Niveau soirée, j'en avais connue de meilleures. De bien meilleures que celle-là. Ne serait-ce que celles passées devant la TVM avec un bol de dragées surprises de Bertie Crochue, seul. Et si j'avais su, c'est ce que j'aurais fier la veille. Mais non, moi qui ne supportait pas quand Billy sortait et que je restais seul à l'appart, il avait fallu que j'aille boire un verre dans le bar où se produisait Clint. Autant dire que je passe souvent le voir en fait. Je n'ai pas grand chose à faire et dans l'espoir qu'on le laisse faire le show seul, j'y vais régulièrement. Mais pas hier soir. Premier point négatif. Une chanteuse latino était d'un vulgaire qui ne me plaisait pas du tout. Elle remuait son derrière et sa poitrine à qui voulait et même à ceux qui ne voulait pas et je me félicitais de m'être installé au bar, loin du devant de la scène et des tribulations de la chanteuse. Clint jouait, une partition tellement simple que c'était une insulte à son talent mais il semblait heureux d'être là et je me pris à sourire aussi en sirotant mon verre. J'attendais sa pause pour lui parler un peu et ensuite je rentrerais tranquillement à l'appartement en prenant l'air.

Seulement voilà, un grand bonhomme s'approcha de moi pour venir me parler. Il n'avait en aucune façon des manières menaçantes, d'ailleurs il ne m'a pas menacé non plus. N'empêche que voilà, après un bon quart d'heure, je su qu'il savait que j'étais l'ex de Clint et que je préférais de loin les hommes aux femmes. Allons bon, seul Clint le savait alors pour que ce Bruce le sache aussi, il n'y avait qu'une seule explication : Clint. Le blond m'avait expliqué qu'il en était un bon ami et qu'il venait le voir jouer souvent également. Il me demanda si moi aussi, engageant la conversation tout à fait naturellement et poliment. D'accord, en apparence, Bruce était tout à fait correct et agréable. Cependant, je ne me sentais plus en sécurité. Si ce Bruce voulait me faire tomber, il le pouvait aussi simplement qu'un claquement de doigts. Je me jurais de demander des explications à Clint.

Je fus tellement perturbé que je remarquais à peine la chanteuse qui arrachait la chemise de Clint, de toute façon je connaissais son corps par cœur. Laissant un pourboire, je m'excusais auprès de Blackburn et m'éclipsait pour rentrer. Billy n'était toujours pas à l'appartement et en soupirant je me couchais. Je tournais longtemps dans mon lit, n'arrivant pas à fermer l’œil et lorsque je m'assoupissais, j'étais réveillé en sursaut par un mauvais rêve où tout le monde m'insultait et où je m'enfuyais de Londres pour avoir un peu de répits. Je finis par plonger dans un sommeil profond mais malheureusement de peu de repos. Mr Lannister me convoquait dans son bureau et m'expliquait par maints raisonnements qu'il ne pouvait garder un assistant tel que moi, que même si j'étais le meilleur, s'il venait à se savoir que j'étais « différent », sa réputation et sa carrière à lui étaient fichues. Il avait fini par me pousser par la fenêtre de l'immeuble et dans une pluie de bris de verre, je tombais, tombais et tombais, inlassablement et quand je sentis que le sol approchait je me réveillai en sursaut et la respiration haletante. L'heure clignotait sur mon réveil-matin. 6H45. Je glissais une main dans mes cheveux, je me sentais nauséeux. Je n'avais pourtant bu qu'un verre la veille. Je me rallongeais un moment mais n'arrivant plus à me rendormir, je filais à la douche avant de me préparer pour sortir. Un jean, un t-shirt, une veste en cuir et j'étais en route vers l'appartement de Clint.

