Il fallait être là pour comprendre toute la magie du moment.
Alors qu'il craignait écoper d'une mission de merde avec Lisa, comme seul Caïus peut les concocter quand il est de mauvais poil (soit tout le temps), il s'était plutôt retrouvé à se diriger vers le QG des Héritiers d'un pas guilleret. Joyeux. Le sourire qui s'était étiré sur ses lèvres lorsqu'il avait lu l'ordre de mission, par-dessus l'épaule de sa coéquipière du moment, n'avait pas fondu. Aller en Russie. Récupérer un artefact de magie noire. Avec Lisa. Et même que Caïus les avait appelés par leur prénom. Il était chanceux, aujourd'hui. Bon coup de karma.
Ça faisait presque dix ans qu'il n'était pas retourné en Russie.
Le brun transplana jusqu'à la porte du quartier général, avant d'y entrer pour voir leur contact qui les attendait, patiemment assis dans un des fauteuils un peu moisis. Lisa n'était pas encore arrivée, mais à sa défense, il était pour une rare fois ponctuel. Il était même arrivé en avance, impatient de remettre les pieds dans ce pays où il avait passé tant de bon temps, quand il n'était encore qu'un jeune adulte. Ça allait lui servir, finalement, toutes ses discussions dans la langue du pays avec Misha, faites pour ne pas perdre la main, au cas où d'une petite aventure inopinée comme celle-ci. Faust s'avança vers l'homme, qui se leva et accepta sa solide poignée de main, l'étudiant d'un oeil circonspect. Il avait l'air aussi chaleureux qu'une porte d'Azkaban.

« Vous êtes Waltz ?
- Ouais. Elisabeth va bientôt arriver, elle doit être en train de... se préparer.
- Alkaev. J'espère qu'elle ne sera pas en retard, nous n'avons pas que cela à faire. Charmant. Un accent à couper au couteau, en anglais, d'ailleurs. Ça allait bien avec ses manières froides et ses yeux scrutateurs. Un de vous deux parle-t-il russe ?
- Так себе. »
« Couçi-couça. »

L'homme lui jeta un regard agréablement surpris. Il parlait plus que « couçi-couça » le russe, il était bilingue et cette simple réponse trahissait cela. La porte du QG s'ouvrit et laissa passer Lisa, à laquelle Faust lança un immense sourire. Il était d'excellente humeur, c'était bien le cas de le dire. C'était assez rare qu'il le soit réellement, il fallait donc le souligner. Alkaev s'avança et serra la main de la jeune femme, tandis que Faust passait sa main dans son dos, brièvement, caressant la courbe de ses reins furtivement, avant de remettre ses mains dans les poches de son pantalon. Il avait envie de s'allumer une cigarette, mais avant de transplaner ou de prendre un Portoloin pour la Russie, c'était un très mauvais plan.

« Mademoiselle Macnair. Le portoloin nous attend. »

Un signe vers la botte qui reposait sur la table. Les trois Héritiers s'avancèrent vers elle et la prirent dans leur main. Quelques secondes de voyage houleux plus tard, il atterrissaient dans une pièce sobre, dans laquelle seule une table, deux chaises et des classeurs étaient placés. Une partie d'un quelconque QG russe ? De la maison de cet Alkaev ? Difficile à savoir. Faust s'appuya sur la table le temps que son cœur et son estomac se calment, il n'avait jamais été un fanatique des longues distances en Portoloin ou par transplanage, tandis que leur contact sortait une carte et l'étalait sur la table. Un plan.

« L'entrée du musée sorcier est située dans le Palais des Armures. Nous n'avons pas réussi à la localiser précisément, mais nous croyons qu'elle est située près de la galerie des armures. Un point montré sur la carte, du bout de la baguette. Une de celles exposées donnerait accès à la partie sorcière du musée. Le problème est qu'on ne sait pas laquelle, ni les dispositifs de sécurité mis en place. Il y a toujours un gardien qui rôde près des armures, nous supposons qu'il est sorcier, donc faites attention à qui vous parlez.
- Et on cherche quoi, exactement ?
- Un œuf de Fabergé. Petit regard d'incompréhension de la part de Faust, qui avait beau être un sorcier aguerri, mais pas un fana d'art. Une pièce d'art en forme d’œuf. Le Palais des Armures en expose plusieurs, si vous voulez y jeter un œil. Celui que vous cherchez est un des huit qui ont été égarés au fil des siècles, soit l’œuf aux perles. »

Trouver un machin en forme d’œuf, bourré de magie noire en plus de cela, ça devrait bien se faire, non ? Surtout si ça devait avoir des perles... Alkaev leur tendit une enveloppe, dans laquelle des billets de rouble et quelques pièces se tenaient. Pour payer leur entrée au musée moldu, probablement. Un petit sourire à Lisa, pendant qu'Alkaev leur montrait la porte. Il allait pouvoir se repérer aisément dans Moscou, il y était déjà venu plusieurs fois. L'homme partit donc devant, ouvrit la porte pour sa compagne, et dès qu'ils furent hors de la maison, cette dernière sembla disparaître entre ses voisines. Un clin d’œil charmeur pour Lisa.

« Prête à t'amuser, chérie ? »

La sang pure n'avait jamais mit ne serait-ce qu'un ongle en Russie. Tout ce qu'elle y voyait étaient des gens mal habillés car il y faisait trop froid. Des stupides mélanges de fourrures de toutes les couleurs, des chapeaux passés de saison sans oublier les chaussures... tout devait être de très mauvais goût.

A choisir, Lisa préferait perdre des orteils que de porter des choses laides et passées de saison, c'était une évidence. Heureusement pour eux (du moins elle l'espérait), ils étaient en mai donc il ne devait pas faire si froid que ça...

En apprenant qu'ils partaient en tête à tête avec son ancien amant, la journaliste avait été très claire avec lui : ils ne parleraient pas du mariage, rien du tout. Tout allait bien entre eux, ce n'était qu'une mission qui ne durerait pas bien longtemps car ils étaient trop doués ensemble. Voilà. En quelques heures ils auraient l'artefact et seraient de retour.

Presque pas en retard pour une fois, elle avait fait un bel effort pour une fois et même Faust était présent avant elle. Il allait pleuvoir des gallions... Le fait que leur contact la nomme 'Mademoiselle' la fit sourire imperceptiblement. Elle était veuve, bel et bien veuve. Sa vie lui appartenait et personne ne pouvait prendre la moindre décision pour elle sans son accord.

