas vraiment alertée, parce qu’elle ne pensait être qu’une racine agitée par le vent s’engouffrant dans le terrier, la Fourchelang passa machinalement sa main dans son dos pour chasser la liane inopportune. La texture moite l’alerta bien plus que le couinement et le souffle chaud l’enveloppant. Un coup d’œil en arrière et à nouveau l’instinct de survie de la sang-pure se réveillait. Mais dans quel pétrin cet idiot de Dolohov les avaient-ils fourré?

Ses jambes réagirent plus vite que son esprit, la portant rapidement au loin entrainant avec elle Sevastian, s’engouffrant au hasard dans les galeries. Calliope n’avait aucune idée du genre de bête dont il s’agissait, si ses griffes lui servait à creuser des conduits, ou à tailler la chair, si ses mandibules lui servait à renifler, ou à aspirer vers elle les êtres humains qu’elle allait dévorer. Cette expédition impromptue se faisait plus cauchemardesque de minutes en minutes. « PAR MERLIN SEVASTIAN ! QU’EST-CE QUE VOUS FAISIEZ DANS CETTE FORÊT BAËL ET TOI ? » La bête elle leur courrait gaiment après à un rythme peu soutenu, sa masse l’empêchant sans doute de progresser plus rapidement. Une chance que Calliope savait saisir tout en savant pertinemment que dans ce noir d’encre, elle pouvait très bien foncer vers un cul-de-sac. Pour ne rien arranger, la jeune femme était tout bonnement incapable de lancer un lumos tout en courant, Difficile d’effectuer un mouvement précis quand vos bras s’agitent naturellement dans tous les sens. Il aurait fallu pour ça s’arrêter, et la Kark s’y refusait. « Tu sais ce que c’est comme bê----te » avait-elle criée à l’adresse de Sevastian avant de manquer de glisser dans la boue. Le sol se faisait de plus en plus glissant, la terre sous ses pieds plus liquide provoquant clapotis et éclaboussement. Mais difficile de se soucier de l’Etat de sa cape ou de sa chemise de nuit quand une bête à mandibules vous poursuit. De l’eau, le terrier se gorgeait d’eau, il y eut bientôt de larges flaques, puis les flaques furent la norme, la Kark commença à paniquer lorsqu’elle sentit l’eau lui lécher les genoux. Avancer pour se noyer ou affronter la bête. L’eau ralentissait leur course, que la fatigue se chargeait déjà d’altérée. « On… ne peut… plus… con----ti---nuer….dans….cette… dir-rect-ion. » avait-elle soufflé en s’arrêtant progressivement. Elle n’y arrivait plus, elle crut bien que la bête allait fondre sur elle, mais rien ne vint. Elle profita de sa maigre attention pour lancer un nouveau lumos, pour découvrir la taupe géante coincée dans le tunnel qui s’était rétréci.

Questions cons ou pas:

Spoiler:

Les sarcasmes de Sevastian échauffaient une colère qui n’avait pas besoin d’être éveillée. Quand la rage surpassait la peur, le pire pouvait être présagé. Mais la mort de Baël que le Dolohov lui promettait la poussait à canaliser sa fureur dans quelque chose de constructif : survivre. « Un sortilège de têtenbulle. » avait-elle lâché abruptement sans plus d’explication. Ça devait être clair non ? Explorer les souterrains pour espérer y trouver une issue. A défaut de pouvoir excaver ces galeries pour retourner à la surface, il faudrait tenter sa chance dans l’eau. Oh joie ! Ces conduits aqueux lui rappelaient la terrible expédition de février, ces créatures infâmes à commencer par celle qui avait arraché son bras à Tyzonn. Mais cette fois-ci pas de combinaison en murlatex pour protéger du froid, ni d’escorte pour vous aider. Les deux ombres s’enfoncèrent un peu plus, jusqu’à ce que l’eau lèche leurs oreilles. La Kark appliqua alors un sortilège de têtenbulle, pour mieux s’enfoncer dans l’eau sombre. Ses vêtements la gênaient dans ses brasses, entravant ses mouvements. Pire encore ils renforçaient le sentiment oppressant généré par l’obscurité. Son faible Lumos ne lui faisait que distinguer que peu de chose, tout juste la silhouette de Sevastian. La Kark avait cru bon de se coller contre la paroi, la gardant comme point de repère. Le contact un peu plus dur contre son épaule avait quelque chose de rassurant face au vide et la noirceur. S’efforçant de ne pas penser à la durée de son sort d’apnée, Calliope avançait implorant djins, démons et autres raretés magiques pour qu’il y ait bien une issue. Elle était Calliope Kark. Mourir noyée sans même savoir pourquoi, n’était pas une option envisageable. Cette mort était trop bête.

La chance ou peut être le destin les gâta car au point de quinze longues et harassantes minutes de nage, ils purent faiblement distinguer les rayons pales de la lune. La lueur était faible presque invisible. Un mirage dans l’abysse. Et pourtant alors que la jeune femme amorçait une remontée ils s’intensifiaient, comme le halo rassurant d’un phare. La sang-pure tenta de taire la douleur qui parcourait ses muscles, niait la fatigue et dans d’ultimes efforts s’agitait pour regagner la surface. Ils n’avaient vu aucune créature en nageant, ni senti. Peut-être que la pénombre les empêchait de les remarquer, mais la Kark ne pouvait faire disparaitre l’odieuse hypothèse qui faisait s’accélérer son pouls. S’il n’y avait pas poissons, de strangulots ou autre, c’est qu’un plus gros prédateur les avait fait fuir.

