AccueilAccueil  tumblr  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

❝ Tout se sait toujours (Pour Jake) ❞
 :: Londres :: Ailleurs :: Habitations
Invité
Invité
Anonymous
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Mer 18 Juil 2012 - 18:20
Lauren aime Jake. C’est une évidence, depuis le jour où elle l’a rencontré. Elle l’aime avec une simplicité qui ne trouve d’écho que dans la relation qu’elle entretient avec Ted. De ce genre d’amour tranquille qui ne demande rien et n’exige rien. Ou peut-être si. Juste disons, la sincérité. Et évidemment, dans le cas de Lauren, c’est très exactement ce qu’elle lui a refusé. Vous direz : un nom, quelle importance un nom ? Mais pas seulement un nom. Le nom fut un départ, une araignée, et ce nom a tissé une toile de mensonge dont elle n’a su s’en départir.

Un nom signifie un travail, signifie des relations, signifie même des pensées. Il lui a confié son passé, et elle a tissé sa toile autour de lui. Jake n’était après tout qu’un photographe sympathique qui l’a bien aidé au cours de ses… exploits. Un photographe avec lequel elle s’est longuement entretenue autour d’un verre, à une table moldue du centre de Londres. Il lui parlait, la faisait rire, lui tordait le cou à lui raconter ses drames. Il lui parlait et à chaque fois que ses yeux se tournaient vers elle, Lauren n’était pas Lauren, mais Carmen. C’était à Carmen qu’il faisait confiance, c’était à ce personnage un peu hors du commun, libre et extravagant. Comme elle s’en est voulu.

Cette culpabilité latente a atteint son point d’orgue après le triathlon sorcier. Un gradin entier en ruines, des noms qui défilaient lentement sur les pages de la Gazette du sorcier. Passé le premier temps du soulagement de se savoir encore en vie, et que ses plus proches l’étaient aussi, Lauren a tourné ses pensées vers Jake. Jane était là, Ted, Bruce, Lisa, Faust, Hudson, même la petite Walkyrie française, même Dante par Merlin ! Mais de Jake, aucunes nouvelles. Elle avait cherché son nom, ne l’avait pas trouvé, et au bout d’une semaine de terreur l’avait finalement contacté.

Jake lui avait répondu avec une bonne humeur habituelle. Il lui avait dit « Hey Carmen ». Le cœur de Lauren s’était brisé.

Voilà donc, avait-elle pensé, voilà donc le résultat de ma vie. Je me lie avec des gens, je m’inquiète pour eux, mais à chaque fois il n’y a que des mensonges. Et si j’avais été tuée ? Et si Jake s’était inquiété comme moi je l’ai fais à son sujet, et qu’il n’avait rien trouvé ? Il aurait demandé Carmen, il aurait trouvé Lauren. Car tout se sait, tout, je suis bien placée pour l’apprendre. Et si tout doit se savoir alors bordel je préfère encore que cela vienne de moi.

Il lui avait demandé des nouvelles, elle lui en avait donné. Il lui avait rappelé sa semi promesse de poser pour lui. Et elle avait finit par accepter. Ils avaient semblé aussi surprit l’un que l’autre, mais Jake ne l’avait pas lâché. Alors Lauren lui avait donné son adresse.

Son adresse. Son appartement, sa vie. Comme si elle lui avait confié son portable.

C’était un samedi matin, à 10h. Elle s’était levée deux heures auparavant, avait prit une demi heure pour boire son café. Le ventre noué. Jake devait bien arriver et les minutes la rendaient folle. Elle avait prit le temps de bien ranger son appartement, qui au final contenait peu d’affaire. Elle avait fermé la porte de sa chambre, après avoir rangé la peluche girafe (à Joe). Elle avait épousseté, décrassé, trié ses papiers, ses vêtements, ses petites cuillères. Elle s’était enchainée au ménage pour ne pas errer et angoisser. Elle en avait oublié l’heure. A peine douchée, vêtue en tout et pour tout d’un tee-shirt blanc et d’un jean, les cheveux noués à la n’importe comment. Lauren s’était croisé dans un miroir, s’était à peine reconnue. Elle semblait une jeune fille un peu paumée, tout juste sortit de la vingtaine si on ne s’attardait pas trop aux creux prononcés au coin de ses yeux. Elle avait détourné le regard avec un malaise évident de se voir ainsi.

En cherchant à retrouver un semblant de masque, Lauren avait compris une seconde trop tard que cela ne fonctionnerait pas chez Jake. Il avait été habitué à celui de Carmen et elle allait lui montrer une part de ce qu’elle était vraiment. Pas de femme stricte en tailleur comme pour Clark, pas de tenues mondaines comme pour Lisa. Juste des vêtements de voie de garage, un visage démaquillé, des cheveux attachés pour ne pas trainer partout quand elle frottait les carreaux de sa salle de bain. Elle s’était dit qu’elle allait lui faire peur, puis l’interphone avait sonné.

Il n’y avait pas son nom dessus, juste le numéro de son appartement. Elle alla lui ouvrir après avoir vérifié son identité, ne put s’empêcher de rire quand elle entendit sa voix. Un instant plus tard ses semelles claquaient dans l’escalier, à cause de cet ascenseur toujours en panne. Elle habitait au sixième et le trouva courageux.

C’était bien vrai.

Lauren s’arrête de penser, inspire, la main sur la poignée. Elle attend qu’il soit derrière la porte mais pas qu’il ait frappé, sinon il toquera ou sonnera et il y a justement son nom, au-dessus de la sonnette. Et ce n’est pas Carmen.

Elle lui ouvre, lui sourit, regarde par-dessus son épaule l’impact d’un coup sur le mur blanc d’en face. Blanc, comme sa voix.

« Hey »

Elle toussote puis s’écarte.

« Eh ben, bienvenue… »

Voilà. Bienvenue dans ma vie.
Jake A. Buckley
Planqué en rehab
Jake A. Buckley
Messages : 598 Crédits : Joyce.
Age du personnage : 28 ans - Né le 18 novembre 1992
Ascendance : Sang-mêlé
Emploi/Etude : Chômage forcé
Faction : Ordre du Phénix.
Maison : Beauxbâtons.

Rapeltout
Patronus : Une belette.
Epouvantard : Que le monde sorcier découvre les origines de son frère et de lui, et que ses proches soient tués pour cela.
Baguette magique:
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Ven 3 Aoû 2012 - 2:02

Jake aimait Carmen. Elle avait toujours été aimable – et même plus – avec lui. Dès le début de leur relation, elle s'était présentée telle qu'elle était : une journaliste qui avait besoin des services d'un photographe. Non pas qu'elle ne savait pas prendre de photos, non. Elle était juste occupée à autre chose. Elle avait eu besoin d'un complice, et Jake avait été partant. A ce moment-là, il venait tout juste d'arriver en Angleterre, il était un peu perdu parmi tous ces gens, au beau milieu de cette masse de terreur et de propagande qu'il ne pouvait comprendre. Il avait toujours vécu en France. Certes, il avait été mis au courant par la presse, par Leo. Ses parents lui avaient donné un faux nom dès sa naissance, pour le protéger. Et ça ne s'était pas avéré inutile, loin de là. Jake Ansell, connu sous le nom de Buckley, venait d'arriver en Angleterre, et c'était Carmen qui l'avait remarqué en premier. C'était elle qui l'avait mené jusqu'au coeur des affaires londonniennes. Elle avait les relations, il avait de quoi marquer les esprits en capturant des preuves. A eux deux, ils formaient une bonne équipe, et étaient d'ailleurs restés en contact. Plus d'une fois ils s'étaient retrouvés dans des bars moldus, à discuter de choses et d'autres. Ils se savaient tous deux de l'Ordre, et fréquentaient régulièrement le monde des Moldus qui non, n'étaient pas inférieurs à eux comme voulaient le faire croire la majorité au pouvoir.

Il arrivait souvent à Jake d'observer Carmen, de se dire à quel point elle pouvait être magnifique. Pas seulement extérieurement, mais aussi en son for intérieur. Elle était le genre de personnes qui gardaient une part de mystère autour d'elles, et qui, ce faisaient, rayonnaient plus fort que les autres. C'était du moins l'avis du photographe. Carmen n'était pas le genre de personne qui se dévoilait facilement, mais à Jake, elle s'était ouverte. Et lui s'était tu, recueillant les quelques mots qu'elle lui glissait entre deux gorgées de café comme s'il s'agissait d'un trésor perdu. Pendant ces moments-là, les yeux de la jeune femme brillaient d'une lueur étrange, un mélange de sincérité et de tristesse. Cette lueur l'avait toujours fasciné. Alors, l'autre fois, il lui avait proposé de la prendre en photo, non pas pour une quelconque exposition, mais plus pour le plaisir d'un bon moment passé en sa compagnie. Quelque chose qui excède les quelques manigances photographiques, où le simple fait de prendre un verre ensemble pour discuter. Elle s'était tue un instant, étonnée, avant de sourire et de répondre. Un simple et énigmatique "On verra".

Et puis ils ne s'étaient pas vus pendant un petit moment. Jake était parti à l'étranger pour les besoins d'un documentaire animalier dont il gérait les prises de vue. Il avait été coupé du monde pendant tout ce temps, et n'était revenu que quelques jours auparavants. On lui avait parlé du choc que la nation toute entière ressentait en ce moment précis. L'attentat. Jugson. Jake s'était assis sur un fauteuil, abasourdi. Tant de morts, et lui n'était pas au courant... Il eut une pensée pour tout ses proches, sa famille, son frère. Ses amis. Et parmi eux, il y avait Carmen. Il la connaissait, il savait qu'elle n'était pas du genre à rater ce genre d'événements. Faisait-elle partie des personnes qui avaient été ensevelies sous les gradins?
Mais elle l'avait contacté d'elle-même. Il avait répondu d'une voix enjouée, comme à son habitude. Ils avaient échangé des nouvelles, parlé de l'attentat – et la voix de Jake s'était tue en pensant à son frère. Elle avait dû le sentir, vu qu'elle changea de sujet presqu'aussitôt. Jake lui en était reconnaissant. Son poing était serré jusqu'à ce que ses jointures blanchissent. Et elle l'invita chez lui, pour la photographier. Elle lui donna son adresse, et il regarda autour de lui, recherchant un bout de papier pour noter ce qui symbolisait une nouvelle avancée dans leur relation. Mais il était à Ste Mangouste, aucun papier ne se trouvait dans la chambre ou reposait Leo. Il demanda à Carmen de patienter un instant avant de retourner dans le couloir, demandant aux hôtesses d'accueil si elles avaient un bout de papier et de quoi écrire. Elles avaient. Il les remercia et fit le chemin en sens inverse jusqu'à la chambre de Leo, le coeur battant, les jambes comblant cette distance symbolique de plus en plus rapidement. "Je t'écoute."

