Billy était déjà prêt depuis plusieurs heures et il avait tourné chez lui comme un lion en cage, la bave aux lèvres pour un peu plus de mimétisme avec la métaphore. Il rêvait de se dégourdir les jambes en missions depuis plusieurs jours, si ce n’est depuis plusieurs semaines. Il avait cassé les pieds à tout le monde. Il voulait de l’action, servir à quelque chose. Quand il avait lu le parchemin, il avait cru que c’était Noël ; une mission … à l’étranger et en compagnie de Nathaniel. On lui aurait proposé à la clé des demoiselles en petite tenue avec des bières-au-beurres qu’il se serait rapproché de son idée du bonheur…sans aucun doute. Le jeune homme était heureux de quitter l’atmosphère grise de la capitale anglaise pour voir du pays. Le changement d’air ne lui ferait que du bien.

L’Ukraine, l’Ukraine… Il n’y avait jamais mis les pieds malgré ses origines ; slaves de son père, et la proximité avec la Russie. Ils avaient cela dit bien choisit leurs hommes car si la langue officielle était l’Ukrainien, le Russe y était couramment parlé et cela pouvait s’avérer utile au vue de l’objet de leur mission. Au pire, il serait en mesure de demander où se trouve les toilettes les plus proches et c’était déjà sacrément bien. Comme quoi son ordure de paternel pouvait lui servir à quelque chose par moment.

Quoiqu’il en soit le mot Basilic résonnait dans sa tête comme une douce mélodie. Evidemment, il n’était pas stupide au point de savoir que ce ne serait pas de tout repos. Des œufs de Basilic ? Une vente aux enchères dans un coin paumé de l’Europe ? Cela ne sentait pas le légal, qui plus est s’ils étaient envoyé, Nathaniel et lui, aussi discrètement. Mais la meilleure des factions avait parfois à prendre le taureau par les cornes. Billy n’y voyait aucun problème et surtout il était excité. Il aimait les bestioles. Et c’était apparemment une mission importante, de quoi faire bouillir son sang par anticipation.

Le jeune homme jeta un coup d’œil à l’heure affichée sur sa montre gousset qui jusqu’à l’heure reposait contre sa poitrine. Il allait devoir y aller. Ils avaient convenus avec Nathaniel de se retrouver pour prendre le portoloin jusqu’à Kiev. Celui-ci devait se trouver en dehors de la ville à la lisière d’une forêt peu fréquentée ; un endroit discret en somme. Il aurait préférait transplaner jusqu’au lieu dit mais impossible évidemment.

Et il devait le dire, il était content d’être couplé avec Nathaniel pour cette mission : comme au bon vieux temps. Occupé comme ils étaient, ils n’avaient plus forcément le temps de se voir autant qu’auparavant si ce n’est autour d’un verre pendant une ou deux heures pour se tenir au courant de la vie de l’un et de l’autre. Il comptait le nombre de ses amis sur les doigts d’une seule main et était plus réputé pour être un solitaire que quelqu’un de très sociable. Ce qui en règle générale ne le dérangeait aucunement mais il fallait avouer que c’était agréable d’avoir avec soi quelqu’un qu’on estimait.
Ça et partir pour une mission risquée était toujours plus réconfortant quand c’était en compagnie de quelqu’un qu’on appréciait et en qui on avait confiance. Il n’aimait déjà pas avoir à bosser avec des inconnus ou des connaissances dans la vie de tous les jours, encore moins lors de mission où un simple geste idiot pouvait s’avérer des plus dangereux.

Il n’était pas un loup solitaire pour rien.

Il vérifia une dernière fois qu’il avait tout ce qu’il fallait en jetant par réflexe un regard autour de lui, Nathaniel se chargeait de garder l’argent sur lui.

Après une dernière vérification, il transplana près de l’endroit convenu pour le rendez-vous et fit les derniers mètres à pieds resserrant son manteau épais contre lui ; le froid des pays de l’est, il connaissait, il était persuadé qu'il allait avoir froid..

Bientôt la silhouette reconnaissable de son ami de toujours, il était déjà là. Arrivé à sa hauteur, il eut un léger sourire pour lui avant le saluer.

« Hey mate, prêt ? »

Mission, mission mission ! Ce mot tournait en boucle dans la tête du Médicomage. Nathaniel rouvrit les yeux et sauta du lit ou il s'était allongé pour faire une sieste. Mais bien sur, impossible de dormir, alors il s'était contenté de se tourner et de se retourner dans le lit d'Hudson... Non, le sien. Il n'arrivait pas encore à s'y faire : oui, il avait emménagé chez Hudson, deux semaines auparavant. Il avait changé son adresse de hibou, avait signé la cessation de bail de son appartement à Pré-Au-Lard qui ne lui servait de toute manière plus à grand chose, avait fait toutes les démarches administratives qu'il fallait. Au revoir, liberté, au revoir squattage interminable chez sa belle ! Il était désormais ici chez lui. Mais il n'arrivait pas encore à réaliser tout ce que cela impliquait. Ou plutôt, il se le répétait, mais cela n'était pas encore bien rentré dans sa petite caboche. Tous les soirs, il continuait à déposer son manteau sur le fauteuil dos à la fenêtre, dans le salon, sans comprendre qu'il avait désormais un placard à lui. Et ce n'était qu'un exemple parmi tant d'autres. Mais le problème, en ce début Avril de l'année 2020, c'est qu'il avait reçu un ordre de mission. Alors oui, il était tout excité à l'idée de repartir enfin sur les routes avec son ami Billy, son camarade en crimes, celui avec qui il avait tout fait. Mais le médicomage avait été confronté à un problème, oh, certes mineur, mais cela restait quand même une ombre au tableau. Hudson. Il lui avait annoncé la nouvelle quelques jours auparavant, et avait remarqué cette lueur d'inquiétude dans son regard. Il avait beau la rassurer, lui dire que tout se passerait bien, mais il voyait bien que la jeune femme n'en croyait pas un mot. Il fallait dire aussi que c'était la première mission qu'il lui confiait. Elle avait été à l'Ordre, et toute divulgation d'informations concernant la faction était considéré comme traitre. Avant, il imaginait des voyages, des stages qui le forcaient à partir pendant plusieurs jours... Et puis, il ne vivait pas avec elle. Maintenant, tout avait changé, et l'ancien infirmier détestait mentir à la jeune femme. Il lui avait tout dit, toute la vérité, ou presque. En voyant l'air inquiet et son air tendu, en écoutant son "Ah..." qui voulait tout dire, il avait légèrement adoucit la mission. Mervyn leur avait dit que ce ne serait pas de tout repos, et il l'avait cru sur parole. Mais Hudson Higgs n'avait pas à s'inquiéter plus que de raison.

Elle n'était d'ailleurs pas là. Elle était de garde à l'hopital, laissant ainsi le champ libre à Nathaniel pour se préparer en toute tranquilité, ou du moins dans la mesure du possible. Son sac était prêt depuis la veille, et le Serpentard n'arrivait pas à tenir en place: son regard revenait sur l'horloge de la cuisine toutes les dix secondes. Il avait hâte de partir, de se défaire un peu de toute cette attitude londonienne qui l'épuisait. Et, plus que tout, il voulait s'éloigner de tout ce qui représentait l'Ordre du Phénix. Les lettres incessantes de son jeune cousin, toute cette histoire avec les Callaghan. Le médicomage voyait du Phénix partout, et cela le rendait irritable. Les idées de cette bande de terroristes se propageaient de plus en plus tout autour de lui, comme pour le narguer. Et lui restait là, et tentait de se montrer impassible alors qu'au fond, tout ce qu'il souhaitait, c'était la paix et l'ordre. Une société rangée, ou tout le monde se plierait au pouvoir en place sans plus d'explosions de manoir, d'assassinats de candidats, ou quoi que ce soit. Il attrapa son sac, vérifia la présence du balai et de son kit de survie, de sa trousse de Médicomage, des rations de nourriture, et de la valise qui contenait les gallions. Celle-ci avait changé de forme par simple précaution, et s'offrait aux yeux de tous sous la forme d'un couteau suisse sorcier. Hudson lui avait soufflé l'idée sans le savoir en lui rappelant de ne pas oublier son matériel de camping. En auraient-ils besoin? Le médicomage ne le savait pas, mais dans le doute, il l'avait également emporté. Le sac en bandoulière qu'il porterait pendant toute la durée de la mission avait subi plusieurs sorts pour le rendre plus aisé à transporter, et ne pesait pas plus d'un ou deux kilos lorsqu'il le passa par dessus sa tête. Nathaniel referma son manteau doublé de fourrure d'Auroudoudou. S'il avait bien chaud pour le moment, il savait d'avance que ça ne serait pas toujours le cas, même si l'Ukraine était un pays plus chaud que la Suède d'ou il venait, mieux valait prévenir que guérir. Un dernier regard à l'horloge et il sourit. C'était l'heure. Enfin. Plop.