A 7h30, je tambourinais à sa porte d'entrée. Je savais bien qu'il était tôt et qu'il n'avait sûrement pas beaucoup dormi mais pas plus que moi et j'étais fâché contre lui. Il avait compromis ma sécurité et m'avait trahi, s'il n'avait pas une explication solide, je jurerais sur la tête du Lord de ne jamais lui pardonner. Quand il m'ouvrit (en caleçon), il avait vraiment l'air crevé et je me mordis la lèvre en me rendant compte que j'abusais peut-être un peu. Mais si je perdais mon travail par sa faute, est-ce que c'était si exagéré que cela ?

Le visage fermé, j'entrais chez lui alors qu'il me laissait le passage pour aller s'habiller. Bon. Je refermais la porte derrière moi et je partis directement à la cuisine m'offrir une bière pour me calmer alors que Clint ne semblait même pas se rendre compte de la situation. Toujours pareil de toute façon. Il avait toujours été comme ça. Trop léger. Enfin façon de parler parce-que niveau poids, les muscles pesaient quand même plus que ça.

« Non on avait pas rendez-vous. Et je sais qu'il est tôt mais je n'ai pas réussi à dormir. Et c'est ta faute. » lâchais-je quand il revint dans le salon.

Je m'approchais en le regardant de toute ma stature. A vrai dire, j'étais plus inquiet que mécontent. Alors peut-être que je n'étais pas vraiment convainquant, même si je savais que mon visage pouvait être dur lorsque je le voulais. « Ton ami Bruce Blackburn est venu me parler hier soir. Et il sait pour moi. Tu lui as dit avoue ! Il n'y a que toi qui ait pu lui dire ! » L'angoisse montait dans ma gorge et je ne pu m'arrêter là. « Comment tu as pu faire ça ! Tu sais ce que je risque si ça se sait ! Je vais perdre mon emploi et ma réputation ! J'avais confiance en toi Clint ! » Je me détournais en essayant de respirer normalement mais impossible, je serrais les poings. Dire que je le croyais mon ami...

M'approchant de la fenêtre, je regardais dehors la rue qui s'éveillait lentement. Des chats trottinaient d'un trottoir à l'autre par moment, d'autre fois une voiture traversait le paysage pour amener le passager à son travail matinal. Un vieil homme passa avec du pain sous un bras et la laisse de son chien dans l'autre main qui marchait nonchalamment. Le chien s'arrêta près d'un réverbère encore allumé et leva la patte pour faire son affaire. Autant je n'étais pas fan des moldus loin de là (exception faite d'un seul), autant il y avait des fois où j'enviais leur vie calme et tranquille où régnait une liberté certaine même si elle devait être de courte durée. Au moins, quelques générations d'entre eux la connaîtraient. Si je perdais mon travail, j'avais l'impression que j'aurais tout perdu. Je n'avais pas de famille, assez peu de véritables amis au final. Ce que j'aimais par dessus tout c'était ce travail pour Mr Lannister. Je savais que j'étais bon dans ce que je faisais et que j'étais le meilleur même, qu'il me choisisse moi parmi tous les candidats avait été une grande chance. J'aimais savoir ça. J'aimais ce que je faisais. Si cela m'était enlevé, qu'est-ce qu'il me resterait ? Mes posters de Mick Jagger, voilà tout. Billy ? Je n'y comptais pas trop même si je savais qu'il tenait à notre amitié, je n'étais pas sûr de son choix si nous devions nous combattre un jour où l'autre. Clint ? Est-ce que j'avais raison de lui faire confiance ? Ce qui m'avait mené chez lui ce matin prouvait le contraire.

