Jeudi 19 mars 2020 - 7 heures

Eireann regardait encore et encore le plafond de sa chambre, éclairé faiblement par le peu de lumière que laissaient passer les volets en bois. Depuis combien de temps était-elle réveillée ? Ou plutôt, combien de temps avait-elle finalement dormi ? Pas longtemps. Elle avait eu trop peur de fermer les yeux et de se réveiller une nouvelle fois dans cette cellule sombre et froide. Elle ne l'aurait pas supporté. L'irlandaise se consolait en se disant qu'elle finirait bien par trouver le sommeil une autre fois, quand ça irait mieux. Mais est-ce que ça finirait par aller mieux un jour ? Eireann n'était pas en état de le savoir. Elle savait juste qu'elle était détruite de l'intérieur, brisée en de millier de tous petits morceaux...

Elle avait vécu des choses horribles, elle avait eu droit à des heures de torture. Elle avait appris aussi un secret plus gros qu'elle : Nathaniel était son cousin. Elle ne pouvait pas en douter, il fallait d'ailleurs qu'elle vérifie l'arbre, qu'elle interroge sa grand-mère sur le sujet. Comment un tel type pouvait-il partager son sang ? Pourquoi avait-il fallu que ce soit lui qui s'occupe d'elle là-bas ? Une coïncidence ? Peut-être. Mais dans un monde comme celui des sorciers, pouvait-on réellement croire aux coïncidences ? Non. Enfin, elle avait arrêté d'y croire le jour où le sort avait décidé de s'acharner sur l'Ordre et d'aider les Ombres à vaincre le moindre petit espoir qui pouvait germer parmi la population. Nathaniel Hansen, un Callaghan... Elle ne voulait toujours pas y croire. Elle avait pourtant entendu dire que Niallan avait été une jeune femme forte et qu'elle s'était enfuie de chez elle pour ne plus avoir à subir le comportement de son père qui lui, trouvait le côté basique de sa propre famille méprisable. Comment une telle femme avait-elle pu mettre au monde un type comme Hansen, capable de s'allier aux Ombres alors que ceux-ci méprisaient son sang ? Eireann en avait encore envie de vomir.

Elle se leva de son lit et alla s'asseoir à son bureau, placé juste sous la fenêtre qu'elle ouvrit en grand avant de pousser les volets. Elle laissa se levant à peine inonder son visage. Le froid de mars ne la gêna même pas, elle avait trop besoin de soleil, ce soleil qu'elle n'avait pas vu depuis des mois. Elle ferma les yeux et resta ainsi plusieurs minutes, les mains posées sur le bois brut de son bureau. Elle avait passé ses plus jeunes années dans cette chambre, chez ses parents, avant d'aller vivre à Londres avec Jane. Puis elle avait du vivre à Poudlard. Cette chambre était désormais son pied-à-terre. Poudlard, elle allait devoir y retourner... Est-ce qu'elle avait été remplacée ? Est-ce que son absence avait provoqué des problèmes dans le programme de ses élèves ? Est-ce qu'elle passait du coup pour une Ordre dévoilée ? Elle avait oublié de poser ces questions la veille... Elle avait tout oublié. Sauf le pire.

Elle était chez elle mais elle n'était plus elle-même, elle avait changé, elle n'était plus la petite Eireann, celle qui croyait que tout irait, celle qui était persuadée que l'Ordre allait leur apporter un monde meilleur. Cette fille-là était morte sous les coups de Travers. Elle ne se ressemblait même plus. C'était le constat qu'elle faisait en se regardant dans le petit miroir posé sur son bureau. Elle le plaça en équilibre sur le rebord de la fenêtre, sortit une paire de ciseaux d'un des tiroirs du meuble en bois et attrapa sa chevelure qui était diablement trop longue. Elle qui avait l'habitude de laisser ses cheveux jouer avec ses épaules et sa nuque, avait désormais les cheveux au milieu du dos, des mèches de toutes les longueurs (attrapés à pleines poignées, certains avaient été arrachés) et ne ressemblait plus à rien. Elle coupa à mi-longueur et chercha... « Ma baguette... » murmura-t-elle. Ses yeux se seraient remplis de larmes si elle avait encore pu pleurer. Elle décida alors, sur un coup de tête, de changer pour de bon. Elle attrapa ses cheveux pour les derniers coups de ciseaux : elle coupa jusqu'à son menton. Elle se regarda dans le miroir et attrapa sa mèche à laquelle elle donna un dernier coup. Les longueurs n'étaient pas égales mais elle s'en foutait, elle avait eu besoin de ce petit rituel pour taper du poing et passer à la suite...