Le voyage ne fut pas trop désagréable et ils savaient quoi faire, il suffisait juste de se repérer dans cette grande ville, de trouver le musée, se débarrasser du ou des gardes et tout était réglé.


« Oh oui... ça va être hilarant... »

Elle avait lancé un sourire forcé à Faust avant de reporter son attention sur sa courte robe rouge qu'elle avait choisi pour l'occasion. C'était bien la couleur de leur pays froid alors voilà, c'était une sorte d'hommage à leur jolie nation qu'ils comptaient voler. L'oeuf serait bientôt la propriétés des héritiers et Caïus avait intérêt à ne jamais leur dire encore une fois que leur job était inutile ou elle lui ferait bouffer son oeuf adoré.


« T'as même pas complimenté ma robe... elle est passé où ta politesse mon amour ? »

Elle avait un peu froid, il fallait l'avouer mais le son sec de ses talons sur le bitume suffisait à lui faire réaliser que porter autre chose aurait été un suicide psychologique.

Est-ce qu'elle était stressée ? Peut-être un peu parce qu'il manquait certaines informations comme le nombre exact de garde ou l'emplacement de la salle. C'était un peu fâcheux mais ils allaient s'en sortir une fois dans le feu de l'action.


« Il compte rester avec nous tout le long ? A choisir, je préfère ton insupportable présence que la sienne, son accent déchire mes tympans... je vais avoir une migraine s'il l'ouvre encore une fois... »

Lisa leva les yeux au ciel exagérément et ne fit que les suivre jusqu'à leur destination finale

« Si on était pas en mission, je te croquerais. Un sourire presque carnassier, tandis qu'il laissait ses yeux détailler la robe plus que courte de sa collègue de travail et de mission. Tu devrais porter du rouge plus souvent. »

Oh que oui. Il remarqua aussi les frissons sur les bras de la jeune femme. On était en mai, donc la température était déjà beaucoup plus douce que lors de l'hiver, mais quand on n'avait pas l'habitude, il pouvait comprendre. Il faisait encore un peu frais et le vent du jour n'aidait pas à tout cela. Il retira son veston et le plaça sur les épaules de sa compagne, galamment, avant de rajuster sa cravate rouge, la lissant soigneusement sur sa chemise blanche. Il avait également opté pour le rouge, sans même savoir qu'il serait coordonné à Lisa, voyant simplement là une occasion de donner une pointe de couleur à ses habits très classiques. Et lui n'avait pas froid. Il avait chaud d'être ici, il avait chaud dans sa chemise à manches longues (comme toujours), il avait les yeux brillants sous son élégant chapeau. Les rues de Moscou étaient familières, il aurait pu les parcourir à pied et il comprenait tout à fait la réserve de Lisa face à leur contact russe. Faust ricana et replaça sa main dans le bas du dos de la brune, puis la fit glisser jusqu'à sa hanche, la rapprochant de lui doucement.

« T'inquiète, il ne va même pas nous accompagner jusqu'au musée, probablement. Ce serait trop louche. »

Comme de fait, l'homme s'arrêta brusquement au prochain coin de rue, faisant également s'arrêter le couple. Couple. Pas couple. Pseudo couple. Les deux adultes consentants. L'homme s'adressa directement à Faust, confirmant ce qu'il avait dit à Lisa :

« Je n'irai pas plus loin. Le musée est situé à quelques rues seulement d'ici, vous le trouverez aisément. Avez-vous besoin d'autres informations ?
- Et à quoi il ressemble, votre oeuf du Berger ?
- De Fabergé, corrigea sèchement Alkaev. À une perle. »

Ah oui. Trop facile. L'Oeuf aux Perles ressemblait à une perle. Il aurait aussi pu dire « à un oeuf » que ça aurait été aussi utile. Faust eut un mince sourire cynique, puis s'éloigna avec Lisa, laissant leur contact seul au coin de la rue sans même lui adresser un signe de la main. Ce n'était pas trop tôt... Il aimait bien être seul avec la jeune femme. Et l'être dans un autre pays, dans un pays où il se sentait comme une sirène dans l'eau, c'était l'idéal. Son caractère explosif était plus calme, apaisé par les souvenirs qui l'entouraient. Sa main était toujours sur la hanche de la journaliste et il se pencha pour l'embrasser sur la tempe, furtivement, ne regardant même pas où ils se dirigeaient. Il le savait, tout simplement. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant le Palais des Armures. Avant d'y entrer, l'homme se pencha pour dire à l'oreille de sa camarade, à voix basse :

« Je vais aller acheter nos billets. Après, on ira voir à quoi ressemblent ces fameux oeufs de Fabrice. »

Impossible qu'il retienne le nom de cette connerie d'oeuf. Il se détacha d'elle et partit à la billetterie acheter deux billets, surveillant du coin de l'oeil Elisabeth, qui était très facile à identifier comme une touriste, avec sa très courte robe rouge et son veston noir sur les épaules, signe qu'elle n'était pas habillée selon la saison actuelle. Peu importe. Il surveillait aussi les gardiens. Un seul gardien à l'entrée du musée, sérieux. Pas de gardes en vue, pour l'instant. Sans doute que dans les galeries, tout allait changer. Les moldus avaient aussi cet étrange système de caméras, pour filmer les visiteurs, donc peut-être aussi qu'il n'y avait pas de gardien du tout. Court-circuiter le système de surveillance ? Ça pourrait se faire assez facilement, même. Il en parlerait à Lisa après. Les billets de rouble se changèrent en entrées au musée, les quelques mots en une blague et lorsqu'il revint auprès de son amie, il était encore plus souriant que précédemment, si c'était possible. C'était donc le moment d'entrer et d'aller observer des œuvres tout simplement barbantes. Heureusement, il était en excellente compagnie.

Elle avait du rater un épisode dans la vie de Faust... comme d'habitude en fait. Lui qui savait se montrer parfaitement odieux et violent se comportait maintenant comme le meilleur ami voire amant possible. La veste sur ses épaules, les caresses furtives, les baisers doux et les sourires. A croire qu'il était un tout autre homme depuis leurs dernières rencontres à deux. Qui avaient été catastrophiques... totalement dans tous les sens du terme.