Plongé dans mes pensées, je ne fis pas attention à Clint qui s'était servi un café entre temps. Quand je me retournais au son de sa voix qui m'intimait de me calmer, je lui lançais un regard furibond. De quel droit me disait-il de me calmer après ce qu'il avait fait ? Il savait à quel point mon travail comptait pour moi. Est-ce qu'il me détestait au point de vouloir ma ruine ? Quelle chance j'avais de retrouver un travail aussi gratifiant après un renvoi pour cause d'homosexualité ? Clint m'enleva la bière des mains alors que j'y avais encore à peine touché. J'allais être saoul selon lui. Il n'avait pas tort mais j'avais besoin de quelque chose pour me calmer ! « Rends moi cette bouteille ! » sifflais-je entre mes dents. Il n'était pas en position de me dicter quoi que ce soit. Il n'était plus en position pour le faire depuis quelques temps déjà. J'essayais d'attraper ma bière mais il m'en empêcha et se mit à bâiller. A bâiller ?! Ce simple geste me mis hors de moi et je le repoussais vivement. « Je te parle d'un truc grave et toi tu bâilles ! T'es vraiment un crapaud visqueux ! »

Je m'éloignais de lui alors qu'il continuait. Des explications. D'accord, j'étais surtout venu pour ça, mais il me prenait aussi pour un centaure sans cerveau et je n'aimais pas ça du tout. Clint avait parlé de moi à Bruce Blackburn en pensant que ce dernier était un moldu. Je grognais légèrement en trouvant l'excuse acceptable, mais il n'y avait aucune raison que ce Bruce garde mon secret également. Je ne le connaissais pas, il ne me connaissais pas plus non plus. La seule raison était notre amitié commune avec Clint et c'était somme toute léger comme motivation alors que c'était tellement plus amusant de faire tomber quelqu'un. Et s'il connaissait mon patron ? Si c'était le cas, le sort s'acharnait sur moi. Clint me rejoint à nouveau pour poser ses mains sur mes épaules et je le regardais, un mélange de colère et de peur et de déception dans les yeux. Je voyais bien qu'il était sincère et après tout ce que nous avions vécu, une petite voix en moi me confirmait qu'il ne mentait pas et ne manigançait rien contre moi. C'était juste Clint, mon ex et un de mes meilleurs amis à présent. Je baissais les yeux en signe de rémission.

« J'ai confiance en toi Clint, mais... tu peux pas me demander d'avoir confiance en quelqu'un que je ne connais pas. Je n'avais jamais entendu parler de lui avant hier soir. C'est ton ami mais... qui te dit qu'il ne veut pas me faire tomber ? Et pour quelle raison il garderait le secret ? Ça ne lui apporte rien...tu comprends hein ? »

Je passais une main sur mon visage. Je n'avais pas assez dormi et mon imagination pessimiste m'avait encore plus épuisé. Peut-être que je devais laisser Clint, je l'avais dérangé de trop bonne heure, lui aussi avait besoin de se reposer après sa nuit de travail. Je me rendais compte que pour le coup, je n'avais pas du tout pensé à lui. Mais après tout, je pensais qu'il était en tort. Je m'en voulais aussi d'avoir douté de lui.

Clint était important pour moi. La raison ? Elle était simple. Quand je l'avais rencontré, je ne lui avais demandé ni son sang ni ses tendances politiques. Nous avions parlé musique, nous avions parlé Rolling Stones (première chose qu'il su de moi quand je me souviens), nous avions parlé astronomie et potions mais nous n'avions pas parlé de ce qui nous différenciait. Et je dois dire que nous avions bien fait, je ne regrettais rien car je serais passé à côté de quelqu'un de génial et d'une amitié exceptionnelle. Je préférais ne pas penser à ce genre d'oppositions avec les gens que j'appréciais à vrai dire car c'était leur personnalité que j'aimais, pas leur appartenance. Cela me renvoyais sans arrêt à mes parents et me mettait mal-à-l'aise. Clint était mon ami, quoiqu'il arrive car il était un homme intéressant, dynamique, sage et agréable. Je ne cherchais pas plus loin et c'est pour ça que j'étais venu lui demander une explication. Même si j'avais paniqué, je savais intérieurement qu'il aurait une raison.