On frappa à la porte. Elle n'eut pas besoin de demander qui c'était, elle le savait. « Entre. » Elle se tourna vers la porte et vit Jane entrer doucement. « Tu veux bien m'arranger ça d'un coup de baguette ? J'ai... » Elle regarda ses mains vides, le regard flou. « Ils m'ont cassé la mienne... »

J’ai observé un escargot qui rampait le long d’un rasoir... C’est mon rêve... C’est mon cauchemar...
Ramper, glisser le long du fil de la lame d’un rasoir et survivre.

Jane contempla les vagues qui se brisaient dans un fracas assourdissant contre les falaises. Cela faisait peut-être une heure qu'elle était assisse là, les pieds dans le vide, à contempler l'océan. Le bruit mélancolique l'avait un peu calmée, mais elle restait tout de même tendue, un trait soucieux s'était installé entre ses sourcils, signe de la nuit d'angoisse qu'elle venait de vivre.

Eireann était rentrée.

Elle l'avait récupérée au QG de l'Ordre du Phénix quelques heures auparavant, & l'endroit qui lui avait paru le plus adéquat pour ramener sa cousine traumatisée était celui-ci. La maison Callaghan. L'endroit où ils avaient grandi, joué, aimé, et forgé leurs convictions, Ciaràn, Eireann & elle. D'habitude, elle se sentait détendue rien qu'à l'idée d'y séjourner, mais là, rien n'y faisait. La peur s'était insinuée dans ses veines tel un poison. En rentrant, Eire était allée dans sa chambre directement, aidée par sa soeur, sans un mot, mais Jane savait que le moment des explications viendrait. Ce qui lui faisait peur, c'était d'admettre que sa cousine avait eu raison lors de leur dernière rencontre. Oui, le camp adversaire était sans scrupule, & se battre était bien plus dangereux qu'ils ne l'auraient pensé. Ils allaient peut-être en mourir. Peut-être même qu'Eireann était morte à l'intérieur. Cette pensée fit frémir l'irlandaise qui la chassa aussi vite qu'elle put. Elle n'avait pas le droit de penser ça. La plus forte des deux, c'était elle Jane. Alors là, elle devait juste être forte pour deux. & le vent qui vrombissait & emmêlait ses cheveux semblait lui souffler qu'elle avait raison.

Sur le chemin du retour, la fatigue se fit sentir. Elle n'avait pas dormi. Lovée dans un canapé au coin du feu, un chat sur ses genoux, Jane avait contemplé les flammes d'un regard perdu. Les heures avaient défilé, sournoises, sans que le sommeil ne s'empare d'elle. Elle avait peur, elle avait mal, elle regrettait. Peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à s'occuper d'Eireann. Elle avait mal en contemplant Eireann. Souffrait de chaque marque sur son corps pâle. & puis, elle regrettait d'avoir continué à vivre sans elle, de ne pas avoir cherché plus ardemment sa cousine, même si c'était pertinemment faux. Le soleil se levait déjà. Il pointait faiblement à l'horizon lorsque Jane pénétra dans la maison. Des bruits à l'étage lui indiquèrent qu'Eireann était réveillée, & après s'être débarrassée de sa cape, la jeune femme gravit les escaliers. Il s'écoula peut-être dix secondes avant que l'irlandaise n'ose frapper à la porte de la chambre d'Eire. De quoi avait-elle peur ? Que sa cousine ne soit plus la même, qu'elle lui reproche son absence, d'avoir été seule ? Sottise Jane, tu le sais bien. & pourtant... Il lui fallut plusieurs inspirations avant d'entrer dans la chambre. Eireann était face à la fenêtre, un miroir posé en équilibre contre la vitre, & de longues mèches brunes trainaient sur le sol. Eireann quand à elle caressait ses cheveux désormais courts, l'air absent & chétif.


