Le quartier général de l'Ordre se trouve dans le métro mais n'est pas visible à l'œil non initié. La Gare King's Cross possède sa propre station de métro reliée au reste du réseau londonien. Il suffit de se rendre sur le quai et de se diriger vers la porte de secours placée dans une zone d'ombre des lieux. Juste sur le côté, il y a une sorte d'irrégularité sur le mur : appuyez dessus et vous serez transporté dans des catacombes du métro. Bienvenue dans le Quartier Général de l'Ordre du Phénix.

Elle était arrivée. Elle était de retour, là ou elle avait quitté son leader plus tôt dans la soirée. Mais malheureusement il manquait une personne. Evoline trouva un fauteuil, elle se laissa tomber dedans et contempla le sol devant elle. Elle ne faisait pas attention aux différents bruits, annonciateur de l’arrivée des membres de la faction. Elle était perdue dans ses pensées. Hayley était membre de l’Ombre, très qualifiée qui plus est vu toute la confiance que Mervyn posait sur elle. Trois des anciens élèves qu’elle avait soigné l’étaient aussi, Carrow, Macnair, Rosier. Autant pour Rosier cela ne l’étonnait guère, surtout quand on voyait le père. En revanche Macnair…n’avait-il pas un frère ? Un cousin membre de l’Ordre ? Cette nuit, elle avait échappé de peu à une explosion, elle avait fini comme un pantin entre les mains de Kark, elle avait faillit mourir, elle était blessée de partout, c’était une nuit horrible. Le pire, ce n’était pas de s’être fourvoyé sur le QG des ombres, ce n’était pas d’avoir été stupéfixée, d’avoir été trahie par une amie, non, c’était d’avoir la sensation d’avoir perdu un être cher. Certes, sa relation avec Eireann Callaghan n’avait rien d’intime ou de très proche, mais elle l’avait côtoyé au château et elle l’appréciait énormément. Elle la connaissait depuis un moment pour son activité au sein de la faction et elle l’appréciait d’autant plus quand elle voyait tout ce qu’elle faisait pour ses idéaux.

Un homme c’était approché d’elle il lui parlait, elle ne l’entendait pas, elle hocha la tête, peut être qu’il la laisserait tranquille ainsi. Au lieu de ça il se mit à s’occuper de son épaule et de ses autres blessures. Elle avait complètement oublié qu’elle était blessée. Elle ne sentait absolument plus son bras gauche, plus de douleurs, plus rien. Aussi lorsqu’elle tourna la tête, elle fut surprise de voir sa chemise toute rouge et collée à sa peau. Sa cape était également imbibée à l’intérieur. Si sa chemise était foutue, sa cape était rattrapable avec un bon sortilège de nettoyage. Elle s’occuperait de ça plus tard. Elle regarda ensuite devant elle et se sentit craquer. Les larmes se mirent à couler. Elle était à bout, elle n’en pouvait plus, elle se sentait coupable, si elle avait été plus prudente lors de son retour dans le couloir, si elle avait empêché Eireann de parler, si améthyste n’avait pas jeté de sortilège de protection, si elle ne s’était pas attaquée à Travers et qu’elle se serait concentrée sur l’objectif…elle aurait put la sauver, elle se serait trouvée dans cette pièce avec elle et elle n’aurait pas au ce monologue intérieur.

Le signal qui s'était mis en route. Eireann, prisonnière dans les mains de Kark, qui avait hurlé à ses camarades de s'enfuir, entre deux sanglots. Il était hors de question de l'abandonner dans les mains de ce monstre, n'est-ce pas ? Eireann était quelqu'un qu'il respectait énormément, avec qui il avait en partie passé sa scolarité (elle avait d'ailleurs toujours fait une formidable rivale volante). Une fille courageuse, dévouée à sa faction. Exemplaire. Quand il voyait Kark la menacer ainsi, cela ne faisait que renforcer ses envies meurtrières. Et puis, quand Zakary avait tourné la tête vers Améthyste, qui essayait tant bien que mal de se redresser, la réalité avait frappé d'un coup sec : elle restait sa priorité à lui. A supposer qu'ils aient tous choisi de rester ici, pour leur coéquipière, que serait-il advenu ? Ils auraient tous sauté, y compris Améthyste ? Et ça, jamais, au grand jamais, il ne pourrait choisir une telle chose, la sacrifier elle. Ne serait-ce que pour Katy, ils avaient une petite fille qui avait encore besoin de ses parents – surtout de sa mère, en fait, il ne pouvait pas prétendre avoir été présent jusque-là – pour continuer à grandir dans la joie et la bonne humeur.

