Les cours de la journée étaient terminés depuis un peu plus de dix minutes, mais pourtant Zakary n'avait pas travaillé à Poudlard de toute l'après-midi. En fait, il venait même de rentrer à l'instant, étant donné qu'il avait passé les dernières heures à s'entraîner pour le Quidditch, avec l'équipe d'Angleterre. Ces quelques heures sportives, passées avec un coach qui s'exprimait souvent en hurlant pour faire comprendre que telle ou telle chose n'allait pas, - mais qui au final permettait à l'équipe de s'en sortir avec une grande majorité de victoires lors des matchs – avaient fait du bien à Zak. En volant, concentré sur son rôle en tant que joueur, il évacuait toute pensée parasite, tous les petits soucis du quotidien. Il rentrait donc serein à l'école, et c'est seulement en croisant un élève qu'il avait déjà aperçu au QG de l'Ordre du Phénix qu'il se souvint : la mission donnée par Wallas.

« Miss Miller, Mr Cooper vous n’êtes pas sans savoir que Poudlard est devenue une vraie forteresse impossible d’y entrer ou d’en sortir. Cette règle vaut pour les hommes, mais aussi pour les lettres et le courrier, ce qui bien sûr limite fortement nos interventions dans l’académie ». Oui, en effet, il avait remarqué. Si Poudlard continuait à évoluer ainsi, d'ici la fin de l'année, ils se retrouveraient tous à vivre dans une prison géante, professeurs comme élèves. Rien de très réjouissant, somme toute, qui plus est par les temps qui couraient à l'extérieur. Améthyste et lui avaient donc pour tâche de mettre au point un objet qui permettrait à leur faction de communiquer les différents ordres de mission aux élèves. Quelque chose à la portée de tous les jeunes, qu'importe leur niveau de magie, suffisamment bien caché pour être invisible aux yeux des autres, mais facile d'accès pour leurs membres à eux.

Tout d'abord, il avait pensé à la Salle sur Demande, salle qu'un élève plus âgé lui avait fait découvrir au temps de sa scolarité chez Serdaigle, plutôt pratique. Idéal pour cacher quelque chose, n'est-ce pas ? Mais après réflexion, non. Bon nombre de jeunes n'avaient pas connaissance de cette salle, et risquaient d'ignorer totalement sa localisation et le moyen de la faire apparaître. C'était donc une mauvaise idée, et pourtant la seule qu'ils avaient eu jusque là.

Ses affaires à la main, Zakary rejoignait ses appartements pour les déposer à l'intérieur, après, il essaierait de trouver Améthyste. Quelques tableaux qui décoraient le couloir s'animaient, discutaient de choses diverses auquel le professeur de vol ne fit pas attention. Il ouvrit la porte, rejoignit sa chambre, posa ses effets personnels de Quidditch sur le lit et là... Illumination !

Sans perdre plus de temps, il sortit en vitesse, prenant tout juste le temps de refermer la porte derrière lui. Améthyste, il devait absolument trouver Améthyste ! Il avait une idée qui pourrait cette fois être meilleure que la Salle sur Demande. Il se dirigea toujours aussi rapidement vers sa chambre, frappa à l'entrée d'une main, pressant la poignée de l'autre : la porte était verrouillée, elle n'était pas là. Alors, il emprunta les escaliers jusqu'à arriver au cinquième étage. Si Améthyste ne se trouvait pas dans sa chambre, il y avait de fortes chances pour qu'elle soit dans sa salle de cours. Quand il arriva en face de la pièce en question, il ouvrit la porte alors laissée entrouverte. La professeure de runes était penchée sur des copies, une plume à la main. Certainement des copies à corriger... Zakary frappa doucement, et se dirigea vers elle pour l'embrasser dans le cou, un sourire lumineux suspendu à ses lèvres. Il l'enlaça tendrement, et commença :

« Comment tu vas mon cœur ? Dis-moi, je viens d'avoir une idée, pour notre mission. Quitte à créer un objet, on ferait mieux d'en prendre un déjà existant. J'ai pensé aux tableaux, tu sais, il y en a partout. Il suffirait d'en choisir un discret, et de le modifier grâce aux runes. » Domaine que Zakary ne maîtrisait absolument pas, ils auraient besoin des connaissances de la jeune femme « Et on se débrouille pour établir un lien avec l'Ordre je sais pas comment, comme ça ils vont passer les messages qu'ils veulent, et quand on doit recevoir l'ordre de mission, on a une sorte de phrase – mot de passe à dire, et hop, le message s'affiche. En plus, tout le monde peut passer devant, mais impossible de se douter de quoique ce soit ! Tu vois le genre ? Tu crois que ce serait possible ? »