« Tu veux bien m'arranger ça d'un coup de baguette ? J'ai... Ils m'ont cassé la mienne... » La voix d'Eireann se perdit dans le silence de la chambre tandis que Jane s'approchait de sa cousine. « Assieds-toi. » répondit-elle simplement. Il lui semblait que sa voix était assez assurée pour quelques qui tremblait des pieds à la tête. Tandis que sa cousine s'exécutait, l'irlandaise sortit sa baguette de sa poche & coupa la première mèche irrégulière. L'ex-captive avait coupé tout sans se préoccuper de la coupe, comme prise d'un accès de folie. « Par contre, je te préviens, je suis pas magicoiffeuse... » tenta Jane. Si Eireann souriait, rien qu'un sourire, tout n'était peut-être pas perdu. Peut-être qu'elles pourraient recommencer comme avant, à être heureuses. Doucement, Jane fit tomber les mèches sur le sol. D'un coup de baguette aussi assuré qu'elle le pouvait, elle redessina les contours de la coupe de sa cousine. « Est-ce que... je veux dire... » Les mots butaient contre ses lèvres sans vouloir en sortir. La brune se plaça face à sa cousine, & commença à arranger les mèches de sa frange. Prise d'une soudaine inspiration, Jane se plongea dans les yeux bruns d'Eireann, & avant de couper une mèche d'un coup de baguette, elle lança : « Tu veux en parler ? Je comprendrais que tu ne veuilles pas, que ce soit trop tôt, trop dur, trop... C'est comme tu veux Eire. » Voilà, c'était sorti, enfin...

Eireann regarda longuement le résultat en contemplant l'image que lui renvoyait son miroir. Elle tournait la tête vers la gauche, puis vers la droite, la baissait, la relevait. Elle sourit. C'était un sourire calme, neutre. Comme lorsqu'une vieille dame sourit en pensant à sa jeunesse envolée. Elle, elle pensait à tout ce qu'on lui avait pris avec mélancolie. « J'aime beaucoup. Merci Jane. » Elle passa ses doigts dans ses cheveux, laissant son regard se perdre à travers la fenêtre.

« Ne t'en fais pas pour moi. » dit-elle enfin en tournant la tête vers sa cousine. Elle passa ses doigts fins sur le visage de Jane d'un geste tendre. « Je vais aller mieux maintenant. Tout ira mieux. De toute façon, ça ne pourra pas être pire. » Elle reporta son regard vers la fenêtre. C'était apaisant de revoir tout ça, la maison, l'herbe verte, de sentir le froid sur son visage, le vent de mars. « On ne se rend pas suffisamment compte des bienfaits du soleil. On ne s'en rend vraiment pas assez compte. Tu le savais ça ? » Elle ferma les yeux, profitant encore des rayons du bel astre. « Il m'a manqué lui aussi, tu sais Jane ? » Elle rouvrit doucement les yeux et se leva de sa chaise. Elle avait la tête qui tournait, elle n'avait plus l'habitude. Elle attrapa Jane par les mains et la fit s'asseoir à côté d'elle sur son lit. Elle ne put garder les mains de sa cousine dans les siennes trop longtemps. Le contact humain auquel elle avait eu droit ces derniers temps avait été synonyme de douleur et d'enfer alors se séparer de ce qui était devenu une habitude était un peu compliqué.

Eireann regardait sa cousine, sa chambre, ses mains toutes abîmées, ses pieds nus, son pyjama. Elle n'avait pas envie de tout raconter à Jane. Elle ne voulait pas qu'elle sache tout ce qu'elle avait vécu, l'horreur de ces derniers mois. Peut-être qu'un jour, elle lui raconterait. Mais pas tout de suite, plus tard, quand elle serait prête. Elle ne lui dirait rien au sujet de Nathaniel, elle ne l'avait pas encore digérer et ne le digèrerait sûrement pas. Elle avait besoin de faire des recherches, de voir ce qu'était réellement devenue Niallan, de comprendre comment toute cette histoire était réellement possible. Eireann détestait l'idée que Hansen soit son cousine. Elle devait déjà accepter l'idée qu'il lui ait sûrement sauvé la vie après les passages de Travers... « C'était pas drôle là-bas, tu sais. J'ai pas tellement envie d'en parler. Pas maintenant. Tu comprends ? Je préfère me concentrer sur la suite. J'ai besoin de recommencer. J'ai pas envie de piétiner sur ma vie et d'essayer de recoller les morceaux : je veux en prendre des nouveaux pour faire du neuf. » Elle avait la gorge sèche, elle n'avait plus l'habitude de parler autant : les moments où elle avait vraiment parlé, c'était par réflexe de survie ou grâce à l'adrénaline. Mais après... Des mois de noir. Des mois de silence.