Sa décision était prise. Choix douloureux, mais il n'avait pas eu à hésiter un seul instant. Dernier regard à Eireann – que ce soit clair, dernier pour la soirée, il était hors de question de l'abandonner définitivement – et courut vers sa belle. Lyra. Enfin, Améthyste, mais c'était du pareil au même, après tout. Il la rattrapa alors que, tremblante, elle allait à nouveau s'écrouler sur le sol, un bras sous ses épaules, un autre derrière ses jambes, et ils filèrent vers la cheminée. Pas le temps d'être délicat, doux et attentionné, ce n'était ni l'endroit, ni le moment.

Quelques instants plus tard, ils étaient à leur QG. Ils auraient dû se sentir en sécurité ici, loin de Kark et de ses sbires. Pourtant, Zakary se rendit compte qu'il y faisait vraiment très froid. Un sentiment désagréable, puissant, quelque part au fond de lui-même, mais qu'il ne pouvait cependant pas nommer. Eireann. Le manoir avait-il explosé, en cet instant précis ? Kark avait-il péris en même temps, le capitaine coule avec son navire ? Ou avait-il été prévenu à temps, pour s'enfuir, avec leur prisonnière ?

Zakary baissa la tête, et ses yeux, qui en disaient long sur tout ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait, croisèrent ceux d'Améthyste. Il détourna le regard et cette fois-ci, doucement, la reposa à terre, prêt à la rattraper si ses jambes la lâchaient une fois de plus. Mais, elle sembla tenir bon, alors, comme un automatisme, une nécessité, il la pris dans ses bras, pour la serrer fort contre lui. Il sentait son cœur, il battait la chamade. A moins que ce ne soit celui de la belle, à vrai dire, il ne savait pas trop. D'ordinaire, le simple fait de l'avoir tout contre lui permettait d'effacer les soucis de la journée. Pas cette fois-ci. Il avait vraiment eu trop peur de la perdre, trop peur en la voyant se tordre de douleur en hurlant. Et aussi, parce qu'il avait le sentiment que cette peur ne s'effacerait pas de sitôt, non. Car les autres, de l'Ordre, n'étaient pas encore rentrés, et voir leur état respectif serait certainement un coup dur supplémentaire. Car ce qui avait été, à la base, une sorte de grande mission pour leur faction, s'était transformé en coup de poignard en plein cœur. Car Eireann était restée sur place, de force, et Dieu sait ce qu'elle allait subir.

Et puis, ils étaient encore loin de la fin, pas vrai ?

Améthyste et Zakary arrivèrent au quartier général. La belle brune n'avait guère fait attention alors que son aimé la ballotait pour sortir de la cave Kark. Il avait contourné Hayley qui lançait un sortilège sur Evoline mais Améthyste ne l'avait pas vu. Parce qu'elle avait regardé Eireann tout le temps où ils quittaient la pièce. Et que cela lui avait poignardé le cœur de laisser une ordre là. D'ailleurs la sorcière avait voulu protester. Mais si elle était resté là-bas, l'enseignante en Runes aurait sauté. Zakary aussi. Et Mary-Katy, que serait il advenu d'elle ? Imposer à son bébé d'être orpheline ? Non mais, ça va pas !? Et puis, Amé était la priorité de Zak. Il ne l'avait pas écouté. Et tout s'était passé vraiment très vite.

Toujours est il qu'ils étaient enfin à l'abri, même si la jeune femme avait le sang glacé. Qui rentrerai du manoir ? Le fait de ne rien savoir était pire encore que le fait d'être là-bas. Alors Améthyste chercha à se serrer plus encore contre son cher et tendre, venant pleurer contre son épaule. Elle mouillait le haut du jeune homme sans s'en soucier. Elle avait bien d'autres choses à penser que ce vulgaire bout de tissu qui de toute façon était juste bon à jeter avec tout ce qu'il avait pris.

La demoiselle se détacha finalement de son cher et tendre pour l'observer sous toute les coutures, s'assurer qu'il allait bien. Il avait morflé. Elle aussi. Ils ne s'était écoulé que quelques secondes et voir Evoline revenir du manoir fut un réel soulagement. Un autre Phénix suivi. Nombreux étaient ceux qui revenaient. Mais Eireann ne reviendrait pas. Le manoir exploserait mais la mission était un échec parce que tout les phénix n'étaient pas de retour. Et puis bientôt, l'attention d'Améthyste se reporta sur Zakary et la jeune femme explosa, littéralement.