Il s'en voulait, même maintenant, même alors qu'il était devant l'immeuble qu'indiquait l'adresse sur ce petit bout de papier. Il s'en voulait de penser à autre chose que son frère, sa seule famille. Il était dans le coma, et lui n'était pas avec lui. Mais cela, il ne pouvait pas le montrer, ni même le dire, pour la simple et bonne raison que personne ne savait qu'il avait un frère. Personne, pas même Carmen. Alors il expira un grand coup et finit par presser le bouton de la sonnette. Une voix féminine répondit bien assez tôt, et un sourire s'installa sur son visage, presque malgré lui. « Bonjour, c'est bien ici pour un shooting à domicile ? » Le rire confirma l'identité de son interlocutrice. Il poussa la lourde porte d'entrée et monta les escaliers jusqu'à l'étage écrit sur le petit bout de papier qu'il tenait, bien au chaud, dans sa main. A peine s'était-il arrêté devant la porte qu'elle s'ouvrit, et qu'une Carmen échevelée se présenta à lui. Jake se permit un sourire et se dirigea vers la jeune femme qui s'écarta pour le laisser passer. Elle parla, et Jake ne put s'empêcher de noter le timbre étrange de sa voix. Il laissa rapidement son regard dériver sur les murs blancs de l'appartement avant de revenir sur la jeune femme. « Bonjour, et merci de m'inviter chez toi. » Un autre regard circulaire – c'était bien propre, ici... « Comment vas-tu ? Tu n'as pas l'air très en forme... Tu sais, on pouvait décaler, si tu ne te sentais pas bien. »

Sans réfléchir, il s'avança vers Carmen et leva la main pour la poser sur son front, avant de se rendre compte que ce geste était sans doute un peu trop protecteur, trop rattaché à Leo. Il baissa sa main et se détourna, le regard troublé. S'il commençait à prendre n'importe qui pour un membre de sa famille... Enfin, non, Carmen n'était pas n'importe qui. Mais leur relation n'était pas propice à ce genre de contact familier. Elle avait toujours été très secrète, et il n'en revenait toujours pas de mettre les pieds dans l'appartement de la jeune femme. Il baissa les yeux et regarda le parquet scintillant avant de sourire. « Dis-moi, tu n'as quand même pas fait le ménage juste pour moi, quand même... C'est pour cela que tu n'es pas en petite robe stricte comme, disons, les trois quarts des fois ou je te vois ? » Il s'était écarté à nouveau et affichait un air détendu, comme si tout était normal dans sa vie. Comme s'il était normal de rentrer pour la première fois chez Carmen. Comme si de rien n'était.
Invité
Invité
Anonymous
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Jeu 9 Aoû 2012 - 18:58
« Bonjour, et merci de m'inviter chez toi. »

Lauren se mordit la langue pour ne pas afficher ne serait-ce qu’une infime expression de frayeur. Elle savait qu’elle jouait gros, mais il ne fallait pas qu’elle renonce. Jake était là, parfum d’homme, sourire bienveillant, envahissant déjà l’espace que Lauren venait de lui entrouvrir, d’un geste hésitant, malhabile. Elle n’avait jamais ouvert à quiconque ici. Cet appartement était bien plus qu’un refuge où dormir mais le dernier lieu où elle avait posé sa marque, naturelle. Le placard était peut-être remplie de costumes, mais ceux-ci s’effaçaient sous les rares souvenirs déposés ça et là dans la blancheur éclatante et neutre de son chez soi. Assiette préférée de maman, couteau gravé de papa. Des coussins, une vieille couverture, cette télé qui ne lui sert presque à rien, bibelots et tableaux pour cacher une vérité née pendant le ménage. Tout ceci ressemble à un ensemble dépourvu de vie, appartement témoin de l’envie d’une femme de retenir un ancien chez soi. Même ce qu’elle chérissait, petites affaires prenant la poussière, semblaient incongrus dans le désert visuel qu’était son salon. Elle eut honte. Elle s’était escrimée sans le vouloir à effacer les traces de ses personnages et tout ce qu’elle avait fait en cachant, rangeant, dissimulant, c’était de tuer son propre parfum, sa propre humanité.

Lauren baissa la tête, s’approcha pour refermer la porte, mal à l’aise, fatiguée. La main fraiche de Jack se déposa comme une fleur sur sa peau moite, juste à la racine de ses cheveux désordonnés. Lauren eut un clignement de paupière un peu trop rapide pour n’être que de la surprise. Elle s’empêcha de reculer, ou même de le chasser, pour mieux se découper un sourire.

« Ne t’inquiète pas, c’est seulement… les derniers évènements n’ont pas été de tout repos. Je suis rentrée de Sainte Mangouste il y a à peine une semaine. Repos forcé. »

Ce n’était en rien une question de stabilité mentale – et elle nierait en bloc de s’être réveillée en sursaut trois fois au cours de la dite semaine en hurlant le nom de Jane. Elle avait encore des marques, et l’épaule trop fragile pour aller jouer les paparazzis casse-cou dans les rues moldues de Londres. Car évidemment, bien que la bienveillance de Ted et Claire l’ait charmée, Lauren s’était empêchée de retourner côté sorcier, de recevoir encore une mission de Wallas. Elle avait failli mourir. Pas mourir comme « mourir pendant une mission dangereuse » où alors l’idée n’est qu’un coup de pied au cul vous permettant de vous affranchir de toutes les lois pour mieux accomplir votre action, où mourir est votre dernier leitmotiv pour survivre.

Non là elle avait failli mourir, être tuée, crevée sur un champ de ruine qui n’était même pas une bataille régulière mais un piège. Une main tendue, aux ongles aiguisés, qui l’aurait agrippé et entrainé dans un gouffre immense, sans fond, Alice ballotée par les vents de sa propre expiration terrifiée.

Mourir. Le Néant.

Lauren eut un long frisson d’hiver et se détacha enfin de la caresse, enclenchant le verrou sans y penser. C’était une cage douillette et leur rencontre ne devait pas être interrompue. Ce fut avec imbécilité qu’elle ne pensa pas aux sorts de protection classique, notamment contre le transplanage. Lauren était redevenue cette quasi moldue écoeurée par la magie et s’en remettant à des lois physiques simples. Une porte fermée à clé portait un message plus pertinent qu’un abracadra.

« Le ménage me permet de garder la forme en fait, mais j’avoue que j’ai peut-être un peu trop exagéré… Va t’asseoir dans le salon, je te prépare un café. »

Si la réponse était négative pour le café, si Jake demandait autre chose, elle le lui apporterait, mais Lauren se précipita dans l’autre pièce comme dans un dernier refuge. Elle se servit un grand verre d’eau glacé et le but jusqu’à ce que la fraicheur lui donne mal à la tête. Se pinçant l’arrête du nez elle déclara.

« Je sais que tu as l’habitude de me voir un peu plus… soignée, mais je n’avais pas vraiment envie d’enfiler une petite robe stricte toute mignonne pour toi. Néanmoins, je vais quand même aller prendre une douche pour me décrasser et être présentable pour tes… photos…. »

Elle revint dans le salon avec les breuvages qu’elle déposa sur la table du salon et lança un regard anxieux sur la pochette qui contenait l’appareil de Jake. Forme discrète, de petite taille, mais aussi menaçante qu’un tigre. Lauren déglutit et remit ses cheveux en place sur son crane pour se donner contenance.

« Je n’ai pas l’habitude d’être derrière l’objectif. Enfin, pas sans raison et monnaie sonnante et trébuchante à la fin. Bon, ça tu dois le savoir donc… je vais avoir besoin d’un petit moment pour m’y faire, mais sache que c’est réellement avec plaisir que j’ai accepté ta séance d’accord ? Et puis, je te dois bien ça. »

Lauren tira un bout de langue farceur et essuya ses mains moites sur la toile rêche de son jean. Maladroitement elle s’installa à ses côtés et se sentit étonnée du soulagement qui l’étreignit quand leurs épaules se touchèrent. Ils étaient proches, il l’aimait bien. Ca ne devrait pas changer. Parce que maintenant tout le monde mentait. Ceux qui ne mentaient pas étaient des fous inconscients, les premier à tomber. Jake comprendrait.

Et s’il ne comprenait pas.

Le visage de Lauren exprima la douleur.

« Enfin. Je. Je ne t’ai pas fais venir uniquement pour…. Le shooting. En fait je crois que… j’avais envie de te parler. Je peux parler pendant que tu me photographies ? Quoique non. Il vaut mieux qu’on fasse ça avant parce qu’au mois… au moins… »

Au moins s’il la détestait ou lui criait dessus il n’aurait pas à revoir sa sale tronche de traitresse en rentrant chez lui. Il n’aurait pas à la tuer en supprimant toutes ces photos qui lui montreraient alors à quel point elle n’était qu’une sale petite menteuse.

Lauren ferma les yeux, son pied trembla sur le sol, spasmodiquement. Elle allait trop vite, elle aurait du le préparer, elle aurait du lui offrir son shooting pour qu’il se détende et – assommer le poisson chasser la bête quand elle boit près de l’eau le trahir alors qu’il serait calme et vulnérable l’assommer par derrière enfoncer le couteau dans la plaie détruire une bulle de bonne humeur casser ce qu’il aimait faire en lui avouant que ses photos ne sont que des trucs, des machins, des coups de bonimenteurs, des tours de magicien, tout cela sur son visage de sale petite chipie futée il va la haïr la détester la mépriser et s’en aller comprendra mais n’acceptera pas c’est comme ça tous ils partiront tous ils sauront à quel point la Hudson n’est qu’une première salope de catégorie A tout juste bonne à foutre en l’air la vie des autres.

Mais je voulais pas de ça
, chuchota bébé Lauren. Je voulais juste danser, moi.

C'pas de ma faute. Promis craché juré.



« Jake, je suis tellement contente que tu sois ici, avec moi. T'es un type bien. »


Voilà. Appâter la bête le chien le caniche pour lui foutre un coup de pied. Lauren se tordit les mains, expira, et ordonna enfin ses pensées, pour tout lui avouer.
Jake A. Buckley
Planqué en rehab
Jake A. Buckley
Messages : 598 Crédits : Joyce.
Age du personnage : 28 ans - Né le 18 novembre 1992
Ascendance : Sang-mêlé
Emploi/Etude : Chômage forcé
Faction : Ordre du Phénix.
Maison : Beauxbâtons.