Il me prit alors dans ses bras, réconfortant et chaleureux. Je ne me fis pas prier et étant un peu plus grand que lui, je baissais la tête pour enfouir mon nez dans son cou et le serrer en retour. J'inspirais profondément. « C'est vrai que c'était dans un bar moldu.... Je suis rassuré... enfin un peu. » Je souris légèrement en reculant pour le regarder. Je n'échangerais mon amitié avec lui pour rien au monde. Je pouvais parler de tout avec lui et lorsque j'en avais besoin, il était là pour moi. Tout comme j'étais là pour lui s'il en avait besoin (et même quand il n'en avait pas besoin à vrai dire : difficile de se débarrasser d'un Melmoth quand on est apprécié du jeune homme).

« Tu m'offres un café ?... J'ai pas dormi de la nuit en fait, j'ai fait des cauchemars.... Enfin, à moins que tu préfères que je m'en aille. On se fera une soirée dans la semaine si tu veux ? » Je n'avais pas perdu la mauvaise habitude de faire comme chez moi lorsque j'étais chez lui, heureusement qu'il ne m'en voulait pas pour ça. Au contraire, je devinais qu'il aimait bien, surtout quand je lui faisais des pancakes en dansant sur les Stones. C'était mon petit doigt qui me le disait. Je sortis donc une tasse du placard et je la remplis de café avant de remplir la sienne à nouveau. Je n'allais pas m'attarder de toute façon, mais il me fallait quelque chose pour rentrer chez moi sinon je risquais de m'endormir sur le bas côté de la route. Quoique vu l'heure, j'allais plutôt devoir me préparer pour aller travailler. La journée s'annonçait difficile et je savais que pour Clint c'était pire vu le nombre de jobs qu'il accumulait. Je m'en voulais terriblement. [color:ab66= ] « Excuses-moi d'être venu aussi tôt... je sais que ta journée va être difficile, tu ne m'en veux pas ? C'est promis je trouverais comment me faire pardonner ! » Je levais les yeux vers lui en lui tendant sa tasse. Je savais qu'il ne résistait pas au « regard labrador » alors je n'hésitais pas à l'employer contrairement d'avec Billy qui était de suite énervé par ce regard.

Je bus une légère gorgée de café en repensant à Bruce Blackburn. Probablement un très bon ami de Clint pour être venu le voir au bar. En fait, j'étais curieux à présent que ma crise de panique s'était estomper. « Au fait... ce Bruce Blackburn, c'est un bon ami à toi du coup ? Il avait l'air de bien te connaître... »

J'avais grimacé lorsque Clint m'avait ébouriffé les cheveux, retroussant mon nez et m'écartant de sa main. Il savait pertinemment que je n'aimais pas ça, et je savais qu'il le faisait exprès. Cela prouvait notre bonne entente, lui me taquinant et moi faisant semblant que ça m'embêtait vraiment pour jouer le jeu. Et c'était le mot, c'était un petit jeu entre nous qui nous connaissions bien mieux que des meilleurs amis à vrai dire puisque nous avions été amants durant une période. J'étais content de l'avoir à mes côtés et je me jurais de ne plus jamais douter de lui car plus le temps passait, plus je me rendais compte que je pourrais confie ma vie à cette homme, même dans des factions opposées, je savais qu'il ferait tout pour me protéger. Enfin peut-être, parce-que comment peut-on connaître nos réactions dans des situations extrêmes ? Comment peut-on savoir quel choix nous ferions à ce moment là ? Au moment où le choix est sa propre vie ou celle d'un autre ? L'instinct est celui de la survie personnelle, non le contraire et nous n'étions pas des super-héros.

