Alors là…Ethan n’y croyait pas. Ces cinq dernières années passées là, il s’était senti comme chez lui, accepté et bien entouré. En même temps, avec Ian qui était un compatriote, Eire qui était une amie de l’époque de Poudlard et camarade de résistance et Thomas qui avait cherché à l’aider dans sa carrière, il ne pouvait QUE se sentir bien entouré. Pour être honnête, il n’avait même pas cherché une autre idée de carrière après sa première année dans le service ; pour lui cet endroit il y restait jusqu’à sa mort dans ses rêves. Maintenant, il était confronté à la dure réalité : Kark n’avait pas aimé qu’ils lui résistent et il venait de recevoir un joli hibou lui annonçant son licenciement purement et simplement et qu’il devait venir récupérer ses affaires pour vider son bureau dans les plus brefs délais. Ah ça…Il ne s’était pas fait prier. Ethan avait aussitôt enfilé pantalon, chemise et cape, associant des couleurs qui, associées ensembles, auraient fait hurler le plus jeune frère de Ian d’horreur. Mais là tout de suite, Ethan n’en avait juste rien à faire de la mode. Il bouillonnait, enragé par une telle nouvelle. Pourtant, il s’étonna lui-même de son self-control sur ce coup-là. En effet, il avait transplaner jusqu’aux abords du ministère, avait traversé tout le ministère pour atteindre son nouvellement ancien service, avait ranger avec méticulosité toutes les affaires personnelles lui appartenant (il aurait volontiers mit le feu à tous ses dossiers histoire d’embêter un peu plus Kark and co, mais il ne voulait pas non plus terminer à Azkaban) puis étaient ressorti pour rentrer chez lui avec un calme déconcertant.

Calme en apparence peut-être, mais tendu tout de même. Certains collègues qui avaient l’habitude de le croiser s’éloignèrent de sa route en le voyant arriver. Là où se logeaient habituellement des yeux doux et un sourire avenant se trouvaient à présent un regard froid et vide, ses lèvres pincées en une fine ligne qui, on le devinait, ne déverserait rien d’agréable si elle s’ouvrait. Alors il les garda obstinément fermées, afin d’éviter les problèmes divers et variés. Seulement, ce fabuleux self-control sorti d’il ne savait trop où se fit la malle dès qu’il eut fermé la porte de son appartement derrière lui. Le pauvre carton rencontra durement le parquet de l’entrée alors qu’Ethan avançait comme dans un état de transe vers son salon. Louis, son petit chat, était même venu lui faire la fête à son arrivée, mais il a vite pris ses petites pattes à son cou lorsque son gentil (habituellement) maître commença à alterner entre divers sorts et la méthode moldue pour fracasser son pauvre salon qui n’avait rien demandé à personne.

Pourquoi ? Simple, Ethan était tout simplement enragé par la nouvelle. Cependant, ce n’est pas tant le fait de son licenciement en lui-même qui l’a mis dans cet état mais la cause du dit licenciement. Un licenciement ça arrive. Ca arrive quand un employé a mal fait son boulot ; ça arrive quand l’entreprise fait faillite…Ces raisons, plus d’autres auxquelles il n’a pas forcément pensé, il pouvait les comprendre, il aurait accepté sans rechigner (non sans tristesse cependant) ; mais là, savoir qu’il a été viré juste parce qu’il a voulu éviter plus de morts inutiles par les bestioles magiques et parce qu’il avait tenu tête à Mervyn Kark. Juste ça. Juste parce qu’un fou à lier avait repris les rennes. Et ça, CA, ça le mettait dans une rage folle. Pour avoir état trop gentil, pour avoir voulu agir en personne sensée, pour avoir simplement suivi ce que son cerveau et son instinct lui criait, il était viré d’un endroit qu’il considérait comme sa seconde maison. Alors oui, lui, Ethan, gentil petit bisounours de base du ministère ; pacifiste dans l’âme et jusqu’au bout des ongles ; jeune homme toujours jovial qu’aucun de ses collègues n’avait vraiment vu en colère…Cet Ethan là était en train de laisser libre cours à toute la violence dont il était capable sur le mobilier de son salon. Il faisait totalement abstraction du monde qui l’entourait. Louis était parti se réfugier sous le meuble dans l’entrée, pour s’y pelotonner encore un peu plus lorsqu’une nouvelle personne fit son apparition dans l’appartement…