Rapeltout
Patronus : Une belette.
Epouvantard : Que le monde sorcier découvre les origines de son frère et de lui, et que ses proches soient tués pour cela.
Baguette magique:
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Lun 24 Sep 2012 - 18:59

Les mots de Carmen le firent frémir. Frémir au souvenir du désastre qu'avait été le Triathlon, frémir pour tout ce qu'il avait ressenti en arrivant sur les lieux peu après l'accident. Le braquage. Les médicomages étaient déjà sur place, et lui recherchait ceux qu'il connaissait, appareil autour du cou. Dans cette histoire, il s'était trouvé insensible, comme s'il était honteux de prendre en photo les gens qui souffrent dans les moments d'anthologie de l'histoire sorcière anglaise. Il avait apposé cette coquille qui lui allait si bien, ce visage à la fois fermé et rassurant, ces manières d'être douces et tranquilles... Le tout au milieu des décombres. Mais cette carapace n'avait pas tenu le choc, finalement. La vue de celui qui était son frère, entouré par des Médicomages, lui avait fait perdre tout son sang-froid. Il s'était précipité à ses côtés sans plus penser aux autres, le regard fou, tremblant de tout son corps. « Oh mon Dieu, Leo, Leo Leo Leo... Oh mon Dieu. »

Il ne s'était pas aperçu qu'il laissait transparaître un lien qui était dangereux pour sa sécurité. Il ne s'était pas aperçu qu'il parlait en français, qu'il tremblait. Ce ne fut que son souffle coupé lorsqu'un médicomage le prit à bras le corps pour l'éloigner qui retint un « Je suis son frère, laissez-moi passer. » Ce mensonge lui aurait coûté cher, et il s'était senti à deux doigts de l'énoncer à haute voix. Malgré toute la volonté du monde, s'il avait respiré correctement à ce moment-là, si la crise d'asthme n'avait pas pointé le bout de son nez, il serait aujourd'hui sous les barreaux, en attente d'un jugement pour sang-mêlés digne de ce nom. Jake lança un regard empreint de regrets à la jeune femme devant lui. S'il avait dit cette simple phrase, il n'aurait plus jamais revu Carmen. Elle aurait cherché un Jake Buckley, aurait trouvé un sang-mêlé exécuté. Elle ne savait pas, mais c'était sans doute mieux ainsi... Jake avait juste cette peur au ventre, qui ne le quittait jamais, et qui lui rappelait à quel point sa condition était vulnérable.

La jeune femme s'en alla lui préparer un café, et Jake regarda autour de lui. Il finit par se diriger vers le salon et s'asseoir dans le canapé. Les murs étaient blancs, tout ici était immaculé, propre. Le photographe éprouva un sentiment de malaise imperceptible. Sa fonction était de saisir l'âme des gens en les prenant en photo. C'est pour cela qu'il aimait aller chez eux pour les découvrir – sans compter que les gens s'ouvraient beaucoup plus facilement lorsqu'ils étaient dans un milieu connu. Mais là, c'était différent. Où étaient les objets personnels ? Tout semblait rangé, comme relégué au placard. Et Carmen qui semblait stressée par quelque chose. Elle disait se maintenir en forme... Mais pourquoi ne laisser que l'essentiel ? Un appartement avait du charme justement grâce à son bordel, à ses objets laissés sur le canapé ou sur la table basse. La jeune femme réapparut dans l'embrasure de la porte, s'excusa platement. « Ne t'en fais pas, prends ton temps ! » fit-il lorsqu'elle parla d'aller prendre sa douche. Il la remercia pour le café, mais elle ne bougea pas, fixant anxieusement la pochette de son appareil photo. Il l'écouta patiemment lorsqu'elle lui confia ses craintes, un sourire rassurant apposé sur son visage. Il comprenait. Après tout, il était pareil – la photographie était pour lui un moyen de voir le monde sans en faire partie. C'était comme un échappatoire, et se retrouver devant l'objectif avait quelque chose de terrifiant. Savoir que ses moindres gestes seront capturés est absolument effrayant. Ainsi, lorsque la jeune femme se posa à ses côtés, il sentit leurs épaules se toucher. Pendant un instant, tous deux restaient là, sans bouger ni parler, à fixer la vue du ciel par la fenêtre. Bon sang qu'elle était stressée. Et lui ne faisait qu'ajouter à son trouble en restant là, sans dire un mot. Il allait ouvrir la bouche lorsqu'elle lui coupa la parole à nouveau.

« Enfin. Je. Je ne t’ai pas fais venir uniquement pour…. Le shooting. En fait je crois que… j’avais envie de te parler. Je peux parler pendant que tu me photographies ? Quoique non. Il vaut mieux qu’on fasse ça avant parce qu’au mois… au moins… » Le photographe s'était tourné vers Carmen et le regardait attentivement. Elle fuyait son regard, ses jambes s'agitaient compulsivement. Elle avait quelque chose à lui dire. Quelque chose qui n'allait pas lui plaire.

Avait-il confiance en elle ? Le doute s'était immiscé dans son esprit. Oui, elle était Carmen. L'une des femmes les plus charmantes qu'il avait connu depuis son arrivée à Londres, elle parlait français, elle était adorable, belle, intelligente. Très intelligente, beaucoup plus que ce qu'elle pouvait laisser paraître. Il l'adorait. Mais avait-il confiance en elle ? Elle ne savait pas tout de lui, et lui ne savait pas tout d'elle. Cependant, il connaissait sa position face aux Moldus. Elle le savait proche du monde moldu également. Ils faisaient partie de l'Ordre. Elle était son amie. Il était le sien. Oui. Oui, il lui faisait confiance. Mais pourquoi alors n'avait-il jamais été invité dans cet appartement dénué d'âme ? Et, c'était quoi cette idée de chose à dire ? « Jake, je suis tellement contente que tu sois ici, avec moi. T'es un type bien. » Il eut un pauvre sourire. Son cœur battit plus vite dans sa poitrine. Voulait-il savoir ce qu'elle avait à dire ? Il n'en était pas sûr. Mais ne pas savoir, rester dans l'ignorance alors qu'il y avait quelque chose juste en dessous la surface.. Il ne supporterait pas de rester là, sans savoir. Alors il répondit simplement, d'une voix mal assurée. « Je sais. » Il croisa le regard interloqué de la jeune femme. Non, il ne savait pas, c'était certain. « Je suis génial, on me le répète souvent, crois-moi. » Il expira l'air dans ses poumons, bu une autre gorgée de café et se tourna à nouveau vers Lauren. Aie confiance, lui susurrait une voix dans son oreille. Elle ne l'avait jamais déçu. Elle ne lui ferait jamais de mal, tout comme lui ne lui en ferait jamais. Et pourtant, il y avait ce MAIS en lettres majuscules qui s'inscrivait au fer rouge dans son esprit. Juste à côté des mots PRUDENCE et ATTENTION. Et MÉFIE-TOI.

Alors il se leva, et pendant les quelques instants où son visage était hors de vue de la jeune femme, il laissa échapper son angoisse. La tête en arrière, il soupira silencieusement – mais jamais trop silencieusement pour une pièce aussi immobile que celle où il se trouvait. « On peut parler pendant les photos, si tu veux. » ajouta le sang-mêlé en se retournant vers Carmen pour prendre la pochette de son appareil. Il le sortit et laissa glisser ses doigts le long des touches, l'alluma d'un clic, enleva le cache. « C'est un appareil moldu. J'ai pensé qu'il te correspondrait mieux... » Un léger sourire, et il se rassit aux côtés de la jeune femme. D'immense et surplombant la scène, il redevenait son égal. Et l'appareil photo lui permettait de se cacher. Il avait peur de sa réaction. Peur de ce que Lauren pourrait lui dire. Une jambe repliée sous lui, le visage caché derrière l'appareil, il sourit et plaça son doigt sur l'obturateur tout en réglant les différentes bagues. « Je sais pas pourquoi, mais l'image de la vieille folle qu'on a croisé au café la dernière fois vient d'apparaître subitement dans mon esprit. Tu te souviens ? Comment elle disait, déjà... 'Le sanguinaire viendra tous nous manger, l'île d'Ys resurgira, ayez craiiiiinte !' » Il avait pris une voix haut-perchée pour ces derniers mots, et le souvenir de l'après-midi qu'ils avaient passés tous les deux enveloppa la pièce. Ce qui était à la base un simple café s'était transformé en après-midi épique, à base de shopping pour Carmen, qui venait de casser un talon en tombant – le tout à cause de Jake, qui avait crié comme une fillette en voyant surgir un chien d'une ruelle sombre. Peu après les emplettes, ils étaient allés se poser dans ce café moldu ou la vieille dame s'était assise pendant trois quarts d'heure à leur table pour leur raconter des délires et des histoires toutes les plus farfelues les unes que les autres.

Pourquoi Jake faisait ça ? Pour détendre l'atmosphère. Eviter la conversation. Par peur de souffrir. La jeune femme en face de lui était tout sauf détendue. Il avait peur, lui.
Invité
Invité
Anonymous
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Sam 13 Oct 2012 - 12:33
Lauren eut un rire qui brisa aussitôt le noyau de terreur logé dans son ventre. Les morceaux s’éparpillèrent dans sa tête (Regarde ce que tu vas manquer !) dans son cœur (Je l’aime, beaucoup, beaucoup…) et dans ses jambes (Qui tremblent et qui me demandent un peu de répit). Génial ? Il l’était clairement, souriant et attentif, compréhensif évidemment parce que vu la tronche qu’elle tirait il ne pouvait que deviner que quelque chose, quoique ce soit, allait se passer – allait mal se passer. Lauren était là, sur le canapé, à se tordre les doigts et lui fut aussitôt à ses côtés. L’appareil photo entre eux n’était plus si dérangeant après tout car s’il se cachait le visage derrière, elle pourrait éviter de croiser son regard quand la vérité éclaterait. Cela lui laisserait le temps de lui dire qu’elle était désolée et peut-être qu’il garderait l’appareil en ouvrant la porte et en s’en allant. Elle n’aurait pas à affronter sa déception. Dans un monde où la traitrise et le mensonge sont les piliers d’un gouvernement, elle ne ferait pas tâche. Elle serait en osmose parfaite avec ce qu’elle essayait de combattre ardemment. Elle la salope, la trainée, la menteuse, la perfide….