Une fois à la surface, les deux sorciers purent découvrir un lac sombre, de petite taille, et pourtant la fatigue faisait paraitre le rivage à mille lieux d’eux. Une fois à terre, épuisée, les jambes tremblantes Calliope se laissa choir dans la boue. La pluie n’avait aucun impact contre son corps déjà frigorifié. « Où… est-ce… qu’il faut… aller ? » Sevastian lui parla vaguement d’un camp de ranger où se trouvait prisonnier Baël, qui s’était fait pincer en essayant de capturer une créature protégée de la forêt. S’efforçant de faire abstraction de l’environnement, la Kark laissait sa seule volonté de Poufsouffle dicter les règles du jeu. Elle se remit sur ses deux pieds, et fit signe à Sevastian de faire de même. La forêt semblait plus menaçante encore qu’avant leur plongeon. La sorcière peu à son aise scrutait chaque recoin du paysage pour y déceler la présence de monstre ou de rangers. La pluie torrentielle avait cessé laissant seulement planer un air glacial et humide.

La chance fut une nouvelle fois avec eux, un feu avait été allumé les laissant discerner de la fumée dans le ciel. Au bout d’une longue heure, ils arrivèrent enfin. Croquant d’un regard le chalet de pierres, refuge dans les bois des rangers sorcier, Calliope tentait d’y déceler les faiblesses. « Je ne pense pas qu’ils soient plus de deux à l’intérieur. On a nos chances, surtout si on les prends par surprise. Mais il faut agir vite. Avant qu’on se fasse repérer. »

Une douche froide. La pierre fusa dans les airs. La jeune femme ne se rappelait même pas comment elle avait atterrie entre ses mains, mais ce dont elle était certaine c’est que c’était bien elle qui l’avait jetée sur Sevastian. Son indignation atteignait une apogée qui faisait céder toutes les barrières morales dressées par des années d’une parfaite éducation. Ses yeux sombres semblaient vouloir sortir de leur orbite, alors que sa poitrine se soulevait furieusement sous l’effet de la hargne. Elle se fichait bien de lui faire mal, elle en avait assez d’être baladée, de ne rien comprendre. Ce Dolohov lui devait la vérité. Et maintenant. Bien que chancelant, la Kark décela chez le médicomage, comme une envie de fuir, ce qui la poussa à s’élancer et bondir sur son dos.

Grandissait en elle, une soif de violence viscérale, qui exigeait qu’elle use davantage ses mains que sa baguette. De barbarie moldue, que seule son intense fatigue rendait possible. Elle se cramponna avec force jusqu’à ce qu’il chute sur le sol, où prenant le dessus avec aisance sur lui, elle s’évertua à lui coller de la boue dans les yeux et dans la bouche.

Dans un éclair de lucidité notre naïve Kark avait compris brutalement que Sevastian la baladait depuis le début, et son arrogance n’avait pas aidé à calmer la fureur de la Fourchelang. Elle réalisait également qu’elle n’avait aucune raison de courir, qu’elle ne savait même pas ce qu’il y avait de mal à être ici, qu’elle pouvait très bien faire plonger cette ignominie de la nature entre les griffes de ces rangers et de la loi… Baël elle pourrait toujours protéger sa réputation d’une façon ou d’une autre. Et puis, c’était des rangers non ? Aux dernières nouvelles ils n’exécutaient pas des hommes. La sensation d’avoir été dupée et manipulée comme une bleue par Sevastian, la rendait plus hargneuse encore. « J’en ai marre ! Où EST MON FIANCE ? La vérité ! Je veux la vérité tout de suite ! Ou peut-être que tu veux que j’aille voir les rangers ? JE SUIS LA FILLE DU MINISTRE DE LA MAGIE ! Je ne vois pas pourquoi je devrais couvrir tes fesses, et tes petits trafics odieux ! Et je pourrais sauver Baël… mais TOI ! » Toi tu peux mourir à Azkaban ! Elle lui recouvrit le visage de l’ancien serdaigle de feuilles, comme pour l’inciter à parler, se souciant peu que les rangers ne sortent de leur repère.

« Maintenant Sevastian, tu vas bien m’écouter. Plus de mensonges. La vérité pure et dure, sinon je te jure sur notre vénérable seigneur de ténèbres, que je plonge ma main dans ton ventre pour en extraire avec mes ongles tes intestins. Et que je transforme l’arbre derrière nous en sapin de noël avec. » Elle avait quasiment hurlé ces derniers mots faisant fuir une ribambelle d’oiseaux des arbres alentours.

Est-ce que les cris de Callie alertent les rangers ?
Oui : Ils ne sortent pas tout de suite, mais ça s’agite dans la maison, il va falloir bouger.
Non : Ils dorment du sommeil du juste, si certains ont entendu quelque chose, il y a de forte chance qu’il se soit rendormie.