Non, Ethan ne l’avait pas remarqué. Il ne voyait plus rien, n’entendait plus rien, il était juste dans son délire de destruction. Il n’avait rien vu venir. Ni le coup d’Etat, ni l’attaque, ni son renvoi…Rien ! Il avait encore été aveuglé par un optimisme et un espoir auquel il avait cru de tout son être. Oui, il y avait cru à cette victoire, sincèrement. Maintenant il n’allait plus nulle part, il était surveillé par d’autres membre du ministère, il était considéré comme un être dangereux. Il est vrai qu’actuellement il méritait cette appellation vu comment il maltraitait son salon. Encore heureux que ça se limitait au salon, sinon la grande question aurait été de où il dormait. Certes, quelques réparo et tout irait bien mais bon…Donc non, il n’avait pas vu ni entendu Misha qui venait d’arriver. Il ne prit conscience de sa présence que lorsqu’il sentit deux bras puissants l’encercler et le retenir. Il se débattit comme un beau diable, d’ailleurs. Le fait qu’il ait reconnu Misha à sa voix n’allait pas l’arrêter. En fait il aimerait bien qu’il le lâche pour qu’il le puisse le mettre dehors. Il voulait être tranquille et tout seul, c’était trop dur à comprendre ou quoi ? Seulement c’était un combat perdu d’avance. Déjà à force de se débattre il avait laissé tomber sa baguette, mais en plus Misha était bien plus fort que lui (ca se voyait de base). Alors lorsqu’il lui proposa de le lâcher s’il se calmait, Ethan se fit violence pour se calmer juste assez pour que son tourmenteur préféré ne le lâche. Une fois libéré, Ethan prit tout de même le temps de reprendre un peu sa respiration. Il avait la respiration saccadé à s’énerver comme ça, mais ça n’était pas terminé, loin de là. Ce n’était pas une simple crise, c’était une vraie rage qui avait pris possession de lui. Alors que Misha lançait quelques réparo, l’intention le touchait au fond, il se tourna et lui mit une baffe bien sentie dans le même mouvement.

"Ca te prend souvent de rentrer chez les gens sans y être invité ?" c’était injuste, certes, mais ça faisait du bien "Quant à ce que je fais chez moi quand je suis tout seul ça ne te regarde pas. Maintenant, merci d’être passé, au revoir."

Mais où était donc le gentil, sociable et toujours poli petit Ethan ? Là était la grande question ; pour le moment il était loin, très loin, caché sous cette lourde couche de colère et de tension qui se battait pour avoir la dominance en lui. Extérieurement ça se voyait aussi : les épaules et le dos trop droits et raides, ses yeux surmonté de sourcils froncés, des yeux qui brulaient de colère, les cheveux en désordre de s’être énervé et débattu…Il tenait la porte du salon ouverte vers l’entrée, bien décidé à faire comprendre à Misha que ce n’était pas le moment pour venir jouer. Sa respiration était toujours un peu difficile. Il sentait la fatigue qui commençait à remplacer l’adrénaline qui avait circulée si librement dans son sang, lui faisant totalement oublier les sensations de douleur ou de fatigue que son corps lui aurait normalement envoyé.

De même il garda ses yeux sur l’autre homme présent dans son salon, refusant de jeter un œil à son pauvre salon qui avait fait les frais principaux de sa colère. En même temps, il valait mieux que ce soit chez lui qu’au ministère ou envers des personnes. Dans un état comme le sien, mieux valait s’éloigner de toute personne vivante, ça risquerait d’être dangereux. D’ailleurs, il aurait largement préféré que Misha l’écoute pour une fois et parte, le laissant tranquille pour se calmer. De toute façon il ne risquait rien, quand il serait calmé, il irait tout réparer comme Misha avait commencé grâce à des reparo, mais là, tout de suite, il voulait être seul. Il n’était pas en état de gérer la colère due à son licenciement et toutes les questions et sentiments que le russe apportait généralement avec lui…