« Je sais pas pourquoi, mais l'image de la vieille folle qu'on a croisé au café la dernière fois vient d'apparaître subitement dans mon esprit. Tu te souviens ? Comment elle disait, déjà... 'Le sanguinaire viendra tous nous manger, l'île d'Ys resurgira, ayez craiiiiinte !' »


Le rire de Lauren se transforma en véritable torrent et elle renversa la tête en arrière pour laisser ce fou rire se déverser dans la pièce en de longs soubresauts. Elle se savait quasi hystérique et désespérée de profiter de ces derniers bons moments, mais le souvenir de Jake était si précis et lui rappelait tellement de bonnes choses qu’elle ne pouvait s’empêcher d’être heureuse.

« Oh oui, avec sa vieille écharpe dont elle s’est recouverte la tête à un moment donné pour nous raconter ses secrets tu te rappelles ? Et il viendra la nuit et emportera les mauvais comme les bons, sans distinction, pour calmer son appétit… Mon Dieu, je sais pas si tu connais Cthullu mais ça m’a fait un peu le même effet. Elle ressemblait à une vieille chouette effarouchée, j’ai cru à un moment qu’elle allait finir par nous maudire. Heureusement que tu lui as payé un café. »

Lauren essuya d’un air vague une larme qui glissait sur sa joue et prit à peine conscience des cliquetis étouffés de l’appareil que Jake s’occupait à régler. Elle se mordit la lèvre, presque pensive et chuchota.

« Tu sais, j’ai toujours aimé les contes, je crois que c’est pour ça que je l’ai écouté avec autant d’attention. Quand j’étais plus jeune, ma mère s’amusait à nous raconter des histoires terrifiantes à ma sœur et à moi… Elle sortait des vieux bouquins, des chair de poule et elle nous les lisait avant de nous endormir. Les psychomages diraient que c’est traumatisant pour un enfant mais je me souviens pas d’avoir fait plus de cauchemar que n’importe qui. Non, c’était juste un petit Halloween tout les soirs…. On arrêtait pas de rire à cette époque. Maintenant, les rires se font rares, surtout ici, dans le Londres moldu… »

Lauren tourna la tête vers la fenêtre, et le sourire qui s’était peint sur ses lèvres fut presque brisé par un élan de tendresse et de violence si bref qu’il crispa son visage et le rida de manière étrange. En l’espace de cinq secondes, elle fut à la fois cette petite fille cachée sous la couverture dans la chambre de sa sœur et une très vieille femme.

« Je ne t’ai jamais raconté d’où je venais hein ? …. »

Non. Elle lui avait raconté du bout des lèvres les salades imprécises que Carmen devait offrir au plus offrant, demeurant ainsi dans son personnage. Mais elle évitait de trop mentir sur son passé, car le mensonge se fige dans des toiles d’araignée immense, et parfois, même très souvent, le menteur perd le fil d’origine pour s’y engluer sans le vouloir.

« J’ai grandis près d’un quartier moldu, je faisais de la danse. La majorité de mes copains étaient des sans-pouvoirs parce qu’ils étaient plus sympa que nos voisins sorciers. On ne nous aimait pas beaucoup. Mes parents s’étaient installés là après la mort de Voldemort tu vois, et le statut du sang commençait tout juste à être une évidence aux yeux de tous. Mon père lui, il était plutôt tranquille. Rabaissé, mais tranquille. Ma mère on ne lui fichait pas la paix. Dans le monde sorcier elle n’avait juste aucun droit, c’était une putain de sang-de-bourbe… Du coup elle allait au parc moldu, elle parlait à d’autres mères et elle respirait. Elle osait sortir. Alors moi, j’ai fais de la danse, et ma petite sœur. » Une inspiration. « Ma petite sœur jouait au foot. »

Ses épaule s’affaissèrent légèrement et elle tourna la tête vers Jake pour observer la manière dont les reflets se perdaient sur ses cheveux courts.

« Tu n'étais pas à Poudlard toi c'est ça ? » Le questionna-t-elle, puis, ayant obtenu sa réponse, elle continua d’une voix presque étouffée. « Moi j’étais à Poufsouffle, et on m’a fait comprendre bien vite que la maison des nullards me correspondait bien. Tu parles d’une famille, le médicomage de rang 2, la sang-de-bourbe, la poufsouffle, et la cracmol… »

Lauren eut de nouveau un rire, proche du sanglot cette fois. Elle ne prononçait jamais ce mot, comme terrifiée par ce qu’il représentait. Mais il fallait que ça sorte, comme une nausée que l’on veut arrêter en se fichant les doigts profondément dans la gorge.

« Moi j’ai jamais aimé la magie. Je ne sais si c’est comme Dieu, si elle se venge cette saleté, mais la magie ne m’aimait pas non plus. Alors au lieu de me fiche la paix à moi, elle a fichu la paix à ma petite sœur. Elle s’appelait Joe. Joelle. C’était une chouette petite fille tu sais. C’était une petite fille qui aurait fait beaucoup de choses ici, dans ce monde là. »

Et d’une voix enfantine elle murmura.

« Mais y’a pas pu. »

Ses mains lissèrent tranquillement les plis de son jean et elle revint à la fenêtre.

« J’ai eu aucun diplôme à Poudlard. Au final, la magie et moi on s’est ignorées un bout de temps. J’ai jamais fait en sorte de réussir de ce côté-là. »

Encore le cliquetis discret de l’appareil, et la respiration lourde de Jake, dans l’appartement si vide. Lauren ferme les yeux et avoue.

« Si tu cherches une Carmen de 28 ans, à Poufsouffle il y a près de 11 ans de cela, tu n’en trouveras pas. Pourtant ça serait facile de la trouver, surtout qu’ils sont rares les élèves à avoir raté leurs Buses et leurs Aspics – personne ne le sait ça, mais j’ai eu des notes excellentes dans deux matières mais on ne pouvait pas me demander d’utiliser ma baguette, je pouvais pas Jake… »

Et la vérité était là, au bord de ses lèvres, comme un plongeur égaré sur un sautoir trop haut. Il lui fallait faire une double vrille, un saut de l’ange et se noyer dans l’eau de la piscine. Se noyer, et sortir, retrouver son souffle, un air plus pur, plus nécessaire.

« Je suis pas Carmen. Peut-être… peut-être que j’aurais préféré. »
Jake A. Buckley
Planqué en rehab
Jake A. Buckley
Messages : 598 Crédits : Joyce.
Age du personnage : 28 ans - Né le 18 novembre 1992
Ascendance : Sang-mêlé
Emploi/Etude : Chômage forcé
Faction : Ordre du Phénix.
Maison : Beauxbâtons.

Rapeltout
Patronus : Une belette.
Epouvantard : Que le monde sorcier découvre les origines de son frère et de lui, et que ses proches soient tués pour cela.
Baguette magique:
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Lun 19 Nov 2012 - 18:48

Il avait cette petite voix dans sa tête, celle qu'il n'arrivait pas à taire alors qu'il partait dans un éclat de rire – tout était sous-entendu. Dans sa tête. Rien n'était laissé à la vue des autres, mais au fond de lui, il avait peur. Pire que ça, il était terrorisé. Carmen lui faisait peur, sa tête n'annonçait rien de bon. Une ombre invisible sembla se placer au dessus de leur conversation. La jeune femme avait beau répondre, et Jake avait beau la regarder en souriant, et hocher la tête de temps à autres, l'ombre planait dans l'appartement, invisible et menaçante. Le fou-rire de la jeune femme l'acheva, et tandis qu'elle renversait la tête en arrière, le désespoir s’immisça dans chacun des pores du jeune homme. Qu'avait-il fait ? Qu'avait-elle fait ? Savait-elle pour lui, pour son sang, son ascendance O'Ryan ? Et si elle l'avait dénoncé ? Et si elle était répugnée par ses mensonges.. ? Jake ferma les yeux : non, ce n'était pas possible, pas elle. Elle était bien trop intègre, bien trop bienveillante à son égard pour le rayer de sa vie à cause de ça.

Le sang-mêlé passa sa main sur sa bouche d'un air anxieux, attendant patiemment que la jeune femme termine de rire. Sans doute espérait-il qu'elle prenne la parole pour le distraire, et le couper dans son élan. Qu'y a-t-il, Carmen ? Que veux-tu me dire ? Qu'est-ce qui t'effraye à ce point ? Il ne l'avait jamais vu dans un état pareil, et, lorsqu'elle reprit la parole, il fut à la fois soulagé et dépité de voir à quel point ils pouvaient tourner autour du pot. Il sourit faiblement à l'évocation du souvenir commun. Ils avaient tous deux passé des moments merveilleux ensemble. Elle était l'une des personnes, voire peut-être la personne dont il était le plus proche depuis qu'il était arrivé. Cette relation était basée sur du mensonge, du mensonge par omission de sa part... Mais il ne pouvait pas faire autrement. Il risquait sa vie. Jake eut un pauvre sourire et se pencha à nouveau sur son appareil, réglant les bagues pour prendre la jeune femme en photo, la mettre en valeur, capter son émotion la plus pure.. Mais en avait-il réellement envie ? La bouche du sang-mêlé se tordit dans un espèce de sourire à la mention de la vieille femme voilée. « Elle aurait continué, si je ne lui aurait pas offert ce café... » L'intonation était neutre. Il tentait d'être neutre, de ne pas montrer qu'il avait peur... Mais il crevait de trouille, là, au fond, du côté de son cœur.