Heureusement, pour cette fois-ci (comme pour beaucoup d'autres en fait), Clint avait compris mon comportement en m'avouant que lui-même aurait réagi pareil face à une telle situation. Je souris légèrement, ma tendance à partir au quart de tour était compensé par mon acceptation de la vérité assez facilement (encore fallait-il que j'ai confiance en la personne auparavant). Bref, Clint était un habitué de mes sautes d'humeur et du fait que je prenais à cœur certaines choses, tout comme d'autres glissaient sur moi sans que je n'y fasse attention. Il l'avait appris par le passé, surtout durant notre relation mais grâce à lui j'avais aussi appris à travailler sur moi-même et je pense que j'étais devenu quelqu'un de meilleur. C'était aussi une raison qui faisait que je tenais toujours à lui. Le blond se mit à sourire également et je souris un peu plus alors que je servais les cafés. Apparemment, il appréciait que je lui serve son deuxième (ou peut-être plus) de la journée car son regard fut adorable. Un nouveau sourire et il partit s'asseoir dans le canapé. Je le suivi avec ma tasse également, il me fit signe de m'asseoir et ne me faisant pas prier, je lui obéis sans hésitation. J'avais juste peur de ne plus pouvoir me relever.

« Ça marche alors, je te ferais des pancakes un week end où tu seras tranquille. » Je bus une gorgée de café avant de reprendre « Tu as toujours ce job de livreur alors ?...pfff si j'avais été dirigeant je t'aurais embauché à temps plein. T'aurais plus à cumuler tout ça, tu vas finir par te tuer à force, je m'inquiète un peu même si je sais que tu es obligé... » lâchais-je finalement. Ce que je racontais était peut-être peu conventionnel et je ne tenais pas un tel discours avec n'importe qui de peur d'être rétrogradé. Il fallait que j'ai un enfant, pour redonner toute sa couleur au nom de Melmoth. Mes parents n'étaient pas la motivation qui m'y poussait, seulement le fait de prouver qu'un melmoth (autrement dit Moi) était capable de beaucoup de chose. Mais la question ne se posait pas pour le moment, je préférais encore profiter de ma liberté (enfin ce n'est pas en restant aux basques de Billy que j'en profitais mais c'était aussi un choix). Je ne voulais pas penser à cette 4e génération de sang-mêlé redevenant sang-pur par la même occasion.

Je l'écoutais me parler de Bruce et je souris un peu en même temps. Il semblait vraiment l'apprécier et lui faire confiance et la façon dont il en parla me rassura un peu plus. Peut-être que moi aussi je l'apprécierais un jour si je le recroise ? J'aimerais, car les amis de mes amis sont mes amis. C'est bien ce que l'on dit non ? J'essayerais de mettre de côté cette impression menaçante pesant sur mes épaules pour le connaître lui.

« Le pauvre, tu vas lui faire peur...enfin dis lui seulement que ce serait sympa qu'il garde ça pour lui... Tu sais, il y a encore peu de monde au courant. Même pas mes parents... et je ne préfère même pas imaginer la réaction de mon père si je le lui apprends. A l'ombre, ils sont carrés carrés avec ça. D'ailleurs, je ne l'ai jamais dit à Billy... même s'il doit s'en douter, il n'est pas aveugle non plus. » Je marquais une pause pour boire une gorgée de café. « Mais ce Bruce a l'air sympathique, tu as l'air de lui faire confiance alors je vais faire de mon mieux pour ne pas l'embêter moi-même avec ça. C'est ton ami, je ne serais pas méchant avec lui. » Je ponctuais ma phrase par un grand sourire adressé à mon ami et je posais une main sur son épaule avant de terminer mon café.

Clint se redressa un peu en me regardant un moment avec un léger sourire. Le genre de sourire qui m'avait fait tomber dans ses bras j'imagine car encore aujourd'hui il ne me laissait pas indifférent. Mais les choses étaient claires entre nous et mieux valait ne pas mélanger l'amitié et les plaisirs charnels. Pour être objectif, c'était bien la seule chose qui changeait de notre ancienne relation. Je lui rendit son sourire légèrement alors qu'il me disait que j'étais chou. Ce n'était pas ma volonté, ça ne l'avait jamais été avec personne à vrai dire mais c'était souvent la sensation que je laissais derrière moi. Allez savoir pourquoi. En tout cas, je ne comprenais pas, mais ça ne me déplaisait pas pour autant. A vrai dire, j'étais surtout intrigué parce-qu'avec mes sautes d'humeur, je ne pensais pas que quelqu'un pouvait me considérer de la sorte. Il se leva pour rejoindre la cuisine, je le suivis du regard avant de revoir son visage lorsqu'il réapparut dans l'encadrement de la porte pour reprendre une conversation plus sérieuse.