Ne plus en parler avait été son choix pour ne pas ressasser encore et encore ce dont il était désormais capable et bizarrement cela fonctionnait plutôt bien. La sang pure avait sourit légèrement quand il avait posé sa main sur ses hanches pour l'attirer contre lui. Et aussi quand elle s'était rendue compte qu'il portait une cravate assortie à sa robe. Ce n'était qu'un détail pour tout le monde, sauf pour elle qui notait encore une fois à quel point il pouvait parfois aller bien ensemble. Pas toujours, bien malheureusement.

Lisa avait presque murmuré le mot 'Fabergé' quand il s'était éloigné en parlant d'oeufs de Fabrice. Faust pouvait parfois être très lent et très ennuyant. Là c'était juste plutôt mignon et de le voir dans un endroit qui différait de leurs habitudes lui plaisait assez. Bon la Russie et le froid restait un truc d'arriérés mais tout de même.

Il revint bien vite à ses côtés et lui tendit son billet qu'elle garda fermement dans sa main avant de se pencher vers lui et de l'embrasser au coin des lèvres. C'était trop tentant et leurs vilaines habitudes de se chercher ne disparaissaient pas comme ça malgré tout ce qui s'était passé et se passerait entre eux. Il fallait espérer que cela ne change jamais ou cela signifierait que quelque chose ce serait définitivement brisé entre eux.

Préférant sortir de ses pensées déprimantes, la journaliste se contenta de sourire alors qu'ils pénétraient dans une immense salle après avoir passé le contrôle du gardien. Lisa agrippa le bras de son ancien amant et se colla à lui avant de lui murmurer :


« Il faut qu'on fasse un tour crédible d'au mois trente minutes, si on traverse tout comme des idiots on va se faire remarquer. Mais déjà rien que dans cette pièce tout est moche... quelle idée de mettre autant d'or et de faux trucs partout. Ils ont aucun goût... »

Elle fit une grimace et fronça son petit nez avant de reporter son attention sur Faust.


« Et je suis curieuse, on t'a jeté un sortilège pour que tu sois aussi souriant ? Tu es ivre... c'est ça ? Dis moi tout... si c'est pas ça c'est une femme... »

Devant son manque de réactivité elle ne put s'empêcher d'ouvrir grand la bouche d'un air surprit.


« Un homme ? »

Un léger frisson lorsqu'elle l'embrassa au coin des lèvres. La coquine. Elle le cherchait et elle risquait bien de le trouver. C'était comme si le mariage et son fiasco avait été effacé, ou tout simplement relégué à un autre plan le temps de cette mission hors de leur monde habituel. Oui, voilà, ils étaient dans une faille. Un petit hochement de tête pour approuver son chuchotement. Certes, ils allaient devoir faire un tour d'une petite demi-heure, avant d'aller flâner devant les armures pour trouver celle qui les ferait entrer dan la partie sorcière de ce musée. Ses yeux glissèrent sur les oeuvres exposées, dan cette pièce des tableaux dans des cadres dorés ouvragés à côté de vêtements richement décorés, et il grimaça légèrement. Ah oui, non seulement tout était horrible, mais tout était... surchargé. Il était un homme de minimalisme et cet abus de dorures, de bijoux et de pierres précieuses lui levait le coeur. À la limite, une épingle à cravate montée pouvait être bien, une broche élégante pour une, mais ça... c'était de la décadence.

« C'est vraiment affreux. »

Et c'était aussi prodigieusement inintéressant. Il était incapable d'apprécier une oeuvre d'art, ce n'était pas vraiment son rayon, et être dans un musée, même russe, l'ennuyait. C'était intéressant de voir tout ce que cette culture avait été, mais... enfin. Voilà. Faust eut un sourire amusé quand Lisa lui demanda s'il avait reçu un sort pour être aussi souriant, s'il était ivre, s'il avait une femme ou un homme dans sa vie, même. À cette dernière mention, il rit, d'ailleurs. Il se pencha et embrassa la brune sur le bout du nez.

« T'es mignonne. Non, je suis juste... heureux. D'être ici avec toi. »

C'était si simple, soudainement.
Il l'entraîna vers une autre pièce qui se révéla être une galerie qui affichait plusieurs objets d'art. Pas encore les oeufs de Fabergé -quoique selon l'indication en cyrillique sur un mur, ceux-ci se trouvaient dan la salle voisine. Parfait, comme ça, ils allaient pouvoir faire mine d'être intéressés par ce qu'ils voyaient avant de se diriger vers ces apparentes oeuvres. Les lourdes tapisseries et tentures de la pièce dégageaient une odeur de renfermé, de mort même. Et il y avait quelque chose de pas naturel, ici. Si ce n'était pas dans cette pièce, c'était dans ce musée. Il pouvait le sentir, il pouvait sentir son être attiré par les arts sombres chercher cette source magique pour s'y abreuver, pour la découvrir. Il se pencha et vola un baiser rapide à la sang pure, avant de lui tirer la langue comiquement, chuchotant en laissant ses yeux courir sur les parures exposées :

« Je remercie Merlin qu'il n'y ait pas de noblesse chez les sorciers. C'est ridicule tout ça. Puis, il reprit à voix plus haute, normale disons, d'autres touristes passant à leurs côtés, dans son anglais un peu rauque. Splendide ! La décadence des tsars était réellement un scandale, mais quelles oeuvres. »

La blague. Il serra plus étroitement Lisa contre lui et la dirigea vers la salle où les oeufs de Fabergé étaient exposés. Et en effet,. Ça ressemblait à des oeufs. Mais à des oeufs pondus par des poules en or, plutôt. Ils étaient immenses. Ça devrait peser une tonne, tous ces trucs ouvragés, recouverts d'or et de pierres précieuses. Faust s'arrêta devant l'Oeuf au Transsibérien, tout d'argent fait, ouvert sur un train en or er en platine. Il laissa échapper un sifflement admirateur. Ça, c'était du travail d'artisan. Il ne savait pas qui était ce Fabergé, mais... ça ne pouvait pas être entièrement un moldu. Impossible. Pas avec ce que les oeufs dégageaient, pas avec les regards fascinés des moldus autour d'eux. Il avança sa main, il ne pouvait évidemment pas toucher l'oeuvre protégée dans un carré de verre, et la posa sur la plaque. Elle était chaude. Trop chaude. Et il pouvait sentir. L'oeuf semblait vibrer, il sentait sa magie vibrer. Après tant d'années ? Ce n'était pas normal, ce n'était pas tout blanc.