La voix de Carmen se fit plus faible, plus confidentielle. Jake leva son appareil vers elle – elle évitait le regard de l'objectif – et actionna pour la première fois le déclencheur. Et bien vite, il sût qu'il ne pourrait pas se cacher derrière. Si cela marchait pour d'autres personnes, elle arrivait sans doute trop bien à le cerner pour qu'il puisse se cacher. C'était ça qui faisait le ciment de leur relation : ils s'entendaient bien, ils avaient le même point de vue sur la société, le même humour. Ils se comprenaient. Jake promena des yeux pensifs sur l'objectif de son appareil photo. Contrairement à d'habitude, ce geste presque inconscient qu'il avait l'habitude d'utiliser pour se cacher du regard des autres ne fonctionnait pas avec Carmen. Il le savait bien. Elle ne le regardait pas, mais il savait son intuition tout à fait suffisante pour deviner sa gêne. Il n'avait pas envie de jouer. Une part de lui voulait savoir ce qu'il se passait. Elle continuait de parler, et le sourire qui s'étira sur ses lèvres n'avait rien de joyeux. Le sang-mêlé fut tenté de prendre sa main, de la réconforter, de lui dire que quoi qu'elle tentait de lui dire, ce n'était pas grave, mais il avait conscience que ce n'était pas vrai. Ça ne pouvait pas ne pas être grave, surtout au vu de son expression. « Je ne t'ai jamais raconté d'où je venais hein ? … » Le cœur battant, Jake secoua négativement la tête. Non. Non, il ne savait rien d'elle, et cela l'effrayait de plus en plus. Il se rendait compte à quel point il était entouré par l'inconnu. Tous deux se trouvaient dans un appartement, mais celui-ci était trop vide, trop propre. Chaque chose était à sa place et rien n'était laissé au hasard – rien ne laissait transparaître une quelconque identité. Pas de lettres, aucun livre posé sur le canapé, quelques objets personnels mais rien de bien déterminant. Si Jake avait réussi à faire taire ses inquiétudes pour un instant, elle revinrent dans son esprit, leur ombres chatoyantes s'étirant au dessus du couple alors que la jeune femme évoquait une sœur dont le photographe n'avait jamais entendu parler. Cela faisait étrangement écho à sa propre histoire, son histoire secrète, et Jake rassembla ses mains autour de lui dans un réflexe protecteur. L'image d'Isabelle était bien trop présente dans son esprit, et il ne pouvait pas se permettre de laisser transparaître quoi que ce soit. Jake garda ses yeux droits devant lui, et ne répondit que d'une voix absente lorsqu'elle lui demanda s'il était à Poudlard. « Moi j’étais à Poufsouffle, et on m’a fait comprendre bien vite que la maison des nullards me correspondait bien. Tu parles d’une famille, le médicomage de rang 2, la sang-de-bourbe, la poufsouffle, et la cracmol… » Un petit rire étouffé. Jake ferma les yeux. Il s'y reconnaissait tellement... Ils étaient pareils, renfermés sur eux-mêmes pendant leur scolarité – même s'il lui avait probablement raconté plus de détails sur son enfance qu'elle ne l'avait fait. Il ne la connaissait pas, presque pas. Ce n'était que des bribes, rien de concret. Et là, Carmen lui racontait tout d'un coup. A quel but? Des questions oppressantes se bousculaient dans la tête du jeune homme, et lorsque Carmen continua son histoire, le photographe reposa son appareil photo. Elle évoquait Joe. Joelle. La petite Joelle. Celle qui resterait petite pour toujours.

« Mais y'a pas pu. » Il porta une main tremblante à sa bouche. L'histoire de Carmen se reflétait tellement dans la sienne, ou la sienne dans celle de la jeune femme. Des pertes familiales, des pertes immenses. La guerre. Des liens avec les moldus sans doute trop présents. Une éducation qui ne correspondait pas. Jake reposa ses yeux sur la jeune femme et la dévisagea. Elle était belle, ce fut la première chose qu'il pensa. Belle, mais immensément triste. Par réflexe, il releva son appareil photo. Ses mains tremblaient, plus qu'il ne l'aurait voulu. Son cœur se tordait à l'évocation de cette histoire si personnelle, remplie de secrets. C'est sans régler l'appareil qu'il prit une photo de Carmen, tournée vers la fenêtre. Il ferma les yeux un instant, tentant sans succès d'effacer l'image omniprésente d'Isabelle qui se superposait à celle de son amie, lorsque cette dernière lâcha sa bombe. Il ne s'y attendait pas. Vraiment pas. Et il resta immobile, sans réagir. Elle n'existait pas ? C'était bien de cela dont elle voulait parler ? Carmen n'existait pas ? Il ne comprenait pas, c'était absurde. « Je suis pas Carmen. Peut-être… peut-être que j’aurais préféré. »

Un silence, qui s'éternisa. Jake ne savait pas quoi dire, quoi penser. Plusieurs fois il ouvrit la bouche, mais la referma suite à l'absence de paroles cohérentes. Les mots qui lui venaient à l'esprit semblaient vide de sens, incapables d'exprimer ce qu'il ressentait. Ce n'était pourtant pas bien compliqué, de prononcer ces trois mots. Qui es-tu. Mais cela impliquait tellement de choses, Jake eut peur. Il cherchait des réponses dans les yeux de Carmen, où de celle qui prétendait être Carmen, mais son regard restait obstinément fixé sur la fenêtre. Soudainement, il se leva, et se dirigea vers celle-ci. Dos à elle, mais il pouvait cependant sentir son regard posé sur son dos. L'appareil vissé devant l'oeil, il avisa un pigeon sur le rebord de la gouttière, et l'immortalisa. Le volatile sembla croiser son regard, un regard vide et absent d'émotion, comme celui qu'il tentait d'avoir lorsqu'on s'approchait trop de sa propre histoire. Pouvait-il réellement, en prenant tous ses secrets en compte, en vouloir à la jeune femme assise derrière lui ? Il baissa le regard et finit, après quelques secondes de flottement, par se retourner et s'adosser au mur. « On a tous une histoire. » Sa voix était rauque, la boule présente dans sa gorge ne s'était pas totalement effacée. Il s'éclaircit la gorge, croisa ses bras sur sa poitrine. « Elle n'est pas toujours transparente, il y a parfois des secrets qu'on préfère ne pas avouer aux autres. Parce que ça nous arrange bien, ou par nécessité de survie... » Un autre silence se fit dans l'appartement alors que Jake se mordillait les lèvres. Il ne savait pas que dire. Demander à quelqu'un qui il était ne semblait pas approprié. « Pourquoi ne pas avoir dit ta véritable identité ? » Qui es-tu. Ce n'était pas bien compliqué, ces trois petits mots. Ces quelques syllabes qui prenaient tout leur sens dans l'appartement d'une propreté immaculée, cette propreté oppressante. La question pouvait être sous-entendue, mais certainement pas posée à voix haute. Jake avait conscience qu'il ne connaissait même pas le nom de celle qu'il considérait comme amie. C'était une pilule difficile à avaler. Si lui avait également changé de nom, il ne s'agissait que de quelque chose d'administratif – il restait le même, il avait gardé le même prénom. Mais la personne qui était en face de lui, il ne la connaissait pas. Elle se dévoilait peu à peu, lui apprenant l'existence d'une sœur, d'une adolescence difficile.
Invité
Invité
Anonymous
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Sam 24 Nov 2012 - 12:02
« On a tous une histoire. »

La lumière presque enflammée à travers les stores de la salle de danse, la musique qui se répercute le long des lattes en bois du parquet correctement ciré, et cette odeur de résine avec ces grains au sol dans lesquelles elles font craquer leurs pointes pour ne pas trop glisser. Les tentures lourdes pour les couper du regard extérieur, le couloir étroit menant aux vestiaires qui sentent le déodorant pour jeunes filles et le savon bon marché. Le froissement des tissus roses des ballerines qui tournoient et le tintement bref de la clochette qui annonce l’arrivée d’un visiteur. Lauren danse et Joe, le front plissé par le soucis de se savoir punie, balance régulièrement les jambes en jouant nonchalamment avec un énième pansement accroché à son genou. C’est que sa mère lui a bien dit de ne pas aller jouer au foot et de-rester-sage. Mais quand on a 8 ans, quand on est à l’aube de sa vie et qu’il y a tellement de choses à découvrir autour de nous, à quoi bon rester-sage ? François avait apporté sa nintendo DS et elle était sûre et certaine de pouvoir lui rafler la majorité de ses pokéballs avant le repas du midi mais évidemment ils étaient allés trop loin dans le jeu, puis François l’avait traité de tricheuse et Joe lui avait collé une beigne. Maman n’aime pas que Joe frappe les garçons (en fait, elle n’aime pas qu’elle frappe tout court). Maman voudrait que Joe soit aussi tranquille que Lauren qui est toujours-sage. Mais Lauren elle se contente de faire la fille en dansant comme une pimbêche. Elle croise le regard de sa sœur dans les grands miroirs de la salle de danse et Joe lui tire la langue. Lauren le lui rend évidemment et son professeur la dispute, lui demande d’être plus concentrée (ce qui est une version du rester-sage). Joe ricane d’un petit son grinçant et fier et retourne à ses pansements. Elle qui voulait des cicatrices à exposer fièrement quand elle sera vieille... (disons, à 15 ans, c’est vieux ça).

Lauren se tourne vers sa petite sœur, lui claque le lobe de l’oreille pour lui arracher un cri outragé. Elle a dix ans mais parfois, elle est comme une seconde maman. Alors Joe commence à lui dire qu’elle est stupide dans son tutu, et Lauren lui dit qu’elle va tout rapporter à maman. Et à ce moment-là il n’y a pas d’autres soucis que leurs disputes. Il n’y a pas de plus grande menace que d’être simplement privée de dessert ce soir. Il n’y a pas de plus triste que d’être renvoyée au vestiaire avec l’ordre de se calmer et de rester-sage. Il n’y a pas de plus grand futur que celui qui s’offre là demain, sombre et intriguant. Il n’y a pas d’inquiétudes ni de larmes ni de folie. Joe respire, elle est en vie. Elles se disputent mais elles s’aiment. Elles rentrent ensemble à la maison qui n’est pas si loin, en se tenant la main parce qu’elles sont-sages. Et tant qu’on est-sage, on ne craint rien, c’est ce que maman leur a promit.

Lauren s’agrippe à la fenêtre comme si elle allait tomber et la traverser. Comme si, en dessous de ses pieds, il n’y avait plus qu’un gouffre immense. Elle a la vague impression d’avoir passé dix ans accrochée à une paroi, à ne pas savoir comment faire, comment crier, comment se sauver.

Son expiration tremble au rythme d’une musique étouffée. Sa peur.

« Elle n'est pas toujours transparente, il y a parfois des secrets qu'on préfère ne pas avouer aux autres. Parce que ça nous arrange bien, ou par nécessité de survie... »


Il y a des secrets de petite fille avec le nom de son amoureux enfermé dans un cœur (et Joe a hurlé quand Lauren a trouvé le carnet et Joe a pleuré à maman que Lauren fouillait dans ses affaires – alors Lauren a réagit comme n’importe quelle petite fille de 10 ans l’aurait fait : elle s’est moquée d’elle et a chanté des chansons qui disaient que Jo-ëlle est amoureuuuuuseuh, amoureuuuuseuh, amoureuuuuuseuh.)