« Hey mate, prêt ? » Le sorcier s’avança en resserrant les pans de son manteau autour de lui, et franchit les derniers mètres qui le séparaient de son ami en souriant. Le vent soufflait et il replaça une mèche de cheveux en arrière. « Prêt ? Tellement, si tu savais... Je suis prêt depuis des heures, moi ! Tu me connais, je fais genre, mais au fond j'arrive pas à rester en place. » Il regarda son ami pendant quelques instants avant de se reculer légèrement, et poussa un soupir de contentement. Mine de rien, ça lui faisait tellement plaisir de repartir faire une mission avec lui, même si celle-ci était périlleuse, qu'ils risquaient d'y laisser sans doute un peu de leur amour-propre, et peut-être un bout de leurs membres : sérieusement, un vente aux enchères clandestines au beau milieu des montagnes ? « Sérieusement, ça fait combien de temps qu'on a pas fait une mission ensemble ? » ajouta-t-il en souriant encore un peu plus, avant de brusquement redevenir sérieux. Ils n'étaient pas là pour papoter, bien au contraire. « Tu as trouvé le portoloin ? » Un simple Accio devrait le faire venir. Nathaniel laissa son camarade s'en charger, et fronça les sourcils. Une paire de ciseaux moldus, sérieusement ? Ils avaient de moins en moins de budget, au Ministère. Mais peu importe. Le médicomage regarda sa montre. Il était censé partir d'ici moins d'une minute. « Oups... On est pas en avance. » Il agrippa l'une des anses et se prépara mentalement à ressentir cette traction au niveau du nombril. Woop.

Le décor tourbillonna tout d'un coup, et le Portoloin relâcha les deux sorciers dans la pénombre d'une ruelle sombre. Kiev. Nathaniel laissa un instant ses yeux s'habituer à l'obscurité et regarda autour de lui. « Bon. Kiev, première étape... » Il ne s'attendait pas à arriver au beau milieu de la vieille ville moldue. Le médicomage poussa un grognement de frustration, et se tourna vers Billy. Il faudrait partir discrètement en balai, et pour ça lancer un sort de Désillusion. Nathaniel n'était PAS doué en sortilège de Désillusion. « Fichu secret magique à la con. »

Billy eut un léger sourire à la remarque de Nathaniel. Tous deux semblaient plus qu’enthousiaste à partir à l’étranger même si c’était dans le cadre d’une mission. Comme quoi, jusqu’au bout des ongles, ils étaient sur la même longueur d’onde. Nathaniel avait beau faire le gars calme et sérieux, ça ne dupait pas son ami.

Alors que le sorcier jetait un coup d’œil aux alentours, pas un chat, il eut un petit rire en entendant son camarade et haussa les épaules. « Ça doit bien remonter à la création de Poudlard tellement c’est vieux…même avant» ironisa-t-il. Nathaniel redevint sérieux et Billy fit de même. Il pouvait bien être considéré comme sanguin et caractériel, business is business et il était temps qu’ils se bougent les fesses. Il eut un léger sourire en réponse à la question de son partenaire et lança un accio dont les effets mirent peu de temps à se voir. Une paire de ciseau vint jusqu’à eux. Il haussa un sourcil à sa vue. Un peu ridicule comme objet mais il fallait reconnaître qu’au moins le trouver n’aurait pas été aisé pour le premier sorcier venu. Il tendit une des anses à Nathaniel et ferma les yeux alors qu’il savait qu’ils allaient être transportés. Il détestait la sensation que cela procurait et se demandait souvent comment il avait réussit à ne jamais vomir jusqu’à lors.

Pas besoin d’y réfléchir plus longtemps alors qu’il se trouvait dans une ruelle sombre qui n’aurait pu renier son caractère slave au vu de l’architecture. Il laissa échapper un petit soupire alors qu’il s’étirait vaguement le temps de se remettre de ce petit voyage éclair. C’était maintenant que le boulot commençait réellement. Jusqu’alors c’était le transport, rien du tout en somme. Déjà il sentait l’adrénaline monter en lui alors qu’il se rendait compte qu’il n’était plus à Londres, qu’ils étaient au beau milieu d’une ville qu’ils ne connaissaient pas et qu’ils devaient se faire discret.

Il sortit sa baguette lâchant un « Je m’en charge alors. » tandis qu’il comprenait que Nathaniel n’avait pas très envie de s’occuper du sortilège. Lui n’y voyait aucun inconvénient. Les sortilèges, maléfices tous ce genre de chose dont on a besoin d’une baguette et d’une pratique, ça avait branché Billy tout le long de sa scolarité. Il avait été brillant. C’était légèrement différent en ce qui concerne les matières plus théoriques ou encore les potions. Plus par désintérêt que réel manque de compétence et il avait du longtemps se faire violence pour décrocher la moyenne dans ces matières là. Billy n’était peut-être pas capable de faire en sorte qu’ils deviennent totalement invisibles mais il n’était pas mauvais dans le sort de Désillusion. Suffisamment en tous cas pour qu’il serve à quelque chose d’être utilisé.

Il sortit son balais de son sac et lâcha son sort sur eux deux. Tout de suite l’impression d’un liquide froid qui lui coulait dessus. Il y avait sensation plus agréable si on voulait son avis mais en voyant Nathaniel commencer à se fondre dans le décor et le mur en brique derrière lui, Billy ne pu s’empêcher d’avoir un sourire taquin alors qu’il lui lancer : « Qu’est-ce que tu es beau comme ça. »

Une fois qu’il fut certain que tous deux étaient capables de jouer à cache-cache contre les murs de la ville, il empoigna son balai fermement, prêt à partir en direction du lieu des enchères. Il n’était pas du genre à tergiverser et aimait quand les choses se faisaient vite. Déjà qu’ils allaient avoir une route jusqu’à leur objectif assez longue. Il lui semblait donc plus efficace de partir au plus vite.

Il sortit la boussole ensorcelée qu'il avait pensé à prendre et qui lui indiquait la route jusqu'au lieu des enchères d'une de ses poches et l'examina en fronçant les sourcils un instant. « On va avoir un sacré trajet. » commenta-t-il alors qu’il s’élevait dans les airs. Si les températures n’étaient pas si basses, le vent était mordant et il se satisfaisait à avoir pensé à s’habiller chaudement. Le voyage n’allait pas s’énoncer des plus passionnants au goût de Billy. Mais en même temps les ennuis commenceront quand il sera l’heure de récupérer l’œuf de Basilic et surtout de le ramener à bon port. Il le sentait venir gros comme une montagne. De ce fait, pour le moment, autant profiter de la « tranquillité » du voyage, elle serait de courte durée. Une bourrasque de vent et il resserra ses mains autour du manche de son balais. « Ah le vent des pays slaves, ça ne m’avait pas manqué. » Il revenait peu en Russie. Il n’avait pas de raison pour il fallait dire. Au fond de lui-même, il ne détestait pas son pays d’origine tant bien même il était en conflit avec son paternel. A vrai dire, il aimait même Moscou. C’était une belle ville et c’était malgré tout là où il était né. Mais quand même, on se gelait les miches dans ces pays là. Et l’Ukraine ne semblait pas déroger à la règle.

Billy sortit sa baguette et Nathaniel lui adressa un sourire franc. S'il était au point pour redonner à la bourse de Gallions sa forme originelle aux yeux de tours à force d'entrainement, il avait beau essayer, le sort de Désillusion ne rentrait pas dans son esprit, et il le foirait une fois sur deux. C'était pour cela qu'il avait préféré se cacher entre les tables au Ministère, en Septembre dernier. C'était pour cela également qu'il s'était aussitôt porté volontaire pour être visible lors de l'échange d'Eireann Callaghan, il n'y a pas si longtemps. Bientôt la sensation familière d'un liquide invisible coulait dans son dos. Il frissonna. En plus, ce sort n'était pas du tout agréable à subir. Il jeta un œil à l'entrée de la ruelle en entendant des bruits. Une bande de moldus passa dans la rue perpendiculaire sans les voir. Il reposa son regard sur Billy, souriant à sa remarque sarcastique. « Tu n'es pas mal non plus dans ton genre... Il faudra penser à les enlever une fois qu'on sera assez haut pour ne plus être vus. Pas la peine de se perdre... » Sur ces paroles, il sortit son balai de son sac, referma les pans de son manteau et prit soin de bien rentrer le foulard qu'il avait autour du cou et de mettre ses gants de vol. Il enfourcha son balai et attendit que son ami sorte sa boussole. Une fois tous les deux prêts, il décolla, suivi de près par Billy qui faisait la conversation tandis qu'ils montaient, de manière à survoler la ville. « On va avoir un sacré trajet. Ah, le vent des pays slaves, ça ne m'avait pas manqué ! » Il hocha la tête et plissa les yeux. « Ah bon ? Tu m'étonnes ! » L'ironie dans la voix du médicomage était palpable. S'il trouvait qu'en Angleterre le vent pouvait parfois être glacial, ce n'était rien par rapport à ce qui allait les attendre lors de ce voyage. Ils ne choisissaient pas la facilité en y allant en balai.. Même s'ils n'avaient pas vraiment le choix. Mervyn leur avait expliqué que le lieu était inaccessible par les voies magiques habituelles. Et visiblement, la poudre de Cheminette n'était pas connue dans les pays de l'est – ou bien ils avaient délibérément oublié de se raccorder au réseau... « Et encore... Franchement, j'ai l'impression que la partie la plus simple de notre voyage, c'est justement l'aller. » Mieux valait ne pas parler du retour. Une brusque bourrasque de vent força Nathaniel à se décaler de Billy et à monter un peu plus en altitude. Ils s'éloignaient peu à peu du centre de Kiev, et l'architecture des pays de l'est était remarquable. Ainsi, songea le jeune au moment ou ils survolaient un immense lac au nord de la ville, voilà ce qu'était le pays natal de Billy. Pour lui, le jeune homme était anglais, il paraissait anglais, mais au fond Nathaniel savait bien que Billy était aussi Britannique que lui l'était. Tous les deux avaient l'un de leurs parents qui n'était pas anglophone à l'origine. Tous deux avaient eu la nationalité anglaise en arrivant sur le sol des îles britanniques. Tous deux étaient allés à Poudlard, avaient lié des relations anglaises, mais au fond, Billy aimait la Russie, tout comme Nath aimait la Suède. Il y avait toujours une partie d'eux, aussi infime soit-elle, qui les ferait se sentir chez eux lorsqu'ils revenaient sur leurs terres d'origines.