Mais c’est pas vrai ! Il n’y avait pas moyen de le faire partir ou quoi ? Ethan voulait simplement qu’on le laisse tranquille, tout seul, pour une fois. Il n’était pas en état de jouer un être sociable, ni de s’exprimer de manière tout à fait cohérente, il ne voulait voir personne, encore moins celui qui lui causait de se poser tant de questions de manière générale. Il n’était plus tout à fait maître de lui-même actuellement et qui sait ce qu’il pouvait arriver ? Il lui avait déjà mis une baffe, chose qu’il n’avait jamais faite à personne et qu’il n’avait jamais pensé faire. Après ça, advienne que pourra. Ethan gardera les yeux ancré sur Misha, sur la moue qu’il montrait, visiblement pas plus dérangé que cela par la gifle qu’Ethan venait de lui administrer. Des fois il aimerait bien avoir la présence et la capacité à intimider avec un regard, comme d’autres qu’il connaissait…

Il du se retenir d’hurler de frustration quand il vit que non seulement Misha ne comptait pas partir, mais qu’en plus il s’installait tranquillement dans un de ses fauteuils. Ses doigts se refermèrent un peu plus fermement sur le bois de la porte, tentant de se calmer. S’il comptait rester, autant qu’Ethan y mette un peu du sien, même s’il n’en n’avait aucune envie. Y mettre du sien voulait dire qu’il allait devoir ravaler un peu de la colère qui l’habitait et il ne voulait pas ; pas alors qu’il était entrain de s’en débarrasser. La déclaration du Russe lui fit lever les yeux au ciel mais il ne dit rien, pensant pour lui-même à la place.

*C’est pas une raison pour le perdre à venir m’emmerder…*

Ce fut à son tour de ne pas en croire ses yeux lorsqu’il vit Misha aller et venir chez lui comme s’il habitait là. Non mais pour qui il se prenait au juste ? Ethan en eut le souffle coupé d’incrédulité et ça s’entendit ; à peine hein, mais un petit bruit d’air expulsé des poumons alors que ce n’était pas tout à fait prévu. Se frottant les yeux pour tenter de reprendre le contrôle de ses actions, de penser de manière normale et non pas comme s’il était un animal conduit par la colère et se dirigea vers la cheminée se trouvant dans la pièce alors que Misha revenait, une pomme à la main. Définitivement il n’en croyait pas ses yeux. Alors qu’il pensait pouvoir au moins converser de manière adulte avec son invité surprise, le voilà qui lui faisait une blague des plus douteuse et surtout malvenue vu l’ambiance actuelle. Ethan le lui fit très bien comprendre en le fusillant du regard un petit moment.

Ooooh il s’inquiétait pour lui, comme c’était touchant…Mais inutile. Il allait bien, il avait juste besoin d’évacuer un peu de stress. Ca arrivait à tout le monde et chacun avait sa méthode. Si Ethan voulait détruire son salon jusqu’à ce qu’il ne reste que des ruines grand bien lui fasse, ça ne regardait en rien Misha ou quiconque d’autre pour cette affaire. Cependant, il se crispa à la dernière question. Oui il avait été viré…Comment le savait-il ? Puis il se souvint du carton qu’il avait laissé dans le salon. Il se serait baffer. Enfin il avait déjà donné une baffe ça suffira pour aujourd’hui. Cessant de tuer du regard Misha il ferma une seconde les yeux avant de pousser un lourd soupir et alla s’asseoir dans le fauteuil près du canapé où se trouvait Misha. Il s’y laissa tomber mollement. Il faut dire que maintenant qu’il n’était plus en train de s’exciter sur des pauvres meubles, l’adrénaline retombait. Tournant légèrement la tête vers Misha, il finit par dire, la tête en arrière contre le dos du fauteuil.

"Ouais, j’ai été viré. C’est si étonnant que ça ?" puis plus bas, marmonnant pour lui "s’il n’y avait que ça…"

Il se décida à fixer son regard sur le plafond, croisant les bras sur son torse.