Les corrections. Voilà bien quelque chose qui ne manquait pas de déplaire à la belle Améthyste dans le travail de professeur. Les âneries écrite par les étudiants étaient parfois vraiment désespérantes. A croire que les étudiants n'écoutaient rien pendant les cours. Ce qui parfois devait être très vrai. Il n'y avait qu'à voir le nombre de petits mots qu'il arrivait qu'un professeur soit contraint de confisquer à quelques petits malins qui, en prime, se croyaient discrets. Ou protestaient, comme si les professeurs étaient des idiots qui se laisseraient berner par leur regard mièvres et sourires faussement innocents.

La jeune femme corrigeait la copie, désastreuse, d'une petite troisième année venant de la maison des Gryffondor. Au final, il y avait tellement d'encre rouge sur le parchemin qu'il était difficile de retrouver un peu d'encre bleu. Bon... C'était un peu exagéré certes mais pas très loin de la vérité non plus. C'était juste... catastrophique. Désespérant. A tel point que si Améthyste avait été dépressive il lui aurait fallut avaler quelques cachets pour être sûre d'aller bien. Cette élève avait fait n'importe quoi et la sorcière ne la supportait plus. Ce sourire faussement angélique, les petites farces pas drôles... Et puis, la miss ne manquait pas de tenir tête et d'amuser la galerie. Une tête à claque quoi. Mais à pars des retenue, l'enseignante ne pouvait pas mieux la corriger. Alors c'est clair que l'élève n'allait pas changer.

La demoiselle souffla, allant à la fenêtre pour regarder au dehors la nuit qui tombait sur Poudlard. La sorcière n'avait plus qu'une hâte : courir retrouver sa fille Mary-Kathleen. Son petit trésor quoi. Surement irait elle d'abord voir Zakary, avant de rentrer à ses appartements. Elle brûlait d'envie de le revoir. Leur dernière dispute les avait rapprochée. Leurs vies étaient difficiles. Leur histoire d'amour l'était elle aussi. A s'aimer, se déchirer, se quitter et se retrouver.

La jeune femme retourna à son bureau afin de corriger le restant de copies. Elle soupirait, visiblement agacée par cette correction et le peu d'effort fournit par les élèves pour ce contrôle. A croire qu'ils n'avaient strictement rien compris. Ou avaient fait semblant. Mais les notes ne seraient vraiment pas glorieuse, cela était plus que certain et ne manquait pas d'ajouter à l'agacement d'Améthyste.

Zakary entra dans la salle de classe alors que sa douce écrivait un "P" sur une copie. Le joueur de Quidditch vint l'embrasser dans le cou, pour le plus grand plaisir de la mère de son enfant. C'était comme s'il avait put lire dans l'esprit de sa chère et tendre, l'envie qu'elle avait de le voir. Sauf que lorsqu'il ouvrit la bouche, l'enseignante compris que ce n'était pas l'envie folle de la voir qui avait motivé la visite du professeur de vol mais une bien toute autre raison.

"- Oui, ce serait tout à fait possible mon cœur mais je ne sais pas vraiment quel tableau nous pourrions utiliser. Il nous faudrait un endroit discret mais qui n'éveille pas les soupçons. Je ne veux pas que des modérés puissent se dire : "Tiens c'est bizarre tout ces élèves qui reviennent de l'aile X alors qu'elle était, il n'y a pas si longtemps, bien peu fréquentée..." Tu vois ? Un lieu discret mais dans un couloir où il n'est pas surprenant d'en voir sortir des élèves..."

Zakary recula les piles de parchemins, sans toutefois les désordonner, et s'assit sur le bureau. Améthyste lui répondit, et pendant ce temps, il attrapa un devoir d'élève qui venait d'être corrigé. La belle avait laissé sa trace partout, et le jeune sorcier se retrouvait avec un P. En voilà un qui devait adorer les runes, et ne pas suivre grand chose en cours... Enfin, Zakary ne prêtait pas une grande attention à ça, écoutant plutôt ce qu'Améthyste avait à suggérer.

Il leva les yeux vers le plafond, pensif. Oui, évidemment, elle avait raison. Il leur faudrait un emplacement discret, où les élèves pourraient accéder sans problème, et surtout sans se faire repérer par les autres.