Et malheureusement, ce qu'il dit était bien vrai. De quoi déprimer toute personne sensée, ou simplement toute personne qui trouvait la situation politique exaspérante. Quand je pensais à ma position, je me demandais souvent ce qui m'avait fait choisir cette faction mais quand je m'en souvenais, je voyais difficilement comment j'aurais pu choisir autre chose. Un soupir passa mes lèvres alors que je m'enfonçais un peu plus dans le canapé. Cette histoire de sang, je ne l'avais jamais vraiment comprise. Mon père en voulait tellement à mon Grand-père d'avoir abandonné son statut de sang-pur pour un basique de première génération. Il fulminait assez souvent là dessus lorsque j'étais enfant et je savais qu'il ne supportait pas l'idée d'avoir un moldu dans la famille même si c'était ses arrières grand-parents côté maternel. Je crois que moi-même je me perdais un peu dans cette généalogie compliquée mais le fait que j'étais de la troisième génération que mon père m'avait suffisamment tanné avec ça durant mon adolescence en m'expliquant que je pourrais redorer le nom de Melmoth un jour, quand j'aurais un fils. C'était sans compter sur mon orientation sexuelle.

« Si je t'adoptais, tu serais un sang-pur. » répondis-je ironiquement. Si seulement l'adoption comptait dans cette histoire de sang, j'aurais adopté Clint depuis longtemps. Malheureusement, il n'était question que de biologie là-dedans. Je souris légèrement néanmoins, c'était histoire de détendre l'atmosphère après tout et il valait mieux se moquer de cette situation plutôt que d'en pleurer. La volonté et la force de caractère de Clint étaient des traits que j'appréciais beaucoup chez lui.

Il se mit soudain à rire. Pouffant d'abord avant de ne plus pouvoir se retenir et je tournais les yeux vers lui. Se moquait-il de moi ? Il fallait avouer que le tact, par contre, n'était pas sa qualité principale. D'accord, j'avais l'air de me tromper sur ce Bruce, mais après tout je ne le connaissais pas. Clint avait-il besoin d'être si désagréable ? Les choses n'avaient vraiment pas changées depuis que nous nous connaissions. Je me rembrunis en croisant les bras, vexé qu'il tienne cas de si peu alors que je ne connaissais pas la personne et que ce n'était pas le sens que j'avais donné au mot « peur ». Je croisais les jambes alors qu'il m'expliquait que le statut d'homosexuel n'était pas plus plaisant à l'Ordre du Phoenix qu'à L'Ombre de la Rose Noire. A vrai dire, ce n'était pas non plus la joie chez les Héritiers, mieux valait ne pas le dire. A personne. Point.

Je relevais vivement la tête à sa dernière remarque. Elle venait d'occulter tout ce que j'avais pu vouloir lui dire entre temps et je le foudroyais du regard.

« Comment ça je sais pas être méchant !!!??? » Ah il savait comment me faire sortir de mes gonds, c'était le problème quand on connaissait trop bien les gens. « Tu ne m'as jamais vu en colère ! Tu ne sais pas ce dont je suis capable quand je suis en colère ! Je peux faire mal. Très mal ! Tu pleurnicherais et tu appellerais ta mère tellement ! Et elle te reconnaîtrait même plus d'abord ! » Encore plus vexé, je me relevais pour attraper ma veste. Ça suffisait. Je n'avais pas envie d'être énervé au boulot. Enfin. C'était un peu trop tard à présent. Il avait intérêt à se rattraper avec une soirée bière sous peu. Parce-que de toute façon, je ne savais pas être fâché contre lui très longtemps. Ok. Il avait peut-être raison.