« Qu'indique la boussole pour le moment ? » Ils filaient tout droit depuis un moment déjà, et Billy jetait de temps à autres des coups d'oeil à la boussole magique qui devait leur indiquer le lieu de rendez-vous. « On vire un peu de bord, t'as raison. » Nathaniel enfonça un peu plus sa tête dans son foulard et acquiesça sans dire un mot. Le vent s'était fait mordant, et le Médicomage commençait à ne plus totalement sentir ses doigts et ses oreilles. Heureusement que son balai était confortable, sinon ses fesses seraient déjà en bouillie. Néanmoins, il craignait le retour, s'il avait déjà mal au coccis avant d'être arrivé.

Quelques changements de direction plus tard, l'aiguille de la boussole commença à s'affoler alors qu'ils passaient au dessus d'un petit village isolé au creux des montagnes. Billy l'apostropha et lui montra la montre. « Ok, génial, on descend. » Ils étaient à une petite heure de balai de Kiev, ce n'était pas beaucoup en soi, mais suffisamment pour qu'au retour ils aient la possibilité de se faire attaquer. C'était un mauvais signe. Heureusement qu'ils pourraient transplaner, mais cela ne serait possible qu'une fois la barrière magique dépassée. Et pas moyen de savoir sur combien de kilomètres elle s'étendait. Nathaniel pinca les lèvres et amorça la descente.

Ils étaient dans un petit village de montagne, désert. Le vent soufflait, faisant craquer les branches des arbres alentours. Le chemin de terre était gelé, preuve de la rudesse des nuits d'hiver en Ukraine. Nathaniel posa le pied à terre sur ce qui semblait être l'endroit le plus adéquat pour se poser, à la croisée de deux routes partant dans des directions opposées, et observa ou ils étaient. Petit village était encore sans doute trop grand pour qualifier ce genre de hameau désert. Seul un papy était présent, et les regardait tous les deux en s'appuyant sur sa canne. Le médicomage garda son balai à la main, pestant contre le secret magique qui les empêchait de faire ce qu'ils voulaient. Billy se dirigeait déjà vers l'une des rues en fixant la boussole. Nathaniel le suivit sans mot dire, après avoir jeté un dernier regard au vieil homme qui les fixaient toujours. Ce n'était pas comme s'il avait beaucoup de choses à observer de toute façon. Aujourd'hui plus que d'autres jours, ceci dit.

Nathaniel prit une grande inspiration et regarda Billy dans les yeux. Celui-ci venait de s'arrêter devant ce qui semblait être une maison abandonnée. Un regard à la boussole fit comprendre au Médicomage qu'ils étaient arrivés. L'aiguille tournait sur elle-même sans s'arrêter, comme si elle ne savait pas quel endroit indiquer. Il rangea son balai en grommelant un « fan gammal muggle kon * » d'une voix sèche. Comme si le fait d'être à l'étranger le ramenait au plus près de ses origines. Le climat devait sûrement aider à cette identification. Et puis, jurer en anglais n'était pas très distingué. Le médicomage ouvrit sa veste en croisant le regard amusé de son ami et attrapa sa baguette. Billy n'avait pas vraiment l'habitude de le voir parler suédois non plus. A vrai dire, il se sentait un peu rouillé. « Je me fais un voyage en Suède d'ici peu, promis. » Il fixa la porte et resserra sa prise sur le morceau de bois magique qu'il tenait à la main. On n'était jamais trop prudent, surtout lors d'une vente aux enchères illégale. « Bon. On entre ? »

* Putain de vieux moldu à la con

Dé – Alors, comment sont reçus nos deux petits chous?
OUI ; l'Ukraine est connue pour son accueil remarquable, voyons! Bon, c'est un peu délabré, mais faites comme chez vous, prenez un thé ! Faites pas attention au désordre, ni aux quelques gardes du corps aux regards méfiants et à la baguette facile. Ici, c'est une vente illégale, certes, mais c'est clean, poli et organisé ! (ou presque)
NON ; Manque de bol, c'est clandestin, bourré de mauvaises fréquentations... Vous vous attendiez à un thé? Mes amis, vous venez de tomber dans un joli repère de mafiosos au regard perçant et à la baguette facile. Baissez vos armes, pas la peine de les provoquer davantage!

Tout en s’accrochant à son balai, Billy eut un léger rire jaune. Nathaniel avait raison. Pour le moment, c’était une partie de rigolade. La suite serait sans aucun doute plus compliqué et pour cette raison mieux valait être sur ses gardes dès à présent. Le chemin était malgré tout un peu long et son regard voguait entre la boussole enchantée et les paysages en dessous de lui. L’Ukraine et la Russie étaient sans doute des pays différents mais ils se ressemblaient beaucoup. Il avait ce sentiment de familiarité dans les paysages, dans le vent, et les éléments l’entourant malgré qu’il ne puisse réellement connaitre les environs.

Au bout d’un moment, après quelques changements de direction et après avoir affronter le vent mordant, la boussole sembla s’énerver au dessus d’un village et Billy indiqua à Nathaniel qu’ils devaient y être. Ils descendirent des airs et atterrirent sur le sol gelé. Hormis ce papy solitaire qui les observait, ce n’était pas la foule dans le coin et Billy en oublia presque la présence du vieil homme alors qu’il se concentrait de nouveau sur sa boussole lui indiquant la position du lieu où il devait se rendre. Des vieux moldus séniles, c’était le cadet de ses soucis. « C’est par là. » indiqua-t-il alors qu’il commençait à avancer sans un regard en arrière.

Ils arrivèrent devant une vieille maison qui semblait abandonnée et peu en état ; un brin lugubre et qui d’extérieur ne donnait pas spécialement envie d’entrer à l’intérieur. Il eut un regard autour de lui, puis à Nathaniel avant de regarder de nouveau la bâtisse et finalement la boussole. Cette dernière était formelle vue la manière dont sa flèche s’était mise à tournoyer sans s’arrêter. Ça devait être ici. Le juron de son ami le fit ricaner. Il trouvait toujours drôle d’entendre Nathaniel parlait dans sa langue natale parce que Billy n’y comprenait absolument rien. Il avait essayé d’apprendre deux trois mots pour voir mais au vue de l’expression de son meilleur ami en l’entendant baragouiner quand il avait essayé de lui dire « J’aime la bière »ou « il y a un oiseau dans l’arbre », il avait abandonné. Langue de barbare.

« Il va bien falloir, on ne peut pas prendre racine ici. » De toute manière vu le sol glacé, il fallait être une sacrée mauvaise herbe pour pousser dans le coin et prendre racine.

Billy, instinctivement dirigea sa main droite vers sa baguette et de se main gauche ouvrit la porte un peu brusquement…au cas où ils auraient à réagir rapidement. Au vue de l’expression de certains près de l’entrée, ils les avaient un peu surpris et Billy desserra sa prise sur sa baguette alors qu’il croisait le regard d’un vieil homme qui les observait. Ah oui, être les deux étrangers dans un village coincé dans les montagnes d’un pays isolé, c’était un peu comme être un cow-boy dans un western. Surtout quand ils arrivaient nerveux et tendus alors que tous autour d’eux semblaient presque prêt à leur servir le thé.

Un deuxième coup d’œil dans la salle et il se rendit compte que tous ne semblaient pas spécialement ukrainiens. Deux trois hommes sentaient l’étranger à plein nez vu leurs attitudes et expressions et comme eux devaient être venu spécialement pour les affaires alléchantes. Ils n’étaient qu’une petite quinzaine, du moins dans cette pièce là. Billy repéra tout de suite quelques gardes du corps qui semblaient aussi charmants et chaleureux que des portes de prisons. Est-ce que ça sentait l’ennemi ? Qui semblait prêt à être casse-pied ? Dur à dire puisque tous se regardaient en chien de faïence pour le moment sans pour autant faire le moindre mouvement. A voir avec la suite des évènements.