« J'ose pas imaginer ce que dégage l'Oeuf aux Perles », murmura-t-il, avec fasciné que les moldus autour de lui.

Si l'artefact devait être empli de magie noire, il allait pouvoir le repérer de loin avant même de le voir. Il pouvait voir les tatouages de ses mains devenir plus foncés, plus intenses, quelques ramifications s'ajouter aux lettres tortueuses qui formaient le nom de son frère. Faust regarda Lisa, excité. Cette mission l'amusait.

Bon... le coup du 'je suis juste heureux d'être avec toi' la confortait dans son idée qu'il devait être complètement ivre. Faust Waltz ne disait jamais ce genre de chose, jamais ! Il n'était pas le genre d'homme qui déclamait son bonheur, surtout pas à son oreille et surtout pas le bonheur d'être tous les deux ! Par Merlin, est-ce qu'il avait la moindre idée ce que tout cela pouvait avoir comme effet sur elle ?

Et il l'embrassait, faisait le beau à coup de belles paroles pour les moldus autour. Un vrai gosse qui n'avait pas l'air de comprendre où ils étaient vraiment. Ce n'était pas une visite pour rire, il y avait quelque chose à ramener pour leur faction histoire d'avancer et de retrouver Wilhemina.


« Concentre toi, on est dans un musée moldu qui cache l'entrée du musée sorcier. Ils sont juste une poignée à connaître l'entrée et il n'y a pas que notre oeuf donc l'entrée peut être absolument n'importe où car il a dit qu'il pensait que c'était près du truc aux armures. C'est donc pas du tout une certitude... »

Certains oeufs étaient magnifiques et son envie d'en ramener un pour son salon se faisait de plus en plus grande mais là n'était pas le sujet. Il fallait rapidement qu'ils trouvent les armures en questions, qu'ils tournent comme des idiots histoire de voir s'il y avait quelques gardes qui tournaient... du moins s'ils étaient visibles. Un sortilège de désillusion était si simple d'emploi...

La sang pure attrapa une des mains de son compagnon et fut bien obligée de sourire en le voyant aussi ravi.


« Tu crois que tu pourrais sentir l'oeuf ? Parce que c'est notre meilleur plan possible en fait... soit on se fie à ton flair soit on traine du côté des armures pour tenter de voir s'il y a un gardien visible sorcier... »

Tout semblait soudainement plus complexe. Et dire qu'elle avait pensé que tout lui tomberait tout cru dans la bouche, après dix minutes elle avait déjà trop de questions qui l'assaillaient de toute part. Ils ne pouvaient pas trop se faire repérer, ils ignoraient les dispositifs de sécurité présents ou tout simplement l'endroit exact de l'artefact. Et il y avait fort à parier qu'une fois l'oeuf entre leurs mains, ils ne pourraient même pas transplaner. Les russes avaient des gouts catastrophiques en absolument tout mais ne semblaient pas être de trop gros sombres crétins.

Elle n'abandonna pas sa main, la serrant un peu plus fort dans la sienne pour reprendre ses esprits avant de se lever sur la pointe des pieds pour murmurer à son oreille.


« J'espère que tu te sens d'humeur chanceuse aujourd'hui... »

Roh la. Mais bien sûr qu'il comprenait tout à fait ce pourquoi ils étaient là. Ça ne l'empêchait pas de s'amuser, hé ! Surtout qu'elle ne le croyait pas, quand il disait qu'il était tout simplement heureux d'être là, avec elle. Pourtant, elle savait qu'il était d'une franchise... bon, d'accord, son honnêteté était parfois discutable, mais elle était capable d'identifier ses mensonges. Non ? Une petite moue quand Lisa lui demanda s'il allait pouvoir entir l'Oeuf aux Perles. Peut-être. Probablement, même. Il était plus sensible aux flux magiques que plusieurs sorciers, ses expériences en la matière étant assez variées, mais il ne voulait pas non plus induire sa compagne en erreur face à ses capacités. Il serra la main de la brunette, continuant de chuchoter pour ne pas que leur conversation soit captée de tous les touristes moldus qui s'extasiaient sur le oeufs à leurs côtés :

« Probablement. Vaut mieux écouter notre contact et aller voir du côté des armures. S'il y a une entrée, il y aura sûrement... je sais pas, des runes, quelque chose. Il faut juste qu'on ouvre les yeux. »

Facile à dire ? Oui, bon.
Une autre serrement de sa main.

« Je suis toujours chanceux, beauté. »

Ou il se sentait toujours chanceux. Nuance.
Il l'embrassa à nouveau, cette fois plus profondément, avant de l'entraîner dans la direction identifiée de la galerie des armures. Ça allait être le temps de détruire ce système étrange de caméras. Il pouvait les voir, accrochées au haut des murs, suivant les faits et gestes des visiteurs de leur oeil de verre. Étrange que celles-ci fonctionnent, d'ailleurs, avec toute la magie qu'il y avait dans ces oeufs de Fabergé, ainsi que dans un endroit situé à côté d'un musée sorcier. À Londres, ce genre de système élektectonique bousillait rapidement dès qu'une surcharge, même minime, de magie était dans l'air. Il y avait définitivement de la magie là-dessous. Il faudrait carrément les casser, donc, et non pas seulement faire griller le système, déjà régulé par de la magie. Et s'ils faisaient ça, les Russes allaient savoir que des sorciers étaient entrés.
Putain de casse-tête, ça.
Silencieux, Faust dirigea sa compagne vers la galerie des armure, où un gardien était en effet posté. Celui-ci les observa de la tête aux pieds, attarda son regard sur les jointures tatouées du journaliste, puis sur les jambes dénudées de la brunette, mais n'esquissa même pas un geste. Comme une statue. Il se pencha à nouveau vers Lisa, murmurant cette fois, pour ne pas que le gardien l'entende :

« Les caméras. Faut faire sauter leur système. Il y a déjà de la magie, donc... Peut-être qu'un sort pour faire fondre la lentille, ou l'obscurcir, pourrait fonctionner... Affirmation peu sûre, hésitante. Avant, faut trouver l'armure qui permettra d'entrer, ainsi que le fonctionnement de l'entrée. Faudra ensuite aller briser des caméra dans d'autres salles également, maîtriser le gardien, mettre une barrière anti moldus et entrer dans la partie sorcière du musée. »

Faust qui avait un plan ? Journée à noter ! En bon Gryffondor, il agissait souvent sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Il faut croire que la part de Serpentard en lui avait décidé de faire une judicieuse apparition, aujourd'hui... Un regard de biais aux armures, puis au gardien, qui semblait leur porter un intérêt plus que moindre. Retour à Lisa. Elle devait approuver son plan, tout de même. Et puis, ils allaient aussi devoir réfléchir à comment se repérer dans la partie sorcière du musée, ensuite, et comment voler cet oeuf sans se faire prendre.
Ou alors, ils pouvaient foutre le feu au musée. Moins discret, mais efficace pour faire évacuer les moldus.
Ça sonnait déjà comme un mauvais plan et il n'avait même pas encore eu l'idée.