« Parle-moi de ce que j'ai raté de toi, de ce que ta vie a été ces derniers mois. J'ai envie d'entendre ta voix. Elle m'a manquée elle aussi... » Tout lui manquait et entendre Jane l'aidait à remettre un pied dans cette réalité qui lui avait tant manqué. Les conneries de son frère aussi lui avaient beaucoup manquées...

Eireann voyait dans les yeux de Jane la même tristesse qu’on devait sûrement lire dans les siens et ça ne lui plaisait pas, elle avait besoin d’avancer, pas de voir de la compassion ou de la compréhension tout autour d’elle. L’arrivée soudaine de Ciaran lui arracha un sourire franc, surtout lorsqu’il fit ce qu’il faisait le mieux : rendre une situation trop chargée en émotions plus légère. Elle jeta un nouveau coup d’œil au miroir en se levant pour aller le chercher et le regarda. « Je ne vois absolument pas de quoi tu parles : ma coupe est plutôt réussie si tu la compares à celle que j’avais hier en rentrant au Q.G. » C’était dur de faire de l’humour sur les événements récents. Ciaran déposa un baiser sur son front et il fila. Eireann passa affectueusement sa main sur sa tête en revenant auprès de Jane. Elle ne prit pas sa main mais resta là, à ses côtés. C’était bon d’être à nouveau à la maison, Ciaran avait raison : c’était bon de les revoir.

Il revint aussi vite qu’il avait disparu avec trois cafés. « Merci. » Eireann se dit qu’il ferait un excellent elfe de maison s’il n’était pas aussi indiscipliné. Elle sourit à cette pensée et plongea ses lèvres dans le café noir et chaud qui lui fit un bien fou. Elle ne s’était pas rendu compte du manque de caféine jusqu’à aujourd’hui mais faire à nouveau couler cet or noir dans ses veines était exquis. Comment avait-elle pu vivre sans ça durant si longtemps ? Eireann se dit que le manque avait du précipiter son état fébrile… C’était un moyen d’occulter le fait que c’étaient les séances de torture qui l’avaient réellement toute cassée. « Je ne sais pas si je dois vraiment le prendre comme un compliment. » dit-elle, réchauffée par la café. Elle et Jane se penchèrent sur les photos qu’avait dénichées Ciaran et le visage d’Eireann passa de l’illumination à la mélancolie… Ce qu’elle avait du être insouciante à cette époque ! Les histoires de factions étaient loin, le Lord n’avait même pas encore tué Harry Potter. Eireann espérait que les pages suivantes n’allaient pas montrer les parents de Jane heureux et en bonne santé. D’ailleurs, leur cousine se leva prétextant vouloir ramener les petites douceurs allant avec le café et elle fila hors de la chambre. Ciaran voulait bien faire mais les blessures étaient réellement là. Eireann se doutait que sa captivité avait du rappelé à Jane que la mort de ses parents pouvaient se répéter avec elle. Elle avait oublié la peine qu’avaient connue ses proches tandis qu’elle était enfermée : elle n’avait jamais su si elle les reverrait un jour mais ça avait été la même chose pour eux !