"- On va envoyer Katy en Islande !. Je... je veux l'éloigner de tout ça... tu comprends ? Poudlard... Londres... Ce n'est qu'une enfant, je veux l'éloigner de la guerre... J'ai uns amie, là-bas... Elle s'en occupera bien j'en suis certaine..." asséna t elle tout de suite, sans prendre de gant, éclatant en sanglots. "Je ne veux pas lui imposer ça... Je t'en pris, éloignons là de toute cette merde..."

How could this happen to me
I made my mistakes
I’ve got no where to run
The night goes on
As I’m fading away
I’m sick of this life
I just wanna scream
How could this happen to me




Il entend vaguement Wallas répondre quelque chose à la jeune fille, des recommandations, un conseil : partir. Il essaye de se secouer mentalement, il sait qu’il doit avoir l’air d’une véritable épave, qu’il doit être blanc comme un linge. Mais c’est difficile. Et il se sent tout engourdi. Fort heureusement, son leader lui lance un sort de soin apparemment, puisqu’il se sent tout de suite mieux – seulement physiquement parlant, évidemment. Ce n’est pas toujours la grande forme, loin de là, mais au moins maintenant il est capable de se presser, de courir aux côtés de Wallas sans être totalement amorphe et avoir besoin d’un grand soutien. Une chance que son leader soit médicomage. Malheureusement, la médicomagie ne peut rien pour les blessures mentales… Il descend les escaliers rapidement, hoche la tête vaguement pour montrer qu’il a compris les propos de son chef et quelques secondes plus tard ils se retrouvent devant la cheminée du rez-de-chaussée.

Les premiers soins de Wallas et la course lui a permit de s’ancrer de nouveau dans la réalité, même s’il aimerait encore s’en défaire. Il est essoufflé, mais s’empresse d’exécuter les même gestes que son leader. Partir d’ici. Partir de cet enfer. Oublier. Sans le bon sens de Wallas, jamais il n’aurait pensé à un sort d’insonorité.

« QG de l’ordre du Phénix, métro de Londres »

C’est la première fois qu’il parle depuis…. L’acte. Si l’on excepte ses cris de douleurs. Ouvrir la bouche et se mettre à parler lui demande un effort qu’il aurait voulu ne pas fournir, afin de s’enfermer un peu plus dans son mutisme. Mais il n’a pas le choix. Sa voix est rauque, inhabituelle, exténuée. Heureusement il arrive à bon port, couvert de suie mais à vrai dire il ne s’en préoccupe pas.

Arriver au QG après tout ce qu’il vient de se passer lui paraît tellement irréel… Il ne réalise pas. Wallas s’occupe de finir de le soigner, avant de filer pour s’en doute aller voir un peu tout le monde. Son esprit est encore à quelques kilomètres de là, dans le Manoir Kark, dans cette chambre. Son regard erre dans la grande pièce principale de leur QG. Quelques uns de ses coéquipiers sont déjà là. Ses yeux se posent sur Zak, qui étreint sa bien aimée. Il pense à Leo un instant. Et prie de toutes ses forces pour qu’il lui revienne sain et sauf. Il espère qu’ils reviendront tous sains et saufs. Il ne supportera pas davantage de malheurs aujourd’hui. Le fiasco de cette nuit lui donne un goût amer dans la bouche. Non seulement ils se sont trompés, mais en plus il a commis l’irréparable. C’est trop dur. Cette vie est trop dure. Cette guerre est trop dure.

Il ferme les yeux, recule un peu jusqu’à rencontrer un mur et s’y appuyer quelques instants. Puis, doucement, il glisse jusqu’à terre. Les paupières toujours fermées, il tente par tous les moyens de se soustraire aux vagues de douleur, de fatigue et d’inquiétude qui l’envahissent. Mais surtout, de ce soustraire de la scène qui passe en boucle devant ses yeux clos, de ce soustraire de la culpabilité qui lui bouffe les entrailles. Sans y parvenir. Le nœud dans son estomac ne cesse de se serrer davantage, la boule dans sa gorge ne cesse de grossir. Lui qui a la peau si mate de par ses origines, son visage est livide. Il serre les dents. Les tremblements refont surface. Ici, c’est trop calme, l’action est absente, l’urgence aussi. Trop calme. Trop de temps pour penser. Tout lui revient au centuple, même si cela ne l’a jamais quitté. Ramenant ses genoux contre son torse, il les entoure de ses bras et y pose son front, les yeux toujours fermés. Oublier.