« Oui, c'est certain. Après tu sais, trouver quel tableau utiliser, c'est pas vraiment le problème, il y en a des tonnes à Poudlard. On prend un couloir ou une salle convenable, et ensuite on en choisira un, le plus simple possible. J'avais pensé à la Salle sur Demande, ce serait l'idéal, et beaucoup plus simple. Mais du coup, ça implique que tous les élèves de l'Ordre en connaissent l'emplacement, et je doute fortement que ce soit le cas. Après, il faudra aussi trouver comment faire. »

Il se leva du bureau, fit quelques pas dans la pièce, et continua :

« Comme je l'ai dit, on pourrait faire en sorte que le message s'affiche, ou alors, j'avais aussi pensé à une sorte de... Boîte aux lettres. Il suffirait de mettre l'ordre de mission dans un premier objet, à partir du Quartier Général, pour qu'il arrive justement à Poudlard, derrière le tableau en question. Pour reprendre le principe des tableaux qui gardent les salles communes, en fait, et on tomberait sur une... Boîte, un casier, quelque chose comme ça. Tu penses que tu pourrais faire ça ? »

Les runes pouvaient certainement aider à cette tâche, si toutefois ses idées étaient réalisables. Il jeta un regard interrogatif à Améthyste : après tout, la maîtresse de cette matière, c'était elle. Lui n'y connaissait absolument rien, et il continua à énumérer ses idées à haute voix :

« Poudlard est devenu une vraie forteresse... Mais je pourrais facilement passer au QG après ou avant un entraînement, à condition qu'on ait préparé tout ce qu'il faut avant... »

Il interrompit le fil de ses pensées et observa le visage de la belle. Elle était tendue : besoin d'un peu de détente, peut-être ? Il lui sourit tendrement.

« Hmm... Journée difficile ? » Question qui n'en était pas une : il la connaissait par cœur, à force, il avait appris à décrypter chacune des attitudes de la jeune femme, sans qu'elle n'ait besoin d'ouvrir la bouche. Il attendit qu'elle se lève, pour la prendre dans ses bras et l'embrasser. A Poudlard, les élèves avaient pour interdiction de s'afficher en couple (il était même préférable que tous restent célibataires, mais évidemment, ce n'était pas le cas), et il était fortement conseillé au personnel de faire de même. Ils n'avaient jamais rien fait devant personne, du moins, à l'école – d'après ce qu'il pensait du moins – et pourtant tout le monde était au courant de leur relation. Bah, qu'importe. « Laisse tes corrections, elles attendront bien demain. » Et ils sortirent, ils avaient un peu de travail pour leur faction avant de se poser complètement.

Améthyste acquiesça d’un signe de tête. Oui, la journée avait été longue et dure. Oui, elle avait hâte de retrouver ses appartements, sa fille, don aimé. Si elle l’avait put, la sorcière aurait emmené Katy faire un tour à Près-au-Lard. Mais ce n’était pas possible. Plus depuis l’attaque du Poudlard Express et surtout, celle du Ministère. L’école de sorcellerie était devenue une forteresse. D’ailleurs, jugeant que l’ambiance et les évènements n’étaient pas sains, l’enseignante en Runes se demandait de plus en plus si elle n’allait pas demander à Monsieur et Madame Cooper de garder Mary-Kate jusqu’à ce que… Jusqu’à ce que quoi d’ailleurs ? Que les choses aillent mieux ? En admettant que cela aille mieux un jour… Evidemment, miss Miller aurait bien du mal à être loin de son enfant, à supporter son absence… Mais il ne fallait pas se leurrer : ce serait bien mieux pour la petite fille, de grandir loin de Poudlard. Parce que ce serait moins risqué. L’école de magie était une cible de choix pour une attaque surprise. Alors que le domaine des Cooper… qui s’en soucierait, sérieusement ?

Améthyste poussa un soupir, chassant ces pensées qui, une fois de plus l’assaillaient. Oui. Ce serait mieux pour l’enfant. Mais c’était une décision difficile à prendre, d’autant qu’elle ne pouvait pas la prendre seule : Zakary avait son mot à dire. Quoiqu’il y ait des chances qu’il partage l’avis de sa douce aux cheveux bruns.

L’enseignante se leva, rangeant les copies dans son sac, écoutant le conseil de Zakary. Les copies pouvaient bien attendre, la faction passait avant tout. Il n’y avait que cela qui avait réellement de l’importance : la faction. L’ordre du Phénix. Parce que s’ils finissaient par prendre le pouvoir, par diriger le monde selon leur idéologie, alors… alors la sorcière aurait moins de soucis à se faire quand à sa chère fillette. Et pourrait la garder plus facilement auprès d’elle.