Joe était amoureuse de la magie, Joe voulait toujours voir la baguette de sa maman, Joe voyait les étincelles et aimaient ces étincelles comme d’autres aiment les étoiles. Joe savait que la magie pouvait faire le bien et Joe voulait protéger cette magie qui n’avait jamais voulu d’elle.

« Pourquoi ne pas avoir dit ta véritable identité ? »

Je vais te raconter l’histoire d’une petite fille qui n’était qu’une grande sœur et qui voulait être danseuse étoile. Je vais te raconter l’histoire de cette petite fille qui voyait ses parents s’aimer, tous les jours, toute la vie, toute l’éternité. Je vais te raconter l’histoire de cette enfant qui pensait que rien de mal ne pouvait arriver même si parfois la vie c’est compliqué et qu’on ne fait pas toujours ce qu’on veut quand on l’a demandé. C’est comme avec les bonbons, vois-tu Jake. Tu peux toujours demander à ta mère de t’en acheter mais si maman a dit non, alors tu dois écouter et rester-sage. Alors peut-être que les bonbons viendront demain parce que tu n’as pas fait de caprices, ou alors ça sera un livre qui parle de naissance de l’Univers et de logique, un monde froid et scientifique où il n’y a pas de place pour Dieu. Je te raconterais l’histoire de cette petite fille perdue qui ne croit plus ni en Dieu ni en la Science. Car il n’y a pas de foi à avoir quand on tue ta petite sœur presque sous tes yeux, et il n’y a aucune logique dans le fait que deux personnes, s’aimant véritablement comme au premier jour, doivent subir autant de malheur dans leur vie quand tout ce qu’ils demandaient c’était d’être ensemble. Ce n’est pas normal, ce n’est pas la bonne vie ça. Ca ne donne pas envie de continuer sur cette route.

Je te raconterais aussi comment quelqu’un m’a sauvé un jour, avec juste un cognard et une batte de Quidditch, moi qui n’aimais pas trop le sport, et qui n’aimait pas trop les filles. Comment il a neigé tout autour de nous et comment j’ai compris que parfois, quelques fois, je pourrais trouver quelqu’un pour ne pas être toute seule.

Puis je te parlerais de l’autre Carmen, celle qui m’a aidé à fuir mais qui m’a fait du mal. Et je parlerais de ces personnes que j’ai trahis et qui me haïssent encore aujourd’hui. Et puis je te parlerais de Bruce, de Bruce qui m’a sauvé la vie. Et puis je te parlerais de la magie que je ne comprends toujours pas. Et alors là, alors juste là à ce moment je pourrais te dire qui je suis, car là, tout de suite, maintenant, je ne sais toujours pas.

Où je vais, ni d’où je viens, ni ce que je suis ni ce que je deviens.

« Je m’appelle Lauren. Je m’appelle Lauren Hudson. Et si je ne t’ai pas dis qui j’étais, c’est que je ne sais pas quoi répondre à ça. J’ai été beaucoup de personne avant, parce que c’était plus simple que d’être moi. Enfin, je croyais que ça le serait, mais ça s’est révélé plus compliqué que prévu. Notamment avec toi Jake. Notamment avec toi… »

Lauren se tourne et lui fait face, et se permet un sourire tranquille de fleur d’hiver.

« Je t’aime beaucoup. Je voulais au moins faire l’effort d’être quelqu’un de convenable, même si je ne suis pas entièrement moi, juste pour que je puisse avoir la fierté de dire que je, t’ai connu. Je ne sais même pas ce que je dis là, je ne me comprends même pas… Mais je voulais juste être vraie. Être véritablement moi. Et tu es le seul en ce moment à qui je peux le dire parce que… tu es toi. »

Quand tu me souris et me pince le nez, quand tu racontes des histoires à des vieilles chouettes à qui tu offres un café, quand tu m’entraines dans une ruelle en riant de tes exploits, quand tu es silencieux à côté de moi, l’objectif à la main. Oui, l’objectif à la main tu regardes les gens, et je voulais juste que tu me regardes moi. Et que tu me montres qui je peux être.
Jake A. Buckley
Planqué en rehab
Jake A. Buckley
Messages : 598 Crédits : Joyce.
Age du personnage : 28 ans - Né le 18 novembre 1992
Ascendance : Sang-mêlé
Emploi/Etude : Chômage forcé
Faction : Ordre du Phénix.
Maison : Beauxbâtons.

Rapeltout
Patronus : Une belette.
Epouvantard : Que le monde sorcier découvre les origines de son frère et de lui, et que ses proches soient tués pour cela.
Baguette magique:
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Jeu 27 Déc 2012 - 21:16

Jake la sent, à côté de lui. De l'autre côté de la fenêtre. C'est un espace si petit, il pourrait si facilement la prendre dans ses bras, lui dire que ce n'est pas grave. Lui dire que, lui aussi, il cache des choses. Il est obligé. Il pourrait si facilement lui pardonner, mais avant cela, il a besoin de comprendre. C'est pour cela qu'il resserre sa prise sur son appareil photo. Ses jointures blanchissent, mais il ne le remarque qu'à peine. Sa respiration s'est tue, pendant un instant. Le silence se fait pesant, mais ce dont il a réellement peur, c'est de la réponse à cette question. Qui es-tu? Il existe tellement de réponses à cette simple question. Cette si petite question, qui tient en trois mots, trois syllabes. Je ne suis pas celle que tu crois. En vérité, je suis une tueuse en série pyromane qui œuvre pour l'Ombre. Je tue des gens, des sang-mêlés comme toi. Je suis au courant, et je t'ai amené dans mon appartement pour te tuer, toi et toute ta famille. Oui, je suis au courant pour Leo. Ce sera la fin des Ansell. Jake a peur. Il ferme les yeux. Ce ne sont que des délires, elle ne peut dire ça. Elle ne le connait pas. Elle ne le sait pas. Timidement, il finit par la regarder, observer de biais son profil. Sa bouche nue, son visage sans aucune trace de maquillage. Il comprend qu'elle voulait lui dire la vérité avant-même qu'il n'entre. Il se revoit quelques instants plus tôt, dans le couloir. Il la revoit ouvrir la porte avant-même qu'il n'aie eu le temps de regarder la sonnette. A quoi ressemblait-elle ? Le sang-mêlé sait qu'il a l'oeil pour les détails visuels, ces petites choses de la vie que seul un œil de photographe exercé peut remarquer. Mais il ne saurait répondre à cette question : à quoi ressemblait-elle, cette sonnette ?

Mais bien sur, elle ne reste pas indéfiniment muette. Il est difficile de retranscrire ce sentiment. Celui de vouloir savoir, de vouloir comprendre, mais de pourtant rechercher la fuite et l'ignorance. Au fond, la connaissance de la vérité change les relations entre les gens à tout jamais. Jake redresse son appareil, mais ne le porte pas à ses yeux. Il lui doit de rester lui-même, de ne pas se cacher. La jeune femme voulait lui dire la vérité. Elle est peut-être dure à entendre, il y a peut-être ce sentiment de trahison qui le perce comme une flèche, mais il se doit de la respecter, de ne pas réagir comme un enfant en se cachant derrière une boite de métal et de lentilles. Toute leur relation repose sur sa réaction, à cet intant précis. Il écoute, enregistre les paroles de cette voix si connue dans sa tête.

Lauren. Lauren Hudson. La première chose qu'il remarqua était la similarité du pseudonyme avec son véritable nom. Comme si, marmonné, on pouvait le confondre avec sa véritable identité. C'était intelligent. Carmen, ou plutôt Lauren, était intelligente, il ne pouvait le nier. Son regard dériva de sa bouche qui se mouvait au rythme de ses paroles à ses yeux. Il la regardait toujours dans les yeux lorsqu'elle se retourna vers lui et lui esquissa un sourire, avant de continuer sur sa lancée. Ce faisant, elle plantait les flèches de la culpabilité dans son cœur. En lui rappelant à quel point elle souhaitait suivre son exemple, combien elle voulait se montrer authentique envers lui. Par Merlin... La bouche entrouverte, Jake la regardait depuis quelques longues secondes, la gorge nouée. Que pouvait-il répondre à cela ? Comment pouvait-il continuer à se sentir trahi alors qu'elle lui avait attribué toute sa confiance ? Etait-il égoïste à ce point ?

Le silence s'éternisait, et il ne savait que dire. Cette preuve de confiance se mêlait à d'autant plus de culpabilité que lui mentait depuis qu'il la connaissait. Il mentait à tout le monde, et personne ou presque ne savait quels étaient ses véritables liens avec Leo. Je voulais juste faire l'effort d'être quelqu'un de convenable. Mais il n'était pas quelqu'un de convenable. Personne, dans la société sorcière ne voudrait être avec lui. Il n'était pas le bienvenu, il ne devrait même pas vivre. Et elle, Lauren, Carmen, peu importe. Elle était son amie, et faisait des efforts pour lui, alors qu'il ne les méritaient même pas. Jake finit par baisser les yeux sur son appareil photo et se pinca les lèvres. Il se détourna de la fenêtre le temps de déposer son appareil sur la table basse, et se retourna pour faire face, encore une fois, à la jeune femme qui se tenait devant lui. Celle qui venait de se mettre à nu sans aucun recoin d'ombre où se cacher. Il comprenait. Il avait, lui aussi, envie de devenir vrai. De ne plus mentir. Dans sa poche, son portefeuille et les faux-papiers qu'il contenait semblaient chauffer contre sa cuisse. Tout en sa posture semblait le marquer au fer blanc de la position de menteur. C'était ce qu'il était. Il finit par se frotter les mains contre son jean. Son regard se fit fuyant, encore une fois. « Je...»

Il ne trouvait pas les mots.
C'était impossible de trouver les mots.
Alors, timidement, presque comme un enfant de sept ans qui tenterait de faire le premier pas vers la fille qui lui plait, Jake se dirigea vers Lauren. Au fur et à mesure qu'il avançait, ses pas prenaient un peu plus d'assurance. Il écarta ses bras et finit par l'enlacer, une main se positionna à l'arrière de son crâne, et l'autre l'attira un peu plus contre lui. Il ne pourrait pas la quitter, de toute manière. Il tenait trop à elle, à ces moments de répit où il avait l'impression qu'il pourrait dire tout ce qui lui passait par la tête et qu'elle ne le jugerait pas. Le sang-mêlé finit par se racler la gorge – cette boule ne voulait pas partir – et murmurer contre l'oreille de Lauren : « De toute manière je ne pourrais sans doute pas me passer de toi. De toi et de ton air imperturbable lorsque je critique les gens dans la rue. De ton regard noir lorsque je tente de te prendre en photo malgré toi...» Sa voix se brisa. C'était ce que des amis faisaient. Ils s'acceptaient, tels qu'ils étaient réellement. Il prit une inspiration et tenta de reprendre. « Je... Oui. J'ai peur que ça change quelque chose. Mais au fond, tu es toi et je t'aime pour ce que tu es. Tant qu'il n'y a que le nom qui change... » J’ai été beaucoup de personnes avant, parce que c’était plus simple que d’être moi. Il finit par la lâcher pour se tenir en face d'elle. Menteur. Un sourire, sans doute un peu gêné.