Merde, encore un sort qu’il lui faudrait maitriser s’il ne veux plus se noyer comme à présent. un bras le soutient, la voix de Bexie fini de réveiller légèrement même s’il est déstabilisé par la puissance du sort qu’il vient de lancer. Jamais, au grand jamais, il n’avait atteint cette quantité d’eau en le formulant. Le point positif est que l’eau a ramené Jayze près d’eux et qu’ils sont non loin de la porte à présent. Quelques mètres les séparent et déjà l’eau se dissipe. De loin, il aperçut Noah et Wallas piquer un sprint vers leur cheminée. Une question le frappa de plein fouet. Ou était Hudson ? Il n’eut pas le temps de les analyser d’avantage. Ils devaient sauver leur peau d’abord. Il analyserait après. Noah était sauf et il le savait. C’était le principal.

« Jake, tu t’occupes de Jayze et Bexie restes avec moi. Nous n’avons pas le temps de courir jusque là. », murmura Leo d’une voix légèrement affaiblie. Il n’a peut-être pas assez de force pour lancer un sort d’attaque mais ce sort là il en est capable et il le sait. Prendre les commandes des opérations, ça aussi c’est une nouveauté. Mais ils devaient agir vite. L’important n’était pas de savoir qui lançait les commandes, l’important était de s’en sortir vivants. Tous.

« Ascenscio. », murmura t-il d’une voix faible en se tenant à Bexie. Arrivés à porte, ils s’agglutinèrent autour de la cheminée. Jayze passa en premier puis Bexie et ensuite... Il croisa le regard de son frère qui le poussa en avant. S’ils avaient eu plus de temps peut-être aurait-il eu le courage de répliquer et de le faire passer avant lui mais le temps était contre eux. Non. Le temps n’avait jamais été avec eux et ce, dès le départ.

Arrivé à destination Leo retint sa respiration et ne s’autorisa à lâcher le regard de leur cheminée jusqu’au retour de Jake. Tant que Jake n’était pas là, à ses côtés, il ne faisait pas attention à ce qui l’entourait. Jayze et Bexie étaient pris en charge par des Medicomage et tout ce qui l’importait pour le moment c’était de savoir que son frère allait bientôt faire son apparition. Non, la tout de suite, il devait ar… c’est bon il était là. Un soupir de soulagement l’étreignit et un sourire rassuré effleura ses lèvres. Ils avaient un lien particulier et certains pouvaient le voir mais il s’en fichait. Tout ce qu’il avait voulu pendant cette mission, c’était de l’avoir sain et sauf à ses côtés. Jusqu’à la fin. Il ne supporterait pas de le perdre après Isabelle. Clopinant doucement vers un Medicomage, il chercha Zahid du regard. Strabon, Iphigénie et Virgile ne leur avait pas fait de cadeaux. Ses chevilles ressentaient encore la douleur de leur emprisonnement forcé. Ce n’était cependant rien comparé à la blessure de Bexie et complètement ridicule par rapport à la plaie béante qui se formait sur le bassin de Jayze.

Depuis le retour de Jake, il cherchait frénétiquement la présence de son meilleur ami. Sa blessure pouvait attendre. Il avait besoin de croiser le regard de Zahid pour voir qu’il allait bien. Un pressentiment l’avait parcouru lorsqu’il les avait croisé. Peut-être était-ce les yeux baissés du photographe ? Un malaise l’enveloppa lorsqu’il l’aperçut à l’autre bout de la salle, recroquevillé contre lui-même. Laissant la Medicomage s’occuper de Jake en premier malgré les protestations de ce dernier, le barman se dirigea vers l’ancien Poufsouffle sans faire attention aux gens qu’il bousculait sur son passage. Zahid n’avait pas pour habitude de se montrer aussi désemparé devant les autres. Quelque chose s’était passé. Il ne savait pas quoi mais il ne tarderait pas à le savoir. Si le Phénix voulait bien le lui dire. Il ne le forcerait à rien.