Ils durent attendre plusieurs minutes alors qu’une ou deux personnes de plus rejoignaient leurs rangs d’amateur d’art (oui, oui, on y croit) et avant qu’un homme qui avait du se réchauffer à l’alcool pendant les rudes hivers au vu de son ventre rond prenait la parole. « Bienvenue messieurs à notre vente aux enchères tant attendue. » Il parlait en anglais avec un accent à couper au couteau mais au moins il était à peu près compréhensible. Il était maniéré à l’excès et semblait tout à fait à l’aise devant autant d’étranger qui n’était pas là pour faire de la broderie et manger des petits gâteaux. « Si vous pouviez nous suivre dans le salon ? La vente va bientôt commencer. »

La seconde pièce était bien plus spacieuse, suffisamment d’espace pour que tous puisse entrer et ne pas avoir à rogner l’espace vital de l’autre. C’était une bonne chose. Un coup de coude malencontreux finirait sûrement en grosse bagarre à plusieurs. Une fois tous dans la pièce, deux gardes du corps qui semblaient aussi peu réjouis que tout à l’heure arrivèrent à la suite dans la pièce amenant un objet recouvert d’un épais drap sombre. Fut bientôt révélé un vase d’origine asiatique qui d’après leur hôte bedonnant avait appartenu à un des premiers sorciers chinois et donc des plus anciens et précieux. En somme inutile pour leur faction au vu de l’aspect purement décoratif de l’objet. De toute manière ils n’étaient pas là pour faire du shopping, ils avaient un but précis. Billy se pencha légèrement vers son meilleur ami lui murmurant discrètement. « J’aimerais bien faire accélérer les choses. » Les ventes aux enchères, quelque soit le pays, fonctionnaient toutes pareilles. Les objets les plus précieux pour la fin et un œuf de Basilic, ça dépassait le précieux.

Lancé de dé :
Oui : Un garde du corps près de l’entrée a entendu Billy et se rapproche d’eux pour vérifier qu’ils ne sont pas des menaces en ayant lui-même l’air bien menaçant. On vient d’arriver et ça sent déjà le roussi.
Non : Un garde du corps près de l’entrée semble avoir entendu Billy et se rapproche d’eux avant de leur passer devant pour aider les deux autres à sortir le vase chinois après qu’il ait trouvé acquéreur. Du stress pour rien.

Dé #1. Nathaniel réussit-il à calmer d'emblée le jeu et à refroidir le gentil petit gardien?
OUI ; Lucky you, tout rentre dans l'ordre à force de persuasion et de coups de coude dans les côtes.
NON ; Non, visiblement, ça s'annonce bien plus difficile que prévu. Ils finissent par s'embrouiller et devoir sortir de la pièce pour aller s'expliquer tranquillement dehors.

SI DÉ #1 = NON.
Dé #2. Est-ce que, finalement, la parlotte finit par arranger les choses?
OUI ; il suffisait de montrer patte blanche ! Il les laisse rentrer à nouveau au bout de quelques instants de discutaillage.
NON ; Le gardien de la salle est un excité de la baguette, ou bien est d'une humeur de chien. Il faudra sans doute user de la force.

SI DÉ # 2 = NON.
Dé #3. Est-il seul dans la pièce d'entrée?
Oui.
Non.


Petits dés pour déterminer la suite ! Elle arrive demain, normalement ! ♪


Spoiler:

Est-ce qu'être trop sur ses gardes pouvait être un problème ? Nathaniel se posait la question au moment ou il croisa le regard interloqué du sorcier qui leur avait ouvert le porte. Il relâcha sa prise sur sa baguette et observa l'homme de haut en bas alors qu'il leur souhaitait la bienvenue. Etait-ce un piège ? Une façon de les accueillir, de les leurrer pour mieux les entourlouper par la suite ? Le Médicomage finit par ranger sa baguette et pénétrer à l'intérieur de la maison, mais son regard était toujours aussi froid. On lui avait appris à se méfier des apparences. Quelqu'un ici pourrait croire qu'il venait d'entrer dans une maison ou se retrouvait des écrivains en herbe. On lui proposa du thé, il déclina l'invitation, préférant jeter un regard circulaire autour d'eux. Il se rapprocha de Billy : mieux valait ne pas être séparés. Les gens paraissaient sereins, ou du moins, c'était ce que les organisateurs semblaient vouloir faire croire. Il s'agissait d'un piège, ce n'était pas possible autrement. Les gens ne pouvaient pas être aussi.. Civilisés. Pas à une vente aux enchères clandestine. S'ils étaient tous réunis ici, ce n'était pas simplement pour éviter les taxes commerciales. Non. C'est parce que les biens qui seront entreposés ici étaient plus que précieux. Trop précieux pour être présentés dans une simple vente aux enchères normale.

On les fit passer dans la salle de vente. Nathaniel affichait un visage neutre et détacha son écharpe pour la poser sur son dossier. Ils en avaient pour un moment, surtout que l’œuf qu'ils désiraient acquérir était la dernière pièce. La toute dernière pièce, ou presque. En regardant les personnes qui s'installaient parler dans des langues qu'il ne comprenait pas forcément, le Médicomage ne put s'empêcher de penser que, si l'apparence de la vente aux enchères était plutôt bienveillante, les personnes qui y étaient présentes étaient, elles, beaucoup plus dangereuses. Il croisa un instant le regard d'un sorcier assis quelques rangs devant lui. Celui-ci avait une horrible cicatrice boursouflée qui lui barrait une partie du visage. Vraiment pas agréable, songea-t-il alors que le regard de l'homme le transperçait, et qu'il se forçait à détourner le regard. Ce n'était pas le moment de se faire remarquer. Il fallait se méfier de tout le monde, ici. Le sorcier se tourna vers Billy et capta son regard au moment ou la vente débutait, avant de croiser les jambes et de se détendre légèrement, du moins en apparence. Il poussa un léger soupir de bien-être et observa ses mains. Un mouvement à sa gauche : un petit borgne qu'il avait remarqué dans l'autre pièce venait de lever la main pour acquérir le premier lot. La première bataille commençait... Et ils en avaient pour un moment.

« J’aimerais bien faire accélérer les choses. » Nathaniel sourit, et se penchait vers son ami pour lui dire de rester tranquille lorsqu'il remarqua l'armure à glace qui faisait office de sécurité. Celui-ci avait dardé son regard vers eux, et avait accroché le regard bleu du Médicomage. « Reste tranquille... », murmura-t-il en gardant ses yeux fixés sur le gardien des lieux. Mauvaise idée. Celui-ci se rapprocha des deux jeunes hommes et se pencha légèrement, de manière à ce que leur conversation ne trouble pas la vente. Il avait sa baguette à la main, et cela interloqua le jeune Hansen. « Messieurs, je vous demanderai de quitter la salle, s'il vous plait. » Nathaniel écarquilla les yeux. Quitter la salle ? Alors qu'ils venaient d'arriver ? La baguette n'était pas une bonne idée, mais le ton glacial que l'armure à glace avait utilisé contre eux ne lui plaisait pas non plus. D'un ton tout aussi froid, il répondit. « Excusez ma question, mais pourquoi ? Nous n'avons rien à nous reprocher. » « Simple mesure de sécurité. » « Pourquoi ? Parce que mon ami a dit souhaiter précipiter les choses ? Vous n'êtes pas sérieux... » Le Médicomage jeta un regard rapide à Billy qui s’efforçait de ne pas intervenir pour le moment. C'était sans doute une bonne chose, il avait le sang chaud, et pouvait très facilement partir au quart de tour. « Si vous n'êtes pas capable de différencier le ton de l'ironie et une volonté particulière, vous ne faites pas très bien votre travail. Retournez à votre poste, nous sommes sans doute parmi les plus honnêtes de la salle. » La voix de Nathaniel avait baissé d'un ton, et s'était faite glaciale. Son regard n'avait pas quitté celui de l'armure à glace. Ce n'était pas un regard de défi, il n'y avait pas une seule once de mensonge dans ce qu'il venait de dire. Après quelques secondes de silence, Nathaniel finit par reposer son regard sur Billy, puis sur la scène. L'excité de la baguette s'était éloigné, et il dut se faire violence pour ne pas jeter à nouveau un regard en arrière.