Tout ca semblait tellement complexe. Ils n’étaient que deux ! Juste deux sorciers à peine préparés qui devaient tout inventer sur le tas. Tu parles d’une aide.... et l’autre russe qui était parti et ne servait à rien du tout. Non mais vraiment, quelle bande d’incapables.

Lisa avait écouté la petite tirade de Faust et n’avait pu que soupirer quand il avait cessé de parler. Non mais c’était perdu d’avance ! Ou alors ils devaient se faire passer pour des employés mais elle ne parlait pas russe et ils n’étaient pas connu alors quoi ? La jeune femme fit son avancée dans la fameuse salle des armures, jetant des coups d’oeil un peu partout pour tenter de repérer des sorciers ou des moldus suspects.


« Sérieusement ? On est censé faire tout ca comment ? »

Elle resserra son étreinte autour du bras de Faust et se délecta quelques secondes du bruit de ses talons sur le parquet parfaitement ciré du musée russe.


« A part observer en se cachant dans un coin ou toucher à tout... »

Ce qu’elle fit en lui jetant un regard effrontément coquin. Juste un doigt posé sur une des armures alors que le gardien regardait un autre couple qui entrait. La brune fixa de nouveau Faust et fit quelques pas pour toucher l’armure qui suivait. Puis la suivante, cette fois en lui tirant la langue de manière bien trop aguicheuse, un simple jeu innocent en apparence.

Et encore quelques unes avant d’entendre le gardien dans leur dos alors qu’elle allait en toucher une qui ressemblait aux autres. Faust avait l’air d’aimer son petit jeu, levant les yeux au ciel quand elle faisait trop. La sang pure aimait le pousser tout doucement mais surement. Des années plus tôt cela se terminait bien souvent sans sous vêtements contre un mur ou sur un meuble quelconque. Plus depuis bien longtemps...

Le grand blond les rejoint rapidement et commenca à déblatérer tout un discours en russe qu’elle ne comprit pas. Surement un truc de gardien horriblement chiant qui lui faisait se demander si elle n’avait pas mit le doigt sur la bonne armure...


« Oui oui... je m’appelle Lola et j’adore manger des baguettes avec du fromage et des croissants. »

Un large sourire aux lèvres, elle avait articulé ce qu’elle avait pu de son plus beau francais. L’énervé de service prononca encore quelques phrases et finit par tourner les talons pour reprendre sa place initiale.


« Tu crois que c’est ca ou c’est juste un hasard ? Au pire l’idée du feu n’est pas stupide... il faut une diversion... »

Lisa ne quitta pas son armure des yeux et promena son regard clair dans la grande salle jusqu’à les arrêter sur trois personnes toutes nouvellement entrées. Et un grand sourire carnassier naquit sur ses lèvres alors qu’elle rapprochait ses lèvres rouges sang de l’oreille de son ancien amant.


« Diversion... ca me fait penser à un mot... Impero... »

« Toucher à tout ? Tu m'intéresses. » Il avait déclaré ça sur un ton laconique, amusé, et s'éloigna de lui en posant un doigt sur chaque armure, accompagnant le tout de grimaces et moues coquines qui le firent rire. Son petit jeu était amusant, mais ça n'allait probablement rien donner... sauf si le gardien rappliquait subitement, aussi brusquement que s'il venait de transplaner à leurs côtés. Pile quand Lisa avait mis le doigt sur une armure, dont la légère teintée bleutée le fit penser à leur petit expédition de jeunesse, à Poudlard, quand ils étaient en cinquième année. Le gardien s'empressa de déblatérer un petit monologue à l'attention de sa compagne, dans un russe que Faust comprit sans problèmes et probablement pas ladite compagne, qui ne parlait pas un traître mot de cette langue. « Merci de ne pas toucher aux oeuvres exposées, celles-ci sont fragiles et les exposer à un contact peut les abîmer. Oui oui... je m'appelle Lola et j'adore manger des baguettes avec du fromage et des croissants. » Faust mit son visage entre ses mains pour ne pas éclater de rire franchement. Cette femme était prête à tout, et là, elle était surtout prête à se soumettre au ridicule. Il avait compris ce qu'elle avait dit, il avait quelques utiles et bêtes notions de français, et ça ne faisait non seulement aucun sens, mais ça ne répondait pas non plus aux réprimandes du gardien. Celui revint de son hébétude et ajouta, pour la forme : « Faites attention où vous mettez vos mains. » Le molosse tourna les talons et retourna à son poste, ne les quittant toutefois pas des yeux. Bon. Tant pis pour la discrétion. En même temps, vu leur dégaine, ça n'avait jamais été très discret, qu'ils soient ici. Le journaliste hocha la tête négativement quand la brunette lui demanda s'il pensait que ce n'était que le fruit du hasard, le fait que Garde Chiant soit venu les gronder en plein quand elle touchait cette armure-ci.