« Tu sais... A un moment où à un autre, on est tous quelqu'un d'autre que soi-même. Il y a juste... Certaines personnes chez qui cette tendance est un peu plus développée. » Jake leva la main pour replacer une mèche de cheveux derrière son oreille. Menteur. Il devrait lui dire. Menteur. Sans doute pas aujourd'hui.

Menteur.
Invité
Invité
Anonymous
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Sam 12 Jan 2013 - 11:35
Et malgré le soulagement d’avoir enfin pu s’avouer une partie de la vérité qui n’avait eut de cesse pendant tant d’années de la malmener, Lauren avait peur. Peur de Jake et de sa réaction, des mots qui n’allaient pas manquer d’arriver. D’autres questions sans doute, des explications peut-être, ou au moins une attaque, une preuve de sa déception. On ne pouvait qu’être déçu lorsque les gens nous mentaient et cela ne serait pas étonnant que Jake en fasse la remarque avant d’être lui-même et de balayer tout cela d’un revers de main. Elle avait craint une fuite tout d’abord, ou une colère justifiée avant un départ précipité mais de le sentir là, de sentir sa présence et son attention alors qu’il l’écoutait, elle savait qu’il ne partirait pas. Pas encore en tout cas. Alors quand il ouvrit la bouche pour parler, elle s’apprêta à encaisser ce qu’il allait lui dire, et se prépara à répondre à d’autres questions sur ce qu’elle avait fait du côté moldu, ce qu’elle faisait réellement, si elle lui disait la vérité sur son métier, s’il n’y avait pas encore des zones sombres qu’elle lui cachait. Il ne le lui demanderait pas de manière brusque, certainement pas, mais il lui affirmerait sans doute qu’elle pouvait tout lui raconter, et ça serait son moyen de lui faire comprendre qu’il savait encore qu’elle lui mentait. Mais peut-on réellement parler de mensonge dans la dissimulation ? Surtout quand cette dissimulation n’est pas réellement consciente ?

Elle ne voulait pas lui répondre, pas encore, au sujet de ce qui l’avait amené à faire un certain genre de métier, pour ne pas croiser le regard bleu ébahit et trahit de son propre visage, reflet pâle et échevelé, le lendemain matin de cette première nuit qui avait marqué son avenir. Elle ne voulait pas avoir à se rappeler la manière dont le garçon avait souri quand elle s’était déshabillée, de ce sourire vainqueur qui voulait dire que rien ne l’arrêterait, ni la pitié, ni les remords. Elle assumait peut-être son boulot, mais il y avait quand même des choses trop difficiles. Comme de se rappeler sa stupéfaction à voir un professeur dans cette salle de classe abandonnée, celui qui avait répondu à l’appel de l’autre Carmen. Un professeur qui avait défait sa robe plutôt que de la punir, de la ramener dans le droit chemin. Oui, elle avait cru pourtant que cet homme-là serait venu pour la sauver. Et à partir de cette nuit, elle n’avait plus voulu d’adultes dans son lit. Elle ne leur avait plus fait confiance. Alors elle n’avait plus écouté ses professeurs qui l’enjoignaient à sauver son diplôme. Tous des menteurs égoïstes et profiteurs….

« Je...»


Enlace-moi. C’est ce que le cœur de Lauren tambourine dans sa poitrine.

C’est fou, comme ils se ressemblent, parce qu’il n’a pas pu entendre cette supplique mais y obéit quand même, presque sans hésitation. Oh ses bras autour d’elle, oh ce torse sous sa joue là, et sa chaleur, et son propre cœur qui bat trop vite, et son regard un peu incertain. Oh l’esquisse sombre de sa barbe de trois jours sur son visage allongé, l’éclat de ses yeux, le sourire amer de sa bouche… Oh le tissus banal de ses vêtements et l’empreinte de son odeur dans chacun des plis. Il est là tout autour d’elle et c’est un navire calme sur une mer langoureuse. Elle peut s’allonger sur sa proue, fixer le ciel sans crainte et somnoler un peu, bercée par les vagues. Elle pourrait dormir contre lui, vivre contre lui, rire contre lui et cela serait si bien.

Jake.

« De toute manière je ne pourrais sans doute pas me passer de toi. De toi et de ton air imperturbable lorsque je critique les gens dans la rue. De ton regard noir lorsque je tente de te prendre en photo malgré toi...»


Jake qui réussit encore à la faire rire.

« Je... Oui. J'ai peur que ça change quelque chose. Mais au fond, tu es toi et je t'aime pour ce que tu es. Tant qu'il n'y a que le nom qui change... »

Jake et son honnêteté.

Lauren relève la tête et renifle pitoyablement avant de lui sourire.

« J’arrive jamais à être quelqu’un d’autre que moi avec toi. Même la première fois, et je suis douée d’habitude pour donner le change mais… écoute je me sentais en confiance. C’est pas tellement le moment pour se livrer à un inconnu pourtant, mais tu me fais oublier toute prudence l’ami. … T’es funky. »

Un clignement d’œil, pour retourner à ce petit ton emplit de nonchalance et d’humour, éviter de s’attarder sur leurs drames respectifs. Le passé… bon sang…

« Tu sais... A un moment où à un autre, on est tous quelqu'un d'autre que soi-même. Il y a juste... Certaines personnes chez qui cette tendance est un peu plus développée.

- Oui…. Et on ne peut pas vraiment leur en vouloir pour ça. Dans les circonstances actuelles, c’est même fortement conseillé. Ca ne veut pas dire que cela m’excuse mais… »

Les mains de Lauren s’agrippent à ce pull sombre qu’il porte, le tissus doux, et elle ferme de nouveau les yeux.

« Pardonne moi. »

C’est tout ce qu’elle lui demande, tout ce qu’elle ne lui demandera jamais.
Jake A. Buckley
Planqué en rehab
Jake A. Buckley
Messages : 598 Crédits : Joyce.
Age du personnage : 28 ans - Né le 18 novembre 1992
Ascendance : Sang-mêlé
Emploi/Etude : Chômage forcé
Faction : Ordre du Phénix.
Maison : Beauxbâtons.

Rapeltout
Patronus : Une belette.
Epouvantard : Que le monde sorcier découvre les origines de son frère et de lui, et que ses proches soient tués pour cela.
Baguette magique:
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Mar 5 Fév 2013 - 20:44

Son rire le rassura. Il était le même. Et elle n'était pas tout à fait partie. Elle n'était pas partie du tout, bien au contraire. Il l'avait retrouvée, elle s'était dévoilée, entièrement, sans fard, bien au milieu de la pièce éclairée pour qu'il la regarde telle qu'elle était vraiment, sans artifices. Et elle était là, tout contre lui, et il la serrait contre son torse. Elle était bien réelle. Elle n'allait pas s'envoler, cette adorable créature au rire si naturel. Quelques paroles glissées dans un murmure. Les lèvres du photographe s'étirèrent légèrement en entendant la dernière phrase. Il était funky. Personne ne l'avait jamais qualifié de cette manière-là.

Il était revenu à Beauxbâtons, assis au creux du chêne qu'il affectionnait particulièrement. Guitare à la main, sa sœur à ses côtés, le jeune Buckley grattait les cordes d'un air distant en observant un petit groupe d'élèves passer quelques mètres devant lui. Ils riaient. Jake baissa les yeux sur l'herbe. Lui ne riait pas. Il ne riait quasiment jamais. Le contact de la main d'Isabelle sur son épaule le fit sursauter, et il finit par lever les yeux sur elle : sa grande sœur, ses yeux rieurs et un cœur gros comme la Tour Eiffel et Notre-Dame de Paris réunies. Allez, viens. Viens, Jake, on y va. Arrête de te morfondre, lâche un peu ton appareil photo moldu et viens avec moi, Jake. Il ne lâchait pas son appareil, celui-ci était bien trop important à ses yeux – une barrière entre lui et le monde extérieur qu'il n'arrivait pas à comprendre. Mais l'apprenti sorcier avait suivi sa grande sœur dans les couloirs de l'école en première année. Puis en seconde. En troisième. Et ainsi de suite. Et maintenant, elle n'était plus, à cause de son sang. A cause de leur ascendance. Le regard perdu dans le vide, Jake ne lâchait pas Lauren, mais ce ne fut que lorsqu'elle rouvrit la bouche qu'il ne parvint à revenir dans l'appartement de la jeune femme. « Oui…. Et on ne peut pas vraiment leur en vouloir pour ça. Dans les circonstances actuelles, c’est même fortement conseillé. Ça ne veut pas dire que cela m’excuse mais... Pardonne moi. » Le photographe sourit tristement. Dans son dos, il sentait les petites mains, si petites, s'agripper à son pull sombre comme si elles avaient peur qu'il parte, qu'il se dégagent de leur petite, si petite prise pour se détourner et s'en aller à jamais. Le sang-mêlé pouvait entendre sa respiration sifflante dans le silence, et son coeur cogner de manière désordonnée dans sa poitrine. Il ferma les yeux un instant. Il n'arrivait pas à être un menteur, il ne pouvait pas. Pas avec elle. Pas après ce qu'elle lui avait dit quelques instants auparavant.