« Et maintenant, voici l'avant-dernier lot de notre vente aux enchères. Il s'agit d'un œuf de Basilic. Inutile de préciser qu'il s'agit d'une pièce rarissime, et que ce sera sans doute la seule occasion pour vous d'en acquérir un. Nous ouvrons les enchères à 500 Gallions. » Nathaniel haussa un sourcil. 500 Gallions ? La somme était ridicule pour un lot de cette valeur. Déjà les liens se levaient, et le prix augmentait de manière rapide. Déjà 7500 gallions... Il se tourna en direction de Billy et croisa ses mains sous son menton, un léger sourire aux lèvres. Déjà son ami avait levé la main. « Ah, 8000 Gallions pour le jeune homme au fond... Oui, 8500 pour la dame en rouge, 9000 à ma gauche, qui dit mieux ? » Nathaniel observa, amusé, le déroulement de la vente. Billy relevait la main à intervalles réguliers d'un air nonchalant, et il ne pouvait s'empêcher de sourire. « Mec, tu te comportes comme un riche... » Le prix montait encore, mais Nathaniel remarqua que les concurrents s’affaissaient un par un. Ils n'étaient plus que trois en course. La dame en rouge était coriace. Il leur fallait l'oeuf. Il devait revenir à leur faction. Il espérait que les 200 000 Gallions que Mervyn leur avaient donnés suffiraient. Billy releva à nouveau la main. La barre du 100 000ème Gallion venait tout juste d'être franchie. Nathaniel regarda autour de lui. L'homme à la cicatrice qu'il avait remarqué auparavant fixait étrangement son ami. Danger, souffla une petite voix dans sa tête. Le souci n'était pas d'acquérir l'oeuf, mais de réussir à le garder. Ils n'étaient pas les seuls sur ce coup-là. Nathaniel tourna encore un peu sa tête sur le côté. Il avait l'impression plus que désagréable d'être épié. On mémorisait leurs traits, pour mieux les attaquer plus tard. Cet endroit était dangereux, mais ce n'était pas les apparences qui rendaient le danger palpable. Non. C'était les hommes eux-mêmes. « Nous arrivons maintenant à 115,500 Gallions ! Monsieur, oui, c'est noté ! Personne d'autre.. ? Bien. » Les coups de marteaux retentirent dans la salle. Nathaniel ferma les yeux un instant. Il pouvait sentir les battements de son cœur s'emballer. Un. L'adrénaline commençait à courir dans ses veines. Deux. Il rouvrit les yeux, laissa son regard fixer le marteau du juge qui alla frapper son pupitre. Trois. Adjugé, vendu.

Ils l'avaient.

Nathaniel et Billy faisait une bonne paire parce que le premier compensait les défauts du deuxième. Billy réagissait au quart de tour, tous ceux qui le connaissaient le savaient amplement et il dut se forcer de ne pas réagir quand l’homme tenta de les faire sortir de la salle alors qu’ils n’avaient tout simplement rien fait. Mais il savait comment ça allait finir s’il ouvrait la bouche ; sans aucun doute en une bagarre. Or, ce n’était ni le moment ni l’endroit. Ils avaient une mission à accomplir et il avait beau être sanguin, le boulot avant tout. Voilà pourquoi il laissa Nathaniel se débrouillait avec le gars. Quand celui-ci s’écarta, Billy se permit de lâcher un soupire de soulagement. Il aurait détesté se faire sortir de là sans avoir pu poser un œil sur l’œuf de Basilic. Il eut un léger sourire de remerciement pour son ami préférant éviter d’ouvrir la bouche de nouveau au cas où il attirerait des ennuis inutiles.

Finalement et après plusieurs minutes ou heures, Billy n’était plus sûr, ils mirent en jeu l’œuf de Basilic. Il se redressa un peu de son siège, à présent tout concentré sur l’objet des convoitises de tous. Ils l’auraient, ils ne risquaient pas de le laisser s’échapper. Le prix montait à toute allure et il finit par lever la main pour proposer son propre prix entrant dans la course au même moment que ses rivales à l’achat lui jetaient un regard noir. Il ne put empêcher un léger sourire sardonique effleurer ses lèvres à l’intention de la femme en rouge qui le scrutait, apparemment très intéressée par l’œuf. « Désolé madame, Je ne suis pas des plus galants. » pensa-t-il alors qu’il releva la main de nouveau après que le prix ait monté d’encore 1000 galions. S’il fallait être honnête, il prenait un drôle de plaisir à ce petit jeu. Être en rivalité avec des inconnus pour un bien aussi précieux ; il trouvait cela excitant. Et il adorait voir leur grimace ennuyé dès qu’il osait lever la main pour montrer qu’il était encore dans la course. D’ailleurs, cela amusait Nathaniel qui lui fit remarquer ô combien il semblait se sentir dans son élément. Billy eut un petit rire tout aussi amusé levant de nouveau le bras pour ne pas laisser l’objet partir pour cette fichue femme en rouge qui semblait ne pas vouloir laisser partir l’œuf. « Je suis bon, hein ? » plaisanta-t-il à son ami. Il fit moins attention aux regards des autres qui se faisaient plus menaçant, trop pris dans sa course à la victoire avec les quelques participants en lice. Il faisait confiance à Nathaniel pour être ses yeux et être prudent. Tout l’intérêt d’une mission à deux était là : on surveillait les arrières de l’autre.

Il eut le cœur qui accéléra quand il sentait qu’ils se rapprochaient de la fin de la vente ayant l’impression que les secondes ralentissaient jusqu’à ce que l’organisateur ne tape de son marteau. Il laissa échapper un soupire contenté qu’il entendit le « Adjugé, vendu » avant de jeter un coup d’œil à la femme en rouge. Il ne s’était pas fait une amie et lui fit un léger sourire qui se voulait désolé alors qu’intérieurement il jubilait.

Après la vente, ils eurent à aller dans une autre pièce de la maison pour récupérer l’objet en échange du prix. Ce qu’ils firent sous le regard mauvais de ceux qui repartaient bredouilles ou alors pas avec ce qu’ils désiraient le plus. L’œuf était disposé dans une valise marron à bord solide. Une valise qui semblait des plus ordinaires. Quelques sortilèges de protection par la suite ne ferait pas de mal, pensa Billy, alors qu’il soupesait l’objet en le soulevant légèrement. Nathaniel qui avait l’argent se chargea de payer.

Quelques minutes plus tard, ils étaient dehors de nouveau le vent glacial les accueillant chaleureusement. Il resserra sa main sur son manteau et l’autre sur la valise comme si elle pouvait s’envoler et laissa échapper un soupire soulagé. Oh, ils étaient loin d’en avoir fini surtout que Nathaniel avait fait part des regards qui les avaient suivit tout du long mais au moins, une partie de la mission était exécutée. Ils avaient l’objet et dans l’esprit de Billy, c’était déjà mieux que de courir après. Ils allèrent devoir repartir comme ils étaient venus : c'est-à-dire en balais jusqu’à Kiev. Ça n’allait pas être la partie de la mission la plus enthousiaste, il le présentait comme une mauvaise prémonition.

Ils se dirigeaient vers la sortie du village quand l’homme à la cicatrice de tantôt apparut devant eux, un sourire aussi vrai que celui d’un arracheur de dent accroché sur le visage. Instinctivement, Billy resserra sa prise sur la valise. Celui-ci sembla s’en rendre compte et fit un petit signe d’apaisement. « Pas d’inquiétude mes amis. » Billy tiqua au mot ‘ami’. Il comptait le nombre de ses amis sur les doigts d’une main et ce balafré n’en faisait pas parti. « Je suis ici pour parler affaires. » Expliqua-t-il. Il sembla attendre quelques secondes avant de s’expliquer d’une voix aussi mielleuse qu’il put, ce qui n’allait absolument pas avec sa figure de repris de justice. « Voyez-vous, j’ai grand besoin de l’objet que vous venez d’acquérir et je serai prêt à de grand sacrifice pour pouvoir l’obtenir. »

Génial, un marchandeur, pensa Billy qui se retourna un peu vers Nathaniel pour le laisser parler. Des deux mieux vallait que ce soit le diplomate qui tente d’écarter l’homme en face d’eux. Si l’œuf de basilic qu’il possédait à présent n’était pas si précieux, Billy se serait contenté de lancer un sort dans la face de cet enquiquineur qui se dressait entre lui et le retour à la maison.




Lancé de dé.
Oui : L’enquiquineur semble vouloir gagner du temps (pour des renforts ?) et essaye par tous les moyens de marchander, ce qui tend à agacer notre valeureux duo.
Non : L’enquiquineur profite du moment d’inattention de Billy pour se jeter sur lui et tenter de lui voler l’œuf. Quel manant !

Dans tous les cas, ça sent le roussi.