Effleurant doucement le bras de Zahid de sa main tremblante, Leo attendit. Des murmures lui parvenaient à l’oreille : maison des Kark, pas le QG des Ombres. Les paroles de Jake firent écho dans sa tête mais il s’en fichait. Tout ce qui avait de l’importance à ces yeux pour le moment était l’état de son ami qui ne cessait de trembler. Leo repensa aux trois Elfes qui sont probablement morts à l’heure qu’il est. La culpabilité le traverse un instant mais est bien vite balayée pour faire face à l’inquiétude qui le ronge deux fois plus avec le regard que Zahid lui lance. Son visage est blanc comme un linge, ses yeux hagards. L’irlandais se mord la langue ne sachant que faire : le gifler pour qu’il reprenne ses esprits, le prendre dans ses bras et le serrer fort pour qu’il comprenne que quoiqu’il se soit passé, il est avec lui. Qu’il sera avec lui, jusqu’au bout. Une boule d’angoisse lui éteint la gorge. Il a envie de parler mais n’y arrive pas. Pour la première fois, Leo ne sait pas comment réagir devant l’erreur que leur leader a commise en pensant que cette maison était le manoir des Kark. L’erreur est monumentale, les conséquences le seront tout autant. Pour la première fois depuis bien longtemps, Leo a peur.

Il s'agissait d'un véritable carnage, moi, je m'étais évanoui et je ne savais pas ce qui s'était passé. Ce que je me rappelai ? Cet elfe qui m'avait planté un couteau dans le ventre, l'incendie qui s'était déclaré dans le manoir par l'un des elfes et l'inondation puis plus rien... Je m'étais évanoui sous la douleur de mes multiples blessures. Lorsque j'ouvris mes yeux, je me retrouvais allongé au sol dans une pièce. J'avais reconnu quelques secondes après que l'on était dans le Q.G. On ? Oui, il y avait également d'autre membres de l'Ordre, pratiquement toutes les personnes qui étaient partis à l’assaut du manoir des Kark. En tout cas, je n'arrivais pas à me lever, la douleur était trop forte pour que je puisse bouger ou faire n'importe quel chose. Mes yeux ouverts, je voyais que des médicomages étaient autour de moi. Ils étaient en train de me soigner. J'entendais tout, absolument tout. L'entaille à mon ventre était bien grosse, et que malgré qu'il me soigne, je devais arrêter le Quiddtich pendant plus de deux semaines. Au moins, il m'avait soigné et je me demandais ce qu'il serait arrivé si j'étais resté plus longtemps dans ce manoir. Peut-être que j'allais mourir ?

Que de pensées noires, les médicomages m'aidèrent à me relever et à m'asseoir sur un des fauteuils du quartier général. Je regardais les différentes personnes présentes, et la plupart était blessée. Gravement ou pas, ils étaient blessés. L'attaque surprise avait-elle marché correctement ? Je m'en posais les questions. J'attendais que le boss arrive, il allait tout nous expliquer en détail. Surtout sur le fait qu'il s'était trompé en pensant que le manoir des Kark formait le quartier général des Ombres. On était tombé sur le véritable manoir des Kark, et ceci ne formait pas du tout leur Q.G, malheureusement et nous avions dès lors tout détruit... Leurs origines, leurs biens...

Here comes the rain again. Falling from the stars.
Drenched in my pain again. Becoming who we are.
As my memory rests. But never forgets what I lost.

Tout s’était pratiquement calmé dans le manoir. Bexie regardait autour d’elle et fut bientôt emportée par Léo qui l’aida à accéder jusqu’à la cheminée. Il lui était d’un grand secours et elle n’aurait jamais assez de temps dans sa vie pour un remerciement à la hauteur de ce qu’il avait fait pour elle. Ce n’était qu’un coup de main finalement, mais seule, elle avait du mal à se dire qu’elle y serait parvenue. Elle déraillait, complètement, elle se croyait à moitié morte alors que ses blessures n’étaient pratiquement rien. Il y avait eut des dégâts bien pires, elle n’était qu’une victime parmi toutes les autres. Lorsqu’elle parvint à entrer dans la cheminée, elle se sentit transportée et quelques instants à peine plus tard, elle n’avait plus qu’à faire quelques pas pour se rendre au QG. Était-ce chez elle ? Elle était perdue. Elle suivait simplement Jayze qui était devant elle, jusqu’à ce qu’elle reconnaisse le lieu qu’elle avait quitté des siècles auparavant. Ou peut-être simplement des heures auparavant. Le temps s’était perdu en elle et, autant elle avait l’impression que tout s’était passé aussi vite que l’éclair, mais le calme du QG de l’Ordre lui paraissait bien trop lointain.