*****

Les jours avaient passés. Les cours s'étaient enchaînés, les nuits de travail aussi. La demoiselle et son aimé avait longtemps discutés, cherchant à voir qu’elle serait la meilleure chose à faire. Et puis ils s’étaient mis au travail dans la salle de classe de la demoiselle, fermant la porte à clés, protégeant les lieux pour qu’aucun élève mal intentionné ne puisse éventuellement les écouter. La brunette donnait les directives à Zakary, puisqu'ils avaient besoin de s'aider largement des Runes. Parfois, comme il était vraiment trop tard, ils allaient dans les appartements de la sorcière, poursuivre le travail. Finalement, ils y avaient passés une semaine.

La jeune femme se laissa tomber sur sa chaise en soupirant. « Je crois que cette fois c’est bon… Tu fais l’essai ? »

A few days later

« Je crois que cette fois c’est bon… Tu fais l’essai ? »

La dernière fois aussi ils avaient pensé que c'était terminé, et tout ce qu'ils avaient obtenu en tant que résultat, c'était la disparition totale d'un bout de parchemin, qui avait servi de cobaye. Impossible de savoir où il était parti. Depuis, ils avaient pas mal re-travaillé... Cette fois-ci serait certainement la bonne, se motiva-t-il lui-même. Il répondit à la question d'Améthyste d'un simple signe de tête et fouilla dans ses poches, à la recherche d'un quelconque objet pour leur test. Ah, un briquet. Plus pratique qu'une baguette magique pour allumer une cigarette, vraiment. Voilà qui ferait l'affaire. Il ouvrit la première boîte, en métal, grise, d'une largeur de trente centimètres environ. Celle-ci serait normalement destinée à leur Quartier Général. Pas besoin de formule pour l'ouvrir, il fallait simplement utiliser ses mains. Zakary déposa à l'intérieur le briquet, et referma le couvercle. Pas besoin de formule, ils avaient travaillé pour que l'échange de messages entre leur QG et Poudlard soit le plus simple possible. Enfin, surtout Améthyste, lui, il fournissait les idées. Pendant sa scolarité, il avait suivi des cours de runes, il avait fait en sorte d'obtenir des résultats convenables, mais ne s'était pas révélé être exceptionnellement doué dans cette matière, loin de là. Et aujourd'hui, il ne lui restait plus grand chose de ce cours...

Le professeur de vol reporta son attention sur la seconde boîte : elle, elle resterait à Poudlard, cachée dans un mur. L'ouvrir était plus compliqué, il fallait une formule :

« Aperit ».

Il y eut un petit déclic, il souleva alors le couvercle et... Victoire ! Hallelujah ! Il récupéra son briquet – qui, après vérification, fonctionnait toujours aussi bien – et leva d'un coup les deux bras, en signe de réussite. Puis, vint un « Expletum » : terminé, la boîte se referma solidement. Il s'exclama aussitôt : « Bingo ! » Là, il l'embrassa (oui, ça commençait à faire longtemps) et ajouta : «T'es géniale. »

Machinalement, il passa une main dans ses cheveux, en réfléchissant. Améthyste et lui avaient tout prévu, et maintenant que leur travail était fin prêt et en état de fonctionnement, il ne leur restait plus qu'à déposer chacune des boîtes à l'endroit qu'ils avaient prévu. La première se trouverait au QG de l'Ordre du Phénix, où il suffirait de déposer un objet, une lettre, pour qu'il parte immédiatement. La seconde servirait de boîte de réception, et serait dissimulée à Poudlard, derrière un tableau. C'était là que les deux mots, servant de formules, seraient utiles : Aperit, la toile se décalait et permettait à l'élève – ou au professeur – de recevoir ce qui lui était destiné. Expletum, tout se refermait, comme si de rien était. Le tableau en question se situait au fond d'un couloir au cinquième étage. Il s'agissait d'une peinture représentant un arbre, un bête pommier ou oranger – Zakary n'était pas doué non plus en botanique – sous lequel une jeune fille aux vêtements Moyen-Âgeux s'était assoupie, perdue dans ses pensées. Rien d'anormal, en soit.

Zakary passerait à l'Ordre avant son entraînement de Quidditch, le lendemain. Quant à la toile, dans les couloirs de Poudlard, ils s'en occuperaient certainement dans la nuit, discrètement, sans faire de bruit. C'était parfait.

Mission accomplie, chef