Ils furent conviés à suivre l'un des organisateurs dans la pièce d'à côté, et Nathaniel se leva en jettant un regard méfiant autour de lui. Billy semblait plus à l'aise, mais le Médicomage lui faisait confiance pour garder sa baguette à portée de main. Ils allaient en avoir besoin. On referma la porte derrière eux, et Nathaniel sortit le couteau-suisse de son sac. Baguette en main, il se concentra et redonna à la valise marron sa forme originelle, avant de l'ouvrir et de la tourner vers les organisateurs. « On avait dit 115.500 gallions ? Les voici, messieurs. » Ce faisant, il mania sa baguette pour séparer l'argent de la valise : ils n'allaient pas non plus leur laisser un joli pourboire, alors qu'au fond, rien n'était joué. On les remercia, et Nathaniel leur adressa un signe de tête poli avant de se diriger vers Billy qui soupesait l'oeuf de dragon. « Billy, eh, attends... »

Quelques minutes et sorts de protections plus tard, les deux jeunes hommes sortirent de la pièce. Nathaniel jeta un coup d'oeil à la valise marron que tenait son ami : ils avaient pris toutes les précautions qu'ils pouvaient, et le reste ne tenait qu'à la chance et aux rencontres qu'ils allaient faire sur leur route. Les rencontres... Le Médicomage resserra sa prise sur sa baguette et observa aux alentours. « Fais gaffe, visiblement certains ici veulent notre butin... » Il croisa le regard de Billy qui hocha légèrement la tête : il l'avait mis au courant dans la salle, mais mieux valait radoter que risquer d'être pris au dépourvu. Le regard circulaire de Nathaniel finit par tomber sur le balafré de la salle de vente qui le fixait. « On y va ? C'est pas la peine de trainer un peu plus ici. » Les deux amis passèrent devant la brute épaisse qui les avaient apostrophés pendant la vente aux enchères sans mot dire, et sortirent dehors. Mieux valait s'éloigner un peu à pied avant d'enfourcher les balais pour semer le doute chez ceux qui ne manqueraient pas de les accoster. Et puis, ils ne savaient pas jusqu'où les barrières magiques anti-transplanage fonctionnaient. Nathaniel espérait juste qu'ils n'aient pas une heure de vol comme à l'aller. Plongé dans ses pensées, le regard alerte du jeune médicomage ne perçut pas tout de suite les ombres qui les suivaient. Ce ne fut que lorsque le balafré s'avança à découvert dans leur direction qu'il réagit et se rapprocha de Billy. Un simple regard lui apprit que celui-ci était également sur ses gardes, resserant sa prise sur la valise qu'il tenait à la main, lorsque l'homme se rapprocha d'eux et leur parla. « Pas d'inquiétude mes amis... Je suis là pour parler affaires. » Nathaniel secoua la tête et eut un petit sourire en écoutant la suite. Oui, c'était vrai, ils avaient quelque chose que tout le monde désirait. Mais ce n'était pas la question. S'ils ne ramenaient pas cet œuf, l'homme le plus puissant d'Angleterre allait les cuire sur place, et les donner en pâture en guise d'apéritif aux monstres les plus affreux qui puissent exister sur Terre. Alors non merci, mais ils allaient le garder, cet œuf. Ils tenaient tous les deux un peu trop à leur vie pour mourir aussi jeunes, surtout de la main de Mervyn Kark. Quelle ironie ce serait de mourir de la main de personnes qu'il avait surement soigné dans son cabinet, au Ministère...

Nathaniel allait ouvrir la bouche pour répliquer lorsqu'il vit le balafré se jeter sur Billy sans prévenir. Brandissant sa baguette, le Médicomage répliqua presque par réflexe, pour l'empêcher d'atteindre son ami. « Everte Statum ! » Ce fut avec une satisfaction non-cachée que le médicomage vit l'homme voler à travers la fenêtre de la maison la plus proche. Il allait se tourner vers son ami pour vérifier que tout allait bien de son côté lorsqu'un éclair rouge le frappa entre les omoplates. Un stupéfix...Quel con. Il aurait dû y penser. Un homme seul aurait été trop facile. Combien étaient-ils en plus, cachés dans les recoins du village, à les épier? Deux ? Trois ? Il entendit Billy l'appeler, mais Nathaniel ne pouvait répondre. Quel con. Il se sentir basculer en arrière, et soudainement une pensée accapara son esprit. Pourvu que l'oeuf reste indemne... L'oeuf de Basilic. Celui qui était dans sa poche, protégé par quelques sorts, une bulle d'air, une miniaturisation. Pas grand chose, en somme. Et un œuf, ça se cassait tellement vite... On n'était jamais trop prudent.

Quelques minutes auparavant...
« Billy, eh, attends... » Le russe regarda Nathaniel, l'oeuf toujours dans la main. Celui-ci observa l'objet si précieux que son ami tenait et tendit son bras pour le saisir. Dans un même mouvement, il sortit sa baguette et la pointa sur l'oeuf, appliquant un sortilège de protection anti-casse constitué d'une bulle d'air incassable. « Si l'un d'entre nous sort avec la valise à la main, c'est vers lui que tous les autres vont se précipiter quand on sera dehors. » Il baissa le ton et continua en chuchotant. On ne savait jamais, même s'ils étaient seuls avec les organisateurs à côté... Des oreilles pouvaient traîner dans le coin. « Valise vide, œuf... » Il jeta un sort de miniaturisation avant de le montrer à son camarade de mission. « … Dans une poche. Ils n'y penseront jamais, ils sont cons comme des scrouts à pétard. » Il sourit en remarquant l'immense sourire qui éclaira le visage de son ami. « Ouais, je sais, intelligent, j'y ai pensé en voyant le balafré qui n'arrêtait pas de nous fixer pendant la vente... Qui s'occupe de porter la valise et d'attirer tout le monde, du coup? »

Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas été si tendu. Des missions pourtant il en faisait pas mal et il aimait l’excitation lors de ces moments. Mais ça lui semblait loin depuis la dernière qu’il avait pu avoir et qui aurait pu être aussi dangereuse ou au moins ayant autant d’importance pour la faction. Or, il voulait faire les choses biens. Malgré qu’il soit un gamin impulsif et un brin trop sanguin, il était dévoué à son clan et il y mettait corps et âmes. Les rappels de Nathaniel pour être précautionneux n’étaient donc jamais de trop à son avis et il les acceptait docilement, hochant de la tête à chaque fois.

Ils semblaient d’ailleurs qu’ils faisaient bien de se rappeler de faire attention alors qu’à présent ils étaient face l’homme à la cicatrice. Billy était agacé alors qu’il se rendait compte à présent que les ennuis commençaient. Certes, il n’était pas surpris du tout qu’ils soient la nouvelle cible de tous les frustrés qui n’avaient pu mettre la main sur l’œuf mais c’était toujours une déconvenue quand ses angoisses se révélait être la vérité. On avait beau savoir que ça arriverait à un moment ou à un autre, cela ne signifiait pas qu’on l’acceptait. Quel intérêt avait ce malotru a tenté de leur parler si c’était pour se jeter sur lui sans aucune forme de politesse la seconde d’après ? Même pas le temps de concocter un argumentaire qui puisse désarmer la situation. Et après tout, sans doute que leur botter le cul serait la meilleure des réponses possibles. C’est ce que pensait Billy alors qu’il voyait, avec une certaine satisfaction, son agresseur volait plus loin et heurter une vitre. Bien, Nathaniel, Pas mal du tout même, pensa-t-il. En vérité, cela aurait été un sans faute si le jeune médicomage ne s’était pas reçu un stupefix en plein dans le dos. Evidemment, ils n’étaient pas tous trois seuls.

Il était temps d’agir, il dirigea sa baguette sur Nathaniel et annula le sort du stupefix à toute vitesse avant de se retourner vers la provenance du sort. Il avait confiance en son ami pour qu’il se relève seul. Deux hommes en face d’eux dont l’un la baguette encore levée et qu’il ne se rappelait pas avoir vu ni l’un ni l’autre lors de la vente. Mais sans aucun doute c’était des potes à celui qui venait de voler dans la fenêtre la plus proche. Evidemment qu’il n’était pas venu seul. Un contre deux, c’était un peu juste alors qu’au moins 3 contre 2, c’était déjà plus pratique pour récupérer ce qu’on avait en tête. Il se recula d’un pas comme pour protéger la valise qu’il tenait en main alors qu’il était bien au courant qu’elle ne contenait pas l’artefact qu’ils venaient de récupérer. Une précaution valait mieux qu’une. C’était Nathaniel qui avait eu l’idée : de changer l’œuf de cachette tout en faisant croire qu’il se trouvait dans la valise au cas où les choses tourneraient mal. Ils n’avaient qu’à jouer un peu la comédie et faire croire que la valise en question était importante. Si on la leur volait, ça leur laissait le temps de s’enfuir. Et vu comment les choses tournaient, ils avaient bien fait d’agir de la sorte.

Le deuxième leva sa baguette ne leur laissant le temps de rien alors qu’il lançait un « Blixten » avec le sourire, quel enfoiré. L’éclair frappa dans un bruit tonitruant une vieille voiture garée près d’eux qui explosa causant une déflagration alors que le moyen de transport s’éparpillait en débris plus ou moins gros. Juste le temps pour les deux jeunes hommes de se mettre à terre douloureusement. Billy lança devant eux un sortilège « Aegio » pour se protéger des projectiles causés par l’éclair. Evidemment, le troisième larron en profita dans la seconde même pour jeter un « Necrosis » visant le bras qui tenait la valise. Ce qui les intéressait était bien sûr rien de moins que l’œuf, et croyant que celui-ci se trouvait dans cette dernière, Billy se rendait compte qu’ils ne le lâcheraient pas et l’attaquerait jusqu’à récupérer l’objet convoité. Génial pouvait-on dire. Et puis Ce gars-là visait extrêmement bien alors que le sort heurtait le bras de Billy de plein fouet lui faisant lâcher la valise sous la douleur. Celle-ci atterrit au sol alors que le sort du bouclier du jeune homme s’amenuisait pour disparaître, plus de concentration suffisante pour le maintenir.