L’endroit était tout aussi calme qu’avant. Il était convivial. Mais Bexie n’arrivait plus à distinguer le bien du mal, et voyait, après cette mission, un Mal partout, comme si en faisant un pas, un seul petit pas, à ce que le ciel lui tombe dessus, ou que n’importe quel sort lui transperce la poitrine. La peur qu’elle avait ressenti au manoir Kark ne l’avait pas quittée, et elle n’allait pas en être débarrassée de sitôt.

Elle avait beau se répéter sans cesse c’est bon tu es rentrée à la maison, ils ne peuvent plus rien contre toi, tu es en sécurité, ses blessures la faisait trembler comme si un loup-garou allait surgir d’un moment à l’autre, sans grogner au préalable pour montrer sa présence. Elle s’assit sur une chaise, parmi les autres blessés, et se laissait dorloter par des mains inconnues. Des sorts de magicomages jaillissaient de plusieurs baguettes, tandis que Bexie observait l’étendu des dégâts. Autour d’elle, d’autres groupes arrivaient peu à peu, blessés, certains n’arrivaient tellement pas à marcher qu’on aurait pu croire qu’ils avaient par erreur, avalé un champignon hallucinogène. Si ça pouvait être vrai ! S’ils avaient pu avoir seulement des champignons hallucinogènes comme ennemis… Bexie, réveille-toi, tu dérailles ! Ses parents allaient arriver d’une minute à l’autre, mais elle ne voulait pas qu’ils la voient dans cet état. Elle devait faire peine à voir. Les couteaux lui avait déchiré une partie de son pantalon, et l’étincelle qui avait atterri sur sa main avait quelque peu brulé le bas de sa manche. Bien que sa hanche restait douloureuse, on ne pouvait voir aucune blessure précise sans soulevait son pull. Elle ne voulait plus penser à cette soirée. Une bonne nuit de sommeil lui ferait peut-être oublier quelques détails, ou au moins qu’elle prenne du recul par rapport à cela. Elle ne regrettait pas son geste d’avoir participé, mais elle ne se sentait pas prête. Elle ne savait tout bonnement pas à quoi s’attendre. Au moins, à présent, elle était prévenue de son sort.

Le son de la montre retentissait ; ils devaient partir, ou ils exploseraient avec le manoir. Jake se retourna vers l'entrée de la salle de la cheminée par laquelle ils étaient entrés, et avisa Jayze en mauvais état, ainsi que Bexie qui semblait avoir du mal à marcher. Ils devaient partir ensemble, de toute manière.

Un claquement de doigts avait résonné dans la pièce, implacable, et les flammes les avaient entourés. La fumée empêchait Jake de voir correctement, et il enfouit son visage dans un coin de sa manche pour éviter de respirer trop de fumée. A ses côtés, il entendait Leo tousser, et se tournait vers lui, inquiet. Le photographe avait chaud, la chaleur du feu – proche, trop proche – avait cet effet angoissant sur le jeune français. Mais soudainement, la voix de son frère prononça un sortilège d'eau que Jake reconnut immédiatement. Il ne savait pas que Leo le connaissait, mais il n'aurait pas dû en douter : après tout, c'était leur mère qui l'avait créé. Un filet d'eau jaillit de la baguette pour éteindre les flammes. Ou plutôt un torrent d'eau. Jake écarquilla les yeux : ce n'était pas censé être autant d'eau. Vraiment pas autant, remarqua-t-il alors que la pièce était totalement inondée. A ce rythme, ils allaient être obligés de nager. La voix de Leo retentit à ses oreilles, lui demandant de s'occuper de Jayze. Le français acquiesça. Le sort avait eu l'inconvénient non négligeable de rapprocher le corps du jeune homme, permettant aux Ordres de partir plus rapidement. Il n'y avait pas de temps à perdre. Jake se dirigea vers lui, remarquant son inconscience avec inquiétude. Ses blessures étaient profondes, son esprit avait sûrement du lâcher prise pour échapper à la douleur. Ça devait être ça, il ne pouvait pas mourir comme ça. Le photographe réprima ses tremblements et prit le joueur de Quidditch au niveau des épaules pour l'amener contre lui, avant de se diriger vers la salle de la cheminée. Leo soutenait Bexie, à moins que ça ne soit l'inverse, et les deux l'attendaient sans mot dire. Il semblait affaibli, ce qui alarma Jake de suite. Le français posa une main sur le dos de son frère pour le pousser à rentrer au QG. Plus il y serait rapidement, moins Jake s'inquiéterait pour lui. Il pourrait se faire soigner par les médicomages. Ça irait bientôt mieux, de toute manière, ils partaient. Leo disparut dans des flammes vertes, et Bexie le suivit Bientôt ce fut leur tour. Jayze était toujours inconscient, mais il respirait, c'était déjà ça.