« Non, d'après moi, ce n'est pas qu'un hasard. Je vais regarder l'armure. » Si cette armure était leur porte d'entrée, il devait forcément y avoir une façon de... l'actionner ? Quelque chose comme ça. Peut-être des runes, un code, une combinaison d'armures à toucher, un chant à entonner, du sang à verser. On parlait de la Russie, donc de magie noire, presque par extension, et en magie noire, le don de sang était fréquent. Ses yeux regardèrent les nouveaux arrivants, puis Lisa qui jetait discrètement un sort d'Impero sur un d'entre eux. Oh. Bonne idée. Si ça pouvait distraire leur molosse et le faire sortir de la salle, il était bien pour. Lui-même sortit sa baguette discrètement et la fit passer dans la manche de sa chemise, la dissimulant aux regards indiscrets, et regarda la caméra fixée sur lui. Il se déplaça un peu, pour être dans son angle mort, et fit mine de s'intéresser à une autre armure, tout en pointant sa baguette sur la caméra. Obscuro. Il ne le vit pas, mais le sort avait obscurcit la lentille de la caméra de sécurité. Il répéta l'opération avec une autre, mais laissa celle qui donnait sur l'entrée de la salle. Ils avaient un peu de temps.

Faust s'appliqua à lire le petit texte qui était vissé sur le mur, à côté de la statue. Apparemment, cette armure avait été portée par un tsar, sans que son nom soit nommé, et avait plusieurs fois servi dans des combats sanglants, et que la couleur bleue de l'armure était encore un mystère pour les historiens. Autant pour lui. Le Palais des Armures n'était pas situé dans le Kremlin pour rien : vu la collection de richesses présentes, son prestige n'en était que plus grand. Sa sécurité aussi. Entre les Oeufs de Fabergé et le diamant Orlov, il y avait de quoi craindre un vol. Pourtant, quelque chose lui disait que les choses les plus importantes ici n'étaient pas visibles. Profitant de la diversion faite par son amie, le journaliste laissa ses mains glisser sur les plaques de l'armure bleue, à la recherche de signes gravés dans celle-ci, de taches de sang séchées. Ses doigts rencontrèrent quelques chose au niveau du bras gauche, sur le gantelet de l'armure. Ubi est, mors, victoria tua. Du latin. Le russe, ça allait, mais le latin, là... S'il en avait eu quelques notions, il aurait comprit la maxime. Mort, où est ta victoire ? Il ne savait pas ce que cela voulait dire, mais il savait que si quelque chose avait été écrit là, c'est que c'était la bonne armure. Ses doigts continuèrent de glisser sur le gantelet, jusqu'à glisser au coude, l'épaule, jusqu'à revenir au casque. Derrière celui-ci, il toucha de nouvelles inscriptions. Par contre, impossible de les lire, vu l'orientation de l'armure. Il allait devoir deviner. Prudemment, ses doigts glissèrent sur les interstices timidement tracés, s'attardèrent sur les entailles dans le métal bleu, jusqu'à déchiffrer, dans un alphabet cyrillique abîmé, un proverbe russe. L'eau n'oublie pas son chemin. Enfin, ça, c'est ce qu'il croyait. Le mot 'eau' était tellement abîmé qu'il avait peiné à le déchiffrer, et en vérité, il avait la nette impression que ce n'était pas le bon mot. L'idée de sang n'avait pas quitté son esprit et c'était bel et bien 'sang' qu'il avait compris, au début, avant de ramener son esprit à l'ordre et de revenir à ce réel proverbe, existant, et non pas à sa variante qui n'existait nulle part ailleurs qu'entre ses deux oreilles. Ils ne se ressemblaient même pas, comment avait-il pu confondre ? Faust tâta une dernière fois la maxime et se recula, revenant dans le champ de vision des caméras. L'armure légèrement bleue était la seule qui tenait une arme, une épée fièrement plantée devant elle. Encore aiguisée. Faust massa ses tempes du bout des doigts et sortit de la salle pour aller dans une autre. Lisa comprendrait qu'elle devait l'y rejoindre et le temps que cela se fasse, il avait le temps de réfléchir.

Calé devant un carrosse fait d'or, ou d'il ne savait quoi, le journaliste repassa dans sa tête ce qu'il savait. Déjà, c'était cette armure. Ensuite, il y avait sur elle deux inscriptions : une en latin, ce qui était bien étrange sur un truc russe, et une en russe qui portait à confusion. Puis, elle avait une arme, et pas les autres. Il se remémora le petit texte à côté de la statue et revint rapidement dans la salle pour le lire. Touché. Il y avait la traduction de la citation latine, à laquelle il n'avait pas porté d'attention. Là, ça devenait aisé de faire des liens... Faust retourna dans l'autre salle. Mort où est ta victoire, le sang n'oublie pas son chemin. Il y avait une corrélation, c'était évident. Et la citation latine qui était si claire, si facile à lire, à décrypter, alors que le russe était là depuis bien plus longtemps, puisqu'il était usé. Serait-ce possible que le musée emploie un moyen aussi simplet que le sang pour entrer ? Ou alors une bataille ? Peut-être. S'ils étaient des sorciers, ils pouvaient deviner et entrer d'eux-mêmes sans se faire détruire. Sa collègue revint à ses côtés et il lui fit part de ses réflexions, en chuchotant. « C'est bête et tellement basique. Pour entrer, il faut faire un don de sang. Je ne suis pas certain, mais il faut se blesser soi-même avec l'arme de l'armure. Tu avais raison, c'est celle-là. Comme ça, l'armure... gagne le combat, mais on reste vivant. Les sorciers russes ont toujours eu un fort rapport avec la domination, la victoire. Il laissa le silence planer une seconde. Je vais me blesser. Ça ne me dérange pas. Il en avait surtout l'habitude. Pour la diversion... une idée ? Faudra que tu ne sois pas trop loin, pour pouvoir entrer toi aussi. »

“Don du sang, domination, victoire... ca me rappelle quelqu'un. Tu es né dans le mauvais pays à la mauvaise époque. Je t'imagine si bien dans un costume russe a boire plein de vodka avec plein de sorciers à longues barbes...”


Elle rit légèrement pour ne pas penser à cette histoire de sang, c'était d'un salissant et d'un vulgaire. Non mais quelle idée stupide et le pire là dedans c'est que c'était d'un commun... si commun que cela en devenait franchement ininteressant. La preuve ! Tout le monde y pensait alors l'intérêt était tout bonnement nullisime. Pas de secret ou d'enigmes incroyable là dedans, juste... un peu de sang. Et heureusement que le brun se proposait pour le faire, pas qu'elle soit une douillette (après tout elle avait mit un gros bébé au monde) mais cela ne lui plaisait pas plus que ca et il allait falloir qu'elle lance un impero et donc qu'elle se concentre.