Oui, il avait très vite compris qu’il ne se débarrasserait pas de Misha simplement en lui gueulant dessus. Le russe possédait semblerait-il un esprit de contradiction qui le faisait agir de manière totalement contraire à ce que toute personne normalement constituée ferait face à une réaction comme celle d’Ethan. Lui restait, s’incrustant dans la pièce jusqu’à ce qu’il ait sa réponse. Après, l’écossais était sur et certain que s’il lui disait qu’il pouvait rester son esprit de contradiction irait dormir en un instant, laissant Misha agir comme toute personne normalement constituée. En bref, Misha n’était pas près de décoller du canapé pour le moment alors autant faire avec. Pour tout dire, il faisait tellement avec qu’il ne se formalisa même pas du trognon de pomme qui venait d’atterrir dans l’âtre de la cheminée. Là tout ce qu’il voulait à la limite, c’est qu’il lui dise « ah je vois » et qu’il s’en aille, maintenant qu’il savait pourquoi il s’était énervé. Il n’avait plus de raison de rester maintenant…

Sauf que la logique de Misha n’est pas la même logique que celle d’Ethan. Pour le russe, une fois qu’il avait sa réponse, le prochain mouvement semblait être de réconforter l’écossais…Mais bien sûr. Il n’avait pas besoin d’être consolé, il avait besoin de se détendre et actuellement ça n’était pas le cas et la présence de l’autre homme n’aidait en rien. Surtout après ce qu’il venait de dire. Ethan retint son souffle une seconde, estomaqué, alors que toutes les raisons qui l’ont poussé à cet état extrême ressurgissaient à son commentaire. Comment osait-il ? Il ne savait rien du tout de lui hormis ce qu’il avait pu voir au ministère. Ce qui était peu et loin d’être fidèle au personnage qu’était le jeune homme. Il releva la tête d’un geste brusque et lança un regard assassin vers Misha. Misha qui se permettait de faire des commentaires sans rien savoir de la situation dans laquelle il se trouvait. Qui ne savait pas les dessous de la plupart des licenciements qui ont eu lieu au ministère…Lui qui avait cru s’être calmé, le voilà de nouveau animé par cette colère destructrice. Il voulu pourtant tenter une dernière fois de rester calme et serrant juste un peu plus les mains sur ses bras, crispé. Mais comme si Misha était aveugle ou juste tout bonnement inconscient il jeta de l’huile sur le feu avec sa dernière phrase…L’esprit d’Ethan ne fit qu’à peine l’amalgame avec l’information que son invité à l’improviste venait lui aussi d’être licencié. Il se leva et traversa d’un pas rageur la distance qui le séparait de Misha et l’attrapa par le col de sa chemise.

"Tais-toi ! Tu ne sais même pas de quoi tu parles ! Tu ne sais rien de moi alors je ne te permets pas de parler comme ça !"

Ethan le lâcha, et fit quelques pas dans les demi-ruines de son salon, comme faisant les cents pas, avant de se saisir le premier objet qui lui tombait sous la main pour le jeter au sol dans un accès de rage. Puis un autre ; et encore un autre. Il ne s’arrêtait plus. Il était reparti pour un tour. A continuer comme ça, il allait finir par briser quelque chose qu’il regretterait vraiment, si ce n’est se blesser lui-même. Mais toutes les raisons sous-jacentes à la décision de « purger » le ministère refaisaient surface petit à petit, l’enrageant encore plus. Il en avait marre que les pauvres gens qui ne demandaient rien à personne ne se retrouve à la rue du jour au lendemain pour les caprices d’un seul homme. Il n’en pouvait plus !

Il aurait pu continuer comme ça pendant des heures ; Ethan le savait très bien. Mais toute situation était destinée à être troublée à un moment ou à un autre. Cette situation là, aussi destructrice soit-elle, ne faisait pas exception et le moment de trouble fut lorsque Misha lança un Expelliarmus qui envoya valser sa baguette plus loin de lui encore. Comment osait-il ? Ethan ne réfléchissait plus de manière cohérente, il voulait juste évacuer toute cette tension, cette colère qu’il avait actuellement en lui. Il se tourna alors directement vers le russe. Il venait d’avoir la mauvaise idée de devenir le centre d’attention d’Ethan à cet instant précis. L’écossais se jeta vers lui, près à en découdre même si c’était plus que vain. Il s’en rendit très vite compte quand Misha se saisit de son poignet avec dextérité et finit par le plaquer dos au mur.