« QG de l'Ordre du Phénix, Gare de King's Cross, Londres. »
Les flammes vertes l'aspirèrent et le jeune photographe se retrouva transporté à l'endroit désiré. Il rencontra aussitôt les yeux bleus de Leo, qui lui lança un regard de soulagement que Jake lui rendit. Ils étaient en sécurité maintenant. Un médicomage se dirigea vers le français et d'un coup de baguette posa Jayze sur l'un des brancards installés pour l'occasion. Un dernier regard pour le jeune homme, et Jake reporta son attention sur Leo qui s'était déjà éloigné en direction d'une forme familière roulée en boule contre un mur. Noah ? Il ne paraissait vraiment pas bien ; le photographe ne pouvait pas voir ce qu'il avait de là ou il était, et un médicomage s'occupait déjà de ses blessures, mais son collègue paraissait exténué, blanc comme linge.

Non loin de lui, Bexie s'était assise dans un fauteuil et regardait autour d'elle d'un œil anxieux. Le français d'adoption laissa les derniers soins s'effectuer, puis se dirigea vers elle et s'assit à ses côtés. Elle tremblait légèrement, et, en voulant poser sa main sur son épaule, Jake se rendit compte que lui aussi tremblait. L'attaque lui revint en mémoire : ils avaient lamentablement échoué. Il ne voyait aucun point positif à cette soirée, même en cherchant bien. Ils étaient tous plus ou moins blessés, et avaient attaqué le manoir Kark, la maison du ministre de la magie, en pleine nuit, pour piller comme des voleurs qu'ils n'étaient pas. Pour faire exploser ce qu'ils supposaient être le QG, qui finalement ne l'était pas. Ils n'avaient réussi qu'à se mettre les Ombres à dos pour une durée indéterminée. Il ferma les yeux et retint un soupir, avant de demander à la jeune femme si elle allait bien. « C'est fini maintenant. Fini, et j'espère que ça ne recommencera pas. » ajouta-t-il d'une voix qu'il souhaitait douce, mais qui au final se brisa, comme si tout cela n'était qu'un mauvais rêve.

Sa main vint se glisser sur celle que lui tendait Nathaniel et sa chaleur délicate l'envahit par petites bouffées jusqu'à se frayer un chemin à travers son cœur tremblant du froid de la discorde. « Vas-y, » souffla-t-elle avec douceur tandis que son esprit échafaudait sa propre fuite mais il ne lâcha pas sa main, aussi elle suivit son regard sans comprendre. Que cherchait-il ? Ses doigts la libérèrent de leur étreinte pour ne laisser sur sa peau plus que l'empreinte brûlante de leur absence. Interdite, elle l'observa fouiller les poches de son défunt cousin. La compréhension ne lui vint que lorsqu'il déposa dans ses mains une rose, celle de Philippin, et lui intima de partir dans un murmure. Le doux baisé déposé sur son front scella une promesse sans mot. Et son regard plongé dans le sien, miroir troublé de vagues, était une mer que les flots tourmentés versaient pour chaque larme une parole d'amour. La disparition du jeune homme se brouilla dans ce torrent intolérable. Les émotions en bataille, elle couva, pour la dernière fois, le Poufsouffle de ses yeux perlés de tristesse et transplana.

D'un revers de main, le jeune femme sécha ses larmes. Elle voulait pleurer encore pour déverser la souffrance insupportable qui envenimait ses veines mais c'était un soulagement qu'elle ne pouvait s'autoriser. D'un regard distrait, elle embrasa son appartement froid tout en enfonçant ses mains dans ses poches pour sentir la rose des Ombres au bout de ses doigts. Le contact glacial de la gemme ranima les engrangements de son cerveau. Elle devait se rendre au QG de l'Ordre. Lançant une pognée de poudre dans l’âtre de la cheminée, elle articula : « QG de l'Ordre du Phénix, métro de Londres. »

La métamorphomage jeta un regard circulaire à la salle et se précipita sur Améthyste et Zakary, ignorant délibérément autant Noah que Wallas. Elle n'était revenue que pour les blessés, parce qu'elle était médicomage et qu'en tant que tel elle se devait d'être là. « Vous n'avez rien ? Laissez-moi voir vos blessures, je vais m'occuper de vous. »