Les débris s’échouèrent au milieu d’eux dans un fracas. Et Billy n’évita que de justesse ce qui semblait être une partie du volant de l’automobile. Et son bras qui lui faisait un mal de chien. Du pied, il fit glisser la valise jusqu’à Nathaniel à côté de lui. Dans l’état des choses, il avait besoin de sa main saine pour se défendre et tenir au moins sa baguette.

Dé #1 – Nath retrouve-t-il toutes ses capacités ?
OUI ; tout parfait.
NON ; il a encore du mal à bouger, il lui faudra un deuxième Enervatum pour être totalement ok. Mais aura-t-il le temps de le lançer ?

Dé #2 – Le deuxième larron (celui aui a été touché par le Blixten) est-il HS ou pas ?
OUI ;
NON ; il a réussi à éviter les débris de voiture, c'est mal barré !

Dé #3 – Réussissent-ils à se débarasser des deux énergumènes ou pas ?
OUI ; ils peuvent partir tranquille.
NON ; ils doivent leur céder la mallette.

SI NON.
Dé #4 – Les deux sont-ils suffisament cons pour ne pas regarder dans la mallette ?
OUI ; Billy et Nath repartent tranquillement.
NON ; oups. Problème, ils sont poursuivis. Les deux autres avaient pensé aux balais.

Nathaniel voulut fermer les yeux. C'était impossible, il était stupéfixié, condamné à observer le ciel au soleil couchant. Le ciel était joli, ici, les nuages contrastaient avec les monts des Carpates, et la lumière donnait tout un rendu de couleurs vives fort agréable à l'oeil. Et le médicomage attendait le Enervatum de Billy. Et lorsqu'enfin celui-ci arriva, le jeune sorcier se redressa avec un soupir de soulagement. Il cligna ses yeux restés secs pendant trop longtemps, et chercha sa baguette. L'avait-il toujours à la main ? Oui. Sa prise était sans doute trop resserrée autour du morceau de bois, tout crispé qu'il était après avoir envoyé le premier dans le décor. Le médicomage plia et déplia son doigt, fit jouer son poignet avant de finir par reprendre conscience de l'endroit ou il était, et de l'Aegio que Billy venait de lancer au dessus d'eux pour les protéger des débris de voiture moldue. Des débris de voiture moldue ? Nathaniel se remit sur pied. Un grognement de douleur à ses côtés : il tourna la tête et avisa Billy qui se tenait une main nécrosée. La valise était par terre, et l'Aegio s'amenuisait peu à peu. « Billy, merde.. ! » Il leva la tête et évita un bout de ferraille qui retombait sur lui. L'avantage était qu'ils ne prenaient pas non plus de sort, puisque les attaquants étaient dans le même cas qu'eux, et tentaient de se protéger des effets du Blixten.

Une mallette arriva jusqu'à ses pieds. Nathaniel regarda son coéquipier et acquiesça légèrement. Ce n'était pas le plan, ce n'était pas l'idéal, mais les autres pouvaient toujours tomber dans le panneau. Il se baissa et attrapa la mallette vide avant de la serrer contre lui et de crier un « ON COURT ! » retentissant. Il se retint de jurer : son balai était dans son autre sac, il leur fallait un moment pour qu'ils puissent se poser, surtout s'ils voulaient leur échapper. Le fils Hansen jeta un regard en arrière : le balafré et un autre homme les suivaient. Et merde. Il fallait les semer. Il entendait des bruits de pas derrière lui, et resserra sa prise sur la mallette. Un éclair bleuté heurta une poubelle à côté de lui, et celle-ci se recouvrit de givre. Nathaniel écarquilla les yeux. C'était quoi ce sort? Pas le temps de se poser la question. Il évita un obstacle non identifié au beau milieu de la route – cela ressemblait à une tortue, mais vu l'environnement il en doutait. « Nath !! » C'était la voix de son coéquipier, qui tourna brusquement dans un petit chemin perpendiculaire. L'ancien Serpentard le suivit sans hésiter, parcourut quelques mêtres et se retourna pour faire face à leurs poursuivants. Dans la lumière du crépuscule, il reconnut l'homme à la balafre qui s'arrêta également en voyant qu'ils s'étaient retournés. « Quoi, déjà debout ? » ironisa Nathaniel en le voyant s'approcher. « Donnez-nous l'oeuf, et on ne vous fera pas trop de mal. » Il sentait Billy à ses côtés. La tension montait entre les quatre hommes, mais les anglais avaient un avantage. « Stupefix ! » Il fallait les ralentir, juste ça. Il ne prit pas la peine de voir si son sort avait réussi. Il s'agissait juste d'avoir le temps de s'échapper. Billy allait le couvrir pendant qu'il sortait son balai, ça devrait être bon. Nathaniel se détourna des deux autres hommes. Grave erreur : un Diffindo le frappa au milieu du dos. Le Médicomage poussa un cri de douleur et tomba à genoux, lâchant la mallette qui tomba dans une flaque d'eau. Il ferma les yeux et tenta d'attrapper son balai. Billy l'avait rejoint – avait-il lancé un Protego ? Il ne savait pas, son esprit était embrouillé – et lui demandait si ça allait. Il grommela une réponse incompréhensible en hochant la tête. Ca devait aller. L'oeuf était toujours dans sa poche, c'était le plus important. Son coéquipier et ami l'aida à se relever et lança un dernier sort répulstif avant d'enfourcher son propre balai. Ils devaient y aller, rapidement. Nathaniel hocha la tête et donna un coup de pied au sol pour s'élancer dans les airs en grimaçant. Chaque mouvement lui rappelait la blessure dûe au sort qu'il s'était pris. « Laisse-leur la mallette, non ? » Le plus important était de s'enfuir, et le plus rapidement possible.

Voler s'avéra pénible, et le froid se faisait de plus en plus insistant au fur et à mesure que Billy et Nathaniel grimpaient en altitude. Ils ne pouvaient pas aller bien vite tant que le médicomage n'était pas soigné. Billy volait à ses côtés tandis que ses jointures aggripaient le manche le plus fort possible. Il tenta les Episkey informulés, mais la magie n'agissait pas, il était trop peu concentré. Il faudrait attendre leur retour sur Londres. Nathaniel grimaça en pensant au transplanage qui les attendait.

« Je crois qu'ils t'ont entendu, quand tu as parlé de la mallette, tout à l'heure...» Et merde...

Il ne fallait pas le dire deux fois à Billy pour qu’il coure. Si son bras n’était pas très utile pour le moment, ses jambes ne demandaient pas leur reste. Un regard en arrière et il s’aperçut très vite que leurs poursuiveurs ne les avaient pas perdus de vue toujours à leurs trousses. Il sursauta en même temps que Nathaniel quand il vit la poubelle à côté d’eux se givrer et nota plus loin une rue en perpendiculaire. Continuer à courir en ligne droite n’était pas forcément le plus malin et il commençait à avoir le souffle court. Il appela son ami qui comprit sans avoir besoin d’explication lui emboitant le pas. Ils continuèrent encore quelques mètres avant de finir par se retourner vers leurs poursuivants. L’homme à la balafre qui semblait leur faire croire qu’ils ne leur feraient pas trop de mal. Et son bras nécrosé, c’était quoi peut-être ? pensa le jeune homme, agacé. On les prenait pour des crétins en plus.

Nathaniel se retourna, il avait besoin de sortir son balai. Pour Billy, c’était plus simple, il avait pu le sortir un peu plus tôt après s’être précipité dans la rue perpendiculaire à celle dont ils provenaient. Bon, ça avait été un peu maladroit et à présent il le tenait contre son flan et son bras, celui nécrosé, pour pouvoir garder sa main droite libre de pouvoir se protéger et jeter un sort s’il le fallait. Il n’eut pas le temps de prévenir le sort que lançait l’un d’eux contre Nathaniel et il jura dans sa barbe avant de lancer un protego et d’accourir à ses côtés. Le nordique avait l’air sonné au vu de la réponse un peu maladroite qu’il lui fit quand Billy s’enquerra de son état. Billy lui aurait bien laissé le temps de se remettre mais ce n’était pas vraiment possible. Le sort de necrosis commençait à diminuer, son lanceur ne semblait pas être si puissant que ça, et il en profita pour tendre son bras vers Nathaniel pour l’aider à se relever alors qu’il continuait de brandir sa baguette sur les deux bandits. Il lança de nouveau un sort de défense avant d’empoigner son balai, un peu maladroitement alors que sa main le faisait malgré tout encore souffrir. Le voyage ne serait pas agréable, il le savait bien. Il allait attraper la mallette quand Nathaniel lui proposait de plutôt la laisser et il hocha la tête. Après tout, elle était vide et n’avait été qu’un subterfuge. Là, le temps pressait et il leur était inutile de s’encombrer.