Comme s’il allait se laisser faire, non mais il croyait quoi là, ce squatteur ? Il était venu comme ça, sans prévenir, avait fait comme s’il était chez lui et maintenant il pensait pouvoir lui donner des ordres ? Ethan se débattit comme un beau diable, un vrai lutin de Cornouaille sur ce coup-là. Mais il détestait cette position, il détestait le fait que Misha ait un certain pouvoir sur lui ; pas seulement un pouvoir physique qui plus est. Cette aptitude qu’il semblait posséder de pouvoir s’incruster dans les pensée du jeune homme à des moments tout à fait incongrus. Aptitude qui l’immunisait contre l’ignorance pure et simple dont Ethan aurait fait preuve envers n’importe quelle autre personne ayant le même comportement que le russe. Oui, Misha avait une emprise sur lui qu’il détestait tout autant qu’il l’appréciait sans se l’avouer de près ou de loin. C’est aussi pour cela qu’il se débattait avec autant de ferveur, il voulait sortir de là, sortir ses poignets des mains de Misha, pour pouvoir le foutre dehors manu militari avec un coup de pouce magique.

Pourtant quand ses yeux croisèrent ceux de son invité surprise, bleu azur contre bleu orage, il s’arrêta immédiatement. Les mots arrivèrent dans ses oreilles mais son cerveau semblait déconnecté du reste de son corps. Il n’était pas calme pour autant et son apparence portait encore les marques de sa récente crise de colère : ses cheveux partaient dans tous les sens, sa chemise était froissée de partout, son souffle était court d’avoir autant crié et bougé en si peu de temps. Pourtant, malgré son cerveau semblant déconnecté, Ethan compris parfaitement une phrase qui lui fit reprendre ses tortillements frénétiques dans une nouvelle tentative de faire lâcher prise à Misha, tout en amenant un sourire mélangeant amusement et désabusement, duquel découla, quand il s’arrêta pour quelques secondes le temps de reprendre son souffle.

"Me calmer ? Essayes voir, si tu peux."

Il croisa son regard, lui lançant un regard de pur défi, tout en tirant encore sur ses poignets pour mettre l’emphase nécessaire à ses paroles. Sincèrement, Ethan était curieux quant à savoir quelle méthode le russe comptait employer pour tenter de le calmer. Peut-être qu’il se proposerait de servir de punching ball…

Les yeux de Misha semblaient parcourir son visage et la lueur qu’Ethan voyait dans ses yeux ne lui disait qui vaille. C’était une lueur qu’il n’avait pas l’habitude de voir chez les gens, et encore moins dirigée directement vers lui. Un genre de regard scrutateur intense et pourtant subtile, léger…Un paradoxe qui ne rendu que plus confus l’écossais qui voulait de plus en plus s’échapper de cette situation où il perdait ses repères à une vitesse alarmante. Ses yeux quant à eux ne quittaient pas le visage du russe, restant autant que possible concentrer sur les yeux qui l’observaient. Quand il le vit s’avancer, il ne comprit que trop tard ce qui allait se passer. Il aurait voulut se dire qu’il aurait détourné la tête s’il avait compris plus tôt les intentions de Misha, aurait pu éviter ce moment et pourtant au fond de son esprit une petite voix vicieuse lui susurrait des mots traitres, des intentions qu’il ne considérait pas comme les siennes…