Eireann inspira et prit l’album photo sur ses genoux, incitant Ciaran à s’asseoir à ses côtés sur son lit. « J'étais déjà très jolie à cette époque, tu es jaloux uniquement parce que tu étais un bébé obèse ! » Elle tourna la page et tomba effectivement sur une photo de Jane dans les bras de sa mère, à côté de son père. Son coeur se serra et elle se promit de tout faire pour rassurer Jane à son propos, de lui dire qu'elle allait bien, qu'elle ne la quitterait pas. Eireann regarda Ciaran et se promit de le faire pour lui aussi. Il faisait tout pour prendre les choses du bon côté mais elle le connaissait et savait que c'était uniquement une façade, qu'il gardait tout enfoui en lui. « C'est bon d'être de retour et de voir que tu n'as pas changé, tu sais ? Enfin, je me doute que pendant ces quatre mois tu as progressé dans tes études quand même... Comment ça se passe ? » Parler de lui, des autres, de tout, de rien mais surtout pas d'elle. Elle ne voulait pas parler de son état, de ce qu'il s'était passé là-bas, de ce qu'elle comptait faire par la suite. Elle avait besoin de moment simple, de parler de chose sans conséquences..

Eireann écouta son frère avec attention même si parfois, son esprit avait du mal à se souvenir de la façon dont il fallait s'y prendre pour rester concentré et attentif. Entendre Ciaran lui faisait du bien : revenir peu à peu à ses sources l'aidait à bien se replonger dans la réalité et surtout la liberté. Il lui avait cruellement manqué cet andouille de petit brun à la cervelle en ébullition. Le coeur de l'irlandaise se serra lorsque son frère aborda le sujet d'Hudson Higgs. Les deux jeunes femmes n'avaient jamais vraiment été proches mais elles s'étaient battues côte à côte pour l'Ordre. Eireann ne comprenait pas comment elle avait pu choisir d'aller vers l'Ombre et la dictature de Kark et visiblement, elle n'avait pas changé d'avis depuis des mois. Ciaran était en plus de ça persécuté par une autre de ces vermines : Elie Brights. Eireann connaissait ce nom, de Poudlard d'une part. Et de certains de ses amis d'une autre. Apparemment, Ciaran n'était pas le seul à qui ce sale type venait chercher des noises. Une bouffée de haine monta en elle et elle crispa ses doigts sur le dessus de lit. Eireann était loin d'oublier les Ombres...

« Fais quand même attention à toi Ciaran. » Elle aussi avait voulu mettre son petit grain de sel dans le grand plat et elle s'en mordait encore les doigts. Elle savait que Ciaran était doué dans l'art de la pagaille mais elle savait aussi que ça ne resterait pas innocent : il était fini le temps de Poudlard où les bêtises n'avaient pas d'autres conséquences que les châtiments de cette chère Grognard. « N'oublie pas que même les actes innocents peuvent te détruire... » A supposer que Ciaran et innocence puissent tenir dans une même phrase. Eireann sourit malgré elle en imaginant les pitreries de son frère. Elle espérait que Wallas serait au moins là pour lui, qu'il assurerait ses arrières même s'il avait sûrement d'autres chats à fouetter.

Alors en plus de faire les quatre cents coups à Sainte-Mangouste, il s'activait en plus du côté de l'Ordre ? Eireann ne voulait pas que son tout petit frère se retrouve aussi impliqué qu'elle au sein de la faction : elle en souffrait tant qu'elle ne voulait pas qu'il vive la même chose. Seulement, il était trop tard : son cadet était adulte et elle avait passé quatre mois si loin de lui que c'était comme si elle avait raté un bon chapitre de sa vie. Heureusement, il restait égal à lui-même. « Tu en es où du côté de l'Ordre ? Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? Qu'est-ce que tu as fait ? » Elle enchainait les questions en les posant doucement. Elle avait l'impression d'avoir tellement de choses à rattraper que le mieux était d'y aller calmement pour ne rien rater du récit que ses proches avaient à lui faire.

Dans d'autres circonstances, elle aurait sûrement harcelé son frère sur ses collègues, ses amis, surtout ses amies filles. Elle aurait voulu tout savoir sur sa vie d'étudiant, sur ce qu'il faisait, ce qu'il apprenait, dans quoi il excellait. Seulement, Eireann sortait d'un trou à rat et elle s'inquiétait de ce qu'il pouvait arriver à Ciaran si jamais il reproduisait les mêmes erreurs qu'elle au sein de l'Ordre. Elle voulait tellement le préserver !

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