La sang pure sourit à son ancien amant et déposa un baiser trop près de ses lèvres avant de patienter un instant que le garde ne la regarde pas, qu'elle puisse se placer de manière à voir sa victime et elle inspira.


“Impero”




Spoiler:



“J'ai planté le sort... je sais bien que je suis extrêmement mauvaise en sort mais à ce point là c'est magique... On fait quoi ?”
“Hey !”
“Faust !”

Fallait-il qu'ils avortent leur mission ou alors foncer dans le tas suffirait à leur donner une chance ? Ne manquait plus que le garde sorte sa baguette car Lisa aurait mit sa main à couper que c'était le cas. Il fut près d'eux bien vite et lorgna d'un air agressif sur la main désormais vide de la journaliste. Les poches presque invisibles pour baguettes étaient la plus belle invention de ces derniers siècles.


“Je ne parle toujours pas un mot de russe cher ami !”

Il fallait bien que son joli sourire soit utile pour quelque chose...

« Tu n'as pas toujours rechigné sur la domination, d'ailleurs. » Il avait dit ça avec malice, un clin d’œil plutôt équivoque venant compléter la pointe lancée après le commentaire de Lisa. Il ne pouvait pas dire en effet à quel point il avait adoré la Russie, son climat (enfin, bon, non, il détestait l'hiver et le froid), ses habitants, sa langue rugueuse, ses traditions, mais il pouvait toujours faire le pitre. Détourner le sujet habilement. Il aurait pu se retenir, évidemment, penser à sa main autour de sa gorge, de son cou pâle, penser à toute la colère, mais non. Il voulait rire. S'amuser. Avec elle. Avec elle qui lui donnait un baiser trop près des lèvres

Il lui faisait confiance. Évidemment. Alors qu'elle allait plus loin pour aller jeter un sort à un visiteur, le sorcier se pencha et entama sa main sur l'épée trop bien aiguisée. Plus fort que prévu, cela dit. La lame trancha profondément la paume de Faust, qui se mordit les lèvres violemment pour ne pas gémir de douleur. Il voyait son sang clair tacher l'épée et il n'eut pas le temps de regarder s'il avait bien deviné que la voix de son amie le rappelait à l'ordre.

Hé merde.

Faust se redressa, sa main serrée contre lui. Pas le temps d'en guérir la blessure, il put seulement refermer ses doigts sur la blessure, dans un réflexe de protection, et fixer le gardien qui venait de revenir vers eux. Rien dans les mains, aucune baguette, mais tout se lisait dans leurs yeux. L'homme s'adressa agressivement à lui quand la brunette lui rappela qu'elle ne parlait pas une broque de russe, crachant à moitié au visage du journaliste qui tenait sa main blessée contre son torse en espérant ne pas trop tacher sa chemise (le sang était toujours galère à enlever, magie ou pas) : « Qu'est-ce que vous faites ici? On est seulement venu au musée, pas la peine de hurler.* » Il savait qu'ils n'étaient pas ici que pour le musée... et surtout pas pour le musée moldu. Un horrible grincement de ferraille fit cependant sursauter les sorciers et c'est avec précipitation que le gardien sortit sa propre baguette pour jeter un sort et faire sortir les moldus de la salle, leur faisant sans doute apparaître une fulgurante envie d'uriner.
Après tout, une armure qui descend de son socle pour laisser apparaître une entrée dans un mur, l'épée rouge d'un sang qui a cheminé jusqu'à teinter entièrement sa lame, ce n'est pas commun.
Tous les trois regardèrent le trou. Se regardèrent. Regardèrent la baguette du gardien, qui fulminait sur place. « On entre? » Faust avait lancé ça avec enthousiasme à sa comparse, la précédant dans l'entrée du musée sorcier, tout en fouillant dans sa poche pour en ressortir un mouchoir à nouer autour de la paume de sa main gauche.

Nos amis sont-ils surveillés?:

À peine furent-ils entrés dans le musée que l'entrée se referma derrière eux, l'armure reprenant sa place. Et qu'un guide apparu à leurs côtés, littéralement, sans sourire sur un visage fermé. « Bonjour, je m'appelle Andrei Matveiev, je serai votre guide le temps de votre excursion dans le Musée Sorcier de Moscou, une fierté nationale relatant les victoires du peuple russe. Il y a douze salles d'exposition, réparties sur trois étages, ainsi qu'un café, un mini bar, les toilettes sont à gauche, seulement quatre salles sont ouvertes, l'entrée est au coût de six Mornilles par personne avec un rabais pour les dames à cinq Mornilles, veuillez me suivre s'il vous plaît jusqu'à l'entrée et ensuite nous commencerons notre visite.* » Il avait parlé à une vitesse hallucinante, sur un ton monocorde, et Faust avait à peine eu le temps de comprendre ce que l'autre lui avait déblatéré en russe qu'il était devant le guichet à payer deux billets pour Lisa et lui, onze Mornilles de sa poche et non pas de celle du Q.G. (il enverrait sa facture à Caïus), et qu'il savait qu'ils étaient encore plus dans la merde. Les autres avaient repéré leur manège, c'était certain, ils savaient qu'ils n'étaient pas là de façon anodine. Et l'autre Andrei se tenait si près d'eux qu'il pouvait sentir son haleine.
Foutu putain de merde.


*en russe dans le RP

La brune avait réellement cru que le plantage de son sort allait être leur arrêt de mort ou du moins le début d'un joli combat pour sortir en entier de ce maudit musée. Mais non... ce que les russes pouvaient être mignons des fois il suffisait de se faire un peu trop remarquer pour qu'on vous invite à rentrer. Meanwhile in Russia donc..

Faust paya et Lisa eut du mal à déglutir en sentant cet homme qui les collait comme une saloperie de sangsue. Comment étaient-ils censés faire quoi que ce soit avec ce type collé à ses escarpins ? S'il était très clair qu'ils devaient ne pas se faire avoir pour ne pas attirer les soupçons sur le pays et particulièrement le faction, il devenait logique qu'ils étaient en plein échec. Tuer ce type ou le stupefixer ne leur ferait gagner que du temps car il fallait trouver l'artefact, s'en saisir et ressortir. Sans leur guide, les russes ne les laisserait pas s'en aller. Il fallait aussi ajouter la partie moldue du musée à retraverser. Peut-être que deux autres héritiers auraient pu s'en sortir mais eux ? Vraiment ?