Le photographe se détacha lentement de la jeune femme et attrapa ses épaules. D'un geste distrait, il caressa son bras d'une main, remit une mèche de cheveux en place de l'autre. Ces gestes d'affections ne changeraient pas. Entre eux deux, il y aurait toujours cette complicité. C'était ce dont il cherchait à se persuader, mais ce n'était pas aussi facile. Un faux nom avoué, ce n'était rien. Lui possédait une histoire complète cachée aux yeux de tous. Il ne s'agissait pas seulement d'un nom qui n'était pas le sien, non. Il s'agissait d'une identité, d'une famille, de toute une série d'histoires qu'il avait raconté, et qui n'étaient pas vraies. « C'est à moi de me faire pardonner, Lauren. » Pour la première fois, il prononçait son vrai nom. Cela ne le choquait pas. La jeune femme le regardait, interloquée. Jake leva les yeux, laissa son regard dériver à travers la fenêtre pendant un instant. Il sentait son cœur battre, mais étrangement, il n'avait pas peur. C'était à peine s'il pensait aux conséquences de ce qu'il allait lui dire. Les conséquences dans la société qu'ils connaissaient, cet endroit austère où Jake n'avait pas le droit de vivre. Il inspira une grande gorgée d'air, lutta contre la nausée qui le prenait dans ces moments où il se perdait dans le fil de ses pensées, ces moments où il réalisait à quel point la société qui les entouraient était injuste, cruelle et insensée. Sans s'en apercevoir, il avait lâché Lauren et s'était frotté ses mains contre son jean, signe évident de nervosité. La jeune femme s'en était sûrement rendue compte. « Je... » Un soupir s'échappa de ses lèvres au moment où Jake croisa le regard de Lauren et se plongea dedans. Et tout d'un coup, tout parut plus simple. Tout parut couler de source, comme si toutes les actions qui avaient été faites jusqu'alors, depuis leur rencontre jusqu'à la révélation de la fausse identité de la jeune femme, tous ces instants n'avaient été qu'une voie pour arriver jusqu'ici. « Tu dois me pardonner. Je ne suis pas non plus la personne la plus honnête au monde. » Les yeux dans les yeux. Le temps sembla s'arrêter. Jake ouvrit à nouveau la bouche, chercha ses mots. « Tu parlais des circonstances qui amenaient les gens à mentir sur ce qu'ils étaient. J'ai menti. J'en suis désolé, je n'avais pas le choix. » Cela coulait de source, il devait le dire. Maintenant. « Je... » Maintenant. Une inspiration. Une expiration. Maintenant. Une inspiration. Une profonde inspiration. MAINTENANT. « J'ai été adopté. Je n'aurais pas dû naître. » Avait-elle compris ? Son regard lui semblait perplexe. Non. Elle n'avait pas compris. « Mon sang... » Il se tut, sa voix se brisa. Il trouvait toutes ces polémiques sur le sang des sorciers tellement ridicule. Le photographe eut un sourire sarcastique avant de baisser les yeux sur le plancher. « Je suis un sang-mêlé. C'est moche, hein ? Je n'ai pas le droit de vivre, et pourtant, je suis là... » Sa voix se brisa à nouveau.

Il n'avait pas prononcé ces mots à haute voix depuis tant d'années...
Invité
Invité
Anonymous
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté Ven 8 Fév 2013 - 19:08
« C'est à moi de me faire pardonner, Lauren. »

C’est l’entente de son prénom qui l’empêche de tressaillir et de comprendre ainsi le sens de sa phrase. S’il n’avait pas prononcé son prénom de cette matière, avec autant de tendresse et de révérence, elle serait redevenue la Hudson farouche qui rasait les murs à Poudlard. Celle qui se méfiait de son ombre comme de la peste, qui n’avait aucune confiance envers le monde de la magie et de ses habitants. Après tout, qui lui disait que Jake était réel ? Tout n’avait été qu’une vulgaire supercherie, et cela dès le départ. Une supercherie dans les tableaux traitres qui la faisaient sursauter, une supercherie dans ces revenants, ces entre-deux-pays qui, transparents, se jouaient d’elle dans les couloirs – alors que Joe aurait pu avoir leur place, aurait pu revenir ici et l’accompagner dans les couloirs plutôt que cet esprit frappeur détestable qui aimait plonger ses cheveux dans les bouteilles d’encre. Une supercherie dans les diplômes qu’on lui demandait pour réussir. Sérieusement, réussir ici, à tricher avec de la magie ? Très peu pour elle. Le prof qui l’avait allongé sur cette table pour la prendre, comme le sac de viande à vendre qu’elle était à l’époque, avait lui aussi été une supercherie. Alors Jake, il était possible qu’il ne soit simplement que l’un d’entre eux. Pourrit par ce sang sorcier, ce sang de menteur, avec qui elle partageait finalement cette pathologie du voleur. Lauren, la paparazzi pute, merci à qui ?

Mais elle ne pouvait pas se méfier, le rejeter, le craindre et s’armer, pas quand il disait « Lauren ». Lauren seigneur, qui l’appelait encore comme ça aujourd’hui ?

Et au lieu de la voix de Joe dans sa mémoire, ce fut le timbre grave de Ted qui lui répondit. « Lauren ». Avec beaucoup d’amour.

Lauren hoqueta et ferma les yeux en se pelotonnant contre lui.

Pardonner quoi ? Tu es tellement bon pour moi…

« Tu dois me pardonner. Je ne suis pas non plus la personne la plus honnête au monde. »


Des mensonges. Un manège de mensonges. Tais-toi, tais-toi et – je ne sais pas. Embrasse moi tiens. Sur le front, sur les yeux. Un baiser sur le menton, pour le petit chaton. Un baiser sur le nez, pour le petit minet. Un bisou sur la joue, pour un petit ronron tout doux. Maman…

« Tu parlais des circonstances qui amenaient les gens à mentir sur ce qu'ils étaient. J'ai menti. J'en suis désolé, je n'avais pas le choix. »


Lauren cessa d’être égoïste, cessa d’être un satellite tournant autour de son propre nombril dans une galaxie qui portait son nom – ou l’un de ses noms. Elle cessa de se recroqueviller contre la chaleur de Jake – comme une sangsue – et se déplia pour le regarder. Elle avait peur, mais elle ne pouvait s’empêcher d’être intriguée. Et surtout, il n’y avait pas trace d’accusation dans ses yeux. Elle ne voyait pas pourquoi elle lui en voudrait. Ainsi il avait mentit.

Mais là, il s’ouvrait non, lui aussi. Je t’ouvre la porte et tu me laisses entrer. Quelle ironie.

« J'ai été adopté. Je n'aurais pas dû naître. »


La bouche de Lauren s’ouvrit sur un « o » silencieux alors qu’elle le contemplait, sans ciller.

« Mon sang... »


Et la colère remplaça sa stupéfaction.

« Je suis un sang-mêlé. C'est moche, hein ? Je n'ai pas le droit de vivre, et pourtant, je suis là...

- Imbécile ! »

La voix de Lauren avait claqué, sèche, comme un coup de fusil.

« Pas du naitre ?! Mais tu te rends compte de ce que tu dis ?! Et moi alors, le jour où j’ai embrassé une fille, j’aurais du être lapidée pour ça ? Des années que j’entends ces conneries provenues d’un monde de… de tolérance. Tu parles. Je refuse d’entendre ce discours de – de – de nazi dans ta bouche, pas toi. Pas du naitre. Tu méritais cette vie, comme ma sœur, comme tout le monde. On ne fait pas des enfants pour… pour qu’ils soient des… des perfections figées comme dans les musés. Faire un gosse pour son sang et ne le considérer que par un statut c’est un crime ! C’est inhumain ! Alors quoi, on brûle tout ceux qui ne rentrent pas dans le moule ? Il ne risque pas de rester grand monde à la fin ! »

Lauren essuya sa bouche et la salive qui en découlait, avant de reculer d’un pas, pour mieux le contempler et appuyer ainsi ses paroles.

« Tu n’es PAS un sang-mêlé. Ca c’est un statut de merde, qui ne définit rien du tout. A la limite tu peux te définir comme un caucasien ayant moins de la trentaine, comme un photographe foutrement talentueux. Je ne t’autorise à parler de ton sang uniquement sur une carte de donneur pour la Croix Rouge ! Tu es Jake, tu me fais rire et je t’interdis de dire que tu ne vaux rien. Ca, ce ne sont que des mensonges. Tu vas quand même pas te mettre à les croire, l’autre Kark et tout la fratrie Voldemort ! Voldemort, vu la tronche qu’il s’est payé à la fin, et sa foutue mort mystérieuse de merde, j’aurais même pas voulu être la moitié de ce qu’il était. »

C’était des insultes stupides de gamine en colère, bien évidemment, mais Lauren refusa de s'appesantir sur la teneur de ses propos. Elle ignorait véritablement comment le convaincre et secoua la tête furieusement en tournant à moitié sur elle-même, comme pour chercher dans cette pièce trop vide un argument valable. A moitié tournée vers le mur, elle serra les poings pour persiffler.

« Vu comment je t’aime, ça devrait être assez convaincant pour te prouver que tu mérites d’exister. »

Mais ne se donne-t-elle pas là un peu trop d'importance ?

« Je suis sûre que je ne suis pas la seule à te le dire en plus. Et ces personnes qui t’aiment, même si tu leur as mentis, je suis certaine qu’ils s’en ficheraient. Au fond, tu as prouvé ta valeur en tant que personne, et c’est ça qui compte. Regarde toi, regarde nous. »

Un ton encore plus bas.

« Ce soir je t’ai dis la vérité et tu n’as même pas reculé. Ca te rend plus digne de confiance qu’un… Lestrange. »

Était-ce bien le nom d’un sang-pur ? Ses cours d’Histoire se rappelèrent à elle brutalement et elle les chassa d’un geste de main agacée.

« Je ne suis pas ma magie et tu n’es pas ton sang. Voilà tout ce qui compte. Ce que nous ne sommes pas et ce que nous essayons de prouver. »

Lauren retrouva enfin le regard sombre de Jake en se tournant une dernière fois, et après une simple hésitation, lui tendit une main ferme.

« Alors au nom de ce que nous ne sommes pas Jake, et puisque je ne te mentirais plus désormais, déjeunons ensemble, comme de vieux amis. Cet appartement me fait froid dans le dos… Et j’ai encore envie de rire avec toi. Tu me fais trop du bien pour ne pas que tu saches que tu es un type génial. »

Cela serait un après-midi chez les moldus, et bien évidemment cela serait un après-midi avant la guerre. Cela serait une trêve entre les factions, cela serait une trêve entre leur passé, commun ou non, et leur avenir – commun… ou non…

Mais qu’importe, puisque les pâtes seront bonnes, que le déjeuner sera riche en vin, et qu’ils riront, ça il tiendra promesse. Qu’importe puisque de toute façon personne ne sait de quoi demain est fait.

Si un mensonge reste un mensonge, qu’importe sa taille, on ne pourra jamais empêcher la vie d’être ce qu’elle est : un secret.







Fin.
Contenu sponsorisé
Tout se sait toujours (Pour Jake) Empty
Re: Tout se sait toujours (Pour Jake)
ce message a été posté
 :: Londres :: Ailleurs :: Habitations