C’est pendant ces longues secondes de conflit que le jeune homme resta totalement immobile contre les lèvres de l’autre homme. Puis il y répondit, enfin. Timidement, d’abord, parce que c’était étrange, inconnu…Non, justement. Ca n’était pas tout à fait inconnu. C’était étranger et familier à la fois. Comme un souvenir oublié. Ce que c’était, en fin de compte, à cause de l’alcool qu’il avait ingéré lors de leur première rencontre. S’il avait su…Peut-être qu’il n’aurait pas autant bu ce soir-là. Lorsque ses poignets furent libérés, il ne réfléchit même pas à ce qu’il allait en faire ; il alla directement s’accrocher aux biceps du russe, cherchant un point d’ancrage dans cette expérience à la fois nouvelle et vieille comme le monde. Etait-ce un sourire qu’il sentait poindre sur les lèvres collées contre les siennes ? Insolent. Vraiment. Il était fier de lui, hein ? Très probablement. Cela raviva une flamme de défi et d’une sorte de tempérament joueur chez Ethan et c’est là qu’il eut l’idée peut-être la plus saugrenue depuis le début de ce baiser : Il mordit la lèvre inférieur de Misha, pas trop fort, juste assez pour dépasser le mordillement mais sans faire réellement mal. Ne pouvant éloigner vraiment sa tête à cause de la main dans ses cheveux, l’écossais murmura tout contre ses lèvres.

"J’ai plus d’un tour dans ma manche…"

Avant de reprendre ses lèvres avec une assurance nouvelle. Ca ne lui ressemblait pas, pourtant, de prendre de telles initiatives, encore moins avec un homme. Mais depuis que sa vie avait croisée celle de cet homme, tout prenait des directions étranges et inconnues quand ça le concernait. C’était déconcertant, déroutant…Excitant. Même si ça ne lui sautait pas à la figure quand il était seul, cette idée d’interdit tacite l’émoustillait. Pas qu’il l’avouerait tout haut…Pour ça il faudrait déjà qu’il l’accepte. Pour sûr, cet acte, ce baiser qu’ils échangeaient en ce moment-même, tout cela passerait sur le compte de la colère qui avait pris le pas sur sa raison un peu plus tôt. Et pas comme autre chose.

Ca…Ca il ne s'y attendait pas du tout. Un moment avant il embrassait Misha avec un enthousiasme qu'il ne pensait pas posséder pour ce genre de chose. Enfin, il était enthousiaste pour embrasser des gens généralement, mais plus des femmes. Enfin…Ouais, des hommes ce n'était pas vraiment le genre à se retrouver sur son tableau de chasse…Si on peut appeler les quelques demoiselles avec qui il est un jour sorti un "tableau de chasse" enfin bref. Tout ça pour dire qu'un moment il était bien, dans les bras certes d'un homme mais après tout il s'y sentait plutôt bien et n'avait plus envie de bouger que ça; l'homme en question (Misha, donc) allant s'attaquer à son cou, étape logique dans la suite d'un baiser comme celui qu'il venait d'échanger, ce qui avait tendance à lui faire tourner la tête plus que nécessaire…Et puis l'instant d'après il était littéralement et absolument mortifié.

La raison? Un nom: Ian Blackburn. Alors oui, il adorait Ian, sincèrement. Il était marrant, il était doué avec les bestioles et puis il était écossais donc forcément ça rapproche. Mais là, tout de suite, il aurait voulu qu'il soit à la fois trèèèèèèès loin d'ici, parce que c'était juste trop bon et qu'il n'avait tout à fait envie d'arrêter, mais en même temps il aurait voulu qu'il arrive bien plus tôt ce scrout à pétard! Histoire qu'Ethan ne se retrouve pas dans une situation aussi compromettante que flagrante. Atteignant le rouge d'une tomate bien mûre en une vitesse record, Ethan se détacha promptement de Misha, le repoussant comme il aurait dû le faire bien avant, et tenta de remettre un peu d'ordre dans ses vêtements et ses cheveux, comme si ça allait l'aider à se sortir d'une telle situation. Merlin que c'était embarrassant. S'en rendre compte tout seul aurait déjà été complexe en soi mais là, avec l'intervention de Ianou et ses petites commentaires, ses sourires amusés et ses yeux qui hurlaient "je le savais!", Ethan ne savait plus où se mettre à l'heure actuelle. Pourtant il était chez lui. Il opta pour jouer la potiche à côté du mur. Peu utile et certainement totalement futile, mais quelque part ça le rassurait. Ou plutôt ça l'aidait à ne pas penser tout de suite à cette vague sensation de manque qui le titillait de manière assez insistante et ennuyante.

Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais il se retrouva à court de mots. Qu'est-ce qu'il pouvait bien dire, hein? "Ian, écoutes c'est pas ce que tu crois…" genre il allait avaler un truc pareil. Ca ne s'appelait plus lui faire avaler une couleuvre là, c'était tenter de lui faire avaler un Basilic! Même avec son optimisme indécrottable Ethan n'était pas aussi naïf. Surtout pas à Ian. Alors il se contentait de s'appuyer d'un pied à l'autre, les mains religieusement derrière le dos, attendant la suite des évènements comme un enfant pris en faute, sans porter une seule fois le regard de Misha. Il ne pouvait pas à ce stade-là. Il était bien trop honteux et embarrassé pour faire une chose pareille.

Mais il pouvait nier autant qu'il voulait de manière officielle, il ne pourrait pas arrêter son esprit de se souvenirs des quelques minutes avant l'interruption de Ian; de la façon dont il avait répondu à ce baiser au départ si simple et presque hésitant; de cette sensation de manque citée précédemment; de cette irritation légère, très légère mais pourtant bien présente, lorsque Ian a fait officiellement savoir sa présence dans la demeure. Oui, il pouvait tout nier en bloc avec sa bouche, son corps risquait fortement de le trahir à jamais.

Normalement, quelqu'un de normalement constitué aurait tiquer à la conversation qui avait lieu entre ses deux anciens collègues. Mais là, Ethan expérimentait un embarras d'une ampleur qu'il n'avait jamais connu jusque là. Ca et surtout une peur inconsidérée par les implications que cette situation sous-entendait. Première chose: Il venait d'embrasser un autre homme, un ancien collègue qui plus est, et le pire, c'est qu'apparemment, il avait aimé ça. Deuxièmement, Ian venait de les surprendre à un moment critique (quoi qu'au moins ça lui avait peut-être évité de faire une bêtise plus grosse que lui), qu'il ne savait pas ce que son compatriote allait faire de cette information.

Alors oui, il avait un peu peur de ce qu'il allait se passer. Pour ce qui était de Misha et de ce qu'il venait de se passer il aurait besoin de réfléchir à tout ça, d'analyser un peu tout ça...Au calme. Actuellement ce n'était pas le cas alors non, il ne réfléchissait pas tout à fait.

Ce ne fut qu'au dernier commentaire de Ian que a situation se mit en place dans son cerveau. Il était chez lui, avec Misha et Ian, ces derniers étant venus pour une visite de courtoisie improvisée à la base, et là seule chose à laquelle il pensait était de se cacher le plus loin possible de cet endroit. Il en serait presque au pont de partir pour les laisser discuter et aller s'enterrer loin d'embarras. Mais maintenant il réalisait: Il est chez lui, dans sa maison...Alors s'il voulait du calme, il suffisait de les virer.

Plus facile à dire qu'à faire cependant. Relevant la tête, il émit un "sortez de chez moi" un peu faiblard, si bien qu'il resta sourd aux deux autres personnes présentes dans la pièce; ça l'embêtait. Il remit ça, un peu plus fort cette fois, mais leur discussion semblait les intéresser plus que ce qu'il avait à dire.

Bon, ça suffit

Avec cette pensée en tête, il profita que l'attention ne soit pas sur lui pour aller récupérer sa baguette et lança un expéliarmus bien sentie juste à coté de la tête de Ian. Ouais c'était méchant, c'était un peu brutal, mais là, ça commençait à bien faire. Il voulait simplement rester tranquille à l'origine. Okay, merci Misha, au moins Ethan n'aura pas détruit totalement son appartement grâce à ton intervention. Sauf que là ça allait dans une direction que l'écossais bisounours ne supportait que très mal et rester seul était son souhait premier.

"Dehors maintenant. C'est gentil d'être passé, on a bien rigolé, surtout vous je dois bien admettre, mais maintenant chacun rentre chez soi ou fat ce qu'il veut tant que ça se passe hors de chez moi. Suis-je assez clair?"

Lui? Choquer quelqu'un? Peut-être, mais il s'en fichait pas mal.