« J'ai faim... »

La petite brune avait agrippé le bras de son ancien amant dès qu'il eut payé et se laissa trainer à contrecoeur dans la première salle. Il était fort probable que l'exposition soit fantastique mais la sang pure était incapable de se concentrer sur la beauté des oeuvres. Et cet oeuf pouvait bien finir dans de la bouse, elle s'en fichait complètement. Les missions ne marchaient pas souvent... sinon ce seraient eux à la tête du Ministère, pas Kark. Alors les blâmes seraient minimes voire inexistants.

Mais comment faire passer le message à son collègue.


« C'est tout à fait splennnnnnnnnndide mon chéri mais j'ai vraiment faim, mes chaussures me font un mal de chien sans parler du rapport que je dois faire au boulot. Donnnnnc... »

Elle planta ses ongles dans son biceps en le forçant à se pencher pour qu'il la fixe dans les yeux. Et elle l'embrassa à pleine bouche, passant ses bras autour de son cou pour se coller à lui, faisant comme si leur suiveur n'était plus là.

Quitte à tout tenter, autant rendre les choses agréables. Et puis ce n'était que du théâtre. Rien de répréhensible.

Le sorcier sortit sa baguette, cette fois sans se cacher, pour sommairement soigner la coupure à sa main, qui avait bien imbibé de sang le mouchoir noué autour de sa paume. L'épée avait profondément entaillé sa chair, la douleur était sourde, et même un sort de guérison n'avait pu tout refermer. Il n'était pas Médicomage, mh. Il allait régler ça plus tard. Au moins, comme ça... c'était moins pire. Faust fit bouger ses doigts et resserra un peu plus le bandage de fortune, emboîtant le pas à leur guide ascendant sangsue. Parce qu'en effet, le Russe marchait limite entre Lisa et lui, toujours en les regardant avec des yeux soupçonneux. Un regard si perçant qu'il donnait l'impression de vouloir lire dans son esprit.
Ses yeux allaient du guide à Lisa. Il n'était pas télépathe, grand malheur de sa vie, et il aurait voulu lui demander si elle avait une idée. Parce que lui non. Ils ne pouvaient tout de même pas se débarrasser du guide... en fait, oui, ils pouvaient s'en débarrasser, mais il était à peu près sûr qu'ils n'allaient pas ressortir d'ici vivants. Ou en un morceau. Ou les deux. La journaliste s'arrêta, subitement – bon sang, elle avait réellement lu dans son esprit. Sauf qu'il ne voyait pas vraiment où elle voulait en venir. Même quand elle planta ses ongles dans son bicep, les pointes de ceux-ci meurtrissant sa peau à travers sa chemise. Faust se pencha... et elle l'embrassa à pleine bouche.

C'était inattendu, quand même.

La surprise se dissipa cela dit bien rapidement et Faust prolongea le baiser avec enthousiasme, oubliant la présence de leur suiveur qui se raclait la gorge avec gêne, ou même l'endroit où ils étaient en train de s'embrasser comme s'ils ne l'avaient pas fait depuis... euh, ça ne faisait pas si longtemps que ça, quand même, non? Il ne put empêcher sa main de se lever, avec comme but bien avouer de se poser sur le sein de la brune, et dans son mouvement pour reculer... il recula dans un présentoir. Il lâcha Lisa in extremis pour rattraper le vase, sans doute un vase Ming de tel sorcier Chinois complètement fada... et le vase glissa de sa main poisseuse de sang pour éclater au sol dans un craquement sinistre.

Oups.

Le guide se précipita à côté d'eux, repoussant vivement le journaliste, qui s'étouffa de rire dans le cou de sa compagne de mission. Un chuchotement : « Oui, je pense que c'est un bon moment pour partir. » Et sitôt dit, sitôt fait, il attrapa la brunette par la main pour sortir de la salle. Passa devant celle où les œufs de Fabergé étaient – et il s'arrêta net pour regarder dans la salle. L’Oeuf. Il le chercha du regard – ils étaient là pour ça et ils avaient réussi de façon vraiment inattendue à se décoller de leur guide pour 5 minutes, mais avant qu'il puisse effleurer du regard l’œuf à la coquille perlée, délicate, irisée et attirante, le garde revint dans leur champ de vision. Avec une expression de pure haine sur le visage. Bouse de troll. Faust et Lisa recommencèrent donc leur chemin vers la sortie. Plus rapidement. Quasi en courant, malgré les talons de la journaliste. Il n'avait pas fait exprès de faire tomber le vase, ils n'allaient pas le poursuivre, non ? Non ? Il venait déjà de se faire racketter onze Mornilles pour un musée qu'il n'avait même pas regardé. L'homme s'arrêta au guichet d'entrée, où le guichetier était en train de feuilleter un magazine. « La sortie est-elle la même que l'entrée ?* » Le guichetier secoua la tête et leur indiqua une simple porte, d'un bleu vif, contre le mur opposé à celui de l'armure. Pas le temps d'attendre. Quelques secondes plus tard, ils ressortirent... dans l'arrière-boutique d'un magasin abandonné. Quelque chose gros comme la poche de son pantalon qui sentait la friture qui débouchait dans la ruelle la plus louche de toutes les ruelles recensées mondialement. Pas le temps de s'attarder, cela dit, et ils retournèrent à toute vitesse vers d'où ils étaient partis. À un coin de rue attendait Alkaev, leur correspondant étranger. Il ne dit rien tant qu'ils ne furent pas retournés dans la maison, discrètement évidemment. « Vous n'avez pas réussi, je présume. » Oh, hé. Ce petit ton supérieur, un peu sentencieux, ne plaisait pas du tout à Faust. Oui, bon, ils avaient échoué, mais s'il était si malin que ça, il n'avait qu'à aller le chercher lui-même, son putain d’œuf de bergère. Pour la peine, il ne lui dirait pas c'était quelle armure qu'il fallait soudoyer pour entrer dans la partie sorcière du musée. Na.

« Ils nous ont collé un garde aux talons. On pouvait même pas respirer tranquillement – alors piquer une œuvre d'art... » Alkaev hocha la tête et fit un geste de la main pour leur désigner le bouquin - un truc épais et râpé avec les mots « Holy Bible » dessus – qui leur servait de Portoloin de retour. Une cochonnerie de plus à jeter dans la pile des Portoloins usagés.

Ils avaient essayé, au moins.