Lorsque Wallas vit la scène qui se déroulait au QG, il comprit que cette nuit avait peut-être était pire que l'attaque du Ministère deux mois plus tôt... Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils étaient préparés cette fois et que ça avait été un fiasco quand même. Les sorciers présents étaient tous épuisés, abattus. Certains s'étaient déjà écroulés, d'autres pleuraient même... Un véritable spectacle de désolation s'offrait à celui qui avait eu l'espoir de voir renaître la liberté de ses cendres... Il s'était lourdement trompé. Il avait cru qu'un jour, ils pourraient triompher mais plus le temps passait, moins il y croyait. C'était pareil pour ceux qui avaient placé leur confiance en lui : il le sentait dans leurs regards. Il inspira un grand coup. Il fallait dénombrer les victimes avant tout... Les blessés graves. « Tout le monde est là ? » Un grand silence parcourut le Q.G. durant lequel tous se regardèrent les uns les autres. Evoline Newton essaya d'articuler quelque chose mais les sanglots bloquaient la moitié des mots dans sa gorge. Elle inspira pour se reprendre : « Eireann Callaghan, monsieur... » Un nouveau sanglot s'échappa de sa gorge. « Kark... Elle n'a pas pu... Il... Ils l'ont prise... » Elle fondit en larme. Le silence se fit plus intense, percé uniquement par les pleurs de l'infirmière. Wallas vacilla légèrement, de manière imperceptible : mieux valait la mort que la captivité auprès des Ombres...

« Apparemment, nous nous sommes lourdement trompés : le Manoir Kark n'était pas le Q.G. de ces monstres. Est-ce que certains d'entre vous ont réussi à récupérer des objets dont nous pourrions exploiter la magie ? » C'était leur dernier espoir. S'ils avaient au moins réussi à mettre la main sur quelque chose d'utile, ils pourraient espérer ne pas flancher complètement et avoir encore la force de se battre pour une cause qui était juste et peut-être pas encore perdue... Mais Wallas avait déjà du mal à y croire lui-même alors attendre des autres qu'ils y croient...

Evoline était en larme, elle avait du avouer à Wallas qui manquait à l’appel et c’était encore plus déchirant pour elle. Ça lui montrait qu’elle n’avait pas rêvé, que le mal était fait et qu’il n’y avait aucune possibilité de retourner en arrière. Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’elle avait pu partir du manoir, qu’elle n’avait pas périt dans l’explosion. Elle y espérait de tout son cœur.

Elle écoutait les propos de Wallas, elle avait de la peine à ne pas lui sauter à la gorge et tout lui reproché. C’était de sa faute de toute manière, c’est lui qui était certain que le QG était le manoir Kark, c’était lui qui les avaient tous envoyé au casse pipe. C’était lui qui leur avait ordonné de tuer. C’était à cause de lui aussi qu’Eireann était prisonnière et peut être même morte. Et lui, tout ce dont il se souciait, c’était de savoir s’ils avaient ramenés des choses du manoir ? C’était pitoyable, son attitude était pitoyable. Evoline commençait à le détester. Oh peut être que ça passerait comment sentiment, mais quoi qu’il en soit, actuellement elle n’avait qu’une seule envie partir d’ici et ne plus entendre parler de cette nuit, ne plus voir cet homme pour qui ceux qui le suivaient n’étaient que de la chaire à canon et même pas des hommes avec des sentiments, une vie et qu’ils pouvaient la laisser derrière eux. Elle était énervée, très énervée.

Il voulait récupérer ce qu’ils avaient prit ? Très bien. Elle se leva et s’approcha de lui. Il y avait une table non loin de là. Elle le regarda droit dans les yeux. « Vu que vous vous souciez plus des objets que nous aurions pu prendre que de sauver ceux qui sont restés, voici ce que vous avez, j’espère que vous serez satisfait. » Son ton était froid, cassant. Elle lui en voulait terriblement. Elle posa la coupe en bois, premier objet qu’elle avait prit dans le manoir. Elle ajouta le très joli collier, donc elle ne savait pas trop s’il intéresserait Wallas, qui sait il l’utiliserait peut être pour sa futur femme ou pour récupéré sa fille. Et enfin, elle sortit le diadème en argent, avec de nombreuses pierres précieuses et des runes.

Elle tourna les talons et alla s’appuyer contre un mur, loin, très loin de tous. Elle ne voulait plus les voir, elle ne voulait plus les entendre, mais elle savait qu’elle ne pourrait partir avec l’accord de cet homme au cœur aussi froid que de la glace éternelle.