Il prit son appui avant de s’élever dans les airs. Garder son équilibre en tenant de sa main saine sa baguette et le balai de celle qui avait été nécrosée plus tôt n’était pas des plus faciles. Il n’était pas un joueur de Quidditch et c’était pour une raison mais ça irait. Ils essayaient de monter dans les airs aussi vite qu’ils pouvaient mais c’était fort peu aisé alors que le froid commençait à mordre et que l’état de Nathaniel ne lui permettait pas de forcer plus que de raison. Un mouvement dans l’air. Billy eut un mauvais pressentiment et jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Il vit les silhouettes se rapprochant rapidement des deux sorciers qui les prenaient à présent en chasse même dans les airs. De vrais sangsues ceux là, pensa le jeune homme avant de regarder de nouveau face à lui, tentant d’accélérer.

« Je crois qu'ils t'ont entendu, quand tu as parlé de la mallette, tout à l'heure...» fit-il remarquer d’une voix qui se voulait calme mais qui était plutôt un peu anxieuse. Il leur fallait les semer ou bien se débarrasser d’eux avant de pouvoir transplaner. Se battre dans les airs n’enthousiasmait pas le jeune homme alors qu’il jetait un regard vers le sol. D’ici une chute ferait très très mal. Il resserra sa grippe sur sa baguette. Du moment qu’il n’était pas soigné, il semblait difficile à Nathaniel de pouvoir réellement se battre. Dans l’état des choses, il lui semblait difficile de lancer un sort de protection et Billy décida que la meilleure des défenses était l’attaque. Il se retourna vers les deux assaillants avant de rugir un «Avis Fulgurator ». Si le balafré évita les oiseaux plutôt adroitement, son compère se fit toucher plusieurs fois. Apparemment le balai ce n’était pas son truc et il le vit ralentir à vue d’œil alors qu’il encaissait l’électricité qu’il venait de se prendre, n’ayant plus la concentration suffisante pour rester en vol.

Le balafré par contre semblé peu apprécié d’être attaquer de la sorte et profita du moment de flottement après avoir lancé le sort pour contre-attaquer. Billy ne comprit pas le sort qu’il venait de rugir mais il le heurta en plein dans l’épaule gauche et bientôt il vit de la glace se formait autour, descendant le long de son bras jusqu’au coude. Le froid mordant plus ils montaient dans les airs n’aidait absolument pas et rajouter à la douleur. C’était le même sort que plus tôt et qui avait heurté une poubelle alors qu’ils fuyaient. Un sort régional ou quoi ? En tous cas, il chancela sur son balai mais il teint bien s’agrippant à deux mains à présent.

Nathaniel ferma les yeux, se concentrant sur la sensation du vent sur son visage pour éviter de trop se focaliser sur la vilaine blessure qui barrait son dos. Blessure qui picotait, et c'était là un euphémisme. Le médicomage s'empêcha de penser à toutes les infections qu'il risquait d'attraper s'il restait trop longtemps dans cet état. Mine de rien, il existait pas mal de noms en -ose, et si le citoyen lambda pouvait vivre sans la crainte de telle ou telle infection, l'étudiant en médicomagie connaissait de fait tous les symptômes plus ou moins agréables de toutes les infections – magiques ou pas – qui pouvaient affecter le corps d'un sorcier. Cela n'était pas fait pour le rassurer. Il pouvait sentir le sang couler le long de son dos, un liquide chaud et poisseux, qui, ajouté à la douleur à chaque fois qu'il bougeait légèrement le dos, lui faisait crisper un peu plus ses doigts sur le manche à balai.

Billy réagissait déjà, et un Avis Fulgurator fut lancé contre l'un de leurs assaillants. Nathaniel ne se retourna pas – c'était impossible de tourner complètement la tête avec sa blessure – mais au sourire satisfait de Billy à ses côtés, il en déduit que l'un d'entre eux s'était laissé prendre par les oiseaux électriques. Mais la réponse ne tarda pas. Nathaniel entendit une voix rugir derrière lui un sort qu'il ne connaissait pas – cette voix était bien trop proche d'eux à son goût. Il fallait les ralentir pour avoir une chance de leur échapper... Leur lancer un sort qui les perturberaient, mais il ne savait même pas leur nombre. Devait-il répliquer par un sort qui attaquerait une grande surface, ou quelque chose de plus précis ? Par Merlin, un sortilège d'attaque non-précis et exécutable en vol était assez difficile à trouver. Il dirigea son regard vers Billy, et tomba sur ses mains accrochées à son balai. Quel était le sort qui avait été lancé ? Il ne savait pas, mais la grimace qui ornait le visage de son ami n'était pas bon signe. « Tu tiens le coup ? » Un léger hochement de tête lui répondit, et Nathaniel tenta de regarder derrière lui, voir combien de personnes les suivaient. Il ne savait pas combien de sorciers étaient disponibles pour les attaquer, mais eux n'étaient pas en très bon état. Il regarda la terre qui filait, à quelques centaines de mètres plus bas. Devraient-ils se poser pour récupérer, ou bien tenter de fuir, malgré les autres pirates à leurs trousses ? Il lâcha le manche de son balai pour récupérer sa baguette et resserra sa main dessus. Il ne pouvait pas se tourner complètement pour lancer un sort en arrière, mais le Quidditch et les cours de Vol lui avaient appris quelques petits trucs utiles en cas de blessure dans le dos, même si à l'origine l'intention était plus décorative, ou totalement inutile... Remonter en chandelle n'était pas conseillé, il fallait bouger le dos, mais n'y avait-il pas un moyen de faire un tour sur soi-même sans trop bouger ? Nathaniel ferma les yeux un instant. Ça faisait des années qu'il n'avait pas fait ça, et même s'il s'agissait du même balai, celui-là même qu'il connaissait par cœur, il n'était pas sur d'être suffisamment en état pour réussir à lancer un sort correctement. « Billy, continue tout droit, je tente un truc. »

Dé #1 – Le sort (Mirettes-en-râgout) fonctionne-t-il, malgré la pirouette ?
OUI ; Nathy n'a pas complètement perdu la main. Le sort ne touche pas le balafré, mais il n'a pas trop mal et touche le bonhomme. Les résultats sont un balai qui coule. Et le monsieur dessus avec.
NON ; Le dos ne va pas bien, Nath est déconcentré et touche le balai. Un balai aveugle, c'est.. Bizarre. vide. Pas d'effets sur le bonhomme. Rattrape ton coupain et lance un protego, le balafré va pas aimer...

Dé # 2 – Et sinon, c'est quand qu'ils peuvent transplaner les monsieurs ?
OUI ; Bientôt, bientôt... Maintenant !
NON ; Essayez de pas vous faire tuer, vous n'êtes pas loin, mais entretemps vous pouvez encore avoir quelques petits troubles.

Il resserra sa prise sur son manche, et pointa sa baguette devant lui, prêt à lancer un sort, avant de brusquement virer de bord. Un peu trop brusquement, justement. La déchirure qu'il ressentait depuis tout à l'heure dans son dos sembla doubler de volume. Il serra les dents et avisa le nombre de poursuivants... un. Tentant de surmonter la douleur brûlante qu'il ressentait, il tenta de lancer le sortilège qu'il avait en tête, mais celui-ci échoua lamentablement et partit au loin. Nathaniel se raccrocha avec ses deux mains au manche de son balai et souffla en accélérant pour rejoindre son ami. La douleur troublait sa vision, et rattraper son ami prit un petit moment pendant lequel il eut la présence d'esprit de lancer un faible protego. Celui-ci ne résisterait pas longtemps... Juste le temps qu'il le rattrape. Billy se retourna et ralentit son allure pendant quelques secondes. Nathaniel voulut sourire pour le remercier, mais cela ressemblait sûrement plus à une grimace. Son ami lui parla mais il ne comprit pas tout de suite de quoi il parlait. Un sort passa à côté d'eux : ils n'étaient plus protégés. Le médicomage ferma les yeux pour dissiper le malaise qui le prenait soudainement, lorsque la voix de Billy éclata dans son esprit. «  Nath. Nath, transplane au QG ! » Il se tourna vers son ami qui le regardait intensément.. Mais... Le transplanage. Il allait ouvrir la bouche lorsqu'il comprit ce qu'il voulait dire : la limite anti-transplanage avait été franchie. Il hocha la tête et se concentra sur l'image du jardin du manoir qu'il avait en tête. Plop.

Il se retrouva à voler dans le jardin, son dos lui faisait atrocement mal. Comme si la blessure s'était agrandie avec le vol. Un craquement caractéristique retentit derrière lui. Le médicomage ne se retourna pas, préférant tenter de ne pas faire un roulé-boulé au pied de l'entrée. Dans son état, ce n'était absolument pas le moment. Ses mains se crispèrent sur le manche de son balai et il s'arrêta à quelques dizaines de centimètres du sol. Avec peine, il descendit de balai et s'appuya contre le mur, en attendant que Billy le rejoigne. Il plongea la main dans sa poche, et en retira l'oeuf, intact grâce à la protection magique. Nathaniel le regarda un instant : Mervyn allait être content. Sa main tremblait, son corps entier tremblait à cause de la chute de l'adrénaline, mais ils l'avaient. Ses jambes se dérobèrent sous lui.